Brumes du Passé : Loup Alpha Meute & Clan : Hale's Pack Âge du personnage : 31 ans
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Sujet: Re: Les protecteurs Mer 10 Aoû 2022 - 14:48
Les protecteurs
Je sursaute avec les autres quand Ian pose la boîte à bijoux que lui avait offert Ruby. Je sais ce qu’elle contient. Et ce que mon cousin énonce avec la candeur de son âge me noue le ventre. Il cherche mon approbation, je ne peux que lui sourire faiblement.
Alex se trouve bien embarrassé d’un tel présent. Il cherche de l’aide du côté de Brian. Je réalise à quel point le flic a pris de l’importance à ses yeux. Doux et solide sont les adjectifs qui qualifient, selon moi, le policier. Une ancre stable pour mon ami constamment dans le questionnement.
Je le vois tempérer d’une simple inclinaison de la tête. Je ne sais que penser de l’offre de Ian et sa justification. Des cauchemars, il en fait souvent depuis le départ de Ruby et encore plus de puis celui de Peter. Il connaît le Nemeton que ses parents ont trouvé logique de « présenter ». La souche est indissociable de notre histoire familiale. Mais de là à affirmer que l’arbre communique avec lui… Seulement, je dors mal aussi. Ma logique d’adulte me ramène aux faits, à notre situation qui s’approche à celle d’un double deuil.
Ian a-t-il raison ? Que le Nemeton tente de lui dire en rêve ce que mon esprit cartésien rejetterait d’emblée ? Qu’il reste un reliquat de magie dans la mèche de cheveux n’est pas une idée farfelue. Mais si tout cela n’est que le reflet de l’imaginaire de Ian, se séparer de ce talisman est-il une bonne chose ?
- Je crois qu’il vaut mieux ne pas prendre de décision hâtive. Je veux que nous prenions tous le temps de nous reposer, d’abord. Si tu changes d’idée, Ian, on trouvera une autre solution. On en trouvera peut-être même une malgré tout. Je pense que les cheveux de Ruby sont importants pour toi, n’est-ce pas?
Alex pose le problème simplement avec respect pour Ian. Cet enfant va mûrir trop vite avec cette épreuve. Entouré d’adultes, comment peut-il vivre son enfance ? Mon ami fait une autre proposition : aller voir le Nemeton pour lui demander de laisser Ian dormir en paix. Cela peut être bénéfique, que la souche soit à l’origine de ses cauchemars ou pas. Je regarde Alex avec une lueur d’espoir, même si cette action ne se révèle qu’un placebo, Ian en a besoin, moi aussi car je connais la puissance de la souche.
- J’aimerais vraiment que tout soit réglé avant... - Avant quoi ? demandé-je inquiet 'un autre problème. - On veut faire un voyage de voilier, tous les deux. Je veux être certain que tout soit en ordre ici, pour partir l’esprit tranquille. Mais là n’est pas la question. - Oh !
Je n’ajoute rien pour ne pas devenir hypocrite. Si les jolis projets d’Alex me réchauffent le cœur pour lui, je m’en contre-fiche un peu. Disons que je ne suis pas au meilleur de ma forme pour être le meilleur des amis.
- Donc. Le Nemeton …
Ian se tortille sur les genoux. Il est fatigué, mais le sujet de la conversation lui importe. Sacrifier ce souvenir de sa mère est rude, mais ça peut aussi l’aider. Nous aider. Une idée me vient.
- Dans l’absolu, ça serait la magie contenue dans la mèche de cheveux qui trouble l’équilibre entre notre monde et celui de Ruby. Les cheveux restent être simplement du capillaire.
Je me gratte la tête pour me donner le temps d’ordonner mon idée.
- Je propose que vous prenez la boîte avec la mèche et que vous allez voir le Nemeton avec. L’arbre acceptera bien d’arrêter d’ennuyer Ian la nuit avec cette offrande. De ce que j’ai compris de ses capacités, il doit pouvoir extraire la magie des cheveux, la réinjecter là où elle doit aller tout en laissant la mèche intacte. Récupérer la boîte et son trésor nous donnera une excuse pour aller te visiter chez toi.
Je regarde Ian qui opine de la tête. Je ne le formule pas, mais j’espère qu’Alex n’imagine pas que je me dérobe à cette tâche. Je veux éviter à Ian qu’il imprime ce genre de souvenir.
(…)
Alex et Brian sont partis après avoir embrassé Ian. Mon cousin s’est écroulé de sommeil pendant que je le ramenais dans son lit rattrapé par la fatigue. Je suis resté longtemps à le veiller, jusqu’au SMS rassurant d’Alex. Les jours prochains diront si tout est rentré dans l’ordre.
Le programme de vacances de mon voisin me revient en tête. J’aurais bien besoin de congés aussi, de partir. Mais où aller avec Ian ? Est-ce qu’il ne faudrait pas que j’embarque quelqu’un avec moi ? Chad ? Jay ? Je l’imagine mal s’encombrer d’un enfant. Quoi que je ne le connais pas assez pour le certifier ni que ça l’intéresserait. Mafdet ? Pas question ! Andy ? Son mec n’apprécierait pas.
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Sujet: Re: Les protecteurs Dim 18 Sep 2022 - 20:09
Les Protecteurs
Feat. Brian O'Conner Derek Hale Ian Hale
Alex réalisait bien qu’il en avait trop dit. Que son faux-pas avait inquiété Derek, et risquait de le froisser de par la frivolité de sa précédente déclaration. L’agitation de Ian, outre ses propres tourments, semblait bien manifester la nervosité du groupuscule. Alex l’observait dans un silence tourmenté, attendant que l’un des deux autres hommes ne rompe la suspension des mots, comme un câble tendu tranché par la hache d’un bourreau.
Ce fut Derek qui s’y sacrifia. Alex haussa un sourcil, puis l’autre, et soupira en les ramenant en position neutre. Le loup avait abordé le sujet sous un angle différent, et rassurait le druide par la pertinence de son intervention, et le potentiel mitigé de l’influence que cela pourrait avoir sur l’avenir de son cousin. Les cheveux n’étant potentiellement qu’un vaisseau physique de la magie de Ruby, il est possible que le néméton puisse l’en extirper la magie sans altérer la mèche.
