Alias : L'homme sans passé Humeur : Pensif Messages : 1589 Réputation : 270
Sujet: Highway to Hale Mer 31 Juil 2019 - 18:34
Nouvelle donne
Mick ft. Meute
Je prends quelques instants pour observer le manoir. Chad a vraiment réalisé une prouesse. Cette bâtisse rappelle son talent et me donne, comme à chaque fois, hâte de voir notre maison achevée.
Les fenêtres sont ouvertes sans doute pour profiter de la fraicheur matinale. Avant que je ne frappe à la porte, Derek m’invite à entrer.
Je vais le saluer pendant qu’il finit de nourrir son cousin installé dans une chaise haute.
- Coucou pti' loup, dis-je en lui grattouillant la tête.
Je suis revenu avec Chad qu’une fois au manoir depuis la disparition de Ruby. La semaine passée, nous nous sommes tous réunis en ville, dans un restaurant, pour passer une soirée que nous avions souhaité ordinaire. Elle avait été écourtée car Ian n’était pas à l’aise et que Peter semblait plus mal lunée que d’habitude. Comment lui en vouloir.
- Comment ça se passe ici ? Demande-je à mon ami.
Peter ne va pas bien mais je n’en parle pas à voix haute comme si ça pouvait concrétiser que quelque chose de mal allait arriver.
La meute résiste. Encore. Nos fêlures nous unissent. C’était le cas lorsque Ruby était encore là et ça le demeurera.
- Avant de venir, je suis allé à l’endroit d’où elle est parti, révèle-je.
Derek me raconte que son oncle y passe beaucoup de temps à parler. Seul.
Je ne dis rien car c’est aussi le besoin que j’ai ressenti.
- Stephen m’a dit que tu étais bien lancé et que tes clients sont satisfaits de ton travail, dis-je pour relancer la conversation.
Mon frère de meute est quelqu’un de travailleur. Sa vie amoureuse a été un peu chaotique ces derniers temps alors son nouveau projet professionnel a été une bonne échappatoire.
- Je me suis dit que je pourrais te confier la gestion de mon patrimoine, propose-je. Actuellement, c’est James qui s’en occupe mais il ne voit pas d’inconvénient à ce que tu prennes le relai. Ce que j’ai hérité de mes parents m’aide à vivre pour le moment mais ça n’est pas une ressource intarissable.
La question du père de Chad m’avait remué. Je n’ai pas d’ambition de carrière car je me sais incapable de concilier ma vie personnelle avec un emploi fixe. Et surtout, je ne saurais pas dans quelle case me ranger.
Derek me fait patienter quelques minutes en me confiant Ian.
Je m’installe sur le canapé en le prenant sur mes genoux. Le petit bonhomme pousse sur ses jambes pour se grandir et réussit à se mettre debout.
J’aime mon filleul comme s’il était mon fils. Sa présence au sein de la meute apporte une vague d’innocence et de petites joies. Lorsqu’il babille nos prénoms ou pointe des objets du doigt en cherchant à les nommer, nous sommes tous attendris.
Je l’embrasse sur le front et m’amuse à le chatouiller du bout du nez. Puis, il recule la tête pour m’observer. Je vois qu’il s’attarde sur mes yeux dont la particularité doit l’interpeller.
Il cligne des paupières quelques secondes sans me quitter du regard. Soudain, ses pupilles se mettent à briller de la couleur dorée représentative de sa nature profonde. Fier d’afficher lui aussi sa différence, il gesticule de plus belle.
Lorsque Derek revient, je l’interpelle sur ce que vient de faire Ian.
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Sujet: Re: Highway to Hale Mer 31 Juil 2019 - 18:46
Highway to Hale
La nuit, je ne dormais pas.
J’attendais. J’espérais.
Qu’on me dise qu’il s’agissait d’un cauchemar, d’une funeste blague qui aurait commencé des semaines plus tôt. Qu’on m’annonce que c’était provisoire et que tu nous retrouverais bientôt.
Je t’imaginais perdue, apeurée et seule. Mais en réalité c’était moi qui l’étais.
Perdu. Apeuré et seul.
Dans cet état de faiblesse proche de la fin.
Comme mort, plus que tu ne l’étais toi-même, je demeurais immobile sur le lit, guettant jusqu’au plus petit bruit.
Parfois, un courant d’air transportait encore ton odeur, les effluves de la louve qui faisaient vriller mon cœur.
Je te sentais comme si tu étais toujours là quelque part. Autour de nous. Dans notre manoir.
Dans nos vies.
Mais c’était un mirage que le soleil levant chassait au petit matin, éclairant la place vide laissée à mes côtés.
Tu étais parti.
/ / /
La salle des professeurs était calme à mon arrivée. Seuls deux de mes collègues préparaient leurs cours avec l’indispensable tasse de café dont la mission primordiale était de fournir assez d’énergie pour maintenir l’ordre et l’attention dans une classe. Ce n’était pas chose facile pour certains.
Je rompis le silence en grognant contre la photocopieuse qui refusa de dupliquer le texte sur lequel mes élèves allaient devoir travailler. Il n’était pas concevable que je sois en retard alors que j’attendais d’eux de la rigueur et de la discipline.
Je sortis à temps, laissant l’appareil continuer à imprimer les quelques exemplaires de trop. Il était temps que nous changions de matériel. Chaque semaine, un nouveau problème devenait une contrainte pour le corps enseignant. Il y a quelques jours, Mafdet avait pesté que toutes les photocopies qu’elle faisait ressortaient en rose. Une facétie informatique qui ne manqua pas de m’arracher un rictus de satisfaction.
Je refermai la porte de la salle de classe derrière moi ce qui eut pour effet immédiat d’engendrer un silence appréciable.
Passant parmi dans les rangées, je distribuai le sujet du devoir sous le regard désolé des élèves qui apprécièrent encore moins ce lundi matin.
- Je vais vous lire cet extrait, dis-je en me plaçant dos au tableau.
Bien long, en vérité, est le temps qui lentement s'écoule avant que l'on puisse se résigner à l'idée que plus jamais l'on ne reverra l'être cher que l'on avait chaque jour auprès de soi et dont la vie même était comme une partie de la vôtre. Que l'éclat des yeux aimés se soit terni à jamais et que la voix si familière et si douce à entendre, se soit tue pour toujours. Telles sont les pensées qui vous obsèdent durant les premiers jours de votre deuil. Mais c'est seulement lorsque la fuite du temps vient préciser la réalité implacable de cette perte, que le chagrin s'installe avec toute son emprise.
Le sadisme était défini comme le plaisir de la souffrance. Ce texte en particulier faisait écho à la perte récente de ma femme, me raccrochant au seul sentiment qui témoignait que j’étais encore vivant. Ma souffrance était un catalyseur. Si je ne m’en nourrissais pas, elle me ferait sombrer.
Les élèves me dévisagèrent tentant de savoir si la folie de Victor Frankenstein pouvait également m’atteindre.
- Qui peut nous expliquer en quoi le deuil est capable de pousser un homme a réalisé de telles expériences contre-nature, demandai-je en balayant des yeux la salle de classe.
