Sujet: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Jeu 8 Aoû 2019 - 21:03
La vie est un torrent tempétueux
Chad ft. Mick
Chrono:
Je fais une ellipse temporelle. Ce RP se passe après mon RP avec Therence et Alessandro qui en temps RP ne devrait pas dépasser quelques jours. Il y aura donc des non-dits…
La brume se lève doucement dans la plaine en contre-bas. Sous mes pieds, le vide impressionnant qui règne sous l’avancée de notre terrasse. J’aime venir sur le chantier quand les ouvriers ne sont pas encore à pied d’œuvre. Un silence relatif plane autour de moi. Le changement va être radical pour moi qui ai toujours vécu en ville. Mais je sais que la transition se fera en douceur. Ici, je me sens à ma place, chez moi.
Le gros œuvre est terminé, mais il reste tout à faire. Cette semaine, il est prévu de poser portes et fenêtres. Enfin, plus personne ne pourra s’introduire dans notre chez nous. Dans mon dos, j’entends des bruits de pas qui vont et viennent. Je devine les hésitations, les temps d’arrêt et les interrogations de Mick quand il manipule les plans, s’interrogeant sur la conformité d’un pilier ou des dimensions d’une ouverture. Je lui ai pourtant rappelé qu’en construction, on n’est pas au demi-pixel près. Mais chassez le naturel du perfectionniste, il revient au galop.
Pendant que Mick mesure des côtes sur du béton brut, j’apprivoise ce qui va devenir notre environnement de vie. L’air matinal est frais, j’imagine la table en bois devant la baie vitrée, moi accoudé à la rambarde, un mug fumant de café à la main. Je me projette sans mal dans cet environnement. La maison est isolée, cernée par la forêt, surplombant un à pic impressionnant. Ici nous sommes hors du monde et hors du temps. Notre choix.
- Dis Loulou, je crois qu’ils se sont trompés dans le vestibule.
Je me retourne, souris à mon homme. Il a le visage grave de celui qui réfléchit, compare et vérifie depuis qu’il a mis les pieds sur le chantier. Je le suis jusqu’à l’objet de ses préoccupations. Pointeur laser en main, il reprend une mesure que je suspecte déjà prise et reprise cinq fois. Je souris à nouveau.
- Le mur est décalé de trois centimètres sur la gauche. Avec l’habillage en placo, ça va arriver jusqu’ici. Le meuble que l’on voulait mettre-là ne rentre pas avec la porte d’entrée.
Mick est soucieux, il s’imagine déjà le travail colossal de déplacer un mur en béton armé de quelques centimètres.
- Pas de placo ici, mais un plâtre enduit. La desserte prévue rentre à l’aise. - T’es certain ? - Oui.
Rassuré, Mick effleure ma tempe de ses lèvres pour s’excuser, conscient que ses poussées d’angoisses sont parfois irraisonnées et envahissantes. Il n’en repart pas moins à la chasse aux défauts. Il finit par m’en trouver deux, dont un qui demande une petite réflexion. À l’étage, je suis à nouveau attiré par le balcon qui surplombe la terrasse suspendue. Notre maison est très aérienne. Je sais que certains endroits seront déstabilisants pour ceux sensibles aux vertiges. Je ne me suis jamais senti aussi à l’aise, le bout des semelles dans le vide, le vent dans les cheveux.
Un aigle tourne en rond dans les courants ascendants. Il plane en scrutant le sol quand brusquement il replie ses ailes et plonge. Au même moment mon téléphone vibre, je soupire en lisant le nom de mon correspondant. Rien n’est gratuit en ce bas monde et encore moins les services.
- La vue est magnifique, murmure Mick qui vient de me rejoindre. - Le mot est faible, murmuré-je en rangeant mon téléphone dans la poche de mon pantalon.
Je cherche les doigts de Mick les accroche avec les miens et serre doucement.
- Nous en avons encore pour quelques mois de construction et j’aimerais bien organiser la réception de notre mariage ici.
Je vois ce moment comme un tournant dans notre vie, une façon d’avancer et de clore un passé. Vœux pieu, car je sais que Mick ne maîtrise pas son histoire. J’aimerais tant que lorsque que nous nous dirons oui officiellement que lui et moi ayons refermé les pages sombres de nos vies. Mais quand une page se tourne, une nouvelle apparaît.
- Il faudrait commencer à faire la liste des invités et penser sérieusement sur quelle genre de réception on part.
Quelque chose de soigné, ou alors un champêtre très tendance. Car, plus qu’un mariage, c’est aussi le lancement de nos vies, de ma carrière. L’architecture est un milieu qui ne connaît pas de demi-mesure à moins de travailler dans les maisons en kit. Je n’avais pas relancé le sujet de nos noces, car Mick n’en parlait pas plus que ça depuis son très fameux oui, ici même, donné avec la plus charmante des intentions. Je crains que dans sa tête, il ne reporte sans cesse. « Oui, mais… » J’ai besoin d’être rassuré, de me dire que nous pouvons prétendre à une vie de couple normale avec des projets de couple ordinaire, un chien, un chat, le poisson rouge et pourquoi pas l’adoption d’un enfant.
- Mon père voudra inviter certains de ses amis et relations de travail. On n’y coupera pas.
J’explique que je souhaite me servir de notre maison comme d’une carte de visite. Et que la réception de nos noces est le bon prétexte d’inviter des gens influents dans ce milieu, ou susceptible de me faire une publicité indirecte. D’autant que nous sommes d’accord sur un point, même si elle est spacieuse, notre demeure ne sera pas le lieu branché des environs où on fait la fête.
- Autant faire d’une pierre deux coups.
Je m’approche de Mick et l’enlace pour le fixer dans les yeux.
- Tu en penses quoi mon loulou ?
Mon portable vibre plusieurs fois contre ma cuisse. J’ignore les messages pour me concentre sur Mick.
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Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Jeu 15 Aoû 2019 - 21:45
Walk me Home
Mick ft. Chad
Les entreprises ont redoublé d’efforts sur le chantier. Et ce malgré les impondérables qui ont modifié à plusieurs reprises le planning des travaux, que ce soit les problèmes techniques, les contraintes administratives ou météorologiques et même le désordre causé par le vandalisme de Therence a pu être rattrapé.
A ce sujet, les choses sont tendues. Je suis loin d’apprécier que l’ombre d’Amaro plane sur ce règlement de compte. Mais je garde dans la manche une remarque moqueuse pour Therence qui ne saurait pas se sortir de ce problème tout seul.
Le bruit des pneus sur le gravier me sort Garnet de la tête. Nous parvenons à approcher la voiture au plus près de la maison. Tous les gravats ont fini d’être évacués la veille et ça change complétement l’aspect global du lieu.
Nous avons franchi un nouveau palier. L’ossature de notre maison, de métal et de béton brut, est enfin achevée, accrochée à la falaise que nous avions choisie pour nid. Bientôt, les portes et fenêtres viendront fermer l’ouvrage et empêcher les intrusions.
D’un point de vue financier et technique, la partie la plus importante de la construction est achevée.
Puis il restera à y insuffler une âme avec le second œuvre.
- Loulou, si tu reprends toutes les mesures au millimètre près, tu finiras à Noël, se moque Chad.
Après un coup d'œil rapide mais néanmoins expert, comme il le faisait lors de ses visites régulières, il sort sur la terrasse par l'ouverture qui accueillera bientôt une grande baie vitrée.
La vue qu’offre la terrasse l’apaise. Je l’observe un instant. Il est immobile face à l’immensité de ce ciel bleu matinal dans lequel passent quelques nuages vaporeux. Le vent joue avec les mèches qui descendent en pagaille sur son front. Je grave cette image dans ma mémoire et mon cœur.
Je le quitte du regard pour me reconcentrer sur le problème que je viens de soulever.
J'ai moins de facilité que Chad à projeter mentalement ce que sera l'aménagement intérieur de notre maison. Pour pouvoir imaginer le mobilier à l'emplacement qu'on a défini ensemble, j'ai besoin de reprendre les cotes.
Et c'est d'ailleurs ce qui me préoccupe concernant le meuble qu'on avait prévu dans l'entrée.
- Dis Loulou, je crois qu'ils se sont trompés dans le vestibule, dis-je après une énième vérification.
