Passé, présent et futur ? [Caracole et Mickael]

FEAT. Caracole et Mickael

Passé, présent et Futur ?

Perdu

Aux abords de ma maison aux allures de l’ancien Japon, faites avec des matériaux récents, se trouvait une immense forêt, un brin lugubre, surtout de nuit. Des ombres s’amusaient à effrayer les quelques personnes s’étant perdues ou voulant jouer aux caïds…

Moi, je n’étais pas dans ces sous-bois pour une de ses raisons. Mon père m’ayant chassé de la maison pour discuter avec ses amis d’un sujet qui ne m’était pas destiné. Pour ne point avoir peur et ne pas m’ennuyer, j’avais pris quelques couteaux pour m’amuser à les lancer contre les arbres ou toutes autres cibles intéressantes.

À chacun de mes pas, je sentais, mon katana sombre et noir – mon arme préférée – contre mon dos. Je marchai droit devant sans un regard en arrière cherchant l’endroit le plus intéressant pour s’entraîner. Soudain, il s’afficha à moi. Un arbre, décapité.

— Je pense que personne ne m’en voudra si je me sers de ce tronc pour m’amuser…

Tout compte fait, je faisais peut-être une erreur. Quand je fis un pas pour m’approcher du tronc, je sentis un tremblement. Le sol n’était pas stable. Sans attendre plus longtemps, je fis demi-tour, et avec mon sens inné de l’orientation, je ne savais pas où j’allai.

— Je suis perdu !

Je regardai à droite, à gauche, en haut, en bas. Je ne reconnaissais plus rien du tout. C’était comme au Japon, où je m’étais égaré à Aokigahara, une forêt tout aussi lugubre que celle-ci, avec des cadavres en plus. Des gens qui s’étaient suicidés. C’était ce que m’avait dit un garde forestier quand il m’avait découvert.

Je continuai ma route. Perdu pour perdu, autant ne pas le faire à moitié et surtout, peut-être que j’arriverai à trouver la sortie.

Soudain, un bruit étrange s’entendit sur ma gauche. Un bruit pas faible du tout. Une personne qui courait. Les branches craquaient sous ses pas, et les animaux s’étaient tus. Étrange tout de même le fait de ne remarquer les animaux qu’à leur silence.

Par pur réflexe, j’attrapai mon katana et le sortis de son Saya – le fourreau quoi. Je brandis mon arme quand quelqu’un se faufila derrière moi. Trop obnubilé par la course, je n’avais pas remarqué sa présence.

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A couteaux tirés

Ce matin est comme les autres matins où je profite du calme de la forêt pour entretenir ma forme physique. Courir dans les bois a quelque chose de ressourçant. Le calme et la fraicheur mettent de l’ordre dans mes idées. Je préfère être seul pour expier les toxines de mon corps et les pensées sombres qui peuvent m’envahir.

Mais au détour d’un chemin très peu marqué dans ce cadre naturel, je vois une personne à ma droite. Du coin de l’œil j’aperçois qu’il porte la main à ce que je comprends être une arme. Lorsqu’il baisse la tête pour saisir son katana, j’en profite pour changer de trajectoire et me perdre dans les fourrées. Si bien que lorsqu’il a fini de sortir sa lame de son fourreau, je suis derrière lui.

Je lui tapote l’épaule pour lui signaler ma présence.

- On a peur au milieu de la forêt ? Demande-je toute fois sur mes gardes.

Il se retourne à la hâte. Aussitôt, je pose la main sur la garde de son katana, éloignant le tranchant de mon visage.

- Pas besoin de ça, dis-je calmement. J’ai pas l’intention de te faire du mal.

Il est plus jeune que moi et parait un peu perdu. Il ne me semblait pas dangereux. Mais je restais méfiant. Un adolescent qui portait des couteaux et un katana n’est pas ordinaire.

- Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Tu chasses ? Questionne-je, en analysant sa réaction.

Il peut être un chasseur et me mentir. S’il traque un loup dans les bois, je devais prévenir la meute. Si jeune, c’est qu’il devait être entouré par une famille.

Plutôt que de nous regarder dans le blanc des yeux, je lui propose de nous occuper avec un duel. Je ne sors jamais sans avoir deux poignards sur moi. Voyons s’il est doué. Le défi me permettra de jauger son degré de dangerosité.

Je trace une croix dans l’écorce d’un tronc et recule d’une dizaine de mètres, l’invitant à se placer à mes côtés.

Lequel tire en premier ?

