Xander mangeait son bol de bouillie fumante. Un mélange d’avoine, de fruits cueillis la veille et de grains sauvages. Les garçons ne tarderaient pas à venir le rejoindre, une fois le train matinal terminé. Cecile s’activait déjà, son panier sous le bras : elle partirait dès la vaisselle faite pour laver leurs habits à même le petit ruisseau rocailleux, et en profiterait pour ramener une barrique d’eau pour les prochains repas. D’un geste du crâne, elle interrogea son père sur ses fringues. La chambre des maîtres était interdite d’accès aux enfants, et Cec’ respectait cette règle bien qu’elle fut la dame de la maisonnée. Alexander se leva donc pour aller chercher la chemise et les pantalons qu’il portait la veille et les donner à son aînée. Le nez de l’adolescente fronça immédiatement, et elle huma la tunique de lin.
- C’est un nouveau parfum…
Son commentaire était plat, sans jugement, mais le sous-entendu était clair. Le père de famille retourna s’asseoir à la table en lui rétorquant en mitchif. S’ensuivirent quelques phrases échangées du tac-au-tac, un sourire au coin des lèvres. C’était elle qui maîtrisait le mieux leur langue ancestrale et il était plus aisé pour le patriarche de faire des joutes verbales de cette manière : il contrôlait parfaitement les nuances de sa langue maternelle, après tout. Il mit fin à l’échange, qui n’était que moqueries gentilles et faux sermons, en menaçant sa fille d’un commentaire en la langue de Longfellow.
- Fais attention comment tu parles à ton père, ou il pourrait changer d’idée et te refuser de choisir ton prétendant.
- Et la tradition?
- Faut s’adapter, on est loin de chez nous. Loxley est plutôt beau garçon. Enfin, avant d’avoir le nez cassé.
- Tu n’oserais pas!
- Sa famille a une bonne situation, et il faut réparer certains affronts...
- Il m’a traitée de sauvageonne!
Xander s’assombrit aussitôt. Il n'était pas dit que le gamin se serait relevé si c'était Xander qui l'avait entendu. Peut-être avait-il poussé la blague trop loin en taquinant sa fille. L’oeil sombre et les lèvres pincées, il prit une nouvelle cuillerée.
- Je sais. Tu as bien fait, et jamais je te le reprocherais sérieusement.
Cecile vint déposer un baiser sur la joue rêche de son père. Elle lui fit une remarque comme quoi le barbier était le moins bien rasé du village et offrit de s’en occuper le soir-même. Le conflit potentiel était désamorcé, mais cela n’empêchait pas le charlatan d’avoir un avis sérieux à donner à sa fille.
- Si tu as un garçon en vue, assure-toi qu’il te voie aussi, avant d’être fiancé à une autre.
Alors que la porte de la maison s’ouvrait en grand sur une file d’adolescents transportant œufs et cruches de lait, l’aide de ferme fermant la marche, Cecile se détourna et posa son panier dans un coin, et déposa la planche à laver sur la pile de vêtements sales avant d’aller servir sa fratrie d’un bol de gruau chacun, les joues toujours un peu roses.
- Peter Hale n’est pas reconnu pour sa patience. déclara le père de famille en s’essuyant la bouche du revers de la main.
Cec’ rosit de plus belle, et Jonathan lui lança un regard éloquent, alors que les jumeaux s’enquéraient de la raison de ce commentaire. Xander les fit taire d’un sourcillement et le repas reprit en silence. Cecile resta à l’intérieur quelques minutes pendant que les hommes de la maison ressortaient, après s’être lavé les mains et le visage, pour faire quelques menues réparations autour de chez eux. Charlie fendait les bûches pendant que les jumeaux et Evard réparaient la clôture. Jonathan s’occupait du jardin d’herbe avec son père, qui lui transmettait des secrets familiaux immémoriaux. Au son de la cloche de l’école, l’ensemble de la famille se prépara à quitter la maison. Xander donna ses consignes à Crowley, avant de se tourner vers ses mômes.
- Joe, Jack, Will, vous vous assurez que votre frère rentre moins abruti ce soir qu’il l’est ce matin.
Il était hors de question qu’un de ses fils termine comme ce Charlie, toujours le regard éteint et sans rien d’intéressant à raconter.
- Si la maîtresse y arrive pas, j’vous fait confiance pour vous démerder par vous-même. Rapier voudra pas vous prendre, et Amaro vous bottera dehors si vous jouez les malins.
- Fichez-le camp! fit-il, une menace dans l’ombre de son sourcil, comme s'ils s'attardaient à la maison depuis des heures.
***
Xander avait bu une nouvelle infusion, honnissant l’inefficacité de celles-ci. C’était à n’y rien comprendre. Il déposa prestement le gobelet et saisit sa trousse en quittant la cabane. La pommade qu’il avait préparée pour le poulain prenait quelques jours à faire, et il devait la faire fraîche, sans quoi elle moisirait au bout d’une dizaine de jours. Le sac en bandoulière, son fusil de traite accessible et la bride perlée nonchalamment dans une main, il guidait sa monture en cliquant de la langue pour se rendre chez son ami et client. L’ombre de son chapeau apportait une légère fraîcheur à son expédition, et il put le retirer dès qu’il pénétra sous le couvert des arbres. Il le remettrait en arrivant au territoire à découvert des Hale.