La plupart des élèves baissaient la tête et priaient pour ne pas être interrogés. J’eus un rictus de satisfaction malgré le peu d’entrain dont ils faisaient preuve. Être craint est une sensation grisante.
- Monsieur O’Brien, vous souhaitez répondre ? Demandai-je pour faire taire sa tentative de bavardage.
/ / /
Je saluai distraitement Derek en rentrant en milieu l’après-midi. Il travaillait sur la proposition que Mick lui avait faite.
J’avais l’impression qu’il m’évitait mais cela m’importait peu puisque je ne cherchais pas de compagnie. Je n’osais pas l’interroger sur cette sensation que j’avais sous peine qu’il me considère comme définitivement fou. Il était ma seul famille mais je m’accrochais à la présence de Ruby qui persistait. Il y avait quelque chose de différent. Il était certain que le voile qui nous séparait à présent avait profondément changé la meute.
Ian tournait en rond dans notre chambre, parfois il gambadait jusqu’au pied de notre lit et s’endormait en boule sur le sol. Je me souvins que tu te mettais ainsi parfois, il devait te sentir lui aussi.
Notre fils.
Avant que tu ne nous quitte, nous avions décidé de l’aider à affronter le monde, celui-là même qui l’effraie lorsqu’il s’éloignait du cocon familial. Il fallait qu’il surmonte le traumatisme d’avoir été séparé de sa sœur jumelle avant même leur naissance.
Lilia.
Elle me manquait terriblement. Pourtant, je n’avais jamais pu saisir son corps inanimé dans mes bras. La serrer une première et dernière fois.
J’espérais qu’un jour tu puisses la rejoindre, comme tu me l’avais murmuré avant de disparaitre.
Après le dîner pendant lequel Derek et moi avions échangé des banalités, je lui demandai de surveiller que son cousin dorme paisiblement puis sortis du manoir.
Je connaissais parfaitement le chemin.
- Bonsoir ma douce, souffle-je à la pierre aussi froide que mon cœur.
Il y a beaucoup de changements en ce moment. Après le départ forcé de Ruby, me voilà confrontée à ce que tout un chacun nommerait : une vie normale. Seulement, je suis démunie devant ce flic. Mes réactions semblent être celles d’une femme ordinaire. Cela me perturbe.
L’autre soir, Dick est reparti bouleversé. Ses larmes m’avaient étreint le cœur comme jamais. En soignant ses blessures, j’avais épuisé quelques-uns de mes stocks de plantes. Il y a bien une herboristerie à Beacon Hills, mais hormis le fait que je ne suis jamais certaine de la provenance de ses plantes, et celui qui peut me rendre suspecte au vu de ce que j’achète, j’ai toujours préféré les cueillir moi-même. Je possède un jardin d’herbe aromatique. Mais sa situation sous le soleil ardent californien restreint les variétés possibles. Je sais où trouver ce qui me manque soigneusement cultivé à l’abri de la forêt.
*
La silhouette de la maison Cormier se dresse devant moi. Pas de Druide, mais un ours qui ronfle. La voie est libre. Je musarde près de la fenêtre ouverte de la cuisine. Sur le plan de travail, un plat à tarte repose, un torchon posé dessus pour protéger ce qu’Alex a cuisiné. L’odeur est appétissante. Le plat est trop loin pour que j’y glisse un doigt.
Je me décide à aller marauder dans le potager. Du bout des doigts, je caresse les plantes, et respire leur parfum. Une fois le tour des lieux fait, je fais mon marché en veillant à ne rien abîmer. Mon sac se remplit d’un précieux trésor que je range avec soin dans des toiles de lin. Mon forfait terminé, je dépose sur le pas de porte une souris morte. Cadeau de chat. Je l’avais attrapée en train de ronger les racines des carottes dédiées à l’alimentation de Civet. Je rejoins ma moto garée à cinquante mètres de là. Je l’avais poussée en arrivant, pour la discrétion. Je la démarre sans aucune précaution. Ce n’est pas le rugissement du moteur qui va réveiller Crowley et Alex n’est pas là pour battre un sourcil mécontent.
Trois bifurcations plus tard, j’arrive devant le manoir Hale. En bonne ménagère, Derek a ouvert les fenêtres pour aérer l’imposante demeure. Il n’y a que la voiture de Derek présente, pourtant j’entends Mick qui régresse avec Ian. Je pose ma Ninja sur sa béquille et m’invite dans la tanière des loups.
J’ai entendu Ian m’appeler et venir à ma rencontre. Je m’amuse à le bousculer en ouvrant la porte d’entrée.
- Af’ ! - ‘Jour le chiot !
J’avance, le louveteau collé à la jambe. Derek remplace son oncle et précise que c’est un loup et non un chien. Susceptibilité des loulous, alors que franchement chien et loup c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Je salue l’alpha de loin et claque une bise à Mick qui s’est levé pour me souhaiter le bonjour. Il porte une tenue de sport, un jogging anthracite et un t-shirt à bretelle qui met ses muscles en valeur. Il est bel homme, j’approuve le choix de Chad. Je ne me gêne pas pour lui tâter les abdos et le taquiner.
- Tu n’aurais pas pris un peu de brioche là et là ?
Mick esquive ma main qui file lui claquer le postérieur. Derek grogne sur mes mauvaises manières.
- Jaloux sourwolf ?
Avec le départ de Ruby, je suis la seule femme de cette meute testostéronnée. Mick affiche un regard embarrassé, il est peu enclin aux échanges libertins et Derek s’est refermé comme une huître depuis que le joli cul norvégien est retourné dans sa Norvège profonde sans dire adieu.
Je décroche Ian de ma jambe et le rends à Mick. Vais dans la cuisine et me sers un café sans rater la dernière part de brioche. La bouche pleine, j’évoque l’objet de ma visite.
- Cha cherait p’ête bien de mettre Peter au jus, dis-je avant d’avaler, sinon il ne va pas tarder à égorger le prochain qui écorche Shakespeare.
Je darde un regard vers le nouveau chef de meute.
- Il a horreur de passer pour un con, précisé-je inutilement.
Soupirs de part et d’autre. Je m’installe sur le canapé à côté de Mick et feule sur Ian qui tente de me piquer mon bout de brioche que je finis par lui céder quand il prend un air de cocker battu. Je n’ai aucune idée de quelle va être la réaction de Hale le vieux. Grincheux comme il est, il faut s’attendre au pire. Je regarde Derek, puis Mick.
- Et si on apprenait à Ian à dire une phrase par cœur du genre « C’est tonton Derek qui est alpha ». - ‘Ek ! approuve le bambin. - Il ne s’en prendrait pas à son fils. Bonne idée, non ? - ‘Ek avion !
Ian bat des bras, il veut faire son jeu favori où Derek lui fait traverser le manoir en mode superman. Ce n’est pas gagné...
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Sujet: Re: Highway to Hale Ven 23 Aoû 2019 - 12:38
Action ou vérité
Mick ft. Meute
Ian sautille de fierté sur mes genoux et regarde son cousin avec attention pour lui faire remarquer la couleur de ses yeux.
