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 Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)

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Mafdet Mahes

Mafdet Mahes


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MessageSujet: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyMar 2 Avr 2019 - 22:02




Le fauteuil du chat


Je ne suis pas retournée au manoir depuis le départ de Ruby. Peter me lance assez de regards mauvais au lycée, je n’ai pas envie de tester l’énergumène loin de tout frein social. Derek rumine, la bombe à retardement n’a pas encore explosé.

La sonnerie retentit pour l’interclasse. Je suis libre, les élèves que je devais avoir ont été embarqués par Shepherd pour des travaux pratique je ne sais où en ville. Du temps à tuer, je n’ai pas envie de me coller sur des copies à corriger. Car, quand ce n’est pas Peter qui plombe l’atmosphère de la salle des profs, c’est l’autre qui ressemble au type qui joue Lucifer, en moins charismatique.

Je n’ai pas envie de rentrer chez moi, donc direction le poste de police. Il y fait toujours chaud, le chauffage débloque à fond et c’est plein de mecs musclés. Il y a quelques bedaines, mais le taux est raisonnable par rapport à d’autres postes de police. Je m’infiltre sous ma forme la plus inoffensive, en belle minette couleur nuit. La rune que m’avait apposée ce courant d’air d’Erick me permet de ne pas me retrouver toute nue quand je reprends forme humaine. Quoi que pour un œil averti, il y a bien une demi-seconde de retard où il est possible d’entrapercevoir quelque chose.

***

Jordan me pousse hors de son bureau sans ménagement. Je boude au milieu du passage. Jordan n’est plus le même, ce sale corniaud de Hellhound n’est un sac à puce miteux ! Je vire du couloir, Stilinski m’a lancé un regard noir. Je grimpe sur le bureau de Brian. Il n’est pas là. Je me souviens de l’avoir entraîné à contrôler son don. J’ai l’impression que c’était il y a des siècles. De la patte, j’écarte les papiers, tombe sur une demande pour une école de police. Lui aussi veut partir. Je feule, pose mon derche sur le papier et commence une toilette minutieuse. La collègue de Brian me grattouille la tête, elle a l’habitude de me voir, comme le reste des flics. Le poste de police est ma seconde maison. J’aime les voir s’agiter, courir vers leur voiture suite à un appel et aller sauver le monde. Je trouve amusants les idiots qu’ils ramènent et collent en cellule. Ça braille que c’est innocent, ça insulte les mamans de chacun et dieu en particulier.

Toilette finie, je regarde la pendule, ça ne passe pas. Je change de coin et opte pour un radiateur. Les yeux mi-clos je dors à moitié. Un brigadier explique où est rangé le matériel. J’ouvre un œil. Un nouveau ? Un stagiaire ? Une nouvelle souris ? Un nouveau jouet ?

L’homme me tourne le dos, fesses moulées dans son uniforme, pas de poignées d’amour, épaules larges, stature imposante.  

« 9/10 de dos. Aller tourne toi. »

Mais Papa Schultz n’en finit pas, les formulaires des stationnements ici, ceux des vols là…

« Mais tourne toi ! »

Les deux hommes se baissent pour le stock de goudron qui sert de café. Le tissu du pantalon se tend, moule un scrotum de volume honorable. Je fixe ce popotin et pense très fort.

« Tourne toi, tourne toi, tourne toi, tourne toi, tourne toi… »

Ça marche ! Bon en fait Papa Schultz lui désigne la photocopieuse dans mon dos. Beau regard couleur bois, une bouille sympa. Un poil éteint son regard, il perd un point. 8/10 de face. Papa Schultz continue la visite guidée vers l’armurerie, je suis le mouvement, la queue droite comme un i. J’aime bien son odeur au nouveau. Je file entre les pieds de Papa Schultz qui manque de tomber. Je prends la pose, assise, la queue soigneusement repliée sur les coussinets avant et souris au nouveau.

***

Il ne m’a même pas calculée ! Et m’a préféré un fusil gros calibre. Papa Schultz est un peu embêté sur  comment expliquer un tel calibre ici. Papa Schultz sait pour les pumas qui n’en sont pas. Mais il ne sait pas pour le chat du poste de police. Le nouveau se prénomme Richard, j’aime bien ce prénom ça fait Richard cœur de lion. Lion, panthère… du minet, même s’il est cent pour cent humain. Papa Schultz lui attribue un bureau coincé entre la porte des chiottes et la cafetière, il n’a qu’à tendre la main pour l’une et son… pour l’autre.

Dossiers, tonne de papiers, paye ton arrivée et ton bizutage avec les corvées administratives. J’attends que Papa Schultz se casse, attend l’occase et prends mon élan et atterri sur le bureau. Surprise du flic qui me repousse de la main. Je pose la patte sur son pot de crayons, le matte dans un regard entendu. Cela semble l’amuser. Je me colle dans un angle du bureau et lui sors la cinquième symphonie en ronrons majeurs.

La paperasserie ce n’est pas drôle. Il s’applique, bouffe son crayon, s’étire, gagne un coup de tête de ma part. Quelqu’un laisse une porte ouverte quelque part, courant d’air, froid ! Je file sur ses cuisses, c’est tout chaud. Je tourne en rond, pitate la marchandise pour m’installer confortablement. Je réclame un câlin.

- Meaow !




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Richard Turner

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyJeu 4 Avr 2019 - 11:24




 


 

Le fauteuil du chat
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-Contracte !

Il geint quand Troy cogne son ventre du plat de la main. Pourtant il obéit, se redressant, bras relevés, mains rabattues de chaque côté de son crâne. Le mioche déjà prêt pour l'école installé sur ses chevilles pèse de tout son poids pour l’empêcher de décoller les pieds du sol. Il lui lance un regard noir aux touches paternelles avant de finalement l'envoyer valser au loin, le bide en feu et les noix en bouillie. Le gamin a prit l'habitude de cogner dedans pendant les entraînements de son père pour mieux le motiver, et ce matin Dick n'a pas eu le temps de mettre une coquille.

Douleur est sa vie, et une grimace lui échappe quand il enfile son jean, fusillant du regard le môme parti enfiler ses chaussures. Jo est déjà partie pour le lycée, du cirage plein les yeux. Elle a le culot d'appeler ça du maquillage. Si elle commence déjà il sent qu'il va finir grand-père bien trop vite à son goût. Elle continue de lui faire la tête depuis qu'ils ont quitté Sacramento il y a quatre jours. Impossible de donner les véritables raisons de leur départ aux enfants, il seraient capables de s'inquiéter. C'est ce qui l'empêche d'avoir des remords à propos de son enquête avortée prématurément. Ici ce sera mieux.

Ses pieds se glissent dans des baskets d'un autre âge alors que Troy se poste face à lui. Le môme ouvre la bouche, souffle. Dick hoche la tête en sentant l'odeur du dentifrice. C'est réglo pour lui. Sac à dos X-Men sur le dos, le gamin se barre pour son premier jour dans sa nouvelle école sans même prendre le temps de faire un bisou. Son père le suit, l'attrape avant de le jeter sur son épaule.

-Allez direction l'école pour devenir un super héros comme papa.
-Non Batman ! Lui il est cool !

P'tit con...

[...]

Il a eu le temps de vider quelques cartons, prendre une douche et faire la vaisselle avant de partir pour le poste de police. Il y est déjà passé la veille pour récupérer son uniforme en trois exemplaires et rencontrer le shérif. L'homme a l'air plutôt gentil et droit. Mais ses récentes désillusions ont rendu Dick plus méfiant, voir même un peu parano. Il a évité de parler de sa vie de famille, ne lâchant que le minimum d'informations à ce sujet pour ne pas passer pour un type étrange.

À présent il est là, en train de suivre un de ses nouveaux collègues. Ce dernier a été chargé de lui faire faire le tour du propriétaire et lui donner de quoi s'occuper par la suite. Les postes de police se ressemblent tous, mais celui-ci est le plus petit dans lequel il ait jamais travaillé. Le boulot est le même, c'est juste la mise en place qui diffère. Avec 17 ans de métier derrière lui il pense pouvoir s'adapter sans difficultés. Sans un mot, des hochements de tête affirmatifs pour confirmer à l'autre qu'il comprend bien ce qu'il lui explique, il finit par se baisser pour observer le Graal de tout bon flic. Le café parfum goudron. Celui qui réveille les morts rien que par son odeur et qui file la chiasse plus vite que son ombre. La marque est la même partout, cette horreur devenant introuvable dès qu'on la cherche dans le commerce. Dommage pour Dick qui a finit par devenir accro à ce poison. 

Il se redresse pour regarder la photocopieuse quand le brigadier lui montre. Pour lui expliquer à quoi sert l'engin. Sourcils froncés, regard aussi vif que celui de Miss Canada, Dick se demande s'il a l'air d'un abruti ou si ici on agit comme ça avec tout les nouveaux. Surtout que même si juger les gens dès la première rencontre n'est pas une de ses habitudes, il est presque certain de ne pas être face à un génie. Juste à un gamin plus jeune que lui qui tente de lui expliquer le job. Son job. 37 ans et il redevient "Le Bleu". Distrait, il laisse son regard vagabonder dans la pièce avant de le stopper sur un objet qui ne devrait pas être là.

-Il sert à quoi celui-là ?

"Celui-là" désigne un fusil. Trop gros calibre pour avoir une place justifiée dans l'armurerie d'un poste de police. Son guide cherche ses mots, semant le trouble dans l'esprit de Richard.

-Ça Richard c'est si les pumas attaquent.
-Y a des pumas ici ?

Sourcil dressé, il fixe le flic d'un air suspect.

[...]

On lui a donné un bureau entre les chiottes et la cafetière. Place stratégique au vu des effets du-dit café sur tout organisme normalement constitué.

Bon, on lui a aussi donné du boulot. Remplir correctement les rapports de procès-verbaux. Ce qui sur l'échelle du travail intéressant passe après la circulation et le standard. Sans broncher ni chercher à rechigner il attrape un crayon, enfin se prépare à le faire quand le chat décide de grimper sur son bureau.

Le chat ?

Qu'est ce qu'il fout là celui-là ?

Il le repousse, tend la main pour attraper un crayon avant de sourire, amusé en voyant la boule de poil noirs poser sa patte sur son pot. Il attrape de quoi commencer à travailler, bercé par les ronrons de la bestiole alors qu'il se penche au dessus de son tas de paperasse. De façon consciencieuse il transforme les abréviations griffonnées à la va-vite en notes claires. Il tente d'éviter les fautes d'orthographe, mâchouille son crayon quand un nom est trop mal écrit pour qu'il parvienne à le lire du premier coup. Un bâillement et ça repart, la tête de Minouche premier tapant contre sa main, le rappelant à l'ordre.

Il frisonne un peu, sa peau se hérisse alors que ses poils se dressent un bref instant. Réaction au froid classique. Une porte claque en réponse à un courant d'air et quand il redresse la tête pour trouver la source du bruit, une masse lui arrive sur les genoux. Son regard cherche le chat qui n'est plus sur son bureau. Mais la queue de ce dernier lui passe sous le nez alors qu'il se tend quand ça appuie sur Ding et Dong, pour finalement s'installer.

