Brumes du Passé : Humain Meute & Clan : Rapier's Familly Âge du personnage : 45 ans
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Sujet: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Mar 31 Mar 2020 - 14:35
Tobias Rapier & Mafdet Mahes
Infernal partenariat
Regard morne rivé sur le tas de copies qui lui fait face, Tobias joue avec son crayon rouge, incapable de trouver la concentration nécessaire pour se mettre à l'oeuvre. La porte de la salle des professeurs s'ouvre, laisse entrer celui qui enseigne le lacrosse et parfois l'économie quand il lui reste un peu temps. Lorsque l'étrange personnage vient s’installer trop près de lui, le chasseur se tasse un peu plus, attire sa tasse de café à lui avant de bailler comme un bienheureux. Alice trouve ces derniers temps que l'idée de réveiller ses papas à plusieurs reprises durant la nuit est une excellente chose. Si Wes vit bien ce genre de traitement ce n'est pas le cas du britannique qui avait depuis belle lurette perdu cette habitude, celle de vivre avec un petit enfant qui aime à faire passer ses désirs avant ceux des personnes qui l'entourent. Tobias doit encore apprendre à céder son rôle d'enfant capricieux à sa fille.
-Mal dormi Tobias ?
L'anglais lève un regard aussi sombre que fatigué sur son collègue. Presque tenté de lui répondre de façon aimable pendant quelques secondes, il finit heureusement par se reprendre et se contente de grogner. Avant de siffler une longue gorgée du contenu de sa tasse. Le goût de l'alcool qu'il y a ajouté lui tirerait bien un sourire s'il osait se permettre de faire ainsi exploser sa joie dans un lieu public. Il fait claquer sa langue, puis finalement ouvre la première copie. De la pointe de son stylo rouge il suit ces quelques lignes dont lui a fait don cet élève. Pas assez au vu du travail demandé, mais pourtant quelques idées intéressantes y sont présentes. Le développement y demeure toutefois trop maigre pour que cette lecture puisse faire vibrer la corde du plaisir chez le littéraire.
"11/20 Apprenez à creuser vos idées pour ne pas finir fossoyeur."
Il termine de transcrire cette annotation emplie d'un humour qui pourrait être qualifié de douteux quand une voix l'interpelle. Celle de son collègue, encore et toujours.
-Tu bossais bien en fac avant ? -Oui à Birkbeck. -Je suis jamais allé en Angleterre. Ça doit être drôlement chouette quand même.
Tobias se dresse sur sa chaise, domine son collègue de sa haute taille. Quand ce dernier semble approcher du point de non-retour, celui où il va lui demander s'il a déjà vu la reine, le britannique pose son crayon, abandonne toute idée de travailler. Avec un tel énergumène près de soi c'est clairement impossible de toute façon.
-Robert je te prie de bien vouloir en venir au fait. -Ils vont t'envoyer à la fac de la ville ! Comme au bon vieux temps.
Tobias esquive cette main qui se lève, menace d'une accolade amicale dont il ne veut pas être la cible. Il ne comprend pas comment il est possible que son agaçant collègue puisse être au courant de ce qui va lui arriver alors que lui même n'a eu aucun écho de cette décision. Celui qui enseigne l'économie presque aussi bien qu'il colporte les ragots continue sur sa lancée, imperturbable. Parle de modules et de duo de membres du corps professoral du lycée envoyés au front pour nourrir un peu plus le contenu des cours offert par l'université de la ville. Tobias range ses copies, frémit un peu malgré lui quand l'autre prononce le nom de la personne dont il va devoir endurer la présence pendant ces moments. Il faut dire que la féline semble devenir experte quand le moment d'impressionner son entourage se fait sentir.
D'une voix plate réchauffée par un peu d'espérance, Tobias questionne.
-Ils auraient pas pu envoyer le professeur Hale avec elle ? Après tout ils semblent se connaître. -Paraît que c'est justement pour ça que Hale a dit non.
[...]
Il ronchonne. Et ce depuis l'instant où il est parti de chez lui, en retard. Bien sur il a conservé ce décalage sur son horaire en arrivant chez la nourrice pour déposer Alice, et devoir aller déposer ses vêtements chez le teinturier ne l'a pas aidé à gagner cette course folle qu'il mène avec le temps depuis le début de la journée. Tout ça à cause d'un mauvais choix de chaussettes. Il est parvenu à enfiler la seule paire qui ne soit pas d'une couleur acceptable tellement il était peu réveillé. Entre l'élégance et la ponctualité il a du faire un choix.
Garée près de sa berline sombre, la moto tape-à-l’œil de sa collègue lui fait la nique. Cette image l'encourage à faire preuve d'empressement. Il sort de l'habitacle de sa voiture, écrase sa cigarette au sol après avoir tiré une dernière bouffée de poison dessus. Puis se dirige sur la voie désignée par les panneaux indicateurs. L’accueil lui a t-on dit. Avec un verre de l'amitié promis dans la foulée. Si le professeur était crédule, il oserait espérer y trouver quelque chose de réconfortant. Mais tout cela sent à plein nez l'arnaque parfum caféine.
[...]
Il a du faire demi-tour. Deux fois. Son empressement lui a joué des tours et après sa sacoche, c'est son cellulaire qu'il est parvenu à oublier. Il entre sans même chercher à s'essayer à l'art de la discrétion. Sa collègue le salue, surnom idiot et gênant à l'appui. Et surtout elle n'oublie pas de lui faire remarquer son retard.
-Bonjour Mafdet.
Il ne cherche pas à excuser son retard. Les justifications n'ont de valeurs que lorsqu'elles sont prononcées avec sincérité et ce ne serait pas son cas. Sacoche de cuir élimée serrée contre lui, il lève la tête quand un nouveau venu fait son apparition et décide à son tour de lui faire remarquer son manque de ponctualité. Tobias serre les dents pour ne pas devenir inconvenant, évite une main tendue pour ne pas avoir à s'infliger un supplice de plus durant cette matinée où déjà, rien ne fonctionne comme il le désire. L'homme le fixe étrangement, fait un pas de plus vers lui et le britannique manque de marcher sur les pieds de sa collègue quand dans un brusque mouvement de recul il fait tout pour éviter une confrontation.
-Un simple bonjour suffira. Les échanges de miasmes je préférerais que vous les réserviez à la professeure Mahes.
[...]
Petits biscuits goût moisi et jus d'orange aussi fade qu'une discussion avec la documentaliste du lycée. C'était évidemment sans alcool. Tobias reste figé dans sa neutralité chérie pour ne pas montrer son agacement, suit sa collègue et leur guide à travers les couloirs de l'université. Ces élèves ne lui ont jamais tant manqué qu'en cet instant.
️️clever love.
Mafdet Mahes
Meute & Clan : Hale's pack Âge du personnage : 50 siècles / 34 ans
Brumes du futur : Druide methamophe Meute & Clan : Turner's familly Âge du personnage : 50 siècles / 43 ans
Jour J-15. Je soupire devant les cases à courriers. Qui a imaginé pouvoir déposer quelque chose dans celle qui porte mon nom ? Et où est passé le piège à rats que j’y avais glissé ? Voilà MON espace envahi de tracts syndicaux qui protestent sur le nombre d’heures que l’on veut ajouter aux professeurs et une enveloppe à l’en-tête de l’université. Encore une erreur ! Je colle le tout dans la poubelle, évitant soigneusement la bannette destinée aux papiers à recycler. Je fouille les autres casiers à la recherche de mon piège à rats pour le retrouver presque sans surprise dans celui de Peter. Mais qu’il aille donc acheter son propre matériel s’il veut faire fuir les pénibles ! Je récupère mon bien et réinstalle la tapette prête à claquer la main du prochain imprudent qui osera approcher ne serait-ce qu’un doigt de ma case à courriers.
Jour J-8. Après-midi coquin avec Dick. Il n’est pas de service et ma classe de travaux pratiques a malencontreusement été polluée par une association inespérée de produits qui ont rendu l’air toxique. Shepherd dont la classe a été touchée également a préféré faire son cours en plein air dans la cour, ce qui est bien entendu impossible pour l’enseignement de la chimie…
Jour J-5. Mail désobligeant de l’université qui attendait une réponse de ma part pour aménager mes heures de cours sur le campus. Quel est le crétin qui a vidé la poubelle avec les tracts syndicaux traitants de ce souci !
Jour J-3. Pas moyen de refourguer la corvée à quelqu’un d’autre ! J’avais pourtant dénoncé Jouve et Shepherd au principal, arguant que s’ils avaient le temps de faire sauter les armoires électriques du lycée… J’ai installé ma tapette à rat dans le casier de Jouve. Elle m’agace d’être la chouchoute des élèves et des autres professeurs !
Jour J-1. Nouveau courrier de l’université dans ma case, j’ai la liste des pénitents. Avec un sourire satisfait, je vole l’enveloppe similaire qui trône dans la case sous le nom de Rapier, vire l'enveloppe nominative et range la feuille dans la case de Finstock. À quelque chose malheur est bon. Je viens de trouver une distraction.
Jour J.
Je fais rugir ma Kawa une dernière fois avant de la poser sur sa béquille. Consciente d’avoir attiré l’attention des étudiants, je soigne le retrait de mon casque et la remise en place de ma chevelure. Je ne vois pas le paquebot allemand de Rapier, être la première me sied, je pourrais à loisir admirer son expression quand il verra qui l’accompagne dans ses cours atypiques qui consistent à mélanger les matières.
*
Le pot d’accueil est au niveau des finances du campus : miteux. Et Rapier n’est pas là, lui d’ordinaire pointilleux sur l’horaire. Aurait-il trouvé un moyen de se défiler ? Je commence à fulminer quand le voilà enfin.
- Pas trop tôt ! - Bonjour, Mafdet.
Même pas étonné de me voir ! Crotte ! Il savait. Ce n’est pas amusant du tout ! Je grimace à une greluche qui pense être ma copine parce que nous enseignons la même matière. Je feule quand elle souligne que j’enseigne à des lycéens et elle à des étudiants. Je crains qu’ils aient commis une belle erreur sur le duo à coller à ce programme insensé. Rapier manque de m’écraser les pieds pour éviter une accolade ou je ne sais quoi.
- Regardez où vous posez les pieds Bozzo le clown ou je me verrais dans l’obligation de vous retirer une vingtaine de centimètres histoire que vous soyez à la même hauteur que tout le monde et non perché avec les araignées du plafond !
C'est chiant de devoir lever le nez pour le regarder dans les yeux ! Annette la documentaliste fait un speech que je n’écoute pas un verre de jus d’orage à la main que je sirote à petites gorgées. J’ai laissé tomber les biscuits pour chien. Rapier se tient raide comme s’il était cerné par un virus mortel ou très contagieux. Cela se poursuit par une visite des couloirs, j’ondule des hanches pour animer le lieu. Les sifflets ne se font pas attendre sous les « chut » de Pierrette qui ne peut qu’être vieille fille. Au couloir suit un amphi avec des élèves qui commencent à s’installer. Le comité sera restreint d’après Josette. Peu importe. Georgette nous laisse deux feuilles avec les thèmes à aborder. Ginette se trompe en me refilant le papier sur la littérature. J’arrache le papier des mains de Tobias avant qu’il ne me demande ce qu’est une liaison covalente. Poupette termine son introduction auprès des étudiants, précisant que l’échange doit rester informel. Je scrute Rapier et son costume à deux mille dollars qui tranche avec mon pantalon de cuir moulant d’un simple t-shirt blanc.
Pendant que Tobias fait le tour du bureau pour, de toute évidence, occuper la seule chaise disponible, je me hisse sur le bureau, les fesses sur le sous-main, obligeant le professeur à se décaler s’il ne veut pas avoir vue sur mon dos. Je regarde ma feuille et le premier thème : "A l'échelle cosmique, l'eau liquide est plus rare que l'or". Je me demande bien quelle transposition a été faite sur la feuille de Tobias de ce vieux débat sur la préciosité de la matière. Je lance le débat qui est censé confondre science et littérature.
- À votre avis, qu’est-ce qui est le plus rare : l’eau ou l’or ?
Quelques mains se lèvent.