- Il est en avance, explique Derek. Les premiers signes de lycanthropie se déclarent autour des cinq ans et encore beaucoup de loups nés ne montrent cette facette que vers leurs dix ans. Je suppose que c’est lié à Ruby qui n’est pas une louve ordinaire. Elle n’est malheureusement plus là pour nous donner les détails de comment cela se passe dans son monde.
Nous sommes tous conscient que Ian n’est pas un petit loup ordinaire. Ses phases de croissance accélérée ont provoqué une vive inquiétude pour ses parents. Ni Ruby ni même Mafdet n’avaient su expliquer le phénomène. Ça ne s’est pas reproduit.
J’espère que la prochaine pleine lune, il ne sera qu’un enfant grognon plutôt facile à gérer. Il ne semble pas posséder une force supérieure à un enfant de son âge.
- Chaque individu est unique, reprend Derek. Son père est de nature instable. Ruby l’a été un temps. Moi aussi. Je compte beaucoup sur Chad. Il a eu sa période violente juste après sa morsure, mais il a su la canaliser sans l’aide de son alpha. Il n’est pas seul. Maf’ peut aussi être un bon secours. Ian l’adore. Après moi, elle semble l’ultime recours pour le calmer.
C’est vrai que mon fiancé est parvenu à garder un certain équilibre. Malgré ses actes passés, il n’a pas perdu l’éclat doré de ses pupilles. L’inverse aurait signifié qu’il avait tué des innocents. C’était le cas de Derek alors qu’il n’était qu’un adolescent et de Peter dans sa folie meurtrière après sa convalescence. La famille Hale a su dépasser chacune de ces épreuves. Et les suivantes. Mais la rédemption et la paix sont des fleurs fragiles qui réclament une attention permanente.
Garder le secret de Derek c’est comme jouer avec le détonateur d’une bombe qui s’appellerait Peter.
Ce dernier doit faire son deuil. Encore une fois. Peut-on souffrir toute une vie ?
Je laisse Ian descendre et le regarde gambader pour attraper une peluche malmenée et une locomotive accidentée qu’il souhaite me montrer. Il semble particulièrement les apprécier au vu de leur état d’usure.
- Il fait ses dents, justifient Derek quand il me voit étonné de l’état des objets laissés à un enfant à l’apparence inoffensive.
S’il parvient à faire briller ses pupilles, je ne doute pas que des canines lupines fassent malencontreusement leur apparition quand il mordille ses jouets.
- Je me prépare à annoncer à Peter pour l’aura d’alpha qu’il perçoit, annonce Derek pour mettre des mots sur ce sujet tabou.
- Je serai là avec Chad si tu le souhaites, propose-je. Ça concerne tout le monde.
Soudain, le moteur d’une moto couvre nos voix. Le grondement résonne entre les arbres comme pour avertir les oiseaux qu’un prédateur arrive. Même si la fenêtre avait été fermée, Mafdet n’aurait pas pu passer incognito. Ce n’est d’ailleurs pas son objectif.
- Af’ ! s’écrie Ian en se précipitant maladroitement vers la porte
Il est vite repoussé deux mètres plus loin en glissant sur les fesses.
- Af’ ! Continue-t-il en s’accrochant à ses jambes comme le boulet d’un prisonnier.
- ‘Jour le chiot ! Répond la femme félin.
- C’est un loup Maf, pas un chien, réplique Derek comme l’aurait fait Peter.
Je souris à cette taquinerie usuelle entre notre druide et les Hale. À ma grande surprise, alors qu’elle est peu encline aux marques d’affection, elle vient me faire la bise.
- Tu n’aurais pas pris un peu de brioche là et là ? Demande-t-elle en tâtant mon ventre.
J’évite d’un mouvement de hanche la main qu’elle voulait me mettre aux fesses. Cette humeur malicieuse interpelle Derek qui râle pour la forme. Ou pas habitude.
Le manoir se voulait être la maison du bonheur, où toute la meute serait la bienvenue. Maf a bien saisi le principe et rejoint la cuisine pour en ressortir avec un café fumant et une part de brioche dont une bonne moitié déjà dans sa bouche comme une souris dans la gueule d’un chat.
- Cha cherait p’ête bien de mettre Peter au jus, commence-t-elle, sinon il ne va pas tarder à égorger le prochain qui écorche Shakespeare.
Sans l’avoir confié à quiconque, j’ai toujours trouvé rassurant que Maf soit également professeur au lycée. J’y vois un moyen de garder un œil sur son confrère. Surtout en ce moment.
- Il a horreur de passer pour un con, ajoute l’émissaire en fixant Derek.
De concert, lui et moi soufflons d’une approbation peu convaincue.
Mon ami a déjà été alpha par le passé, mais il manquait sans doute de maturité pour ce rôle. À présent, il a passé un cap, imprégné d’une sagesse nécessaire à la maitrise de la transformation intégrale. Selon moi et je pense que Chad partage aussi cet avis, c’est une suite logique. Comme un cycle qui s’achève et qui repart depuis la mort de Talia.
Peter avait vu rouge quand il avait appris mon implication dans l’incendie du manoir. Comment jugera-t-il le nouveau statut de Derek ? Son neveu n’a pas tué Ruby pour voler son pouvoir mais a hérité de son rang. Prendra-t-il la nouvelle de manière raisonnable ?
- Et si on apprenait à Ian à dire une phrase par cœur du genre « C’est tonton Derek qui est alpha », propose Maf pour détendre l’atmosphère.
- ‘Ek ! répète Ian en regardant son cousin.
- Il ne s’en prendrait pas à son fils, affirme-t-elle. Bonne idée, non ?
Derek fait mine de ne pas répondre et attrape Ian qui réclamait de faire l’avion dans les bras de son baby-sitter préféré.
Il n’y a pas une façon meilleure que d’autres d’annoncer la vérité à Peter. Lui révéler que la présence qu’il sent n’est pas Ruby mais l’aura d’alpha de son neveu sera douloureux. Ça ajoutera une pierre à l’édifice de sa solitude. Pourtant, affronter la triste réalité est un combat ardu mais nécessaire.
Je fais quelques pas dans le manoir et le parcours des yeux. Il est difficile de se séparer des affaires de ceux qui nous ont quittés. Nous sommes partagés entre les maintenir en vie, du moins dans nos mémoires, en laissant à leur place ce qui constituait leur quotidien ou bien dissimuler ces rappels douloureux de leur absence. Je prends dans les mains un cadre posé sur un bahut et souris à la femme sur la photo. Une phrase y est écrite : N’oublions pas dans les ténèbres ce que nous avons entrevu dans la lumière.
C’est un conseil avisé. La colère a consumé Peter autrefois. Celle de Chad l’a poussé dans ses retranchements, manquant de l’obscurcir pour toujours. La mienne a guidé trop souvent mes pas.
Même la colère de ta louve nous a effrayés plus récemment. Mais je veux garder de toi ta bienveillance. C’est ton héritage à la meute.
