Le cycle [FT Kadastrophe]

Tobias Rapier & Kada'an Ravewood

Le cycle

Tobias laisse son regard vagabonder sur ce monde de musique qui l'entoure. Dans cette petite boutique de Beacon Hills il sait qu'il peut régulièrement trouver son bonheur. On y vend de tout et surtout n'importe quoi. Mais parfois le britannique trouve une pièce rare, celle qui fait vibrer sa fibre artistique, coincée entre deux vieilleries dans le bac des invendus. Il glisse deux doigts contre arrête de la pochette d'un vinyle pour le sortir de son emplacement, sourit puis soupire quand d'un œil qu'il pourrait vanter d'être expert remarque une vilaine corne. Le professeur remet Nina Simone à sa place, tourne la tête en direction du fond de la boutique.

Derrière son comptoir une jeune femme aux cheveux bleus délavés pianote sur le clavier d'un ordinateur portable. Il est la cause de cet élan frénétique qui parcourt la propriétaire de ce lieu. Une femme qui fait tout pour permettre à son commerce de survivre dans un monde où l'on peut tout acheter en quelques clics sur internet. Ici il n'y a pas de stock, où alors si peu que cela ne suffit généralement pas à satisfaire les demandes excentriques de certains clients. Des clients qui se font rares, c'est une des raisons qui font que le professeur de littérature apprécie tant de venir dans cet endroit. Il est un mélomane, ne cherche pas à camoufler cette passion qui bien souvent apaise ses idées noires. Parfois il croise un de ses élèves dans cet endroit où l'air ambiant étouffe sous les fragrances envoutantes d'encens au patchouli. Un nez avisé ne saurait éluder celle plus controversée de la Marie-Jeanne que cette odeur tente de dissimuler. Même si cette drogue légère est légale en Californie, elle n'a pourtant toujours pas gagné l'approbation du plus grand nombre.

-Tobias je trouve pas. Même avec ton budget. J'ai une pochette collée 3 sur 5. Toujours pas tenté ?
-Si tu me vends une collée, je ne prendrais pas moins que la perfection.

La vendeuse ronchonne un peu, plus pour la forme que par réelle déception. Elle délaisse finalement son écran d'ordinateur, ne pose pas les questions qui pourraient être sources de conflit. Angela connaît bien son client, a d'ailleurs rapidement saisit que le caractère de celui-ci pouvait être décrit comme étant compliqué. La jeune femme prend même ce soin, celui de demeurer à une distance respectable du professeur. Elle non plus ne semble pas être une fanatique des relations sociales forcées. Elle ne parle que musique, parfois mentionne son chat. Jamais elle ne songe à envahir la vie privée de celui qui vient pourtant depuis de nombreux mois régulièrement écumer ses rayonnages.

-T'es prêt à payer combien pour ton Butcher ?

Tobias sourit, resserre un peu plus sa prise sur son trophée du jour. Dans sa main gauche une pièce facilement trouvable qui ne lui coûtera que cinq dollars. Un prix bien différent de celui qu'il est prêt à donner pour s'offrir un morceau de polémique à l'anglaise.

-Je dirais cinq mille. Peut être plus. Pas plus de huit, ce serait déraisonnable. Je vais bientôt à Londres, je verrais pour aller fouiller du côté de Camden.

Angela le sait déjà, elle lui a même confié une liste de choses qu'elle aimerait qu'il lui ramène de son voyage. Cela va des chaussures compensées à la hauteur démesurée à une tasse à l'effigie du dernier bébé royal.

-Tu m'embarques Istanbul ?

La jeune femme désigne d'un geste discret de la main ce qui se trouve toujours tenu dans celle du professeur. Ce dernier se contente d'opiner du chef en guise d'unique réponse. Il aime quitter cet endroit après s'être fait un petit cadeau. Un plaisir coupable. Un vice acceptable si on le compare à d'autres auxquels il est également la proie. Sans prononcer un mot de plus, uniquement transfiguré par cette envie de se faire un peu de bien, le chasseur se rapproche d'un bac où dort un autre vestige d'un temps ancien. Que pourrait-on imaginer de plus désuet qu'une vieille cassette magnétique ? Une de celles que les impatients rembobinaient avec un stylo. Le pire c'est qu'il paraît que cela se vend plutôt bien. Ce fruit de la ringardise est devenu au fil du temps vintage. Vintage, c'est ce nom qu'on donne aux choses anciennes lorsqu'on décide qu'elles ont été suffisamment moquées pour gagner le droit de redevenir à la mode.

Tobias bat machinalement la cadence du bout du pied au rythme des Turtles qui tournent en boucle depuis qu'il est arrivé il y a de cela une petite demie heure. La clochette au dessus de la porte d'entrée qui tintinnabule ne parvient même pas à lui faire redresser la tête pour découvrir l'identité du nouveau client. Sûrement un de ceux qui vient quémander un renseignement, qui va abuser de la patience d'Angela pendant trente minutes avant de rentrer chez lui pour ensuite engraisser un des géants du e-commerce. Il a déjà vu ce petit manège se mettre en place dans la librairie de son amant disparu. Dans ce monde bercé par l'apologie du progrès les gens ont oublié le savoir-vivre. C'est la voix de la nouvelle arrivante lorsqu'elle s'adresse à Angela qui lui fait enfin dresser la tête. Il délaisse sa contemplation mesurée qui s'était déposée sur quelque chose qu'il ne comptait de toute évidence pas acquérir. Tourne la tête, ravale son sourire apaisé quand apparaît la silhouette fine de la serveuse du Pink. La chevelure de feu de mademoiselle Ravewood est une de ces choses qui ne s'oublient pas. Tout comme cette scène qui s'est jouée dans son ancienne salle de classe il y a quelques mois.

️️clever love.

Le cycle

Assise à mon bureau, je regarde ma chambre. Chaque petit détail me fait sourire. À part quelques affaires que j’ai récupéré de la maison où je vivais, tout ce qui se trouve dans cette chambre m’a été offert par Willem et sa famille. Ce bureau, où je suis installé pour faire mes devoirs. Cette lampe qui éclaire juste ce dont j’ai besoin sans consommer une trop grande quantité d'électricité. Ce lit dans lequel je passe mes nuits depuis longtemps maintenant. Les décorations que Mady s'est amusées à dégoter dans des petites friperies. Puis, avec Willem et Keanus, nous les avions retapé en riant. À quel moment j’ai oublié tout ça ?
C’est le dernier jour de ma punition. Demain, je suis libre de sortir de nouveau. Je suis contente, et en même temps, je m’y suis fait à ses routines.

