[Event] "Crasse" Over - Phase III | Classe du professeur Minerva Hale

Maison des SERPENSEURS

Des volutes de fumée noire s’échappent de ma baguette. Elles commencent à se solidifier pour prendre la forme irrégulière d'une stèle sombre et miroitante. Sur la surface d'obsidienne, deux visages me sourient.

Le portrait semble vivant, leurs lèvres remuent comme s’ils voulaient me murmurer quelque chose. Mes parents, si réels qu’ils me brisent le cœur, me font face quelques instants.

Chad se penche sur moi tendrement. Les traits de leurs visages sont reconnaissables mais c’est la première fois qu’il les voit. Je n’ai d’images d’eux que mes souvenirs d’enfance.

La magie est capable de faire apparaitre un cadeau précieux. Mais elle est délicate. Et le sortilège, bien que puissant émotionnellement, est éphémère.

Dans un au revoir longuement imaginé, dans mes rêves ou mes cauchemars, le visage de mes parents s’estompe.

Le morceau de minerai disparait à son tour comme les secondes de bonheur qui m’avaient envahi.

Je n’avais pas vu Minerva, debout à côté de moi. Son regard est indéchiffrable.

Maison des GRIFFONNELS

La petite troupe avait eu beau rigoler et faire des bêtises sous la douche, une idée avait néanmoins jailli dans l'esprit du canadien, qui réalisa que Derek venait non seulement de lui donner son aval pour sa croisade – et qu'il pourrait donc compter sur son support inconditionnel en tous temps – mais que Alex était le seul humain de la bande.  Car, en effet, il aurait probablement plutôt dû se retrouver chez les serpenseurs.  Une réflexion en entraînant une autre, il réalisa qu'il devrait recruter des serpenseurs dans son projet visionnaire si il voulait avoir un minimum de poids et de crédibilité auprès de qui que ce soit.  Établir une sorte d'équilibre entre les humains et les surnaturels était aussi primordial, et c'est avec un pincement au cœur qu'il réalisa également que leur petite troupe d'adolescent manquait un peu de présences féminines.  Qu'à cela ne tienne, il comptait remédier à ces quelques problèmes mineurs, ainsi qu'à l'archaïsme du système des maisons et, si possible, à la faim dans le monde.  Pourquoi pas.

Sur le chemin qu'il avait emprunté, cahin-caha, pour venir à la salle de cours, il avait offert à Brian de l'accompagner lorsqu'il devrait aller aux sous-sols.  Pour l'aider, bien sûr, mais surtout pour explorer leur terrain de jeu, surtout.

Alex était donc assis au fond de la classe, prêt à faire claquer de nouveau son chewing-gum, lorsqu'il croisa le regard de Minerva Hale.  D'une certaine manière, un dinosaure avec des yeux lasers lui aurait semblé aussi inoffensif qu'un chiot, en comparaison.  Parlant de, il y en avait un qui se baladait entre les tables et rejoignit... Ah!  Évidemment.  La triplette des salopettes était donc complète maintenant, avec O'Brien, Stilinski et Dunbar.  L'attention d'Alex passa rapidement à autre chose alors qu'il scrutait les élèves présents, à la recherche de candidats potentiels pour supporter son projet révolutionnaire.  Niko le tatoué venait en tête de liste, malgré l'inconvénient notable qu'il soit un membre de plus de leur maison.  Arès était le genre de figure calme mais solide qui serait définitivement un atout pour lui.  Les amoureux mièvres au premiers rangs semblaient être des fayots de première en comparaison même à O'Conner, mais leur pote photographe semblait plus terre à terre.  Peut-être embrasserait-il la vision nouvelle et améliorée de Beaconlard par Cormier.  Il faudrait tester le terrain.  Walker et Abramov faisaient froid dans le dos mais s'allieraient potentiellement à sa cause.  Ravewood avait l'énergie parfaite pour faire une bonne activiste, ce qui plaisait à Alex.  MacAulay alias le joaillier semblait suffisamment obéir à ses propres règles pour pouvoir apprécier une école un peu moins légiférée.  Par contre, ils devraient se méfier de ses sorts qui semblaient... salissants.  Sanders et Hale, la fille, s'étaient faites discrètes, tout comme Fray chez les verts, et le druide n'avait donc d'opinion sur aucune d'entre elles. Allen semblait avoir du potentiel, mais allez savoir.  Quant à Garnet-les-oreilles... où était-il donc?  Alex avait beau scruter la salle, il ne le voyait pas.  Un sourire étira ses lèvres.  Voilà exactement ce qu'il lui fallait.  Quelqu'un qui n'aurait pas peur de se mouiller et de faire perdre quelques ridicules points à sa maison.