- Bon, on est plus en primaire ! Exprimez-vous.
J’ai omis le référentiel dans ma question et les étudiants tombent tous dans le panneau. Je leur offre mon sourire « Chat qui s’apprête à attraper une souris ».
- Faux !
Je me penche en arrière pour lire sur la feuille de Tobias posée sur le bureau.
Cette atroce traversée des couloirs sous les sifflements que fait naître sa collègue sur leur passage s'achève grâce à l'apparition salvatrice de la porte de l’amphithéâtre. Leur accompagnatrice qui par sa seule existence donne tout son sens au mot ennui les présente, distribue feuilles et consignes dans la foulée. Le regard noir de Tobias glisse sur le polycopié qu'il vient d’acquérir. Histoire de savoir dans quoi il vient de mettre les pieds. Hier encore il ignorait qu'il devrait faire acte de présence à l'université, et en plus tout cela implique de faire sympathiser chimie et littérature. Une idée si folle que même Charlemagne ne l'aurait pas eu lui même le jour où paraît-il, il a inventé l'école.
Folie c'est ce que Tobias lit sur sa feuille quand à la place de repères connus évoluent sous ses yeux d'étranges symboles, des expressions qui ne doivent avoir de sens que pour les rats de laboratoire, des citations d'auteurs dont il ne se souvient pas avoir lu les chefs-d'oeuvre. L'anglais ouvre la bouche pour crier à l'aide quand une main dont la manucure lui rappelle les serres d'un rapace s’empare de son papier, lui en donne un autre en guise de remplacement. Ah. Une erreur de distribution, ce n'était donc rien de plus inquiétant que cela. Il n'est donc pas en train de perdre la boule. Il tourne le papier, le met dans le bon sens, parcourt rapidement ce qui y est inscrit tout en allant rejoindre le seul et unique siège posté derrière le bureau. Visiblement on a oublié que la professeure de chimie devait lui servir d'assistante aujourd'hui.
Il se racle la gorge quand une paire de fesses s’installe sur le bureau, juste sous ses yeux. Éphémère rougeur aux joues, Tobias se décale légèrement sur le côté pour éviter de chercher à reconnaître le modèle de sous-vêtement que porte sa collègue. Avec une tenue d'une pareille indécence cela ne pourrait être de sa faute s'il devait parvenir à un tel exploit. Regard rivé sur sa feuille, il ne porte plus attention à ce qui se passe dans le reste de l’amphithéâtre.
Miss ennui quitte les lieux. Mafdet prend le relais immédiatement. Elle interroge, pose une question dont la réponse semble si évidente qu'elle ne peut que dissimuler un piège. Ronchonne sur les étudiants quand ils se montrent disciplinés, donne furieusement envie d'un verre à Tobias par la même occasion. Sa flasque si proche, rangée dans une des poches intérieures de sa veste ne lui a jamais semblé si lointaine qu'en cet instant. Le verdict tombe, les jeunes sont tombés dans le panneau, trop rapides dans leur réflexion pour prendre le temps de flairer le traquenard. Des proies ennuyantes car trop prévisibles pour devenir amusantes.
L'anglais soupire. Puis réagit au plus vite quand sa collègue se cambre. Le chasseur attire sa feuille à lui, persifle entre ses dents serrées.
-On copie pas !
Sa collègue sourit, moqueuse. Le brun lève les yeux au ciel. Tout dans l’attitude de cette femme démontre un manque criant de maturité.
L'agacement laisse rapidement place à la neutralité sur le visage du tueur. Feuille à nouveau dans son champ de vision mais tenue de façon à la protéger de la curieuse qui lui sert d'assistante pour la journée, Tobias rumine. Ce qu'on lui demande de faire ne le passionne pas et ces conditions de travail il les sait exécrables avant même d'avoir eu l'occasion de les pratiquer. Cherchant par où il serait de bon de goût de débuter sa prise de parole, Tobias ouvre la bouche, machinalement réfléchit à voix haute. Des dires lénifiants qui n'aident pas à faire monter le niveau de cette petite assemblée.
-L'eau plus rare que l'or. Qui l'eut cru...
Quand il redresse la tête, il se rend compte que tout les regards sont tournés vers lui. Le britannique se lève, glisse sa sacoche sur son siège pour éviter qu'on ne lui dérobe ce dernier. Et fatalement jette sa feuille à la corbeille non sans avoir prit le temps de la déchirer auparavant. Des gloussements tombent vite en réponse à ce qui ressemble à un geste de pure rébellion. Tobias soupire, las lorsque enfin il prend la peine de s'exprimer à voix haute et claire.
-C'est une bonne chose que certains de nos auteurs les plus lus et reconnus n'aient jamais su que l'or était en fait plus courant que l'eau. Nous aurions eu beaucoup à perdre. Car souvent la recherche de la richesse et du bien le plus rare en tout cas dans l'esprit humain a pu donner la naissance à des intrigues trépidantes.
Tobias prend une pause. Légère puis enfin prépare son approche. Main dressée, index non loin de sa bouche pour lier le geste à la parole comme s'il s'adressait à sa fille, il invite l'auditoire à donner son avis.
-J'ai besoin de titres. De noms d'auteurs qui selon vous ont réussi à jouer avec la cupidité de l'humain le plus commun pour nous tenir en haleine durant leurs œuvres. Je vous prierais juste de lever la main avant de vous exprimer. Nous ne sommes pas au zoo.
Mais plutôt dans un poulailler au vu de gloussements qui retentissent à nouveau dans l'assistance... Tobias reste patient, attend posément que les esprits cessent de s'échauffer dans l'inutile pour partir en quête de quelque chose de plus constructif. Par automatisme il appelle la première personne qui daigne lever la main à prendre la parole. La majorité des autres bras se baissent sur le champ quand ce qui semble être une idée commune est énoncée à voix haute par une timide étudiante. Coïncidence cocasse, l'auteur cité fait également parti de la liste qui était présente sur le papier du professeur de littérature.
L'anglais fait quelques pas, parvient à occulter entièrement la présence de sa collègue quand il se laisse aller dans une nouvelle diatribe.
-Stevenson est un bon exemple. Avec l'île au trésor on retrouve une variante commune à beaucoup d’œuvres. La trahison qui survient bien vite quand l'appât du gain fait son apparition. Il est aussi clair que la piraterie n'a jamais été vue comme quelque chose de très honnête dans le fonctionnement de ses mœurs dans l'imaginaire de la populace. Un peu comme la mafia en fait.
Tobias fait volte face quand derrière lui, sa collègue s'exprime. Il l'a laissé parler quand c'était à son tour de le faire. Pourquoi cette dernière ne peut-elle pas attendre comme tout le monde avant de faire entendre à tous le son de sa voix.
- Mademoiselle Mahes. J'aimerais que vous aussi preniez le temps de lever la main avant d'obtenir le droit de parole. Mais si c'est pour aller aux toilettes que vous vous dandinez de cette façon, je crois que vous pouvez y aller sans autorisation.
️️clever love.
Mafdet Mahes
Meute & Clan : Hale's pack Âge du personnage : 50 siècles / 34 ans
Brumes du futur : Druide methamophe Meute & Clan : Turner's familly Âge du personnage : 50 siècles / 43 ans
Je souris, les lèvres moqueuses. Tobias est si « Archaïque » et pourtant il n’a pas idée de combien il est jeune à mes yeux, même pas un embryon. Il se plaît à arborer cette mine sévère, la même que Peter, mais ce n’est qu’une armure, une protection pour ne pas montrer leurs failles, leurs faiblesses. Et s’il y a une chose que j’adore, c’est de titiller les gens sur leurs faux-semblants et leur incohérence.
- L'eau plus rare que l'or. Qui l'eut cru...
Lustucru ? Si je le pense très fort, je me retiens de répliquer à voix haute. Il est encore un peu tôt pour le faire sortir de ses gonds. Tobias a chopé l’attention des étudiants et la mienne. Je suis curieuse d’entendre ce qu’il a à dire, intéressée par son niveau également. Je lève les yeux au plafond quand il pose sa sacoche sur le siège qu’il vient de quitter pour me signifier que cette place est chasse gardée. Encore un enfant, c’est certain. Un môme bourré de manies de vieux. Et le voilà, tel le professeur Keating, à déchirer ostensiblement le papier qu’on lui a confié et qui s’apparaît avec le mien. J’ai envie de grimper sur le bureau et de déclamer le poème de Walt Whitman : « Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Notre effroyable voyage est terminé»… le papier est foutu… Je me mords la joue pour ne pas rire de mes pensées.
- C'est une bonne chose que certains de nos auteurs les plus lus et reconnus n'aient jamais su que l'or était en fait plus courant que l'eau. Nous aurions eu beaucoup à perdre. Car souvent la recherche de la richesse et du bien le plus rare en tout cas dans l'esprit humain a pu donner la naissance à des intrigues trépidantes.
Et en voici un autre qui est tombé dans le panneau. La richesse est une donnée variable astreinte à un référentiel. Les Mayas ont échangé de l’or contre du verre et les poètes des verres de vin contre des vers de rimes.
- J'ai besoin de titres. De noms d'auteurs qui selon vous ont réussi à jouer avec la cupidité de l'humain le plus commun pour nous tenir en haleine durant leurs œuvres. Je vous prierais juste de lever la main avant de vous exprimer. Nous ne sommes pas au zoo.
Rhoh ! Quel rabat-joie. Cela glousse dans les rangs, l’exercice est inhabituel, les étudiants se lâchent.
- Stevenson est un bon exemple. Avec l'île au trésor, on retrouve une variante commune à beaucoup d’œuvres. La trahison qui survient bien vite quand l'appât du gain fait son apparition. Il est aussi clair que la piraterie n'a jamais été vue comme quelque chose de très honnête dans le fonctionnement de ses mœurs dans l'imaginaire de la populace. Un peu comme la mafia en fait. - Pourtant cela fait des héros plutôt badasses : Dracula, Mr Hyde, Randall Flagg, Annie Wilkes, James Moriarty ou mon préféré : Hannibal Lecter le wendig… euh le fou à lier, mais d’une rare intelligence. - Mademoiselle Mahes. J'aimerais que vous aussi preniez le temps de lever la main avant d'obtenir le droit de parole. Mais si c'est pour aller aux toilettes que vous vous dandinez de cette façon, je crois que vous pouvez y aller sans autorisation.
Le salop !
- Merci, professeur, vous pensez survivre sans moi ?
Je prends appui sur mes mains et décolle mes fesses du bureau pour me diriger vers la sortie non sans un au revoir de la main, le sourire aux lèvres.
*
C’est devant le distributeur de café et de confiseries que je rumine ma riposte. Lorsque je retourne dans l’amphi, c’est en mode furtif à quatre pattes. Tobias est trop concentré à s’écouter parler pour me voir m’asseoir parmi les étudiants. Je distribue autour de moi sachets de chamallows et autres confiseries avec moult papiers qui font du bruit. J’ai pillé le distributeur. Quand enfin, le professeur se rend compte d’une anomalie parmi ses élèves : moi, il interrompt son flot péremptoire de savoir sans âme Autour de moi cela rumine et mâche en cadence.
- N’est pas professeur Keating qui veut et Robin William, paix à son âme, avait une classe que vous ne possédez pas mon cher. Pourquoi l’eau est-elle plus rare que l’or ? C’est une question de référentiel. À votre avis, en ce moment même, Tobias, qu’est-ce qui est le plus précieux aux yeux de ces élèves ? Votre savoir en or, ou les cochonneries bourrées de sucre et de conservateurs des friandises que j’ai rapportées ?
Je me lève, passe de rang en rang en glissant mes fesses sur les tables pour rejoindre l’estrade tout en bas. Je contourne mon collègue qui s’agite comme un presbytérien en fin de carême, pour repêcher les morceaux de son papier que je repose sur le bureau.
- Pour faire simple, j’en ai demandé une nouvelle, dis-je en sortant une feuille pliée en quatre de la poche arrière de mon pantalon. Ma question était : À votre avis, qu’est-ce qui est le plus rare : l’eau ou l’or ? Il n’y avait pas d’indication d’un référentiel et le simplisme de ladite question aurait dû vous faire réfléchir. Dans un énoncé de chimie ou de physique, en l’absence de repère, on se met dans un système absolu. Donc dans l’univers connu de l’homme qui comprend les étoiles que nous voyons, l’eau est effectivement moins présente que l’or, et de ce fait est rare.