Son regard brun se baisse sur la bestiole, et il est prêt à la dégager quand le chat miaule à son attention, frottant sa tête contre son ventre. Il lâche son crayon, tend la main pour finalement la poser sur la tête du chat noir aux yeux verts. Très jolis yeux. Instinctivement il cherche un collier, pour ne trouver que du vide. Ses doigts caressent, frottent l'arrière des oreilles du minet. Récompense pour le flic, encore plus de ronrons. Un sourire un peu gamin au visage, Dick reprend son crayon avant de se remettre à l'oeuvre. D'un geste machinal il continue, sa main partant caresser le bidon de l'animal qui se perd en ronronnement.

-T'es un gentil chat mais faut que je bosse.

[...]


Boule de poil est toujours sur ses cuisses et semble s'être empaffée. Le dur labeur d'une vie de chat se dévoile sous ses yeux. Son portable vibre sur son bureau, il sursaute en l'entendant avant de décrocher en voyant apparaître le numéro de sa fille. Main posée sur l'écran, il soupire avant de porter le téléphone à son oreille. Sa voix n'est qu'un murmure quand il questionne.

-Jo ? Pourquoi t’appelles ?

Soucis de logistique à propos du repas du soir introuvable. Dick soupire avant de répondre d'un ton sec.

-Y a des restes de gratin dans le frigo. Tu fais des œufs avec. Et surtout t'aides ton frère avec ses leçons.

Le bip de la tonalité lui répond. Elle lui a raccroché au nez. Sale gamine. Sa main arrête de papouiller le chat alors qu'énervé il reprend son crayon en main.





 

     

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyMer 10 Avr 2019 - 18:12




Le fauteuil du chat


J’étire une patte avant, sa consœur arrière fait de même. Une main chaude me grattouille le bidon : je suis au paradis. Une douce chaleur irradie des cuisses de ma nouvelle souris. L’homme ne m’a pas repoussée montrant son allégeance à Bastet.

-T'es un gentil chat mais faut que je bosse.
- Meow ! Grattouille !

Je change de côté, tourne trois fois sur moi-même, malaxe un peu mon coussin humain et me réinstalle. Je sais bien que je me perds un peu plus chaque jour sous cette forme. Une enveloppe qui met en avant toute la nature d’un félin : indifférence au monde, patience infinie et plaisir simple.

***

Je suis dérangée par la vibration d’un téléphone. Je plante mes griffes dans mon coussin quand celui-ci se penche pour attraper son téléphone.

Une hésitation, suivie d’un sentiment d’inquiétude. Je tends l’oreille. Je ne déchiffre pas les grésillements, mais le chuchotement de l’agent Turner annonce de la cachotterie. Je me fais curieuse.

-Y a des restes de gratin dans le frigo. Tu fais des œufs avec. Et surtout t'aides ton frère avec ses leçons.

Restes de gratin, frère, Jo. Mon beau coussin est donc père.

C’est vrai qu’il est bel homme et à son âge il a dû pécho plusieurs fois. Je me redresse sur mes pattes, m’étire et fais le dos rond. Je colle ma truffe un peu partout sur ses habits. Il n’y a pas d’odeur marquée de femelle. Je regarde sa main gauche, pas d’alliance, mais sa peau marque une légère brillance. Un anneau a frotté là suffisamment de temps pour laisser une très légère marque.

Père et divorcé, ou séparé, c’est déjà mieux ça comme statu.

Je n’aime pas prêter mes coussins. Deux enfants, dont au moins un garçon, « Jo » pouvant être autant féminin que masculin. Mais Jo est capable de se débrouiller avec un frigo plein et aider son frère pour ses devoirs

« Jo » est au lycée.

Je miaule un contentement, me dresse pour donner un coup de tête câlin au menton du coussin. La voix de Stilinski se fait entendre, je saute prestement sur le sol et file sous le bureau avant qu’il ne me repère. Ultime caresse contre un mollet bien galbé et je sors du poste de police la queue bien droite.

***

Jo Turner... J’épluche la liste des élèves. Je n’ai pas d’élève qui correspond à ce nom dans ma classe et pour cause Joanie Turner vient d’arriver dans la première C. Son premier cours avec moi est dans deux jours. Voyons voir à quoi ressemble la fille.

***

Un panda. Sa môme a les yeux d’un panda. Visiblement l’agent Turner ne vit pas avec une femme qui aurait pu apprendre à l’enfant comment manier l’eye-liner. L’ado s’est installée à une place vacante, le nez vers le sol. Ce n’est jamais simple d’arriver en cours d’année. Elle va devoir faire sa place parmi la hiérarchie des filles et gérer les garçons qui vont tenter leurs atroces techniques de drague sur la nouvelle. « Jo » ne respire pas la joie de vivre. Je lui donnerai presque un de mes petits sachets de croquettes molles au saumon, tant elle semble avoir envie de fuir en courant.

Mon cours s’étend sur les alcalins. J’étale les formules au tableau, dessine les molécules et piège un lanceur de boulettes de papier qui manque de s’étouffer avec son stylo. Avec le nombre de métamorphes en prof ici, les enfants n’ont vraiment pas de chance. Je me demande si « Jo » est déjà passée chez Rapier ou Hale. Vu qu’ils enseignent la même matière, on se coltine soit l’un, soit l’autre. La peste ou le choléra.

- Nous nous intéressons donc à la première colonne du tableau de Mendeleïev en excluant l’hydrogène. Cooper, donne-moi la liste des métaux alcalins.
- Euh… Le fer ?
- Il suffit de lire Cooper, première colonne, le tableau est au-dessus du tableau…
- Hydrogène.
- Je viens de dire quoi ?
- Ben la première colonne du…
- En excluant l’hydrogène ! Tu me feras les trois exercices de ton livre à ce sujet pour le prochain cours.
- Mais M’dame !
- Quatre exercices…
- …
- Sophia, les métaux alcalins ?
- Lithium, Na… Nathium ?
- Non ! Na c’est le Sodium ! Na du latin Natrium.
- Joanie ! Tu veux bien répondre.
- Lithium, Na..sodium, K… kryptonite ?

Je me pince l’arête du nez. Le reste de la classe ne connaît certainement pas la solution, mais s’écroule de rires.

- Nous ne sommes pas dans un film de Superman Miss Turner. Il serait bon pour toute la classe de connaitre par cœur les noms des éléments chimiques et leurs abréviations. Donc les métaux alcalins sont : Li pour lithium, Na pour sodium, K pour potassium, Rb pour rubidium, Cs pour césium et Fr pour francium. Tu passeras me voir à la fin du cours Joanie.

Je débite la suite de la leçon, donnant les propriétés des alcalins et leur usage. Il est évident que le savoir que je distille ne servira pas un futur commercial ou épicier, mais il y a quelques branches professionnelles qui verraient un intérêt dans ce savoir que l’on pense à tors réservé aux chimistes. Il y a dans les éléments que je viens de citer des composants pour explosifs ou le sel de table par exemple. La sonnerie déclare la fin du cours. Les élèves remballent leurs affaires et sortent comme si la salle de classe allait imploser dans les secondes qui suivent. Joanie Turner rejoint mon bureau en traînant les pieds.

- Quel niveau avais-tu en chimie dans ton ancien lycée ?
- Sais pas.
- Tu as un super héros dans ta famille pour me sortir kryptonite  en matériaux ?

Une lueur s’allume dans son regard. Son héros n’aurait-il pas un uniforme caca d’oie ?

- J’aimerais rencontrer tes parents et discuter avec eux de ton intégration. Je sais que c’est difficile. Ta mère serait disponible ?

Stratégique demande : évaluer les forces ennemis et le contexte. En réclamant la mère, au vue des éléments que je possède, je vais tout savoir sur cette séparation de corps de ses parents. Son regard se voile. Le sujet maman est un souci. La mère à Sacramento, c’est donc au père que j’aurais affaire.

- Il est policier, il n’a pas forcément des horaires…
- Qu’il me donne ses disponibilités et je lui donnerai un rendez-vous. Passe-moi ton carnet de correspondance pour que je lui écrive un mot.

Il y avait une pointe de fierté quand elle a annoncé la profession de son père. Brave petite. Je suis curieuse de leur histoire. Le père est plaisant à regarder. Je ne l’ai pas beaucoup entendu pour juger de son caractère, mais sa fille semble en être fière. Après, j’imagine que comme chaque ado, elle ne doit le lui montrer.

Je termine la journée avec une mini-explosion en travaux pratique. La routine. Dommage que je n’ai pas le mignon laborantin sous la main pour le faire nettoyer. C’est une souris maline le Canadien.

Je me dirige vers ma Kawasaki quand j'aperçois Turner père attendre sa fille. Je démarre, fais ronfler le moteur comme toujours et m'engage dans la circulation.

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyLun 15 Avr 2019 - 18:56




 


 

Le fauteuil du chat
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Il a eu le temps de récupérer Troy avant de passer au lycée. Le petit cogne dans le siège devant lui, ses pieds se balançant en cadence avec la chanson qu'il a appris quelques jours plutôt. Dick se contente de soupirer en fixant la sortie du lycée qui commence à recracher son flot de marmots dans la nature, complètement imperturbable face aux coups de son fils qui se répercutent dans sa colonne vertébrale.

Le flic se redresse quand une tête familière aux reflets roux apparaît dans son champ visuel. Il lève une main dans un salut joyeux, un peu trop s'il prend en compte la réaction de l'adolescente. Joanie accélère le pas, puis pénètre dans l'habitacle du véhicule familial. Une moue boudeuse devenue habituelle trône sur le visage de l'adolescente alors que son père se demande quand cette expression a t-elle réussi à remplacer le sourire plein de joie qui était celui de sa princesse lorsqu'il allait la récupérer à la fin des cours. Il y a des chances pour que cette époque joyeuse ait prit fin le jour où des brassières n'ont plus suffit à la gamine pour ranger ce que ses hormones faisaient pousser. Un lot complet nommé puberté. Les serviettes hygiéniques et les sous vêtements en dentelle ont prit la place des brosses à dents à ventouse et des slips en coton estampillés Barbie. Il n'a rien vu venir. 

C'est sans rechigner ni faire de commentaires sur la présence de son père devant le lycée que la jeune fille s'attache. C'est ce qui faut tiquer l'homme. L'absence de cris et de comédie. Main sur le contact, prêt à démarrer l'auto, il se fige.

-Y a un truc qui cloche ?

Le ton utilisé transpire la compréhension, un simple soupçon d'autorité paternelle s'y ajoutant, créant un savant mélange. Il a du apprendre à jouer le rôle du bon et du mauvais parent en même temps. Celui capable de passer des câlins aux punitions en une fraction de seconde.

La gosse soupire. Derrière, Troy a stoppé son vacarme. Le flic déguisé en Mme Doubtfire retente sa chance. Cette fois son regard est clair. Il veut une confession, que ce soit dans cette voiture où lorsqu'ils seront tous rentrés à la maison. Mais il va de soi que le plus tôt serait le mieux. Surtout si Joanie tente de lui dissimuler une bêtise.

-Jo. Qu'est ce qui se passe ?

Une tête fleurit entre les sièges avant, un doigt aux rondeurs encore un peu enfantines vient s'enfoncer dans la joue de la jeune fille. Un soupir de plus, signe que ces choses là sont faites pour aller par paire, la lycéenne baisse le yeux avant de marmonner.

-La prof de chimie veut te voir. Elle a fait un mot et insiste pour un rendez vous. Pourtant je lui ai dit que c'était galère avec ton job ! Faut me croire ! J'ai pas fait de conneries !
-C'est cool pour moi.
-C'est cool pour lui.