Tout à ses observations, Alex n'avait pas trop porté attention aux insctructions, mais il rattrapa rapidement son retard en voyant la maquette de Brian – le commentaire de son voisin le fit pouffer –, puis le triskel de Derek.  Lors que la Hale remonta la rangée vers l'avant de la classe, Alex se pencha à l'oreille de son ami pour le moquer d'un ton amicalement malicieux.

-Je préfère quand même celui qu'tu nous as montré t'à l'heure, mais c'est vrai qu'celui-là, au moins, tu peux t'en servir, comme tu l'voies...

Alex accueillit le grognement de Derek d'un éclat de rire, se balançant sur les pattes avants, puis arrières de sa chaise, avant de se reposer lourdement sur le sol.  Il envoya un coup de coude appréciateur au sortilège pragmatique de l'ours.  Enfin quelqu'un qui avait mieux à faire que de tenter d'épater la galerie.  Le druide haussa un sourcil circonspect à l'annonce qu'il s'agissait véritablement de miel, avant de remarquer les moqueries et les quolibets qui s'élevaient d'une autre rangée.  Au moment où il comprit qui était la cible, c'était comme si l'espace-même autour d'eux s'était mis à vibrer.  Sans hésiter un instant, le regard meurtrier, Alex pointa sa baguette sur la source principale des moqueries et, en tentant de ne pas se faire catapulter hors de sa chaise, il lança :

-Bloclang, p'tit con!  On ne se moquerait pas impunément de ses futures recrues.

Maison des GRIFFONNELS

Le malappris émit un couinement de goret alors que l'air lui manquait subitement, sa langue s'étant collée à son palais.  Aussitôt, son entourage immédiat se tut, mystérieusement.  Alex espérait avoir suffisamment profité du capharnaüm ambiant pour ne pas s'être fait pincer.  Il n'avait ni envie d'écoper d'une punition supplémentaire, ni de nuire à sa réputation en passant pour un gentil bisouschtroumpf à la noix.  C'était un homme avec une mission – un fanatique diraient les mauvaises langues – et il prenait les moyens qu'il devait prendre pour atteindre ses objectifs, voilà tout.

Maintenant que la justice était servie sur un plateau d'argent et que l'ordre rentrait peu à peu en place, Alex commença à s'interroger sur le sortilège à effectuer.  Pas sur la formule ou le mouvement du poignet, mais sur ce qu'il désirait produire.  Des écouteurs anti-son lui semblèrent être une bonne option, mais lorsqu'il fit exploser une bulle de chewing-gum, l'idée de génie le pris.  Parfait pour se moquer des gros yeux de la professeure sans qu'elle ne puisse rien dire contre lui : il respecterait le thème de l'exercice après-tout.  Il n'avait qu'à bien visualiser la machine distributrice de chewing-gum dans sa tête...

-Inanimatus Apparitus!

Maison des GRIFFONNELS

Directement sortie des années soixante-dix, une distributrice à boules de chewing-gum apparu sur son bureau, pleine à craquer du sucre à mâcher que Minerva Hale lui avait reproché d'un regard d'avoir osé traîner dans sa classe. Le plastique d'un rouge à faire pâlir d'envie les camions de pompier autant que les cerises au marasquin, le verre simili-givré qui laissait un aperçu tout de même correct du contenu, la glissade en plastique transparent qui menait à la petite porte en acier inoxydable. Tout était parfait. Comme dans ses souvenirs de gamins. Alex tourna le petit levier et observa la descente d'une boule d'un vert artificiel. Lorsqu'il ouvrit la petite porte pour la prendre, il y trouva également une dragée, brune, qu'il observa d'un air perplexe avant de la tendre, avec la gomme à mâcher, à Derek. Il avait déjà sa propre gomme et puis...

-J'ai pas vraiment la dent sucrée, si tu veux la jelly bean.