Le moustachu sourit en voyant apparaître Ian Hale qui venait à sa rencontre. Xander descendit alors de sa monture et marcha en direction du ranch en bavassant avec le jeune homme, qui lui reparlait avec excitation de ce chêne immense qu’Alexander lui avait montré, lors de sa dernière visite. Le joyau de la forêt, qu’ils protégeraient ensemble. La discussion tourna rapidement au cycle des saisons et aux occupations de chacun, servant ainsi de source d’inspiration autant que d’échange d’idées pour régler les problèmes du quotidien. Lorsque les bâtiments de ferme furent en vue, Alex interrompit la conversation.
- Où est ton cousin?
À l’écurie, évidemment. Ils reprirent le fil de la discussion en tanguant dans cette direction, et le louveteau s’éclipsa au dernier moment pour vaquer à ses tâches. Alex bifurqua vers le corral ou l’écurie paissait. Il était sur le point d’en ouvrir le portail lorsqu’il vit son ami sortir de l’écurie. Aussitôt, il alla vers lui, lui saisissant l’avant-bras en une accolade davantage autochtone qu’européenne. Dans un kawaiisu approximatif, Alex salua son ami, comme un point d’interrogation dans la voix.
- J’ai aussi emmené mes affaires de barbier, si ton oncle ou toi avez besoin.
Ou si le poulain allait avoir besoin d’une saignée. Mais il valait mieux ne pas mentionner cette éventualité avant d’avoir vu la bête souffrante. Malgré les soins qu’il prodiguait à divers catégories de gens, Alexander n’était pas vétérinaire : même les plus bestiaux de ses clients savaient s’exprimer en mots. Par contre, il avait une certaine connaissance de base des soins à prodiguer aux animaux d’élevage. C’était la moindre des choses quand on avait ses racines. Et puis, c'était dans ce sac que se trouvait son tablier.
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Sujet: Re: Étalons sauvages PV Alex Lun 26 Oct 2020 - 22:08
Xander se contenta de hocher la tête gravement. Une bête qui mourrait en mettant bas était toujours un drame en soi, et il était plus que normal que l’oncle ait passé la nuit au chevet du pauvre bovin. Selon le temps qu’ils auraient à prendre pour s’occuper du poulain, il y avait des chances que Peter soit levé avant que le barbier ne parte. S’ils étaient chanceux, il serait même d’humeur pas trop marabout.
- J’en sais rien. se contenta de répondre le guérisseur-barbier-charlatan qui n’avait malheureusement pas le chapeau de vétérinaire. Ils feraient ce qu’ils pourraient pour le jeune cheval, avec les connaissances et les moyens qu’ils avaient. Cela restait une occasion pour eux de trouver une solution à ce problème qui pouvait devenir vital pour le ranch. Un défi à relever était toujours le bienvenu dans ce paisible village où la routine suivait le soleil et les piaillements des poulets.
Son bric-à-brac à l’épaule et à la main, Alexander suivait l’alpha, accueillis sonorement par les bêtes en santé, qui semblaient avoir envie de se délier les jambes davantage que d’être dorlotés. Les veufs discutaient famille et engeance entre eux jusqu’à ce que le propriétaire des lieux ne change abruptement de sujet, prenant son ami par surprise. Sur ses gardes, Xander se contenta d’un haussement du menton un peu bravache, comme pour demander de quel genre de question il s’agissait.
- Ouais.
Il ne devrait rien y avoir de choquant à ce que les deux hommes de sciences, ou ce qui s’en rapprochait le plus, se soient épris d’amitié, après tout. En l’absence de médecin dans cet endroit reculé, l’un comme l’autre pouvait y faire office.
Le geste de Derek, aussi rassurant se voulait-il, se prit un haussement magistral de sourcil alors qu’il expliquait l’origine de sa question. Pis encore, voilà que le loup-garou changeait de ton en mentionnant la profession du métis. Comme si il voulait y mettre l’emphase et sous-entendre ici qu’il ne croyait pas à ce métier. Xander ne savait que penser. Était-ce là vraiment un avertissement, ou une menace, que lui posait son ami? L’autochtone était trop fin pour se laisser prendre à rétorquer immédiatement. L’endroit pullulait de sens surnaturels qui les épiaient certainement constamment, et s’il ne formulait pas correctement sa pensée, son propre corps risquait de le trahir à son insu. Fichues bestioles, tout de même. Amaro, au moins, était un loup solitaire et ne faisait pas de tels chichis. Il se mêlait de ses affaires et Alexander s’occupait de l’aider à bien faire rouler lesdites affaires.
Pendant que Derek faisait sa magie d’absorption de la souffrance, Xander passait sa main sur le crâne de la bestiole. Même pour un cheval, il était effectivement chaud. Il observa l’oeil à la teinte peu ragoûtante et la bête se débattit lorsqu’il en approcha le pouce pour écarter les paupières. D’un sifflement entre les lèvres, le ramancheur tenta de calmer la bestiole. Au moins, il ne voyait pas de pus.