Derek marqua une pause, davantage bercée de quiétude, que son couple d’amis n’interrompit pas. Le langage corporel de l’alpha indiquait plutôt clairement qu’il cherchait surtout à trouver le mot juste, et non pas offrir le micro à ses congénères. Alex hocha solennellement de la tête à la proposition de son amical voisin. S’il comptait déjà se rendre au néméton, qu’est-ce que cela lui coûterait de plus d’en profiter pour offrir la petite boîte à la souche sage? Le laborantin ouvrit la bouche pour offrir de repasser rendre son trésor à Ian dès le lendemain, mais Derek offrit plutôt de venir le récupérer chez lui. Ravi, Alex sourit grandement. Il n’avait pas souvent des visiteurs, et ça lui ferait bien plaisir de cuisiner pour ses voisins. Il espérait que Brian soit également présent, pour qu’il puisse aussi développer avec les Hale un lien similaire au sien. Ian semble d’accord, et Alex sentit la main de Brian effleurer sa jambe comme pour concéder que c’était un bon plan.
Avec un peu de chance, Charlie serait également à la maison et accepterait de se joindre à eux. Sans être copains comme cochons, Brian et lui semblaient avoir mis derrière eux leur différend passé et être… civils. Il serait peut-être temps que l’ours et le loup aux têtes de mule en fassent autant et réalise qu’ils ont plus de traits en commun que non. Dont un manque de compagnie. Avant de ne tirer davantage de plans sur la comète, le biochimiste surprit un bâillement réprimé de Brian, derrière sa main, qui fut imité par Ian, puis la tablée entière. Il n’était peut-être pas tard, mais le coût émotionnel de la journée les rattrapait, épuisant.
- Je pense qu’on ferait bien d’y aller, alors. Morphée commence à m’appeler également.
Un instant plus tard, Alex cueillait le louveteau dans ses bras plutôt qu’une simple étreinte. Le petit étira les bras vers Brian pour l’enlacer à son tour, mais Alex ne le céda qu’au moment de sortir, où il le passa à Derek. Il récupéra le coffret au trésor et salua son ami plus sobrement, sur les talons de son policier favori.
Quelques mètres à l’intérieur du couvert forestier, Alex avait saisi la main de Brian et l’avait tiré contre lui, loin des regards. Une pudeur déraisonnable, mais pourtant toute naturelle. Ils avaient marché en murmurant entre deux silences, leurs impressions et appréhensions suite à leur visite. Ils avaient échangé à demi-mot les prochaines étapes qu’il leur restait à accomplir. Des phrases simples et souvent courtes, davantage pour se rassurer et ne rien oublier que pour apporter de nouvelles informations. Une seule question sortit du lot, et peut-être également un peu d’un chou :
- Avec Jansen et Charlie, on a euhm… promis au Néméton de veiller sur la forêt et les créatures qu’elle abrite. Je pense que tu aurais ta place dans le groupe si hum.. si ça t’intéresse ? C’est rien de très formel, y’a pas de pacte de sang ni rien du genre. Juste un engagement vis-à-vis de la forêt, et une forme de reconnaissance et d’entraide entre nous. Tu as déjà fait tes preuves, à mon avis. Mais te sens pas forcé, hein ! T’en as envie ?
Avec Jansen introuvable, ça avait surtout été Alex et Charlie qui avaient fait équipe et été les agents de leur clan déstructuré et sans prétention. Puis, avec le crocotta et cette affaire de braconnage, Alex avait davantage compté sur Brian que sur son complice habituel. Sans compter sur l’amitié qui reliait le dru au mentaliste, ni aux effets de ce puissant lien sur les capacités de Brian. Le druide ne pouvait voir aucun aspect sous lequel le policier n’aurait pas sa place dans leur groupe indépendant. Pardi! Il parvenait même à charrier Charlie comme s’ils n’avaient plus de sentiments négatifs l’un envers l’autre, Alex ne le soulignerait jamais assez : il était important pour lui que ses meilleurs amis s’entendent bien avec son petit copain.
À l’orée de la clairière sacrée, Alex serra davantage la main du poulet et lui planta un bisou sur l’épaule, plus accessible que sa joue.
- Merci d’être là.
Ils n’avaient fait qu’un pas dans l’éclaircie, et une brise surnaturelle, bien plus douce que cet après-midi, les accueillit. Les mains se délièrent, mais le rythme des quatre pieds restait synchronisé alors qu’ils se rapprochaient de la souche.
- Salut, débuta Alex avec un trémolo dans la voix. Il chercha la silhouette de Brian, à défaut de son regard, dans l’obscurité relative de la nuit. Je suis venu te dire que Ian nous a fait part de ton message. Nous l’avons bien entendu. Tu peux le laisser se reposer, désormais. Il a déjà suffisamment de tracas pour ne pas en ajouter.
Alex se trouvait étrangement autoritaire et assuré, sans pour autant, l’espérait-il, se montrer prétentieux à l’égard du tronc archaïque. Il s’agenouilla et déposa son bâton au pied de la souche afin de pouvoir poser sa main désormais libre sur le grain concentrique, bien vivant malgré les trompeuses apparences.
- J’ai les cheveux de Ruby. Je vais les déposer ici et les reprendre demain matin, mais avant de le faire, je veux que tu en extraies la magie de cet autre Monde sans altérer leur apparence physique. C’est un reliquat important pour Ian : le seul qu’il lui reste de sa mère.
Dans un geste emplit de prudence, Alex s’étira pour placer le coffret au centre du Néméton. Il lui sembla voir une lueur scintiller sur le cambium, mais c’était peut-être simplement un reflet de la lune libérée d’un nuage. Pour autant que le druidon pouvait dire, le Néméton semblait satisfait.
Alex resta un moment ainsi, à se recueillir en tentant de lire et comprendre les méandres de l’entité divine. Au bout d’un moment, il fit signe à Brian de l’imiter. C’était un peu étrange, comme s’ils jouaient une partie de Ouidja sur une planche géante et dépourvue d’inscription.