Je finis par prendre congés en saluant mes deux amis, sans oublier d’embrasser Ian.
En passant à côté de la moto de Maf, je remarque que les sacs qu'elle transporte sont remplis d'herbes en tout genre. Les traces sur le chemin de terre indiquent la direction d'où elle est arrivée. Je comprends qu'elle est allée faire son marché sur les cultures des Cormier. L'ami de Derek est un druide. Et Maf la reine des facéties. Subtiliser les ingrédients qu'elle recherche ne la dérange pas tant elle jouit d'une liberté absolue. Sous sa forme de chat, elle se faufile là où elle le souhaite, elle a des cachettes et des passes droits un peu partout. Elle côtoie beaucoup de monde en ville. Y compris au poste de police.
Ça me donne une idée que je fais mûrir dans un coin de mon esprit.
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Sujet: Re: Highway to Hale Jeu 14 Nov 2019 - 22:00
Highway to Hale
Je te sentais partout, depuis que tu étais partie. Tu étais mon ancre, l’entrave à ma folie. Je manquais de faire naufrage, sans un phare dans la nuit.
Un mouvement sur le drap m’arracha à mes plaintes intérieures. Ian remuait dans son sommeil. Il m’arrivait quelques fois de le garder avec moi lorsqu’il s’endormait, par crainte de rompre la quiétude de ses rêves d’enfants et parce que sa présence me rappelait la tienne.
J’aurais aimé entrer dans sa tête pour m’assurer qu’il ne souffrait pas comme je souffrais moi-même. Nul ne pouvait remplacer sa mère, mais notre fils devenait de plus en plus proche de Derek. Le neveu était déjà protecteur et bienveillant envers son cousin bien avant que tu ne doives nous quitter. Ce rôle s’était amplifié depuis.
Le reste de ma nuit fut paisible et sans rêve.
/ / /
- ‘rek, piaffa mon fils.
J’ouvris les yeux pour voir que Derek était venu le chercher.
Je grognai en guise de salutations matinales. Ce à quoi il répondit qu’il attendait que je descende parce qu’il avait besoin de mon aide pour préparer le repas organisé pour la meute.
Quelques minutes plus tard, je rejoignis le neveu dans la cuisine et le relayai pour donner à manger à Ian. Je soupçonnais Derek de lui avoir appris la fonction catapulte d’une petite cuillère. A moins que ça ne soit Mafdet. Cette éventualité me renvoya à une fameuse tâche de ketchup sur ma chemise.
Ces derniers temps, je la voyais me regarder avec plus d’insistance qu’auparavant quand nous nous croisions dans la salle des professeurs. Autant pour chercher le moyen de me jouer un mauvais tour que pour surveiller si je n’explosais pas.
Je descendis Ian de sa chaise haute lorsqu’il réclama ses jouets, éparpillés dans le salon. Il partit à leur recherche comme un petit prédateur en chasse, pistant l’odeur reconnaissable de la peluche qu’il préférait mordiller plutôt que câliner.
Je regardai le plan de travail devant moi, serrant la mâchoire pour refouler un élan de chagrin.
C’était normalement Ruby qui s’affairait à préparer les repas. Pas parce que ce rôle était celui de la femme dans notre foyer mais parce qu’elle aimait ça. Bercée par la cuisine de sa grand-mère, Granny comme elle l’appelait, toutes les occasions étaient bonnes pour ramener un peu de son monde dans le nôtre.
Un monde auquel elle avait manqué et pour lequel l’univers avait exigé que l’équilibre soit rétabli.
Tant de choses me la rappelaient. Et par voie de conséquence, me rappelaient son absence également. Mais quelque chose de Ruby demeurait au sein du manoir. Je ne saurais dire quoi. Derek et Ian devaient le sentir également. Mais le neveu n’évoquait pas ma douce. Sans doute par crainte d’alourdir ma peine. Et je n’osais pas demander non plus. Car si sa présence était un mirage, je ne voulais pas que l’illusion se brise.
La meute devait continuer de vivre malgré cette disparition douloureuse. Derek avait fini par me convaincre d’accepter ce diner.
- Nous devrions recevoir plus souvent, tu ne trouves pas ? Demanda le neveu.
- Seulement si tu continues à mettre ce tablier ridicule, répondis-je.
Je ne savais plus qui le lui avait offert. C’était peut-être un cadeau de Stiles. Une relique que Derek devait trouver suffisamment utile pour ne pas finir à la poubelle.
Les piques et remarques désobligeantes constituaient notre moyen de communication. C’était ainsi depuis que Derek et moi étions réconciliés. Lorsqu’il était plus jeune, notre relation était différente.
- À t’y prendre comme ça, tu vas te couper un doigt, prévint-il.
- J’en ai déjà fait l’expérience grognai-je en évoquant nos ennemis mexicains.
Cet épisode de notre vie n’était pas des plus agréables. Derek et moi avions été capturés et torturés par ces chasseurs sans scrupules. Si je haïssais la famille Argent, je vouais la même colère à la famille Kalaveras.
Les heures passées en binôme dans la cuisine se conclurent par un repas satisfaisant à servir à nos invités. Il fallait maintenant ne pas rater la cuisson. Si les « loulous » comme les appelaient le neveu pour se moquer, ce que j’approuvais indubitablement, se garderaient d’une quelconque remarque, Mafdet ne manquerait pas de relever combien la viande était plus savoureuse lorsqu’elle était saignante.
/ / /
Lorsque Chad et Mick arrivèrent au manoir, Ian se précipita vers l’entrée pour les accueillir. C’était habituel, au point que nous fassions tous attention en ouvrant les portes. Le louveteau pouvait se trouver derrière. De plus en plus curieux sur le monde qui l’entourait, ses escapades à quatre pattes requéraient toute notre vigilance. Je n’avais pas hâte de mettre à l’épreuve les capacités de guérison de mon fils lorsque surviendrait sa première blessure.
Il savait jouer à faire apparaitre ses crocs et la couleur de ses iris depuis peu. C’était bien suffisant. Être un loup-garou dans une ville peuplée d’humains n’était pas simple. Élever un enfant né-loup l’était encore moins.
Par chance, Ian n’aimait pas les inconnus. Se retrouver en dehors du manoir était source d’une grande angoisse.
Alors, nous le protégions du monde extérieur. Il était trop tôt pour mettre des mots sur le malaise que ça provoquait. Je refusai que mon fils soit spécial. C’était un terme qui pouvait cacher bien des choses. Des troubles psychologiques autant qu’une simple appréhension juvénile.
- J’ai testé une nouvelle recette de tarte au fromage, expliqua Mick en mettant son plat au four. Le plus difficile était d’empêcher Chad de manger la moitié de la préparation.
Lorsque Mafdet arriva, la meute, ce semblant de famille, fut au complet.
En cet instant, je songeai à combien la stabilité d’une personne dépendait de la confiance qu’elle accordait à ses proches.
Je n’étais pas aux aguets pour repérer les discrets signaux qu’ils s’échangèrent autour de moi durant le repas. Dans le cas contraire, peut-être aurais-je pu me préparer.