Je chope un chamallow dans le paquet d’un élève puis retourne poser mes fesses sur le bureau.
- Donc avant que mon collègue ne dévie de l’activité pour tirer la couverture à lui, que cherchons-nous à mettre en exergue entre la donnée scientifique que je vous ai énoncée et son pendant littéraire ? Que l’île au trésor est un bon livre grâce à l’or convoité ? Ou part le référentiel différent des protagonistes de l’œuvre de Stevenson.
Je regarde Tobias qui semble bouillir de l’intérieur.
- Si vous voulez faire la révolution, faites-la bien, ou ne la faites pas !
Je pousse son papier à mon collègue et me scelle la bouche avec un caramel. Qui est l'indicipliné ici ? Celui qui déchire le cours ou celle qui mange des bonbons ?
Sa collègue n'a pas perdu de temps à prendre la poudre d'escampette après ce que les étudiants semblent avoir prit, à tord, pour un trait d'humour. La réflexion du britannique était aussi déplaisante que possible, loin de toute notion de plaisanterie. Ces quelques mots crachés avec une élégance voulue certaine n'étaient que lassitude et agacement. Depuis le calme est revenu et les gloussements dans son auditoires se sont taris. Il s'est empressé d'étouffer dans l’œuf toutes possibles idées de rébellion qui auraient pu naître dans les rangs. Puis a recommencé à discourir, à son rythme. Sûr et rassurant. Finalement ici se joue une scène bien peu différente de celles qui colorent son quotidien au lycée.
Craie en main alors que de celle qui demeure libre il s’apprête à faire descendre le tableau noir, il se fige. Se crispe. Un son incongru se fait entendre dans son dos, une totale disharmonie avec ce qui devrait se passer dans cette pièce. Pire encore que la voix d'un jeune qui n'aurait pas attendu qu'on lui donne le droit à la parole. Pire encore que la voix d'une professeure de chimie qui s'octroie seule cette permission.
Le chuintement du plastique. Loin d'être une mélodie fantastique. Ça ne s’arrête pourtant pas. Pire même, le vacarme s'installe encore un peu plus. Déchire un peu du flegme tout britannique du professeur de lettres. Froisse cette vertu rare, la patience. La craie manque de se briser entre les doigts du chasseur quand lentement il se retourne vers cette petite assemblée qui semble se moquer totalement de sa présence. Il pourrait se mettre nu pour grimper sur le bureau en chantant la bande originale de Mary Poppins qu'il ne ferait pas plus d'effet à ce troupeau de gamins. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour situer l'épicentre de la bêtise. Tobias en perd son anglais quand sous son regard ahuri se joue un spectacle des plus gênants. Sa collègue lui fait face, un large sourire rivé au visage. Des bonbons en tas posés juste devant elle.
Rendu muet par cette vision à laquelle il n'était pas prêt à être confronté, l'anglais ouvre la bouche pour jurer sa stupéfaction. Ravale une improbable vulgarité avant même d'avoir eu le temps de la prononcer. À vrai dire il ne sait que rétorquer en cet instant et éprouve une furieuse envie d'aller chercher lui même Mafdet pour la forcer à mettre fin à ce petit jeu. Quand elle questionne, il marmonne une réponse. Pas trop fort pour ne pas se ridiculiser un peu plus devant tout ces inconnus. Il ne sait si sa collègue affairée à le rejoindre tout en dépoussiérant les tables avec son postérieur peut elle même l'entendre.
-Les bonbons. On choisit toujours le sucre.
C'est le gamin caché au fond de la grande carcasse du professeur qui s'exprime de cette façon tandis qu'il se prend le crâne entre les mains, choqué malgré lui par la tournure des événements. Il connait peu sa collègue. De ses méthodes il ignore tout si ce n'est quelques vagues potins qui parcourent les couloirs pour parler de cette bonne femme au caractère soi-disant aussi explosif que les expériences qui font parfois trembler les bureaux de sa salle de classe. Il n'avait certes pas eu la crédulité de penser que leur cohabitation se passerait bien, mais il avait espéré ne pas tourner chèvre au bout d'une petite heure en sa présence. L'homme en noir ferme les yeux, inspire profondément pour tenter de garder son calme. C'est un cuisant échec car la demoiselle revient à la charge sans lui laisser aucun répit. Fait les poubelles, avant de fièrement poser une nouvelle feuille sur le bureau qu'ils sont censés partager.
Cette femme prend le relais des discours à rallonge, remet sur le tapis cette histoire d'eau et d'or. Explique aux mômes leur faute. Quand elle ramène à nouveau son derrière sur le meuble, Tobias n'en peut déjà plus, tend une main vers l'intérieur de sa veste. Il se dit que s'il se rince les idées rapidement à coup de bourbon, il lui sera peut être possible de rester discret dans sa manœuvre.
Quand elle glisse une reproche de plus à l'intention de Tobias entre deux phrases dénuées d’intérêt pour le littéraire, ce dernier se pose une question. S'il jetait sa flasque au visage de sa collègue, peut être cette dernière cesserait-elle sur le champ toutes ses simagrées. Mais la bête semble coriace, il lui faudrait donc être certain de l’assommer pour éviter toutes représailles. Comme un pied de nez à celle qui le voit visiblement comme quelqu'un de coincé, l'anglais attire à lui un paquet de friandises. Fouille dedans. Lâche quelques mots de sa voix rendue cassante par l'agacement.
-J'adore les sucreries moi aussi. Mais le moment me semble inapproprié.
Si lui ne peut ni s'allumer une cigarette ni prendre sa flasque pour se gargariser avec un peu de patience liquide, il ne voit pas par quel droit les autres peuvent se permettre de s’empiffrer. Mais cette journée ne semble pas bien partie. Et la maturité n'est visiblement plus de mise depuis qu'ils ont mit les pieds dans cet endroit. Sourcils figés dans la neutralité, Tobias baisse les yeux vers le paquet aux couleurs criardes.
-Et vous auriez pu prendre la peine de ramener des suçons au citron. Leur absence ne peut nous guider que vers deux conclusions. Soit le distributeur n'en vendait pas.
L'anglais s'approche de sa collègue, trop pour que cette proximité lui soit habituellement supportable. Mais il est prêt à faire cet effort pour se montrer odieux. Marmonne quelque mots presque taquins.
-Ou bien vous n'avez aucun goût. Ça expliquerait vos soucis de pantalon.
Son faciès habituellement neutre affiche à présent un sourire carnassier. Il n'a jamais aimé qu'on lui tienne tête. C'est le syndrome du petit dernier. Le sale môme à qui on passe tout les caprices sans jamais se soucier de la peste qu'il pourrait devenir une fois adulte. Mais la lueur qu'il discerne dans le regard de sa collègue n'augure rien de bon, alors pour éviter de se prendre la monnaie de sa pièce dans les plus brefs délais, Tobias recule vivement. Récupére sa feuille, l'agite machinalement sans réellement prêter attention à cette dernière. Vexé malgré lui que sa collègue ait pu juger bon d'aller récupérer une copie de ce qui avait trouvé une juste place au fond de la corbeille.
-La réponse à la question de la professeure Mahes était aisée à trouver. Mais vous avez tous été à l'évidence sans même vous demander s'il y avait ou non un traquenard. Encore plus naïfs que des veaux qu'on mène a abattoir. Le doute doit toujours primer dans la construction de votre réflexion. C'est comme ça qu'on grandit et qu'on apprend à faire ses propres choix. Si facilité rime avec stupidité ce n'est pas pour rien.
Sans qu'il ne le veuille son discours se teinte de paternalisme. Alors qu'il parle à des jeunes qui n'ont certainement pas envie de retrouver ça en venant en cours. Si les étudiants voyaient encore en lui un peu de crédibilité c'est terminé. N'y tenant plus, l'anglais tire sa flasque hors de la poche intérieure de sa veste, puis à grand renfort de gestes maniérés nourris par le désespoir fait sauter le bouchon avant de se permettre de faire glisser un peu d'alcool dans sa bouche. C'est vivifiant mais aussi tristement insuffisant.
-Monsieur je crois que c'est interdit. -Et moi je crois que ce n'est guère plus inconvenant que toutes ces friandises que vous a ramené ma collègue. Et je m'ennuie. L'ennui me rend terne. Mademoiselle Mahes nous a gentiment cité quelques protagonistes reconnus des chefs d'oeuvre de Monsieur King tout à l'heure. Elle doit savoir ce qui peut arriver quand les gens deviennent ternes.
Dieu merci il n'y a pas de hache dans les environs. Ni même de maillet de roque.
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Mafdet Mahes
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J’ouvre la bouche, surprise par la réponse de mon collègue. Il y a donc bien un être vivant dans cette immense carcasse qui sent le formol. Puis je poursuis, tentant de rattraper cette séance et éviter que Tobias ne me donne le rôle de la potiche. Il n’a pas l’oratoire prêteur, c’est là son moindre défaut.
- J'adore les sucreries moi aussi. Mais le moment me semble inapproprié.
Un homme qui aime le sucre est considéré comme « féminin » au Japon. Quoique j’en connaisse un qui s’empiffre de chocolat et qui n’a rien de féminin, mais vraiment rien ! Je toise Tobias dépitée par tant de rigidité. Je l’imagine monté comme un playmobile obligé de se casser en deux pour nouer ses chaussures.
- Et vous auriez pu prendre la peine de ramener des suçons au citron. Leur absence ne peut nous guider que vers deux conclusions. Soit le distributeur n'en vendait pas. - Fallait demander, mon cher. - Ou bien vous n'avez aucun goût. Ça expliquerait vos soucis de pantalon.
Le salop ! Les étudiants sont mitigés quant à savoir s’il faut rire ou s’abstenir.
- La réponse à la question de la professeure Mahes était aisée à trouver.
Facile à dire quand on a la solution. Fais le malin Playmobil, mais j’ai bien vu ton regard d’ahuri à ma question.
- Mais vous avez tous été à l'évidence sans même vous demander s'il y avait ou non un traquenard. Encore plus naïfs que des veaux qu'on mène à abattoir. Le doute doit toujours primer dans la construction de votre réflexion. C'est comme ça qu'on grandit et qu'on apprend à faire ses propres choix. Si facilité rime avec stupidité ce n'est pas pour rien.
Son discours est juste, il oublie qu’il n’était pas loin du veau tout à l’heure. Se douter qu’il y avait un piège était accessible au premier qui se donnait le temps de la réflexion, quant à savoir pourquoi la réponse évidente était la fausse… Je roule des yeux et mime m’endormir sous la voix très professorale de Tobias. Comment font ses élèves ? Ils boivent une red bull avant chacun de ses cours ? L’ennui colore peu à peu le regard des jeunes gens qui l’écoutent. Tobias s’en rend compte, ce qui manque de le faire bugger. J’esquisse un sourire quand il réinitialise sa carcasse d’une gorgée d’alcool.
- Monsieur, je crois que c'est interdit. - Et moi je crois que ce n'est guère plus inconvenant que toutes ces friandises que vous a ramenées ma collègue. Et je m'ennuie. L'ennui me rend terne.
D’un geste de la main, je mime la tristesse sur mon visage. En face, cela a du mal à ne pas rire, main n'en fait rien. Tobias a cette faculté d’exacerber l’instinct de conservation de ceux qui lui font face.
- Mademoiselle Mahes nous a gentiment cité quelques protagonistes reconnus des chefs-d'œuvre de Monsieur King tout à l'heure. Elle doit savoir ce qui peut arriver quand les gens deviennent ternes.
Je descends du bureau, ma bouche enfin libérée du caramel que je suçais avec conviction. King, des gens ternes, je vois plusieurs bouquins possibles, plusieurs personnages. Shinning, Misery ou Dolores Claiborne. Je regarde Tobias, il semble être à la torture. Je contourne le bureau et viens me placer à côté de lui, lui vole sa flasque pour goûter ce qu’il boit. Nos étudiants sont perdus quant à l’utilité de tout ceci, Tobias aussi. Comment faire pour que la leçon profite à tous, élèves comme professeur ? Je rends son bien à l’Anglais et désigne nos deux feuilles de consignes posées sur le bureau.