- J’en profite pour te présenter formellement Brian. Il a à coeur de protéger les habitants de Beacon Hills et de ta forêt. Je pense que tu trouveras qu’il a toutes les qualités d’un bon Gardien. Et pas seulement parce que c’est mon amoureux. Je sais être objectif.
Alex était certain que, malgré la noirceur, il pouvait percevoir le rougissement de son flic.
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Brian O'Conner
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Sujet: Re: Les protecteurs Lun 26 Sep 2022 - 15:11
Les Protecteurs
Feat : Alex Cormier
La forêt nous absorbe quand nous quittons le manoir. Les derniers rayons de soleil percent le peigne des troncs des arbres. Au-dessus de nos têtes, la lune gibbeuse volant dans un ciel clair nous offre une lueur obombrée qui nous permet de ne pas trébucher sur les racines. Je me fie à la connaissance intime que possède Alex de la forêt pour ne pas nous égarer. La canopée m’empêche de me repérer aux étoiles. Nous sommes dans son univers.
Main dans la main, le dialogue initié avec les Hales se poursuit fort de pressions de nos doigts les uns contre les autres, de murmures et de silences. L’idée de Derek a du sens, quant à savoir si c’est La réponse… Je me montre optimiste auprès de mon amoureux qui ne peut s’empêcher d’imaginer mille voies possibles au problème. Puis au milieu de toutes ses inquiétudes, il me parle d’une étrange confrérie : lui, Crowley et Jansen chargés de veiller sur les bois qui nous entourent. Je souris quand il me demande si cela m’intéresse d’intégrer ce groupe où mon frère de sang manque à l’appel.
- Juste un engagement vis-à-vis de la forêt, et une forme de reconnaissance et d’entraide entre nous. Tu as déjà fait tes preuves, à mon avis. Mais te sens pas forcé, hein ! T’en as envie ? - Évidemment !
Au-delà du dessein de cette fraternité, j’y vois quelque chose de plus profond et de très humain. Une manière d’abattre les dernières barrières avec le colocataire d’Alex. Une façon d’intégrer leur monde. La forêt n’est après tout qu’une mer faite d’arbres. Nos pas nous conduisent à la clairière du Nemeton. Alex se rapproche, embrasse mon épaule.
- Merci d’être là. - Tout pareil.
La trouée d’arbre semble avoir la faveur de la lune et baigne d’une lueur adoucie par la brume qui se lève du sol. Alex se raidit et s’avance, cérémonieux. Je ne moque pas de son attitude et centre mon attention sur la souche. Je sais qu’elle n’est pas du bois mort. Tandis que le compagnon de mes nuits explique les raisons de notre retour, je ferme les yeux et me concentre sur l’espace qui nous entoure. Je laisse mon don prendre possession de l’air. Ici, je suis bien plus fort. Ici, j’ai pleinement conscience de mes capacités aidées par la puissance du Nemeton qui pulse imperceptiblement dans l’air. Il n’y a rien de ridicule dans l’attitude d’Alex qui parle à cet arbre coupé comme à une intelligence supérieure. Grâce à mes capacités, je sens sa puissance tout autour de moi.
C’est différent de tout à l’heure quand Alex avait subi comme une attaque de la part du Nemeton. Je ne saurais qualifier ce que cet arbre est réellement, mais comme un dieu égoïste, il n’éprouve pas de compassion et délivre ses messages avec l’âpreté de son écorce. Je m’avance au signe d’Alex et pose comme lui mes doigts sur le phloème. Je rougis quand il me nomme expressément comme étant celui qui loge dans son cœur.
Un tourbillon naît autour de nous. Je n’ai pas l’impression d’en être l’auteur et pourtant c’est le cas. Le vent emporte les feuilles mortes et autres débris légers. Le Nemeton me prête sa puissance, les bourrasques nous frôlent sans jamais nous atteindre. Mes lèvres s’ornent d’un sourire en coin quand par ma seule volonté je dirige ce vent qui ne vient que de ma conscience. Et à la lumière de l’astre nocturne, un immense cœur de poussière s’élève dans la clairière. C’est kitch à souhait, de la guimauve dégoulinante. Je ne suis pas très doué pour montrer mes sentiments, frileux de me dévoiler. Pudique aussi. Maladroit.
- C’est un amour partagé, murmuré-je.
La poussière et le vent retombent dans la nuit. Le coffret de Ruby et ses mèches de cheveux sont toujours là sous la protection du vénérable. Chacun de nous salue le Nemeton à sa façon avant de prendre le sentier qui mène à la cabane Cormier. Nous arrivons en même temps que Charlie qui a terminé son service au Pink Print. En quelques mots, Alex l’informe de mon entrée dans le cercle des Gardiens de la forêt. Je tends une main sincère à l’ours qui la saisit estimant que cela doit être fêté convenablement avec de l’alcool et un reste de tarte qu’il a ramené du bar d’Alessandro.
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Sujet: Re: Les protecteurs Dim 9 Oct 2022 - 23:48
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Feat. Brian O'Conner Derek Hale Ian Hale
La crainte apparut sur le visage du druide, chevauchant sur ses sourcils comme un navire corsaire sur une sombre mer. Le néméton désapprouvait-il du ton employé par le druide et usait-il à nouveau de ses capacités pour lui enseigner une leçon d’humilité? Ou pire? Il fallut un court moment pour que le maëlstrom lui apparaisse plus maîtrisé, et doux, que les rebuffades de l’après-midi. Plus familier, également. Quand sous les lueurs lunaires la traînée emportée par les rafales s’agglomère en une forme plus définie, vaguement rebondie sur trois dimensions, d’apparence presque palpitante sous les jeux de pénombre, Alex eut la certitude qu’il s’agissait d’un geste du policier. Une fraction de seconde avant que sa voix ne rompe le silence pour déclarer la même loyauté du coeur que le laborantin venait de nommer.
Un sourire un peu niais naquit sur les lèvres du biochimiste, alors que ses entrailles semblaient tendrement calcinées de l’intérieur par ce sentiment de bien-être qui l’avait envahi. Les amoureux ne s’attardèrent pas et reprirent la route de la cabane, une ardeur renouvelée dans la poigne d’Alex sur la main de Brian.