Charlie avait son miel, lui sa machine remplie de denrées. Pourtant, il se rappelait de ce que son père lui avait déjà expliqué de long en large et en profondeur sur les exceptions à la loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire (et donc la magie au sens large). Charlie avait probablement rempli son pot du miel de sa propre réserve, quand aux boules de sucre qu'Alex avait fait apparaître... elles devaient forcément venir d'ailleurs, mais de où? Du centre d'achat, peut-être, où il était allé le week-end dernier, et qui lui avait potentiellement laissé un souvenir inconscient...

Maison des SERPENSEURS

Je revois les yeux de mon père. Ses yeux. C'est toujours ses yeux.. J'ai tellement peur de l'oublier, d'oublier son image, que je me concentre sur ses yeux. Je sais qu'il est déçu de moi, qu'il voudrait que je sois un grand sorcier comme lui, mais mon fichu don embrouille toujours tout. Comment me concentrer sur mon environnement et lui imposer ma volonté, alors que ma bestiole est déjà si difficile à contenir ? Sans parler de tous ces assauts psychiques que je capte lorsque je ne me maitrise plus.

Je reçois un courrier du petit lutin, et j'arrive à sourire, mais mon echec me nargue, cuivré, poli, désespérément banal, ordinaire... Je ne sais pas exactement d’où viennent les moqueries, mais je relève la tête lorsqu'un élève, alex, je crois, prend ma défense et bloque littéralement la langue du cynique inique pas comique.

Alors je tente de faire abstraction. De me rappeler les premières sensations, ce qui me plait dans l'art, dans la sculpture. Ce n'est pas une maquette qui peut me convenir, je n'arrive pas à rester concentrer sur un objet défini, à part quand je sculpte. Ce que je dois matérialiser doit être protéiforme par nature...

Je me relance, sans même murmurer les paroles. Le fait de lancer un sortilège non formulé ajoute une difficulté, mais c'est contre moi même que je me bat..

Maison des SERPENSEURS

Il y a un changement, en moi, cette fois-ci. Comme si ma bestiole elle même était soudainement impressionnée, ou peut être simplement fascinée. Je me sens en paix. Avec moi même, avec le monde, avec les yeux de mon père. Qui ne me jugent pas, qui sont simplement emplis de cette lumière que je cherche depuis son départ, en toutes choses...
Lorsque j'ouvre enfin les miens, je tiens dans mes mains ce qui ressemble à une simple boule de terre glaise. Cependant, alors que je regarde les détails, je sais qu'il n'en est rien. Il y a une infinité de particules, de matières, je ne tiens pas une boule de terre glaise, je tiens mon enfance, dans toutes ces infinies subtilités. Bois, miniature, écorce, mousse, pins, terre, feuilles, et même un ruisseau, si petit, si petit.. Ma bestiole se déploie de nouveau, et, avec la tendresse de deux amis perdus et retrouvés, elle déploie cette boule de matière, de création. Comme un livre pour enfant, le décors se déploie alors, vivant, sur toute ma table. C'est à présent une petit forêt, avec un ruisseau qui y coule, des rochers, dont la mousse se tourne vers le soleil.

Ma foret.
Mon enfance.

Je souris alors que la scene prend vie, sous l'action conjuguée de la magie et de mon pouvoir. J'ai ma pensée heureuse, et je suis enfin fier d'avoir pu reconstituer non pas un objet finit, mais les myriades d'éléments nécéssaires à le faire vivre.

Maison des SERPENSEURS

Je profite de la distribution d'Alex pour le remercier, même si les mots me manque, et, ne lâchant pas ma forêt des yeux, je guette un signe d'appréciation auprès de Miss Hale. Tendant la main, je prend un bonbon, espérant ne pas tomber sur un goût douteux... Mais c'est une nouvelle récompense, toute de chocolat, qui me fait sourire en pensant à Mick et Chad.. Je me demande si le mini Mick est toujours d'actualité, et c'est avec un air efronté que je croque dans le chocolat, captant le regard et le sourire de Chad et Mick.

"Merci Cormier... Vraiment..."

Cours de methamorphe

Je regarde attentivement les élèves. Dans l’ensemble, ils sont plutôt dissipés comme en témoigne leurs multiples échecs et les punitions qui tombent. Une jeune Griffonnel rate son premier essai mais persévère.

- Mademoiselle Kada'an Ravewood vous remportez 10 points pour votre maison. Néanmoins n’oubliez pas votre punition dans le potager. Vous avez droit à un lancer du dé Dragées de Bertie.