Il a coupé sa fille sur sa lancée tandis que cette dernière commençait à s'emporter toute seule, se justifiant alors qu'il n'avait pas encore poussé les questions. Troy s'est senti obligé de rajouter son grain de sel à cette histoire, supportant difficilement de se sentir ainsi mit de côté face aux discussions des grands.

-Tu paniques comme une innocente. C'est réglo pour moi.

Près de lui ça se détend, il en profite pour appuyer sur le bouton de l'autoradio, relançant sa playlist. Du bon son venant tout droit de son adolescence à lui. Du temps où il était encore jeune et insouciant. Quand il croyait encore que les couches culottes on avait pas besoin d'en acheter avant ses trente ans et que les préservatifs étaient des armes parfaites pour lutter contre les grossesses indésirables. De la techno en fond sonore, sa tête qui oscille au son de ce rythme entêtant, il murmure muettement les paroles. Le moteur gronde, la musique se stoppe.

Son regard chocolat passe de la sortie du parking à l'autoradio pour arriver sur cette main qui semble être coupable. Il tape dessus d'un coup sec et remet son cd en route. Ce manège continue jusqu'au moment ou un éclair argenté traverse la voiture. Sa fille vient de mettre fin à leur petite guerre de la plus odieuse des façons. Il la fixe. L’œil outré, le nez froncé. Puis passe une vitesse, figé dans sa nouvelle bouderie alors qu'il reprend le travail dans quelques heures.

[...]

Il repasse une de ses chemises passe-partout. La moins usée. Joanie lui a demandé de faire classe et de ne pas lui coller la honte face à sa professeur. Elle a d'ailleurs bien insisté sur ce second point quand elle a vu la tête de son père apprenant le sexe de l'enseignante. Elle sait que Dick a mit sa vie sentimentale de côté depuis le départ de leur mère. Et que c'est parfois compliqué.

Mais à cause de ces recommandations, le flic panique. La peur de passer pour un crétin, lui qui n'a jamais beaucoup aimé l'école et qui a fuit tout système scolaire dès qu'il l'a pu. Avec Troy cela passe encore, mais le gamin aussi va se mettre à grandir et cette galère ne va faire qu'empirer. Depuis il demande à sa fille de lui expliquer les bases de cette matière. Et cette dernière semble en profiter pour réviser ses cours. Il fronce un sourcil quand elle prononce un nom bien trop compliqué avec des lettres qui ne vont pas ensemble. C'est quand un fin nuage lui passe devant le nez qu'il comprend. Sa chemise s'orne désormais d'une belle trace sombre triangulaire. Il tire sur la prise, débranche ce traître de fer en jurant avant de partir dans sa chambre fouiller dans un carton à la recherche d'un t-shirt en bon état. Sa main descend comme une serre sur le coton et il passe le vêtement avant de revenir dans la pièce de vie.

-Vous rangerez les courses après. Et vous ferez votre vaisselle. Puis je vous dirais peut être où j'ai planqué le câble de la box.
-NON T'AS PAS LE DROIT ! PAS INTERNET !

Alors que le petit commence à faire ses yeux de caribou battu, prêt à verser une larme, sa sœur quand à elle se met à hurler son indignation. Il les regarde avant de sortir en souriant.

-Avec photographies à l'appui. Bye les moches papa vous aime.

La porte claque derrière lui. Il ne rit pas, trop angoissé pour y parvenir.

[...]

Il fixe les numéros de porte dans le couloir, traversant ce dernier pour arriver dans la classe de cette Mafdet Mahes. Ses pieds glissent sur le sol fraîchement nettoyé, puis il se stoppe. Levant une main, prêt à frapper au bon endroit. Il donne un coup, fébrile, puis deux autres bien plus assurés.

Il se fige un instant avant de se lancer.

-Euh... Bonsoir on avait rendez-vous.

"Elle ne va pas te manger sauf si tu fais quelque chose de stupide." Il stresse alors que ces mots prononcés par sa fille résonnent sous son crâne. Plus facile à dire qu'à faire. La porte s'ouvre sans qu'il l'ait vu arriver, trop songeur pour faire attention. Il manque de sursauter même s'il faut bien avouer que son cœur fait un véritable bond dans sa poitrine. Il lève les yeux, laisse sa vision se régler. Une très jolie femme lui fait face. Plus jeune que lui sans doute. Brune, grande, finement musclée et de magnifiques yeux verts. Elle lui tend une main, il fait de même en lui offrant la sienne, espérant de tout son cœur que celle-ci ne soit pas moite. L'avion de chasse qui lui fait face se présente. C'est bien elle. Mafdet Mahes. Mme Chimie. Si sa prof au lycée avait été comme ça, c'est sûr, il aurait eu de meilleures notes.

-Je suis Richard Turner. Le papa de ma fille. Jo. Enfin Joanie.

Sa gorge s'assèche, il se maîtrise aussi bien que possible pour éviter que les micros déglutitions qu'il enchaîne à grande vitesse ne se remarquent. Ne pas baver. C'est une question de survie. Jo lui en voudrait à mort s'il lui mettait la honte devant sa prof. Pas après l'avoir éloignée de Sacramento. Il est venu là parce que Mme Mahes veut lui parler, il est de son devoir de se tenir comme un parent normal. Pas comme un grand gamin. Pas pour leurs débuts dans cette ville.





 

     

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyLun 22 Avr 2019 - 22:06




Le fauteuil du chat


Un coup d’oeil à travers la visière de mon casque dans l’habitacle de la voiture du flic me montre un père un peu dépassé par l’énergie de son fils qui patiente comme un fauve en cage. Un bon rugissement gueule ouverte pleine de crocs te remettrait le loupiot au pli… et le rendrait peut-être à nouveau incontinent la nuit. La paix ou les draps mouillés… Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon pantalon en cuir. En d’autres temps, j’aurais ignoré et attendu d’être chez moi pour daigner voir qui m’appelle. Mais l’ambiance meute étant ce qu’elle est depuis le départ de Ruby, je m’arrête et réponds.

- Tu pourrais garder Ian ? J’ai un rendez-vous imprévu chez un client, Peter a cours jusqu’à dix-huit heures et Mick et Chad sont trop loin pour être là à temps.

Pas le temps de refuser que Derek me sorte l’artillerie lourde et imparable.

- S’il te plaît. J’ai déjà dit à Ian que tu venais.
- Af’ ! s’exclame une voix enfantine en fond sonore.

Derek l’a fait exprès, il sait que je ne résiste pas au chiot quand il m’appelle comme ça.

- Y a du lait dans le frigo ?
- Il va y en avoir dès que je raccroche…
- J’arrive.

Je raccroche, fais un demi-tour et prends la direction du manoir Hale. Je croise Derek sur le pas de la porte, il est vraiment pressé et ne ment pas sur son rendez-vous : il est habillé comme le banquier qu’il est. Un costar cela vous change un homme.

- Il est où le chiot ?
- Là. Ian pas un chiot ! s'offusque le bambin qui marche en chaussettes.
- Si tu es un chiot.

J’investis la cuisine et son frigo. Je siffle la moitié de la bouteille de lait à même le goulot et musarde sur les restes. Depuis que Ruby n’est plus là, même le frigo à une gueule d’enterrement… Ian est calme, plus calme que d’habitude. Sa mère lui manque et il n’y a que des hommes dans cette demeure. Unique figure féminine de la meute, je suis pourtant loin d’un modèle maternel. Je soulève le chiot par le dos de son pull et le pose sur mon épaule.

- Quelle connerie va-t-on pouvoir faire ?

Ian me montre la porte. Peut-être veut-il jouer sur sa balançoire.

*

Une heure que le chiot tourne autour de la pierre où Ruby a disparu. J’ai beau lui dire que la « porte » est fermée, mais Ian ne veut rien entendre et il se met à pleurer quand je tente de l’éloigner de là. J’ai fini par m’asseoir adossée à un arbre. Il faut le temps au temps, Ian finira bien par s’y faire, vivement qu’il aille à l’école, il est trop isolé ici, surprotégé aussi.

*

- L’oxydation est une réaction au cours de laquelle un élément perd des électrons. OK ? À l’inverse, la réduction est une réaction au cours de laquelle un élément gagne des électrons. Toujours OK ?

Vingt-cinq têtes bougent du chef comme ces chiens sur les plages arrière des voitures, l’œil aussi clair que celui d’un merlan frit.

- Tristan ? La réduction ? Définition ?
- C’est une réaction qui diminue un élément.
- Raté ! C’est une réaction où un élément gagne des électrons ! Bien, vous avez intérêt d’apprendre votre cours et de faire les exercices d’application de votre manuel, car il y a interrogation la prochaine fois.

Mon annonce provoque soupirs et râleries. Le reste de la matinée se passe à la vitesse d’un escargot endormi. À midi, je déjeune avec mes collègues. Shepherd regarde amoureusement Miss Jouve. Rapier fait la gueule. Hale fait la gueule. Dommage que le Norvégien n’est plus là, lui au moins faisait la conversation et il avait une belle gueule et un joli petit cul. La prof d’histoire se plaint des terminales C, elle ne les gère pas. C’est vrai que cette classe est difficile. Je les avais matés au H2S. Deux heures de TP dans une ambiance pestilentielle de boule puante, ils n’avaient plus refait un seul chahut.

L’après-midi  s’enlise dans un marasme soporifique. La chimie intéresse peu. J’ai bien quelques réactions amusantes à présenter, mais on en fait vite le tour. Je regarde l’heure avec autant d’impatience que mes élèves et saute presque de joie quand la sonnerie retentit enfin. L’heure de la distraction est enfin arrivée. Je n’ai aucune idée de ce que je vais dire à Richard, j’improviserai à l’humeur.

*

Un premier coup est donné sur la porte, suivis de deux autres plus professionnels, plus flic.

- Euh... Bonsoir on avait rendez-vous.

Turner est en train de parler à la porte. Ma souris est déjà apeurée alors que je n’ai pas encore miaulé. J’ouvre la porte, il tressaille à peine, bel entraînement de flic, mais son cœur trahit sa fébrilité. Il est chou ce grand gaillard bien musclé qui s’effraye d’une rencontre parent - prof. J’aime ! Je lui tends la main, il la saisit. Sa paume est tiède et ferme, une main d’homme.

- Mafdet Mahes, professeur de chimie, dis-je.
-Je suis Richard Turner. Le papa de ma fille. Jo. Enfin Joanie.

« Le papa de sa fille »… Je me mords la joue pour ne pas rire. Il s’empêtre, ne se rend pas compte qu’il garde ma main dans la sienne. Je lui fais mon sourire chat, il me lâche. Ce sourire fait toujours cette impression, on ne sait pas si je souris ou si je vais vous manger tout cru. De la main, j’invite Turner à rentrer et referme la porte dans son dos. J’ai placé une chaise devant le premier bureau des élèves afin que nous soyons face à face et au même niveau. Je n’ai pas grand-chose sur sa fille, car elle arrive à peine.

- Je vous rassure tout de suite, monsieur Turner, Joanie se comporte bien en classe. Par contre, je n’ai aucun recul sur son niveau. J’aurais pu attendre les premiers contrôles, mais une arrivée en cours d’année est toujours délicate, l’intégration parfois difficile. Donc pour savoir ce qui est dû à son arrivée ici, ou à son travail scolaire, puis-je vous demander quelles étaient ses notes en chimie et si elle avait une matière particulière qui lui posait problème à…. Sacramento, demandé-je après avoir relu la fiche de Joanie que je connais par cœur.

J’écoute le père, il n’a pas forcément en tête les notes de sa fille pour la chimie. Je relance sur un sujet un peu personnel.

