L'appel de la forêt [Feat Charlie Crowley]

D'une main elle vérifie que le brassard destiné à faire tenir son portable est bien en place, elle attrape ses écouteurs, met la fiche dans l'engin avant de relever la tête quand Wesley vient se placer entre elle et la porte.

-Je viens avec toi.

Elle le fixe, détaille mentalement sa tenue avant de sourire face au jean et aux chaussures de ville qu'il porte. Nouvelle lubie du blond, le sport.

-C'est ok. Si tu arrives à toucher le sol avec tes mains en te penchant. Jambes tendues évidemment.

Geste à l'appui, elle lui montre ce qu'elle attend de lui, souriant un peu plus quand elle entend son colocataire soupirer. Le pauvre est coincé, ses doigts battant l'air, figés à quelques centimètres au dessus du sol. Elle se redresse, il fait de même, l'air dépité quand elle passe près de lui, tapotant son épaule.

-Un jour tu y arriveras, mais un Jedi tu n'es pas encore jeune Padawan.
-Je te déteste.
-Non tu me kiffes trop.

Elle sort, n'écoutant que d'une oreille distraite les noms peu flatteurs dont se sert Wesley pour la décrire. Un rire léger naît dans sa gorge alors qu'elle grimpe sur son vélo qu'elle a posé contre la façade de la maison. D'un doigt elle enclenche la musique et elle part, un vieux titre de Wam dans les oreilles.

[...]

Son vélo à finit contre un arbre, et sa playlist est passée sur d'autres morceaux bien plus calmes. Un peu d'herbe tendre en guise de tapis de sol, ses chaussures posées sur une souche, elle termine ses étirements tout en douceur. Le but de cette petite sortie est de lui permettre de se vider la tête, oublier certains événements récents, les émotions qu'ils ont fait naître en elle. Un peu de calme pour faire le point, séance de yoga à l'abri de toutes sources de distraction. C'est surtout pour cela qu'elle a refusé que son ami la suive aujourd'hui, elle s'est légèrement éloignée de ses colocataires depuis la dernière lune.

Cette pensée fait naître une image parasite dans son esprit, Alessandro, les yeux devenus glace, sa main serrée autour de sa gorge. L'air qui la quitte doucement alors que ses paupières se font plus lourdes. Elle se mord la langue, voulant faire disparaître ce moment de sa mémoire pour au moins quelques instants. Elle se force à reprendre une respiration plus sereine, le rythme de son cœur qui s'est emballé résonnant dans ses oreilles. L'image qui suit lui fait perdre l'équilibre, les yeux de son homme redevenus humains, les larmes qui les encombrent. Le sol se rapproche d'elle à grande vitesse alors qu'elle perd toute sa concentration, la posture de la grue se transformant en celle du chat écrasé.

Sa colère après elle même s'exprime, feulement sonnant presque comme un sanglot alors qu'elle se force à se redresser. Elle n'a parlé à personne de ce qu'il s'est passé ce soir là, hors de question de remuer le couteau dans la plaie. Elle l'aime, et là où il lui a promit de la protéger elle s'est faite la promesse de ne pas le laisser seul.

Elle se passe une main sur le visage, soupire un peu plus et tente de retrouver une expression plus agréable, repositionner le masque même si personne n'est là pour la voir. Une longue inspiration remplit ses poumons d'un air nouveau, l'odeur des bois, celle de la vie sous sa forme la plus pure. Plus...Quelque chose sur laquelle elle n'arrive pas à poser de nom bien défini même si elle a l'impression de déjà connaître cette fragrance. Elle hausse les épaules, se laissant glisser dans la positon du chien tête en bas, ses mains bien ancrées dans le sol alors qu'elle mute doucement en posture du scorpion. Se forçant à garder son calme, se fixant sur sa respiration et ses appuis pour éviter une nouvelle chute, ou pire de se blesser.