La moto de Charlie se gara près de Betsy au moment où Brian et Alex émergeaient du couvert forestier. Un grand sourire au visage, Alex salua son ami, qui se contenta d’observer Brian avec suspicion, et de déclarer d’un ton grognon qu’il avait quelque chose de différent.
- C’est officiellement notre quatrième gardien.
Le visage du cuisinier s’illumina et, derrière la joie qu’il semblait sincèrement éprouver, Alex reconnu l’aura de bonheur que son colocataire avait quand il s’apprêtait à l’embêter, ou à dire une sottise. Alex eut le sentiment que celle-ci aurait rimé avec bestiole, et fronça les sourcils en guise d’avertissement. Obéissant, l’ours se tut et échangea une poignée de main avec le mentaliste, un simple mot en guise de félicitations.
Pendant que le druide déverrouillait la porte de chez eux, Charlie parlait de célébrations comme s’ils avaient tous encore vingt ans, et de désigna la boîte cartonnée qu’il avait ramenée du boulot. Ils auraient donc du dessert en prime!
Alex descendit à la cave pour récupérer du mousseux de la réserve de son père. Il remonta également une bouteille d’hydromel et offrit le premier de plusieurs toasts. Ils trinquèrent à Brian, aux gardiens, à Charlie, à Alex, au néméton, de nouveau à Brian, à Beacons Hills; et Charlie grommela enfin que le policier ferait mieux de ne pas trop s’attirer d’ennuis avant de pioncer, sans avoir oublié la moindre goutte de sa boisson mellifère. À demi effondré sur Brian, Alex baragouina qu’ils devraient peut-être aussi passer au lit.
***
Alex se réveilla avec la gorge pâteuse et la main de Brian entre son épaule et son t-shirt de pyjama. Il réprima son habituel frisson matinal, alors que la chaleur de l’avant-bras qui le retenait comme une ceinture de sécurité divine irradiait contre son torse. Brian remua vaguement et Alex ajusta la position de ses genoux de part et d’autre de la jambe du policier avant de sombrer à nouveau. Un peu moins d’une heure plus tard, il tenta de se glisser hors de l’emprise de celui qui le retenait. Il acheta sa libération d’un baiser.
- Je vais préparer le petit-déjeuner. Prend tout ton temps.
Le druide se dirigea d’abord vers la salle de bain. Une fois son visage et ses mains propres, il s’accorda un verre d’eau, et sortit pour récolter quelques baies dans le jardin. À son retour dans la pièce principale de la cabane, Brian était déjà en train de préparer la table. Alex déposa le bol de myrtilles, de physalis, de mûres et de framboises sur le bout de comptoir où il mangeait le matin. Un nouveau frisson le parcourut alors qu’il récupérait le lait du réfrigérateur, son short ne protégeant pas ses mollets de la sortie d’air froid.
Le druide avait ajouté quelques petits fruits à ses céréales, et avait laissé la seconde moitié d’une banane à Brian. Le silex se remplissait à son rythme habituel du mélange de café qu’Alex appréciait le matin. Il n’y avait plus de traces de Charlie, ni des bouteilles vidées la veille : le druide en conclut qu’il s’était levé aux aurores et était parti faire un tour, après un sommaire nettoyage des lieux.
- Tu as bien dormi?
Le druide se souvenait d’avoir rêvé, mais la nature et le contenu de ses songes lui échappaient désormais. La cafetière émit son signal sonore inélégant : par automatisme, le druide alla en remplir deux grandes tasses et les plaça auprès des bols de céréales à demi dévorés.
- Merci pour hier. Ça aurait pas aussi bien été sans toi, déclara le chaman d’une voix endormie.
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Sujet: Re: Les protecteurs Dim 30 Oct 2022 - 11:24
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Feat : Alex Cormier
Le cerveau en coton je me réveille. Il me faut quelques instants pour remettre les circonstances dans leur bon ordre. Le Nemeton, Ian, re le Nemeton, mon entrée dans une guilde restreinte et la fête de cet évènement. Il me semble avoir définitivement enterré la hache de guerre avec le colocataire d’Alex. L’ours n’a pas toujours été le plus parfait des citoyens, mais à force de le côtoyer, j’ai pu toucher du doigt sa logique et son fonctionnement. Il ne prend pas forcément les meilleurs chemins, pourtant son but est toujours honorable. C’est un être lent à la mise en route, mais une fois lancé, il est impossible de l’arrêter. Le principe inertiel dans toute sa splendeur.
Mon petit ami montre des velléités à se lever auxquelles je m’oppose en resserrant mon étreinte. Je me sens un brin possessif envers Alex. Ou est-ce que je me sens si bien en sa présence que je refuse qu’il s’éloigne ? Mon compagnon s’arme de ruses et de baisers. Je signe ma reddition.
Une fois qu’il s’est levé, je me glisse à sa place et me baigne dans la chaleur qu’il a partagée avec les draps. J’apprécie le cocon douillet de ce lit niché dans une maison perdue en forêt. Chaque fois que je viens ici, j’ai l’impression de me couper du monde, de gagner un petit bout de terre perdu dans un océan d’arbres. Paupières clauses et les oreilles attentives, je suis mentalement le cheminement d’Alex dans la maison. Quand je l’entends sortir, je décide qu’il est temps de me lever.
Il n’y a plus de traces des cadavres de la veille. L’ours a rangé notre bazar sans nous réveiller. Délicate attention pour un ancien ennemi. J’installe verres et bols sur la table quand le Canadien revient de sa cueillette matinale. J’aime l’observer. Alex en dit bien plus par ses gestes et réactions que par la parole. Il vient encore de frissonner en ouvrant le frigo.
- Tu as bien dormi ? - Oui, l’hydromel a bien aidé.
Malgré les excès de la veille, je me sens bien. Mon introduction aux gardiens, même si rien d’officiel ne s’y rattache, m’ancre un peu plus dans une cellule que je pourrais qualifier de familiale. J’ai trouvé mon port.
- Merci pour hier. Ça aurait pas aussi bien été sans toi. - Merci à toi de m’accepter dans cette partie-là de ta vie.