Il me rejoint avec le sourire dont il a le secret lorsqu’il se moque de mon côté trop perfectionniste.
- Le mur est décalé de trois centimètres sur la gauche, explique-je. Avec l’habillage en placo, ça va arriver jusqu’ici. Le meuble que l’on voulait mettre-là ne rentre pas avec la porte d’entrée.
- Pas de placo ici, mais un plâtre avec enduit, répond-il. La desserte prévue rentre à l’aise.
- Tu es certain ? M’inquiète-je.
- Oui, confirme-t-il sans avoir le moindre doute.
Je l’embrasse la tempe avant de m’éclipser, en quête d’autres défauts. Deux vérifications valent mieux qu’une.
Ça nous est déjà arrivé de nous disputer par rapport à ce qu’il qualifie « d’angoisses irraisonnées et envahissantes ». Si je fais l’introspection de ce qui me pousse à être ainsi, je dirais sans mal que chaque chose terrible qui m’est arrivé et sur laquelle je n’avais aucun pouvoir m’a poussé à vouloir contrôler sur tout le reste. Il est difficile de changer ce qui est en nous depuis toujours.
Chad me suit des yeux alors que je grimpe deux par deux les marches l’escalier qui mène à l’étage.
Il y a du bon à aimer la précision. À force de chercher, on finit toujours par trouver quelque chose à arranger ou améliorer. Lorsque je l’interroge sur un détail technique, il convient qu’il s’agit d’un défaut. C’est une petite victoire sur un sujet où je n’ai pas de maitrise. Bien que nous ayons décidé ensemble de ce à quoi ressemblera notre maison, c’est Chad qui s’est occupé de tout. Je lui fais entièrement confiance mais je n’aime pas me sentir inutile.
Je rejoins mon fiancé sur le balcon qui domine la terrasse en porte-à-faux de la falaise. Je trouve que c’est le point culminant de la construction. Comme si nous étions à la proue d’un voilier qui naviguerait dans les airs plutôt qu’en mer.
Ici, rien ne pourra nous atteindre. Quoi qu’il se passe à l’extérieur, nous aurons notre refuge.
- La vue est magnifique, souffle-je en mettant près de lui.
- Le mot est faible, acquiesce-t-il en prenant ma main.
Nous avons l’habitude de frotter nos anneaux l'un contre l'autre comme si ce geste allait exaucer notre vœu de bonheur.
- Nous avons encore pour quelques mois de construction et j’aimerais bien organiser la réception de notre mariage ici, propose-t-il.
Ce serait symbolique puisque c’est sur notre terrain, face à cette même vue, que je lui ai dit oui.
- Il faudrait commencer à faire la liste des invités et penser sérieusement sur quel genre de réception on part, continue-t-il.
Derek sera forcément présent, la meute entière le sera. Autant pour moi que pour Chad.
Moi, je n’ai personne à inviter personnellement. Plus de famille.
Sauf elle. Même si le souvenir que j’avais de ma mère s’est brisé en la retrouvant. Si différente.
Je ne crois pas qu'il lui soit arrivé quelque chose de fatal. Elle est si forte. Je l’imagine dans une situation de repli avant l’attaque. Je l’imagine ou je l’espère ?
- Mon père voudra inviter certains de ses amis et relations de travail, rapporte Chad. On n’y coupera pas. Je souhaite que notre maison soit ma carte de visite et une réception de noces est un bon prétexte pour inviter des gens influents.
Je me souviens encore des premiers coups de crayons sur un coin de feuille lorsqu’il m’expliquait l’idée de cette maison atypique. Puis les plans qui ont pris forme sur l’ordinateur. C’est le premier ouvrage qu’il conçoit du début à la fin et qui aboutit. Et ce sera déjà une pièce maitresse parmi ses références professionnelles.
- Autant faire d’une pierre deux coups, conclue-t-il.
Les quelques pas qu’il faisait en exposant ses idées le ramènent à moi. Il me prends dans ses bras et pose son front contre le mien.
- Tu en penses quoi mon loulou ? Demande mon fiancé.
Je prends un temps de réflexion entre deux inspirations.
- Je pense que jamais je n’aurais pu imaginer construire ne serait-ce que le dixième de cette vie-là, dis-je en désignant ce qui nous entoure.
Notre maison est une prouesse d’élégance, d’ingéniosité et de modernité. Une promesse d’avenir.
- Je pense que le destin m’a offert une deuxième chance il y a des années, ajoute-je en songeant à l’explosion de l’appartement de mon enfance à laquelle j’avais échappé.
Je l’enlace à mon tour, glissant mes mains dans son pantalon à la naissance de son fessier.
- Cet évènement a conduit à d’autres, difficiles, et d’autres encore. Et encore. Mais la vie m’a finalement guidée jusqu’à toi. Et s’il n’y avait que ce chemin pour y arriver alors je ne regrette pas tout ce qui s’est passé.
Chad me connait plus que quiconque, il sait combien je peux être réservé, sur mes intentions autant que mes sentiments. Mais avec lui, j’avais fini par apprendre à me livrer. Ces confidences solidifient notre couple.
- Et pour la réception ? Redemande-t-il après un silence apaisant.
Complices, nous en rions ensemble. J’ai laissé libre court à mes pensées, déclarant mon amour alors qu’il attendait une réponse pragmatique à sa question.
- Tu parlais de la réception, pardon, réponds-je. Je suis d’accord. Et je serai fier d’être avec toi ce jour-là. Parmi nos amis, ta mère et ton père, et des personnes importantes pour ton avenir.
Chris Argent sera peut-être parmi les invités. Après tout, il est la seule personne que Chad fréquente qui possède un lien avec son père biologique.
Le mariage amène de nombreuses questions. Comment serons-nous habillés ? Est-ce que nous changeons nos bagues de fiançailles ? La mairie de Beacon Hills sera-t-elle réticente à unir deux hommes ?
Il y a au moins une chose que nous pouvons décider dès à présent.
- On pourrait voir pour que notre restaurant préféré soit le traiteur de la réception, propose-je. La gastronomie française de Pierre et Marc plaira à tous les invités à coup sûr.
Je vois un autre avantage à la présence des chefs cuisiniers mais je ne l’évoque pas à voix haute. Avec ces deux alphas ainsi que Derek, nous pourrons nous défendre si quelque chose de mal arrivait.
Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Mar 27 Aoû 2019 - 20:49
La vie est un torrent tempétueux
Chad ft. Mick
La question des invités pour notre mariage apporte une ombre sur le visage de Mick. Ses pensées s’évadent vers son passé. Vers sa vie si chaotique, même pas une vie, mais plutôt une survie. La dalle de béton sous nos pieds, et cet engagement que l’on s’est promis mutuellement sont des évènements auxquels il ne s’attendait pas à croiser. Pas de sitôt. Je ne peux qu’imaginer ce qu’il ressent, ma vie n’est pas simple non plus, mais j’ai eu un foyer où grandir et une ancre solide avec mes parents. Quand il s’exprime enfin, il me dit avoir gagné une deuxième chance. Il m’enlace, plaque ses mains à la naissance de mes reins. Je représente cette deuxième chance. J’en suis heureux et honoré qu’il m’accorde cette importance.
- Cet évènement a conduit à d’autres, difficiles, et d’autres encore. Et encore. Mais la vie m’a finalement guidée jusqu’à toi. Et s’il n’y avait que ce chemin pour y arriver alors je ne regrette pas tout ce qui s’est passé.
Mick n’est pas le plus bavard des hommes. Il mesure ses paroles comme les millimètres entre deux cloisons de notre future demeure. C’est le temps passé ensemble, les épreuves surmontées à deux qui m’ont permis de percer la carapace qu’il érige entre lui et le reste. Je ne sais pas quel homme il serait s’il avait pu continuer de grandir, entouré de son père et de sa mère. Quel serait son caractère ? Serait-il plus ouvert ? Moins secret ? Certainement. Je réponds à son étreinte, me promettant de faire ressortir en lui sa vraie nature, de le faire sortir de la chrysalide où la vie l’a contraint de s’enfermer.
- Et pour la réception ? Demandé-je à nouveau pour le relancer sur un sujet plus joyeux que ses tristes souvenirs.