Mais comment l’être face à une révélation si bouleversante, injuste et cruelle.
Incompréhensible.
Impardonnable.
Les mots de Derek étaient parfaitement clairs. Ils me firent l’effet d’une main glaciale qui fouillait mes entrailles pour en faire ressortir les pires émotions.
Mon corps se crispa autant que le leur. Je les savais prêt à bondir face à un accès de folie. Qui ne vint pas. Je n’eus comme réponse qu’un regard noir emprunt de déception et de mépris.
L’omission était un mensonge terrible.
Avant de perdre pied dans ce linceul de trahison, je me levai et quittai le manoir sans un mot.
Ce fut le calme avant la tempête.
/ / /
La nuit était claire. Elle contrastait avec mon ressentiment. L’aura lupine du prédateur que je dégageait férocement fit fuir les habitants de la forêt.
Il n’y avait plus aucune autre présence que la mienne et un vieux compagnon de route.
Le silence.
Celui de mon père avare de bonté. Celui de la catalepsie après l’incendie du manoir.
Le silence.
Celui de Laura qui me hantera toujours. Celui de Lilia, arrachée à la vie.
Le silence.
Celui de Ruby, à jamais hors d’atteinte. Celui de Derek après qu’elle ait disparu.
Le silence n’a jamais été sans violence.
Et dans cette absence de bruit absolue, un murmure.
Sujet: Re: Highway to Hale Sam 23 Nov 2019 - 23:40
Highway to Hale
Mafdet ft. Meute
J’ai récupéré quelques fléchettes au cabinet vétérinaire et remplacé le produit pour animal normal par un pour animal pas normal. Derek m’a demandé de faire le dessert. J’ai donc délégué à Dick et me voilà avec du pudding chômeur en main. J’espère au moins que Peter ne se sera pas lourdé sur la cuisson de la viande. Je range le cadeau pour Ian dans l’une des sacoches de la Kawa. C’est une peluche en forme de policier. Je l’ai trouvée amusante. Elle fera l’affaire pour les crocs et les griffes de Ian.
J’arrive bonne dernière. Chad vante les qualités culinaires de Mick et Mick la gourmandise de son compagnon. Je regarde Derek : il est tendu et inquiet. Ian lâche son doudou pour se précipiter vers moi.
- Af’ ! - Salut le chiot !
Je marque un temps d’arrêt, attendant la sempiternelle remarque de Peter qui ne vient pas. Puis je pense que c’est la première fois que toute la meute se réunit depuis le départ de Ruby. Il flotte une bonne odeur dans le manoir, mais aussi une grande tristesse. Derek et Peter ont cuisiné ensemble, j’espère que cela les a un peu rapprochés. Je tends la peluche à Ian. Je ne me suis pas donné la peine de l’emballer.
- Tiens, un flic à mâchouiller. - Ic’ ? - C’est un monsieur avec une superbe voiture avec des gyrophares. Il attrape les méchants.
Ian ne semble pas avoir encore croisé de voiture de patrouille, mais accepte le jouet et colle mini-Dick sur son camion de pompier. Je passe dans le dos de Mick et lui glisse deux fléchettes dans la poche arrière de son jean. Chad en récupère une, en feignant tâter le postérieur de son amant. Derek n’a rien voulu prendre. Mick a la poudre de sorbier, mais c’est un peu à double tranchant, car cela nous piège tous. Et depuis que le druide d’à côté m’a enfermée quelques heures dans un tel cercle, je suis très méfiante.
*
Le repas se passe sans anicroche. Il manque un peu de poivre sur la viande, mais je garde mon commentaire pour moi. Autant ne pas agacer l’animal plus que de raison. Le dessert suit. J’affirme l’avoir fait moi-même. Seul Mick n’entend pas les ratées de mon rythme cardiaque. Je ne leur ai pas encore parlé de Dick. Je le ferai, mais là, ce n’est pas le moment. Je balance un coup de pied dans le tibia de Derek : il traîne à parler. Chad lui fait un sourire d’encouragement, Mick ferme les yeux doucement pour les rouvrir : ça va aller.
- Peter, je t’ai caché quelque chose depuis le départ de Ruby. Je n’avais pas le cœur de…
Il commence d’une voix hésitante, puis celle-ci se raffermit. À son débit, je devine qu’il a appris son texte par cœur. Il a dû choisir chaque mot, pesé chaque virgule. Au fur et à mesure des révélations, que Derek a récupéré le rang d’alpha dès la fermeture de la brèche, que nous tous – sauf Mick et Peter – avions senti le changement de chef de meute, que nous pensions tous que Peter finirait par s’en rendre compte… Mais il s’est forgé l’illusion d’une réminiscence de Ruby.
Nous attendons des cris, mais c’est le silence. Nous attendions de la violence, mais c’est la froideur. Sa seule réaction : un regard noir de mépris, comme son aura.
Cela fit pleurer Ian, mais Peter ne s’en rendit pas compte, en proie à une terrible déception et à une colère qu’il muselle. Il se lève et, sans une parole, sans claquer la porte, il quitte le manoir. Derek veut le suivre, je le retiens.
- Laisse-le exploser dehors, seul. Ça se passe mieux que prévu.
Les loulous sont inquiets. Mick câline Ian et tente de le calmer. Pour une fois, j’aide à débarrasser la table. Derek s’est laissé tomber sur un fauteuil. Sa relation avec Peter a toujours été tumultueuse et compliquée. Ils avaient trouvé l’apaisement avec Ruby. Puis il y avait eu ce drame, Lilia, Luka… C’était Miyavi ensuite qui s’était éloigné, puis Matrim. Le départ de Ruby nous prenait notre alpha. C’est ainsi que Peter voyait les choses. La nouvelle sur la réalité de cette aura puissante qu’il sentait depuis ces tristes adieux l’avait blessé.
- À votre avis, c’est le fait qu’il se soit berné tout seul qui le vexe le plus, ou qu’on ne lui a rien dit ? Ou encore de ne pas être le dépositaire de cet héritage ?
Tout le monde soupire. Le seul qui a la réponse est Peter. Derek propose du café et du thé pour attendre le retour de Peter. Car personne n’imagine partir. Déjà, pour ne pas laisser Derek seul, et puis parce que nous sommes une meute. Le crépuscule arrive, toujours pas de Peter. Je vais avec Mick coucher Ian. L’enfant est nerveux. Je fais brûler des herbes dans sa chambre pour l’apaiser. Mick lui chante une comptine. Dans d’autres circonstances, je me serais moquée. Avant de sortir de la chambre de Ian, je récupère son lapin, ou ce qu’il en reste. Le loupiot s’acharne à le mordiller. Le jouet est saturé de son odeur.
*
Dans le salon, c’est la guerre des sourcils froncés. Derek se lève disant qu’il va chercher son oncle. Chad le retient disant que c’est mieux si c’est un des bêtas qui y va donc lui. Mick ne veut pas laisser son loulou y aller seul. Ça s’affole, ça discutaille et s’énerve. Derek se dit responsable, Mick contre en affirmant qu’on est tous responsables.
