Ite, Magister dixit

Sujet: Ite, Magister dixit Mar 27 Oct 2020 - 10:32

Ite, Magister dixit.

Derek ac Evelyn

Amphithéâtre E1C , 28 Octobre,

Bonjour à tous. Je suis Maître Evelyn Lair, avocate au cabinet Martins, Connor & Lair.

Les yeux glacials d'Evelyn jetèrent un coup d'oeil sur les nombreux étudiants qui avaient rempli ces dernières minutes la salle. Les locaux de l'Université de Beacon Hills n'avait rien à envier avec la plupart des autres campus à travers le monde de même que la qualité de ces étudiants. Evidemment, elle n'arrivait pas à la hauteur d'une prestigieuse université membre de la Ivy League mais tout le monde n'était pas fait pour s'en donner la peine. Vêtue d'un tailleur noir et d'une veste rouge, une fois n'était pas coutume, Evelyn avait refusé d'abandonner son strict chignon et son air impassible. S'éclaircissant la voix, elle se pencha légèrement sur le micro et murmura, sa voix à peine amplifiée :

Certains d'entre vous n'auront aucun mal à ne penser à rien et je suis certaine que la plupart feront de très bons secrétaires d'avocats. Les plus méritants et concernés sauront m'écouter.

L'incessant bruit de fond sembla perdre en volume l'espace d'une seconde avant que le silence ne parvienne à trouver sa place. Un léger sourire satisfait éclot sur les lèvres d'Evelyn. A défaut d'être brillants, les élèves étaient au moins disciplinés et ambitieux. L'avocate lança le diaporama qu'elle avait préparé avant de lancer dans le cours qui durerait près de quatre heures. Une bagatelle pour une défendeur du droit. Il n'y aurait donc pas de pause.

Lex est quod notamus signifie Ce que nous écrivons fait loi. Cette citation vient non pas de l'Antiquité mais d'un poète française du XVIIeme siècle. Ces mots prennent tout leur sens dans le cas particulier du droit anglo-saxon, qui comme vous le savez se porte sur le principe de jurisprudence et...

Alors que le dernier sac à dos disparaissait dans l'ombre du petit couloir qui menait à l'amphithéâtre, Evelyn se laissa aller à une folie en se jetant sur la chaise. Les étirements de chat qui suivirent la laissèrent reposée. C'était une première pour l'avocate de donner un cours ou un séminaire sur la loi. Lorsque le doyen de l'université lui avait proposé d'être intervenante dans son université pour deux à dix heures par semaine, Evelyn avait hésité. Malgré tout, elle savait qu'une telle opportunité de faire connaître son nom et ses idées ne se représenteraient pas aussi facilement dans le coin isolé qu'était Beacon Hills. Etre professeur à l'université était une ligne de plus sur son CV et son engagement vis à vis de la ville.

Avec un soupir, Evelyn remarqua que ses doigts tapotaient discrètement le bureau devant lequel elle se tenait. Elle écarquilla les yeux, horrifiée par ce tic oublié depuis de nombreuses années. La mâchoire serrée, l'avocate imposa à sa main le repos et se passa la main sur le visage. Briser ses habitudes fragilisait le contrôle qu'elle avait d'elle même. Depuis cet accident de voiture, Evelyn ne se reconnaissait parfois plus pour sa plus grande peine. Ses pensées vagabondèrent quelques minutes encore avant qu'elle ne s'en rendre compte. Soudaine glaciale, Evelyn se morigéna et se leva d'un geste brusque et sec. C'est à cet instant que la porte de l'amphithéâtre s'ouvrit à nouveau, dévoilant une silhouette masculine.

Le regard d'Evelyn se porta naturellement vers le nouveau venu et le détailla impitoyablement. D'à peu près son âge, il présentait bien malgré un air canaille qui lui déplut aussitôt. Rejetant ses préjugés, Evelyn commença à ranger son attaché-case tout en continuant d'observer l'homme. Elle apprécia la qualité de ses vêtements, bien qu'ils soient plus adaptés à une soirée qu'à l'enseignement universitaire. A moins qu'il ne soit un élève en pleine reconversion, Evelyn pouvait deviner un professeur dans sa familiarité avec la salle.

Bonjour. Puis-je vous aider monsieur... ? demanda sèchement Evelyn, un sourcil interrogateur levé en l'air.

EPSILON

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Sujet: Re: Ite, Magister dixit Mer 28 Oct 2020 - 14:55

Tobias Rapier & Evelyn Lair

Ite, Magister dixit

Entre les liasses de copies et les documents administratifs rébarbatifs qui encombrent son bureau, il peine à discerner le bois de ce dernier. Crayon gris à la main, il jongle avec ce dernier comme un enfant impatient, incapable de faire preuve de concentration pendant plus de quelques minutes face aux diverses tâches qui attendent qu'il daigne s'occuper d'elles. Un verre trop vide lui fait de l'œil. Depuis qu'il a enfin un vrai bureau il ne prend même plus la peine de planquer son vice dans un mug plus conventionnel. Cette solitude que lui offre la faculté est un luxe qui lui confirme qu'il a eu raison en changeant son lieu de travail. La salle des professeurs puant le mauvais café et la sueur, les ronflements de Mafdet ou même la présence de Shepherd. Rien ne lui manque, c'est même tout le contraire.