- Joanie semble un peu éteinte pour une adolescente de son âge. Elle m’a dit que sa mère habitait encore Sacramento. A-t-elle des difficultés vis-à-vis de sa situation familiale ? Nous avons des cellules d’aides aux enfants comme aux parents…

Je pense à Shepherd dont c’est un peu le travail. Il sait y faire avec les gamines. Je veux bien m'occuper des papas.

- Un père célibataire et policier de surcroît, cela ne doit pas être simple à gérer tous les jours…

Je pose mon menton sur mes mains jointes. Pas beaucoup de temps libre non plus. J’ai envie de lui demander pourquoi il se complique la vie avec une garde visiblement exclusive de ses enfants en venant s’enterrer à Beacon Hills. Mais une chose après l’autre. Il est quand même mignon vu de prêt. Au poste de police, je n’ai eu qu’une vision en contre-plongée.

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyVen 26 Avr 2019 - 11:44




 


 

Le fauteuil du chat
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Sa main dans un réflexe idiot ne parvient pas à lâcher celle de la prof, c'est quand celle-ci le fixe, un sourire étrange au bord des lèvres qu'il cesse. Encore plus intimidé qu'il ne l'était déjà, il se contente d'entrer dans la salle de classe, l'air un peu perdu. Il pose ses fesses sur une chaise qui semble avoir été déplacée pour sa venue, tente de retrouver un minimum de contenance quand la brune s'installe face à lui, à son niveau. La petite voix dans sa tête cesse pour une fois de lui souffler des conneries, le rassurant au contraire. C'est juste une prof. Il en a déjà fait des réunions parents-profs, mais jamais dans ce contexte. Habituellement il se contente de venir une fois par an dans les établissements scolaires des mioches, rencontre tout le monde d'un coup et se débarrasse de la corvée sans stresser.

Son cœur se fait plus léger quand Madame Mahes lui confirme le bon comportement de sa fille. Il n'avait pas trop de doutes à ce sujet. Joanie évite de lui cacher ce genre de choses, elle a déjà tenté de le faire par le passé. Les sanctions récoltées lui ont fait passer toute envie de dissimulation et mensonges divers et variés.

Sauf que la brune ne s'arrête pas là, elle continue, parle d'intégration et de niveau scolaire. Avant de finalement demander les anciennes notes de Jo. Le visage du flic se vide de son sang un bref instant alors que mentalement il se traite de crétin fini. Des choses qu'il devrait connaître. Qu'il aurait pu connaître s'il avait un peu réfléchi à ce qu'on allait lui demander au lieu de gaspiller son temps en faisant cramer une de ses chemises et en demandant à sa fille de lui apprendre la chimie. Pourtant il ouvre la bouche, opte pour la franchise, ne voyant aucun intérêt à ne pas le faire.

-Elle a jamais eu de soucis particuliers en cours. Mais je n'ai pas ses notes en tête, entre le déménagement et le reste... C'est sans doute encore dans un carton.

Il baisse les yeux comme un gosse prit en faute avant de se redresser, reprenant la professeure quand celle-ci tente de se dépatouiller avec les informations que Joanie lui a données.

-Vancouver. Sa mère est à Vancouver. Joanie ne l'aime pas beaucoup. On avait déjà divorcé quand on est partis vivre aux États-Unis.

Dire que la gosse a un soucis avec sa mère est un euphémisme. Elle lui en veut, le souvenir du départ de Gloria, des pleurs de Troy restant fortement ancré dans l'esprit de la gamine. Ce jour là, elle a eu peur. Peur que sa mère les abandonne sans attendre le retour de Dick. Peur qu'il les laisse à son tour en suivant l'exemple maternel. Elle ne veut plus la voir, refuse de l'appeler "Maman", s'entêtant à la nommer par son prénom, de façon impersonnelle, malgré les réprimandes de son père à ce sujet. Pour Troy c'est différent, sa maman n'est rien d'autre qu'un nom, une personne dont on parle rarement à la maison. Celle qu'il croise en coup de vent dans le quartier de ses grands parents quand il va passer quelques semaines chez eux pour les congés d'été.

Dick soupire, sourire un peu penaud sur les lèvres quand Mafdet Mahes lui dit que ça ne doit pas être simple. Dans sa tête le pire est déjà passé. Tout seul, avec un bébé arraché au sein de sa mère, une gamine traumatisée, ça c'était compliqué. Il a jonglé entre les écoles, son boulot et les nourrices, s'épuisant, gardant le sourire malgré tout en se disant que ça aurait pu être pire. Il sourit, son regard chocolat rivé dans celui émeraude de la jeune femme. Le ton léger, presque amusé, il répond.

-Non c'était compliqué il y a neuf ans. Quand le petit frère de Joanie était bébé. Aujourd'hui c'est une balade de santé en comparaison.

Il étend ses jambes sous le bureau, un peu trop. Il s'en rend compte quand son pied frôle une des jambes de la professeure. Il se redresse comme s'il venait de se prendre une décharge électrique, ses joues chauffent. Il passe ses mains dessus pour tenter de dissimuler ces rougeurs gênantes qui viennent de s'installer et s'empresse de changer de sujet de conversation. Ou plutôt retrouver celui qui est la raison de sa présence au lycée, alors qu'en temps normal il devrait être en train de préparer le repas du soir. Il est là pour parler de sa gamine, pas pour faire du pied à sa prof. Aussi jolie soit-elle.

-Joanie m'aide bien. C'est une gentille gamine. Elle fait ses devoirs, révise régulièrement et aide son petit frère avec ses leçons. Elle est plus studieuse que je ne l'étais à son âge. Mais elle a laissé tout ses amis pour venir vivre ici. Ça rend l'ambiance un peu tendue entre nous.

Bon, il faut dire qu'il n'était franchement pas un exemple à suivre lorsqu'il était au lycée. En seconde il a même réussi à faire croire qu'il n'était qu'une erreur sur la liste des élèves de sa classe à sa prof de maths. Aidé par des alibis montés avec ses amis, il s'est finalement fait griller par sa mère, qui au bout d'un trimestre sans notes dans cette matière sur le bulletin de son fils s'est inquiétée des compétences de la vieille chose revêche qui lui servait de prof. La gifle que lui a donné son père a été tellement retentissante qu'il n'a plus jamais retenté l'expérience. Sa joue chauffe encore quand il repense à cette soirée où il s'était fait remonter les bretelles par ses parents furieux.

La professeure de Joanie tente une indiscrétion, lui demande pour quelle raison ils ont déménagé. Lui seul dans cette ville sait ce qui s'est passé, même si le shérif semble avoir de sérieux doutes à propos des raisons de cette demande de mutation en urgence. Le regard de Dick se fait plus sombre, plus sérieux alors qu'il ouvre la bouche pour donner les raisons de ce changement de vie à la femme qui lui fait face.

-J'ai eu des soucis avec une enquête. Suffisamment graves pour que changer d'air devienne une nécessité. Jo n'est pas au courant, elle se serait inquiétée inutilement.

Entre eux c'est plutôt compliqué pour l'instant. Mais tout va s'arranger, c'est toujours le cas. Elle va s'habituer à ce petit patelin tranquille. Se faire des amis et se trouver de nouveaux repères.





 

     

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyVen 3 Mai 2019 - 14:54




Le fauteuil du chat


Mes questions sont là pour meubler. Je me moque des notes de « Jo » ou d’une éventuelle souffrance liée à son intégration. La vie est cruelle, autant s’en apercevoir jeune, cela évite bien des désillusions. Beaucoup me pense froide, mais mon peu d’empathie est lié à ma nature. Non que je trouve la souffrance des autres délectable. Ce qui attise ma curiosité est de les voir s’agiter et se dépêtrer de situations inextricables. Tout comme un chat joue avec une souris. Le rongeur n’a aucun espoir, mais il ne le sait pas. De mon point de vue, chat n’est qu’un des nombreux synonymes de dieu.

Richard Turner se montre tout à fait plaisant, il était rouge et devient blême, puis reprends à nouveau des couleurs. Son regard s’agite, ses mains, les miennes, mes yeux, à nouveau ses mains, mon décolleté, la fenêtre. Puis il égrène les informations en bon père de famille qui rame sur le radeau familial. Vancouver, la mère est loin, détestée par sa fille. J’imagine le scénario, le père flic, horaires à la con, la cervelle pleine de mauvaises images. L’épouse qui se sent délaissée, non valorisée qui trouve mieux. Je scrute Turner, l’homme est attirant, humain mais assez animal pour créer l’intérêt d’une femme. Car ne nous voilons pas la face, les relations de couple restent basées sur un instinct primaire. La modernité c’est bien beau, l’égalité, tout ça, mais le schéma inscrit dans nos gènes attire les femmes vers des hommes qui semblent solides et bons reproducteurs. Et si les gars matent la mamelle et le fessiers des femmes, c’est bien une appréciation de la capacité de celle-ci à enfanter.

Alors que Richard Turner m’explique ce qu’il y a à savoir sur sa fille, je jauge cet homme en tant que tel, je regarde le mâle. J’écarte les fausses faiblesses dont il se pare. Il joue le père débordé par ses gamins ou la vie, mais je suis certaine qu’il n’en est rien. J’ai lu dans un réseau social un quizz qui demandait qui vous choisirez comme compagnon en cas d’apocalypse. Richard Turner est à mon avis un bon choix pour espérer survivre. Et à Beacon Hills, l’apocalypse n’est pas une notion très lointaine.

-Non c'était compliqué il y a neuf ans. Quand le petit frère de Joanie était bébé. Aujourd'hui c'est une balade de santé en comparaison.

Le flic reprend son assurance. Il dit en avoir vu d’autre. Je  hoche la tête car il faut bien renvoyer un signal pour ne pas paraître trop étrange. Ruby m’avait enseigné l’art de la sociabilité. Je reste mauvaise élève, mais j’ai acquis quelques bases pour ne paraître pas trop réfrigérante.

« - Moins reine de Sabbat Maf’ !
- Je n’étais pas la reine de Sabbat mais la déesse Bastet ! Les déesses ça fait la gueule Ruby. »


Après l’homme embarrassé, voici le mâle qui gère. Son attitude s’en ressent, il étale ses jambes, me frôle au passage, les signaux qu’il m’envoie da manière inconsciente changent, plus masculins, plus conquérants. Un nouveau charme teinte sa personne, une pointe de virilité très agréable. Puis son humeur change du tout au tout, il devient grave et sérieux.

-J'ai eu des soucis avec une enquête. Suffisamment graves pour que changer d'air devienne une nécessité. Jo n'est pas au courant, elle se serait inquiétée inutilement.

Les mots lui coûtent, ils dévoilent une défaillance, même s’il n’y peut rien, que c’est tombé sur sa pomme car la loi de Murphy est ainsi. Ça le mine, son métier interfère avec sa famille et ce qu’il possède de plus cher : ses enfants. Ma main se pose sur la sienne. Je fronce les sourcils. Mon geste n’est pas dicté par le mode d’emploi de Ruby « Les relations humaines pour les nuls en quinze chapitres ». Richard réagit à ce contact, s’aperçoit de mon hésitation. Je sors le numéro un de la liste de Ruby : le grand sourire. Cela donne le temps de réfléchir à quoi faire. Ruby disait que la mortalité allait forcément m’humaniser et que mon détachement de la vie était dû à cette demi-immortalité vécue qui fausse les relations avec ceux qui périssent. Retirer ma main serait désavouer mon geste, j’accentue donc la pression et regarde l’homme dans les yeux.