Le jeune Stilinski est lui aussi obligé de s’y reprendre à deux fois pour transformer sa coupe en oiseau, alors que son camarade de Chambrée O’Brien y arrive au premier essai. J’apprécie la sollicitude du jeune Serpenseur envers son camarade. Caracol O’Brien devrait être un exemple. Surtout pour la bande qui s’est installée en fond de classe et qui est particulièrement bruyante. Le suivant à essayer est l’Ecossais impudique. Il manque d’éborgner quelqu’un avec sa coupe qui traverse la classe pour se fracasser sur le mur faisant quelques dégâts.

- Un peu de concentration monsieur MacAulay ! Et heu… prenez une couverture chaude pour votre punition dans la forêt. Fort bien réussie votre dague, ajouté-je après sa deuxième tentative.

Un étudiant semble se distinguer côté Serpenseur. Il est calme et posé contrairement à ses condisciples. De plus le collier qu’il vient de faire apparaître est fin et délicat. Cela montre un esprit organisé et méthodique.

- Fort bien monsieur Coleman. Et avec un sortilège informulé ! Belle maîtrise. Je vous accorde 10 points pour la maîtrise de ce sort en formule informulée. Vous pouvez également lancer un dé Dragées de Bertie.

Suit un autre étudiant de la maison Serpenseur, monsieur Chad Wilder. Il nous fait apparaître une maison moderne fort complexe. Je souris devant son air de petit garçon content quand il attend avec évidence la réaction de son ami. Je me souviens de sa fiche où il dit vouloir devenir architecte. Je jeune homme voit avec évidence une application directe de l’Inanimatus Apparitus pour son métier. J’aime les gens qui se projette sur leur avenir et non pas sur la prochaine bêtise à faire comme ça semble le cas au fond avec Derek. Severus a récupéré de bons éléments. Je fronce les sourcils quand j’entends une bulle de chewing-gum éclater au fond. Je crois que le bouquet revient à Monsieur Brian O’Conner et son imposante apparition. Je ne peux m’empêcher de porter ma main à mes lèvres. Le bateau est vraiment magnifique.

- Monsieur O’Conner ! C’est très bien pour la qualité des détails et des matériaux, mais pensez à la taille !

Je poursuis à la rangée suivant où se trouve Derek. Étrangement, je le trouve particulièrement soucieux alors que quelques instants auparavant il faisait partis du groupe des dissipés. N’a-t-il que du panache et se trouve confronté à une difficulté qu’il n’ose pas avouer ? Mon cœur se serre quand il lance enfin le sort et qu’un objet bien connu des Hale apparaît. Lorsque je croise son regard, je comprends la nature de son désarroi. Je hoche sobrement la tête sans faire de commentaire.

Un jeunot qui pensait s’être faufilé à sa place sans s’être fait voir lance un sort qui n’a rien à voir avec celui que j’ai demandé et offre ainsi un bouquet de fleur à son… compagnon ?

- Monsieur Dunbar ! Un peu de tenue, nous sommes en salle de cours !

Je reviens sur mes pas et assiste à un double échec critique de l’élève qui s’était fait prendre dans les sables mouvants. Des élèves se moquent de son infortune ce qui fait déborder le vase de sa frustration. La salle de classe semble subir un tremblement de terre.

- Monsieur Matrim Damodred, je vous prie de ne pas casser le matériel. Vous êtes ici pour apprendre, les échecs sont autant formateurs, voire plus, que les réussites au premier essai. Pour vous motivez, je vous autorise à lancer un dé Dragées de Bertie. Cependant n’oubliez pas votre punition au potager de l’école. Vous pourrez y accompagner Mademoiselle Ravewood et vos heures de colle avec le professeur Severus Argent.

Je vois du coin de l’œil le jeune Caracole lancer un sort pour faire passer un message de soutien à son camarade. Pour souligner l’importance des encouragements mutuels, j’offre des points à la maison Serpenseur.

- Plus dix points à Serpenseur grâce à Monsieur O’Brien et sa bonne camaraderie. Vous pouvez également lancer un dé Dragées de Bertie.

Au fond de la classe l’ours réussit contre toute attente son sort pour faire apparaître… un pot de miel.

- Monsieur Charlie Crowley… jolie réussite. Je vous rappelle que la nourriture retournera de là où elle vient quand le sort cessera. Que le miel soit dans son pot ou dans votre ventre n’y changera rien. Loi de Gamp oblige… Vous rapportez 10 points à votre maison et vous avez droit à un lancer du dé Dragées de Bertie.