- Nous pouvons nous écarter de la proposition de programme. La vraie question est « que faisons-nous là ? » Un brillant professeur de littérature et une pragmatique professeure de chimie. Deux matières qui n’ont rien à voir réunies dans un seul et même cours. Qui peut me donner un mot sorti du vocabulaire de la chimie et qui décrit ce système hétérogène ?
Plusieurs mains se lèvent, la bonne réponse vient d’un grand gaillard au style grunge installé au fond.
- Une émulsion, m’dame ? - Exact beau gosse. Une émulsion est un milieu hétérogène constitué par la dispersion, à l'état de particules très fines, d'un liquide dans un autre liquide. Comme la crème antiride que mon très cher collègue pose sur la peau de son visage.
J’assortis mes mots d’une douce caresse du revers de l’index sur la joue de Tobias qui sursaute comme électrocuté. J’insiste et me colle à lui, un bras autour de sa taille. Serait-ce des muscles que je tâte là ?
- L’idée est bien de mélanger ce qui habituellement ne se mélange pas pour tout un tas de raisons et surtout de caractéristiques propres.
Je rends sa liberté à Tobias avant qu’il tente de m’assassiner.
- L’eau et l’huile ne se mélangent pas naturellement. Mais quand on force le processus, on obtient une nouvelle matière aux caractéristiques élargies. Rassembler les contraires, ou analyser un point avec deux approches différentes. L’affaire n’est pas tant la liste de livres que vous avez lus ni du nombre de réactions chimiques que vous maîtrisez, mais de savoir user de l’intelligence de deux matières distinctes. On appelle cela la maïeutique.
Tobias me toise avec ce regard dont il a le secret, celui qui fait taire les élèves de sa classe et soupirer ses collègues à la cantine. Je risque une main vers sa cravate pour relâcher un peu le nœud Windsor serré méticuleusement.
- Un peu de flou dans votre tenue, Tobias, et un peu de rigueur dans la mienne. Qu’en pensez-vous, très cher ? Qui sait si une alchimie extraordinaire ne pourrait pas nous transposer tous deux !
Je lui offre mon sourire chat numéro dix, un des rares où je ne semble pas vouloir bouffer quelqu’un.
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Sujet: Re: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Mer 6 Mai 2020 - 17:21
Tobias Rapier & Mafdet Mahes
Infernal partenariat
Il aurait aimé avoir un peu de répit. Juste quelques minutes de tranquillité pour pouvoir regagner un peu de calme. Mais sa collègue ne semble pas d'accord avec cette partie du plan. Visiblement elle prend un malin plaisir à pousser le britannique dans ses derniers retranchements, comme si elle souhaitait voir à quel moment le flegme habituel de Tobias peut bien finir pas voler en éclat. Le mettre en colère n'est jamais une bonne idée. D'ordinaire il ne hurle jamais, fait en sorte de maîtriser ses humeurs autant que possible. Crier au scandale ne donne que rarement de bons résultats. Mais au moment où Mafdet se poste près de lui, dérobe sa flasque pour se rincer à son tour le gosier avec son contenu, Tobias peine à retenir un tic nerveux. Sa paupière gauche tressaute à plusieurs reprises. Il en marre. Il veut rentrer chez lui. S'il avait l'âge de le faire, il se roulerait au sol en tapant du pied pour qu'on accepte de donner vie à tout ses caprices. Cette situation tourne en rond et chaque minute de plus passée dans ce lieu les rapproche du point de non retour.
Il n'a pas besoin d’énoncer leur soucis à voix haute pour que sa collègue en vienne à tenir une conclusion semblable à la sienne. De toute façon il l'a bien comprit. Tout ce qu'il pourra dire sera vu comme soporifique. Lui, l'étrange monsieur en costume ne laissera aucun bon souvenir à tout ces jeunes gens qui sont venus les écouter. Tandis que Mafdet sera vue comme cette professeure cool et amusante. Quelqu'un de spontané. La femme aux bonbons.
La brune enchaîne sur un autre sujet, tente de relancer le débat en le faisant dévier de son objectif premier. Ce qui arrange fortement l'anglais qui ne voyait pas comment marier deux matières si différentes. Lui et la chimie ont une relation compliquée, encore plus conflictuelle que celle qu'il entretien avec sa collègue. Il a cessé de suivre les matières scientifiques dès que cela a été possible. Oubliant immédiatement tout ce qu'il avait pu apprendre durant ses cours qui lui semblaient aussi longs qu'ennuyeux. Mafdet pose une question. Dont il ignore une nouvelle fois la réponse, mais ce n'est visiblement pas le cas des jeunes gens qui se trouvent dans cette pièce avec eux. Des mains se lèvent, un jeune homme au style vestimentaire douteux touche le jackpot avec un terme que Tobias n'avait rencontré que dans des livres de recettes de cuisine jusqu'à aujourd'hui.
C'est sans prononcer un seul mot que le chasseur laisse Madame chimie prendre la suite des opérations en main. Elle maîtrise mieux l'art de l'interactivité que lui. Mais quand elle dépasse largement les bornes de la gentillesse du tueur, qu'elle parle crème anti-ride et ose fatalement lui toucher la joue, Tobias est au bord de l'implosion. Il se tend, visage crispé dans l'horreur. Ne pense même pas à bouger pour fuir ce moment qu'il juge aussi désagréable que possible, de peur que le contact intimiste se fasse plus poussé encore. Il faut que ce calvaire cesse. Ce bras qui passe autour de sa taille, cette silhouette élancée qui se colle à lui sans honte. Tout celui lui est insupportable.
Peut être que s'il ne bouge pas. Qu'il reste aussi stoïque que possible. Peut être qu'elle s'éloignera rapidement. Qu'elle oubliera toutes ces folles idées qui impliquent une proximité intolérable entre deux collègues dont la relation était uniquement courtoise jusqu'à aujourd'hui. Relation qui convenait parfaitement à Tobias.
-J'apprécierais que nous évitions de trop nous mélanger. Ou en tout cas, pas de manière physique.
C'est seulement au moment où la brune s'éloigne enfin que les poumons du professeur de littérature se remplissent d'un air nouveau. Apeuré par ce rapprochement charnel honnit qu'il n'avait pas vu venir, l'homme avait naturellement mit tout son corps en pause. Il lui faut un peu de temps pour parvenir à revenir sur terre, se remettre dans l'ambiance. S'il le pouvait, il quitterait les lieux sur le champ pour aller s'enfumer les poumons dehors et sans doute ne jamais revenir dans cet endroit. Si sa phobie des contacts physiques peut amuser, pour lui c'est uniquement une façon de se protéger comme une autre. Quand il refait surface, qu'enfin il se sent prêt pour la suite, c'est son regard noir, un regard assassin qu'il fait glisser sur sa collègue visiblement amusée par son trouble. Droit comme la justice, Tobias peine à ne pas reculer vivement quand une main baladeuse revient à la charge. Titille le Windsor de la cravate qui ceint son col de chemise. Dents serrées, il crache quelques mots à l'intention de Mafdet. Lassé de ce petit jeu qui lui donne le rôle qu'il exècre le plus. Celui de la victime.
-J'en doute fortement.
C'est un rictus froid qui élit domicile sur le visage de l'anglais. Une expression faciale qui jure avec le sourire de sa collègue. Tobias fait un pas de côté pour éviter tout nouveau retour en force de la jeune femme dans son espace personnel. Porte une main à sa cravate pour achever de retirer l'objet. Quitte à passer pour un homme débraillé autant bien faire les choses, pousser ce jeu jusqu'au bout. Jeu vicelard auquel il n'avait pas prévu de participer. Un amusement dont il doute des bienfaits. La cravate finit jetée sur le bureau et c'est au tour de la veste. Sifflement dans l'assistance.
Les esprits juvéniles s'échauffent vite devant l'inattendu.
-Un peu de retenue jeunes gens. Mafdet réflexe !
La veste hors de prix vole en direction de la brune qui n'a aucun mal à la réceptionner. Tobias s'amuse un bref instant de la surprise qu'affiche celle qu'il devine bien plus qu'humaine sans avoir besoin de preuves. Trop de poisson à la cantine. Trop de siestes près du radiateur. Et surtout trop d’apparition de chat noir dans les couloirs du lycée.
-Moins formel. C'est bien ce que vous vouliez voir ? Même si je doute que toutes ces simagrées nous aident à faire naître de nouvelles idées. Mais il faut dire que la sociologie est un art étrange. L'étude des humains, de leurs habitudes permet d'apprendre bien des choses. Et parfois les surprises peuvent se révéler bonnes. Enfin parfois seulement.
Un discours très optimiste. Qui ne lui ressemble guère, mais il se doit de faire bonne figure s'il veut parvenir à conserver toute sa raison jusqu'à la fin de cette session. Il remonte les manches de sa chemise, range ses boutons de manchettes dans ses poches. Il faudra juste qu'il se souvienne de leur emplacement ce soir lorsque le moment de se glisser dans un bon bain chaud sera venu. Un léger soupir passe la barrière de ses lèvres lorsque enfin il reprend.
-Enfin, nous saurons si cette idée était bonne quand notre session aura prit fin. Sans les talents de Jeremie nous ne pouvons savoir de quoi l'avenir sera fait. Même si toutefois quelques questions se posent. Vais-je arracher une des mains de Mademoiselle Mahes si elle retente une approche ? Serons-nous grandit de cette rencontre qui se veut informelle ? Pour commencer avec des bases relativement solides nous pourrions chercher à en savoir plus sur l'image que vous avez de moi même et de ma chère collègue.
Moment de flottement. Des murmures naissent dans l’assistance. Des murmures qui prennent du corps, en tout cas suffisamment pour devenir de vraies idées. Des avis souvent peu partiaux. La première impression est bien cruelle dans sa réalité. Et lâchés dans l'arène les étudiants ne font pas de cadeaux à leurs professeurs du jour.
-Elle a l'air cool. Plus que vous en tout cas ! -Moins vieille aussi. -Vous faites coincé. Comme mon grand père en mieux fringué.
Ce sont les bonbons qui parlent. Mais étrangement l'anglais trouve l'exercice divertissant. Sans doute est-il maladroit dans l'exécution, mais ce n'est pas une pratique dont il a l'habitude. À vrai dire on ne demande que rarement son avis de manière aussi claire et libérée au corps estudiantin. Tobias se tourne vers sa collègue, un presque sourire aux lèvres. Sourire qui trouve son jumeau sur les lèvres de la femme. Puis il questionne.
-Je note les idées au tableau ? Et on voit ce qu'on peut en tirer. Pour mieux découvrir ce qui peut se transposer ou non.
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Sujet: Re: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Ven 15 Mai 2020 - 13:32
Infernal partenariat
Mafdet ft. Tobias
Je frôle le point de non-retour. Ce moment où la proie envoie toute prudence aux orties et se dresse tel un grizzly contre son prédateur. Cela arrive parfois avec les souris — l’animal, pas le malheureux ou malheureuse qui me plaît parfois tourmenter. J’en ai déjà vu, levant leurs petites pattes frêles, museau ouvert sur leurs dents de rongeur, défiant un animal de cent fois leur taille. David contre Goliath mais sans la fronde ni le coup de chance qui va avec. J’ai toujours relâché ces héroïnes, sauf si leur état de santé les condamnait à une mort lente. Je n’agis guère différemment avec les humains. Ce qui donne à mon très cher collègue une raison de me trouver odieuse.
Je n’en ai cure. Ou en avais cure ? Je ne prêtais, jusqu’à ma mortalité récente, aucune attention à la subtilité des temps des verbes. Lorsqu’on est et qu’on sera la même, les différentes nuances de passé se mêlent dans une unique teinte. Cependant, je ne survivrai pas un millier d’années à monsieur Rapier. Cela le situe sur la même échelle de temps que moi et ce simple fait change la donne.