(c) Fiche par Mafdet

Passé, présent et futur ? [Caracole et Mickael] Signat14

Que le jeu commence

J’étais concentré sur les pas en face de moi, quand une main se posa sur mon épaule. Je sursautai, surpris par le contact.

— On a peur au milieu de la forêt ? me demanda quelqu’un.

Je me retournai d’un coup, le katana toujours devant moi, mais la peur me fit tendre les mains, ce qui n’était pas très bon pour parer un coup. L’homme devant moi était plus âgé que moi. Des cheveux courts, et blonds. Ses yeux étaient de deux couleurs distinctes, c’était la première fois que je voyais ça. Beaucoup devaient le considérer comme une belle personne. Et moi… Il interrompit le fils de mes pensées.

— Pas besoin de ça. J’ai pas l’intention de te faire du mal.

En même temps, il avait éloigné le tranchant de son visage en agrippant la garde de mon épée.

— Euh ! Un peu, j’ai entendu des bruits de pas venant de là-bas.

En même temps, je montrai l’endroit opposé au nôtre et baissai mon sabre sans le lâcher.

— Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Tu chasses ? me demanda-t-il juste après ce que je venais de lui dire.

Pourquoi me demandait-il cela ? Habituellement, les gens pratiquaient cette activité avec un pistolet et, moi, je n’avais que des armes blanches.

— Je ne chasse pas… J’étais sorti sur la demande de mon père et pour ne pas me sentir seul, j’ai pris mes armes ! terminai-je en espérant qu’il n’en demanderait pas plus.

Mais pouvais-je lui faire confiance ? Je ne le connaissais ni d’Eve, ni d’Adam et il ne s’était pas présenté. C’était même la première fois que je le croisais… Il fallait simplement attendre, voir comment il réagira dans un avenir proche pour savoir si je pouvais lui faire confiance.

Il me demanda alors de faire une partie de lancer de couteaux. Ce « jeu » me tentait bien. J’aimais bien user des armes blanches. J’en avais un peu partout dans ma chambre, une passion que mon père avait acceptée sans rechigner. Faut dire qu’elle venait de lui.

Dans l’écorce d’un arbre, il mit une croix et recula de quelques mètres, une dizaine à tout casser. Il m’invita à le suivre et je me plaçai au même niveau que lui.

— Je veux bien le faire, euh…

Je pris un couteau, que j’avais dans ma chaussure. Une cachette assez intéressante, même si, ma préférée était celle dans la semelle. Une arme sortait quand je cognai d’une certaine manière. Je souris à la personne qui ne m’avait pas donné son nom. Je lançai alors le couteau juste après avoir demandé qui commencerait.

Le couteau, voltigea dans les airs, tournant sur lui-même. La lame rentra dans le tronc, mais pas au centre de la croix. Elle s’était plantée sur un des bords du symbole. Et si je pointai les bords de la croix ?

— Est-ce que ça te va ?

Je souris attendant sa réponse.

Difficultés supplémentaires

Il prend l’initiative du premier tir, me laissant jauger de son niveau. Le geste est très adroit mais il manque le centre de la croix. À moins qu’il veuille faire du zèle et viser un à un les extrémités du dessin.

Gardant pour un prochain lancer la facétie que j’ai en tête, j’arme mon prend et balance d’un coup sec. Le poignard voltige emporté par le poids de la garde. La pointe finit par s’enfoncer au centre de la croix. S’il doute de voir un adversaire à sa hauteur, il est maintenant informé.

Il réitère son geste avec la même précision. Deux des bords de la croix sont maintenant touchés. Je change la position de ma main, choisissant non plus à lancer le couteau verticalement mais plutôt de le faire virevolter à plat comme un shuriken. S’il copie mon geste je saurais qu’il pratique également cette arme typique japonaise traditionnelle.

En effet, il a dû aller à bonne école car la technique ne lui pose pas de problème. Mon troisième lancer est plus agressif. Le poignard marque une courbe et vient se planter au même endroit que la pointe de sa lame. Le bois fait un éclat, déstabilisant son arme qui retombe dans les feuilles.

Je le regard en haussant un sourcil. Trois poignards, les miens, contre un seul, le sien, resté planté dans le tronc. S’il comprend l’affront, il ne s’énerve pas pour autant et semble saluer mon geste. Il est, à première vue, bien élevé et garde le contrôle de ses émotions. Si c’est un chasseur, lors d’une traque, garder son calme est un atout majeur.