Liam Dunbar s’est repris, mais doit s’y prendre à deux fois avant de transformer sa coupe en oiseaux. Un nouvel échec critique retentit à l’avant de la classe. Il s’agit de l’amoureux de l’architecte. J’entends son cœur marquer le rythme de sa frustration. L’échec lui pèse. Il persévère, mais échoue à nouveau. Je crains que comme Damodred qu’il se laisse emporter par la colère, mais la main de son compagnon qui se pose sur la sienne semble rompre le cycle infernal. L’attachement entre les jeunes hommes doit être solide car malgré les deux échecs précédents, Mickael Wayne réitère une nouvelle fois en ajoutant la difficulté d’un sort informulé. Réussite critique ! Je suis émue par ce qu’il fait apparaître. C’est autant chargé d’émotion que le talisman de Derek.

- Monsieur Mickael Wayne. Votre sujet d’expérience est fort impressionnant. Vous rapportez 10 points à cotre maison, plus dix point pour la réussite d'un sort informulé et le droit de lancer deux dés Dragées de Bertie. Joignez-vous à Monsieur O’Conner pour votre corvée dans les sous-sols avec notre concierge. Un Serpenseur doit savoir travailler en bonne cohésion avec un Griffonnel et réciproquement ! N’est-ce pas monsieur Alex Cormier ?

Je darde mon regard sur le frondeur. Depuis le début du cours il se balance sur sa chaise et fait des bulles avec son chewing-gum. Il semble se ratatiner un peu sous la sévérité de mon regard. Miss Teigne nous a rapporté un papier qui vient de ses bagages. Un tract qui appelle un peu à la révolution. Les restrictions budgétaires nous ont contraints à passer de quatre maisons à deux. Je comprends ce qui dérange l’étudiant dans ce concept de rivalité entre maison. Mais il est encore bien trop jeune pour comprendre que l’être humain, ainsi que les êtres surnaturels ont besoin d’une compétition pour s’élever et dépasser leur limite. Sans cela, le niveau scolaire serait nivelé par le bas. Il ne faut pas attendre vingt-cinq ans pour être confronté à ses premières frustrations ! L’apprenti révolutionnaire s’offre le panache d’une réussite critique en faisant apparaître… un distributeur de bubble-gum. Il rattrape son évidente effronterie en clouant le bec d’un élève qui se moque encore de Damodred. Je n’ai pas le cœur à le sanctionner, car le mentaliste a vraiment besoin de ce soutien. Et même si je reste persuadée de l’utilité des deux maisons, j’approuve cette aide d’un Griffonnel envers un Serpenseur.

- Plus dix points à monsieur Alex Cormier pour sa réussite critique. Vous pouvez lancer un dé Dragées de Bertie, pour ce succès critique.

Matrim Damodred semble se ressaisir. Est-ce le fait d’être encouragé par deux élèves de la maison adverse ? A l’instar de Wayne, il double la difficulté avec un sort informulé. Et cela paye ! Émerveillée, je regarde tout un monde prendre vie sur sa table. Décidément il semble que je n’ai hérité que des cancres et Severus des meilleurs éléments !

- Damodred, je vous accorde 10 points pour la maîtrise de ce sort en formule informulée et 10 points pour votre réussite critique. Vous pouvez également lancer un dé et le droit de lancer un dé Dragées de Bertie..

- Ecoutez-moi tous. Je vous indique au tableau les lieux concernés pour ceux qui ont reçu une punition. Vous pourrez les commencer après le cour de potion du professeur Severus Argent. Il vous reste encore dix minutes pour les élèves qui n 'ont pas encore terminé leur exercice pratique.

Inutile d’ajouter une difficulté supplémentaire qui risque de faire tomber de nouvelle punition. J’indique sur le tableau où les élèves concernés doivent se rendre pour effectuer leur punition.

- MacAulay, O'Conner, Crowley, Cormier, O’ Fallamhain, Dunbar et Hale (Derek) vous rangerez le désordre avant de partir. Quant à Monsiur Garnet qui brille par son absence fait perdre dix points à sa maison et doit lancer le dé punition. Une beuglante se chargera de le trouver pour l'en informer. Attention quant aux sorts informulés, les échecs seront passible d'un lancement de dé punition, les réussites récompensées. Ne vous y lancez pas à la légère.