Il bat à présent la mesure sur son bureau, manque de s'endormir au dessus d'une copie au contenu soporifique. Ses nuits sont courtes. Alice et ses réveils nocturnes, Scipion qui parfois l'honore de sa présence et qui n'a pas tardé avant d'ajouter sa brosse à dents dans la salle de bain, ses insomnies : Sa fatigue n'a d'égal que la taille de ces cernes qui lui mangent une partie des joues. Lui qui voulait profiter de ce temps libre pour se remettre à jour et ainsi traiter toutes ces affaires en souffrance qui ne font que s'empiler sur son bureau est sur le point de s'offrir une sieste bien méritée. L'anglais baille comme un bienheureux, tend une main vers son verre et le vide sans sourciller. Scipion hurlerait s'il le voyait agir de cette manière, mais ce que le coyote ignore ne peut pas lui faire de mal. Son regard noir glisse sur la montre qui ceint son poignet. Quand il est arrivé quelques heures plus tôt à l'université pour donner cours, il a apprit que ce dernier avait été décalé au profit d'une arriviste sortie de nulle part. On lui a pourtant précisé qu'il avait été mit au courant, et ce grâce à plusieurs mails restés sans réponses de sa part.

Allez savoir comment mais tout ce qui est lié à sa profession file directement dans les spams.

L'anglais sabre et note à l'arrachée cette copie vide de sens qui vient d'en donner un nouveau au mot ennui. L'étudiant prend tout le monde de haut, et ce en utilisant le minimum de mots. Professeur, auteur, éditeur, tous en prennent pour leur grade. Encore un môme qui se pense dramaturge et qui finira ses études prématurément pour terminer serveur dans un fast-food. Tobias se dresse de toute sa hauteur, repousse son siège au loin en l'envoyant buter contre la commode métallique qui se situe un peu plus loin. Le son produit, désagréable, ne fait que renforcer son agacement. D'un naturel routinier, le chasseur déteste voir ses plans souffrir à cause de la négligence de ses pairs. Dans deux heures, il doit aller récupérer Alice chez sa nourrice. Cette agaçante bonne femme qui lui a refusé de garder la petite une heure de plus. L'époque pas si lointaine où il pouvait régler tout ses soucis de manière définitive manque au professeur. Certains jours plus que d'autre.

Régalien, tel un lion écrasant une portée de chatons faiblards se trouvant sur son passage, il quitte la pièce et referme la porte à double tour derrière lui. Si Scipion a pu entrer dans son antre, d'autres pourraient être tentés de renouveler cet exploit.

Il oublie de saluer ses congénères, l'esprit lourd mais le pas léger alors qu'il se dirige vers l'amphithéâtre qui normalement était le sien aujourd'hui. Il pénètre le lieu comme s'il arrivait chez lui. C'est un peu le cas de toute façon. Puis sans un regard pour cette femme qui trône sur son siège, il se dirige vers le tableau sans même se fendre d'une salutation. La dame, car il est certain que cette dernière a déjà vu ses belles années lui passer sous le nez, s'adresse à lui. Encore.

Ces mêmes mots. Encore.

Cette même demande dont il n'a que faire. Encore.

Sa neutralité se meut en un rictus douloureux tandis qu'il tire sur le tableau pour le faire descendre jusqu'à lui. Sa main se dresse et rapidement se met en action. Le silence est mort et sa patience est en train de suivre le même chemin. Sa langue claque alors qu'il inscrit l'intitulé de ce cours qui aurait dû être donné aujourd'hui.

"Littérature musicale, le passage d'un art à un autre"

Il faut apprendre aux enfants que les livres ne sont pas les seuls porteurs de messages. Auteur est un terme qui regroupe nombre de spécialités, et souvent l'art du verbe choisi se cache si bien qu'on pourrait se risquer à en oublier l'importance qu'il donne aux choses. Il souligne. Deux fois pour être sûr d'être bien compris par ces esprits qu'on pense brillants qui viendront dans cet endroit demain matin. Le velleda continue sa course à la culture, et enfin l'anglais se fend de quelques mots.

-Professeur Rapier. L'homme à qui vous avez dérobé le lieu de travail pendant quelques heures. Je n'ai nullement besoin de votre aide madame.

Il s'offre une pause, savoure malgré lui l'effet qu'à ce dernier mot qu'il vient de prononcer sur la femme qui n'a toujours pas daigné quitter les lieux. A t-elle cru que l'endroit offrait également le repas et le logis ? Tobias reprend sans même se soucier du fait d'être sans doute en train de se faire une nouvelle ennemie. Il agace facilement et ce uniquement en prenant la peine de s'adresser à ses congénères. Parfois cette vilaine manie se révèle handicapante, mais aujourd'hui il choisit de simplement s'en amuser. Il devine son petit effet, horripilant cette inconnue sans avoir à forcer son talent pour l'ignominie. Et ce jeu l'amuse. Le rictus qui ornait ses lèvres devient un sourire narquois sans même qu'il ne s'en rende réellement compte.

-Je me moque d'en apprendre plus sur votre situation matrimoniale. Une jeune femme que l'on nomme mademoiselle, c'est charmant. À votre âge c'est simplement désespérant.

Le ton utilisé, celui de la moquerie, pousse son accent à son paroxysme. Comme si dans son nez coulait du liquide chaud. Du thé certainement.

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Sujet: Re: Ite, Magister dixit Mer 28 Oct 2020 - 18:54

Ite, Magister dixit.

Derek ac Evelyn

Amphithéâtre E1C , 28 Octobre,

Si Evelyn avait espéré une conversation polie et agréable avec un estimé confrère, elle en fut quitte pour une surprise. Telle Claudius observant Hamlet s'approcher, l'avocat ressentit un grand froid l'envahir devant l'attitude insolente de l'homme. Nul lame empoisonnée ne les armait si ce n'était un Velléda et des mots vénéneux. Dans le bruit du silence, Evelyn observa le cirque du nouveau venu et haussa un sourcil aussi perçant qu'une dague dans les reins. Alors que les mots se révélaient à l'usurpatrice, seule une idée lui vint en tête qu'elle garda pour elle. L'impulsivité qui tâchait sa vie tel le vin la dentelle ne lui coûterait pas le contrôle de soi.