- Vos gueules ! J’y vais. Dis-je d’un ton qui ne souffre d’aucune contestation.
Je montre la peluche que j’ai subtilisée à Ian.
- Je suis l’unique élément féminin de cette meute. Je pense que j’ai plus de chance qu’il m’écoute.
*
J’ai mis tout le monde d’accord en disant qu’il fallait surveiller Ian. Dehors la nuit me semble lugubre. Je mords dans le jouet et bondis pour atterrir sous ma forme primaire qu’est la panthère. Ainsi mon odorat est meilleur, comme le reste de mes sens. Je m’élance dans les fourrés et m’enfonce dans la nuit dont je mime la couleur.
La trace de Peter n’est pas difficile à suivre tant il dégage de la colère. Il s’est enfoncé dans une partie dense de la forêt. Ma position quadrupède m’aide à me déplacer rapidement et sans un bruit.
*
La nuit en forêt n’est jamais tout à fait silencieuse. Et pourtant, depuis quelques instants, j’aborde une zone où les animaux se taisent. Ils se terrent, se planquent du prédateur présent. L’odeur de Peter est plus forte, plus prenante. Je m’avance, prudente. Puis je l’aperçois, je reste cachée sous un buisson, ombre parmi les ombres. Il souffre.
*
- Peter ?
J’ai murmuré son nom pour ne pas le faire sursauter. Il se retourne, j’avance une patte, puis l’autre. Nous nous observons un long moment. Quand je suis certaine qu’il ne va pas m’attaquer, je lâche le jouet de Ian à ses pieds, le pousse de ma gueule vers lui avant de m’éloigner et reprendre forme humaine.
Il me regarde le visage fermé. Scrute la forêt dans mon dos, sens les odeurs que lui apporte le vent.
- Je suis seule, j’ai laissé la bande d’idiots stressés surveiller Ian.
Peter concède à ramasser le lapin de son fils. Odeur familière, aimante.
- Tu peux en vouloir à Derek. Mais il n’y avait de bonne méthode. Cela a été évident pour Chad et moi dès que la brèche s’est refermée. Tu…
As nié les faits.
- Derek voulait attendre que ton chagrin soit moins vif. Bonne chose, mauvaise chose. On ne peut pas changer le passé.
Je désigne le jouet.
- Tu peux nous bouder, mais le chiot a besoin de son père et… - Ce n’est pas un chiot, mais un loup. - … et du reste de la meute. Puis de toute façon, le rouge ne va pas avec ton teint.
Peter ouvre la bouche, la referme. Il a des milliers de reproches à dire, les retient ne sachant peut-être pas où commencer.
- Elle nous manque à tous. C’est un coup bas ce que je vais te dire, mais Ruby voudrait qu’on reste unis. Derek n’est pas pire en alpha, surtout que cette fois-ci il n’a pas cherché à le devenir. Je crois que c’est un signe, un symbole. Pas comme Scott, mais un peu dans ce sens.
Je désigne une direction, là où pulse le Nemeton.
- Si tu veux râler sur quelqu’un, va crier sur le Nemeton. C’est lui qui est à l’origine de ce qu’il se passe. L’équilibre Peter. Derek n’est qu’un pion dans les projets de la source de toute vie. En tant qu’ancienne sentinelle, je suis bien placée pour deviner le schéma. Pas le comprendre. Lui plutôt que toi ou Chad, car après tout Wilder conviendrait aussi.
Nous sommes tous les deux tendus. Mick occupe ses mains avec une nouvelle recette qu’il tente, avec des ingrédients qui pourraient plaire à Peter. Quant à moi, je peaufine un nouveau projet de construction. Le chantier de notre maison avance bien. Le remboursement d’Alessandro avec une surprime pour calmer les esprits a ramené la sérénité sur le chantier. Les empreintes de Therence ont mystérieusement disparu du dossier. Je n’en suis pas fâché. Maintenant que je connais mieux l’adolescent, je conçois que de temps à autre il fasse des idioties qui dépassent les nuisances qu’il imagine produire. J’envoie la nouvelle proposition à mes clients dans un mail détaillé puis éteins l’ordinateur pour aller aider Mick. Mon aide consiste surtout à plonger le doigt un peu partout et de goûter. Au-delà du plaisir gustatif, j’ai celui d’embêter celui que j’aime et de recevoir quelles gentilles tapes qui se terminent souvent par un câlin appuyé. Cette fois je grade Mick entre mes bras. Si Peter réagit mal, je devrais utiliser la force, aidé de Mafdet. On a convenu que Derek ne devait pas avoir de gestes agressifs, ni même défensifs vis-à-vis de son oncle. Dans le pire des cas, Peter devait comprendre que la meute se rangeait derrière son nouvel alpha.
*
Nous sommes les premiers à arriver au manoir. Ian nous accueille à peine nous passons la porte. Mick est complètement gaga avec son filleul. Il me tend donc sa précieuse tarte qui devait rester hors de ma portée pour prendre l’enfant dans ses bras.
- J’ai testé une nouvelle recette de tarte au fromage, expliqua Mick en mettant son plat au four. Le plus difficile était d’empêcher Chad de manger la moitié de la préparation. - Pff ! Mais c’est qu’elles sont bonnes tes tartes, Loulou.
Mafdet arrive à ce moment-là. Comme à son habitude, elle repousse Ian avec la porte.
- Af’ ! - Salut le chiot !
Je peux mentalement citer les mots que va prononcer Peter. Mots qui ne viennent pas. Nous échangeons un regard inquiet. La druide offre une peluche à Ian puis passe dans le dos de Mick pour lui caresser les fesses. Elle m’agace quand elle colle mon mec d’un peu trop prêt. Je vais pour coller ma main sur ce qui m’appartient pour découvrir les seringues d’aconit. J’en prends une que je glisse discrètement dans la poche arrière de mon jean. Peter est occupé à dresser la table et ne semble se rendre compte de rien.
*
Peter est parti sans un mot. Son aura était si sombre que cela a fait pleurer Ian. Mick peine à consoler l’enfant. Je me transforme à moitié et communique avec lui juste par les sens et le toucher. Ian tend les bras et m’entoure le cou. Mick le lâche doucement tout en continuant de lui parler. Je suis inquiet sur ce que Peter peut faire.
- À votre avis, c’est le fait qu’il se soit berné tout seul qui le vexe le plus, ou qu’on ne lui a rien dit ? Ou encore de ne pas être le dépositaire de cet héritage ?
Difficile de répondre à Mafdet. C’est un peu tout à la fois, je suppose. Il se sent trahi. J’accepte le café proposé par Derek et redonne Ian qui commence à somnoler à Mick. Le temps s’égrène sans nouvelles. J’ai peur que notre unité ne soit brisée. Nous avons tous à y perdre, Peter le premier. Derek se maudit de ne pas avoir fait comprendre tout de suite à Peter qu’il se trompait sur la provenance de l’aura qu’il percevait. Mais je comprends que c’était difficile de lui dire que la brèche s’était totalement refermée.
*
La nuit tombe, Mick va coucher Ian avec Mafdet. Je reste seul avec Derek.