- Je comprends le danger sous-jacent. Vous avez bien fait de m’en parler. Je garderai un œil sur ce qui pourrait paraître suspect autour de votre fille.

Je ne sais pas s’il est soulagé ou non de ma réponse. Il doit se dire qu’en cas de danger, je ne dois pas être d’un grand secours. Mais il ignore qu’il y a quelques millénaires j’ai tout bonnement fait couler l’Atlantide avant que sa civilisation ne détruise la terre. Je n’ai plus ces pouvoirs. De toute façon pour arrêter l’homme maintenant, il faudrait détruire la terre.

Un blanc se fait et s’éternise un peu trop dans le code des humains. L’entretien est terminé. J’ai fait le tour des questions, mais je n’ai pas envie de relâcher mon adorable souris. J’aime beaucoup son regard, sorte d’homme-enfant mais qui peut devenir homme-homme si l’enjeu le demande. Une image d’anti-héros assez sympathique. Des rires dans le couloir nous sortent de la torpeur qui nous avait gagnés. Plus aucune raison de le retenir. Je sais que j’irai m’installer sur ses cuisses au poste de police et me laisserai grattouiller à l’excès. Mais…

Derek m’a parlé d’un pub où parfois des blondes vous offrent de la nourriture… Les hommes sont assez mauvais quant à comprendre les sous-entendus. Mais…

- Vous êtes donc nouveau en ville.

Et célibataire…

- Je vous conseille le No man's land en ville, c’est un Pub sympa avec une bonne ambiance celtique. J’y vais régulièrement pour décompresser.

C’est faux, car c’est souvent bondé et que j’aime avoir de la place autour de moi et que j'ai les griffes faciles pour les mains aux fesses indésirables. Mais l’autre bar sympa est celui du gangster de la ville que je m’applique à éviter. Je supporte déjà les loulous Hale, c’est déjà bien assez pour mes moustaches. Je me suis levée pour signifier la fin de l’entretien.

- Mon email est noté dans le carnet de votre fille, si vous avez un message à me faire passer sans l’intermédiaire de « Jo ». Pour les soucis à Sacramento par exemple.

… ou autres.

Je le raccompagne à la porte de la classe et lui serre la main.

- A bientôt monsieur Turner.

Nouveau sourire. J’ai bon là Ruby ? Fais trembler la terre une fois pour oui, deux fois pour non. Un camion poubelle passe dans la rue au même moment faisant trembler les vitres.

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyLun 6 Mai 2019 - 10:58




 


 

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Il est surpris quand la prof de sa fille pose sa main sur la sienne. En général les professeurs n'ont pas de contacts de ce genre avec les parents. En tout cas lui même n'a jamais eu le droit à ce genre de traitement auparavant. Il ne cherche pas à dégager sa main, se contente de fixer la brune, qui semble elle même étonnée de son propre geste au vu de ses sourcils qui viennent de grimper d'un étage sur la ligne de son front. Un grand sourire plus tard et Mafdet Mahes passe de belle à sublime aux yeux du flic. La pression de la main de la femme sur la sienne se fait plus forte, plus assurée. Quand cette dernière tente de le rassurer, il n'ose pas lui dire que les gens qu'il a mit en rogne ne se feront pas arrêter par une jeune femme. Ces ordures sont des tordus de haut niveau, le genre qui n'hésite pas à menacer des gosses quand on fouille trop dans leurs affaires. Il se contente d'un sourire timide comme seule réponse. Pourtant au fond de lui son gêne du chevalier servant se réveille tandis qu'il se promet de ne pas laisser la brune se mettre en danger. Il a déjà mêlé assez d'innocents à cette sordide histoire sans avoir besoin de voir cette liste se rallonger. Sa conscience et ce qu'elle peut supporter a ses limites.

Un silence s'installe. Il pourrait être gênant mais ce n'est pas le cas. Plongé dans les yeux de celle qui lui fait face, sa main chaude contre la sienne. Il ne ressent pas le besoin de l'ouvrir et de toute façon le sujet Joanie semble épuisé. Il espérait pouvoir rentrer rapidement chez lui en arrivant au lycée, mais maintenant qu'il voit la fin de cette entrevue se profiler, il souhaite juste gagner quelques minutes de répit. Un peu plus de temps en charmante compagnie. Mais quand ça rigole dans le couloir, la main de la brune se retire de la sienne, montrant que l'instant vient de prendre fin. Quand Mafdet Mahes parle d'un bar où elle se rend, il se dit qu'il va peut être devoir se remettre à fréquenter ce genre d'endroits où il n'a pas mit les pieds depuis des années. Par manque de temps, mais aussi principalement car la motivation pour sortir n'est pas présente quand il rentre du boulot. Mais si ce bar peut être une occasion pour revoir la brune, il est prêt à changer ses habitudes sans hésiter.

Elle se lève, il la suit. Il est prêt à lui tendre la main pour la saluer comme il se doit, mais elle relance la conversation. Une dernière information que le flic s'empresse de noter dans un coin de sa cervelle. Une adresse mail et une invitation à la contacter en cas de besoin. Sans avoir à passer par la gamine. Gamine qui ferait une syncope si elle savait que son père est en train d'avoir un coup de cœur pour sa prof de chimie.

Ça ressemble à une proposition de rencard. Enfin Richard espère que c'est bien le cas. Qu'il n'est pas juste en train de se faire un film. Il sourit à la belle brune en lui serrant la main, elle fait de même. Un "À bientôt" est prononcé, donnant un peu plus de corps aux déductions du canadien. Elle lui rend son sourire. Il sent ses joues se réchauffer à nouveau, relâche la main de la jeune femme.

-À bientôt mademoiselle Mahes.

Elle ne le reprend pas. Le champ est donc sûrement libre. C'est sur un petit nuage qu'il quitte le lycée pour rentrer retrouver sa marmaille.

[...]
 
Il a osé lui envoyer un mail. Un truc tout simple où il lui demande si elle est d'accord pour lui tenir compagnie dans le bar dont elle lui a parlé. Il a juste prit la liberté de signer de son prénom, et non en utilisant son nom. Tentant de faire comprendre à la jeune femme que c'était là l'homme qui lui proposait cette sortie et non le père de famille.

Depuis il tente de s'occuper l'esprit pour ne pas penser à un possible refus de la part de Madfet. Celle-ci a peut être changé d'avis en se rendant compte que dans l'esprit du flic ses paroles avaient sonné comme une proposition de sortie à deux.

Il termine la vaisselle, colle le repas du soir dans le four. Puis sursaute quand son portable bippe, l'avertissant d'un nouveau message. Un peu trop fébrile pour son bien il attrape l'objet, manque de le faire chuter dans l'eau savonneuse restée dans l'évier. Quand il ouvre le mail qu'il vient de recevoir, il ne peut retenir un cri de joie. Alors qu'il se déhanche dans une puérile danse de la joie face à la réponse positive de la brune, il se dit qu'il faut qu'il lui réponde au plus vite pour caler une date.

Sans se départir de son grand sourire, il envoie une réponse rapide, ne se souciant pas des regards choqués de ses enfants. Quand Joanie lui demande ce qu'il s'est passe, il répond, ment éhontément.

-Rien. Il ne se passe rien du tout.

Dick ne se doute pas que le sourire béat qu'il affiche est en totale contradiction avec ses dires.

[...]

Il enfile son meilleur t-shirt. Le blanc. Celui qui est suffisamment cintré pour laisser deviner ce qui se passe en dessous. Bouteille de parfum entre les mains, il s'en colle dans le cou, sur le creux des poignets avant de gratifier son entrejambe d'une giclée parfumée. Un dernier regard dans le miroir alors qu'il achève de dompter un épi à renfort de cire coiffante. Il sourit, son reflet fait de même. Il quitte la salle de bain, attrape sa veste en cuir qui repose sur le canapé. Vêtement enfilé, il entrouvre la porte de la chambre de Troy. Le petit dort. À la lueur du Batsignal qui sert de veilleuse, il voit son fils, pouce collé dans la bouche, des ronflements dignes d'une moissonneuse batteuse en guise de fond sonore. Il referme la porte sans un bruit.

Seconde chambre, changement de décor. Il sourit à sa fille.

-Je vais y aller. Ton frère dort comme s'il était fatigué. J'ai dit à madame Wilson de passer vérifier que tout va bien de temps en temps.

Il a promit à sa voisine de jeter un coup d’œil à sa machine à laver et au drôle de bruit qu'elle fait en guise de remerciement pour ce service qu'elle lui rend. La vieille dame a accepté immédiatement.

-Papa ça va le faire. Tu as le droit de faire ta vie. Juste sois cool. C'est quand même ma prof.
-Quoi ? Comment tu ... ?
-J'avais besoin d'un truc sur ton portable et t'as reçu un mail à ce moment là.

Il pique un fard. Referme la porte après un bisou sur le front de la môme, la laissant replonger dans sa série pour adolescents.

[...]

Ce bar est bondé. Il est arrivé un peu en avance, a même réussit à trouver une table pour deux de libre. Depuis il attend, patiemment. En tout cas en apparence. Intérieurement il est aussi fébrile qu'une ado qui va voir Justin Bieber en concert. Quand le serveur passe pour lui demander ce qu'il veut boire, il lui demande de revenir quand il sera accompagné. Si la belle brune n'a pas changé d'avis.

Une main se pose sur son épaule, il sursaute avant de se détendre quand il reconnaît la voix qui vient de prononcer son prénom. Il se redresse, offre un sourire heureux à la jeune femme quand elle se poste face à lui.

-Bonsoir Mafdet.

Il tire la seconde chaise, tente de faire les choses bien.





 

     

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyDim 12 Mai 2019 - 11:06




Le fauteuil du chat


Je regarde Richard s’éloigner dans le couloir. Démarche d’un mâle assuré. Quelques lycéennes se retournent sur sa grande silhouette, monsieur Turner possède ce charme sensuel qui fait se retourner la femelle. J’entends les messes basses, cela suppute sur son identité, beaucoup espèrent un nouveau professeur. Ses fesses et sa mâchoire carrée font l’unanimité. Je referme la porte de la classe dans un soupir d’aise. Premier contact encourageant. Je décide de passer au  No man's land avant de rentrer pour prendre des repères. Car, il ne s’agit pas de me faire gauler en prétextant être une habituée et ne pas connaître les choix proposés ou l’emplacement du coin pipi. Si Derek y va de temps à autre, c’est que l’ambiance doit finalement être bonne. Bon, le Bichon malté n’a pas de problème de mains aux fesses, quoique…

Mon passage au No man's land n’est pas si pire. J’ai dû venir un jour où s’était merdique.

*


La semaine s’éternise, rien de transcendant. Une réaction mal gérée par un élève a tapissé le plafond de tâches marron et un autre s’est coupé avec le tube à essais qu’il voulait renverser sur la tête de son voisin de devant. La routine qui fait que j’ai inversé les cartons des souris vivantes des souris mortes de Shepherd, afin de mettre un peu d’animation dans ce lycée. Le sursaut de Miss Jouve quand une souris est sortie de sa classe en couinant alors qu’elle ouvrait la porte, était distrayante. Il n’y a que Peter qui a douché mon amusement en me souffrant un « gamine » au passage. J’ai répliqué par un « vieux con bientôt chauve » sifflé entre mes lèvres. Ma victoire fut, quand inconsciemment, il passa sa main dans ses cheveux pour vérifier qu’il n’en manquait pas.