Mon stylo tape sur mon cahier ouvert, et je n’arrive pas à me concentrer sur mes exercices de chimie. Je me lève, et attrape une photo. Dessus, il y a la meute. Je souris en voyant la moue renfrognée de Tobias. Il a beaucoup changé et évolué depuis que je suis arrivé. Je la repose sur ma table de chevet et m’allonge sur mon lit. La faible lumière forme quand même des ombres sur le plafond et je finis par m’endormir.

C’est un “Le repas est prêt ! À table !” de l’apha qui me réveille. Je m’étire et me glisse hors du lit. J’inspire un grand coup et rejoins les autres déjà installés. Je m’assieds à ma place et le repas démarre dans la bonne humeur caractéristique de cette famille. Il faudrait vraiment que je le remercie.

-Willem, j’aimerais payer Monsieur Kiyomizu moi-même…

Il ne me répond pas vraiment pour le moment. Peut-être veut-il réfléchir plus au calme… Est ce que c’est une mauvaise idée que j’ai lancé ?

-Enfin.. Si tu veux bien.. J’ai un travail, et tu fais déjà beaucoup pour moi. Je peux bien me payer mes cours..

Après le repas, j’aide Mady à la vaisselle, nouvelle petite routine de ma punition que je ne vois même plus comme tel.. Je sais que Will m’attend avec le ballon de basket. Et même si je n’ai encore jamais gagné, j’y fonce dès que la dernière assiette trouve sa place avec les autres. Les garçons me regardent partir en riant. Je les ignore et retrouve Willem qui lance des paniers. Nous ne parlons pas vraiment. Notre conversation est plus spirituelle. On resserre les liens que j’avais égarés à cause de ma haine. À force de me prendre des murs, puis d’y foncer dedans volontairement, j’en avait oublié tout ça. La présence de la meute dans mon esprit est rassurante.

Encore une fois, après un 7-1, je dois me rendre à l’évidence que ce n’est pas non plus aujourd’hui que je vais le rattraper. Mais il y a de l’amélioration.

-J’ai quand même marqué une fois pendant ce match ! C'est un bon début ! Non ?

Il vaut mieux le voir de cette façon, j’imagine.. Jusqu'à présent, je n’avais réussi qu'à viser à côté du panier. Pour moi, c’est une minie victoire ! On retourne à la maison. Keanus tient le compte des victoires de son grand frère.

-Et bien Kada ? C’est comme ça que tu nous montres que tu es capable de gagner ? 20 défaites sur 20 matchs, c’est vraiment intéressant !

Il rigole, je grogne un instant, puis souris.
-Il faut bien que je m'entraîne ! En plus, j’ai marqué cette fois.

La discussion dure un petit moment, puis je me sens fatiguée. Je dis bonne nuit à tout le monde et part me coucher.

[...]

C’est le premier jour du week-end. Et surtout, mon premier jour de liberté. j'aimerais vraiment pouvoir faire un tour en ville. J’ai envie de voir si je ne peux pas trouver quelque chose à Will. Après mon petit-déjeuner, je retrouve Mady dans la cuisine. Je l’observe un instant, et l’aide à ranger ce qui n’a pas été fait hier soir. On discute un peu, puis je retrouve Will dans son garage.

-Est-ce que je peux aller en ville ce matin ?

Il me sort l'une de ses blagues habituelles et me dit de filer en riant. Même si je sais que ma punition est finie, il me semblait légitime de demander l’autorisation de sortir. Je me prépare pour faire quelques achats en ville. Ce sentiment de liberté retrouvé à un effet tellement agréable que je flâne entre les maisons, le museau en l’air. Cette sensation m’a vraiment manqué. Je ferme les yeux et commence mon lèche vitrine quand j’arrive dans le centre. Ne sachant pas trop ce que je cherche, j’essaie de me souvenir d’une discussion avec Will… Qu’est-ce qui pourrait lui faire plaisir…?

C’est en pensant devant une petite boutique de vinyle qu’un large sourire s’affiche. Sans hésitation, je rentre. Un son léger se répand dans la pièce, et je reconnais les Turtles. Je souris légèrement. Et fredonne le refrain dans ma tête. Il n’y a pas grand monde. Je ne fais pas attention à l’homme penché et concentré sur ce qu’il regarde. Son dos me semble pourtant familier. L’odeur vient malgrés moi à mon nez et je penche la tête. Monsieur Rapier ?

Je me sens un peu perdu dans tout ça. C’est la première fois que j’y mets les pieds. Pour le moment, je préfère laisser mon ancien professeur tranquille. La dernière fois qu’elle l’a vue, c’était pendant ce cours où il a dû usé d’une tactique pour faire évacuer la pièce. Je baisse la tête. Il faudra vraiment que je m’excuse proprement auprès de lui. Mais pour le moment, je m’approche de la vendeuse, aux jolis cheveux bleus.

-Bonjour.. j’aimerais faire un cadeau à mon père d'accueil. Où sont rangés les années 60 et 80 ?

J’hésite encore entre lui prendre les Rolling stone ou bien les doors' gun of rose. Le premier choix me plaît davantage, je l’avoue. Mais au cas où… Quand je tourne la tête, je vois le regard de Tobias qui a quitté les ce qu’il regarde pour me fixer.

-Bonjour Professeur. Je n’aurais jamais cru vous croiser ici.

Certes, il n’était plus prof au lycée. Mais je préfère le considérer comme mon enseignant. Sinon, comment ? Comme un chasseur ? Non, je ne voulais pas raviver de souvenirs pénibles. Tant que je ne serais pas remise, ça sera “professeur Rapier”. Je lui souris. La vendeuse me désigne les endroits demandés, mais je m’approche de l’homme.

-Vous aussi vous recherchez un vestige musical… ?