Maison des SERPENSEURS

Minerva regarde Liam m’offrir le bouquet et lui demande un peu de retenu. Ce n’est peut-être pas le bon sort, mais il a réussi à changer un objet en un autre, cela aurait pu lui donner des points en plus…

Pendant toute la durée du cours, le professeur nous surveille et grave en elle les transformations. Certain réussisse à le faire et d’autre non. Les adultes reçoivent une leçon différente de la nôtre. Ils doivent créer un objet à partir de rien…
Madame Hale passe entre les rangées et félicite les personnes. Moi, y compris. Je souris et rougis quand elle parle de ma lettre envoyée.
Elle sait vraiment tout. Je m’inquiète pour Liam. Elle a dû remarquer son absence…
— Merci madame, soufflé-je timide et rouge.  
Je  n’ose pas regarder mon petit ami qui je suis sûr est content pour moi après les points que j’ai reçu et écoute la suite des explications du prof.
Quand elle passe devant Charlie. Une déception me prend. Mon bouquet ? Mon cadeau va disparaître.
— Oh, je pourrai pas garder mon bouquet…
Déçu je l’admire et le regarde un long moment. Je repense à ce cadeau et me sens bien. Même si c’est éphémère, il restera en moi longtemps.
Après ma joie, mon stresse revient. Le prof a tout vu et pour mon ami ?
Cette inquiétude, qui au départ me semblait fausse, s’avère juste au final. Liam est puni avec d’autres élèves pour son retard. Therence nous fait perdre des points. Bon, après, il n’avait pas qu’à faire ce qu’il a fait.
— Liam, si tu veux, je peux rester avec toi pour la punition ?

Maison des GRIFFONNELS

Après le temps des punitions, c’était le temps des cours. Finalement, même si au départ nous avions été rejetés de la bande, Brian et moi, c’est ben ensemble que nous avons fait la corvée du futur préfet, si on en croyait les prédictions du gang des sourcils blonds et bruns… Brian du s’y reprendre à deux fois, mais les spectres finirent bel et bien expédiés au loin, et l’affaire finalement réglée.

Pour ma part, j’avais mon voyage, avec toutes les substances plus ou moins dégueulasses qui collaient à nos vêtements, nos cheveux et sans doutes à des endroits que la décence m’interdit de mentionner.

La logique nous amena donc à prendre une douche, afin de se rendre un peu plus présentables au premier cours de notre cursus. Je notais au passage une certaine gêne concernant Brian, à l’opposée d’Alex, Dereck et, je dois le dire, de moi-même, étant donné que j’avais eu bien peu d’intimité dans mes années au cirque et avant ça pendant mes entrainements afin de devenir champion olympique. Je restais cependant sibyllin lorsqu’on me demanda les significations de mon encre de peau, même si l’allégorie angélique qui bougeait en même temps que mes muscles apaisés par l’eau chaude pouvait quelque part parler d’elle-même.
Derek, Brian et Alex étaient ben émoustillants à regarder, aussi je me tournais vers le mur pour palier à toute éventualité érectile intempestive.

Je notai au passage la présence du chat teigneux, qui, j’en aurai juré mes dieux, étaient carrément en train de nous reluquer sous les douches… Cette école allait me rendre paranoïaque, une discipline ou je me trouvai décidément des aptitudes particulières.
Enfin avec tout ça, on est ben propre et tout, mais sacrément en retard.. Je pique un sprint, heureux de mes années d’entrainement, pour arriver à temps en cours, et finalement me détendre lorsque je ne vois pas de prof..

Pas pour longtemps. Vla que la référente se transforme littéralement sous nos yeux, me clouant sur ma chaise, tirant comme un couillon sur mon chandail pour me remettre d’aplomb.
Les instructions et les sortilèges fusent, et je regarde, comme étourdis, les réussites et les échecs de mes camarades… Et adversaires… Car oui, c’est une guerre des points qui est enclenchée, et j’espère bien en faire gagner à ma maison.. Ma maison.. Quel drôle de sensation dans la bouche, lorsque je prononce ça.. Tiens, en parlant de ça… Je me lance à gouter à l’autre bonbon, vert clair, pour me retrouver avec un goût d’herbe… J’ai l’impression d’être un bovin à mâchouiller ainsi mon bonbon à l’herbe, aussi je l’avale d’un seul coup, manquant presque m’étrangler…