Je sais qu’il a fallu une bonne dose de confiance de sa part pour se montrer sous un jour pour le moins atypique. Le chamanisme peut faire sourire de nos jours. Je ressens suffisamment les effets du Nemeton pour savoir que les agissements du plus beau des Canadiens ne sont pas du flan. J’emprisonne sa main, celle posée à côté de son bol de céréales vide. Du pouce, je dessine des ronds sur sa peau. Je ne verbalise pas mes sentiments, je ne suis pas à l’aise avec les grandes tirades. Alors je souris en silence. Et en ce moment, j’ai envie de sourire tout le temps.
- Tu veux qu’on retourne voir le Nemeton ce matin
(…)
Une légère brume enveloppe les bois. Ce camouflage nous permet de surprendre une biche et son faon en train de butiner les tendres bourgeons d’un noisetier. Nous les contournons sans bruit. La mère nous observe, hésitant à sonner la fuite, ou rester dans la sécurité du silence qu’on lui offre. Curieux, son petit fait mine de nous suivre. C’est le signe qui décide la mère de s’en aller. Elle sait que les humains sont rarement des êtres fiables.
Le Nemeton semble endormi semblable à n’importe quelle souche d’arbre. La boîte de Ian est toujours là, pile au centre. Alex ne l’avait-il pas posée plus au bord ? Il s’en saisit et l’ouvre. Les cheveux sont toujours là.
- Ça a marché ?
Mon regard passe d’Alex à la souche qui reste bien muette en cette matinée brumeuse. La nature ne s’embarrasse pas de politesses. Je veux y croire, pour Ian, pour Alex. Ce sujet lui tient à cœur et le problème de la brèche était bien réel. Alors qu’il frissonne à nouveau, je me colle dans son dos et le serre contre moi pour le réchauffer.
- Tu aurais dû prendre une veste plus chaude. C’est pas parce que t’es canadien que tu dois faire le malin avec rien sur le dos !
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Sujet: Re: Les protecteurs Jeu 17 Nov 2022 - 20:24
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Feat. Brian O'Conner Derek Hale Ian Hale Nemeton
Alex rougissait. Brian balayait d’un délicat revers de la main les remerciements du druide, pour lui en souffler un autre sur le retour du coup droit. Le laborantin n’aurait pas pris son policier pour un tennisman, pourtant.
- Je compte te forcer dans toutes les parties de ma vie! répliqua-t-il en bâillant, des sourires dans les yeux.
Bon, peut-être pas dans la sphère professionnelle, qui n’était pas vraiment rigolote, malgré les collègues avec lesquels il s’entendait bien. Ajouter des "sauf" n’aurais qu’enlever de la force à son affirmation. Si leurs univers professionnels venaient à se croiser, ce qui n’était pas complètement impossible, Alex ne bouderait évidemment pas l’occasion de voir son poulet à l’œuvre, ou de se pavaner en blouse blanche pour montrer son expertise, non pas sans un certain syndrome de l’imposteur : après tout, que faisait-il réellement outre jouer avec de la vaisselle de fantaisie et analyser des données à l’aide de logiciels spécialisés?
Alex laissa Brian lui cajoler la main, dans un moment qu’il considérait aussi intime que possible. Leurs âmes se touchaient par l’intermédiaire de leurs doigts. Il était difficile de se sentir plus à nu et, surtout, plus merveilleusement soutenu. De ses expériences et frasques passées, Alex avait bien appris une chose : il n’existe peu de meilleur amour que celui qui accepte nos vulnérabilités avec bienveillance. Comme une amitié exultée. Un jour, d’ailleurs, le biochimiste espérait qu’il cesserait de dire qu’il ne croit pas au concept de meilleure amitié pour nommer Brian, advenant qu’on lui poserait la question. Pas encore, car l’amitié se construit avec lenteur, la où l’attirance et la passion sont gloutonnes et rapides. Enfin, rapide selon le référent de chacun.
- Il le faut, répondit le scientifique à son petit ami, d’une voix mollassonne. Dans l’extension de cette attitude, il laissa ramollir sa posture pour s’appuyer contre l’épaule de Brian. De cette position incertaine, il saisit son mug pour prendre une gorgée réconfortante du liquide fumant. Mauvaise idée. Il reposa la tasse et s’occupa plutôt à échanger la main dans celle de Brian pour sa sœur, et passer le bras libérer derrière l’épaule de son tout.
- Je te tout pareil, agent O’Conner.
***
Il avait bien fallu que la farniente cesse et que la vaisselle soit lavée, avant de ne sentir le lait sûri. Il valait mieux également ne pas tester la patience du voisin Hale et lui ramener aussi rapidement que possible trésors et nouvelles, en espérant qu’elles fussent heureuses.
La brume matinale de Beacon Hills offrait un nouveau coup d’œil aux marcheurs. Un aspect que le joggeur canadien voyait suffisamment souvent pour en être familier, sans s’y être arrêté assez pour en connaître le détail. Quel meilleur moment pour en profiter qu’avec Brian? Une petite famille de cerfs bloquait le sentier, et le couple d’hommes bifurqua sur le tapis forestier pour les contourner. Le temps s’étirait comme de la tire Sainte-Catherine, jusqu’à ce qu’elle ne cède, en quelques bonds de biche.
Alex hésita un court moment. Il savait qu’il n’était pas en droit de divulguer les secrets d’autrui à leur place, mais si Charlie et Brian allaient devenir des collaborateurs parmi les gardiens, il valait mieux qu’ils soient au courant des capacités l’un de l’autre. Les chevreuils semblaient déjà loin, mais il murmura tout de même, comme s’il craignait d’effrayer le brouillard lui-même.
- Charlie peut sentir quand ses protégés sont en danger. Il les appelle ses bestioles. Les animaux de la forêt, Jansen et moi.
Brian railla évidemment le laborantin pour un surnom aussi ridicule et pas très viril, il fallait bien l’avouer. Alex sourit un peu bêtement, et mima un bisou, avant de répliquer.
- Fais gaffe, t’es en bonne voie d’en devenir une aussi. Pis, il entend ce qu’on raconte sur lui à des kilomètres.