Tobias Rapier & Kada'an Ravewood

Le cycle

Il ouvre la bouche, un peu figé malgré lui lorsque son ancienne élève s'adresse à lui. Il n'aurait pas cru qu'elle ferait le premier pas pour tenter de lier une conversation avec lui. Leur dernière discussion, voir même leur unique échange n'avait rien de doux. La seule manière de définir ce qui s'est passé dans ce qui était encore sa salle de classe est une explosion de violence. Pur sentiment né de la frustration, de la fureur que sa souffrance mal dissimulée avait fait naître chez la louve. Pour ne pas passer pour un rustre en présence d'Angela, pour ne pas manquer de respect à cette jeune femme qui ne le voit que rarement autrement que sous son meilleur jour, l'anglais incline légèrement la tête avant de murmurer une salutation qui demeure muette. Cela semble convenir à la jeune louve qui délaisse la propriétaire de la boutique pour venir s'approcher de lui. Pour l'instant cette distance entre leur deux corps demeure tolérable, mais le chasseur se remémore sans mal les empoignades dont il a été la cible. Tobias se tend un peu tout en faisant son possible pour ne pas passer pour un étrange bonhomme. Un exercice ardu qu'il doute de parvenir à exécuter sans fausses notes.

Puis suit une question à laquelle il serait impoli qu'il ne daigne pas donner de réponse. Son vinyle toujours serré dans sa main gauche montre bel et bien qu'il est venu dans cet endroit pour se faire plus client que curieux. Son regard noir passe sur la louve, sa bouche s'ouvre en cœur pour laisser fuir une réponse qu'il souhaite aussi franche que possible.

-En fait Tobias vit quasiment ici. C'est dur de le faire déguerpir les mains vides... À moins qu'il ne vienne que pour profiter du chauffage. C'est ça Tobias ? Tu ne m'aimes que pour mes radiateurs ?

L'anglais serre les dents pour ne pas envoyer paître l'insolente disquaire un peu plus loin. Il lui conseillerait bien d'aller travailler au lieu de cacanner, mais il sait que la jeune femme passe parfois de longues journées à s'ennuyer dans sa boutique qui n'intéresse plus grand monde. Il force un rictus sur ses lèvres, fixe ces deux femmes qui semblent sur le point de prendre le train de la connivence pour mieux mettre ses nerfs à l'épreuve. Entre celle qui le tutoie depuis leur première rencontre, et l'autre plus respectueuse qui reste attachée à un terme qui pourtant ne définit plus leur relation mais uniquement son statut social, il ne sait de quel côté la balance pourrait décider de pencher. Pour couper toute envie de mutinerie avant que cette idée ne puisse effleurer l'esprit d'une de ces femmes, il ouvre la bouche pour faire cesser ce petit jeu avant que chacun ne prenne réellement connaissance des règles de ce dernier.

-Je viens pour t'aider à payer ton loyer ma douce Angie. Le dépeuplement de cet endroit pourrait faire croire que tu as mordu tes précédents clients.

Un vilain doigt à la sombre manucure se lève dans sa direction, Kada'an n'abandonne cependant pas son sourire amusé. Tobias retrouve son calme habituel, fixe son ancienne élève avant de questionner. Intrigué malgré lui par la quête de l'employée de son ami.

-Monsieur Shepherd s'apprête t-il à gagner une année de plus ? Ou bien est ce un cadeau inattendu pour embellir son quotidien.

Sa question ne demeure que peu de temps sans réponse. Tobias offre un de ses rares sourires à la jeune femme à l'entente de celle-ci. L'alpha ne doit avoir que peu d'occasions de se gâter ces temps-ci avec la proche arrivée de sa paternité. En tout cas pas de manière matérielle. Le loup a bien vite accepté la proposition de Tobias concernant ces vieux vêtements dans lesquels Alice ne rentrera plus jamais. Quand l'idée du genre des atours enfantins offerts avait été énoncée, l'anglais s'était contenté de prédire le fait que cet enfant ne resterait sans doute pas unique. Il est lui même le petit dernier d'une famille nombreuse et il lui semble avoir saisit que son collègue n'était pas non plus familier avec la notion d'enfant unique.

-Si vous voulez, je vous guide dans votre choix. Nos goûts musicaux m'ont paru être similaires quand il est venu chez moi.
-Oh tu connais son papa. Merde, tu as des amis !
-Ami n'est pas le mot que j'utiliserais instinctivement. Enfin bref. Willem a figé son attention sur le premier album des Doors quand il est venu avec Miss Jouve. L'année de pressage semble être identique à celle de la construction de son automobile. Mais je doute qu'Alessandro vous rémunère assez pour que vous puissiez vous permettre une telle folie. En cas de coup de cœur de votre part, je me ferais mécène de cette surprise si vous le voulez bien. Il suffira de ne pas lui dire, il risquerait de mal le prendre.

L'alpha est un mélomane averti, ce qui aux yeux de Tobias est une qualité qui mérite d'être soulignée. Ce qui pourrait représenter un gouffre financier aux yeux de la jeune Kada'an ne serait pour lui qu'une poussière dans ses relevés de banque. D'obscurs morceaux de papiers auxquels il ne comprend pas grand chose, mais qui servent à lui rappeler qu'il a les poches toujours aussi percées qu'à l'époque de l'université. En silence, il attend une réaction de la part de son ancienne élève. Même Angela ne pipe plus mot, preuve que l'instant est on ne peut plus solennel.

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Le cycle

Je respecte une distance raisonnable. Les battements de son cœur jusque-là stable, on eu un léger décroché. Faut avouer que la dernière fois, j'étais dans un état relativement instable et je l'avais beaucoup secoué. Ce douloureux souvenir me fait serrer les dents et j'essaie de me concentrer sur quelques choses de positif. Comme le fait d'être dans la maison d'une collection qui vaut des milliards, voire plus. Et d'une chère fragilité. La conversation avec mon ancien professeur ne pouvait donc pas être houleuse.

Je ne m'attends pas vraiment à une réponse de la part du chasseur. Il serre une pochette tellement fort. Comme si sa vie en dépendait. C'est tout à fait adorable. Il va me répondre, mais une voix féminine le coupe. La disquaire aux jolis cheveux s'exclame avec un profond amusement. Je hausse un sourcil, d'abord surprise. Je sais que c'est une blague, pourtant, je suis incapable de ne pas imaginer l'homme le plus taciturne que je connaisse, dormir au milieu de trésors d'une autre époque, serrant des Vinyles dans ses mains. Je me mords la lèvre pour ne pas exploser de rire, mais un raclement de gorge dénonce une moquerie que j'essaie de ravaler. Pas besoin de le connaître pour savoir qu'il n'aime pas être moqué.