- J'en doute fortement, clame la rigidité sur pied à mon audace.
Tobias ne lève pas ses mains ni ne montre ses canines pour imiter un prédateur, mais affiche un rictus dénué de mouvement qui me met en alerte. En voilà un spécimen de souris intéressante, plus intelligente que la normal, imprévisible ! Sa cravate termine sur le bureau tandis qu’il fait mine de retirer sa veste. Qu’ai-je déclenché ? Les étudiants s’échauffent et je suis trop sidérée pour me réjouir d’une possible suite plus indécente.
- Un peu de retenue jeunes gens. Mafdet réflexe !
Je rattrape le précieux bien au vol, prenant soin qu’il n’effleure pas le sol. J’apprécie la qualité du tissu au toucher, les coutures de la doublure sont impeccables et une fragrance plus intime se mêle à l’eau de parfum du professeur. De grincheux ennuyant, il devient homme à regarder bien conservé pour son âge. Tobias discourt sur la méthode, celle que je lui ai suggérée, moins formelle que ses cours habituels. Il critique, mais ne rejette pas le tout d’un bloc. Voilà une avancée majeure, mais je ne doute pas que je paierai un jour mon culot. Pendant que Tobias gagne en sex-appeal — de mon point de vue — en remontant les manches de son impeccable chemise, je range avec soin sa veste sur le dossier de l’unique chaise. Moi aussi je sais, quand c’est nécessaire, apporter du soin à ce qui importe à d’autres. La veste de Tobias ne gagnera donc pas de mauvais plis ni de poussière. La souris n’a pas fui, n’a pas attaqué et ne s’est pas rendue : elle a pris le chemin de la surprise. Rare ! Très rare ! Il n’est donc pas qu’un simple grigou des liens sociaux.
- Enfin, nous saurons si cette idée était bonne quand notre session aura pris fin. Sans les talents de Jeremie, nous ne pouvons savoir de quoi l'avenir sera fait. Même si toutefois quelques questions se posent. Vais-je arracher une des mains de Mademoiselle Mahes si elle retente une approche ? - Hé hé… - Serons-nous grandis de cette rencontre qui se veut informelle ? Pour commencer avec des bases relativement solides, nous pourrions chercher à en savoir plus sur l'image que vous avez de moi-même et de ma chère collègue.
Il tend le fouet. Je hausse un sourcil, curieuse. Tobias est par définition celui qui contrôle tout, sa vie, le pli de ses pantalons et ce qu’autrui peut se permettre de lui balancer en face. Cela se déchaîne vite dans la salle et les jugements hâtifs se succèdent. C’est blessant pour Tobias, pourtant il esquisse un demi-sourire, je lui offre le mien en retour, plein et sincère. Il a offert le bâton, mais contrôle les coups.
- Je note les idées au tableau ? Et on voit ce qu'on peut en tirer. Pour mieux découvrir ce qui peut se transposer ou non. - Faites, très cher.
Après cinq minutes d’échanges que ni Tobias ni moi n’aiguillons dans un sens ou dans un autre, un tableau assez manichéen se dévoile. Moi : jeune, cool, sexy, amusante, distrayante, entre autres qualificatifs, s’opposent à lui : Vieux, rigide, coincé, ennuyeux…
À mon tour je prends un feutre pour écrire sur le tableau blanc, mais avant d’ajouter quelque chose, je me retourne vers les étudiants.
- Vous ne semblez pas apprendre de vos erreurs et vous répondez sans aucune analyse. Qu’est-ce qui est le plus rare ? L’eau ou l’or ? - L’eau en référentiel absolu, l’or en référentiel terrestre. - Exact. Je vais ajouter ce que moi je vois en observant mon collègue et ce que vous avez omis de mon côté.
À côté des « attributs » donnés à Tobias, j’ajoute avec une calligraphie anguleuse : grand, soigné, posé, réfléchi, sportif (cf ses abdos que dévoile sa chemise).
- Oh ! c’est vrai qu’il est baraqué ! - Donc avant de traiter quelqu’un de vieux…
Je poursuis en ajoutant : intelligent, instruit…
- Il n’a pas répondu à ma première question, mais je suis certaine qu’il avait senti le piège, Lui.
Je continue à écrire : beau gosse (mode normal), putain de beau gosse (quand il sourit). Cela réagit dans la salle avec des rires qui ne sont pas moqueurs, mais intrigués. Je coule un regard en biais vers mon collègue, il secoue la tête, agacé par ses futilités, tente un regard au ciel. J’appuie mon sourire en baissant le menton, signe corporel de soumission. Faire sourire quelqu’un avare en expression est une gageure, mais cela en vaut le coup. Un éclat se dévoile, non maîtrisé, spontané. Les filles de l’assemblée sifflent et s’exclament. Le vieux barbant, devient homme séducteur à leurs yeux. Comme quoi, tout est une question de référentiel et de point de vue.
Je dévie vers la colonne qui me concerne et ajoute les qualificatifs suivants : dissipée, irrespectueuse, insolente, provocatrice, gamine.
- Comme quoi, tout est une question de référentiel et de point de vue.
Je pose le stylo et regarde mon confrère. Il a vraiment de l’allure, la chemise de luxe un peu défaite, les manches relevées aux coudes, un négligé sophistiqué qui vient de lui rallier les éléments féminins de la classe plus un gars au deuxième rang. Je n’arrive pas à déchiffrer l’humeur de Tobias. Mal à l’aise et un poil en colère, certainement. Surpris des réactions quand on creuse un peu, certainement. Je lui passerai bien la main dans les cheveux pour optimiser son allure, mais je tiens à ce qu’elle reste attachée à mon poignet. Un regard vers mon portable : le cours est bientôt terminé.
- Nous avons dévié du programme, mais au-delà de la chimie ou de la littérature, que ressortez-vous de notre échange ? - Qu’il faut réfléchir avant de donner son opinion ? - Ne pas se fier aux apparences ? - Effectivement et même en chimie qui est une science exacte, il faut savoir ne pas se précipiter sur sa première impression.
Mon ventre gargouille une protestation, l’heure du repas approche et ce n’est pas des bonbons qui vont combler le gouffre qui élit domicile dans mon estomac. Je zieute du côté de Tobias. Arriverai-je à lui imposer ma présence le temps d’un repas ? Les abords du campus sont riches de restaurants en spécialité en tous genres. Ce que j’ai appris aujourd’hui est que le réfrigérant Tobias Rapier est bien plus qu’un iceberg sur pattes, c’est avant tout un homme plutôt séduisant, même si je lui préfère un autre moins avare de démonstrations affectives.
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Sujet: Re: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Mar 19 Mai 2020 - 17:41
Tobias Rapier & Mafdet Mahes
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Marqueur pour tableau blanc en main, il note les idées qui ne cessent de tomber depuis qu'il a accordé à ces jeunes gens le droit de les juger lui et Mafdet. Deux personnages hauts en couleur, deux catégories bien distinctes. Du côté de la brune c'est une avalanche de compliments qui s'inscrit. Mais côté britannique, là c'est tout autre chose. Des termes péjoratifs. Vexants, à la limite de l'insulte. Si Tobias avait une bonne image de lui même il pourrait mal le prendre. Sans se départir de son calme, il continue. En belles lettres fines et penchées la liste de ses défauts s’inscrit sous son regard inexpressif.
Ce petit jeu aurait pu durer encore longtemps. Mais sa collègue décide que le moment d'aiguiller ce débat qui n'en est plus un est venu. Armée elle aussi d'un stylo similaire à celui que tient l'anglais entre ses doigts, elle fait remarquer à l’assistance que des erreurs de jugement subsistent encore. Malgré leur premier échec, les têtes blondes n'ont pas prit le temps de réfléchir avant de parler. La vivacité de la jeunesse a de nouveau prit le dessus sur toute logique. Un monde fait de noir et de blanc semble suffire aux étudiants, mais ces derniers ont oublié toutes les nuances de gris qui font la diversité de leur environnement. Tobias ne peut leur reprocher un tel comportement, lui même a pour habitude de cloisonner sa vie et tout ce qui l'entoure en catégories distinctes. Alice, Wes, sa famille de manière générale. Quelques rares amis. Puis tout les autres, des compagnons de vie et de déroute à qui il a bien du mal à donner de l'attention. Un effort qu'il ne se donne même plus la peine de faire depuis déjà de longues années.
Il met un peu de temps à prêter attention aux actes de sa collègue. Ses sourcils se froncent et sa main se fige quand du coin de l’œil il aperçoit ce qu'inscrit la brune sur le tableau. Rendu muet par la surprise de se voir ainsi décrit, il recule légèrement, machinalement pour laisser un meilleur accès à celle qui continue sur sa lancée, visiblement peu atteinte par le trouble qu'elle fait naître chez le chasseur. Certains des adjectifs utilisés sont purement factuels. D'autre beaucoup moins. Tobias cherche le traquenard, sûr qu'un piège de plus se met en place. Rendu méfiant par une sombre vie passée à traquer, le grand bonhomme est en train de perdre tout ses moyens. C'est rare. De la surprise. Celui qui se veut loin de toute convention sociale ne sait plus quoi dire tant cette scène inattendue le prend de court.
Il lève les yeux au ciel quand tout cela devient fatalement risible. Sa collègue est en train de devenir folle sous ses yeux. Ces derniers écrits n'ont rien de logique. La futilité fait son nid et l'anglais ne supporte que très mal le fait de se sentir ainsi mit sur le devant de la scène. Mécontent de se retrouver tourné en ridicule par des moqueries dont il se serait bien passé le tueur se fige. Fait de son mieux pour éviter le regard de sa collègue. Il a envie d'effacer toutes ces sottises, de faire marche arrière. Lui qui avait eu l'audace de penser son idée bonne est dépité en constatant qu'en si peu de temps on est parvenu à la retourner contre lui.
-Tout ceci n'est pas convenable.
Comme tout ce qui se passe dans cet endroit depuis qu'ils sont arrivés... Cette journée qui avait mal commencé cause un peu plus de tourments à l'anglais à chaque minute qui s'écoule. Tendu comme une culotte brésilienne, Tobias inspire profondément. Son appendice nasal se gonfle d'impatience. Il secoue la tête face à Mafdet qui semble prête à tout pour obtenir une preuve visuelle de ce qu'elle vient d'avancer. La situation ne devient que plus cocasse encore quand la femme tâte le terrain d'une manière inédite. Tobias pourrait presque s'amuser de tout cela. Ses lèvres s'étirent en une ébauche de sourire malgré lui. Puis bien vite mais toutefois trop tard pour que cet écart puisse passer inaperçu, il reprend le dessus.
Dans l’assistance on siffle. Joues subitement plus rosées qu'à l’accoutumée, Tobias lève une main pour camoufler son trouble. Ce n'est pas quelque chose d'habituel. Ni beau, ni laid. C'est ainsi qu'il s'est toujours décrit. Il ne cherche pas à plaire, juste à donner une image propre et soignée. Respectable mais pas aguicheuse. Il se sent soudainement mal, ne sait pas comment enchaîner. C'est donc naturellement qu'il permet à sa collègue de continuer sur sa lancée. Peu certain d'être lui même capable d'enchaîner sur ce qui devrait être la clôture de cette session. Il a délaissé son stylo. Tout a été dit de toute façon, même ce qu'il n'était pas prêt à entendre. Toujours aussi tendu, l'anglais tente de retrouver un peu de contenance. De contrebalancer par son image froide tout ce qui a pu être dit, pensé où même écrit plus tôt.
Aujourd'hui lui aussi a apprit quelque chose. Malgré tout ses efforts pour se rendre aussi désagréable que possible, certaines personnes semblent encore trouver la force de lui donner des qualités qu'il a du mal à percevoir comme étant les siennes. Le regard des autres ne l’indiffère peut être pas autant qu'il l'aimerait. Lui qui a passé sa vie à brandir la carte du détachement, qui ne vit que pour le contrôle total de peur de perdre à nouveau ce qui lui est cher a bien du mal à encaisser ce déluge d'humanité qui lui est tombé dessus. Mafdet est une plaie d’Égypte. Venue pour chambouler tout ce en quoi l'anglais croyait.