Il y avait dans cette dernière affirmation une légère exagération, si vague et minime qu’il ne serait certainement pas nécessaire de rectifier le tir avant que Brian ne soit terrorisé à l’idée d’être espionné par l’ursidé. Ce serait pour plus tard, en revanche, puisqu’ils étaient parvenus à la vieille souche. Son énergie était bien différente de la veille. Alex se saisit du coffret en fronçant des sourcils. Il avait l’impression de l’avoir posée dans l’autre sens. Il était tard, il n’avait peut-être pas fait attention, ou l’obscurité avait confondu ses repères.
L’écrin contenait toujours les cheveux, et Brian fit écho à l’interrogation qui tenaillait le druide. Il leva les yeux un court moment dans sa direction, pour lui signifier qu’il n’en était pas certain, avant de reporter son attention sur les cercles de bois. Il les effleura du bout des doigts en tentant d’établir le contact, comme Mafdet le lui avait appris, ce qui lui semblait avoir été des décennies auparavant.
Un contact clair avait été établi. Un moment infinitésimal qui avait suffit pour répondre aux inquiétudes des humains. Une réponse si limpide qu’elle fit douter le druide, alors qu’il tressaillit en réponse à cette incursion subite. Dans ce qu’il vécut comme un réflexe protecteur, Alex sentit Brian s’appuyer contre lui. Un sourire chafouin naquit sur ses lèvres.
- Peut-être que c’était tout prémédité, leva-t-il le doigt pour appuyer son absence de sérieux face à la remontrance. Il en profita pour se caler un peu contre Brian et lui plaquer un baiser.
- Je pense que je sais comment… Résorber? Pulvériser? Anéantir? Effacer? Imploser? faire disparaître la brèche. Le nemeton est paisible., je pense même satisfait.
Alex n’avait pas envie de bouger de là, mais il n’eut pas le choix que de se résigner à forcer Brian à le libérer. En une vague pirouette ils se retrouvèrent face à face, et le druide en profita pour déposer un baiser sur les lèvres, cette fois, du mentaliste.
- Allons-y. Je reconnaîtrai l’endroit, je crois. Il me l’a montré hier.
Le couple s’était trompé d’endroits, et avait erré sans se perdre véritablement, avant de tomber sur la structure végétale que le scientifique reconnut avec peine. La déformation kaléidoscopique de sa vision végétale n’avait pas été pour l’aider. Pourtant, plus il s’en approchait, plus il était sûr de lui. Par automatisme, il porta le bout de ses doigts dans la petite bourse qu’il prenait toujours lors de ses expéditions forestières. La poudre de sorbier coula entre le druide et l’endroit où s’était tenu le portail, alors qu’il la laissait glisser entre ses doigts en s’avançant en une forme oblongue. La poudre grisâtre formait une traînée plus dense qu’elle ne l’aurait dû l’être. Au terme du périmètre, le laborantin semblait atteindre son point de départ avec un angle faux, mais il poursuivit son avancée d’un geste fluide, dessinant un nouvel ovale au sol, plus petit. Au bout de quelques minutes, le motif à mi-chemin entre la rosace et la spirale était complété, contraignant la brèche dans un espace continuellement plus petit. Alex s’agenouilla au sol et sortit un unique cheveu de l’écrin. Il en tendit la pointe à Brian.
- Tiens fermement.
Reculant un pas à la fois, le druide étira le cheveu à son maximum. D’un petit coup du pouce, il le força à s’étirer, comme un filin de cire rouge, alors qu’il retraçait le plus petit contour de sorbier. La révolution complétée, il se retrouva dos à dos avec Brian. Le chaman étira une dernière fois le capillaire, croisa les extrémités et forma un nœud. Avec une douceur déférente, il reprit le bout resté sous la tutelle de Brian et se mit à tirer sur chacun d’une de ses mains. La boucle s’amenuisait sans que ses mains ne s’écartent, comme si la longueur apparue comme par enchantement disparaissait en se résorbant sur la faille qui se retrouva bientôt plus petit qu’un œil de souris, puis un point dans le nœud, qui disparut soudainement avec toute trace de la magie qui avait pu opérer en ces lieux.
Ce fut comme si la forêt avait retenu son souffle des mois durant et soupirait de soulagement, tout à coup. Le laborantin rangea le cheveu à sa place, ferma le coffret et leva un regard incrédule vers Brian : il n’avait aucune idée de comment il avait su opérer de la sorte. Son instinct avait été bien plus loin que les brèves instructions de la souche immortelle, sans qu’il ne sache ni ne comprenne comment. Une lueur effrayée au fond du regard, il passa son bras en crochet dans celui de Brian, et ils entamèrent lentement une procession vers le manoir.
La mèche dans ses mains était un fort symbole que la présence de ceux qui n’étaient plus pouvait persister malgré le temps, la distance et l’absence. L’amour, l’amitié et la compassion n’étaient jamais éteintes, mais se muaient doucement en cette douce humeur qui se nommait mélancolie. Ian et Derek auraient toujours Ruby et Peter avec eux, que la manifestation tangible persiste ou non dans leur vie.
Alex toqua trois coups à la porte du manoir. Il échangea un sourire avec Brian, dans l’attente d’une réponse. Il ne savait plus quoi dire, ou que faire, et l’effet anesthésiant du nemeton disparaissait de son esprit hyperactif. D’une nervosité croissante, il s’agitait, sautillant d’un pied à l’autre jusqu’à ce que la porte s’ouvre. Souriant, il se tourna alors vers le Hale en face de lui et lui tendit le boîtier.
- C’est fait.
Il resta planté là. Il n’avait pas envie de repartir comme un voleur chez ses amis, mais ne voulait pas non plus s’imposer. Entre deux soubresauts de sourcils, il se mordit enfin la lèvre.
- J’ai un nouveau thé, à la maison, si jamais...
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Sujet: Re: Les protecteurs Ven 25 Nov 2022 - 19:46
Les Protecteurs
Feat : Alex Cormier
- Peut-être que c’était tout prémédité.