Analyser ce qui fait d’un homme un bon chasseur me fait froid dans le dos. Je n’avais plus porté cet habit maudit depuis des années. La proximité avec un possible ennemi de la meute devrait m’alerter, même m’inquiéter. Mais je reste là, à lancer ces poignards pour dominer le jeu. Jeu ? Je prends ce défi comme étant amical alors que cet adolescent est possiblement dans le camp adverse.

Si j’avais été un loup, j’aurais choisi de le quitter immédiatement. Mais je suis un être humain…et loin d’être fragile. Je le vois reculer encore pour ajouter de la difficulté au duel. Pourquoi ne pas tirer à l’aveugle aussi ?

(c) Fiche par Mafdet

HRP:

Egalité

Mickael et Caracole

❞

Je regardai son premier lancer. Au centre, bien au centre de la flèche. Il était doué, enfin un bon adversaire. Je pourrai jouer avec lui et s’il le désirait, on pourrait réitérer la chose. Je lançai à nouveau mon arme qui toucha une extrémité de la croix.

Puis, il changea de technique et je décidai de faire de même. Souriant, je lançai mon arme comme un shuriken. Je touchai un autre bord de l’arbre. Troisième arme plantée. Mais il décide autre chose. Dans un lancer brusque, il fit tomber une de mes armes. Je souris et regardai ses couteaux. Trois contre un ? Je regardai avec plaisir les couteaux dans le bois. Je devais en enlever deux d’un coup pour refaire une égalité.

— Tu es doué, lui dis-je, le pensant réellement.

Toujours aussi calme, ce n’était qu’un jeu après tout, je bougeai la tête des deux côtés, m’imprégnant toujours des armes. Un plan se faufilait dans mon esprit.

Je me reculai de quelques pas. Difficulté, quel intérêt sans un maximum de difficulté. Je fermai les yeux. Me tournai d’un quart de tour et avant de faire le moindre effort, demandai, même si je doutai qu’il ne me répondrait pas :

— Vous ne m’avez pas dit votre nom ?

Je ne le regardai plus. Je tapai du pied, non pas pour lui faire peur, mais pour faire sortir mon couteau, un couteau assez spécial. Pourtant je ne l’utilisai pas. Pas encore du moins, chaque chose à son temps. Il ne fallait pas tout dévoiler. Des éléments devaient rester secrets.

Je pris alors un couteau planqué sur mes flancs et dans un salto arrière, je lançai le couteau. Il se planta sur le couteau du milieu, pile sur le couteau, pas sur l’arbre. Puis, les deux armes tombèrent. Dans la chute, l’arme de l’inconnu toucha l’arme juste en dessous. On était de nouveau à égalité.

Il me regarda droit dans les yeux. Je clignai des paupières, sous le soleil levant. Je sautai sur place attendant la suite. Impatient. J’appréciai beaucoup le jeu.

Mon calme s’enlevait doucement. Je n’arrivai jamais à le garder quand j’étais heureux… Je continuai à l’observer tandis qu’il faisait de même. Je me demandai bien ce qu’il voulait savoir sur moi ?

— Si vous voulez savoir quelques choses demandez, je ne mors pas.

Je terminai ma phrase sous un sourire. Après ma tirade, il lança à son tour un couteau qui se planta sur l’arbre. Pile à côté de mien. Pourtant aucun des deux couteaux ne perdirent le combat. Ils restaient là, sur l’arbre.

Un nouveau bruit se fit alors entendre dans les buissons.

❞

Mémoire sélective

Après mon lancer, l’adolescent reste impressionné mais ne quitte pas la cible des yeux. Il réfléchit sans doute à une parade pour reprendre le dessus, ou égaliser.

- Tu es doué, me dit-il.

Je reçois le compliment comme un désir de faire mieux encore. J’attends qu’il agisse. Il recule de quelques pas supplémentaires et se tourne légèrement sur le côté.

- Vous ne m’avez pas dit votre nom, ajoute-t-il.

- Appelle-moi Mickael et décide-toi à me tutoyer je n’ai pas l’âge de ton père, répond-je.

Il remue la tête puis tape du pied. Son comportement m’intrigue mais rapidement, je suis captivé par la courbe qu’effectue le couteau qu’il vient de lancer dans un salto arrière. Jolie acrobatie. Surtout que l’arme parvient à décrocher deux des miennes.

Je reste bouche bée. L’exploit est incroyable mais ça n’est pas la raison de ma surprise. Ce geste précis m’est commun. Des années plutôt, les techniques de combat parfois facétieuses étaient la marque de maître Doiden, l’homme qui m’avait enseigné les arts martiaux au Japon. Ce pourrait-il que cet adolescent ait un rapport avec l’institution nippone ?