- Même si tu le soulages, ça va pas l’guérir. J’avais préparé un onguent pour l’oeil. Si c’est généralisé, j’lui ferai une concoction à lui faire avaler.
Alexander s’écarta un peu des deux bêtes pour fouiller dans son bardas. Il extirpa un pot de terre cuite de sa sacoche et retira le couvercle en le tenant loin de son visage. L’odeur était infecte, mais il y trempa tout de même l’index et le majeur droit en ordonnant à l’éleveur :
- Bloque-lui la tête le temps que j’lui badigeonne l’oeil.
Alexander frottait déjà le museau de la jeune bête de sa main gauche, en lui murmurant des paroles d’encouragement, et, dès que le lycan eut une prise suffisante pour éviter de blesser l’animal ou l’homme avec un mouvement brusque, il lui flanqua une généreuse couche de pommade sur le globe oculaire et les paupières. Le poulain voulut ruer, mais Derek parvint à le retenir, mais le reste de l’écurie se mit à hennir en protestation. Un instant plus tard, Alex avait terminé et grattait le cou de la bête avec hardiesse, dans le but de l’apaiser.
- J’sais pas si ça va marcher. Faudra en mettre dans l’autre œil quand y’en aura plus de c’côté-ci. En attendant, j’lui ferai une bouillie pour purifier son sang. Ça pourrait peut-être chasser la maladie.
Xander retourna à son sac pour y dénicher, cette fois, une carotte qu’il cassa en deux. Aussitôt, les naseaux de la bête se mirent à frémir, à la recherche de la gâterie. Un instant un plus tard, le soigneur la lui flanquait dans la bouche en félicitant le poulain d’avoir été un si brave garçon.
- Si t’as un foie d’poulet et des feuilles de radis, j’pourrais m’en servir.
Les deux hommes se levèrent pour sortir, le poulain sur les talons. Alexander se contenta de refermer l’enclos derrière lui et de donner le reste de la carotte à la créature malade. Deux pas plus tard, il revint sur un sujet auquel il se sentait désormais à même de répondre.
- J’sais pas si t’es au courant, mais y’a des gens qui prétendent qu’le p’tit Jérémie à Tobias est d’moi.
Doux euphémisme pour parler de ce secret de polichinelle dont même l’adjoint un peu lent du shérif était au courant. Ce que Xander signifiait ainsi n’était pas que les ragots étaient vrais, mais que si un Hale se mettait à cancaner sur son compte, il y avait fort à parier que personne ne croirait ses balivernes. Cette approche avait comme principal avantage d’être ouverte, contrairement à l’alternative. Non seulement aurait-il était très enfantin de promettre que si Derek le dénonçait, il trahirait la double-nature de son ami, mais pis encore, cela aurait risqué d’être immédiatement pris pour une déclaration de guerre entre leurs deux familles. Il n’y avait pas de raison de se montrer hostile. Cormier et Hale s’entendaient généralement bien et, surtout, avaient besoin les uns des autres, chacun à leur manière.
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Sujet: Re: Étalons sauvages PV Alex Sam 7 Nov 2020 - 15:09
- Les enfants de Mary sont tous beaux. se contenta de répliquer Xander d’un hochement d’épaule. Ce n’était pas faux. Pour leur ville, du moins. Aucun n’avait de bec de lièvre ou de dents écartelées, et les plus vieux ne semblaient pas avoir hérité du perchoir de leur père. Il ne restait qu’à voir ce qu’il en serait des plus jeunes à leur âge, c’était difficile d’être autre chose qu’une jolie frimousse. Seul le fils Abbot avait réussi l’exploit d’être laid à l’âge de 4 ans.
L’apothicaire suivait le loup-garou sans un mot, et l’observa choisir un lapin d’une manière probablement bien moins aléatoire que cela pouvait sembler être le cas. Derek en profitait pour clarifier sa pensée, et Alexander ne pouvait s’empêcher d’avoir l’impression d’être sur les planches, tous lesdits métayers à l’écoute de leur conversation. Le métis ne renvoya pas immédiatement son sourire à son ami, et ne prêta aucune attention au dernier souffle de l’animal. Poulet ou lapin, c’était sensiblement de la même taille, et cela restait le même organe, alors il n’y avait pas de raison pour que le résultat diffère.
D’un hochement de terre, les deux hommes se dirigèrent vers le potager, et Xander rassura enfin l’alpha. Un sourire amical aux lèvre, il donna un coup au dos de la veste du loup, du plat de la main, et termina le geste d’une pression sur le trapèze.
- Tu sais que t’as ma confiance entière. J’mettrais ma vie entre tes mains, si qu’un jour il fallait. Dieu nous en préserve… Mais t’as un régiment complet qui bosse sur tes terres, tu peux pas m’dire qu’tu penses que c’est raisonnable d’croire qu’aucun va colporter des rumeurs mensongères?