La fin des hostilités résonne à travers l’amphithéâtre. Par automatisme, l'anglais salue leur auditoire.
-Merci à vous pour ce moment. N'oubliez pas de ramasser vos papiers de bonbons. Et remerciez ma collègue par la même occasion.
Sa voix est moins cassante qu'à l'accoutumée. Le trouble est toujours bien présent quand les enfants quittent les lieux. Tobias s'empresse d'essuyer le tableau avant que ce qui y est inscrit ne puisse être lu par une personne de plus. Il n'avait pas prévu de se donner en spectacle de cette manière. Lui qui est attaché à sa routine plus qu'une moule ne l'est à son rocher parvient difficilement à relativiser ce qui s'est déroulé dans cet endroit pendant la dernière demie-heure de ce débat. Frôlant sa collègue en récupérant sa veste soigneusement installée sur le dossier de l'unique chaise qu'ils auraient dû se partager, l'anglais soupire quand un son dérangeant se fait entendre. Jouer le jeu de la sociabilité une heure de plus pourrait-il s'avérer dangereux ? Donner une nouvelle fois la possibilité à cette femme d'égratigner cette carapace sombre que le tueur a construit autour de lui est un risque. L'anglais se passe la langue sur les lèvres, fixe la brune puis sort son portable. L'écran lui montre une absence de message. Ils ont été tout deux dispensés de leurs cours habituels au lycée pour la fin de la journée. Tobias avait certes prévu d'aller manger au Pink avant de passer récupérer Alice mais...
-Je n'ai pas donné d'heure précise à la nourrice. Vous aimez la nourriture indienne ? Il y a un restaurant qui fait d'excellents bhajjis non loin d'ici.
Proposition faite sur le ton de la nonchalance. Si Mafdet refuse une telle idée, l'anglais renouera avec le programme qu'il avait initialement prévu. Mais la femme décide de le surprendre, accepte l'invitation avec tant de rapidité que le chasseur se demande s'il ne vient pas de se faire berner une fois de plus.
-J'ai aussi appris des choses. Ce n'est pas un peu de sociabilité qui me tuera et vous pouvez voir dans cette invitation une façon maladroite de vous remercier.
[...]
Le restaurant est si proche que leurs moyens de transport sont restés sur le parking de l’université. Quelques minutes de marche qui ont donné l'occasion au britannique de s'allumer une cigarette. Une bulle d'air. Il est parvenu à oublier à l'aide de ce geste salvateur une partie de ses déboires matinaux. Parfois il laisse son regard sombre glisser sur la silhouette harmonieusement musclée de sa collègue. La femme est belle. Un de ces physiques qui met tout le monde d'accord. Des courbes qui ondulent, qui font se retourner les badauds et même les envieuses. Dans un fin nuage de fumée, Tobias soupire son amusement.
-Vous savez que la route est droite ? Est-ce que moi je remue du postérieur de cette manière ?
Agaçante autant qu'intrigante Mafdet saisit en plein vol cette opportunité de se jouer de Tobias une fois de plus. Ce tempérament n'est pas inconnu au brun. Cette femme au fort caractère lui en rappelle une autre qui n'est plus de ce monde. Certes Maryssa n'était pas une fanatique du cuir, mais il l'a vu porter des jupes si courtes qu'elle défiaient elles aussi toutes les saintes lois de décence. L'anglais écrase sa cigarette entre ses doigts, l'envoie nonchalamment rejoindre le sol. Ignorant avec superbe le cendrier posté devant le restaurant dont il est un habitué. Puis galant, il tient la porte à sa collègue.
-Après vous Mafdet.
Il les dirige vers une table. La même que celle qui les accueille avec Wesley quand ils s'offrent une sortie à deux. Un emplacement précieux, camouflé de la vue des curieux. Mais qui donne un champ de vision clair sur tout ce qui se passe dans les environs. L'homme tire une chaise pour que la professeure de chimie puisse s'installer. Habile manœuvre qui lui assure d'avoir la place de son choix, celle qui offre une vue royale sur la porte.
-Monsieur Rapier !
Dev l’accueille comme s'il n'était pas venu dans ce lieu depuis des mois. Un large sourire éclaire le visage du commerçant. Un homme charmant qui a parfois la mauvaise habitude de faire gonfler les notes de ses clients. L'indien perd son sourire bien vite, se fige et jette un regard suspicieux à la personne qui accompagne son client.
-Oh. Vous n'êtes pas venu avec Monsieur Wesley ? -Il a été appelé près de sa famille. Cette demoiselle est une de mes collègues Dev.
Le restaurateur salue Mafdet, son regard hazel ne quittant pas la brune. Puis enfin il apporte menus et carafe d'eau à leur table avant de s'échapper en vitesse.
-Bien. Je pense que j'ai gagné une réputation d'homme volage. Encore une surprise dont je me serais bien passé. Mais on est loin de la honte que vous m'avez fait ressentir ce matin.
Tobias soupire, carapace de froideur qui au bout d'un moment donne la place à autre chose. Un sentiment qu'il s'interdit quand il est face à d'autres personnes. Un peu de nostalgie. Un sujet devenu tabou au fil des années. Personne ne parle devant lui de sa vie passée, de ce bonheur qu'il a vécu de façon si forte. Avant que sans crier gare, tout prenne fin pour le plus grand de ses malheurs. En partant Mary a tout prit. Sa vie, sa douceur, sa santé mentale qui n'a plus jamais été la même. Un bonheur fugace que rien ne remplace. Pas même Wes. Même si les sentiments que le professeur éprouve à l'encontre du libraire sont forts et sincères, ils ne sont pourtant pas semblables à ce qu'il ressent encore en pensant à Mary.
-Ma femme vous aurait sans doute apprécié. Un fort caractère. Inventive aussi. Surtout pour me titiller les nerfs et me forcer à quitter ma zone de confort. Elle disait que j'étais un enfant capricieux doté de manies de petit vieux. Et elle avait certainement raison.
️️clever love.
Mafdet Mahes
Meute & Clan : Hale's pack Âge du personnage : 50 siècles / 34 ans
Brumes du futur : Druide methamophe Meute & Clan : Turner's familly Âge du personnage : 50 siècles / 43 ans
Sujet: Re: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Ven 12 Juin 2020 - 22:14
Infernal partenariat
Mafdet ft. Tobias
-Merci à vous pour ce moment. N'oubliez pas de ramasser vos papiers de bonbons. Et remerciez ma collègue par la même occasion.
J’offre un coucou gracieux de la main aux étudiants qui se lèvent en masse. Dans un brouhaha animé, je saisis quelques bribes de conversations. Ils sont un peu perplexes de la prestation que nous leur avons offerte, Tobias et moi. Une fille suppose même que c’était orchestré d’avance, une comédie jouée finement pour les déstabiliser.
Je remarque que Tobias semble s’apaiser un peu, moins sur la défensive. Mes compliments aurait-il fait mouche après avoir chamboulé son monde de rigueur rigide ? Mais le guindé a son charme, sur l’anglais tout au moins.
Mon ventre a parlé pour moi. Tobias se fige une micro seconde, le temps d’explorer les choix qui s’offrent à lui. Je me résigne déjà à manger seule quand il me surprend avec une invitation.
- Je n'ai pas donné d'heure précise à la nourrice. Vous aimez la nourriture indienne ? Il y a un restaurant qui fait d'excellents bhajjis non loin d'ici. - Oui ! Je connais. Leurs pakoras d’aubergines sont une tuerie.
J’offre à mon collègue mon sourire chat N°7 : celui du chat qui entend sa gamelle se remplir.
- J'ai aussi appris des choses. Ce n'est pas un peu de sociabilité qui me tuera et vous pouvez voir dans cette invitation une façon maladroite de vous remercier.
Une gourdasse glousserait à cet aveu, je me contente d’incliner la tête, régalienne. Ces quelques mots lui ont coûté, inutile de surenchérir. Je montre ainsi à Tobias que je sais aussi me tenir à ma place et être discrète.
(…)
Sur le chemin que nous faisons à pied, Tobias en profite pour s’enfumer les poumons. Quant à moi, j’avance sourire aux lèvres à l’idée de me remplir l’estomac.
- Vous savez que la route est droite ? Est-ce que moi je remue du postérieur de cette manière ? - Avec le balai coincé dans votre fondement, cela serait une opération risquée.
J’envoie un clin d’œil à mon collègue. Sa remarque n’était que pure malice, pas un jugement. Serais-je arrivé à apprivoiser l’oiseau ? Et il me change de Peter, dont je connais toutes les ficèles sur lesquelles agir pour soit le faire souffler ou grogner.
- Après vous Mafdet. - Merci, mon cher.
Nous entrons dans l’établissement à la décoration typique. Galant, Tobias tire une chaise et m’aide à m’installer pour ensuite s’abroger la place dos au mur. Un détail qui en dit long.
- Monsieur Rapier !
L’Anglais est donc connu.
- Oh. Vous n'êtes pas venu avec Monsieur Wesley ?
Je feule une réponse incompréhensible. Il ne tient pas à la vie celui-là !
- Il a été appelé près de sa famille. Cette demoiselle est une de mes collègues Dev. - Bonjour mademoiselle.
Je ne rétorque rien, et me contente de le toiser en mode reine de Saba. Avoir joué à la déesse pendant plus de deux mille ans me donne certaines qualités quand il s’agit de poser avec classe. Le restaurateur me fixe comme magnétisé avant de se reprendre et nous donner eau et menus. C’est si facile a déstabiliser un homme.
- Bien. Je pense que j'ai gagné une réputation d'homme volage. Encore une surprise dont je me serais bien passé. Mais on est loin de la honte que vous m'avez fait ressentir ce matin. - Sans vouloir m’envoyer des compliments, soyez donc flatté que l’on puisse penser que vous êtes assez attractif pour intéresser une jolie femme. Mon but n’était pas de vous humilier, mais vraiment interagir avec vous.
J’attrape un morceau de pain et l’émiette au-dessus de mon assiette. Devant moi, je devine que le professeur passe par tout un tas d’émotions. J’ai bouleversé son monde. C’est un maniaque pour qui la moindre intrusion dans son ordre personnel est vécue comme un drame, presque un viol. Je me demande si c’est la vie qui l’a forgé ainsi ou si…
- Ma femme vous aurait sans doute apprécié. - Les épouses m’apprécient peu en général. - Un fort caractère. Inventive aussi. Surtout pour me titiller les nerfs et me forcer à quitter ma zone de confort. - C’est ainsi que l’on progresse. N’est-ce pas ce que vous imposez à vos élèves ? - Elle disait que j'étais un enfant capricieux doté de manies de petit vieux. Et elle avait certainement raison.
Il répond à mon interrogation : toute sa personnalité rigide au possible est donc de naissance. Dev vient prendre nos commandes. Je n’ai pas regardé le menu et prends la même chose que Tobias.
- Avec une bière s’il vous plaît.
J’attends que le restaurateur soit loin pour poursuivre.
- Si vous étiez que capricieux avec des manies de petit vieux, elle ne vous aurait jamais épousé.
Je me tais le temps que Dev pose nos boissons devant nous. J’attaque ma bière directement au goulot pour la soulager d’une longue gorgée.
- J’ai connu un homme autoritaire et inflexible. Il possédait une superbe à la hauteur de son orgueil. Il passait pour être capricieux, mais souvent ce n’était qu’une marque d’impatience, celle de l’esprit affûté face aux cerveaux lents de ses contemporains. Âpre et droit, il exigeait des autres l’exemplarité. Il pouvait entrer dans des colères dithyrambiques et se calmer soudainement. Je crois surtout que ces « tares » comportementales n’étaient que la manifestation d’une rare intelligence noyée au milieu des ignares. Par certains aspects, vous me rappelez cet homme, Tobias.
Le premier plat arrive, cela sent drôlement bon. Avant d’attaquer son beignet à l’oignon, Tobias me demande qui est la connaissance que j’évoquais.
- Napoléon Bonaparte. Un gars pas très grand, mais doté d’une énergie ! Un peu fatigant à long terme.
Pendant que mon collègue avale de travers, j’attaque une grande bouchée de bhajjis.