Evelyn comprit bien vite l'animosité du professeur, ou du moins l'enfant. La froideur régalienne de l'homme ne l'atteignait pas alors qu'il pleurait malheur d'avoir été destitué de son trône. Un sourire aussi narquois que celui de son tourmenteur naquit sur les lèvres d'Evelyn. Elle ne goûterait pas la cigüe que cet énergumène lui tendait dans sa coupe de hargne et de malheur. Etirant son cou d'un air épuisé, Evelyn en profita pour attraper à son tour un feutre. Sa main jaillit, aussi vive que le serpent, et quelques mots apparurent sous ceux du professeur.

L'art et la manière

Enchanté, professeur.

Evelyn se pencha légèrement sur le professeur, l'observant de plus près. Elle reconnaissait les veines éclatées, cette peau aussi malsaine que le barbe était mal rasée. Les pores eux même exsudaient le pêché de l'improbable créature qui se tenait sous ses yeux. Plissant légèrement le nez, elle se recula et sourit au professeur.

La faute, cher professeur, n'est pas dans les étoiles mais dans notre éducation. L'heureuse conquérante de votre salle pour vous servir. Vous parlez une infinité de rien lorsqu'il s'agit simplement m'appeler par mon titre. Maître suffira, je vous épargne mon patronyme.

Se retournant d'un geste élégant, Evelyn retourna à son attaché et finit de ranger ses affaires.

A moins que vous ne soyez un lointain cousin de la reine, je pense que cela ne vous dispense pas d'ablutions professeur. Tout les Moonshiner de la Côte Est doivent vous sentir à la ronde et se demander quel concurrent se permet de distiller en pleine journée. Sans compter la qualité plus que médiocre de vos vices.

EPSILON

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Sujet: Re: Ite, Magister dixit Mer 4 Nov 2020 - 17:47

Tobias Rapier & Evelyn Lair

Ite, Magister dixit

Il se tend encore un peu plus quand la brune attrape un stylo et se donne la permission de venir ajouter une touche toute personnelle à ce qu'il vient de noter sur le tableau blanc. Les sourcils de l'anglais se froissent un bref instant, il est un peu perdu face à ce qu'il ne sait comment décrire correctement. Insolence ? Folie douce qui pourrait faire renaître des pulsions assassines chez le britannique. En tout cas, l'anglais en perd son latin pendant une seconde qui se fait bien trop longue. Heureusement le public est limité pour assister à ce qu'il nommera plus tard débandade. Il retrouve son calme, attrape la brosse et essuie immédiatement le méfait de cette bonne femme qui le dévisage sans honte.

Tobias n'aime pas ce sentiment, cette perte de contrôle de la situation. Cette femme qu'il n'appréciait déjà pas avant d'entrer dans cette pièce empire son cas. Autant par son comportement que par cette posture droite et pédante qu'elle s'efforce de tenir lorsqu'elle s'adresse à lui. Sans jamais poser son regard noir sur cette femme qui lui demande le risible, il continue son œuvre. L'anglais pourrait se moquer, envoyer cette engeance perturbante sur les roses, mais son instinct lui souffle qu'une telle action ne ferait qu'empirer sa situation. Aux imbéciles on se doit de ne donner aucun crédit, car ces derniers surprenants dans leurs manières seraient alors bien capables de se croire dignes d'intérêt. Mâchoires crispées comme seul signe visible de son inconfort, le tueur reprend son travail d'écriture. Un peu de lecture destinée à ces jeunes esprits bouillonnants de fraîcheur qu'il a étrangement hâte de retrouver.

Il laisse passer un long moment avant d'enfin donner réponse à cette femme odieuse qui non contente de lui avoir chapardé son lieu de travail, trouve également juste de lui faire la leçon comme s'il n'était lui même rien de plus qu'un grand enfant. Tobias se sait parfois capricieux, et souvent il trouve son plaisir en prenant lui aussi ses contemporains de haut. Un jeu cruel. Une bataille parfois serrée, où il n'est que rarement utile de hausser la voix pour s'assurer la victoire finale. L'anglais n'aime pas crier. Il ne voit qu'une brève utilité dans le fait de se laisser aller à un tel comportement qui sonne bien souvent comme une entorse au savoir vivre. Les vérités lorsqu'elles sont sournoisement murmurées sont toujours plus blessantes que les coups d'éclat lancés dans le vent. Hurler sur cette arriviste, faire preuve de violence quelque soit la forme utilisée serait sans aucun doute inutile.

À défaut d'être agréable à regarder, cette odieuse bonne femme qui vient de gâcher sa journée semble intelligente. Bon joueur Tobias décide de noter ce fait à voix haute.

-Ne vous faites pas plus bête que vous ne semblez l'être. Si je sens l'alcool, c'est en effet parce que j'en ai consommé. Je suis au courant car j'y étais. Je n'ai donc pas besoin que vous et votre esprit brillant veniez me le faire remarquer.

Il pourrait se faire charmant mais cela serait contraire à cette ligne de conduite dont il ne veut pas s'éloigner. La méchanceté est gratuite, c'est pour cela qu'on la distribue avec autant d'aisance. Certains préfèrent se cacher, puis aller quémander le pardon de leur bon dieu au fond d'un placard à balais. Il est parfois compliqué pour l'humain d'admettre que ces vices font partie de lui. On est tous le bourreau de quelqu'un et c'est une bonne chose. Une communauté où chacun s'aimerait, une vie noyée par la guimauve serait vouée à l'échec.

Nul humain n'est meilleur que son prochain. C'est sur ce point que la différence se fait entre l'anglais et ses pairs. Il assume clairement cette facette de sa personnalité, porte ses vices fièrement à la vue de tout ceux qui l'entourent. Une mise en scène bien réglée et régie avec soin. Où aucun couac ne peut prendre place pour le pousser à perdre pied. Le contrôle constant, une prouesse certains jours, une simple balade de santé la plupart du temps.

Puis il y a cette femme. Caillou dans sa chaussure. Une grande dame qui joue les bravaches. Plus amusante qu'ennuyante. Peut être dans cinquante siècles sera t-elle à la hauteur d'une professeure de chimie de sa connaissance.