- Si vous voulez savoir quelque chose demandez, je ne mors pas, dit-il en voyant que je l’observe.

En guise de réponse, je saisis fermement la lame dans ma main. J’exécute la même technique qu’il vient de réaliser. Je suis satisfait de la réussite de ce tir. Voilà des années que je n’avais pas retravaillé le lancer d’armes blanches dans les nombreuses postures qu’on nous imposées. Des images de ces séances d’entrainement intensif me reviennent. Nous étions plusieurs à l’époque. Et les rangs s’étaient resserrés.

Si l’adolescent avait suivi un enseignement similaire, c’était forcément des années plus tard. Je me demande comment cet archipel a évolué depuis le temps. Je me souviens des soirs de nuit sans lune où nous pouvions voir la côte et les iles environnantes. L’une d’elle abritait un pensionnat de garçons dont la renommée attirait les riches familles. Je n’avais plus de parents pour m’envoyer suivre des études strictes. J’avais pourtant en main un héritage conséquent que je consacre à une toute autre œuvre.

L’adolescent qui me fait face émet un sifflement admiratif, certainement très surpris que je connaisse la technique qu’il vient d’utiliser.

Puis un bruissement dans les buissons attire notre attention. Nous nous étions l’un et l’autre séparé de la quasi-totalité de nos armes pour ce duel. Je parcours des yeux la distance qui sépare l’arbre blessé par nos lames et les fourrées qui s’agitent devant nous.

Je m’élance.

(c) Fiche par Mafdet

La folle

Mickaël usa de la même technique que moi. J'en fus assez impressionné et me demandai notre professeur d'art japonais n'était pas le même. Mais je ne pus le demander...

On avait tous les deux entendus le bruit. Il venait des fourrés. Mickaël, sans attendre se précipita vers l'arbre pour récupérer ses armes tandis que moi, j'attendais le bon moment. Il me restait encore une arme spéciale en ma possession et mon katana.

Je ne bougeais toujours pas.

— Mickaël, si on doit combattre ensemble, autant que tu me connaisses. Je suis Caracole O'brien.

Les choses – appelons-les ainsi – continuaient à avancer vers nous. Il s'approchait à grand pas. Combien étaient-ils ?

— Tu crois qu'on va y arriver ? On ne connaît même pas leur nombre, ni même encore s'ils sont bien armés ou non. S'ils sont là depuis longtemps, ils ont du bien nous observer. Tu comptes faire quoi ?

Je le regardai vers l'arbre. Il y était presque. Il allait pouvoir les récupérer.

Une arme fut lancée dans sa direction. Je devais faire quelque chose. Je pris mon avant-dernier couteau et le lançai vers l'arme. Les deux armes se heurtèrent et la deuxième explosa. Mickaël fut pris dans l'explosion et toucha l'arbre. Assommée. J'espérais que non.

— Eh, tu vas bien ?

Je le vis remuer. Toujours en vie. Une femme devant nous fit son apparition. Elle était brune, et possédait un manteau de fourrure assez étrange. Je n'en avais jamais vu de semblable... En une fraction de seconde, je sentais que je n'allais pas l'aimer. Je n'aimai pas qu'on fasse du mal aux animaux. Je ne savais même pas comment j'avais fait pour que ma mère arrête d'en acheter.

— Ah, une nouvelle meute ?

Je ne comprenais rien à ce que disait la femme. Elle parlait étrangement à mes yeux. Une meute ? Rien aux alentours ne montrait un groupe, à part nous deux, mais ne se connaissait pas assez pour former une... Meute comme elle l'affirmait.

Elle se préparait à nous attaquer de nouveau. J'essayai d'éviter larme, mais elle changea de direction, comme si elle était téléguidée et se planta dans mon pied-droit.

Cela faisait un mal de chien. Je hurlai de douleur. Heureusement qu'elle n'avait rien touché d'important. Enfin, je l'espérai. La douleur, mon point faible. Jamais je n'avais réussi à y faire fi. Tant que je n'étais pas blessé, du moins, saignant, le duel pouvait continuer, mais quand je saignai – comme si c'était psychologique – je ne pouvais plus bouger ou presque

— Tu es en état de fuir, demandai-je à Mickael. Il me fit signe que oui.

Sans attendre, je pris l'arme qui sortait de ma chaussure et la lança vers la femme. Elle dévia mon arme avec une facilité déconcertante, mais en faisant ainsi, un fumigène s'éleva dans les airs. Enfumant le lieu. J'espérai que Mickaël pourrait se repérer facilement.