Loups, palefreniers ou autres : il existait des potineurs partout. N’y avait-il pas un adage voulant que plus un secret était partagé, moins grande était sa force. Ou que dès que quelqu’un en devenait au courant, ça n’en était plus un? Les traits d’esprit n’étaient pas la force du bootlegger, malgré son expérience de la vie. Il savait simplement, d’instinct, que de mêler une trentaine de personnes à ce qu’ils percevaient comme un secret, tourné autour d’un tabou, revenait à le crier haut et fort sur la place publique. Le pire était de savoir que l’information était toujours sans fondement. Une discussion entre adultes à peu près intellectuels, c’est tout ce qu’il y avait eu entre Tobias et Xander qu’il ne se produisait entre eux et les autres hommes de la ville.
Derek indiqua où se trouvaient les radis, que Xander avait déjà reconnus. Le maraîcher de fortune s’y dirigea et, à genou entre les plants, entreprit de casser d’un geste court et précis une feuille sur un premier plan. L’herboriste releva le nez vers son ami.
- T’peux aller chercher une marmite ou quelque chose? On devrait préparer le mélange en extérieur pour pas empester ta cuisine. J’te r’joins au pit-à-feux.
Le lycanthrope délaissa Xander à sa tâche, qui l’observa un instant, intriguer. Derek n’était pas du genre à se mêler des affaires des autres, malgré tout, et certainement pas aux histoires des gens de la ville. Il devait y avoir quelque chose en plus pour motiver son intérêt à avertir Alexander de la sorte. Il reporta tout de même rapidement son attention sur les rangs du potager et arracha systématiquement une feuille, du même geste efficace, à chaque plant sur les deux premiers mètres de la rangée. Il déposa sa récolte dans un bout de tissu qu’il dénicha dans sa besace, et prit la direction du bivouac.
Le récipient rempli d’eau, Xander s’occupa de dépecer le lapereau en attendant que le liquide ne parvienne à ébullition. Il tendit la peau à Derek pour qu’il voit ce qu’il voulait en faire. C’était peu de fourrure, mais il suffisait d’être un peu imaginatif et il aurait des mocassins pour ses plus jeunes, ou un col de fourrure sur l’une des robes de Noël, ou qu’en savait-il. La chair et les viscères se trouvèrent rapidement dans un bol que Derek avait eu la présence d’esprit de ramener, et Alex trancha enfin le foie au-dessus de l’eau bouillonnante, pour l’y laisser tomber ensuite. Les feuilles tout juste récupérées allèrent rejoindre le mélange, et il ne restait plus qu’à laisser mijoter en agitant fréquemment, pour bien faire infuser le radis dans la solution.
- Faudrait pas qu’on commence à lyncher des gens pour des chose qu’y ont pas faites, quand même… Ou qu’y feront pas...
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Sujet: Re: Étalons sauvages PV Alex Jeu 19 Nov 2020 - 21:56
La danse de Derek pour éviter le fumet de ce produit que Xander touillait inlassablement l’amusait grandement et lui changea rapidement les idées. Disparues les menaçantes rumeurs perpétrées par ce bêta écornifleur. L’apothicaire observait les feuilles qui perdaient doucement leurs couleurs et la soupe qui se faisait doucement potage, en silence. Finalement, il se tourna vers son ami, moqueur.
- Fais gaffe, s’tu fronces un peu plus du nez, i’risque de disparaître.
Le loup désapprouva et Alexander ramena la conversation sur un terrain neutre. Les petites histoires du village, la maîtresse d’école qui semblait parfois dépassée par les gamins turbulents, les situations cocasses qui avaient parfois lieu au saloon, et les nouveaux-venus, qu’ils soient seulement de passage ou non. Derek s’excusa éventuellement pour aller surveiller les tâches de ses employés, ou les aider. Qu’en savait le barbier? Il lui demanda tout de même s’il pouvait lui ramener une théière.
Xander se servit une grande tasse d’eau bouillante dans laquelle il laissa infusé un sachet d’herbes séchées qu’il avait préparé quelques jours auparavant. Il rajouta également à quelques reprises de l’eau bouillante à la mixture, afin de la diluer et de la rendre plus facile à boire pour leur patient. Cela ne semblait pas être une idée qui lui plut pour autant. Ils devaient éviter les coups de sabot, comme s’ils jouaient une parodie de matadors. L’endroit retrouva éventuellement son calme, et le ramancheur déposa le biberon au fond duquel il ne restait qu’un petit volume de bouillie mélangée à la bave de l’équidé. Quelques tapes sur le flanc de la bête, une raclement des ongles derrière l’oreille, et le box se vida des occupants humains.
Le cul sur le fourrage, le propriétaire des lieux offrit à son ami de patienter un moment avant de passer à la suite. Xander aurait le temps de faire la toilette des deux Hale et de rentrer chez lui à l’heure pour le repas. Il ne se laissa donc pas prier pour donner son accord, et sortit une petite flasque d’alcool de sa poche. Le même qu’il préparait pour le saloon. Il en prit une longue rasade et s’essuya la bouche sur sa manche en passant le récipient à son ami.
- Le veuf à Charmaine cherche un gars pour monter en alpage a’ec son fils. J’sais pas si ça pourrait intéressé un des tiens, ou si qu’tu connais un cowboy.