-Je vous trouve assez impolie... Plus vulgaire et simpliste dans votre jugement que ne l'aurait laissé penser votre tenue.

Impoli, il l'est lui même en cet instant. En refusant d'obéir à ce qui a sonné comme un ordre pour ses délicates oreilles. Satisfaire cette carriériste n'est pas dans ses projets. Cette femme ne semble pas avoir l'habitude de côtoyer des personnes qui ne vont pas dans son sens, et ce caractère n'est pas sans en rappeler un autre au chasseur. Une gamine qu'on a bercé trop près des murs quand elle était plus jeune. Une parfaite petite fanatique, terrorisée par ce que la bible lui a conté comme étant de mauvaises choses. Pourtant Victoria a su se frayer un chemin dans la vie de l'anglais. Et parfois le soir quand le sommeil se dérobe pour devenir inaccessible, il appelle l'enfant pour prendre de ses nouvelles.

La gamine apprécierait sans doute cette femme qui tient tête à celui qu'elle nomme affectueusement tonton. Un oncle qui picole trop, peu enclin à faire preuve de bonne volonté quand arrive l'heure des câlins.

-Je me moque de votre avis. De votre jugement également. Si je veux entendre les conseils d'une spinster à propos de mon mode de vie, je n'ai qu'à appeler ma sœur.

L'anglais rebouche son stylo pour tableau blanc, remet en ordre sa veste, cajolant son holster par la même occasion. Il doit veiller à conserver son calme, cette histoire de flic mort a déjà mit Scipion en rogne. Pour éviter une scène de ménage, il doit donc se maîtriser et se rappeler que la violence n'est pas une solution parfaite pour régler tout les soucis qui se mettent sur le chemin qui le sépare de la réalisation de ses désirs intimes et bien souvent égoïstes. Il fait claquer son feutre dans le gobelet de plastique beige prévu à cet effet. Se tourne vers la brune, une cigarette malicieusement apparue entre ses lèvres.

- Madame. Vous rencontrer fut un déplaisir. Mais j'ai toutefois l'audace de l'espérer partagé.

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Sujet: Re: Ite, Magister dixit Jeu 5 Nov 2020 - 15:08

Ite, Magister dixit.

Derek ac Evelyn

Amphithéâtre E1C , 28 Octobre,

Un sourire s'épanouit sur les lèvres d'Evelyn alors que les semences de ses mots prenaient forme. Tel le patient fermier, elle avait attendue patiemment que les mots prononcés prennent racine dans l'esprit du professeur. Retardant son départ, caressant machinalement la boucle en métal cuivré de son attaché, Evelyn hocha la tête sur le côté. Faussement pensive, elle repoussa son sac et s'avança à grand pas vers le professeur Rapier. Coude contre les côtes, elle présenta sa main, paume vers le ciel.

Voyez-vous, professeur Rapier, je n'ai rien contre les vices des uns et des autres. J'ai regardé le mal et la corruption dans plus d'un regard au cours de ma carrière. Elle termina sa course à une distance respectable du professeur de littérature, suffisamment pour ne pas étouffer sous les miasmes douteux de l'anglais. Croisant les bras derrière son dos, Evelyn sourit froidement : Malgré tout, vous vous tenez dans le temple de l'enseignement et de la sagesse. Les élèves ne sont pas purs et innocents, loin de là. C'est pourquoi nous devons nous montrer exemplaires. Un exemple que vous n'êtes pas professeur Rapier.

Les mots du professeur ne l'effleurent qu'à peine. Les critiques de ses adversaires n'ont jamais fait que rebondir sur la froideur d'Evelyn. Statue de glace au cœur d'un monde pourri, elle a su les défendre. Les pourris aussi bien que les innocents voyaient l'avocate s'élever pour la défendre. Evelyn ne se revendiquait pas de l'enseignement de Thémis selon les Anciens. Elle répondait pour Eunomie et Dicé, l'Ordre, la Loi et la Peine. Si Evelyn n'avait de pouvoir temporel que sa langue, elle savait s'en servir pour châtier. Or, le professeur Rapier semblait aimer cela.

Mon avis n'est pas un droit. C'est un devoir que je m'impose malgré tout le dégoût que vous pouvez m'inspirer monsieur Rapier. Certains de vos étudiants doivent survivre et s'élever dans vos méthodes tyranniques. Les plus aliénés aiment s'élever dans le sillon des hommes écœurés assez charismatiques pour inspirer une vague excitation.

Lorsque la vision du professeur avec une cigarette en bouche s'imposa à Evelyn, cela en fut trop pour elle. Perdant légèrement de son masque, elle montra les dents, prête à gronder. Une haine innommable l'envahit et ses muscles frissonnèrent. Brises, tranches, écrases. Les mots s'imposaient à son esprit alors que dans son dos ses mains se tordaient de douleur. Les yeux écarquillés de colère, Evelyn laissa court à sa colère.

Vous n'êtes qu'un imbécile doublé d'un alcoolique. La méchanceté transpire par le moindre pore de votre peau et seule Thanatos saurait voir le moindre plaisir à vous rencontrer. Votre famille doit se retourner dans la maigre tombe que vous avez dû lui donner, trop occupé à vous soûler pour oublier la misérable existence que vous menez.

Alors que le venin coulait de ses lèvres, Evelyn sentait un liquide chaud et une douleur dans la paume de ses mains. Inconsciente des griffes qui en déchiraient la pulpe et aux traces rougeâtres de son chemisier, elle toisa du regard son adversaire.