Il semble y avoir un lien réel entre les deux adultes. J'observe Rapier, la tête pencher sur le côté. La réponse qu'il donne à la vendeuse montre qu'il ne veut vraiment pas qu'on se moque de lui. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de garder mon sourire narquois sur le visage. Mais je me retiens de faire une remarque. Je n'ai ni le statut social, ni la légitimité de lancer une pique à Tobias. Notre relation n'a rien d'amicale. Ça serait déplacé de ma part.

C'est donc un nouveau point que je note dans mon changement comportemental. Ma crise d'adolescence serait donc passée ? Ou la punition de Will à juste porté ses fruits ? Je ne pensais pas le professeur capable d'humour. Je fut donc étonné quand il me questionne. Sa remarque me dérobe un sourire sincère. Presque un rire.

-Comment ça ? Mais je pensais Willem déjà assez vieux... Non, ce n'est pas un cadeau pour marquer un an de plus de bêti.. de Viel.. d'âge. C'est plus quelque chose qui s'apparente à un remerciement.

Sa proposition me laisse alors interdite. Me conseiller ? Surprise, je ne sais pas quoi répondre. Je profite donc de la pique lancé par la fameuse Angie, même si je soupçonne là un surnom affectueux de la part de l'homme.. Après tout... Il vit ici parait-il... L'intervention de la dame me permet de remettre mes idées en place. L'image renfermée et associable que j'ai du prof vient de se déchirer un petit peu, montrant quelqu'un de plus ouvert.

-Vous feriez ça pour moi ? J'en serais ravie ! Je suis un peu paumée. Ce n'est pas le genre de boutique où je vais en général. Pourtant, c'est si fascinant... C'est dommage que je ne sois pas venue plus tôt..

Je regarde partout, autour de moi pendant qu'il répond à la femme. Puis l'écoute quand il change d'interlocutrice. C'est vrai que ce genre d'objet peu être cher. Sans doute une des raisons pour lesquelles Willem n'a pas ce qui lui donne des étoiles dans les yeux.

-Je sais bien.. Mon salaire sert en particulier pour mes cours et la participation à la maison. Mais j'ai hérité des biens de mon géniteur que j'ai ... Perdu.

Le regard que je lance au chasseur est lourd de sous-entendus. Je sais qu'il va comprendre mon allusion sans connaître mon histoire dans les détails. Il connaît mon dossier scolaire. Il sait que j'ai perdu ma famille dans des circonstances étrange. Sans parler des détails surnaturels, j'ai décrit ma vie avec mon père biologique à la direction. Et même sans rien connaître à mon passé, le terme utilisé pour parler de mon père est significatif de l'affection que je lui porte. Surtout après avoir qualifié Willem de "père d'accueil". Même si dans mon cœur, "accueil" est de trop.

-Enfin.. Ce n'est quand même pas des cent et des mille. Et je n'ai toujours pas réussi à vendre la maison. Si vous devez m'aider à repartir avec le cadeau parfait même si le prix dépasse mes éconmie; je refuse de ne pas rembourser d'une manière ou d'une autre.

S'il était disposé à mettre de côté sa méfiance a mon égard, alors je suis d'accord de ranger ma rancœur dans un tiroir fermé à clé. J'ai bien des défauts, mais j'ai appris au côté de la meute, que dans la vie rien n'est gratuit. Jamais je n'aurais cru que je puisse avoir ce genre de conversation avec cet homme. Pourtant, nous sommes là, et la voix sous un jour totalement nouveau. Commençant enfin à comprendre ce qu'Alessandro voulait dire lorsque j'ai appris qu'il était allé le voir à l'hôpital. Et qu'ils étaient proches.

-Je suis sincèrement désolée...

Je baisse la tête. C'est sorti tout seul. À peine audible, Tobias est assez prêt pour entendre. Peut-être pas Angie. Enfin, je l'espère. Une larme décide de voyager sur ma joue. Je la laisse faire de peur que mon geste soit vue par la femme derrière moi. En espérant que l'homme lui, ferait comme s'il n'avait rien vu ni entendu.

Tobias Rapier & Kada'an Ravewood

Le cycle

Il devine sans mal la réelle signification du mot perdu lorsque ce dernier est prononcé par celle qui était il y a encore peu de temps son élève. Ils partagent tout deux sur certains points un sombre passé similaire. Un vécu dont on se vante peu, car il n'a rien de glorieux. La tristesse, cette douleur d'avoir perdu les siens peut rendre malléable, ouvre des portes à une folie sanguinaire dont il est difficile de s'éloigner. Tobias connaît l'appel du sang, ce besoin de se savoir doué du jugement de vie ou de mort sur son prochain. Il a apprit à vivre avec ça et n'éprouve au final que peu de remords lorsqu'il songe à cette vie qui a longtemps été la seule qui méritait d'être vécue selon lui. Il ne pipe mot, demeure aussi droit qu'une statue de cire à l'entente de dires de la jeune louve qui a déjà fait preuve d'instabilité en sa présence. L'anglais ne sait pas où en est la tempétueuse jeune femme dans sa relation avec le contrôle, c'est donc pour cela qu'il se refuse à jouer avec le feu qu'elle représente à ses yeux. Si un drame doit se produire ce ne sera pas dans cet endroit qui doit rester calme. Il veut préserver Angela et la tranquillité d'esprit que lui offre cette petite boutique oubliée du plus grand nombre.

Son sourire n'est plus qu'un souvenir quand la jeune femme lui promet de le rembourser s'il devait débourser quelques dollars pour lui venir en aide dans sa quête. Il se contente d'opiner du chef, serein. Le tueur n'a pas besoin d'être doté d'oreilles surnaturelles pour juger de la sincérité de la demoiselle. Il songe au fait que dans cet endroit, il y a de quoi satisfaire tout les budgets. Angela ne conserve que peu de pièces de grande valeur dans sa boutique car acheter des vinyles à prix d'or sans être certaine de pouvoir leur trouver un nouveau propriétaire mettrait encore plus à mal les finances déjà faiblardes de la disquaire. Sans un mot de plus, il laisse son regard noir parcourir les environs. Angela retourne derrière son comptoir, comprenant que ce qui est habituellement son office sera aujourd'hui remplit par celui qui doit être un de ses plus fidèles clients.