Le terme n’était pas réellement approprié, si l’on considérait que le vieux Flint était un illuminé qui avait investi dans le mouton plutôt que le bœuf. L’histoire lui donnerait raison au cours des décennies suivantes, mais là n’était pas le point. Il avait besoin d’un second berger pour accompagné son fils : ses rhumatismes lui avaient causés bien trop d’ennuis l’année précédente.
- L’a pas besoin de savoir qu’il aura un loup dans sa bergerie, railla celui qui avait refusé de devenir shaman.
Le duo discuta un moment du troupeau ovin et des diverses considérations inhérentes, le flacon passant d’une main à l’autre à son propre rythme. L’eau de vie brûlait la gorge du père de famille, qui reboucha sa fiole avant de ne risquer de s’enivrer au point de risquer de couper la joue d’un des hommes du Ranch. L’oncle serait capable d’arracher une tête pour moins que ça.
Au bout d’une dizaine de minutes, le métis se leva et expliqua succinctement que la nature l’appelait. Il se dirigea derrière le hangar agricole un peu plus loin, pour avoir un semblant d’intimité dans ce royaume d’oreilles affûtées. Il appuya son avant-bras contre la planche rêche du bâtiment. De l’autre main, il libéra ses hanches du pantalon qu’il portait pour entamer une miction qui, comme les jours précédents, se révéla douloureuse. Xander laissa échapper un grognement souffrant et se retint de pester contre la brûlure de son jet saccadé. Pourtant, il ingérait régulièrement la décoction héritée de la sagesse ancestrale; celle-là même qu’il s’était préparée un peu plus tôt en faisant mijoter le remède de cheval. Pourquoi diable cette fanfare d’aiguilles dans l’étroit conduit ne voulait pas disparaître?
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Xander réprima un sursaut. Il n’avait pas entendu son ami s’approcher dans son dos, à force de se concentrer sur sa besogne et sa respiration bruyante. Il renfila rapidement ses frusques, se remit présentable et voulut faire mine de rien, malgré l’irritation qui continuait de lui tenailler le manchon. Dans quelques minutes, il oublierait la douleur, qui passerait à un simple inconfort. Et personne à Beacon Hills ne pouvait réellement dire qu’il était à un inconfort près. Fier, il releva le menton, étirant son dos du même geste, et alla rejoindre son ami d’une démarche qui se voulait moins chaloupée qu’elle ne l’était réellement.
Les lèvres de l’apothicaire se crispèrent et disparurent presque à la remarque de l’alpha. Évidemment qu’il ne pouvait pas lui cacher son problème actuel. Pas plus que le nez au milieu de son visage. Xander n’en était pas moins orgueilleux et était prêt à feindre l’innocence jusqu’à ce le canidé lâche le morceau. Le métis saurait se soigner. Il avait toujours trouvé le juste remède. L’autochtone ne savait pas ce qui, du regard du lycan, ou du silence soudainement envahissant, était le pire à endurer. Derek coupa court au malaise en racontant une anecdote. Xander crut qu’il déviait le sujet, et en était à bénir le Ciel, le Seigneur et la Sainte Vierge quand il réalisa que non. En fait Derek revenait plutôt à la charge. Xander n’en avait rien à faire du vieil Ernie. Un paresseux qui avait décidé d’arrêter de travailler plutôt que de mériter son ciel au prix de son dur labeur et de la sueur qui aurait coulée toute sa vie durant sur son dos.
- Accouche, qu’on baptise! s’impatienta le barbier.
Ce ne serait pas vrai que son ami entamerait son histoire pour l’abandonner en plein mitan, et il était évident, à en juger la mâchoire crispée et les sourcils froncés du châtain, qu’il n’accepterait pas un tel affront. Quand une histoire vaut la peine d’être dite, elle vaut la peine d’être dite jusqu’au bout. Jeanne l’avait répété si souvent qu’elle aurait aussi bien pu inventer l’adage.
Alexander s’arrêta sec sur place, sous le coup de la surprise. Il fit ensuite deux longues enjambées pour retrouver le niveau du brun, un sourire narquois illuminant son visage et chassant tout souvenir de son organe infecté. Lui, Derek Hale, seigneur de ces terres, avait servi de porte-bite – et d’absorbeur de douleur, Xander l’avait bien compris – pour un vieux malcommode? Ça! C’était une histoire qu’il emporterait jusqu’à la tombe. Comme quoi Jeanne, paix à son âme, avait une fois de plus raison. UÀ la mention de ses décoctions, un nuage passa sur le visage du charlatant, mais ne suffit pas à chasser son expression mi-ahurie, mi-moqueuse.
- Au contraire! C’est normal qu’elles marchent pas. Il me manque un ingrédient. C’est du… de l… le nom mitchif s’échappa des lèvres du métis, qui ne connaissait pas le terme anglais. Ça pousse pas ici, mais y’en a à foison sur la terre de Rupert. J’essaie d’trouver une autre plante pour la remplacer. Pour l’instant, c’est pas vargeux, comme tu voies.
Le seul problème était que l’atoca était si acide qu’elle ne pouvait être ingérée seule. Du moins, pas en grande quantité ou sans un réel inconfort. L’une des aînées de sa caravane touillait une purée qu’ils sucraient ensuite ou diluaient abondamment avec de l’eau.