EPSILON

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Sujet: Re: Ite, Magister dixit Sam 14 Nov 2020 - 15:24

Tobias Rapier & Evelyn Lair

Ite, Magister dixit

L'avocate en déroute perd la raison sous le regard amusé de Tobias. Ce petit jeu malsain commence à le divertir. Lui qui n'aime pourtant pas les surprises trouve que celle-ci parvient à donner un peu de vie à une journée qui jusqu'ici lui semblait morne. Cette femme est intelligente, cela ne fait plus aucun doute à ce stade de la conversation. Elle ne perd pas son sang froid facilement, signe évident d'un caractère stable. Le contrôle, une notion chérie par l'anglais. Une notion qui régit son quotidien depuis aussi longtemps qu'il soit capable de s'en souvenir. Il a été minot lui aussi, mais il n'a jamais laissé ses émotions prendre le pas sur sa cervelle. En tout cas pas de manière consciente. Parfois un écart le fait dériver hors du droit chemin, mais il finit toujours pas retrouver ses bonnes manières. Les émotions, c'est personnel. Et selon Tobias cela doit le rester.

Cette femme qui lui fait face, il pourrait presque en venir à la respecter. Les caractères forts se marient généralement bien. Les étincelles sentimentales donnent du corps aux relations humaines. Même si cette idée ne lui sied que très peu, le littéraire sait bien que les conflits sont la preuve d'une attention que l'on porte à son prochain. Qui donc irait en guerre après un voisin qui l'indiffère ?

Tobias oublie toutes ces belles idées qui commençaient à germer dans sa cervelle. Il se fige, manque de s'étouffer avec sa cigarette quand la femme reprend la parole. Cassante elle l'était déjà. Agaçante pouvait être son second prénom vu son comportement...

L'odieuse bonne femme se fait à présent assassine, mentionne sans pouvoir le connaître ce drame qui hante encore le britannique. Des êtres chers qui ne sont plus de ce monde. Des manques cruels que l'anglais a essayé de combler en sombrant dans l'éthylique, en cumulant les vices et ce quitte à oublier son humanité en cours de chemin. Il ne sait comment réagir alors que sous sa peau, dans ses tripes une colère qui ne lui est pas familière est en train de prendre forme. Tobias ouvre la bouche, surpris, choqué. Terrorisé malgré lui par cette perte de contrôle qui est en train de se préparer. Sa cigarette chute et touche le sol dans un son mat.

Il réfléchit, cherche une porte de sortie qui lui permettrait de se tirer d'affaire tout en conservant un peu de dignité. Un échec. Quand de ses pattes griffues la gorgone déchire son chemisier, il devient alors impossible pour le chasseur de conserver son calme plus longtemps. Dans son esprit quelque chose se brise. L'homme redevient le monstre qu'il a été pendant des années. Un retour aux sources, celles de l'horreur lui arrache les derniers fragments d'une raison qui a toujours été fébrile. Il ne sait comment elle a pu savoir quels seraient les mots qui lui feraient perdre son calme. Il ne sait comment elle a pu oser prononcer de telles paroles en les destinant à un inconnu. Cette imbécile a joué avec la glace sans se douter que celle-ci dissimulait les flammes de l'enfer. Le tueur avance, darde la femme de son regard le plus froid, le plus noir. Il ne cherche pas à l'effrayer et c'est bien ça le pire dans toute cette histoire. Il se moque de donner naissance à une quelconque terreur. Il se moque des conséquences que pourraient avoir une crise de rage dans un pareil endroit.

Il veut voir cette femme au sol, le crâne ouvert, la gorge déchirée. Il veut s'offrir la vision de la souffrance de cette garce qui joue avec la sienne. Sa fin comme seul échappatoire acceptable.

Il amorce un premier pas, vif. Son visage se fait toile de l'expression de sa fureur.

-Vous n'êtes qu'une godiche inconsciente. Une monstruosité incapable de se contrôler. Incapable de comprendre quand le jeu doit prendre fin.

Madame n'aime visiblement pas se faire insulter. Provocatrice mais pas masochiste. Cela convient parfaitement à Tobias qui a toujours aimé ce genre de séance, mais uniquement lorsque le plaisir lui était entièrement réservé.

Il fauche le poignet de la femme, laisse cette dernière se débattre. Puis grogne sa fureur avant de se mettre à serrer.

-Je ne suis pas un ange, donc je tolère les excès. Mais toute bonne chose a une fin. Je ne vais pas laisser une pétasse imbaisable, un monstre de pacotille, venir me juger. Ils sont morts, et vous risquez de les rejoindre si vous ne vous reprenez pas rapidement.

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Sujet: Re: Ite, Magister dixit Sam 21 Nov 2020 - 11:48

Ite, Magister dixit.

Derek ac Evelyn

Amphithéâtre E1C , 28 Octobre,

L'ire d'une avocate est un poison dangereux à goûter. Le professeur Rapier, bien qu'il méritât à peine un tel titre aux yeux d'Evelyn, en goûtait les frais. Aussi bien que la cigüe écrasant les poumons ou l'arsenic déchirant les entrailles, Tobias semblait passer de toutes les couleurs et les expressions faciales aux yeux d'Evelyn. L'avocate savait qu'elle avait frappé bas et sans honneur. Mettre un alcoolique devant le fait accompli était aussi facile qu'inutile. Il fallait le confronter à la raison de son vice.

Les yeux d'Evelyn s'écarquillèrent légèrement lorsque l'homme fit un premier pas dans sa direction. Tendue, elle jeta un coup d'oeil rapide au mug qui prônait glorieusement à quelques pas. Si l'odieux personnage qui étalait sa fureur devant elle ne faisait que lever la main sur elle, le fracas de la porcelaine contre sa tempe l'aiderait à se calmer. Evelyn n'était pas une combattante mais la colère bouillonnait dans ses veines à cet instant précis. Elle avait été menacée, insulté

N'approchez pas espèce de rustre !