- Tu parlais de la réception, pardon. Je suis d’accord. Et je serai fier d’être avec toi ce jour-là. Parmi nos amis, ta mère et ton père, et des personnes importantes pour ton avenir.
Je souris. J’ai conscience que la répartition des invités sera asymétrique. Nous ne sommes même pas certains de pouvoir compter sur la présence de sa mère. Le passé restera immuable, à nous de faire en sorte que le futur soit celui que l’on choisisse et non un que l’on nous impose.
- On pourrait voir pour que notre restaurant préféré soit le traiteur de la réception. La gastronomie française de Pierre et Marc plaira à tous les invités à coup sûr.
Le restaurant français ? Pierre et Marc Argent, deux loups alpha discrets qui savent masquer leur aura. Peu de gens connaissent leur vraie nature et je ne sais rien des liens qu’ils entretiennent avec Chris, mon cousin. Issus de la plus antique branche de la famille, ils semblent avoir un dessein qui nous dépasse. Mais une chose est certaine, les deux restaurateurs ont un sacré réseau d’informateurs, plus étendu que celui de Chris. Pourtant, ils semblent rester en dehors des guerres garous-chasseurs. Un peu comme l’ancien rôle de Mafdet quand elle était encore une sentinelle.
- Je suis d’accord pour le repas français. Cela ne peut qu’être une réussite. Stephan appréciera…
Chaque fois que mon père passe sur la côte ouest et qu’il passe nous voir, il mange au moins une fois chez les Français. Je me dis qu’il est fan de leur cuisine, mais avec lui chaque geste, chaque pseudo habitude est généralement calculée.
- Il faut que je passe chez le menuisier, il a reçu une partie des fenêtres et des portes. Je te dépose où ?
Nous saluons les premiers ouvriers qui commencent à arriver. Je serre la main au maître de chantier et lui fais part des anomalies trouvées par Mick. L’une d’elles est gérable sans mon aide, nous nous concertons pour l’autre afin de trouver une solution convenable.
*
Mick sort de la voiture. Je l’ai déposé devant sa boulangerie fétiche.
- Faudra songer à faire plus de sport Loulou ! M’écrié-je.
Mick me répond par une grimace qui en dit long. Alors qu’il disparaît dans son temple de la gourmandise, je profite d’être garé pour regarder les différents messages que j’ai ignorés plus tôt avec la ferme intention de rappeler à Alessandro que l’on ne me siffle pas comme un toutou.
*
Ses messages n’avaient rien à voir avec son tripot. J’ai redémarré, mais au lieu d’aller chez le menuisier, je suis allé me garer sur le parking d’une grande surface pour appeler l’Italien. Je préfère éviter le Pink Print, j’y fais trop de mauvaises rencontres à mon goût.
- Tu es certain qu’il s’agisse des Calavera ? - Tu ne vas pas m’apprendre à faire mon métier Wilder ? - Désolé. Tu as son nom ? - Oui, son acte de naissance et quelques autres bricoles. - Envoie-moi ça ! - Non. Je te laisse une copie papier là où tu sais. - OK. Merci. - Essaye ne de pas crever avant d’avoir fini la rénovation de mon appartement ! - Ne t’inquiète pas. Je vais m’assurer à ce que Garnet ait une chambre qui vibre et grince à souhait.
... garnie d'une tapisserie avec des phallus rouge vif et la lettre W.
*
Ma visite chez le menuisier n’est pas inutile : il s’est planté dans les références. Et pas besoin de l’œil scanner de Mick pour comprendre que ça n’ira pas. J’appelle Mick pour l’informer. Il ne peut rien y faire, mais il aime être tenu au courant des aléas du chantier en temps réel. Au travers de notre conversation, j’entends des chants d’oiseaux. Je lui demande où il se trouve. Il me répond qu’il est allé courir en forêt et qu’il s’apprête à passer au manoir voir Ian et Derek.
- C’est bien tu as suivi mon conseil. - Gnagnagna, me répond-il. - On mange ensemble ? Cette après-midi je file voir le fournisseur de notre menuisier pour qu’on ne perde pas de temps avec ces fenêtres.
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Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Ven 18 Oct 2019 - 10:03
À la croisée des chemins
Mick ft. Chad
Chad est très occupé avec le chantier de notre maison. Le second œuvre fait intervenir beaucoup d’entreprises par rapport à la première phase des travaux. Il faut coordonner les électriciens et les plaquistes, les carreleurs et les plombiers. Pour le moment, ce sont surtout les menuiseries qui requièrent son attention. Voyant le professionnalisme avec lequel travaille mon fiancé, l’entreprise a assuré qu’elle allait rectifier son erreur rapidement.
Ce projet sera notre cocon mais aussi la vitrine pour son avenir professionnel. Un avenir dans lequel je pourrais avoir une place en tant que consultant. Chad n’a aucun doute sur le fait que certains de ses futurs clients seront exigeants sur la sécurité de leurs bâtiments. Je saurais apporter les conseils dictés par mon expérience.
Mais ce n’est pas mon projet à moi. Je sais que la proposition de Chad n’est pas dictée par la pitié et que je pourrais être utile. Toutefois, j’ai besoin de construire un parcours professionnel qui m’est propre. Un aspect de ma vie longtemps négligé et auquel je dois réfléchir pour me projeter dans un futur à deux. Nous aspirons à une vie ordinaire et paisible.
Une première idée, bousculée par d’autres s’était profilé dans ma tête en entendant Peter se moquer de la relation de Maf avec un policier.
Puisque Chad me conseille de reprendre le sport de manière intensive, je compte faire d’une pierre de coup en étant presque certain de croiser mon amie dans les bois.
J’avais repéré grâce aux sacs accrochés à sa moto qu’elle avait fait sa cueillette à proximité du manoir la dernière fois que j’y suis allé. Même si la nature règne en maitre dans la forêt de Beacon Hills, les plantes et herbes utilisées par les druides n’y sont pas toutes présentes à l’état sauvage. C’était donc dans le jardin des Cormier que Maf avait récupéré ce qu’elle souhaitait. Je ne serais pas surpris qu’elle n’ait pas demandé l’autorisation ni qu’elle feigne une évidente solidarité entre druides pour justifier cette agacerie envers Alex.
Après être passé à proximité de leur maison, je prolonge ma course dans une zone particulièrement dense. Lorsque je fais une pause, je sais que Maf n’est pas loin. Je l’entends à l’absence de bruit qui règne aux alentours. Les petits animaux ont déserté en sentant la présence du félin.
- Je sais que tu m’observes, Maf, dis-je sans avoir besoin d’élever la voix.
En quelques secondes, elle me rejoint avec souplesse.
- J’espérais justement te croiser ici, dis-je. J’aimerais te parler.
Je ne voulais pas d’une rencontre formelle pour discuter avec elle sinon je n’avais qu’à lui envoyer un message ou aller la voir à la sortie de l’un de ses cours.
- J’avoue avoir été piqué au vif quand Stephan m’a demandé ce que je compte faire de ma vie, confie-je. Parce que je n’en sais rien. Et je n’aime pas savoir et contrôler ce qui m’arrive.
Je lui expose mon questionnement. C’est une femme d’expérience qui a suffisamment côtoyé le poste de police pour avoir un avis éclairé sur le sujet.
- Que penses-tu si je demandais au sheriff de m'engager ? Questionne-je.
Je n'ai pour réponse qu'un rire moqueur digne d'une sorcière dans un conte pour enfants.
- J'imagine que ça veut dire que tu trouves ça ridicule, ajoute-je.
Elle évoque alors les multiples raisons qui justifient que ce métier n'est pas pour moi. D'abord parce que ça impliquerait que je commence au bas de l'échelle et que le quotidien est loin des interventions trépidantes qui m'empêcheraient de m'ennuyer.
- J'y vois un avantage malgré tout, reprend la druide.
J'expire d'agacement pour la forme lorsqu'elle ajoute que mon côté psychorigide aiderait le shérif à mettre de l'ordre sur son bureau.
J'avais aussi pensé à entrer en contact avec le service dans lequel travaillait la mère de Chad. Officiellement, Fiona était agent du FBI. Mais dans une section spéciale qui connaît l'existence du monde surnaturel. Ces missions servaient l'intérêt des deux parties, en maintenant le secret pour préserver la paix.