Derek se préparait au rasage, et Xander faisait de même de son côté. Il trempa une première serviette dans l’eau chaude, et la passa des joues aux épaules de son ami. Le rasage était une simple banalité; une habitude qu’ils avaient et que la plupart des clients connaissaient comme une chorégraphie très souvent répétée. Suffisamment, du moins, pour leur permettre de badiner encore un peu.
- Comme d’habitude? Et les rouflaquettes?
La lame n’avait glissé que trois fois contre le visage du cowboy bourru, lorsque Xander se redressa et croisa les bras devant lui. L’expression que lui lançait le propriétaire équin ne lui plaisait pas. Il ne savait pas s’il y lisait de l’inquiétude ou de la désapprobation. Une chose était certaine, la discussion s’était montrée très limitée.
Le sourcil de Xander s’étira vers son Nord-Est natif alors qu’il se demandait si Derek le boudait de ne pas avoir donné une réponse franche à son offre sous-entendue. L’idée que le loup-garou ait pu être jaloux des rumeurs concernant le croque-mort lui traversa l’esprit, sans qu’il ne parvienne à en être amusé. Voilà qui venait remettre en question les conseils du métamorphe, tout autant que ses intentions. Tobias était-il en danger? L’ire d’un alpha jaloux était certainement quelque chose que l’on nesouhaitait à personne, pas même à son pire ennemi… Alors à l’un de ses plus proches amis?
- Pis j’ai encore assez d’mains pour m’la tenir moi-même. Si qu’un jour ça change, j’te f’rai signe.
Le barbier tourna le dos à son client, pour fouiller dans sa sacoche où l’on trouvait de tout. Lorsqu’il refit face au loup-garou, il trempa la lame dans l’eau chaude pour poursuivre sa besogne.
- J’apprécie ta sollicitude, Hale, mais t’as d’autres chats à fouetter. Entre sa famille, son ranch, sa meute, les affaires et les hommes, c’était peu dire. J’suis un vieux sorcier débrouillard, pis si y’a quelqu’un qui doit ben le savoir...
Il était presque certain que Derek n’ait pas pu oublier cette rencontre qui n’était pas leur première, mais pouvait en être qualifiée. Un échange marquant qui aurait pu construire une inimitié sans répit tout autant que l’amitié qui en avait plutôt résulté.
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Sujet: Re: Étalons sauvages PV Alex Sam 19 Déc 2020 - 20:25
- Vire, ça tient chaud. - Ce sera bientôt la mode. Si tu veux attirer les regards...
Une mode qui leur parviendrait lentement, doucement, avec plus d’une décennie de retard, ce qui laissait le temps au loup veuf de changer d’idée; quand il se déciderait à reprendre femme, par exemple. Elle traverserait la mare en provenance des vieilles contrées, et percolerait ensuite à travers l’Amérique en partant de la côte est. Ce que l’apothicaire ne pouvait prévoir, c’était que la venue du chemin fer allait tout accélérer, drastiquement, et chambouler leur mode de vie. Les effets de vogue n’en seraient que la pointe de l’iceberg.
La lame tranchait méticuleusement les phanères sur l’une des joues de Derek, puis la seconde, alors qu’une discussion aux airs de monologue s’établissait entre eux. Le chef du clan Hale pu profiter de la distance entre l’outil du barbier et son visage pour ajouter son grain de sel. Évidemment qu’il se garderait bien de dire qu’il trouverait du plaisir à ce petit jeu. D’une part, il s’agissait quand même d’un moment gênant et salissant, qui n’avait rien de plaisant. D’autre part, c’était la chose à dire dans une telle situation. Un sourire pour ses affaires, il répondit à l’homme dans son dos.
- Donc si mes concoctions marchent, pis que j’ai pas besoin d’ton aide, j’suis un imbécile. Mais si qu’elles marchent pas, j’me trouverai guère brillant non plus. Que j’vienne te cri* ton aide ou pas.
Ce n’en était pas moins une raison pour se montrer rustre. Xander remercia son ami, qui lui rappela avec son tact habituel que des gens comme Alexander ne vivaient jamais bien vieux lorsqu’ils oubliaient de compter sur d’autres qu’eux-mêmes. Le barbier fit taire son ami d’un geste adroit de la lame. Il se tut également. D’une part parce que cette conversation ne menaient plus à rien, mais également parce que le menton était toujours un peu particulier comme endroit. Du pouce, il en repoussa le gras pour bien tendre la peau avant de glisser le rasoir contre celle-ci. Il en était à contourner la bouche de son ami lorsque celui-ci fut prit d’un spasme, ou de l’étrange idée de sourire. Le barbier porta son pouce à sa bouche pour l’humecter, et le glissa sur la mousse qui s’était teinte de rouge. L’estafilade dessous était déjà disparue. Hale offrit alors une nouvelle option au charlatan, dont les yeux se pincèrent d’amusement aux derniers mots du lycanthrope. Il lui répondit, chafouin et sans même se soucier de tomber dans la paillardise. Ils étaient entre hommes, entre amis, et surtout seuls : s’il ne pouvait pas se le permettre maintenant, quand ?