Je suis encore plus fasciné des échecs que des réussites, mais je dois bien avouer que Brian arrive vraiment à m’impressionner, et à presque m’éborgner au passage, avec une maquette pleine de détails d’un navire fier et réussi…

« bravo, c’est vraiment pas banal… »

Cependant, le jeune homme qui s’était enfoncé dans les marécages au moment du choix, lui, n’a pas l’air de trop réussir.. Et je comprends au moment où des trucs bougent autour de nous qu’il doit être comme moi, un mentaliste… Tiens tiens ;.. Semblerait qu’on soit deux dans la barrique à jeux…

A force d’observer tout le monde, je ne me lance pas. Lorsque finalement le cours semble presque être terminé, je finis par tenter le coup moi aussi.
Prononçant la formule, tentant de reproduire les gestes que je sais être les bons, je m’imagine mon apparitus.

Maison des GRIFFONNELS

Visiblement, ce n’était pas vraiment le bon geste. Peut être que je dois mettre un peu plus de conviction dans les mots, aussi, mais il faut dire que voir les autres élèves presque plier bagage me met une certaine pression, car je veux vraiment réussir ce tour…
Je sais que les sortilèges ne sont pas qu’une question de technique, il faut y mettre une intention..
Peut être que cette fois-ci…

-Inanimatus Apparitus!

Maison des GRIFFONNELS

Non, décidément rien à faire, je ne suis pas assez concentré.. Bah, ce sera pour une prochaine fois, me dis-je, haussant les épaules… Serrant la mâchoire, je tente de garder une certaine dignité en sortant du cours.

Maison des SERPENSEURS

Martellement frénétiques de pas dans les couloirs. Mes chaussures crissent au détour, ma respiration erratique ajoute au tumulte de la tempête humaine qui déferle d'un bout à l'autre du bahut et passe devant une porte sans la reconnaitre. Calme plat sur le seuil jusqu'à un retour en arrière effréné.


Je... ne... sécherais... pas... les... cours!!!
Je me revois forcer, insister, puis abandonner... Et puis reprendre de plus belle! Parce que je ne me ferais pas sanctionné pour une telle injustice!!! Conscient de mon absence et du temps passé, coincé dans mon couloir, je me dis plus pour me consoler que par affront que dans le pire des cas, je n'ai pas de compte à rendre à la directrice des Griffonnels. Je rattraperais son cours autrement. Mais risquer de passer pour la risée de ma propre maison et me faire salement remarqué au yeux de notre directeur en revanche, c'est inacceptable!!!
J'ai manqué de piquer du nez sous un élan amorcé depuis longtemps quand le même frisson qui m'avait pris plus tôt m'a parcouru de la tête au pied. Pas le temps de me ratiffer, pas le temps de chercher un sort miracle pour me téléporter en classe ou je ne sais quoi, j'ai claqué l'oiseau, viré le chat et démarré du dortoir en trombe.  


Des bruits étonnants et la voix de la prof retentissent de derrière la porte. Je souffle un bon coup, ravale ma salive, et je pousse le battant avec prudence...

Chacun est occupés à sa baguette, ses grimoires, et des tentatives plus ou moins foireuses, et Minerva Hale passe scrupuleusement dans les rangs. Que la durée du sort escompté par Chad soit erroné histoire de me fiche la trouille ou que j'ai réussi à m'en tirer à force de patience et de résignation comme je persiste à l'envisager, l'entrave a fini par céder... Mais ça n'empêche que j'ai manqué la quasi totalité du cours! Je profite du raté spectaculaire d'une élève et son gobelet à réaction pour me glisser dans entrebâillement de la porte et perpétrer un savoir que tout spécialiste du retard acquière dans chaque salle de classe mais jamais du savoir d'un professeur : l'art de l'infiltration en douce. Je longe discrètement le mur en visant une place de libre... quand un phénomène secoue une bonne partie de la salle.

- Monsieur Matrim Damodred, je vous prie de ne pas casser le matériel, s'insurge la vieille femme.