*


Assise en tailleur au milieu de mon canapé, un saladier rempli de croquettes au saumon coincé entre mes jambes, je matte le dernier épisode de GOT. J’adore le côté malsain de cette série. Je tends la main vers la bouteille de lait posée sur le sol quand mon portable vibre sur le coussin à ma droite.

« Nouveau Message à 19 :29 : richardturner099@gmail.com »

- Hum… ma belle souris.

Je poursuis mon geste vers la bouteille de lait pour en prendre quelques longues gorgées. Une action à l’écran détourne mon attention, puis ma main repose la bouteille pendant que l’autre se saisit de mon téléphone. Je colle mon épisode en pause, et lis le message.

« Vous seriez disponible demain soir autour des 20h pour me faire découvrir le bar dont vous m’avez parlé ?

Richard. »

Mon sourire s’agrandit. « Richard » Il aurait pu signer le papa de Joanie, monsieur Turner, Richard Turner. Son simple prénom colore son message d’une note personnelle plus intimiste. Je remets mon épisode en route et regarde le sang couler. Dommage, une scène de fornication aurait mieux convenu à mon humeur.

J’ai mis la bouteille de lait vide avec ses copines pour la consigne et rangé mon saladier de croquette en prenant soin de le filmer. Les croquettes sèches, y a rien de plus immonde. Je reprends mon téléphone, d’autres messages se sont ajoutés. Chad me demande un onguent pour Mick, et Derek m’avertit que le placement qu’il m’a conseillé de faire avec mon épargne, vient d’atteindre l’objectif fixé et me demande si je souhaite relancer. Suivent de longues explications sur les choix que j’ai. Je lui réponds un « Fais au mieux, merci ». Je file dans la chambre d’ami transformée en arrière-boutique de pharmacie tout en répondant à Richard.

« J’en serai ravie. Demain, 20h au No man's land.
Mafdet”

*


Je suis contente de la soirée qui m’attend, mais pas impatiente. Un félin sait patienter, des heures ou des jours s’il le faut. Une qualité qui permet de se détacher du remue-ménage du quotidien. Un recul qui peut paraître distant, mais il n’en est rien.

J’hésite sur ma tenue pour finalement laisser mon pantalon de cuir dans le placard. Trop dominatrice, trop maîtresse, trop tout pour un premier rendez-vous. Je glisse mes hanches dans un jean bootcut dont la coupe est, selon moi, ce qui sied le mieux à une silhouette féminine. Pas comme ces slims qui donnent l’impression que votre peau n’est pas capable de tenir vos muscles. Je complète ma tenue d’un marcel blanc sur lequel j’ajoute une chemise vert nouée à la taille. Un peu de parfum à base d’huiles, moins volatile que les alcools, léger et fait maison. Mon casque de moto, mon blouson de cuir et me voilà dehors.

*


Je me gare devant le pub. Des clients savourent leur bière en terrasse. Un tour d’horizon et je le repère. Pas de verre devant lui, est-ce une sobriété contrôlée ? Je m’avance, contourne tables et monde pour arriver dans son dos. J’aime son sursaut quand je pose ma main sur son épaule. Son t-shirt est imprégné de sa chaleur corporelle, j’ai le temps d’apprécier la fermeté de son trapèze et de son deltoïde.

- Bonsoir Richard.

Je suis à l’heure, il est en avance. Le flic s’est levé et tire ma chaise pour que je m’installe. Galant et attentionné. Je remercie d’un sourire. Il se rassoit.

- Votre journée s’est bien passée ?

Une serveuse ne lui laisse pas le temps de répondre et s’enquière de notre commande.

- Une Lagunitas en pinte, réclamé-je avant qu’elle cite ce qu’offre le bar.

L’autre jour j’ai mémorisé leur carte. Quand la serveuse repart avec la commande de Richard qui a ajouter des tapas à sa boisson, je précise mon choix comme une grande connaisseuse.

- C’est une IPA ambrée, assez amère. Une bière locale également.

Je laisse Richard me parler de sa journée. Je joue les étonnées sur le fait qu’on ne lui confie que des taches administratives et qu’il ne sort que pour faire le bouche trou. Même s’il a de la bouteille, il est le bleu, le nouveau. Statu assez frustrant.

La serveuse revient, pose notre commande, s’éternise un peu du côté de richard, se risquant même à s’appuyer sur lui un furtif instant. Je lui balance mon sourire N°9, celui qui veut dire dégage avant que je te bouffe. Ou les mille et une expressions d’un chat, toujours en sourires. L’intruse partie, je pose ma main sur celle de Richard et le cajole d’une voix chaude.

- C’est le souci des boîtes où il y a un troupeau d’hommes, si vous me permettez cette expression. Les nouveaux doivent faire leur place, les anciens craignent de perdre la leur.

« Et faut montrer qu’on est celui qui a la plus longue… »

- Mais, je n’ai aucun doute que vous arriverez à faire votre trou et montrer votre valeur, Richard.


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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyVen 17 Mai 2019 - 11:29




 


Le fauteuil du chat
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Il se réinstalle une fois que la brune a prit place sur sa chaise. Il sourit comme un bienheureux, sans même chercher à se contrôler. Pourtant son nez se fronce quand elle lui demande comment s'est passée sa journée. Son job n'a rien de bien transcendant depuis qu'il vit ici. Il passe ses journées à faire du tri dont personne ne veut s’occuper, ses seules sorties sont trop rares. Et en repensant aux cadavres de la laverie, il n'a pas envie de lui dire qu'on lui fait ramasser des restes de massacres. Pas à un premier rendez-vous en tout cas. Voir même jamais. Heureusement une serveuse arrive, lui permet de gagner un peu de temps de réflexion à propos de cette réponse qu'il va donner à Mafdet. Elle commande sans même prendre le temps d'écouter les propositions de la serveuse, preuve incontestée qu'elle connait les lieux et ce qui y est proposé. De son côté il attend, avant de fixer son choix sur un nom qu'il connait. Un choix simple, dont il sait qu'il l'apprécie déjà. Pas le genre qu'il a dans son frigo où se sont plutôt des blondes plutôt basiques qui ont prit place dans le bac à légumes.

-Une guiness. Pinte aussi. Avec quelque chose à manger s'il vous plaît.

La serveuse s'échappe avec leurs commandes, il sourit à la brune, son regard chocolat s'accrochant un peu plus longtemps que nécessaire aux prunelles vertes qui lui font face.

-On en fait de la très bonne au Canada, mais je pense que je n'ai aucune chance d'en trouver dans le coin.

Ça fait parti des choses sur lesquelles il a fait une croix en venant vivre aux États-Unis. C'est de là que vient son mal du pays, une perte de repères qui se traduit dans la disparition d'une multitude de choses familières, qui même si prises séparément peuvent sembler insignifiantes, forment au final un vaste vide dans sa vie. Il se réinstalle, sa langue passe sur ses lèvres sans qu'il ne s'en rende compte avant qu'il ne se lance, décrivant son édifiante journée, principalement composée d'ennui et des pets de Carter.

-Mes journées se suivent et se ressemblent toutes. On m'a collé dans le coin de plus visité du poste, entre les WC et la cafetière. Tout en s'arrangeant pour que je ne manque jamais de paperasse à trier. Parfois le shérif se souvient de mon existence, m'envoie dehors pour éviter que je finisse par sentir le renfermé.

Il est le bleu. Mafdet semble étonnée, mais lui ne l'est pas. Il savait déjà que ça se passerait comme ça lorsqu'il est arrivé dans cette ville. C'est dans le fonctionnement habituel d'un poste de police de tester les nouveaux et de les protéger quand ils arrivent. Normalement cette situation ne dure pas, donc il ne s'en inquiète pas. La seule enquête sur laquelle il bosse, il la poursuit en douce à l'abri des regards lorsqu'il rentre chez lui. Le double homicide de la laverie et ce qui est lié à ce crime l'intrigue. Il sait qu'il y a des choses à découvrir, bien plus importantes qu'un tueur. Stilinski le sait aussi, et connait son dossier. C'est en partie à cause de ça qu'il lui a refusé cette enquête.

La serveuse revient, leur commande entre les mains. Quand il la sent s'appuyer un bref instant contre lui, Richard fronce les sourcils. Même si la jeune femme est loin d'être moche, c'est plus que gênant qu'elle se permette d'avoir ce comportement alors que Mafdet est présente. Prêt à bouger pour mettre fin à ce contact non voulu, le flic n'a finalement pas besoin de le faire. La serveuse s'en va rapidement sans demander son reste. Quand le regard du canadien glisse sur le visage de son rendez-vous il ne met pas de temps à comprendre la raison de cette fuite. Un sourire proche de la menace est encore inscrit sur les lèvres de la brune. Un frisson court le long de la nuque du flic qui cependant se sent rassuré par la réaction de la prof. Si elle réagit ainsi c'est qu'elle l'aime bien. 

Elle pose sa main sur la sienne, et Dick frémit sous le contact de cette peau chaude et douce tout contre la sienne. Sans s'en rendre compte, il bouge sa propre main, ses doigts finissant par s'entrelacer avec ceux de la jeune femme. Pour finalement les enfermer contre sa paume. Poigne ferme mais simple à défaire si Mafdet souhaitait mettre fin à ce contact. Ce qu'elle ne fait pas. Réchauffant le cœur du flic, dénouant ce nœud dans son estomac alors que sa confiance en lui remonte d'un cran.

Des paroles rassurantes sont prononcées par la brune, le ton chaleureux utilisé ne la rend que plus charmante encore aux yeux du flic. Il lui sourit, autant avec les yeux qu'avec la bouche.

-Ça finit toujours par s'arranger. Ça fait à peine deux semaines que je suis arrivé ici. Et puis je me suis fait deux amis. Le médiateur qui m'a fait sacrément peur quand je suis allé l'escorter, un de vos collègues je crois.

Will est un gars sympa, mais il est clair que leur première sortie ensemble aurait pu être plus paisible. Même s'il ne crache pas sur un peu d'action, Dick aurait préféré éviter que cette escorte se termine en mauvais remake de Karaté Kid dans le fond d'une ruelle. Mais il pense avoir gagné un pote dans toute cette histoire, un type simple avec qui boire une bonne bière et mettre quelques paniers. Cerise sur le gâteau, leurs humours s'accordent. Richard ne se sent pas stupide lorsqu'il prononce à haute voix la première ânerie qui lui passe par la tête.

-Et le chat. Enfin la chatte.

Face à lui, Mafdet semble surprise de l'entendre parler d'un animal. Il est clair que le rapport entre son job et un félin n'est pas simple à faire pour celui qui ne connait pas toute l'histoire. Même pour lui c'est une première de voir un animal se sentir aussi bien dans un lieu pareil. Sourire amusé face à la surprise de la jeune femme, il continue, donne plus d'explications pour rendre un peu plus logiques ses dires.

-Il y a un chat au poste. Pas tout le temps, mais je m'inquiète presque quand elle ne passe pas dans le coin. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais elle a décidé que mes cuisses étaient confortables depuis mon premier jour. Sacré caractère, le genre à sortir les griffes quand j'arrête de la caresser.

Mafdet rit, il se la joue offusqué.

-J'ai même des marques en guise de preuves.

Son sourire montre que cette situation ne le gêne pas. Il se stoppe, observe le visage fin qui lui fait face, sa bouche s'ouvre, laisse une information de plus lui échapper.

-Vous avez d'ailleurs un point commun avec Minouche. De magnifiques yeux verts.

