Mon sac tombe sur le lit, mes fesses suivent, faisant grincer le lit. Je regarde ce qui va être, pendant les plusieurs mois a venir, ma nouvelle chambre. C'est sur, ça change de chez Rapier. Du bois partout, jusqu'au mur. Des cadres vieillot qui représente des chevaux en plein galops. Une lampe de chevet en rotin d’où émane une lumiére jaune. Sur mon lit, un dessus de lit en laine a motif jacquard rouge (surement tricoté par la grand-mère il y a de ça plusieurs années) recouvre une épaisse couette ainsi qu'un oreiller en plume. Peut-être pas aussi confortable que dans ma chambre chez Rapier… Mais ça fera l'affaire.
Je lache un long et profond soupir. Les prochaines semaines vont être longue…
-Ca va ?
Je saute sur mes pieds, en alerte. Je n'ai même pas entendu la porte de chambre s'ouvrir. Mes attributs lupins ont encore un peu de mal. La campagne devrait me faire du bien. Dans l'encadrure de la porte, un petit bout de fille, bras croisé, cheveux court, un petit sourire moqueur qui étire ses lévres fines, me scrute de ses grands yeux brun. Mes doigts se perdent dans ma criniére.
-Je t'ai fait peur, le citadin?
-Tu m'as surpris. Pas pareil.
Je grommelle plus que je ne parle. Elle a la même intonation de voix que Charlie. La même odeur aussi. Quoi que, il y a plus de coquetterie en elle. Sa sœur peut-être?
-Tu es…?
-La politesse veut que les invitées se présente. Enfin Bon… Je m'appelle Chelsea. J'suis la fille d'Allan.
Elle me tend la main. J'y jette un œil, ne bouge pas d'un pouce.
-Isaac.
-…D'accooordd… Bon, on mange, en fait.
Sa main retombe, elle sert le poing. Je crois que je l'ai vexée. Elle esquisse une moue dubitative, hausse les sourcils avant de sortir dans le couloir.
(…)
La salle a manger ressemble au reste de la maison: Bois, plancher, lumiére jaune, tableau de chevaux. De toute évidence, ils n'avaient pas beaucoup d'inspiration en décorant. Le salon est juxtaposée a la piéce, un tapis indigène recouvre le plancher au niveau des canapés. Une télé dans un coin diffuse une émission dont j'ignore le nom, parlant pour personne, puisque personne ne la regarde, et une énorme cheminée en pierre. Ils doivent facilement faire rentrer un arbre entier la dedans.Chelsea est en train de mettre la table avec un homme que je n'ai pas encore vue. Ce dernier ressemble a une armoire à glace, bien plus grand que moi, il porte ostensiblement un t-shirt prés du corps qui moule chacun de ses muscles. Il sent la transpiration, l'animal et le foin. Il me jette un regard en coin avant de me tendre des assiettes :
-Ici, tout le monde aide.
Je rattrape les assiettes avant qu'elles ne chutent, Chelsea pouffe en me regardant. Ha ha. Mort de rire. Je pose les assiettes que l'on m'a donner sur la table alors qu'Allan débarque de la cuisine avec une grosse poêle d’où émane des senteurs délicieuse. Je salive, mon ventre gronde. Je meurs de faim.
(…)
J'écoute sans vraiment écouter ce qu'il se raconte autour de cette table, j'apprend quelques trucs au passages. Billy (l'armoire a glace) est le petit ami de Charlie, il s'occupe des box avec Allan et Charlie, ainsi que de dresser des chevaux sauvages. Durant tout le diner, Chelsea le regardait avec des yeux de crapaud mort d'amour. De toute évidence, la gamine a un Crush sur le mec de sa sœur. Pas bien. Allan semble diriger tout ce petit monde, une main de fer dans un gants de soie. Sa voix impose le silence, il n'a pas besoin de parler fort pour qu'on l'écoute. Pourtant ce n'est pas un grand bonhomme.
Chelsea n'est ici que de temps en temps. Elle a parler de planche à rendre, d'études de chevaux et de croquis. Si j'ai bien compris, elle est étudiante en Art et rentre pour aider au ranch. Elle parle beaucoup, voir trop. Et elle a un drôle de tic a toujours entortillés ses cheveux sur son doigt quand elle s'adresse a son pére. Elle pue l'anxiété quand elle fait ça.
C'est bon pour toi, Isaac? Me demande Allan
Je fait tomber ma fourchette dans mon assiette, ça éclabousse mon t-shirt au passage. Je suis surpris que l'on m'adresse la parole. Billy en face de moi, rigole en plaçant sa main sur sa bouche. Je gronde intérieurement, serre les dents et tente d'essuyer la tache avec ma serviette. Chelsea léve les yeux au ciel.
-Je suis désolé, je n'ai pas entendu votre question, Monsieur.
-Allan, pas de monsieur.
-Pardon, Allan.
-Je demandais, ça te conviens de travailler avec Billy demain? Il te montreras comment nettoyer les boxe.
Je jette un coup d'œil a l'armoire a glace qui enfourne une fourchette dans sa bouche, sourire en coin. Il se fout de ma gueule ou je rêve? Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il va m'en faire baver.
-Bien sur Mon… Allan. Il n'y a aucun problème pour moi.
-Bien, parfait !
Le repas se poursuit, je ne sors plus un mot, bien trop occupée à me battre visuellement avec Billy l'armoire a glace. Si il savait que j'avais mis a terre plus gros que lui, je suis sur qu'il ferait moins le malin… Mais Rapier m'a prévenue : Pas d'embrouille, on se comporte bien, derniére chance.
(…)
Je finis d'installer mes affaires dans l'armoire, sors une photo d'Alice qui tête avec véhémence l'oreille du lapin blanc offert par Melle Jouve pour la placer sur la commode. Je me suis attachée a elle, plus que je ne pensais. L'entendre gazouiller et faire des bulles avec sa bouche me manque. Mon pouce caresse manuellement la photo. J'aurais préféré être a Beacon Hills avec elle.
(…)
J'essuie d'un revers de manche la sueur qui coule sur mon front, m'appuie un instant sur la pelle pour souffler. Comment ses bestiaux peuvent-ils faire autant de crottin en sachant que ça ne mange que de l'herbe et des granulés? Et du foin??
-Eh, l'citadin, c'est pas le moment de se reposer. Y en a encore 6 autres a faire.
Je gronde, le cheval dans le box hennis et tape des sabots. Il me gonfle à me donner des ordres cet abrutis plein de muscle. Pourquoi je dois bosser avec lui, non mais franchement? Je suis sur que c'est encore une idée de Rapier ça! Je rumine, grommelle et marmonne des insultes dans ma barbe quand j'entend parler a l'entrée de la grange. Je me redresse, hume l'air. L'odeur de Charlie me parvint par dessus l'odeur des chevaux. Je ne l'ai pas revu depuis la veille. Curieux, j'écoute:
-Ca va ma chérie? T'as pu te reposer un peu?
-Oui… Ca se passe bien avec Isaac?
Je grimace au bruit de baiser. Y a trop de bave la dedans.
-Bof… C'est un idiot feignant.
Pardon? Je groule, mes poings se resserrent sur le manche de la pelle. Un coup de sabot claque dans le box d'a côté.
-Tu devrais arrêter de juger les gens, Bill. Il vient d'arriver, laisse lui du temps…
Je serre les dents, reprend ma tache la ou elle c'est arrêter. Je crois que j'ai terrifié la jument dans le box d'a côtés, elle hennis de plus en plus. Je ne m'en occupe plus, réfléchissant a la maniére de me venger de cet idiot sans cervelle.