Je me suis rattrapé au premier meuble à ma disposition et m'étonne de me trouver nez à nez avec une table d'un diamètre hors-norme et l'occupant qui va avec... Mon regard fuit au ciel et mes épaules s'affaissent aux billes rondes du géant des îles. Je ne veux même pas savoir de quoi j'ai l'air, débraillé, avec mes cheveux en bataille, suant et avachi d'avoir traversé les bois en courant. Il a été conciliant pour les fenêtres, si c'est pas par solidarité entre Serpenseurs, il le fera au moins pour les points! Il va se taire et m'éviter une confrontation avec Madame Hale, hein?!... C'est sans compter sur la mine curieuse qui apparait derrière son épaule et me reluque sans embarras. Et m*rde... Je grogne sans bruit à l'intention de l'allemand et rajuste d'un coup sec le col de ma robe qui me retombe négligemment de l'épaule, petite tentative de répliquer à son allure propre-sur-soi dont il semble irradier sans efforts.

-J'ai eu un petit... contre temps. Incendiè-je farouchement Wilder avant d'offrir un sourire pénible aux deux stagiaires. Ça se reproduira pas.

Sérieux, caftez pas, je veux pas me faire virer de là... La Hale occupée à d'autres élèves, je vais m'installer à ma place sans me faire prier en me renfrognant aux petits rires observateurs qui fusent. C'était quoi déjà, mon plan parfait pour ce premier cours? Ah oui : rabattre le caquet de ce coq de bassecourt de Hale? C'est réussi! Avec mes plumes dans les cheveux, je fais plus coq que lui... Je passe et je repasse hargneusement ma main dans ma tignasse pour leur redonner leur forme d'origine, fusillant du regard et montrant des dents à quiconque se risque à un commentaire ou un regard de travers. Je ne sais pas encore comment, mais ce sale loup de Wilder va regretter son mauvais tour...

Enfin, pour l'heure il y a une autre sorcière dont j'aimerais éviter le courroux. J'essaie de comprendre alors que je débarque dans une salle où certains se débattent avec des gobelets récalcitrant et des piafs, et que d'autres aux tables chargées de gros jouets affichent des mines de gamins le matin de Noël... ou le jour d'un enterrement. Je soupçonne la prof d'être à l'origine des mines grises qui voilent les visages de Wayne et Hale qui font les frais de son passage, mais m'attarde d'avantage sur les dague, bateau, maisonnette... pot de miel? qui égaille tant les autres et m'émerveille également. Je veux savoir faire ça moi aussi.
Je cherche autour de moi puis considère mon voisin de table s'adonnant à son propre exercice, le gars qui sait si bien faire exploser ses bagages, me dis-je, et le moins à même de se foutre de moi. Ou bien l'un de ceux dont ça m'importe le moins, je suppose. Il a un côté je-m'en-foutiste intéressant mais il n'a pas l'air spécialement populaire.

-Psst. Qu'est-ce qu'il c'est passé jusqu'ici?

J'aimerais retrouver le fil de l'épisode. Je le regarde faire apparaitre une machine à boule avec ébahissement et une pointe de contrariété au regard de mon gobelet. Je suppose que ce n'est pas le moment pour me plaindre de devoir transformer une tasse en bestiole pendant que les plus âgés on droit de donner forme à leur rêves de gosses, eux?... Pfff...

-A quoi ça sert de faire apparaitre des oiseaux? tournè-je les pages de mon manuel m'assurer que ce soit la seule chose à faire apparaitre avec cette formule.

Des scorpions par exemple, ça ça à de l'allure et c'est utile pour se défendre! Mais des piafs?... On compte nous faire devenir des magiciens de foire? Nouveau regard mauvais, le premier qui fait un commentaire sur un nids capillaire, je lui fais bouffer mon gobelet. Je me penche sur mon ouvrage alors que la professeur Gryfonnelle inscrit au tableau la liste des punitions et nous avertis du temps qu'il nous reste avant la fin de son cours.

- MacAulay, O'Conner, Crowley, Cormier, O’ Fallamhain, Dunbar et Hale vous rangerez le désordre avant de partir. Le Hale puni? Ça c'est beau à entendre! Quant à Monsiur Garnet qui brille par son absence fait perdre dix points à sa maison et doit lancer le dé punition. Monsieur Garnet se tasse sur sa chaise en se massant le visage, pas certain de vouloir se faire remarquer tout de suite... Une beuglante se chargera de le trouver pour l'en informer. Attention quant aux sorts informulés, les échecs seront passible d'un lancement de dé punition, les réussites récompensées. Ne vous y lancez pas à la légère.

Les sorts informulés, hein?... Bon, il me reste 10 minutes... moins de 10 minutes pour faire mon exercice. Je sors ma baguette, me pince les lèvres et me lance sans plus de réflexions, j'ai assez perdu de temps :

Avifors!