- Contre l’enflure et l’explosion, je connais des soulagements bien plus agréables qu’une infusion. Et pas que pour moi.
Le métis saisit son ami par le menton pour vérifier son travail. Un homme de l’importance de Derek ne pouvait se permettre d’adopter une apparence de gueux, et le moindre poil raté était une insulte à sa personne. Ainsi qu’au talent du barbier. L’offre de voir avec les kawaiisu n’était pas une mauvaise idée en soi.
- La région est trop aride pour espérer trouver des atocas, mais je veux bien aller avec toi pour leur décrire la plante et voir s’ils ont leurs propres recettes. J’ai terminé. Veux-tu aller chercher ton oncle ?
Le clan allié des Hale s’était montré fort utiles. Les amis leurs avaient rendu visite aussi rapidement que leurs permettaient leurs obligations, et avaient longuement discuté, Derek et l’une des femmes du village servant tour à tour de traducteurs. Xander était reparti en promettant de leur rendre visite de nouveau pour échanger d’autres astuces médicales dès qu’il serait mieux.
Dans les jours suivants, le barbier continuait d’alterner les infusions avec les verres d’eau. L’alcool commençait à lui manquer, et cela transparaissait sur son caractère. Cec’ le lui fit remarquer alors qu’il traînait Evard par l’oreille à la recherche d’explications sur une bêtise qu’il avait commise. Le genre de bêtise qu’il faisait de manière hebdomadaire sans s’attirer habituellement de remontrances aussi sévères.
C’est ainsi qu’au troisième soir, il se rendit de nouveau au ranch. Il sauta de cheval sans arrêter la bête ni l’attacher, et fonça comme une flèche sur la porte de la résidence. Son poing s’abattit sèchement, et plus violemment que désiré, contre le panneau de bois. Ce qui sembla être une éternité plus tard, Derek lui ouvrit. Il s’était visiblement rhabillé rapidement et semblait surpris de voir son ami sur le pas de sa porte.
- T’pourras dire à ta vieille qu’j’suis pas un imbécile grommela-t-il entre ses dents.
Cela sembla être suffisant pour faire comprendre à Derek la raison de ce dérangement. Le loup-garou ne parut pas particulièrement enchanté de la situation, mais il ne pouvait l’être moins que Xander qui avait dû piétiner – à grands coups de sabots – son orgueil sur tout le trajet entre sa masure et le manoir.
- J’te jure que si jamais t’en sors un mot à qui qu’ce soit… tarauda-t-il son ami de sa mauvaise humeur.
Il ne savait plus quand il était parvenu à s’assoupir pour la dernière fois. Il poussa quelques jurons en cri, enfilés si rapidement les uns derrière les autres qu’il était difficile de distinguer les mots entre eux, sur un ton quasiment rythmique.
- … Je le saurai.
Que Derek présume ou non que son ami venait de lancer une ancienne incantation pour réclamer aux esprits des vents de lui murmurer toute faille de la part du lycan, Xander s’en fichait. Ses soucis étaient d’une tout autre dimension: beaucoup plus ancrées dans l’immédiat.
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Cri = quérir (qu’rir / qu’ri / cri)
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Merci Matrim & Chuck!
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Sujet: Re: Étalons sauvages PV Alex Lun 4 Jan 2021 - 23:24
La douleur rendait la présence de son vieil ami comme voilée. Il fallait à Xander un effort de concentration pour écouter les propos que lui lançait Derek. C’était vague et diffus. Alexander répondaient de soupirs impatients, presque agressifs, se demandant depuis quand le loup-garou marchait aussi lentement. Peut-être était-ce son sentiment d’urgence qui venait embrouiller ses perceptions, ou peut-être était-ce qu’il avait tiré Derek hors du lit. En tous les cas, rien n’allait assez vite. Jusqu’à ce qu’arrive le moment fatidique, du moins.
Des onomatopées échangés entre quelques mots brefs, vifs, mal à l’aise. Un inconfort palpable entre les deux hommes qui, pourtant, étaient de bons amis. Ils étaient tous deux hommes, partageaient une physionomie similaire, et il n’y avait donc aucun secret, aucune surprise, sous leurs vêtements. S’ils s’étaient déjà nettoyés dans la rivière, simultanément et sans gêne, c’était différent. Le contact rendait le tout intime. Ou autre chose, dont ils ignoraient le nom pour le décrire, car l’intimité sous-entendait une positivité réciproque, peut-être même du plaisir ou du désir. Là, c’était une tension indésirable; une aversion, presque comme il serait normal d’avoir pour un membre de sa famille.
Ce fut au tour du lycanthrope de s’impatienter. De formuler une phrase complète et de prendre les devants. Xander imbriqua prestement sa main dans la paume tendue, et soupira au contact apaisant. L’apothicaire n’arrivait pas à déterminer les pensées de son ami. Craignait-il qu’il soit déjà trop tard ou, au contraire, croyait-il que Xander geignait pour rien? Probablement pas, à en juger par l’ordre qui était presque aboyé. Ils trouvèrent rapidement une position étrange qui leur laissait suffisamment de distance pour qu’ils se croient préserver dans leur honneur. Un râle cru traversa les lèvres du barbier alors que l’apaisement se faisait sentir dans son dos, et ses épaules se détendirent doucement, en retombant mollement. Lorsque les mains aspirant son mal eurent passé au devant de sa personne, Xander eut l’impression que ses poumons venaient aussi de se dégager de quelque chose, comme s’il respirait pour la première fois depuis des jours. Au lieu du souffle court et saccadé infligé par la douleur et l’inconfort, il parvint à prendre une lente et profonde inspiration.