- Quand Peter revient, il faut que tu lui dises que tu ne souhaitais pas le blesser, juste le ménager dans son deuil.
Derek soupire. Il y a quelques années, il rêvait d’être un alpha, maintenant il ne voit ça que comme un fardeau.
- « Ensemble nous sommes plus forts. » C’est notre devise avec Mick, mais c’est valable pour la meute.
Mick et Mafdet sont de retour. Derek parle d’aller retrouver son oncle.
- Je viens avec toi, ce n’est pas prudent que t’y ailles seul, m’insurgé-je.
Mick veut venir aussi. Suit une discussion d’avis et contre avis que Mafdet coupe avec son tact habituel.
- Vos gueules ! J’y vais. Je suis l’unique élément féminin de cette meute. Je pense que j’ai plus de chance qu’il m’écoute.
Elle montre le doudou de Ian qu’elle a subtilisé et qui est saturé de l’odeur du fils de Peter. Puis il nous faut veiller sur le petit. Dépité, je la vois sortir à son tour du manoir sans se retourner. Une longue veillée commence.
*
Ian s’est réveillé et a pleuré. Je me suis installé dans le canapé avec le petit qui s’est rendormi sur mon torse. Mick l’a couvert d’une couverture, je crève de chaud. Derek tourne comme un lion en cage, tandis que Mick tente de se faire rationnel, arguant que la colère passée, Peter reviendra au manoir plus apaisé. Ian mordille mon polo dans son sommeil. Ce petit est l’avenir de la meute. J’ai fermé les yeux à mon tour et plonge dans une douce somnolence. Je sens Mick s’installer à côté de nous. Il pose sa joue contre mon épaule. Que fait Mafdet ?
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Sujet: Re: Highway to Hale Lun 27 Avr 2020 - 15:05
Highway to Hale
La nuit, ma terrible et délicieuse amie. Je m’enivrai des odeurs qui émanaient de la forêt pour faire taire la rage qui rugissait dans tout mon corps.
Je la sentis arriver, sous sa forme la plus puissante. Mise en garde à peine dissimulée.
- Peter ? Murmura Mafdet en approchant doucement.
Elle tenait quelque chose dans sa gueule. Peut-être était-ce une proie fraichement tuée, un gibier en guise de réconfort, une offrande pour calmer ma fureur.
Ouvrant sa gueule aux crocs acérés, elle déposa l’objet à mes pieds, le retourna pour que je le reconnaisse et recula progressivement.
La peluche de Ian, l’odeur de mon fils était prenante.
Je scrutai l’intruse redevenue humaine, cherchant les effluves des autres membres de la meute qui l’auraient suivi. Le vent balayait ses cheveux longs mais n’apportait pas d’autres odeurs que celles de la faune et de la flore.
- Je suis seule, j’ai laissé la bande d’idiots stressés surveiller Ian, précisa la druide.
Je saisis le lapin mordillé de mon fils et le serra dans ma main, tremblante de colère encore trop présente.
- Tu peux en vouloir à Derek, continua-t-elle. Mais il n’y avait de bonne méthode. Cela a été évident pour Chad et moi dès que la brèche s’est refermée. Tu…
Je laissai échapper un faible grognement pour l’enjoindre à ne pas finir sa phrase.
- Derek voulait attendre que ton chagrin soit moins vif, justifia l’émissaire. Bonne chose, mauvaise chose. On ne peut pas changer le passé.
Qu’il était aisé, une fois le mal fait, de statuer qu’il n’était plus possible de revenir en arrière. Le neveu n’était pas le seul à qui j’en voulais férocement mais il m’était impossible de le formuler. Et la meute entière s’était jouée de moi.
- Tu peux nous bouder, mais le chiot a besoin de son père et…
- Ce n’est pas un chiot, mais un loup, répliquai-je avec hargne.
Comment pouvait-elle comprendre ce que je ressentais, pire, qualifier ça d’une bouderie, comme un enfant qui aurait été privé de son jouet. C’était bien plus cruel à mes yeux. Ce fut un droit qui m’avait été arraché. Une nouvelle fois.
- … et du reste de la meute, acheva-t-elle. Puis de toute façon, le rouge ne va pas avec ton teint.
Je cherchai une réplique mais cette pointe d’humour vouée à l’échec ne méritait que mon amertume.
- Elle nous manque à tous, se confia Mafdet. C’est un coup bas ce que je vais te dire, mais Ruby voudrait qu’on reste unis. Derek n’est pas pire en alpha, surtout que cette fois-ci il n’a pas cherché à le devenir. Je crois que c’est un signe, un symbole. Pas comme Scott, mais un peu dans ce sens.
Quel prétexte ridicule !
Elle désigna la direction du Nemeton, au cœur de la forêt.
- Si tu veux râler sur quelqu’un, va crier sur le Nemeton, proposa l’ancienne Sentinelle. C’est lui qui est à l’origine de ce qu’il se passe. L’équilibre Peter. Derek n’est qu’un pion dans les projets de la source de toute vie. En tant qu’ancienne sentinelle, je suis bien placée pour deviner le schéma. Pas le comprendre. Lui plutôt que toi ou Chad, car après tout Wilder conviendrait aussi.
Invoquer une puissance invisible comme justification ne fit qu’empirer mon état. Je m’étais tu en quittant le manoir, incapable d’adresser les reproches à quiconque. A présent, Mafdet cherchait à me montrer qu'il n’y avait personne contre qui extérioriser toutes les émotions qui menaçaient de me faire vriller.
Elle s’éloigna de quelques pas dans la direction d’où elle était venue.
- On rentre ? Proposa-t-elle.
- Non, lâchait-je froidement.
Son visage fermé marqua qu’elle avait saisi ma réponse. Elle s’était déplacée en vain. Je n’arrivai pas à apprécier son geste amical.
- J’ai besoin de temps, ajoutai-je pour adoucir très légèrement mon refus.
Souple et silencieuse, elle disparut derrière un buisson.
/ / /
Mafdet était rentrée depuis de longues minutes. J’étais resté immobile, incapable de décider de la direction à prendre.
Alors, dans ces ténèbres, il m’apparut qu’un seul endroit aurait pu m’aider à me sentir mieux. Je me laissai guider par mon instinct et me rapprochai de ce phare dans la nuit.
Mais plus j'approchai du manoir, plus j'eus l'impression de suffoquer. L'air me manqua, un poids terrible posa sur ma poitrine tandis que sur mon visage je sentis une chaleur étouffante.
La nuit était pourtant fraîche et calme. Je restai à l’écart, suffisamment loin pour qu’ils ne puissant ni m’entendre ni me sentir.
Un craquement juste derrière moi m'alerta. Je fis volte-face pour ne découvrir que mon ombre projetée par la lune décroissante.
Puis les poils sur ma nuque se hérissèrent. La chaleur que j'avais ressentie survint à nouveau.
Je fermai les poings, si fort que mes griffes me transpercèrent les paumes.
J'étais face au manoir, léché par les flammes comme si l'enfer c'était ouvert sous notre foyer.