Et puis il y a une troisième voie : accepter de travailler pour l’organisation commandée par Monroe me fournirait un salaire et la proximité nécessaire pour savoir ce qui est arrivé à la Reine.
Toutes ces possibilités flottent au dessus de moi sans que je parvienne à en saisir une. Avec le départ de Ruby, il manque au moins une personne au poste de police. Ce serait le choix le plus simple. Mais je n’en suis pas convaincu moi-même.
- Elle me manque, dis-je après un silence paisible. Il y avait une certaine chaleur au sein de la meute en sa présence. Même si depuis la mort de Lilia elle était devenue distante, ça n’en est pas moins pesant.
Derek fait un successeur idéal en tant qu’alpha et c’est un ami cher. Mais c’est différent.
* * *
Un an plus tard.
J’ai l’impression de me battre contre moi-même.
Nos attaques et nos parades s’annulent comme si nous devinions nos réflexes et nos intentions mutuelles. Quelques fois nous parvenons à nous blesser, essayant de briser l’autre pour le soumettre.
Ce n’est pas un jeu. Pourtant, il y aura un gagnant et un perdant.
L’espace d’un instant, je suis dominé. Je remarque tardivement le poignard qui est apparu dans sa main. D’un geste vif, je dégage la trajectoire de son bras en saisissant son poignet pour le tordre au dessus de son épaule. De l’autre main, je réussis à le saisir à la gorge et arracher le masque qui lui dissimule le visage.
Son identité me stupéfie. Impossible.
Il ne peut pas se tenir là devant moi.
Puis je lis dans son regard que sa tentative n’est pas un échec. Le poignard n’est plus dans la main que j’ai réussi à entraver. C’était une diversion triviale et effroyablement efficace.
Une technique que j’ai appris aussi.
Alors je sais qu’il est trop tard pour parer ce dernier coup.
Je sens la lame s’enfoncer dans ma poitrine, déchirant la chair et les muscles. C’est un gargouillis écarlate qui s’échappe de ma bouche quand je cherche à parler.
- Tu salueras ton père, ricane mon assaillant en se dégageant de mon emprise.
Une chape de plomb pèse sur mes épaules et me fait tomber à genoux comme une marionnette dont on aurait coupé les fils.
Je frôle dangereuse l’inconscience en gardant à l’esprit le visage d’un ami perdu.
Il est bientôt remplacé par celui de Chad, bienveillant. Je sais que tu es là, près de moi. Tu vas prendre cette douleur qui déchire ma poitrine. Tu vas empêcher la vie de s’écouler avec ce sang qui s’étale sur le trottoir. Tu vas me sauver. Tu vas …
Mais je n’ai devant les yeux que la lumière blafarde du lampadaire qui me surplombe.
Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Ven 1 Nov 2019 - 23:01
La vie est un torrent tempétueux
Chad ft. Mick
Je râle pour la forme, mais Alessandro à raison. La prudence est de mise. Le mafieux a beaucoup à m’apprendre sur ce point. Je remets le contact et me réinsère dans la circulation. La « boîte aux lettres » que je partage avec l’Italien se trouve dans une ruelle, derrière une brique désolidarisée d’un mur. Une tige en fer en barre l’accès. Il faut une barre à mine pour pouvoir sortir la brique de son logement, ou la force d’un lycan.
Je me suis arrêté juste le temps nécessaire pour récupérer les documents qu’a déniché Aless'. Je roule un peu, changeant de direction comme si j’étais un criminel. Je deviens méfiant, il y a tant de danger. Je m’arrête sur un parking de supermarché, dans un coin où je peux être tranquille.
Il y a plusieurs feuillets dans l’enveloppe de papier kraft. Je commence par un acte de naissance.
Christina Calavera née à Tijuana — Mexique, le 5 mai 1994 Père : Ernesto Calavera, Mère : Maria Calavera née Martinez
Le deuxième papier est une adresse au Mexique et le troisième la copie du registre de l’hôtel où descend mon père quand il vient me voir. Celui-là même où j’avais eu cette impression de déjà-vu avec cette fille. Des Calavera à Beacon Hills, ce n’est pas nouveau. Mais cela veut dire que, soit ils empiètent sur le territoire Argent, soit… je n’en sais rien. Un nouveau conseil de chasseurs ? Chris m’aurait prévenu. Où il n’est lui-même pas au courant. Ses nouvelles alliances ne doivent pas plaire à tous les chasseurs. Tout cela ne m’explique pas pourquoi cette impression de déjà-vu.
Je range les papiers dans leur enveloppe, puis les ressors pour les prendre en photo avec mon téléphone. L’enveloppe que m’a donnée Aless est vierge d’inscriptions. J’écris le nom et l’adresse de Stephan, mon père, remet les papiers dans l’enveloppe avant de la cacheter. Je passe par la poste avant d’aller là où je devrais être depuis une heure : chez le fournisseur de mon menuisier.
*
J’ai négocié pour avoir mes fenêtres rapidement. Le gars a été sympa. Il voit aussi avec la maison que je fais construire une bonne publicité pour son établissement. Quand j’ai terminé ce que je devais faire, j’appelle mon père pour lui expliquer la nature du courrier qu’il va recevoir. Il se souvient parfaitement du moment que je lui rappelle sur la terrasse de la piscine de l’hôtel. Le contraire eut été étonnant.
– Les Mexicains qu’on a vus, ce sont des Calavera. La fille qui est passée devant nous me dit quelque chose, mais je ne sais pas quoi ? – Pareil, Chad. Je vais approfondir les recherches de mon côté. On se tient au courant. – Merci Pa ». Fais une bise à maman de ma part. – Je n’y manquerai pas. Tente de contacter D à San Francisco.
Mick ne m’a pas répondu pour déjeuner ensemble à midi. J’hésite à me prendre un sandwich et aller le manger sur le sentier et rentrer à la maison pour me poser un peu. Sans y prêter attention, je me retrouve sur ma place de parking sous mon immeuble. Je suis certain de ne jamais avoir vu cette Chrissie Calavera et pourtant. Je suis passé au Mexique, mais ce n’était pas pour une partie de plaisir. Peut-être que cette fille est la parente de l’un des hommes qui m’a gardé en captivité ? J’ai occulté ce drame personnel grâce aux pouvoirs de Matrim. M’y replonger me provoque des frissons glacés. D’ailleurs la première chose que je fais en arrivant à l’appartement c’est d’aller me coller sous une douche brûlante. Je veux effacer les horribles souvenirs qui sont remontés contre ma volonté. Mick rentre à ce moment-là, étonné de me trouver sous la douche. Inquiet aussi. Je suis pâle comme un linge.
(…)
J’ai transféré les photos prises sur mon téléphone sur l’ordinateur. Mick prend connaissance des documents via l’écran de la télévision. Je lui explique le sentiment partagé avec Stephan d’un déjà vu à l’hôtel. Le fait que le nom des Calavera ressorte n’est pas de bon augure. Je suis mal à l’aise, je triture mes mains, me mords la lèvre et soupire. Mick me demande ce qui me tracasse. Je finis par lâcher ce qui me mine.
– J’ai tenté de me souvenir si je l’avais vu au Mexique ou quelqu’un de sa famille qui lui ressemblerait. Mais ce ne sont pas ce genre de souvenirs qui sont remontés de ma mémoire partiellement verrouillée par Matrim.
Je tremble littéralement. Ce que j’ai subi là-bas arrive encore à me terroriser.
– Pourquoi étaient-ils là ?
Pour qui surtout. Je me souviens que cette fille avait marqué un temps d’arrêt en passant devant nous, infime hésitation, suffisante pour le loup que je suis pour le remarquer. Mick passe son bras sur mes épaules, je le repousse dans un réflexe, pour m’excuser aussitôt et me blottir dans ses bras. Ses lèvres caressent ma tempe. Il me murmure des mots rassurants. Je tente de me raccrocher à sa voix, mais mon esprit plonge, il me ramène à une salle froide, le laboratoire d’un fou : Alfred. Et Rob… L’horreur la plus intime, la plus avilissante. J’entends la voix de Mick, lointaine. Le souci avec les mauvais souvenirs que l’on bloque, c’est quand ils vous reviennent en tête, c’est à la puissance maximale. C’est comme revivre le traumatisme. Les images tournent dans ma tête. Le regard de cette fille, celui de Rob. Une douleur le plie en deux, mon corps se souvient à son tour. Je me redresse, m’échappe avec presque de la violence des bras de Mick pour m’éloigner de lui, de tout contact. Cela m’est insupportable. Comme une proie affolée, je cherche une issue, fuis jusque dans notre chambre. Je termine assis sur le sol de mon côté du lit près de la table de chevet, les bras autour de mes jambes, la position du fœtus. J’ai les yeux ouverts, mais je ne vois plus la chambre. Je suis de retour sur cette table en inox ligoté. Une table comme on en trouve chez les médecins légistes. Je sombre dans un grand hurlement.