Je sursautai soudain. Une main venait de s'appuyer sur mon épaule. Mais laquelle ?

(c) fiche par ocean lounge

Qui es-tu ?

Ce qui approche vient à bonne allure. Les fourrées s’ouvrent sur son passage. Je me précipite pour récupérer mes armes avec lesquelles je me sentirai prêt à affronter la menace.

- Mickaël, si on doit combattre ensemble, autant que tu me connaisses. Je suis Caracole O'brien, me dit l’adolescent. Tu crois qu'on va y arriver ? On ne connaît même pas leur nombre, ni même encore s'ils sont bien armés ou non. S'ils sont là depuis longtemps, ils ont du bien nous observer. Tu comptes faire quoi ?

Je sens qu’il est inquiet mais c’est bien lui qui présume d’une quelconque menace. Est-ce parce qu’il se sait en danger ? A-t-il des ennemis ?

Au moment où je saisis la garde de mes poignards, j’entends un sifflement derrière moi et bifurque sur le côté. Deux armes s’entrechoquent. La lame explosive m’envoie percuter le tronc d’un arbre, m’assommant quelques secondes.

Je remue pour tourner la tête et découvrir qui nous a attaqués. Une femme aux longs cheveux bruns nous observe avec dédain. Son manteau de fourrure lui donne l’air d’être une prédatrice.

- Ah, une nouvelle meute ? Pouffe-t-elle avec mépris.

Puis elle lève un bras au-dessus de sa tête. Une double lame vole vers Caracole. Il essaie de l’éviter en prenant la fuite mais l’arme s’enfonce dans son pied. La douleur le fait gémir puis tomber à genoux.

- Tu es en état de fuir ? Me demande-t-il alors que je viens pour l’aider à bouger.

Avec une détermination que je ne lui aurais pas attribuée, il retira une lame dissimulée devant sa chaussure et l’envoie sur notre attaquante. Bien qu’elle le dévie, le fumigène qui s’en échappe nous permet d’obtenir quelques secondes de répit.

Je pose ma main sur l’épaule de Caracole pour le guider dans l’épais brouillard irritant qui nous enveloppe.
Du bout des doigts, je touche ce qui peut être la solution.

- Plante tes lames dans le tronc et grimpe. C’est un gaz lourd qui reste à hauteur d’homme, explique-je.

D’en haut nous pouvons prendre par surprise la femme qui nous agresse. Nous attendons quelques instants que la fumée se dissipe, mais nous ne voyons plus personne. Elle est partie sans demander son reste.

Je jette un regard circulaire pour déterminer si la menace a réellement disparu. Puis je saute de la branche haute sur laquelle nous étions montés. J’attends que Caracole me rejoigne, ralenti par sa blessure.

- Maintenant tu vas me dire ce que fait ta famille. Cette attaque soudaine me prouve que vous n’êtes pas là pour une visite ordinaire.

(c) Fiche par Mafdet

Et encore des reproches...

Il posa sa main sur mon épaule. Je sursautai, mais l’inquiétude ne dura pas longtemps. Soulagé je me levai. J’avançai boitillant vers là où me menait mon sauveur.

- Plante tes lames dans le tronc et grimpe. C’est un gaz lourd qui reste à hauteur d’homme, me dit-il.

J’obéi. Les couteaux rentrèrent dans le tronc et dans un dernier effort, je réussi à me hissé sur l’une des branches les plus hautes. J’avais toujours la lame de la fille. Elle était gluante. Comme si elle était imbibée par quelques choses.

La femme n’était pas loin de nous. Mais on ne voyait pas très bien. On devait attendre que la fumée se dissipe. Mais quand il y avait plus de fumée, la forêt était vide. Mickael descendit. Je fis de même. Je le regardai, lui aussi.

— Maintenant tu vas me dire ce que fait ta famille. Cette attaque soudaine me prouve que vous n’êtes pas là pour une visite ordinaire.

Je le regardai toujours sans comprendre ce qu’il disait. Qu’est-ce que faisait ma famille ?

— J’en sais rien… Dès qu’il se passe un truc, je me retrouve à la rue. Et cette attaque. Je sais pas qui est cette fille. Elle recherche une meute… C’est quoi ça encore ? Un groupe de…

Je me tus, prêt à partir. J’en avais marre qu’on me pose des questions. Qu’on dise que tout était de ma faute… Je me mordis les lèvres pour m’empêcher de pleurer. Je fermai mes poings… Mon pieds se mit à saigner à cause de la plaie.