Mademoiselle Ravewood ouvre la bouche, se fait surprenante une fois de plus. Cette jeune femme est bien moins prévisible que la plupart de leurs congénères. Elle titille l'esprit du britannique lorsqu'en faisant preuve d'un naturel désarmant, elle choisit de présenter ses excuses. Tobias ne comprend pas le but de la manœuvre mais sait immédiatement que face à un tel comportement, le silence est encore la meilleure des réactions. Il se contente de faire comme s'il n'avait rien entendu, comme si cette larme qui glisse à présent le long d'une des joues de le louve n'existait pas.

Toutefois il ne peut ignorer ce qui vient de se passer, ce qui vient d'être prononcé. Angela ne semble rien percevoir de ce murmure embarrassant, sinon il est certain qu'elle aurait ajouté son grain de sel dans cette histoire.

Ou peut être pas. Cette petite créature aux cheveux décadents sait se faire discrète, c'est une des qualités que Tobias préfère chez cette jeune femme. Cette aisance à se montrer capable de faire preuve d'une familiarité désarmante envers son prochain, tout en conservant constamment une certaine retenue. Elle ne sait que peu de choses de son client, l'imaginait il y a encore quelques mois professeur de musique avant qu'il ne lui précise qu'elle était sa matière de prédilection. Tobias redonne toute l'attention qu'elle mérite à son ancienne élève, décide de faire l'impasse sur ces quelques mots qu'elle vient de chuchoter. Ces excuses sont sûrement étroitement liées à ce qui s'était passé dans cette salle de classe. Un drame évité de peu que l'anglais a décidé d'occulter une fois rentré chez lui ce jour là.

Tobias opte pour une manœuvre d'évitement qui a déjà fait ses preuves. Il pointe du doigt un des bacs de la boutique, celui qui est près de l'entrée. Son favori.

-Ceux là sont les occasions. Ils sont rarement en parfait état, mais parfois on y fait d'agréables rencontres.

C'est généralement le premier endroit qu'il passe au crible quand il vient chez la disquaire. Parfois Angela met de côté ce qu'elle juge être dans le spectre des préférences de son client. Le britannique guide son ancienne élève vers le bac, lui désigne un des côtés de celui-ci, tout en commençant à bouger les délicats objets à la recherche de quelque chose qui pourrait ravir son ancien collègue.

-Les vinyles se touchent du bout des doigts pour s'aimer du fond du cœur.

La jeune Kada'an se fait elle aussi emprunte d'une certaine douceur quand elle ose toucher une première pochette, pour la faire glisser et ainsi mieux en dévoiler une seconde. Tobias agit, cherche dans ces titres plus ou moins connus celui qui pourra ravir l'alpha. Ils ne s'aiment pas beaucoup et cela lui convient parfaitement. Mais il doit avouer que Shepherd a su faire preuve de tact et de diplomatie lorsqu'il lui a annoncé la vérité sur le triste sort de Wesley. Ce jour là Tobias n'avait pas envie d'écouter, voulait juste que ce monde fou qui lui arrache les siens depuis des années cesse de tourner. Qu'on lui permette de laisser éclater au grand jour cette douleur qui était la sienne, une douleur qui depuis s'est muée en regrets. Une souffrance sourde qui ne le quitte jamais totalement. Il ne sait de quoi aurait pu être fait un futur où la vie ne lui aurait pas dérobé son doux amant de manière prématurée. Ils étaient différents, sans doute trop comme l'a déjà sous entendu Alessandro. Mais Tobias avait envie d'y croire. Il y croyait avant que le destin ne lui arrache ce nouvel espoir.

Il serre les dents pour forcer ces tristes songes à le quitter, puis ouvre la bouche.

-Angela n'a sans doute pas le pressage de 67 des Doors. Mais elle peut aussi commander. Ce sera une idée à garder et à mettre de côté pour une prochaine fois. Monsieur Shepherd aime les classiques, sans aucun doute en leur offrant une réelle affection. AC/DC, Radiohead, Blur, les Stones... Les Beatles peut être moins. Personnellement j'adore les Beatles, ils sont mon péché mignon et s'adaptent très bien au piano. ABBA aussi est amusant à réinterpréter en tant que pianiste. Ma fille aime beaucoup ces moments où je reprends Chiquitita pour elle.

Il met machinalement le second album d'Oasis de côté. Au cas où, même s'il ne fait pas parti des groupes qu'il vient de citer. Même s'il n'est pas sorti durant les décennies recherchées par la louve. Dans le pire des cas l'objet retrouvera sa place un peu plus tard, mais pour l'instant le chasseur ne veut fermer la porte à aucunes des possibilités qui pourraient s'offrir à eux.

-On peut donc en déduire qu'il aime le rythme. Je pense qu'un des bébés de Wham! lui ferait tout drôle, mais nous pouvons tout de même envisager de le surprendre avec de la nouveauté. Et vous Kada'an, avez-vous un genre musical de prédilection ?

C'est tout naturellement qu'il use du prénom de la jeune femme, dans cet endroit manier les convenances autrement lui semblerait presque choquant. Et puis, vu le caractère de la jeune femme, il ne doute pas un instant que si sa prise de liberté devait être gênante, elle lui signifierait rapidement.

️️clever love.

Le cycle

Si le chasseur à une qualité indéniable, c'est bien celle de ne pas s'occuper des affaires des autres. Contrairement à moi qui foncent dans tout ce qui ne me regarde pas. C'est donc sans réelle surprise qu'il fait preuve d'une ignorance presque impériale à mon murmure sorti seul. C'est sincère. Je suis désolée. Mais ce n'est pas l'endroit et encore moins le moment de ressortir des souvenirs douloureux. Sans que ça n'émerge hors de ma bouche, je remercie Tobias et me gratte la joue pour faire disparaître la marque humide qu'a laissé la goutte d'eau.