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Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Dim 22 Mar 2020 - 18:55
Argus
Mick ft. Chad
Mafdet ne m'a pas vraiment aidé à prendre une décision. Elle a donné son avis mais me laisse être maître de mon destin. Celle qui était autrefois sentinelle sait combien le libre arbitre est important et que je suis le seul à pouvoir prendre une décision mûrement réfléchie qui aura un impact sur ma vie.
Lorsque je rentre à l'appartement, j'entends l’eau couler dans la salle de bain. Elle est remplie de vapeur mais ça n'empêche pas Chad de me reconnaître.
- Je n'étais pas disponible pour déjeuner ce midi, j'étais avec Maf dans les bois, dis-je. Je n'ai vu ton message qu'après.
Quand il sort enfin, son air fermé m'inquiète. Qu'il prenne une douche dans l'après-midi n'a rien d'anormal mais ajouté au fait qu'il ait le visage si pâle finit de m'alerter.
Au vu de sa contrariété, ce n'est pas le moment d'évoquer mon cas personnel et Les possibilités qui s'offrent à moi.
- Qu'est ce qui ne va pas, loulou ? Demande-je en l'enlaçant.
Après avoir connecté l'ordinateur à l'écran de notre salon, il m'explique avoir découvert l'identité de la jeune femme que nous avions croisé à l'hôtel. Son père et lui avaient eu cette impression de déjà vu qui ne les a pas quitté depuis.
Évoquer le nom d'une famille de chasseurs n'est jamais bon signe lorsqu'on est un surnaturel. Celui des Calavera, en particulier parce qu'ils sont originaires du Mexique, renvoient à de sombres jours. Jamais plus je ne veux connaître le sentiment que Chad me soit arraché. Mais pire que cela, c'est ce qu'il a vécu qui me révulse.
Des pensées désagréables tournent dans sa tête, je le vois bien.
- Parle-moi, je suis là, souffle-je en embrassant sa main dans la mienne.
- J’ai tenté de me souvenir si je l’avais vu au Mexique ou quelqu’un de sa famille qui lui ressemblerait, confie-t-il. Mais ce ne sont pas ce genre de souvenirs qui sont remontés de ma mémoire partiellement verrouillée par Matrim.
- C'est fini, mon loulou, il n'y a que moi, dis-je. Je suis là et je t'aime. Regarde moi.
J'essaie de capturer son regard dans le mien mais il tremble comme un enfant apeuré par un monstre sorti de son imagination.
- Pourquoi étaient-ils là ? Marmonne-t-il.
Je veux l'entourer de mes bras mais il me repousse. Conscient de son geste de refus, il se blottit aussitôt contre mon torse. Je souhaite être une barrière face à tout ce qui pourrait l'atteindre même si ses démons sont intérieurs.
Aujourd'hui, ils reprennent le dessus. Chad gronde et se débat. Je tente de l'apaiser mais il est sourd à mes mots tendres. Il de précipite dans notre chambre. Comment puis-je faire le poids face à l'horreur de ce qu'il a vécu. Il nous avait fallu du temps et l'aide de Matrim pour qu'il remonte la pente.
Je prie pour qu'il ne sombre pas autant qu'il l'avait fait après cette terrible épreuve.
Je le rejoins quelques minutes plus tard.
Il n'est pas rare que mon sommeil soit agité de cauchemars. Lorsque la conscience lâche prise, l'inconscient chuchote à la nuit ce qui le tourmente.
Chad est toujours là pour moi.
Mais cette fois, c'est lui qui s'agite et il n'a pas eu besoin de dormir pour que son traumatisme le percute à nouveau de plein fouet.
Sa mémoire est une traîtresse aujourd'hui et je suis impuissant face aux souvenirs. Je ne peux que me montrer présent sans être intrusif, être réconfortant sans l'étouffer.
Alors je m'allonge à ses côtés sur le sol de notre chambre. Il n'a rien d'inconfortable lorsqu'on a connu pire. Celui là même que Chad est en train de revivre en pensées.
- Je reste là tout le temps dont tu auras besoin, murmure-je.
Sur un tapis de poussières, sur un amas de braises ardentes ou sur la neige si froide qu'elle mordrait ma chair, je serai là.
Lorsque sa respiration semble s'apaiser un peu, je glisse ma main vers la sienne. Doucement, pour le reconnecter à la réalité. Nos anneaux frottent l'un contre l'autre.
Je ne bouge pas plus et ne force pas le contact.
Je guette sa réaction avec patience, dans l'amour et la compassion.
* * *
Je suis aux petits soins avec Chad depuis sa crise de la dernière fois. Et lorsque je remarque qu'il semble fatigué, davantage psychologiquement que physiquement grâce à ses capacités de loup, je m'inquiète à nouveau.
Ces dernières semaines n'ont pas été de tout repos.
- Depuis un moment, je te trouve très agité, dis-je. D'abord le vandalisme de Therence t'a contrarié pour le chantier mais tu l'as encore eu dans les pattes après ça.
Je sais que le tête à tête à trois avec Amaro et Garnet a ravivé une partie de sa peine. La quête de Therence concernant son père a dû le replonger dans l'histoire du sien.
Les chemins croisés sont autant de nœuds qu'on se fait à l'esprit et au cœur. Je suis bien placé pour le savoir.
- Le problème trouve finalement une solution, ajoute-je même si j'aurais aimé que l'italien ne soit pas concerné même de loin. Quoique, il tient à son argent et ça doit l’agacer quelque part.
J'avoue à Chad que je trouve ça presque jouissif que Therence s'en sorte grâce à quelqu'un d'autre. Connaissant le désir farouche d'indépendance du rebelle, ça lui met une seconde claque.
- En parlant de cette excursion, reprend-je, j’ai rangé le holster avec les lames et j’ai vérifié la trousse de secours. Il manque une seringue d’aconit.
Chad m’explique que Therence l’a récupéré et qu’il n’a pas voulu la lui reprendre. Le laisser la garder est un peu un gage de paix même si l’adolescent ne sait a priori pas que son geste a été démasqué.
- Tu sais, continue-je, avant que ça ne s'arrange, je t’avais demandé d’adoucir un peu sa sentence. C’était pas pour fermer les yeux sur ce qu'il avait fait mais parce que selon moi c'est qu'un gamin perdu. Il lutte avec ce qu’il a. J'ai également proposé de l'aider dans sa quête, pour effacer une dette envers lui et je nierai avoir dit ça mais c'est aussi par compassion.
James nous a été d’une aide précieuse en découvrant que son acte de naissance est faux. Nous devons aller fouiller dans les archives de l’hôpital.
- Tu n’as toujours pas de nouvelles de Chris ? Demande-je. Tu veux que James te donne un coup de main ?
J’aime ces moments où nous discutons sans qu’il y ait de tension, je passe mes doigts dans ses cheveux et l’embrasse à chaque fois que j’en ai envie.
- Dernièrement, encore avec Alessandro dans les parages, tu es allé secourir un chasseur retors pris au piège d'un chasseur encore plus coriace, ajoute-je. J’ai eu peur pour toi, même si tu m’a tenu informé.
Il ne s'agit pas de reproches, mes activités ne sont pas beaucoup plus sereines. Je veux simplement lui faire comprendre qu'il faut parfois lever le pied. S’inquiéter est aussi une preuve d’amour.
S'il s'endurcit mais que son âme reste la même alors ça me va. C'est ce que je lui avais dit la première fois que nous avions parlé de sa collaboration avec Amaro.