Evelyn recula d'un pas, prête à se jeter sur le maigre réconfort donné par quelques centaine de grammes de céramique. Muette de stupéfaction, elle resta interdite lorsque le professeur se saisit de son poignet. Lorsque le sang apparut en même temps que la douleur, la fureur déforma les traits d'Evelyn. Ses yeux s'étrécirent jusqu'à deux fentes que ses lèvres rouges découvraient sa dentition. Attrapant l'homme par le col de sa chemise, elle voulut le repousser. Ce qui aurait dû une simple réaction d'autodéfense se transformer en un acte grotesque.

Le professeur se retrouva les pieds à quelques centimètres du sol avant d'atterrir lourdement sur le tableau, effaçant les lettres qu'il y avait tracé. Le souffle court, Evelyn recula, sa tenue défaite et son visage figé de stupeur. Essayant de retrouver le contrôle de soi, elle passa sa main sur sa joue, la couvrant de sang. Que s'était il passé ? A quel moment Rapier avait pu la blesser rien qu'en serrant son poing ? Comment avait elle réussi à le repousser aussi violemment ? Plongée dans le désarroi, elle ne prêta aucune attention à l'homme. Posant une main sur le bureau, elle s'assit lourdement et papillonna des yeux le temps de se reprendre.

Monsieur ? Professeur Rapier ? demanda une petite voix qui ne ressemblaient pas à la sienne.

EPSILON

Until the firmament.

Sujet: Re: Ite, Magister dixit Lun 23 Nov 2020 - 12:15

Tobias Rapier & Evelyn Lair

Ite, Magister dixit

Il attendait une réaction de la louve. Car il se doutait bien que ce personnage haut en couleur qui s'était offert à lui durant ces quelques minutes avait encore d'autres surprises à lui dévoiler. Mais la réaction de la brune n'est en rien celle qu'il aurait pu prévoir. Tobias espérait malgré tout faire naitre de la crainte chez cette odieuse bonne femme qui vient de le cogner sous la ceinture. Mais sa franche avancée sur l'avocate la pousse à agir. Le sinistre professeur n'a que le temps de pousser un cri rendu rauque par cet étonnement qui vient de dérober la place à cette colère qui pulsait dans ses veines. L'avocate entre deux âges l'attrape par le col, le force à s'abaisser à son niveau. Immédiatement dans un réflexe des plus primaires, celui guidé par l'instinct de survie, il appose sa main sur celle de la femme pour la forcer à relâcher la pression qu'elle impose à sa pomme d'Adam. Puis ses pieds quittent le plancher des vaches et avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, le voilà qui finit repoussé. Le tueur heurte le tableau blanc dans un bruit aussi assourdissant qu'il le jugerait humiliant s'il n'était pas sonné par cette rencontre brutale avec le mur.

Sa carcasse s'effondre, le choc était tant inattendu qu'il peine à conserver les yeux ouverts. Dans sa tête des étoiles par dizaines dansent la gigue, comme dans ces cartoons devant lesquels sa fille aime à s'esclaffer. Tobias râle sa surprise autant que sa douleur. Son épaule gauche le lance, il ne tente même pas de se redresser immédiatement tant il doute que ses jambes soient capables de le porter. Son souffle erratique sonne comme une mélodie dont on aurait ôté la justesse. Le grand chasseur aguerri vient de se faire prendre par surprise, sa colère comme mauvais guide lui ayant fait oublier toute notion de prudence. Il ouvre un oeil hagard sans se souvenir de l'avoir fermé auparavant, darde de son regard le plus revanchard cette bonne femme qui vient de lui faucher sa salle, son trône et sa bonne humeur. Tout cela en un minimum de temps. Quand elle quémande après lui, pour peut être s'enquérir de son état, il trouve juste de conserver le silence. Cette furie vient de l'envoyer rencontrer le mur. Il ne peut laisser cette histoire se terminer de cette manière. Sans rien répondre, il se redresse, colle son dos au mur. Prend une dernière inspiration tout en remuant la tête pour chasser cette vilaine migraine qui lui scinde le crâne en deux.

Puis sans crier gare, il s'accroupit, prend un peu d'élan avant de ruer sur la chaise. Emportant celle qui y siégeait avec lui. Le meuble plie dans un crissement aigu sous le choc, Tobias fauche immédiatement une des mains de l'avocate avant que cette dernière ne soit prise de nouvelles pulsions guerrières. C'est stupide mais il ne veut s'avouer vaincu, trop furieux pour accepter de donner raison à la brune. Il pose une main sur le crâne de cette dernière, la chevauche tout en forçant son corps élancé à s'immobiliser. Une fois de plus le professeur râle sa rage. Ils ont l'air de deux chiffonniers combattant pour devenir le coq de cette basse cour dénuée de poules. Un combat infantile qui n'est pas sans rappeler des souvenirs d'une autre époque à l'anglais. George et Amanda se battant dans le jardin, leur mère finissant par punir l'intrépide duo. Si Tobias était un enfant sage au caractère posé ce n'était pas le cas de ses ainés.

Cette image, ce souvenir se superpose à cette scène qu'il est en train de vivre. Il force le geste, appuyant encore un peu plus le crâne de l'imprudente contre le sol. Relâche la pression, puis profite de ce que l'autre peut confondre avec une accalmie pour donner un nouveau coup. Il serre le poing, rasséréné par sa position dominante. Avant de se retrouver dans le rôle de la proie pour la seconde fois en trop peu de temps. Nez à seins avec la brune, il hésite un bref instant tout en prenant le temps de profiter de la vue. Manque de perdre un œil quand une main griffue s'approche de son visage.

-C'est l'approche de la ménopause qui te rend folle espèce de furie ?

À moins que ce ne soit l'action de l'astre lunaire qui se fait plus rond à chaque fois que la nuit tombe. La pleine lune approche et cette femme semble éprouver quelques soucis avec la notion de contrôle. Ce qui aurait tendance à amuser le britannique qui n'a pas eu de bonnes raisons de chasser depuis ce qui lui paraît être des siècles. Il a presque entièrement délaissé ce statut qui était le sien, cette vocation qui avait été sa raison de vivre pendant plus de quinze ans. Il fauche la main agressive, la colle devant le nez de sa propriétaire avant de rager un ordre.