Très vite, sans doute pour oublier lui aussi, il trouve le sujet de conversation parfait. En me montrant des pochettes qui ne sont pas forcement toutes neuves. Ou du moins, qui présentent quelques défauts suite à la manipulation des gens. Je ne pense que Will soit un homme qui regarde réellement si un coin est corné ou si une tache est présente sur la pochette du Vinyle. Il préférera assurément un groupe qu'il adore avec une pochette abîmé. Pas sûr qu'il soit satisfait que je dépense une fortune pour un disque de rené la taupe à 400 €. Même dans l'état le plus parfait que l'on puisse imaginer. Sinon, il ne serait pas le bohème marginal qui m'a accueilli.

-Je pense que Will ne fait pas trop d'attention à une pliure tant que la musique lui plaît.

Je suis donc le chasseur devant les vinyles d'occasion. Je n'ose pas toucher de suite. Avec délicatesse je regarde les titres, les couleurs de pochettes ainsi que l'ambiance. Chacune a son histoire, et étrangement, se sont des objets qui appelle naturellement à la douceur. La remarque emplie de poésie de mon ancien professeur me fait un effet reposant sur le cœur. Il semble mélancolique et sa voix pourtant grave est emplie d'une délicate légèreté.

Je n'ose rien dire pour le moment. Peur de casser l'ambiance dans laquelle m'a plonger cette simple phrase. Je continue donc en silence mon inspection. Sa réfléxion est exacte dans le sens littéraire du terme et dans le sens symbolique. Sa profession est donc aussi une passion. Qui aurait cru que le chasseur pouvait être aussi sensible... ?

-En effet, Willem aime les Rolling Stones ! Une fois, on a discuté et ce sont les Stones et les Doors qui sont les plus sortis dans la conversation. Je suis venue avec ces deux titres en tête. Il y en a tellement.. Dites professeur, qu'est ce que c'est un pressage ?

Certes, les habitudes ont du mal à partir. Cette fois, c'est tout naturellement que j'ai utilisé son ancien statut pour lui poser une question. La seule chose que j'espère, c'est que ça ne le dérange pas. Après tout, il n'est plus mon prof. J'écoute sa réponse avec attention. Il enchaîne avec la suite de son raisonnement. J'ignore si la nouveauté est une idée raisonnable. Après tout, je suis sure de deux groupes.. Pourquoi partir sur quelque chose d'incertain ?
Mais en regardant ceux qu'il met de coté, peut-être que ça ne serait pas mal finalement. Je ne suis pas venue avec l'idée de faire un cadeau attendu...

-Votre fille à de bons goûts. Je suppose que son papa en est un peu la cause.

Oui, j'avais un temps de latence pour cette réflexion. Mais il m'a fallu un long moment pour me souvenir du rythme de Chiquitita. J'avais donc fait aucune réflexion pour ne pas paraître inculte.

-Mon genre de musique ? Imagine Dragons. Back Visions étant mon album préféré.

Ce n'est pas un groupe qui a bercé mon enfance. Ils n'avaient pas encore édité leur premier album quand ma famille fut tuée. Mais ce sont eux qui m'ont permis de survivre ensuite. Je me suis accroché à ce style de musique comme une moule à son rocher même si je n'en parle pas vraiment. Mais cette fois, c'est sortie tout seul. Sans réelle attente. Je n'ai pas eu à réfléchir à la réponse. La voix de Dan Reynolds à un effet reposant et rassurant depuis que j'écoute leurs chansons.

Tobias Rapier & Kada'an Ravewood

Le cycle

Bon, la nouveauté ne semble pas être dans les prévisions de la jeune femme, Tobias remet donc Oasis à sa place à grand renfort de gestes méticuleux. Les Stones paraissent être une base sûre à suivre. Il maîtrise lui même le sujet et ne doute donc pas d'être en capacité de trouver ce qui pourra faire naître un sourire sur le visage de son collègue. L'anglais peine toujours à croire qu'il vient de se proposer, et cela en faisant preuve du plus grand des naturels, pour aider dans une quête dont le seul but est de réjouir celui qui il y a encore quelques mois avait toutes les qualités d'un ennemi dans son esprit.

La louve ne perd pas une minute avant de citer une référence musicale qui est inconnue à son ancien professeur de littérature. Il redresse l'échine avant de poser un regard noir où pointe l'incompréhension sur Kada'an. Bouche ouverte, il avoue finalement qu'en musique, comme en toute autre chose, il possède quelques lacunes.

-Je ne connais pas ce groupe.

Nul n'est plus con que celui qui pense tout savoir. Cette phrase rythme sa vie depuis des années. C'est même en ces quelques mots que se sont résumées ses brèves tentatives pour rassurer les craintes de l'alpha de la jeune femme au sujet de sa future paternité. Longtemps, trop longtemps l'anglais s'est lui même pensé au dessus du lot de ses congénères qu'il pensait négligeables et bien souvent stupides. Certes tout n'a pas changé, il pense toujours son prochain idiot tant qu'on ne lui offre pas la preuve du contraire de cet état. Mais... Il sait à présent que la vie est capable de le surprendre. Rarement de la bonne manière. Derrière son comptoir, Angela note le manque de culture musicale de son plus fidèle client. Adieu les Turtles, bonjour la nouveauté.

-Tu te coucheras moins con ce soir.

L'anglais ne prend pas cette peine, celle de lever les yeux au ciel pour montrer sa désapprobation à l'entente de cette familiarité excessive qu'on lui a toujours décrite comme étant malvenue. Il se contente de se laisser porter par cette voix douce qui envahit soudainement la petite boutique. Du calme, pire même un rythme qui pourrait presque donner des envies de méditation au vieux bougon qu'il est depuis le jour de sa naissance. Dans ce cas précis les instruments ne se font pas musique, mais simple berceuse pour cette voix qu'il ne saurait imiter. Une écoute inattendue qu'il devine pouvoir renouveler une fois chez lui, le soir quand le sommeil se dérobe à lui pour mieux laisser des songes sinistres l'envahir. Cette fois son pied ne bat pas la mesure. Il préfère naturellement à cette douceur des sonorités plus rock, plus tranchantes. Des rythmes saccadés où les voix jouent un tout autre rôle. Le regard de son élève croise le sien. Le visage muet d'expression du britannique s'ouvre pour cette dernière.

-C'est agréable. Pour dire vrai j'ai loupé quinze années d'expression musicale. Et ce constat est valable pour bien d'autres choses.