- Je te demande pas d'être le gentil petit architecte car ça ne serait qu'une façade, continue-je. Mais il serait bon pour toi de t'entourer de positif et de rester éloigné des sources de tension de temps en temps.
La vie est un torrent tempétueux mais nous choisissons de l'affronter à la nage ou sur un radeau.
- Si demain nous allions choisir notre costume pour le mariage, propose-je. Faire du shopping en amoureux nous fera du bien.
* * *
J’ai accepté la proposition de Monroe et rejoint Argus.
Chad et moi en avons longuement discuté. Au-delà de l’épanouissement de faire ce pour quoi je suis doué, j’y vois un moyen de me rapprocher du nouveau leader. Il y a plusieurs années, j’ignorais qui était à sa tête. Aujourd’hui, celle qui se fait appeler la Reine rouge est portée disparue. Je veux découvrir ce qui lui est arrivé.
Avec le recul, j’ai compris qu’elle m’avait toujours aidé. A sa façon. Les jeux de pistes étaient autant de tests à mon égard que des moyens d’égarer ceux qui en ont après moi. Il est impossible de savoir avoir certitude qui surveille qui. Même pour elle.
J'ajuste le gilet renforcé avec des gestes précis comme si l'habitude ne m'avait jamais quitté. C'est à la fois perturbant et rassurant. L’entrainement des dernières semaines m’avait fait renouer avec d’anciens réflexes.
J’ai toujours su me battre et j’ai fait en sorte de maintenir une bonne forme physique mais c’est différent. Les premières fois où je suis rentré avec des traces de coups et des bleus, Chad s’est inquiété. A présent, il parvient à se moquer de mon état.
J’ai toujours pu rentrer le soir en un seul morceau.
Aujourd’hui, les entrainements ont pris fin et j’ai accepté une première mission. Et elle promet de ne pas être simple. L'expression les cordonniers sont les plus mal chaussés ne s'appliquent pas aux vendeurs d'armes. Nous allons avoir à faire à des gros bras armés jusqu'au cou.
Ils n’accueilleront pas avec le sourire les troubles fêtes qui viendront contrecarrer leur business.
L'effet de surprise est primordial. Mais après ce premier avantage, nous serons à découvert. Je garde en tête une tactique triviale mais efficace. Le double effet kiss cool. Lorsque notre présence sera révélée, il faut que certains d'entre nous restent en retrait. Pour une seconde vague. Et garder de la puissance de feu sous le pied. Quand l'attention de l'ennemi sera captivée à un endroit, ce sera le moment de frapper encore.
Mais cette stratégie suppose de connaître parfaitement l'environnement. Pour se préparer et s'y déplacer facilement à proximité des endroits stratégiques. Car les points névralgiques seront lourdement gardés. La transaction aura lieu près d'un port. Ce qui laisse plusieurs sorties, sur terre ou par la mer.
Heureusement, les satellites d'Argus nous ont permis d'avoir une cartographie précise de l'endroit.
Efficacité et discrétion sont nos mots d’ordre.
Argus est une organisation non gouvernementale qui a toutes les raisons de vouloir rester anonyme et d’échapper à la surveillance des fédéraux.
Les véhicules qui doivent nous emmener sur les lieux arrivent. Avec une discipline digne de militaires nous nous mettons en position.
- Je suis plus que satisfait de vous revoir dans nos rangs, agent Wayne, déclare Monroe.
* * *
Un an plus tard.
Je surveille mon téléphone, attendant l’appel crucial qui doit arriver d’ici quelques minutes.
A 20h00 précisément.
Le portable est intraçable mais il ne fonctionne que dans un sens. Je ne peux contacter personne.
Je prie pour que les autres aient réussi. Quand je suis retourné à Argus, je n’aurais jamais pensé que cette première mission me mènerait si loin. Aujourd’hui, la vie de centaines de personnes, peut-être de milliers, est en jeu.
20h04. Et toujours pas d’appel.
Quelque chose cloche. Si ça ne se déroule pas comme prévu, il faut passer au plan B, c’est ainsi que ça se passe.
Nous pouvons encore déjouer le massacre qui se prépare mais je dois arriver à temps. Je puise dans mes dernières forces pour courir à travers la ville.
Je sais où aller même si c’est loin de m’enchanter.
Le rugissement d'un moteur, sans doute celui d'un véhicule lourd et vieillissant, me crispe de surprise. Je suis aux aguets, captant le moindre signe de présence.
Traqué.
Soudain une ombre surgit au coin de la rue.
Vive, dangereuse. Ses intentions ne font aucun doute.
Lorsque l'inconnu se poste devant moi, je devine la carrure d'un homme rodé à combattre dans n'importe quelles situations. En revanche son visage est masqué.
Il passe à l'attaque. J'y étais préparé.
Nos mouvements sont symétriques, chaque geste se confronte à son exact opposé.
Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Lun 23 Mar 2020 - 12:02
La vie est un torrent tempétueux
Chad ft. Mick
Il faut toute la douceur et la patience de Mick pour me ramener au moment présent : en sécurité dans notre appartement. Il a réussi à m’entourer de ses bras et je me suis lové contre lui, nos doigts entremêlés frottent nos anneaux l’un contre l’autre, geste réflexe. Une façon symbolique de faire des étincelles avec ce qui représente un serment mutuel. La chaleur de Mick mêlée à son odeur et au son de sa voix m’aide à reprendre pied et repousser mes cauchemars.
*
Verrouiller le passé n’était pas une bonne chose. L’offre de Matrim de contenir une partie de mes émotions dans un objet était attrayante, mais cela n’était ni plus ni moins qu’une bombe à retardement. L’idéal serait que je voie un thérapeute, mais c’est impossible, car je devrais dévoiler la raison de mon kidnapping : ma nature. Et pour qu’une thérapie fonctionne, le mensonge doit en être exclu. Je ne veux pas non plus charger Mick de ça, cela polluerait notre couple. J’ai bien songé à Derek, il sait ce qu’il m’est arrivé, vu que c’est lui qui m’a trouvé grâce à l’artéfact de la tribu des Kawaiisu. Mais le sujet reste délicat, alors j’ai acheté quelques ouvrages qui donnent quelques méthodes pour se détacher des moments traumatisants. C’est moins que rien, mais je demeure stressé, Mick s’en rend compte.
Je crois que je me suis mis à enquêter sur le professeur Rapier pour me défouler, évacuer cette haine et cette frustration qui me rongent de l’intérieur. Le supplice de Gabriel McNeal avait remué pas mal de choses en moi. Avec ce qu’il avait fait au professeur, j’avais été satisfait dans les premières secondes. Voir le bourreau prendre la place de sa victime était satisfaisant pour l’ancienne victime que je suis. Mais la suite m’avait soulevé le cœur, la souffrance reste la souffrance que celui qui la subit soit quelqu’un de bon ou de mauvais.
Je ne dis pas que cela m’a aidé à faire le tri des souvenirs qui me hantent, les hurlements de McNeal résonnent encore dans ma tête bien après que son corps ait disparu aux bons soins des hommes d’Alessandro. Je ne sais pas si le professeur Rapier se sent mieux d’avoir donné le coup de grâce. J’y vois là plus le fait de boucler la boucle que de trouver le repos de l’âme. L’histoire du professeur de lettre me sert d’exemple. Sa souffrance morale l’a conduit à la cruauté. Ça l’a presque détruit, puis quelque chose à Beacon Hills l’a fait changer. Un peu comme moi qui avais fui Boston et la violence où j’avais été aussi embarqué de force. J’ai eu plus de chance que le professeur, j’ai erré moins longtemps que lui grâce à Ruby, à Mick, Miyavi qui est au Japon aux dernières nouvelles, à Derek aussi. Mais la pente de la dépression est savonnée, il suffit d’un pas sur le côté pour chuter.
*
Je suis bien occupé, entre le chantier qui avance avec des aléas inhérents à ce genre de construction, Alessandro et son tripot à planquer sous un bar. Je trouve l’idée idiote, de nos jours un lieu fixe est difficilement camouflable longtemps, quoique son club de combat marche plutôt bien. Soit Stilinski y voit une manière de concentrer les envies de violence en un point se disant que ceux qui mettent les pieds là-bas ne reçoivent que ce qu’ils méritent, soit y a des ripoux chez les flics. Jordan s’était bien fait cramer par l’un de ses collègues.