Soutien

L’inconnue était repartie aussi vite qu’elle était arrivé. Les menaces proférées concernaient une nouvelle meute…Je dois prévenir Ruby de cette rencontre fortuite.

Lorsque Caracole et moi sommes descendus, je le toise, attendant une réponse à ma question. Ça ne pouvait pas être un hasard. Je tombe sur lui alors que je me balade en forêt et nous sommes attaqués l’un et l’autre. La femme semblait nous croiser par hasard toutefois sinon elle ne serait pas partie sans obtenir gain de cause. Je suis suspicieux et analyse ses informations.

- J’en sais rien… Dès qu’il se passe un truc, je me retrouve à la rue. Et cette attaque. Je sais pas qui est cette fille. Elle recherche une meute… C’est quoi ça encore ? Un groupe de…

Il ne finit pas sa phrase et tourne les talons. J’ai bien remarqué les larmes qui lui montaient aux yeux. J’avais peut-être été brusque surtout qu’il est blessé et que la situation a dû le paniquer.

Je le rattrape doucement par l’épaule.

- Attends, je vais t’aider à marcher et te raccompagner.

Je passe mon bras sous le sien afin qu’il évite de poser son pied au sol. Boitillant, il avance quand même d’un bon rythme. En revanche, il peine à retrouver son chemin dans la forêt. L’aidant à ne pas paniquer, je souhaite revenir à la phrase en suspens qu’il allait prononcer.

- Qu’est-ce que tu souhaitais dire tout à l’heure. Un groupe de… ?

Sa réponse parut hésitante. Il ne semble pas être au courant de l’existence des loups-garou. Alors pourquoi a-t-il reçu un tel entrainement au combat ? L’apprentissage dispensé par Maitre Doiden n’était pas une discipline commune pourtant.

Ma méfiance naturelle est aux aguets même si ce jeune garçon me parait assez inoffensif. C’est sa famille en revanche qui m’intrigue le plus. En l’accompagnant, j’en apprendrai par moi-même davantage sur elle.

Nous mettons de longues minutes à arriver devant chez lui. J’aperçois la bâtisse au moment où des gros-bras viennent nous accueillir.

(c) Fiche par Mafdet

Un secret en moins

Je partais même si je ne savais où aller. Pourtant, je n’avais pas eu le temps de faire un pas que je sentis sa main se poser sur moi. Je me retournai vers lui, il me dit alors.

- Attends, je vais t’aider à marcher et te raccompagner.

Il passe son bras sous le mien pour m’aider à marcher sans forcer sur le pied maltraité. Notre marche était ralentit par mon boitillement. J’espérai qu’il ne le serait pas pour toujours.

Je ne savais pas où je me trouvai. L’affolement, et le combat ayant fait beaucoup de dégât.

- Qu’est-ce que tu souhaitais dire tout à l’heure. Un groupe de… ?

Me demanda-t-il. Devais-je lui répondre à des drogués, vu qu’elle n’avait pas l’air très net cette jeune fille. J’hésitai mais si je voulais qu’il me fasse confiance, je devais lui faire confiance à mon tour.

— De droguer, ou autre. La femme n’avait pas l’air très net avec sa tenue…

On continuait de marcher un long moment. Soudain on arrivait devant chez moi. Une personne était là, à l’aguet. J’espérai que cela n’était pas mon père… Qu’allait-il dire s’il me voyait ainsi ? Un pied détruit ?

L’homme s’approcha de nous. Je tressaillis et mon ami de fortune du le remarquer car il n’était pas des plus rassurer. C’était lui, je n’allai pas rater son énième enguellade.

— Bonjour père.

— PFF, t’es un incapable. Tu fais honte à la famille O’brien… Moi qui comptais de faire en garde du corps personnelle… Te transformer. Mais tu ne sers à rien… J’aurai jamais du t’accepter dans ma maison. Tu as de la chance que ta mère m’ait supplié.

En même temps qu’il parlait. Je sentais Mickael qui voulait s’attaquer à lui. Mais s’était impossible. Il avait surement des hommes postaient un peu partout pour le garder. Je lui fis comprendre, sans savoir comment, de ne rien tenter.

Je regardai mon père, mon cœur s’accéléra. Encore une fois… Je ne faisais que des erreurs. Je sentais comme un coup me prendre au cœur. Un poids qui m’alourdissait sans raison. Puis un mot me vient à l’esprit : Me transformer, que voulait-il dire par là ?

— Allez dégage, que je ne te revois plus… Du moins tant que tu seras incapable de faire ce pour quoi tu es fait…

Mon père partit juste après. Je ne disais rien. Dépité. Je ne comprenais rien. Si Mickael ne me retenait pas, je serais tombé à terre…

Signature !