Ce manque ne le trouble pas. Il doute que cette longue période coupé du monde et de son hyperactivité constante ait pu lui faire perdre beaucoup de bonnes choses. Il sourit soudainement quand derrière un vinyle que personne n'achètera à Angela, il aperçoit une pochette colorée qu'il connaît bien. Les Rolling Stones sont partout. Cette pochette bigarrée, il en est lui même le propriétaire. Dans son cas elle dort dans une chambre d'adolescent qui est toujours la sienne à Amberley. Il attrape le délicat objet, vérifie que son ancien propriétaire s'est fait assez méticuleux pour éviter que son contenu ne s'échappe de son écrin de carton. C'est le cas et cela suffit à le réjouir.

Il tourne l'objet pour en découvrir le prix. Presque choqué à la vue de celui-ci, il raille immédiatement Angela.

-24 pour Rewind ? Ta berlue ne s'arrange pas Angela !

La jeune femme les rejoint sans se presser, attrape le vinyle pour en lire elle aussi le prix. Certes l'objet est en bon état mais cela n'excuse pas tout. Cela reste une simple compilation, qui même si elle s'est vendue en grand nombre ne demeure pas moins être un objet assez bas de gamme si on le compare à d'autres.

-C'est un bon prix.
-Le mien ne m'a pas coûté plus de 6 livres à l'époque.
-C'est une bonne compil.
-C'est justement là que réside le problème. C'est une simple compilation.

La louve assiste à cette scène qui n'est malheureusement pas isolée. Tobias ne quitte jamais cet endroit en ayant payé le prix fort.

-Pas moins de 22. Il est en bon état.
-Pas plus de 16. Nous ne sommes pas des pigeons.

️️clever love.

Le cycle

Je suis étonnée que Mr Rapier ne connaisse pas. Mais en même temps, ce n'est pas du tout le style qu'il semble apprécier. Une petite fierté secoue mon subconscient, mais je le cache dans un sourire sincère.

-Nous sommes faits pour apprendre tous les jours de toute façon ! Ça ne serais pas drôle si nous connaissions tout. Pas vrai, Professeur ?

La réflexion de la vendeuse est un peu osée faut se l'avouer. J'espère voir la mienne apaiser l'esprit de l'homme et ferme les yeux quand ma chanson favorite remplace les Turtles. Je me laisse bercer par la voix du chanteur. Demons est une chanson que j'ai toujours affectionnée plus que les autres. Je me perds dans mes pensées lointaines. Les souvenirs glissent dans ma tête. Certains sont agréable, comme ceux de mon grand frère. D'autre beaucoup moins me font grincer les dents. Je préfère me re concentrer sur ma famille. Heureuse.

When you feel my heat
Look into my eyes
It’s where my demons hide
It’s where my demons hide
Don’t get too close
It’s dark inside
It’s where my demons hide
It’s where my demons hide

Ses paroles, me correspondent tellement. J'ignore pourquoi elles me rendent si mélancolique. Mais chaque note, chaque sonorité, me rappelle un instant de ma vie. Quand je rouvre les yeux, c'est lorsque la voix de Tobias me sort de cet état de transe.

-En effet, c'est vieux de 2008 donc si vous avez loupé toutes ces années, vous ne devriez pas connaître.. Je suis contente que ça vous plaises assez pour trouver cela agréable. Et je suis heureuse d'avoir fait découvrir ce groupe à quelqu'un.

Pendant qu'il cherche encore un vinyle qui pourrait correspondre à mes choix pour Will, je regarde sans vraiment attendre quelques choses. Il y a tellement de choses qu'il est possible de rien trouver comme de tomber sur plusieurs pépites. C'est ce moment que choisi l'homme pour sortir une pochette que je ne connais pas, même si je vois très bien le nom du groupe. Les Rolling Stones. Je souris, mais sursaute quand il s'exclame sur son outrance envers le prix. S'en suis alors une rixe verbale et un marchandage de prix termine la conversation sur une note salé de la part du Prof. N'étant pas sûre d'avoir mot à dire, je fixe la pochette, puis les deux adultes qui s'observent encore.

-Je ne connais pas bien la valeur de tout ça.. Alors je vais faire confiance à Monsieur Rapier.

Je n'ai pas très envie d'être un pigeon. Et je pense que l'homme connaît cet endroit et la vendeuse. Il ne doit pas vouloir perdre face à la jeune femme et si de mon côté, je peux avoir quelque chose de moins cher... Autant aller en ce sens. Même si je comprends qu'elle doit avoir un minimum de revenu...

-Dites Professeur, vous pensez réellement que c'est beaucoup ?

Je murmure, sans m'en rendre compte. Est ce un doute que j'ai sur le fait que c'est vraiment cher, ou est-ce car je veux me rassurer vis-à-vis de la vendeuse ?

Sujet: Re: Le cycle [FT Kadastrophe] Lun 4 Jan 2021 - 10:40

Le cycle

Feat : Kada'an

Son ancienne élève se range de son côté dans cette rixe verbale qu'il se refuse à perdre. Un combat sans merci dont il rejoue les bases à chaque fois qu'il se rend dans cette petite boutique. Parfois il gagne, mais la plupart du temps il offre à Angela la victoire finale. Ces quelques dollars qu'elle parvient alors à lui dérober terminent dans le tiroir caisse de la jeune femme. L'homme se sait aisé et si à une époque de sa vie se montrer pingre lui permettait d'avoir de quoi régler son loyer à la fin de la semaine, il peut aujourd'hui se faire généreux et ce sans risquer de se retrouver à sec sur un plan purement financier.

Il est tout à fait logique que la jeune Kada'an se range ainsi à l'avis de l'anglais. On aime rarement payer plus qu'il n'est nécessaire de le faire. La louve ignore sans aucun doute le montant réel de ce que le chasseur tient toujours en main, brandissant la pochette et son contenu sous le regard clair de nymphe aux cheveux bleus qui tient les rênes de cet endroit. Il force le trait, se fait plus théâtral à chacune de ses relances au sujet de ce prix indiqué qui n'est finalement pas plus audacieux qu'un autre. Un sourire amusé aux lèvres, il se tend pour gagner en hauteur. Fier malgré lui de la confiance que la rousse lui porte en cet instant. Habituellement il n'a que faire du jugement de ses pairs, mais dans cet endroit, dans une telle situation, il se sent pousser des ailes.