Mick est plus attentif depuis ma crise de panique. Je m’en veux de l’inquiéter ainsi, mais c’est rassurant de savoir qu’il ne me juge pas, ou qu’il ne m’aime pas moins. Nous avons tous les deux nos cauchemars, ensemble nous y faisons face. De temps à autre, je me plonge volontairement dans ces souvenirs mauvais. Les livres disent que la victime doit déculpabiliser, que ce qui est arrivé n’est pas de sa faute, mais le plus difficile à admettre, car cela peut rendre le futur effrayant, c’est que l’évènement ne pouvait pas être évité, ne pas réécrire le passé avec des « si » car c’est arrêter de vivre. Vautrés sur le canapé, les pieds sur la table basse, une assiette de cochonnerie entre nous, nous regardons la télévision. C’est le moment des pubs et de la météo.
- Depuis un moment, je te trouve très agité, commence Mick. D'abord le vandalisme de Therence t'a contrarié pour le chantier, mais tu l'as encore eu dans les pattes après ça. - Oui, son manque de respect et son inconscience sur le danger qu’il a créé m’ont exaspéré. Mais ce huis clos à trois nous a aidé à nous comprendre. On ne sera jamais potes, nous sommes trop différents, mais je comprends ton point de vue sur lui. Je valide pas son comportement, mais j’ai saisi le cheminement qui l’a rendu ainsi.
Mick trouve jouissif que Therence s’en sorte grâce à l’Italien. Je ne dis rien, car je sais que Mick ne trouvera jamais de circonstances atténuantes au mafieux, mais Therence est une des meilleures chances qui soit arrivée dans la vie d’Alessandro. Il lui donne un but honorable. Leur relation n’est pas unilatérale.
- En parlant de cette excursion, j’ai rangé le holster avec les lames et j’ai vérifié la trousse de secours. Il manque une seringue d’aconit. - C’est Therence qui l’a prise et qui n’a pas voulu la rendre. Cela a dû le rassurer, il avait peur que je le mange tout cru. Et c’est pas l’envie qui m’en a manqué lors de ce trip. - Tu sais, avant que ça ne s'arrange, je t’avais demandé d’adoucir un peu sa sentence. C’était pas pour fermer les yeux sur ce qu'il avait fait, mais parce que selon moi c'est qu'un gamin perdu. Il lutte avec ce qu’il a. J'ai également proposé de l'aider dans sa quête, pour effacer une dette envers lui et je nierai avoir dit ça, mais c'est aussi par compassion. - Je sais. J’ai bien vu comment il s’est attaché à Amaro. Je lui souhaite de trouver son père… c’est important, rien que pour se définira soi-même. - Tu n’as toujours pas de nouvelles de Chris Tu veux que James te donne un coup de main ? - Non, aucune nouvelle, et je préfère que James ne fourre pas son nez là-dedans. Si Chris s’en rend compte, je crains un méchant retour de bâton.
Je me suis assis par terre, Mick dans mon dos sur le canapé. Il s’amuse à enfouir ses doigts dans mes cheveux alors que nous regardons le dernier épisode de la série que nous suivons.
- Dernièrement, encore avec Alessandro dans les parages, tu es allé secourir un chasseur retors pris au piège d'un chasseur encore plus coriace. J’ai eu peur pour toi, même si tu m’as tenu informé.
Je penche la tête en arrière pour le regarder avec une moue enfantine. Comment lui avouer que j’ai adoré la partie infiltration, leurrer les leurres, prendre le chasseur à son propre piège ? Me battre en homme et non en loup, c’est ce jour-là que j’ai compris pourquoi l’Italien était si fort malgré son rang d’oméga : il joue sur les deux tableaux.
- Je te demande pas d'être le gentil petit architecte, car ça ne serait qu'une façade. Mais il serait bon pour toi de t'entourer de positif et de rester éloigné des sources de tension de temps en temps. - C’est toi ma source de positif Loulou ! Ian aussi. - Si demain nous allions choisir notre costume pour le mariage. Faire du shopping en amoureux nous fera du bien. - Carrément d’accord. Tu mettras un kilt rose ?
Ma remarque me vaut un shampoing et de perfides chatouilles.
*
Les fesses posées dans un fauteuil proche de la cabine d’essayage, je fais un non catégorique de la tête. L’affaire est difficile, si on ne veut pas ressembler à deux pingouins le jour de notre mariage.
- Le bleu peut-être ? Mais pas cette cravate.
Du doigt, je lui demande de tourner sur lui-même. Le pantalon lui moule bien les fesses, mais il bâille sur les côtés. Mick retourne dans la cabine enfiler le modèle suivant. C’est plus facile de dessiner une maison que de choisir un costume ! J’appréhende quand mon tour va venir.
Sujet: Re: La vie est un torrent tempétueux PV Mick <3 Mer 7 Avr 2021 - 20:56
Courage to change
Chad ft. Mick
Il arrive parfois que l’on croise son âme sœur. Un miroir qui ne reflète que le meilleur de nous-mêmes et garde en son sein notre noirceur et nos échecs. Un être qui gomme les angles trop vifs de la vie, qui nous rend unique. Heureux. Une personne que l’on suivrait les yeux fermés, même sur un fil tendu au-dessus du plus profond des abîmes.
Alignement des astres, bienveillance de dieux que je n’honore pas ou simple hasard ? Vivre à Beacon Hills m’a appris à voir au-delà des coïncidences. «If one’s an incident, two’s a coincidence, and three’s a pattern.» J’avais souri dans mon coin quand Stiles avait récité le mantra de son paternel lors de l’affaire avec les Dread Doctors. Mais il prend tout son sens dans cette ville particulière.
Là, cela s’appelle tout simplement l’amour. Un sentiment qui peut éclore lentement, grandir comme une plante sous une attention bienveillante, cultivée avec soin. Ou être plus violent, comme une flèche tirée en plein cœur. C’est mon cas. Cette flèche porte un nom : Mick.
J’avais fini par voir un schéma se dessiner dans tout ce qui m’arrivait dans cette ville étrange : celui de ma vie. J’avais expliqué mes embûches et mes deuils en passages obligés, en épreuves pour m’élever au niveau de celui que je suis devenu : une trinité. Loup, chasseur et druide, tout cela coule dans mes veines, dans mon cœur. Je ne peux pas me transformer en animal comme Derek, mais je me sais aussi stable, aussi complet. J’ai exploré toutes les facettes du loup. J’ai aussi été chasseur, même si mes proies n’étaient pas lycans mais des humains bafouant le code d’honneur des chasseurs. Il reste ma part Kawaiisu à explorer. Vaste domaine. Cette tribu de chamans qui a accompagné les ancêtres de Derek continue d’être là par ma simple présence dans cette meute. It’s a pattern. Je comprends déjà les messages des grands aigles lorsqu’ils sont en symbiose avec ceux de la tribu, ma tribu. Un jour, comme eux, je volerai.
Meute de loups, Clan de chasseurs, Tribu de druides. Je suis au centre de tout. Je suis les trois branches du triskèle symbole de ma meute. Plusieurs, et entier à la fois. Unique. Fier. Confiant. Bien trop confiant dans mon avenir.
Je contemple le fond de vallée depuis la terrasse du nid d’aigle que j’ai construit pour abriter notre amour. Il reste un dernier échafaudage à ranger, des meubles à acheter, quelques placards à monter. Cette demeure est le reflet de deux âmes. En surplomb de falaise, baignée par les vents, elle a tout d'un nid d’aigle royal, animal totem des Kawaiisu. Ses lignes sobres et ses niches secrètes reflètent le caractère en acier trempé de mon compagnon. Bois, béton, acier et vent, tels sont les matériaux qui composent notre cocon.
Le chantier avait connu ses aléas, dont un du nom de Therence Garnet. L’adolescent est parti, il a trouvé son Graal. Enfin je crois, Alessandro n’en parle plus. J’en suis heureux pour le rebelle. Tout le monde mérite des réponses à ses questionnements existentiels.