Il rougit en se rendant compte de la bêtise qu'il vient de dire. Il vient de comparer la jeune femme avec la boule de poils. Ce qui dans sa tête sonnait comme un compliment, peut aussi heurter Mafdet si elle n'apprécie pas la comparaison.

-Je viens de comparer la seule femme avec qui j'ai un rendez-vous depuis plus de cinq ans à un animal. Vous alliez forcément vous rendre compte que j'étais un crétin fini, au moins maintenant c'est chose faite.

Il se mord les lèvres, avant de finalement attraper sa bière pour la vider d'une longue gorgée, n'osant pas relever les yeux vers la brune.







   

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyLun 27 Mai 2019 - 22:27




Le fauteuil du chat


Dick affirme que sa situation va s’arranger au poste de police, que c’est le propre des bleus, quel que soit l’âge du dit bleu, d’être bizuté au début. Il doit prouver qu’il est un bon flic. Univers typiquement masculin, montre une fois que tu as la plus longue et on te foutra la paix.  Il m’informe qu’il a fait ami-ami avec Willem Shepherd. Cela ne m’étonne guère, les deux hommes ont beaucoup de points communs.

- Willem je suppose. Je pense que l’on peut ajouter « clown » à ses capacités. Ce gars et ses gaffes, c’est un vrai sketch au lycée.
-Et le chat. Enfin la chatte.

Je ne camoufle pas ma surprise. Il me colle au niveau de son amitié naissante avec Shepherd. Dick s’amuse de mon étonnement.

-Il y a un chat au poste. Pas tout le temps, mais je m'inquiète presque quand elle ne passe pas dans le coin.

Il s’inquiète ! C’est trop chou. Je contemple le flic, le menton calé sur mes mains. J’aime beaucoup ce côté un peu décalé. Stilinski parlerait de simplet, mais se serait gravement se tromper sur cet homme. Richard semble déborder d’une joie que la vie le contraint à opprimer. Elle sort donc à l’improviste, comme l’eau d’un tuyau percé.

- Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais elle a décidé que mes cuisses étaient confortables depuis mon premier jour. Sacré caractère, le genre à sortir les griffes quand j'arrête de la caresser.
- Alors c’est que vos cuisses sont effectivement confortables et vos mains excellent en caresses. Un chat ne se trompe pas.

Il me semble que la pression interne de Dick vient de montrer d’un cran. Je ne peux m’empêcher de rire.

-J'ai même des marques en guise de preuves, affirme-t-il pour sa défense.

J’y suis peut-être allée un peu fort la dernière fois. J’avais passé une mauvaise journée et les cuisses de cet homme sont un excellent radiateur. Puis, il sent bon. Son odeur corporelle, pas son parfum de supermarché. Sa sueur est légèrement musquée avec un fond un peu poivré très masculin. Il faut bien être un métamorphe pour apprécier la large palette des odeurs humaines. Par exemple, je n’aime pas l’odeur de Peter, acide et salée. Une odeur qu’il camoufle avec un parfum coûteux.

-Vous avez d'ailleurs un point commun avec Minouche. De magnifiques yeux verts.

Il s’embrouille, je me mords la lèvre pour ne pas hurler de rire. J’ai du mal à garder une contenance un peu neutre. Il tente de rattraper sa spontanéité, et lâche une nouvelle bombe.

-Je viens de comparer la seule femme avec qui j'ai un rendez-vous depuis plus de cinq ans à un animal. Vous alliez forcément vous rendre compte que j'étais un crétin fini, au moins maintenant c'est chose faite.
- Miaou !

Je mime deux pattes avec mes mains, comme si j’allais faire ma toilette. Dick plonge son nez dans sa chope. Son cœur bat comme celui d’une souris qui panique. Adorable. Sa vie sentimentale est donc un désert. Il est pourtant bel homme, soit il a mis sa vie de côté pour ses mômes, soit il y a quelque chose qui fait fuir les femmes. Plutôt la première option, il a bien dit que je suis son premier rendez-vous depuis cinq ans. Or, pour se prendre un râteau, il faut au moins passer par cette case de départ.

- J’adore les félins. C’est le plus beau compliment que l’on m’ait jamais fait. La couleur de mes yeux dérange d’habitude. Certains croient même que je porte des lentilles colorées.

Je pioche un bout de carotte, le trempe dans une sauce au fromage et le croque avec un peu de provocation.

- Il y a des crétins bien moins agréables à regarder…

Un accord de violon retentit dans le pub et permet à Dick de s’en sortir honorablement. Une fois par semaine, un groupe vient jouer. De la musique celtique en général. Ils ont tamisé la lumière, une voix féminine s’impose dans le brouhaha. Il en faut de la motivation pour chanter au milieu de gens qui boivent parlent et grignotent. Mais c’est l’ambiance Pub, le groupe se lance sur une balade des Corrs avec Breathless. Je décale ma chaise à côté celle de Richard pour pouvoir regarder les musiciens jouer et suis le rythme en dodelinant de la tête, les pointes de mes cheveux viennent gentiment lui chatouiller l’avant-bras au rythme de la musique. Le niveau sonore coupe un peu notre conversation. J’alterne gorgée de bière, sourire à Richard et grignotage. Pendant un morceau plus calme, il me demande si je suis originaire de Beacon Hills. Habile question pour en savoir un peu plus sur moi.

- Non. Je ne suis pas née sur le continent américain.

J’éveille la curiosité de mon compagnon de soirée. Je ne peux décemment pas lui dire Danus Talis, Atlantide, -5000 av. J.-C.… Que c’est pénible de devoir toujours mentir sur ses origines.

- Je suis née à Boubastis, anciennement Per Bastet.

Regard d’incompréhension du côté flic. Il semble fâché avec la géographie.

- C’est en basse Égypte, non loin du delta du Nil.

Je tourne la tête de côté, prends une pose des hiéroglyphes. La lumière se fait sur la chaise d’à côté. Il parle de Cléopâtre. J’acquiesce, j’évite de lui raconter que ne n’était qu’une gourde et une putain royale qui a donné l’empire égyptien aux Romains.

- J’ai beaucoup voyagé enfant.

Difficile de résumer cinq millénaires en un quart de siècle. Seulement mes connaissances sont ce qu’elles sont. Je m’en sors généralement avec  un père diplomate qui a traîné sa famille de pays en pays. Ca, plus un boulot de professeure me permet d’afficher une bonne culture sans paraître trop suspecte.

(…)

Dick m’énonce ce qu’il aime comme plat. Je ne sais plus comment nous avons dérivé sur ce sujet. Je suis impressionnée, car vu de loin on pourrait penser que ce père célibataire ne s’embête pas avec la cuisine. Mais il semblerait que cela cuisine chez les Turner. Il me questionne sur mes goûts.

- Poisson, viande, épices, fruits exotiques.

Plus lait et croquettes Royal Minout. À l’apéro c’est une tuerie. La deuxième partie de soirée commence, les tables devant l’estrade où se produisent les musiciens sont évacuées pour laisser place à une piste de danse. Je n’ai pas calculé mon coup. Je cache ma surprise, vu que je suis censée être une habituée du lieu. Des chansons plus entraînantes invitent à se bouger le train. Je jette un regard vers Richard, il me sourit. Direction la piste de danse et des airs de pop irlandaise.

Je me trémousse aux côtés de mon chevalier servant. Visiblement il s’amuse et semble comme soulagé. Comme s’il renouait avec quelque chose qu’il avait abandonné depuis longtemps. Je me rends compte que moi également, cette soirée me fait du bien. L’ambiance est morose dans la meute depuis le départ de Ruby. Et la désertion d’Érick il y a plus de trois ans m’avait laissée amère. Pour une fois que je trouvais un homme capable de me comprendre, car aussi vieux que moi…

Quelqu’un me frôle longuement. Je me décale, il y a un peu de monde, mais une main baladeuse me confirme que ce n’était pas un hasard. Je me retourne avec l’intention de broyer l’entrejambe du connard qui se permet de me prendre pour un objet sexuel, mais le bras de Richard me sert contre lui. Il foudroie l’emmerdeur du regard. Je peux me débrouiller pour remettre ce sale type à sa place, mais j’avoue qu’un homme prenne ma défense, cela a un côté très plaisant. Je joue le jeu et me colle contre le torse du flic, mode femme en danger.


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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyMar 28 Mai 2019 - 18:15




 


Le fauteuil du chat
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Les joues rougies par sa honte suite à la bêtise qu'il vient de lâcher, il n'ose pas relever les yeux vers la brune, même quand celle-ci miaule, visiblement plus amusée que vexée par la comparaison. Il détache finalement son regard de sa bière pour fixer Mafdet quand cette dernière lui dit qu'elle est heureuse de ce compliment. Le plus beau, il a des doutes à ce sujet, le plus maladroit certainement par contre. En tout cas le cœur du flic s'allège, la tension dans son ventre se relâche pour laisser la place à une autre, située un peu plus bas quand la prof de sa fille croque dans cette carotte. Il se sent bien, un peu trop bien même en présence de Mafdet, et quand elle parle de crétin à regarder, il rougit un peu plus. Elle le trouve beau, à son goût en tout cas. Il est bien conscient de ne pas être dans la catégorie des laiderons, il prend soin de lui, plus pour tenir la choc au boulot et par amour du sport qu'autre chose. Mais il avait fini par se faire une raison à propos de son célibat et la difficulté que représentait le fait de trouver une personne qui l'apprécie. Et pas trop refroidie par la présence de deux enfants. Il remercie Saint Joseph, son pote Martin et leur copain Nicolas quand un violon se fait entendre, lui évitant une nouvelle séance de bafouillages gênants.

Un groupe s'installe, donnant une nouvelle ambiance à cet endroit. Les lumières perdent en intensité, une voix féminine se fait entendre. Les Corrs. Le sourire du flic se fait plus serein quand Mafdet vient près de lui, si près qu'il peut presque sentir la chaleur qui se dégage d'elle. Les musiciens jouent, les pintes se vident. Parfois le regard chocolat croise celui émeraude de la brune, il lui rend les sourires qu'elle veut bien lui offrir, à moins que cela ne soit l'inverse. Il est bien avec cette femme près de lui, encore mieux que dans la salle de classe. Le coup de cœur se confirme. La peau du flic se couvre de chair de poule, il ignore si c'est du à cet instant ou juste au contact des cheveux de la belle contre sa peau.

Il profite d'un instant de calme, croque un morceau de céleris avant de demander.

-Tu es née ici ?

Il questionne, cherche des infos sur cette jeune femme dont il ne sait que le nom et la profession. Elle ne le reprend pas sur ce tutoiement qui lui a échappé sans qu'il ne s'en rende compte. Ses yeux s'éclairent quand elle lui dit qu'elle n'est pas d'origine américaine, puis elle donne des noms inconnus et le perd totalement. Bastet ? C'est la seule chose qui arrive a faire frémir son cerveau, et il ne sait pas à quoi relier ce mot qu'il a pourtant déjà entendu. Elle enchaîne sans se moquer des lacunes de Dick sur le sujet, c'est quand elle prend la pose qu'il réagit enfin. Ça il connaît, c'est son Astérix préféré.

-Comme Cléopâtre ?

Il mime un long nez, Mafdet confirme. Elle lui parle un peu. De voyages. Fait rêver le gamin qui n'a connu que son pays et qui a été déçu lorsqu'il a décidé de quitter son chez lui. Son regard se pose sur les musiciens, sa main serre sa pinte de façon inconsciente. Son bras libre frôle celui de la brune. Un sourire détendu aux lèvres, il se dit que ce qu'il commence à éprouver est peut être réciproque.