Mais son sourire se fige lorsque son ancienne élève, habitée par un sursaut d'honnêteté lui demande si le prix qu'il tente d'arracher à la disquaire est juste. Le mensonge répugne naturellement Tobias, bien plus que ne le fait l'idée de donner à Angela ce qu'elle leur réclame. Oh évidemment il pourrait renier un des rares principes justes qu'il chérit encore, mais nul doute que son cœur trahirait bien vite le fond de sa pensée. Il se passe la langue sur les lèvres, sachant déjà que ce silence qui est le sien ne sert à rien, sinon à affirmer qu'il est en tord dans toute cette histoire. Angela le regarde étrangement, une lueur, celle du défi brillant dans le regard de cette dernière.

-Et bien...
-Il est loin d'être un pigeon mais a tout d'un vautour. Regarde, ils lui ont même laissé le bec.

Une taquinerie au sujet de son appendice nasal, fatalement plus navrante qu'amusante même s'il doit avouer que celle-ci n'est pas la pire qu'il ait pu inspirer à ses congénères. Bien rares sont ceux qui osent se prêter à ce petit jeu à voix haute. Plus rares encore sont ceux qui se permettent cette fantaisie mal placée en sa présence. Tobias fronce le nez, ne faisant que le rendre plus proéminent qu'il ne l'est naturellement. Il pourrait reprendre la disquaire pour ne pas perdre la face devant la louve qui se fait spectatrice de leur petite joute verbale, mais cela irait à l'encontre des manières dont il use lorsqu'il vient visiter ce lieu de paix.

-Nous pourrions dire que ce prix qu'Angela nous impose n'est pas le plus injuste qui soit.

Ces quelques mots lui écorchent la bouche, égratignent sa fierté de négociateur avisé. Les deux jeunes femmes conservent le silence, lui laissent ce qui semble être le dernier mot. Le brun lève les yeux au ciel avant d'officiellement conclure cette transaction.

-22 dollars n'est pas un mauvais prix.
-Ah ! Angie gagne un point et Picsou termine à zéro, comme d'habitude ! Tu as voulu faire le rigolo devant ton élève espèce de filou.

Il laisse la commerçante rejoindre son comptoir, celle-ci étant déjà prête à encaisser les quelques dollars que vont lui apporter ces maigres ventes qu'elle vient de faire. Venir ici tient du jeu de hasard, parfois on y trouve son bonheur pour un prix à trois chiffres, et bien souvent on repart les mains vides. Angela connaît les tendances musicales qui font vibrer l'âme d'artiste de son fidèle ronchon de client. Parfois quand il vient dans cet endroit, une surprise l'attend dans la réserve. Tobias n'est pas un animal doté d'un naturel sociable, mais dans certaines situations il apprécie ce contact humain que rien ne peut remplacer. Il ouvre la voie à son ancienne élève d'un geste de la main, tend le vinyle à la jeune femme de l'autre.

-Je pense que votre père, enfin Monsieur Shepherd apprécierait cet endroit. Vous devriez penser à l'emmener avec vous la prochaine fois.

:copyright:️ Fiche par Mafdet Mahes

Sujet: Re: Le cycle [FT Kadastrophe] Dim 24 Jan 2021 - 7:50

Le cycle

Mon ancien professeur ne semble pas ravi de ma question. Si un sourire fier s'était affiché sur son visage quand je me suis rangé de son coté, il a vite perdu quand une maudite honnêteté de ma part à refait surface. Ça doit être l'effet remise en question que je travaille depuis le début de ma punition. Je penche la tête sur le côté, confuse quant à la remarque de la vendeuse. Soit ils sont très proches, soit elle prend des libertés importantes à l'égard du chasseur. Le respect que j'ai malgré moi envers mon prof m'empêche de faire une autre remarque qui pourrait rendre la situation plus compliquée qu'elle ne l'est peut-être déjà pas. Mon coté nomade m'a éduqué de manière où le physique n'est jamais et ne sera jamais une raison pour se moquer.

-C'est un oiseau intéressant le vautour. Il a un rôle important pour débarrasser des indésirables..

J'ai conscience de la définition négative du vautour quand on parle d'un humain. Il n'empêche que ça n'enlève pas le rôle principal de cet animal dont le rôle est crucial pour l'écologie et la disparition de carcasses. Mais il se peu que ma phrase est un second sens en rapport à son rôle de chasseur. Il me semble que s'il tuait tous les loups, je ne serais pas là, avec lui à acheté un cadeau pour un alpha.

Suite au cours qui a dérapé, je me suis rendu compte que je ne lui en voulais plus vraiment pour la mort de Maxine. J'avais compris que c'était un accident et que Monsieur Rapier ne l'aurai pas tuer de sang-froid. J'en ai tué des innocents moi aussi. Bien plus, et bien plus jeune. Et en totale conscience de ce que je faisais. Maxine ne rentre donc pas de le sac des "indésirables"..

J'offre un sourire innocent à Tobias quand il m'informe que le prix n'est pas si injuste. Je ne commente pas. Ne sachant pas vraiment quoi répondre, je me contente d'étirer les lèvres.
On suit la disquaire jusqu'au comptoir après avoir fixé le prix à 22 $. Angela est contente d'avoir gagné une partie de la partie, mais Tobias à aussi réussi à baisser le prix. J'aurais très bien pu le prendre à 24, ce n'est pas une grande différence. Mais ça fait plaisir au professeur d'avoir marchandé un peu.

Devant la caisse, je sors mon argent. J'ai l'appoint, je n'ai pas à sortir ma carte de crédit.

-Oui, vous avez raison, je pense que Will aimera beaucoup cet endroit. Merci pour votre aide... J'espère que ça lui plaira !!

Je souris à Angela quand on échange l'objet et l'argent. Je suis contente d'être tombé sur Tobias qui a trouver ce vinyle.

-Au revoir. C'était un plaisir.
Et c'est vrai. Je salue l'homme et la femme. J'a ce que j'ai besoin. J'ignore si le chasseur me suit où s'il reste dans la boutique. Moi, je rentre à la maison...

{Fini pour Kada}

Merci pour ce petit rp ! il m'a beaucoup aider à reprendre Kada'an en main Le cycle [FT Kadastrophe] 547995352