Je souris comme un benêt. J’aime quand Alex se montre cabotin. Une discipline que je ne maîtrise pas avec sa finesse. J’aime aussi quand il se cale contre moi, comme on se blottit dans un cocon réconfortant. Par ce simple geste, je me sens important pour lui et aussi dans ce rôle qui est mon métier de base : son protecteur. Je ne sais que penser sur les soi-disant pouvoirs de Crowley. Que le cuisinier agisse en gardien avec Alex et Jansen ne m’étonne pas. L’ours voue carrément un culte à mon Canadien préféré. J’en prenais ombrage au début, jusqu’à ce que je comprenne qu’il y a assez de place dans le cœur d’Alex pour l’ours, moi et tous les animaux de la forêt. Toutefois, je n’arrive pas encore à cerner Crowley. Au premier abord, il semble bas de plafonds, primaire dans ses réactions. Seulement, jour après jour, il me dévoile des facettes surprenantes de tact, voire de délicatesse, comme de ranger la cuisine sans bruit après cette soirée bien arrosée.
- Je pense que je sais comment… faire disparaître la brèche. Le Nemeton est paisible, je pense, même satisfait. - Génial ! dis-je en serrant mon héros un peu plus fort.
Il pourrait s’échapper pour d’imprudentes manipulations. Il me force à le lâcher avec le prix d’un baiser.
- Allons-y. Je reconnaîtrai l’endroit, je crois. Il me l’a montré hier.
La navigation en forêt est difficile. La densité des arbres fausse la position du soleil. Les mouvements du terrain et autres obstacles buissonneux nous dévient de notre direction. Pas de courant d’air constant pour se placer au jugé comme sur la mer.
Enfin nous arrivons sur place. La stèle commémorative avec le seul le nom de Ruby se fait déjà manger par le lierre. J’imagine que Derek Hale attend avant d’y inscrire le nom de son oncle. Comme il ne retire pas la végétation qui efface peu à peu l’endroit du drame. Peut-être pour Ian, effacer sans oublier les disparus. Tâche délicate.
J’observe Alex rependre cette poudre dont il se sépare rarement. Le sorbier repousse les êtres surnaturels. Le fait de ne pas y être sensible m’avait rassuré. Malgré les pouvoirs, je préfère être perçu comme un animal et non… un monstre. Je respecte les garous de tous poils, cependant ils restent dans l’imaginaire collectif des êtres anormaux qu’ont dit sanguinaire. Je me retrouve mis à contribution dans les manipulations ésotériques de mon chum.
- Tiens fermement.
Septique, je regarde le cheveu de Ruby se tendre, puis s’étirer. Depuis quand les cheveux sont-ils élastiques ? Mon scepticisme se mue en incrédulité : le cheveu s’étire, suit la ligne de sorbier pour faire le tour de la brèche. Puis Alex noue les deux extrémités et par des mouvements de halage réduit la boucle ainsi formée. Grâce à mon don qui me permet de sentir physiquement l’air qui nous entoure, je sens celui emprisonné dans la boucle disparaître purement et simplement. Tout mon don est tourné vers les mouvements d’aire, leur compression ou leur extension. Jamais une molécule ne m’a échappé.
Alex range le cheveu dans sa boîte protectrice et me regarde avec l’innocence des doués de nature. Hébété et légèrement effrayé par ce qui semble être une réussite, il s’accroche à mon bras. Je me fais socle et roc. Dire que ce magicien s’intéresse à moi !
C’est avec une extrême simplicité qu’il annonce à Derek qu’il a accompli sa mission. « C’est fait ». Pas de ton mystérieux, pas d’emphase sur le rituel qu’il a accompli d’instinct. Simplement l’humilité de la mission accomplie.
- J’ai un nouveau thé, à la maison, si jamais...
Ian s’invite sur le palier et s’accroche à la jambe de son tuteur. Alex, encore secoué de son exploit, resserre sa prise sur la boîte. Je lui déplie doucement les doigts, me saisis du coffre à bijoux et m’accroupis avant de le tendre à Ian qui s’en saisit timidement. L’enfant ne vérifie pas son contenu, confiant dans les adultes que nous sommes. Lui plus qu’un autre saura valider l’affirmation de celui que j’aime. Derek prend Alex au mot, demande à Ian d’aller ranger la boîte et de mettre ses chaussures pour aller boire ce fameux thé.
Nous attendons dehors, main dans la main. Je regarde avec fierté celui que j’aime. Cette histoire semble avoir puisé ses forces. Je n’ai jamais été loquace sur mes émotions et l’armée vous apprend à rester impassible. Seulement, les relations ne se construisent pas que de silences, même s’ils ont leur importance.
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Sujet: Re: Les protecteurs Jeu 8 Déc 2022 - 4:32
Les Protecteurs
Feat. Brian O'Conner Derek Hale Ian Hale Nemeton
Alex se sentait encore un peu euphorique de son expérience à peine terminée. La tête légère, il avait encore un peu le tournis, et n’était pas certain d’être entièrement revenu dans la réalité, les pieds sur terre. Pour un peu, on pourrait arguer que c’était parce qu’il se trouvait sur le palier de planches devant la porte de son voisin. Il était rarement aussi serein : à croire que c’était peut-être une bénédiction de la vieille souche, en guise de remerciement. Ou bien il était simplement un peu grisé d’avoir manié ainsi des millénaires de traditions et de savoirs distillés et passés dans son sang, qui n’avaient eu besoin que d’un peu de confiance pour se libérer ainsi. La stimulation du néméton n’était pas feinte : à la manière d’un murmure ou d’un clin d’oeil surnaturel, elle lui avait permis d’aller puiser dans ce moi profond, qu’il n’avait jamais cru posséder.
Le druide n’aurait pu dire comment il s’était retrouvé chez les Hale : quel chemin il avait parcouru, si Brian l’avait guidé, ou même soutenu. Toujours chamboulé, il avait fait passé son message au plus simple, affectant une humilité involontaire. D’une manière plus chaleureuse, mais pas moins machinale, il avait invité Derek à les rejoindre pour prendre le thé. Il fallut encore l’apparition de Ian pour que le laborantin retrouve une emprise totale de sa conscience. Pris d’un vertige en songeant aux effets que ses paroles auraient, si elles s’avéraient être un mensonge – aussi pieu fut-il –, le canadien eut le réflexe de s’agripper au petit boîtier.