-Range ça ou bien je te les arrache ! Maintenant ! Ne me force pas à t'abattre...

️️clever love.

Ite, Magister dixit.

Derek ac Evelyn

Amphithéâtre E1C , 28 Octobre,

Evelyn regarda avec horreur et soulagement le professeur se relever. Elle était rassurée de ne pas avoir fendu en deux le crâne de Tobias, aussi infâme puisse être l'homme. En même temps, la portée de son geste la rattrapait. L'avocate avait tout simplement soulevé et jeté un homme, probablement plus lourd qu'elle d'une quinzaine de kilogrammes. Evelyn n'avait pas simplement repoussé son adversaire. Il avait littéralement volé le temps de quelques secondes. Heureusement, le professeur n'avait pas un profil aérodynamique malgré sa péninsule nasale comme aileron. Eveylyn regarda Tobias se relever, persuadée qu'il est trop sonné de lui répondre.

L'attaque vint sans crier garde une nouvelle fois. Evelyn n'était pas une combattante et ne savait pas lire les signes avant-coureur d'un assaut. Elle se souviendrait toute sa vie de l'allure repliée du professeur, ses membres tendus lorsqu'il se jeta sur elle. L'avocate roula violemment au sol, choquée. Sa tête claqua violemment sur le lino vitrifié de la salle et des étoiles explosèrent devant ses yeux. Une main prisonnière de l'étau de son ennemi, elle ne peut rien faire lorsqu'il essaya de lui écraser allégrement le front. Une vague de haine s'empara d'Evelyn et elle se retrouva, sans trop savoir pourquoi au dessus du professeur. Elle sent son regard s'attarder là où son nez se trouve et Evelyn poussa un grognement pudique. Sa main se lève pour gifler l'ignoble créature, quitte à lui arracher une partie du visage pour cela.

...

Evelyn resta sans voix face à la hargne du professeur. Sa haine revint au galop et, si elle leva de nouveau la main, c'est pour arracher la gorge tendre de Tobias. Lui trancher cette langue serait un plaisir dont la louve sauvage au fond de son cœur se délectait déjà. Avec un rugissement, elle se lança à l'assaut de sa proie. Avant de glapir, ses griffes plantées à deux centimètres de son propre visage. Comment Tobias a pu trouver l'énergie pour retenir son coup et le détourner, Evelyn n'en savait rien. Clignant des yeux lentement, elle vit sa main reprendre une forme plus humaine. Ce seul interlude lui permit de reprendre le dessus, le corps fourmillant d'énergie et l'esprit se délitant au gré de ce trouble qui la hantait. Avec un petit cri de rage, elle donna un coup de poing en plein dans le nez du professeur.

Merci, professeur. J'espère que vous êtes calmé également.

Epuisée, Evelyn soupira et roula sur le dos, les cheveux étalés en auréoles autour d'elle. Reprenant son souffle, elle fixa le plafond en maudissant la race britannique.

EPSILON

Until the firmament.

Tobias Rapier & Evelyn Lair

Ite, Magister dixit

Sous son regard habitué par plus de rage que de frayeur, la main de la femme retrouve un aspect plus naturel. Le britannique n'aurait lui même pas parié sur ses capacités de médiateur dans un pareil cas de figure. Il ouvre la bouche pour oser pousser un soupir de soulagement mais n'en a pas le temps. Un poing heurte violemment son appendice nasal, peut être dans le but de lui faire retrouver une taille plus convenable. Un râle de douleur échappe à l'homme sans qu'il ne le veuille réellement, il porte une de ses mains à son nez pour tenter d'apaiser cette douleur fulgurante qui lui donne l'impression de vouloir remonter jusqu'à sa cervelle à la raison jusque là émoussée par la colère.

Lorsque l'avocate lui demande s'il est à présent calmé, il ne répond rien. En effet sa fureur s'est trouvée immédiatement apaisée par ce coup violent dont il vient d'être la victime. Il inspire lourdement. C'est douloureux, tant qu'il craint pendant un bref instant que cette garce ait pu lui briser le nez. La croche formée naturellement par ce dernier n'a certainement pas besoin qu'on vienne lui imposer un tel traitement. Dos au sol, il replie ses jambes. Fixe les néons qui abiment ses prunelles noires devenues désabusées. Cette femme est folle, au moins autant qu'il ne l'est lui même. Manque de chance pour ce "Maître" sa folie personnelle ne tolère que très peu celle de ses congénères. Il choisit de respirer par la bouche pour ne pas s'imposer une souffrance qu'il se sait capable d'éviter. Puis enfin il tourne la tête vers la furie pour mieux l'observer. Silencieux il se complaît à conserver un silence parfait lorsque sous son regard qui se fait plus amusé au fil des secondes qui s'écoulent, se dévoile un corps aux mensurations acceptables.

Une taille menue qui doit sans doute appartenir à un de ces spécimens qui comptent les calories qu'ils ingurgitent, une poitrine peu présente qui se soulève au rythme d'une respiration agitée. Le combat a été rude. L'anglais trouvera sans doute cette scène amusante lorsqu'il y repensera dans quelques heures ou bien quelques jours. Tobias n'est que peu habitué à ce qu'on lui tienne tête, encore moins moins lorsqu'il se trouve sur un territoire qu'il juge comme étant le sien. Cette femme presque belle aura eu raison de son calme. Avec quelques paroles tranchantes, elle est parvenue à ruiner ce qui est la routine habituellement réglée comme du papier à musique du chasseur. Un quotidien tout en retenue dans lequel il se force à garder bien serrés les rênes de sa santé mentale.

-Vous êtes folle.