J'entendis des bruits de lutte, des cris.
- Ce n'est pas réel, grognai-je. Ce n'est pas réel !
Je fermai les yeux de désespoir, incapable de revivre ce drame.
Les images s'estompèrent quelques instants. Puis revinrent à nouveau aussi féroces que durant ce jour funeste. Mon cœur cognait dans ma poitrine, jouant le métronome sordide de ces souvenirs.
Devant moi, le manoir reconstruit. La seconde suivante, ça n'était qu'un tas de ruines encore fumantes.
Les images défilaient à toute vitesse, comme un stroboscope entre le passé et le présent qui me donna la nausée. Je tombai genoux à terre.
Dans les cendres de la demeure familiale, quelque chose remua. Je n’eus pas la force de lever la tête.
J'étais tétanisé, tout mon corps me brûlait, j'étais en train de mourir, emporté par le souvenir.
La masse sombre et difforme s'approcha jusqu'à ce que je sente son souffle rauque au-dessus de moi.
Alors elle me toucha.
- Non ! Hurlai-je.
/ / /
Je repris connaissance au cœur de la forêt sans savoir combien d'heures s'étaient écoulées.
Il faisait encore jour bien que le soleil déclinait, les arbres remuaient doucement au-dessus de ma tête. Je mis quelques instants à comprendre dans quel espace exigu j'étais. La terre était humide, son odeur me remplit les narines. Accompagnée d'une autre fragrance, cuivrée et si reconnaissable.
En me relevant pour sortir de ce trou sordide, ma main brisa une brindille. Je compris avec effroi qu'il s'agissait d'un os.
Trainant sur le sol couvert de mousse, je mis quelques secondes pour reprendre mes esprits.
Une pierre tombale m'indiqua sur quels ossements je m'étais trouvé.
- Laura... Dis-je avec horreur.
Puis je découvris les autres sépultures.
Talia. Lilia. Ruby.
Les femmes de notre famille modestement enterrées dans les bois. Hors du caveau familial.
Pourquoi ?
Ma respiration fut haletante. Appuyé contre un tronc, je réussis à me relever.
Les tombes avaient disparu.
Puis l’odeur du sang revint avec plus de force, je baissai les yeux pour en découvrir la provenance. Le fluide tachait mes mains tremblantes.
J'essayai de regrouper mes souvenirs, retrouver un semblant de raisonnement et d'intégrité.
Le diner. La meute. Derek.
Derek qui était devenu mon...
L’effroi faillit me faire vomir tellement mes tripes furent tiraillées. L’odeur du neveu m’empreignait à présent. Je la portais sur moi, comme celle de la colère et de la peur.
Mes vêtements étaient déchirés, la douleur de mes muscles témoignait d’une pénible lutte.
Qu’était-il arrivé ?
Je me précipitai à travers les bois, rejoignant le manoir à la hâte. Jamais le trajet ne me parut si long. Désorienté, je ne reconnaissais plus le territoire des Hale.
Comment la nuit pouvait-elle être si noire à présent ? Pourquoi le temps semblait s’être étiré de la sorte ?
Puis le manoir apparut au bout du sentier, me redonnant l’énergie d’accélérer ma course.
Qu’avais-je fait ?
J’entrai en furie dans le manoir.
A pleine vitesse, avec autant de force que la peur et la colère pouvaient générer, je percutai un mur invisible qui me séparait des membres de la meute.
Assommé par le choc, j’eus tout juste le temps d’apercevoir Mick debout derrière la protection de sorbier.
Il avait encore de la poudre dans le creux de la main. Je compris qu’il avait créé cette ligne infranchissable d’un geste vif, témoignant de ses réflexes aguerris, au moment où j’étais entré.
Je sombrai une nouvelle fois dans l’inconscience.
/ / /
Les jours suivants, je n’évoquai pas mes crises de folie qui avait suivi la révélation de la meute.
Le sujet ne fut plus abordé. Je n'adressai plus la parole à Derek. Ni à quiconque. Seule Mafdet parvenait à m'arracher quelques remarques acerbes alors que nous nous croisions tous les jours au lycée.
Un matin, en faisant ma toilette face au miroir de la salle de bain, je crus voir une image trouble. Je clignai des yeux quelques secondes pour que ma vue s’adapte et le phénomène disparut. Si j’expliquai ça à quelqu’un, j’écoperai d’une remarque désagréable sur mon âge. Pourtant, nous, les loups-garou, n’étions pas sujets aux défaillances du corps.
Par chance, j’arrivai dans une salle des professeurs vides. Sans doute parce que je n’avais pas cours sur les premières heures de la journée et que mes collègues étaient par conséquent tous occupés.
J’inspectai mon casier que je trouvais particulièrement remplis alors que je ne m’étais absenté que trois jours. Ce fut un court répit nécessaire pour nous assurer que je n’égorgerais pas le premier élève qui me taperait sur les nerfs.
Quelque chose dans la case d’à côté capta mon attention. C’était celui de Mafdet donc je n’aurais pas été véritablement étonné d’y trouver une fiole remplie de produit abrasif qui dissuaderait d’y mettre la main.
Mais c’était un objet plus facétieux et symbolique pour le chat qu’elle était.
Je subtilisai le piège pour le mettre dans mon propre casier, agaçant à la fois Mafdet et l’idiot qui voudrait me déposer quelque chose qui de toute façon ne m’intéresserait pas.
Parfois, je me demandais comment les gens faisaient pour ne pas comprendre qu’elle était plus féline que femme. Elle cracherait une boulette de poils sur la table de la salle des professeurs qu’ils ne verraient rien. Les humains et leur pathétique intelligence.
Entendant du bruit dans le couloir qui menait au repère du corps enseignant, je pris mes affaires et sortis avant d’être envahis.
Je préférai attendre dans ma salle que mon cours commence.
J’eus la surprise de découvrir une nouvelle élève arrivée très récemment à Beacon Hills. Je la jaugeai du regard en lui indiquant l’une des places libres au premier rang.
- Reprenons l’œuvre de Faulkner, Le Bruit et la Fureur, dis-je à la classe.
Nous avions déjà commencé à l’étudier et, pour dissiper le brouhaha ambiant, je rappelai que ces cours comptaient pour les examens de fin d’année.
- Dois-je préciser qu’il est préférable pour vous que j’entende le bruit des stylos sur les blocs notes que vos bavardages incessants ? Dis-je avec fermeté.
Au tableau, j’inscrivais les mots clés nécessaires à la compréhension de toute la dimension dramatique du roman. Chaque partie mettant en lumière le point de vue d’un personnage différent, ce style venant sublimer le talent de l’auteur à nous emporter dans l’histoire. Quoi que ces indisciplinés puissent en penser.
Tu es bien trop laxiste...
- Qui a dit ça ? M'insurgeai-je en me retournant face à la classe.
Tous les élèves étaient assis à leur place. Mon ouïe lupine me faisait défaut. Cette voix était si proche que je pensais qu'un élève se baladait dans la pièce.
Aucun n'avait jamais osé venir faire le pitre à mon bureau.