Malgré son désir de rendre son trésor à Ian, la crainte de s’être trompé, et de navrer le garçon en brisant ses espoirs, envahissait le laborantin à une vitesse fulgurante. Heureusement pour Ian et Alex, Brian semblait commencer à bien maîtriser les blocages et réactions du biochimiste. Avec une douceur autoritaire, il parvint à délier les doigts du druidon pour lui dérober le coffret et le rendre à son propriétaire. Alex exhala un soupir silencieux et observa son mignon compagnon qui se mettait à la hauteur de leur protégé. Le policier était craquant dans cette posture; touchant dans ce moment des plus attendrissant; et indispensable au bon déroulement de la situation.
Les loups disparurent rapidement à l’intérieur, le jeune couple les attendant sur le pas de la porte. Les doigts entrelacés, Alex devinait le regard de Brian sur lui. C’est pourquoi il fixaitlui-même les gonds au bas du battant, comme s’il tentait d’y déceler les signes avant-coureur d’une tache de rouille, malgré la construction récente. Il lui fallut une petite phrase de huit mots pour lever les yeux et chercher le regard brillant d’amour de son tendre mentaliste.
- Toi tout pareil. Pis, tu mérites rien de moins.
Alex était fier de lui : il n’avait pas cherché à se défiler, ou à dire que Brian exagérait, ou quelconque autre réaction autodestructrice. Lorsque la porte du manoir se rouvrit, Alex continuait de caresser du pouce. S’il se demanda bien si Derek avait entendu leurs mièvreries, ce n’était ni par honte ou par malice, mais par la plus plate des curiosités. On ne parvenait que rarement à sortir celle-ci d’un scientifique, après tout.
L’ambiance se faisait bien plus légère que la veille, et les discussions filées de silence confortable venaient avec un naturel certain. Quand Brian et lui délaissèrent leurs mains respectives, Alex offrit à Ian de faire un tour sur ses épaules. Le tour ne dura pas bien longtemps, comme l’enfant était plus lourd que le bambin qu’il avait été. Le druide dût rapidement concéder qu’il n’était pas aussi fort que ses compères et déposa le louveteau au sol. Au bout de quelques minutes supplémentaires, la cabane apparut à travers les arbres.
Le scientifique réalisa sa déception en ne voyant pas la moto de son colocataire. Il ne s’y était pas attendu, mais maintenant qu’elle avait pointé le bout de son nez, il devait admettre qu’il aurait aimé avoir cette occasion de réparer les pots cassés entre les deux taiseux un peu bourrus. Le druide était persuadé qu’ils devraient bien s’entendre. Très bien, même, s’ils se donnaient la peine d’apprendre à se connaître. Ce n’était toutefois pas à lui de décider pour eux de ce qu’ils désiraient. Il ne pouvait que jouer les facilitateurs, advenant le cas où une réparation venait à être à l’ordre du jour.
Il ouvrit la porte en poussant un commentaire qui les invitait à répéter l’expérience de cette fin d’avant-midi.
- On devrait se faire des soirées ciné, ou jeux, ou chips juste, plus régulièrement. J’ai pas envie de perdre mes voisins de vue.
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Sujet: Re: Les protecteurs Mar 27 Déc 2022 - 14:52
Les Protecteurs
Feat : Alex Cormier
- Toi tout pareil. Pis, tu mérites rien de moins.
Je réalise à peine l’exploit de mon compagnon. À le regarder de plus près, il semble pris dans une douce euphorie, comme une légère ivresse. La tête dans les nuages, mais les pieds encore sur terre. Lui le réservé, le moulineur de cervelle n’avait pas prononcé les mots qui d’ordinaire dévalorisent ses actions. J’ai l’orgueil de penser que j’y suis pour quelque chose, tout comme Alex améliore ma personnalité.
J’aime sa spontanéité à offrir ses épaules pour Ian. Il marche devant, je le suis aux côtés de Derek qui me fait un clin d’œil en désignant son voisin. Comme ça, de dos, on pourrait croire un père qui promène son fils. Ian a plus de ressemblance avec Alex qu’avec le ténébreux alpha. L’enfant finit le trajet sur ses jambes. Sa crise de croissance rapide lors de sa première année en fait un enfant qui a l’air d’avoir deux ans de plus que son âge réel.
La cabane apparaît enfin, un écrin au milieu de la forêt.
- On devrait se faire des soirées ciné, ou jeux, ou chips juste, plus régulièrement. J’ai pas envie de perdre mes voisins de vue.
Ian se fait brusquement timide et observe les plantations d’Alex et la patine du temps sur la maison. Je le vois lever le museau et ses narines frémir.
- Ce que tu sens, c’est l’odeur du colocataire d’Alex. C’est un ours, d’où j’imagine la forte odeur.
Je lance un sourire innocent à Alex qui fronce les sourcils. Je ne m’attends pas au renfort de Derek qui dit confirmer la forte trace d’ursidé dans l’air.
- Il est gentil et très protecteur, ajouté-je pour me concilier le laborantin.
Alex s’occupe de préparer le thé tandis que j’installe les mugs et sors une boîte de biscuits maison.
- Ils goûtent le miel, c’est Charlie qui les fait.
À nouveau méfiant, Ian hume le biscuit, en goûte un petit morceau. Un sourire illumine son visage, puis il engloutit le reste du biscuit. Je propose de faire une partie de Timeline.
(…)
L’invitation à rester déjeuner coule de source : il est presque midi. Je propose à Ian de m’aider à mettre la table pendant que Derek aide Alex à la confection d’un repas simple. L’après-midi passe dans une douce torpeur. Le jour commence à décliner quand Ian dort à poing fermé recroquevillé contre moi. Il n’a pas réussi à tenir jusqu’à la fin de l’histoire que je lui racontais. Un conte que j’ai inventé au fur et à mesure. Dans mon enfance, je ne me souviens pas que mes parents m’aient lu des histoires. La routine du coucher se résumait à remonter la berceuse mécanique qui émettait une mélodie tout en tintement pendant que l’abat-jour de métal ciselé dessinait des étoiles au plafond.
Derek et Alex discutent de leur prochaine rencontre. Les deux amis se sont promis de se voir plus souvent.