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Sujet: Re: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Jeu 18 Juin 2020 - 15:22
Tobias Rapier & Mafdet Mahes
Infernal partenariat
Il n'a pas besoin de consulter le menu pour en connaître le contenu. Sa commande sera semblable à celle qu'il prend habituellement. La routine, cycle rassurant. Tobias n'aime pas le changement et tout ce qu'il apporte avec lui. Parfois la vie ne lui laisse pourtant pas le choix. Dernière surprise en date, sa fille. Il apprend encore à s'adapter à ce petit être qui ne demande qu'à l'apprivoiser.
-Pour moi ce sera le thali version saumon. Avec un whisky en double dose. Le même que d'habitude.
Sa collègue copie son choix. Elle non plus n'a pas prit le temps de regarder le menu et se contente d'ajouter une simple bière à tout cela. Dev file comme l'homme pressé qu'il est. Homme gentil, peu intrusif malgré ce que peut laisser croire sa réaction face à l'absence du libraire. Certes un peu crapule sur les bords, il faut bien avouer que ce jeune quinquagénaire vend de la bonne nourriture. Des mets qui rappellent à Tobias ses jeunes années vécues dans le nord de Londres. Certes pas le quartier le plus riche. Mais celui où résidait la vie dans sa plus simple définition. Là bas les saveurs d'orient se vendaient à chaque coin de rue, à des prix défiant toute logique. Figé dans ses pensées, il en viendrait presque à oublier celle qui lui tient compagnie. Presque...
Quand celle qu'il devine de nature féline reprend ses derniers mots, la bouche de l'anglais se tord dans une expression des plus étranges. Pas un sourire, pas tout à fait une grimace non plus. Mais ce qui est certain, c'est qu'on est là bien loin de la neutralité que le britannique s'impose en toute circonstance. Des jolies fesses et un regard étrange. C'est la raison que lui avait donné Mary lorsqu'ils s'étaient revus après une première rencontre dans le salon de tatouage de Jasmine. Un rencard, c'est ce que s'était révélé être ce traquenard. Le premier de Tobias. Il ne répond rien à sa collègue, encore incapable après tant d'années de savoir ce qui a pu véritablement faire chavirer le cœur de Maryssa. Les boissons arrivent, coupent ce qui aurait pu devenir un instant gênant. Trêve trop courte pour être réellement appréciable. Tobias n'ose tendre la main pour se saisir de son verre tandis que Mafdet boit à même la bouteille.
Dev file. La professeure de chimie regagne l'attention du littéraire avant même d'avoir pu réellement la perdre. Il l'écoute, par moment ses lèvres tentent de former un sourire avant d'être bien vite rappelées à l'ordre par leur propriétaire. La démonstration qui a eu lieu dans l’amphithéâtre lui a donné raison. Sourire ne lui apportera rien de bon dans la vie. Faire la tête continuellement est bien plus simple. Passer pour un grand bonhomme hautain et détaché du reste du monde lui convient parfaitement.
Toutefois la dernière phrase de Mafdet parvient à le prendre de court. Il y avait là beaucoup d'éloges dans la description qu'elle vient de lui faire. Cet homme dont il ignore l'identité, un homme intelligent, plus que ses congénères. Au comportement étrange, détonnant avec celui de ceux qui l'entourent. Il aime cette comparaison qui flatte son ego. Bouche ouverte pour quémander l'identité de cette personne pour savoir s'il a pu avoir la chance de croiser sa route depuis qu'il vit dans cette ville, il se fige quand Dev revient, la première partie de leur commande entre les mains.
Sur la table, les récipients de métal argentés prennent place. Le restaurateur ne met que peu de temps à s'effacer. Une main tendue vers un bhajji qui lui fait de l’œil, Tobias pose toutefois sa question.
-Cet homme, c'est une personne que je connais ?
C'est indiscret. Mais sa curiosité a été titillée. Il manque de s'étouffer avec ce qu'il vient d'introduire dans sa bouche quand la réponse fuse. Improbable et lâchée sur le ton de l'insouciance la plus complète. Là où toute personne dotée de bon sens crierait au mensonge et à la folie, Tobias ne doute même pas de la véracité de l’anecdote offerte par sa collègue. Se contente de reprendre son souffle, finalement décide d'attraper sa serviette pour y recracher ce qu'il ne parviendra à avaler sans risquer de fausse route. C'est pitoyable mais il faut bien avouer qu'il ne s'attendait pas à une telle réponse. Mafdet mange. Sans se soucier des effets de ses dires sur son pauvre collègue qui peine à regagner contenance. Cette femme, aussi déroutante qu'agaçante le prend encore une fois par surprise. Cela tend à devenir une mauvaise habitude. Toujours sous le choc, l'anglais bafouille quelques mots. Peu serein quand il songe à la suite de ce repas.
-Je suis désolé... Je dois avouer que vous m'avez prit de court. Encore... Ça devient une mauvaise habitude.
Il a chaud. Ne sait pas vraiment s'il se sent mal à l'aise où s'il est juste dérouté par la tournure que prend cette journée dont il savait qu'elle ne serait pas paisible en se levant ce matin. Son premier avis se confirme. Maryssa aurait adoré cette femme. Et si le paradis existe réellement, sa douce doit rire aux éclats en voyant son mari dans une pareille posture. L'anglais tend une main vers son verre, ignore la nourriture de peur de s'étouffer à nouveau. Il rince sa surprise à grand renfort de liquide ambré, tente de retrouver son flegme chéri. L'alcool embaume ses sens, coule dans sa gorge. Ramène un peu d'ordre dans les pensées du tueur. Songes qui glissent sur la pente dangereuse de l'égarement.
C'est aussi amusé que choqué qu'il appuie sa stupeur à voix haute.
-Neuf vies... C'est vous que avez fait naître cette expression ?
Sourire chez sa collègue. Livré avec la réponse énigmatique qui va avec. Tobias peine encore à retrouver sa neutralité, se demande si cet exercice vaut encore la peine d'être exécuté. Quand il se juge assez serein pour revenir à sa première préoccupation, la nourriture, il prend un bhajji. Le porte à ses lèvres, l'enfourne dans sa bouche après avoir murmuré quelques phrases. Des paroles qui ne brillent pas par leur profondeur, des mots simples pour décrire une vie qui ne l'a pourtant pas été. S'il ne regrette que rarement son passé, ses actes souvent sanguinaires, il sait qu'il aurait pu faire mieux.
-J'aime la routine. Les surprises sont rarement bonnes en ce qui me concerne. Comme un cycle, les ennuis reviennent. La première fois j'ai fichu en l'air quinze ans de ma vie pour tenter de reprendre le dessus. Avant de découvrir que je n'avais été rien d'autre qu'un petit pantin. Un vulgaire chien de chasse bien dressé.
Il mange sereinement. Sa collègue doit déjà se douter de ses méfaits passés. C'est comme inscrit sur son visage. Tout dans ses manières, dans sa façon de vivre trahi la rigidité d'une vie sombre. Il se tend toujours autant quand des nouvelles personnes font leur apparition dans une pièce, il s'assied toujours de manière à avoir les voies de secours dans son champ de vision. Et puis cette bosse sous sa veste le trahit chaque fois qu'il se cambre, qu'il se tend pour se préparer à agir dans les plus brefs délais pour supprimer tout ce qui pourrait devenir un possible danger. Il parle de chasse face à une surnaturelle. Sans honte ni remords. Ces sentiments hypocrites ne changeraient rien à son histoire.
Bouche à nouveau vide, il annonce ce qui ressemble à une sentence. Une forme de résilience.
-Et je n'ai pas vraiment changé. J'apprend juste à vivre avec tout ça. Parce que je sais que recommencer à agir ainsi ne changerait rien.
Le ton de sa voix s'affaiblit, s'adoucit. Après avoir vérifié que personne n'est assez près d'eux pour entendre ce qui ne doit pas être connu, il termine.
-Je pourrais faire brûler cette ville, baigner dans le sang de ceux qui y vivent que cela ne changerait rien. On ne me les rendrait pas pour autant. Je dois juste apprendre à vivre sans eux.
Un aveu. Sinistre et cru. Il ne cache rien à cette femme. Persuadé qu'elle sait déjà tout. Les morts ne reviennent pas. Jamais. Et c'est là la sentence qu'on impose aux survivants. On les force à vivre avec le souvenir, avec cette culpabilité. Celle de ne pas avoir su être là au bon moment. Si ce soir là, il n'était pas sorti pour boire un verre avec des collègues, il ne serait plus de ce monde. Parfois le soir, il regrette encore, en veut toujours au destin qui n'a pas voulu lui offrir cette chance.
-Dites moi Mafdet. Avez-vous déjà brisé des vies vous aussi ? Poussé des hommes à la folie ? Il faut combien de siècles d'existence pour s'habituer à tout ça ?
️️clever love.
Mafdet Mahes
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Sujet: Re: Infernal partenariat [PV Mafdet Mahes] Mer 24 Juin 2020 - 21:05
Infernal partenariat
Mafdet ft. Tobias
La réaction de Tobias, quand je mentionne le nom de la personne à laquelle je le compare, est un moment épique. C’est presque si le bhajji qu’il vient d’enfourner ne ressort pas par ses narines. Je n’ai pas pris de gants dans mes révélations, car c’est un homme qui n’est pas tendre avec son prochain et que de toute façon ménager les autres n’a jamais été mon fort. Je hausse un sourcil en le voyant purement et simplement recracher ce qu’il a dans la bouche comme un enfant mal élevé.
- Je suis désolé... Je dois avouer que vous m'avez pris de court. Encore... Ça devient une mauvaise habitude. - Il n’y a pas de bonnes habitudes ni de mauvaises, tout cela ne représente que les deux plateaux d’une balance. L’important est où on place le fléau. (*)
Tobias anesthésie son malaise à grand renfort de lampées d’alcool. Je le trouve en tout point intéressant. Pétri de manies de vieux garçon, sa rigidité mentale n’a d’équivalent que son flegme tout britannique qu’il soit. Il se reprend avec l’agilité d’un chat qui retombe sur ses pattes. J’aime quand la souris emprunte au félin.
- Neuf vies... C'est vous que avez fait naître cette expression ? - Il était dit en Haute-Égypte qu’après avoir trépassé neuf fois, les chats se réincarnaient en humain. Si je suis à l’origine d’une expression, cela serait celle-ci : « Il ne faut pas réveiller le chat qui dort. »
Je dis cela en passant ma langue sur mes dents. Je prends la pose, joue du mystère qui m’entoure : je m’amuse. Et il semblerait que l’ex-coincé du séant semble se détendre enfin. Comme quoi j’ai la manière d’enfoncer les portes verrouillées. Je joue de la fourchette pour déguster les mets qui nous ont été apportés. Je ne regrette pas d’avoir suivi mon collègue dans son choix. Il est un habitué, cela aurait été idiot de ne pas me fier à lui.
- J'aime la routine. Les surprises sont rarement bonnes en ce qui me concerne. Comme un cycle, les ennuis reviennent. - Logique cosmique de l’équilibre, mon cher. - La première fois, j'ai fichu en l'air quinze ans de ma vie pour tenter de reprendre le dessus. Avant de découvrir que je n'avais été rien d'autre qu'un petit pantin. Un vulgaire chien de chasse bien dressé.
Ce n’est pas vraiment du remord que j’entends dans sa voix, tout au plus le constat d’un légiste devant un cadavre ouvert de toute part. Une dissection froide de sa vie sans fausse pudeur. J’engouffre une gorgée de bière puis incline la tête d’un air entendu. Il s’imagine sanguinaire, mais même si on ramène le chiffre à un nombre de morts par année de vie, Tobias Rapier est un petit joueur. Ce qui me fait pencher la tête, c’est que lui, comme moi, nous étions tout autres à ces moments-là de notre vie. Par mes actes, j’ai participé à l’écriture de l’histoire, seulement je n’étais qu’une arme sans conscience suivant la voie du moindre mal. Et quand je vois les dérives dans lesquelles s’engage l’homme, il se pourrait bien que la source de toute vie décide de mettre un point final à cette humanité capable de faire sauter la planète qui l’abrite. Il suffirait d'un virus, un tout petit organisme qui mette le monde à terre.