[...]

Un sujet laissant sa place à un autre, ils en sont arrivés à parler cuisine, enfin Dick surtout. Sa mère lui a apprit quand il était encore un mioche. Elle voulait qu'il sache se débrouiller seul, et elle a eu bien raison de faire tout ces efforts pour former son fils à l'indépendance. Il est devenu multi-tâches. Il sait monter une hollandaise, repasser le linge et pense toujours à passer l'aspirateur sous les lits.

Il prend note des goûts culinaires de Mafdet, se remémore une recette de tartare de saumon aux fruits de la passion qu'il avait testé pour Noël il y a deux ans. Ce serait une occasion de retenter l'expérience et ainsi savoir si ses enfants ont apprécié ce plat uniquement par politesse ou non. Dans le pub, changement d'ambiance, on bouge des tables, le groupe laisse place nette pour ceux qui veulent danser. Le pied du flic frétille en rythme. Quand Mafdet le fixe, il lui sourit avant de se lever à sa suite.

Il danse, la jeune femme non loin de lui, il a l'impression de faire un bon en arrière de quelques années. Il s'amuse, cela fait quelques temps qu'il ne s'était pas permis une folie pareille. Au sourire de Mafdet, il devine que c'est le cas pour elle également. Il profite de l'instant, ses sourcils se froncent quand il voit une main caresser la jeune femme sans qu'on ait prit le temps de lui demander une quelconque autorisation. Son sang ne fait qu'un tour, il passe son bras autour de la prof, la serre un peu plus contre lui, son regard devenu froid tombe comme un couperet sur le propriétaire des mains baladeuses.

La brune collée contre lui, il toise le fumier qui se croit tout permis, sa voix tonne. La sympathie l'a quitté, c'est le flic qui fait son grand retour. Jalousie naissante qui ne fait qu'accroître sa colère, mâchoires serrées, il s'adresse au pervers.

-Tes mains. Je les revoie sur ma compagne et c'est moi qui m'occupe de ton cas.

Le type est un gringalet. Enfin peut être pas, mais en tout cas sa carrure fait pâle figure face au flic taillé par des années de terrain et un passé de sportif. Duel de regards. Pas besoin d'uniforme pour se faire respecter. L'autre baisse les yeux avant de bafouiller ce que la musique camoufle mais qui pourrait aussi bien être des insultes que des excuses. Dick reprend, voix autoritaire, air patibulaire livré avec.

-Il y a cette chose. Le consentement. Souviens toi en. Parce que si je te tombe encore dessus je t'emmène chez les flics avec la personne que tu auras importunée. Maintenant tu t'excuses et tu fais comme dans l'infanterie. Tu te tires ailleurs.

Les excuses sont dures à comprendre, bafouillées et timides. Le gars est prêt à se barrer, mais la main de Dick s'abat sur son épaule.

-Plus fort. Je crois que j'ai pas tout entendu.
-Pardon mademoiselle. Et monsieur je le ferais plus. Promis.
-Excellent.

La main du flic tapote l'épaule du pervers, ce dernier s'en va sans demander son reste alors qu'un sourire fait son grand retour sur le visage du canadien. Il enfouit son nez dans les cheveux de la brune, inspire son parfum avant de murmurer.

-Normalement il devrait ne pas recommencer tout de suite. Mais je suis certain que tu aurais pu gérer ça seule. J'ai vu le regard à la serveuse tout à l'heure. C'était celui d'une personne qui a de la ressource. Je vais payer et ensuite on pourrait aller dans un endroit sans gros lourds ? Enfin où je serais le seul gros lourd.

Il fait un clin d’œil à la belle brune, elle sourit. Puis il se penche, pose ses lèvres sur celles de Mafdet. Prit d'un peu de courage et dans la folie du moment. Elle ne le repousse pas, ne le frappe pas, et il sent même ce baiser lui être rendu. C'est à contre cœur qu'il s'éloigne.

-Je reviens.

Quand il se retourne pour aller récupérer sa veste, en sortir sa carte bleue pour aller régler la note il se dit qu'il a sûrement le sourire jusqu'aux oreilles. Quand il croise son regard dans le miroir derrière le bar, ça se confirme.

On dirait qu'il va tuer Batman.










   

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Mafdet Mahes

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MessageSujet: Re: Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^)   Le fauteuil du chat PV Dick (^-人-^) EmptyMar 28 Mai 2019 - 21:51




Le fauteuil du chat


Je sens son torse puissant plaqué contre mon dos, et sa chaleur. Le flic timide et penaud vient de laisser place à un guerrier. Déjà, il vient de gagner quelques centimètres en se redressant, sa carrure semble prendre en volume. On pourrait penser à un coq qui gonfle ses plumes pour paraître plus imposant, mais Richard n’a pas seulement l’air, il est majestueux, noble.

-Tes mains. Je les revois sur ma compagne et c'est moi qui m'occupe de ton cas.

« Ma compagne » ce possessif me fait ronronner. Je n’aime pas les hommes dans la demi-mesure. J’ai un caractère bien trempé, il me faut donc un mâle qui sait avoir du répondant quand il le faut. Et c’est ce que j’apprécie dans la démonstration que me donne le policier. Aux ondes qu’il dégage, je sais qu’il ne fait pas de l’esbroufe pour m’impressionner, non loin de là. Il est vraiment en mode preux chevalier qui défend sa dame. Un comportement qui s’est perdu. Les féministes y voient une forme de sexiste, une manière aux hommes de montrer leur supériorité au sexe faible. Mais à l’origine il ne s’agit pas de cela, mais bien d’esprit chevaleresque. Les seules personnes de mon entourage qui montrent un tant soit peu ce caractère sont Mick et Chad. Même Derek reste centré sur lui-même.

Je me laisse aller à cette étreinte ferme et virile. C’est tellement agréable de ne pas se sentir la plus forte, même si dans les faits je pourrais plaquer Richard au sol d’une seule main. L’important ce ne sont pas mes capacités hors normes, mais la sensation que m’offre cet homme, un bien-être sécuritaire, un torse sur lequel m’appuyer. Une présence forte.

Le pénible fuit la queue entre les jambes. Richard égare son nez dans ma chevelure, geste sensuel que de sentir l’autre.

-Normalement il devrait ne pas recommencer tout de suite.
- Mon Lancelot !
- Mais je suis certain que tu aurais pu gérer ça seule. J'ai vu le regard à la serveuse tout à l'heure. C'était celui d'une personne qui a de la ressource.
- C’est souvent une question de bluff, Dick. L’alternative de celles qui n’ont pas ta carrure.
- Je vais payer et ensuite on pourrait aller dans un endroit sans gros lourds ? Enfin où je serais le seul gros lourd.
- Avec plaisir.

Il est redevenu le type simple du début. Il pourrait se gargariser d’avoir fait fuir l’autre imbécile. Mais à la place il joue à l’autodérision. Son regard s’est collé au mien, il comble le peu d’espace qui nous sépare et m’embrasse. Ses lèvres sont chaudes et souples. Je réponds à son baiser. Un frisson parcourt mon dos. J’avais oublié cette sensation, celle d’être désirée et respectée. Il est beau et a beaucoup de charisme.

-Je reviens.
- Ne tarde pas, on pourrait m’enlever…

Je ne suis pas crédible en frêle créature, mais là n’est pas la question. Pendant qu’il va payer nos consommations, je récupère mon cuir. Mon casque, lui, est accroché à ma moto. Il y a la queue à la caisse, cela me donne le temps de l’observer. Un baiser et la proposition d’aller ailleurs, sous-entendu sans trop de témoins. Dick n’a plus vingt ans, et moi non plus. Nous avons passé l’âge de conter fleurette, deux adultes matures et consentants. Je ne sais pas où cela va nous mener, il y a bien longtemps que j’ai arrêté de me projeter dans l’avenir. Il y a deux ans à peine, j’étais encore immortelle. C’est dire que la vie est toujours pleine de surprise. Il y a deux ans, j’aurais fait la fine bouche ayant toute l’éternité pour trouver la perle rare. Maintenant, j’apprécie ce que la vie met sur mon chemin. Et franchement, c’est pas mal du tout. Dick se penche par-dessus le bar pour désigner je ne sais quoi. J’incline la tête et apprécie le galbe de son fessier. Il fait chaud ici, non ?

*

Dick me tient la porte, l’air de soir nous saisit. Il y a un petit moment de flottement. Il me montre sa voiture et me demande où j’ai envie d’aller. Il y aurait bien le Pink Print avec son propriétaire qui donne des boutons à Mick. L’avantage avec l’Italien est que les lourdauds ne font pas de vieux os dans son bar, mais je sais que ce n’est pas ce que Dick recherche. Ni moi.

- J’ai une collection de liqueurs artisanales de mon cru chez moi à base de plantes que je cueille. Mais aussi des bières toutes simples. On pourrait écouter de la musique…

Pour commencer.

Je réfléchis pour me rappeler si j’ai fermé la porte de la chambre d’ami qui est transformée en laboratoire. Mon installation tend plus à celui d’un alchimiste qu’à celui d’une prof de chimie. J’ai des huiles essentielles pour Ian en cours d’élaboration. Le louveteau de Ruby et de Peter est angoissé depuis le départ de sa mère. Dick se dit ouvert à ma proposition si cela ne me dérange pas de l’inviter chez moi.

- Je ne te le proposerais pas si cela m’ennuyait et comme tu l’as souligné, je suis une femme avec des ressources.

Je désigne la Kawasaki vert pomme garée juste devant nous.

- Je suis venue avec la Ninja ZX-6R qui est là. Tu me suis ?

J’aime les lueurs qui s’éclairent dans le regard du flic. Je libère mon casque et enfourche ma monture pendant qu’il se dirige vers sa voiture. Richard se retourne et sourit quand je fais gronder le moteur dans un feulement féroce. J’attends qu’il démarre et sorte de sa place de parking avant de retirer la béquille et de tourner la poignée des gaz. J’ai une sensation de liberté totale sur cette moto. Et avec sa faible précipitation, la Californie se prête à merveille à ce mode de déplacement. Je ne gâche pas mon plaisir, surtout en sachant qu’on me suit et que l’on me scrute. Je m’écarte du centre-ville dans un slalom souple, pas trop agressif pour que Dick puisse me suivre. Dans le rétroviseur, la voiture de Dick me suit.

Quelques virages plus tard, une ligne droite que je connais par cœur, je mets les gaz. Derrière ça suit. À cinquante mètres un feu au vert qui ne va pas le rester longtemps. D’ailleurs le voilà qui passe à l’orange puis au rouge pétant.  De la main, je mime un gyrophare à l’intention du conducteur qui me suit. J’accélère et grille le feu. Hésitation derrière moi, je mets un clignotant pour avertir Dick que je vais tourner et qu’il risque de me perdre. Je penche la Kawa et tourne. Je roule sur une vingtaine de mètres, et mes rétros retrouvent la lumière des phares de la voiture de Dick : il a grillé le feu.

*

Je coupe le moteur et pose la Kawa sur sa béquille. Richard a avancé sa voiture dans l’allée qui mène à mon garage. Je retire mon casque, gratte vaguement mes cheveux pour les décoller de mon crâne. Dick s’avance vers moi, démarche inconsciente de cow-boy. Dieu qu’il est sexy !

- Ai-je fait quelque chose de mal monsieur l’agent ?



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