Seulement toutes les réponses ne sont pas agréables à écouter. Je regarde le vide à mes pieds. L’appel du vol est prégnant, c’est dans mes gènes. Je ne suis pas encore initié. Le mariage était prévu pour la fin du mois. Pas d’alliances, nous comptions échanger à nouveau les anneaux que nous nous étions offerts solennellement sur un banc du parc en gage de notre amour indéfectible et d’une promesse de vie à deux. Le ciel pour témoin.
Nous attendions une accalmie dans les tempêtes qui secouent à intervalles réguliers Beacon Hills. Nous y étions presque. Le traiteur était prévu pour un nombre restreint de personnes, la meute, mes parents, Papy moineau et D l’un de ses frères, James le rouletteux l’ami de Mick. Maxence et Matthias, mes amis de la fac. Le copain de Mafdet et Jordan. Restait une inconnue : la présence ou non, de Nora Wayne, la mère de Mick.
De cette inconnue, tout a volé en éclat. Le ciel est témoin.
Le vent dérange à peine mes cheveux que j’ai presque rasés. Je ne supportais plus mon reflet dans le miroir. Mes cheveux en bataille que Mick recoiffait souvent avec cette intonation particulière quand il m’apostrophait de son « Loulou ». Souvenirs cruels. À défaut de cheveux, j’ai laissé pousser ma barbe, imitant Derek. J’ai aussi récupéré la mine sombre de mon alpha quand personne ne me voit. L’éducation reçue à Boston m’aide à donner le change en dehors du cercle qui me connaît comme mon ombre. Derek me rend parfois visite. Nous restons des heures en apesanteur sur la terrasse. Muets. Observant les couleurs changeantes de la forêt en contrebas, le brouillard qui noie les arbres d’ombres bleutées. Lui aussi a eu le cœur qui saigne. Nos solitudes nous rapprochent. Les abandons aussi.
Le cri rauque d’une buse me fait lever le nez en direction du ciel d’un bleu pâle presque blanc. Après le mariage civil prévu en comité restreint aux proches, nous devions aller sur le territoire des Kawaiisu procéder à notre union suivant les coutumes ancestrales de cette branche de ma famille qui ne me ressemble pas physiquement. C’était aussi l’occasion de m’introduire comme petit fils du chef de la tribu, de devenir des fils du ciel.
Le vent forcit et me fait frissonner. Je rentre, ferme la baie vitrée derrière moi. Dans le salon, les enceintes diffusent un titre de Sia. Je coupe la musique uniquement pour dormir ou quand je m’absente. Nous avions choisi ce terrain loin du tumulte de la ville pour sa quiétude. Je n’avais pas réalisé que vivre seul dans ce bloc de verre et de béton, c’était vivre avec le silence. L’absence de bruit reflète l’absence de vie. Je songe à prendre un animal. Ian n’a plus dormi ici depuis le départ de Mick. Je crève d’envie de l’avoir dans les jambes. Mais il n’a pas à combler ce manque qui me ronge.
De Mick, il ne reste plus que le contenu de son garage rapatrié dans la cave creusée dans la roche, du matériel de guerre essentiellement "au cas où" et une place vide dans ce qui fut notre lit. D’autres cauchemars ont pris la suite de ceux qui me hantaient.
(…)
Il y a quelques mois, nous avions discuté longuement de la proposition de Monroe. Cela ne me plaisait pas, mais Mick en parlait avec tant de conviction. C’était sa place, ce à quoi il était doué, une part de sa vie, de son héritage familial. Il avait tant fait pour moi, accepté toutes les facettes de mon âme. Je lui avais bien proposé une place dans la boîte d’architecture que je montais. Une section sécurité. Mais c’était peu de chose à comparer de ce qu’on lui offrait ailleurs. Je n’avais aucune légitimité à lui demander de renoncer à rejoindre l’Argus, cette organisation non gouvernementale. La reine rouge qui était à sa tête avait disparu. Cette femme austère qui avait montré bien peu d’émotion à son fils la première fois qu’ils s’étaient revus alors qu’il la croyait morte.
Nora Wayne avait disparu et Mick comptait retrouver sa trace en grimpant les échelons dans cette organisation secrète qui semblait vérolée de l’intérieur. Noble cause. Je lui avais donné ma bénédiction. À son tour, il se mettait en danger sans moi. À mon tour, je vivais dans la crainte de le perdre. Alors que je pensais avoir posé les briques fondatrices de ma vie, bâti un foyer solide, songeant déjà à l’élargir par l’adoption, la poutre maîtresse de mon ouvrage se désistait.
Quelque temps après ses premières missions pour l’Argus, Mick avait retrouvé sa mère. Une sorte d’instinct m’avait fait pressentir la suite. Était-ce dans ses absences de plus en plus nombreuses, de plus en plus longues ? Son regard absent quand il était avec moi ? Mais que dire quand l’enjeu dépasse notre vie ? Nora Wayne avait découvert un projet d’envergure visant à éliminer les surnaturels du pays, de la terre entière, au moyen d’armes de guerre spécialement conçues pour éliminer les gens comme moi.
J’avais demandé à en être puisque Mick s’y investissait corps et âme. Mais j’étais une cible, incompatible avec une organisation qui avait une manière de recruter bien singulière. Et si Argus se cachait du FBI, critiquant les méthodes de l’agence fédérale sur sa gestion des surnaturels, l’organisation militaire privée n’était pas mieux, pas plus empathique que le bureau d’état. Étrange de penser que ma propre mère travaillait aussi dans une section secrète visant à gérer les problèmes liés aux êtres surnaturels ou à leurs chasseurs. Mick et moi étions faits pour nous lier ou nous opposer ?
Un choix s’imposait à lui : travailler avec sa mère pour éviter le carnage à venir, situation incompatible avec une vie stable de couple et des liens qui rendent faibles, ou rester avec moi en sachant qu’il ne pourrait aider que partiellement la ville à se défendre ni aider sa mère qui lui a tant manqué. Dés pipés d’avance…
Il a parlé de sacrifice, de cause juste. M’affirmant que son passé le tirait en arrière et que puisqu'il m'aimait il ne pouvait pas me faire subir ça. La maison accrochée à la falaise devait être ma piste d'envol pour que je devienne l'homme accompli que je devais devenir selon lui. Qu’aimer c'est parfois laisser partir, pour que l'autre s'épanouisse véritablement ! Je me fane sans lui !
J’ai beau me dire que Mick œuvre pour la sécurité de tous, qu’il est un héros de l’ombre… Quand je me réveille en pleine nuit, seul dans cette immense maison, je me dis que tout ça, tous ces beaux discours sont de belles conneries. Qu’il faut avoir le courage d’admettre la lâcheté de ses choix.
Mon annulaire est à nouveau vierge de tout anneau. Il est quelque part au fond du ravin que la maison surplombe. Il n’avait pas volé longtemps avant de se précipiter dans l’abîme de l’oubli et de l’abandon. Parfois, je regrette de l'avoir balancé. Parfois, je regrette de ne pas pouvoir le jeter encore plus loin, plus fort.
L’avantage d’avoir peu de distraction est que j’avance vite sur mes projets professionnels. Je suis à mon compte et j’ai déjà quatre projets en cours. J’ai élargi mon offre aux rénovations et agrandissements de bâtiments existants. On a toujours besoin d’un architecte dès qu’on touche à une poutre ou un mur porteur. Cela me permet de croiser des gens.
La bouilloire siffle. Je regarde mon sachet de thé colorer l’eau dans mon mug. Sur la table traîne un courrier du notaire : mon père est maintenant propriétaire des parts de Mick sur la maison. Il me les cédera quand j’aurai l’argent nécessaire.
Papy moineau a décalé mon intégration à la tribu des Kawaiisu. Il considère que je ne suis pas dans de bonnes dispositions pour expérimenter l’herbe qui fait voler. Celle qui permet de projeter son esprit dans le corps d’un aigle royal. Il craint que je ne m’y perde.
Il n’a pas tort. À défaut de fumer : je travaille. Sia reprend son refrain, je ferme les yeux et danse sur le tapis moelleux du salon.
Fin du RP, d'une histoire et d'un lien magique. J'espère pouvoir continuer à faire vivre Chad. Il est de mes persos celui qui s'écrit presque tout seul, celui que je préfère. L’enjeu est colossal, on ne remplace pas aisément un partenaire de jeu comme Mick. Merci pour ces cinq années à construire une histoire magnifique.