C’était tout son corps qui se déliait lentement. Presque trop, comme Xander devait user de toute sa concentration pour rester droit et ne pas se laisser choir contre son soignant. La fatigue accumulée le regagnait au même rythme que les veines de l’alpha pompaient cette noirceur. Heureusement qu’il s’agissait d’un puissant chef de meute, et que celle-ci était grande.
Le temps passait, mais ils semblaient se battre contre quelque chose de trop puissant pour eux. Ou alors, il manquaient de portée. Les mains du distilleur n’avaient pas quitté les poignets du loup-garou, comme s’il se croyait capable de le contrôler et lui imposer sa volonté. L’un d’eux tressaillit, et Xander crut à un mouvement de repli de son aide. Il saisit la main de son ami en rouvrant les yeux, pour éviter qu’elle ne s’évade. D’une voix faible et rocailleuse, où toute son habituelle arrogance avait disparu, il murmura une requête.
- Ça te dérangerait de…?
Un accord silencieux, et Alexander défit la boucle de sa ceinture, puis laissa les mains du griffu glisser sur son bas-ventre, les siennes sur les talons. Xander grommela de nouveau, satisfait du résultat de cette avancée, à défaut de l’être de la méthode employée. À ce point, jugea-t-il, il ne voyait plus de raison de tergiverser, et saisit le poignet amical pour le glisser à peine plus bas et le laisser se saisir de l’organe problématique. Cette fois, il ne relâcha pas le poignet, comme si Xander craignait de se faire arracher ce membre important de la communauté. Le soulagement était délicieux, presque extatique, mais si différent du bonheur que d’autres circonstances, et d’autres gens, pourraient procurer. Le geste restait chaste, contrairement aux pires craintes du barbier, qui avait eu peur d’une excitation involontaire. L’apaisement était total et, lorsqu’il se sentit suffisamment rétabli, Alexander retira doucement la présence de leurs mains dans cette région, avant de n’avoir l’impression d’abuser de la générosité de son hôte.
Xander se releva pour la miction, et se demanda comment il avait pu oublié ce merveilleux sentiment de légèreté qui venait avec la vidange quotidienne de la vessie. Il s’en serait presque mis à siffloter, si il n’était pas plutôt occupé à se décrocher la mâchoire à grands coups de bâillements. Le temps de bien secouer et ranger le matériel, et l’apothicaire se lavait les mains à son tour, sous les conseils de son désormais médecin personnel.
- D’acc, doc. railla-t-il en étouffant un nouveau bâillement. Peut-être était-ce l’allégresse de réapprendre à marcher sans douleur, ou la fatigue, mais Xander osa accrocher l’épaule de son ami pour le tourner vers lui et l’étreindre de manière fraternel. D’une certaine manière, cette épreuve semblait avoir réussi à les rapprocher plus que jamais auparavant.
- Merci D’rek. Et si t’as besoin d’nimporte quoi, nimporte quoi, tu me demandes. Je te le devrai bien. B’nuit, vieux.
Devant la porte du manoir, Xander invita succinctement Derek et Ian à passer casser la croûte chez les Cormier, un de ses quatre. Il faudrait leur faire savoir s’il y avait quelque chose qu’ils aimeraient manger, simplement.
Le retour à cheval se passa bien. Très bien, même, tant il était plus agréable que l’aller. Le retour au logis, par contre, ne se fit pas sans heurts. Cecile semblait veiller à la chandelle, un tricot dans les mains. Elle se leva immédiatement.
- Tu peux pas te l’ver au mitan d’la nuitte pour partir! Tu pensais qu’on s’rendrait pas compte?
- Va te coucher, Cec’. C’est pas une heure pour être d’boute.
L’absence de remarque sur le gaspillage de chandelles fit froncer les sourcils de l’aînée des enfants Cormier.
- Te v’là t’y d’humeur moins marabout, tout à coup, l’pépère! J’espère qu’elle a enlevé son alliance, toujours.
- Mêle-toi d’tes oignons, Cécile. Au lit, ou t’aimes mieux qu’on parle du fiancé qu’t’as pas?
Fille ingrate! Comment se permettait-elle de tirer des conclusions ainsi? Xander mit un peu d’eau à chauffer pour se préparer une infusion. Cela sembla mettre la puce à l’oreille de sa fille : c’était complètement hors des habitudes paternelles.
- Ouste! ordonna-t-il à nouveau, avant qu’elle ne mette son nez dans des histoires qu’il serait mieux de taire à jamais.
Cette fois, l’écornifleuse obéit, et son père alla quérir sa pipe, qu’il fuma en réfléchissant longuement au bout de la table où sa tisane eut le temps de refroidir.
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