Ce qui dans la bouche du tueur n'est pas peu dire. Un ricanement rauque naît dans sa gorge, éclate dans l'air comme des bulles de savons imparfaites. Il ne se prête que peu souvent à l'exercice de la chamaillerie infantile. Son rire est usé par les déboires d'une vie morne où l'ennui est bien souvent roi.

Son regard croise celui plus clair de celle qui lui a volé son amphithéâtre. Elle semble presque outrée d'être le sujet d'une telle appellation. Tobias hausse les épaules, ce qui dans son actuelle position doit être plus pitoyable qu'autre chose. Pour lui ces quelques mots qu'il vient de prononcer ne sont en rien un défaut. Bien souvent le génie et l'ambition ne peuvent évoluer sans une bonne dose de folie. Cette femme est ambitieuse, cela se comprend bien vite. Par l'évocation de son métier, par cette tenue statique et droite qu'elle se forçait à tenir avant que cette situation ne dégénère.

Il y a un an, il se serait contenté de saisir cette arme chargée qui dort contre son flanc. Il aurait tiré une balle dans la tête de cette étrange femelle qu'il juge plus agaçante qu'imprudente. Aujourd'hui avec du recul, il en viendrait presque à la trouver charmante.

Enfin non, charmante est un qualificatif qui convient mal à cette diablesse.

Tobias relâche son appendice nasal qui était jusque là fermement tenu dans sa main gauche. Il se retrouve avec une main aussi libre que souillée de carmin qu'il tend à la godiche qui s'est affalée près de lui.

-Je m'appelle Tobias. Je refuse de vous nommer Maître, donc vous allez devoir m'offrir votre prénom en échange.

Elle dénigre cette main qu'il vient de lui tendre. Une chose logique en soit. Le sang épais dégouline sur la chemise qui était jusque là immaculée du britannique. Il agite sa main, couvre la louve de gouttelettes rouges qui ne partiront pas au lavage.

-Vous avez du répondant. J'aime ça. J'aime aussi mon nez, si vous me l'avez cassé, vous allez devoir régler la facture. On pourrait en parler demain midi ? Il y a un excellent restaurant français en ville. Je paie l'addition et vous le docteur.

️️clever love.

Ite, Magister dixit.

Derek ac Evelyn

Amphithéâtre E1C , 28 Octobre,

Les meilleurs ennemis d'un jour formaient un duo des plus étranges, avachis sur le sol. Tels une version bien étrange d'une Piggy et d'un Oui-Oui, les deux pantins de leurs instincts reprenaient leur souffle. Evelyn haïssait profondément le professeur qui se tenait à ses côtés. Sa langue, taillée pour être aussi arrogante que sa voix traînante, l'agaçait plus sûrement qu'une épine dans le derrière. Son aspect était aussi plaisant que désuet. Elle le détestait de lui avoir fait perdre le contrôle. Evelyn n'appréciait les joutes verbales que lorsqu'il s'agissait d'un jeu, d'une compétition. S'humilier gratuitement pour une simple salle lui paraissait bien dérisoire. En même temps, elle ne pouvait pas nier qu'avoir été à deux doigts d'écarteler le professeur d'un bout à l'autre de la pièce lui était plaisant. Du moins la partie qui impliquait à d'avoir résister tant bien que mal à ses sentiments.

Avec un profond soupir, elle tourna la tête vers l'homme. Elle l'observa la regarder sans en ressentir aucune gêne. L'étincelle salace propre à la plupart des mâles semblait avoir disparu. Il l'observait plutôt comme on flatte une bête pour en déterminer la qualité. Elle lui rendit la pareille, bien que physiquement rien ne laisse paraître sa hargne. Par tout les dieux de la Terre, il savait se battre ! Bien plus qu'un professeur de lettres britannique n'aurait dû le faire. A moins qu'il ne soit un de ces agents surentraînés, préparés à manger de la cuisse de français et de russes chaque matin. Consciente du ridicule de ses pensées, elle ricana une seconde alors même que la victime de sa hargne la complimentait de la plus douce des insultes.

En d'autres circonstances, elle aurait pu facilement ignorer l'insulte infondée du professeur. On qualifiait Evelyn de nombreux adjectives péjoratifs mais la folie n'en faisait assurément pas parti. Sauf en ce jour sanglante où elle se retrouvait allongée sur le sol, cherchant à récupérer d'un combat de rue universitaire, mis à part qu'ils ne se jetaient par leurs recherches à la tête. Tobias donc. Un nom aussi charmant que pouvait l'être son possesseur. Evidemment, il ne voulait pas l'appeler maître. Quelle étrange idée lorsqu'elle avait été la maîtresse de leur échange jusqu'à son dernier acte. Evelyn pouvait bien accorder ça à son adversaire. Son corps douloureux pouvait bien lui accorder ça également.

Evelyn. Appelez moi Eve une seule fois et je vous promets de vous enfoncer une pomme dans la gorge.

Un regard amusé et épuisé se posa sur la main sanglante du professeur. Evelyn dédaigna le piège et en fut quitte pour être éclaboussée de gouttelettes bordeaux. Elle n'appréciait pas l'art abstrait et voilà pourtant qu'elle en était une oeuvre à part entière. Retenant un soupir, elle haussa un sourcil. Son adversaire d'un jour lui proposait réellement un restaurant au lendemain d'un combat. Ne savait-il pas qu'une telle audace demandait au moins une revanche, soit une belle si cela s'avérait nécessaire ? Aussi peu avertie que le professeur des convenances des lutteurs universitaires, Evelyn hocha la tête.

Demain, midi, c'est noté, Tobias. Préparez votre chéquier, j'ai une préférence pour le veau et Dieu sait le prix de cette viande en Californie. Autant en profiter avant de devoir payer votre ravalement de façade.

Se relevant, elle attrapa ses affaires d'un pas claudiquant. Avec un soupir plus accentué cette fois-ci, elle gagna l'entrée de la salle et sourit enfin au professeur.

Bon cours.

EPSILON

Until the firmament.