Méfiance

Un homme s’avance parmi les autres. Il me scrute d’abord puis braque un regard foudroyant sur Caracole. Le garçon ressert son bras autour de ma taille plus par crainte que pour un réel soutien en lien avec sa blessure.

- Bonjour père, dit-il poliment.

- PFF, t’es un incapable. Tu fais honte à la famille O’brien… S’insurge l’homme. Moi qui comptais de faire en garde du corps personnelle… Te transformer. Mais tu ne sers à rien… J’aurai jamais du t’accepter dans ma maison. Tu as de la chance que ta mère m’ait supplié.

Je serre les poings de désapprobation. Je ne connais pas leur histoire familiale mais ça n’est pas une raison pour avoir des propos si blessants. Mettre en cause la mort de sa mère, c’est un argument empreint de méchanceté. Un autre mot résonne à mon oreille. « Transformer », son père est-il un loup-garou ? Ma suspicion grandit pourtant je n’ai pas l’impression de le ressentir comme tel. Caracole sait-il de quoi parle son père ?

- Allez dégage, que je ne te revois plus… Ordonne-t-il. Du moins tant que tu seras incapable de faire ce pour quoi tu es fait…

Ces paroles…elles font échos en moi. La voix était différente mais les mots étaient identiques. Entre deux inspirations, un souvenir me revient avec force.

***

Les lumières et les bruits surgissent au moment où le sommeil commençait à m’envelopper dans un cocon apaisant. La fatigue était une arme terrible. Poussé à bout, on deviendrait docile pour une minute de répit. La porte claque après qu’on m’est poussé sur le sol glacial. Les ricanements s’éloignent pour laisser place à la solitude et au calme. De courte durée. Les lumières et les bruits surgissent à nouveau. C’est plus que je ne pouvais supporter.

- Assez, je vous en prie ! Hurlai-je au bord des larmes, les nerfs à vif.

Quelqu’un m’entendait supplier.

- Ceci durera tant que tu seras incapable de faire ce pour quoi tu es fait.

***

Caracole me donne un petit coup d’épaule pour me dire de partir. Son père ne veut plus l’avoir sous les yeux et lui ne veut plus être sujet à pareilles réprimandes. Je lui demande discrètement de m’orienter vers sa chambre. La maison semble grande et nous restons silencieux. Je l’aide à rejoindre son lit puis remarque qu’il a pleuré, touché par la colère de son père.

- Tu n’es pas un incapable tu sais, c’était plutôt pas mal tes lancers de couteaux, félicite-je.

- Merci, dit-il faiblement.

Je me dirige vers le couloir, non désireux de faire intrusion dans la vie privée d’inconnus. Caracole est à l’abri et cette femme qui nous a attaqué ne semblait pas en avoir après lui. À moins que la meute visée ne soit celle dont serait proche son père. Je pourrais aller l’alerter de ce qu’il s’est passé, mais comment réagirait-il ?

- Ça va aller ? Demande-je à Caracole en mettant ma main sur la poignée de la porte.

(c) Fiche par Mafdet

Reste, part, amène-moi avec toi !

Après un moment, où Mickael semblait être ailleurs, je lui donnai un coup amical pour le réveiller. Il me regarda et on rentra dans la demeure. Il me demanda alors où se trouvait ma chambre. Je lui dis alors… Il m’y conduit.

Il m’aida à entrer dans ma chambre puis me dit, surement à cause de mes larmes qui se tarissaient :

— Tu n’es pas un incapable tu sais, c’était plutôt pas mal tes lancers de couteaux, me dit-il pour me réconforter.

— Merci, répondis-je faiblement.

Je l’observai, un sourire aux lèvres. Un sourire mêlé à de la peine… Incapable résonnait dans mon esprit.

Mickael commençait à partir, il rejoignait la porte, et la main sur la poignée, il me dit :

— Ça va aller ?

D’abord je ne répondis rien, comme si j’étais dans les nuages. Mais, quand il ouvrit la porte, je lui répondis :

— Attends, tu peux rester ? Je n’ai pas envie d’être seul.

Je regardai la porte, effrayé par l’intrusion de mon père pour un prochain entrainement au vu de ma défaite.

— J’ai envie de partie, mais je ne sais pas où aller, qui m’accueillerait…

Je regardai Mickael, hésitant, la main sur la poignée. La porte m’envoyait du souffle vers moi, à force de la voir ouvrir et fermer la porte.

— Si tu dois partir, vas-y ne t’inquiète pas pour moi.

En disant cela, je m’étais levé, souriant pour lui montrer que j’allai mieux.

Signature !

Courage

- Attends, tu peux rester ? Je n’ai pas envie d’être seul, demande Caracole. J’ai envie de partir, mais je ne sais pas où aller, qui m’accueillerait…

Il a l’air d’un garçon paumé. L’autorité de son père semble être écrasante. Je n’ai pas senti d’amour dans ses propos. Qui est-il pour traiter son fils ainsi ? Qu’il ne soit pas aussi fort ou doué qu’il l’aurait voulu ne l’autorise pas à se comporter si mal.

- Si tu dois partir, vas-y ne t’inquiète pas pour moi, s’excuse-t-il.

Je fais quelques pas en arrière et m’assoie sur le bord de son lit. Je veux réconforter Caracole mais je ne sais pas comment m’y prendre. Il peut déjà commencer par devenir fier de lui-même pour que les autres le remarquent.

- Entraine-toi comme si tu n’avais plus jamais l’occasion de le faire. C’est quand tu commences à avoir mal que ton corps se muscle et que tu gagnes en réflexes.

Il me sourit en me disant vouloir être doué comme moi. Je lui affirme que j’ai un lourd passé que je lui épargne volontiers. À son âge, il mérite de vivre plus normalement que je l’ai fait. J’avais perdu mes parents et avais eu une adolescence mouvementée. Ma vie d’adulte est loin d’être de tout repos elle aussi. Je ne sais pas ce qui va me tomber dessus prochainement. Même si j’ai appris à être toujours sur mes gardes, ça ne m’évite pas de faire face à des problèmes importants. Je peux compter sur Chad pour porter ces fardeaux ensemble. Tout comme je suis présent pour lui.

Demain, nous allons à Sacramento. Quelque chose me dit qu’il en reviendra ravi. Et son sourire est précieux pour moi.

Je souhaite à Caracole du courage et lui dis qu’on se recroisera sûrement un jour. Surtout, s’il s’entraine là où nous nous sommes rencontrés.

- Je viendrais noter tes progrès le jour où tu ne t’y attendras pas, dis-je avec un clin d’œil.

Lorsque nous nous saluons, il a l’air un peu mieux. J’espère que son père était dans un mauvais jour et qu’il sera plus clément à l’avenir.

Après être sorti de la chambre de Caracole, je descends les marches qui mènent au hall d’entrée. J’entends les bribes d’une conversation animée. Je reconnais la voix du père de Caracole. Il doit sûrement incendier ses hommes de main.

Je garde ces informations dans un coin de ma tête. Si un jour Caracole avait des ennuis, ça pouvait servir. Et ce que j’avais entendu remuait également des choses que j’avais vues au Japon. O’Brien, ce nom, je l’avais déjà entendu.

En sortant, le bruit de la porte alerte les hommes qui discutent. Le père de Caracole me lance un regard glacial. Je ne relance pas la tension dans celui que je lui rends. Si nous nous recroisons un jour, je ne vous aurez pas oublié.

HRP:

(c) Fiche par Mafdet

Un nouvel ami... ?

Je regardai Mickael, un sourire sur les lèvres. Il n’avait pas bougé, mais parla d’une voix posé, sincère et douce.

- Entraine-toi comme si tu n’avais plus jamais l’occasion de le faire. C’est quand tu commences à avoir mal que ton corps se muscle et que tu gagnes en réflexes.

Cette phase me mit du baume au cœur. J’étais content. Même s’il ne restait pas là, il le serait un peu avec cette phrase. Quand je m’entrainerai seul je penserais à ce qu’il m’avait dit.

— Oui, je vais faire comme tu as dit ! lui dis-je en souriant. Je vais être aussi fort que toi.

A peine ma phrase fini, il me sortit alors une autre phrase. Un pan de sa vie qui me rendit triste. Je voulais le rassurer, mais rien ne sortit de ma bouche. Notre rencontre se termina alors sur une simple phrase me prouvant qu’on allait se revoir.

- Je viendrais noter tes progrès le jour où tu ne t’y attendras pas, dis-je avec un clin d’œil.

Puis, il partit. J’avais hâte de le revoir pour lui montrer mon avancé… J’espérai surtout qu’il tienne sa promesse. Je doutai, comme souvent depuis que mon père me disait des choses me rabaissant. J’en pouvais plus, je devais fuir cette maison, aller ailleurs, même si c’était dans la rue…

HRP:

Signature !

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