- Et je n'ai pas vraiment changé. J'apprends juste à vivre avec tout ça. Parce que je sais que recommencer à agir ainsi ne changerait rien. - Le deuil peut prendre de multiples formes. Mais regarder devant et non derrière reste la meilleure des solutions. - Je pourrais faire brûler cette ville, baigner dans le sang de ceux qui y vivent que cela ne changerait rien. On ne me les rendrait pas pour autant. Je dois juste apprendre à vivre sans eux.
S’il pense me choquer, il s’égare. Mais il a raison sur un point : n’importe quel charnier ne soulage en rien celui qui le perpétue que ce soit par vengeance ou douleur.
- Dites-moi Mafdet. Avez-vous déjà brisé des vies vous aussi ? Poussé des hommes à la folie ? Il faut combien de siècles d'existence pour s'habituer à tout ça ? - Je ne le dirai pas en ces termes.
Je prends le temps d’enfourner une bouchée et de l’avaler avant de poursuivre.
- J’ai simplement modifié le cours de l’histoire. Parfois, un simple caillou sur un chemin suffisait, parfois il y avait besoin d’un génocide pour préserver la vie sur cette planète.
Le regard de Tobias se fait inquisiteur. Mes paroles sibyllines le laissent sur sa faim.
- Je ne connais pas ma date de naissance, c’était il y a longtemps et le calendrier n’était pas le même. Mais en un peu plus de cinq mille ans, j’ai vu tant de fois la roue de la vie repasser par les mêmes points : naissance, croissance, mort, que la question n'est pas de s’y habituer. La violence est le propre de l’homme. Les remords : une perte de temps et d’énergie.
J’agite la bouteille de bière vide pour que le patron des lieux m’en ramène une pleine.
- Les gens me trouvent hautaine, désabusée, effrontée ou tout bonnement culottée. Mais, même si je n’ai plus la capacité de voir les différents futurs possibles à partir d’une action donnée, je sais déjà comment cela va tourner. Je vis comme si on m’avait absolument tout spoilé. Alors, j’anime mon quotidien comme je le peux.
Je fais un clin d’œil à Tobias. Aujourd’hui, il en a fait les frais. Arrive le moment du dessert.
(*) : Fléau : partie centrale qui détermine l’axe d’équilibre.
Il hésite entre manger et garder toute sa concentration rivée sur sa collègue et les réponses qu'elle pourrait être prête à lui donner. Ce qui n'est pas le cas de Mafdet qui quant à elle, continue à dévorer sans se soucier du trouble britannique. Tobias fait preuve d'un culot sans bornes, pose des questions qui peut être ne trouveront pas de réponses aujourd'hui, ni même un autre jour. Il est presque surpris quand la brune ouvre la bouche. Réponse évasive, trop pour le chasseur qui se découvre plus curieux qu'il ne l'aurait pensé. Habituellement il ne intéresse que très peu aux avis des gens qui l'entourent. C'est sa manière à lui d'évoluer dans ce monde sans qu'on ne lui impose des conseils qui sont souvent des ordres mal dissimulés. Son train de vie, sa façon d'être ne fait que rarement l’unanimité. Avec les années il a apprit à ne plus compter sur ses pairs, ne plus donner de force à leur jugement.
Toutefois son regard se fait surpris, presque troublé quand Mafdet parle de l'histoire d'un monde passé. Il se demande inconsciemment depuis combien de temps la féline évolue sur terre. Assez pour avoir connu Bonaparte. Vieille chose, presque une relique. C'est ce qu'est la professeure de chimie. Curieux choix que cette matière alors qu'il lui aurait été si aisé d’enseigner la matière la plus passéiste qui soit. Pour ne pas poser la foule de questions qui éclot dans sa cervelle, pour laisser le temps à l'autre de lui en dire plus, il occupe sa bouche. Arrache un morceau de chapati, le plonge dans le curry de saumon afin d'enfin commencer à savourer son exquis repas.
Ses sourcils se froncent tandis qu'il mâche sa nourriture, ses lèvres closes, barrière infranchissable qui empêche son étonnement de fuir quand elle avoue son âge. Relique antique. Il ne peut toutefois pas contredire sa collègue quand elle parle de violence et de l'inutilité des remords. L'anglais ne s'excuse jamais, persuadé que des paroles ne sont pas assez fortes pour supplanter les actes passés. La violence... Il ignore toujours qu'elle aurait été sa vie si rien n'avait changé il y a maintenant seize ans. À l'époque son tempérament était déjà glacial, mais c'est un des rares points communs qu'il a conservé avec son moi passé. Il ne fumait pas, ne buvait pas. Sa sœur le croit encore doux comme un agneau, incapable de faire preuve de violence. Il faisait parti de ceux qui fuient les conflits et même aujourd'hui, il évite de sombrer dans la colère. Persuadé que ce sentiment ne sert à rien. Ceux qui passent leur temps à crier, à se révolter finissent par perdre tout crédit aux yeux des gens qui les entourent.
Tobias demeure muet. Tait ses défauts quand sa collègue liste les siens. Ils en partagent certains. Les plats se vident. La bière asséchée est remplacée par une de ses sœurs, pleine cette fois. On remet deux doses d'alcool dans le verre de l'anglais. Habituellement on devrait lui en emmener un autre mais il a un jour dit à Dev qu'il trouvait cela inutile. Le manque de tact dont il avait usé fait que le restaurateur s'était mit à agir de la manière demandée par son client sans rechigner.
À avoir trop vécu en marge de la société, l'anglais y a perdu tout ses repères. Depuis qu'il vit dans cette ville il apprivoise l'humanité. Cherche comment s'y habituer, comme y évoluer au mieux sans toutefois perdre ce qui fait de lui Tobias Rapier. Odieux professeur de littérature qui le soir venu polit un tabouret de bar avec son postérieur.
La féline agrémente ses dires d'un clin d’œil malicieux. Froisse une nouvelle fois le flegme de Tobias. Il n'essaie même pas d'étouffer ce sourire qui caresse ses lèvres. C'est un peu de vie qui anime son visage fait pour la noirceur.
-Je pourrais dire que cela m'ennuie. Mais ce ne serait pas aussi juste que je le souhaite. Disons que l'expérience a été amusante. Enrichissante. J'ai réussi à me convaincre que le rôle du Grinch était fait pour moi. Mais il semblerait qu'on ait tous une Cindy Lou au fond de nous.
Le plus grand soucis de l'anglais dans toute cette histoire, c'est le nombre de témoins qu'a eu leur petit jeu. Il s'est senti honteux, gêné par cette mise en avant qu'il ne contrôlait plus. Laisser une tierce personne gérer le jeu de sa vie n'est plus dans ses habitudes. Cela impose de savoir faire preuve de confiance, assez pour parvenir à se relâcher pendant quelques heures. Quinze ans à laisser Gabriel tout contrôler, tout maîtriser l'ont vacciné. Un réveil tardif et des conséquences qui auraient pu s'avérer funestes. Il peine à s'ouvrir, ne cherche plus à le faire hormis avec quelques personnes dont il sait qu'elles ne le trahiront pas à la première occasion venue. Alessandro est sur cette courte liste, Wesley aussi. Tobias ne peut ranger sa propre famille dans cette catégorie. S'ils savaient... S'ils doutaient de ses actes passés, ils le dénonceraient aux autorités. Des preuves, il en existe pour qui saurait où chercher.
Le chasseur soupire, inspire. Plonge sa petite cuillère dans l'halwa de carottes. Plat commun avec sa collègue. La cuisine indienne pousse naturellement à la convivialité. Il savoure le sucre tiède contre sa langue, les effluves de cardamome qui percent derrière la douceur du légume. Avale avant d'ouvrir la bouche pour rebondir sur les révélations offertes par celle qui lui fait face.
-La vie spoilée. Vous auriez pu finir professeure d'histoire. Même si j'aimerais pouvoir prévoir certaines choses j'apprécie aussi la spontanéité. J'ose encore croire que demain le destin sera moins cruel qu'hier. Mais je ne suis pas devin. Jeremie est mon second prénom. Ma mère a choisi ce nom, car elle disait qu'elle avait deviné qu'elle aurait cinq enfants. Je pense surtout qu'au bout d'un moment, elle manquait d'idées pour nommer ses enfants.
Les coupes de métal argenté poli se vident. Repu, Tobias achève de boire son verre tandis que sa collègue fait de même avec sa bière. Il pourrait lui poser des questions, laisser sa curiosité poindre de toute part, chercher à savoir de quoi demain sera fait. Si Wesley et Alice iront bien. Si son doux libraire sera bientôt de retour. Des demandes égoïstes qui ne concernent que son bonheur à lui. Mais ce n'est là qu'un faux défaut. Chaque Homme veut savoir de quoi son lendemain sera fait avant de s'inquiéter du sort des autres. On ne postule pas tous à Miss Univers et la paix dans le monde est un objectif naïf.
Il ouvre la bouche. Il serait si simple de demander tout en espérant gagner une réponse. Quand Dev revient débarrasser, Tobias demande deux thés épicés. Machinal dans le commandement. Son regard noir passe sur le visage de sa collègue. Croise une paire de billes d'un vert presque irréel. Puis il se lance. Se doutant intérieurement que ses questionnements n'auront comme réponse, qu'un simple sourire de chat.
-J'ai une petite fille. Elle a huit mois. J'aimerais savoir de quoi demain sera fait. J'ai déjà perdu un fils et je suis effrayé à l'idée de voir le passé recommencer. Quand je rentre le soir, quand je la retrouve je veux oublier que j'ai été un monstre moi aussi. Je n'ai que 44 ans mais mon espérance de vie est plus réduite que la vôtre. Mon nombre d'essais possibles est quasi-nul.
Deux tasses fumantes arrivent sur la table, un pot de jaggery leur tient compagnie. Tobias fauche l'addition, montre qu'elle est pour lui. Il a dit à sa collègue qu'il l'invitait, a choisit le restaurant. Il ne va tout de même pas chercher à partager la note.
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Mafdet Mahes
Meute & Clan : Hale's pack Âge du personnage : 50 siècles / 34 ans
Brumes du futur : Druide methamophe Meute & Clan : Turner's familly Âge du personnage : 50 siècles / 43 ans
L'Anglais a concédé à perméabiliser ses remparts. Je suis passée en force sur le campus, éventré ses défenses, révélé un homme au final si peu différent de ses contemporains. Il se pense à part, à cause de ses origines, de sa famille, du drame qu’il a vécu, la façon dont il a géré ce deuil. Il s’est forgé un personnage, comme dans un jeu de rôle dont la principale caractéristique serait une déchéance élégante, quand il se sait observé. Une déchéance tout court quand il se terre dans sa Mercedes haut de gamme pour picoler. J’ai bouleversé ses codes, réussi à le mettre en défaut. Passe-temps de chat qui égaye sa journée avec le martyr d’une souris. Acte gratuit qu’un artiste qualifierait d’art de vie, et qu’un biologiste rangerait dans la case des entraînements à la chasse. Le demi-sourire qui effleure ses lèvres révèle une victime qui sourit de ses propres déboires. Brave souris qui suit le jeu honorablement.
- Je pourrais dire que cela m'ennuie. Mais ce ne serait pas aussi juste que je le souhaite. Disons que l'expérience a été amusante. Enrichissante.
Quel esprit méthodique qui met en mot un échec pour le présenter comme une épreuve enrichissante. Expliquer et thésauriser plutôt que de subir gratuitement.
- J'ai réussi à me convaincre que le rôle du Grinch était fait pour moi. Mais il semblerait qu'on ait tous une Cindy Lou au fond de nous. - Ce rôle vous arrange, Tobias.
Je n’ai pas la bienveillance d’une Cindy. Mon collègue se livre, mais sa gestuelle est là pour rappeler l’homme de manies qu’il est. La façon dont il utilise ses couverts, son geste pour prendre l'halwa sans en mettre sur la table. Un précieux désuet et démodé. Tobias est tout en décalage, une distance qu’il pense confortable. Sauf que la vie, tel un vent capricieux, s’ingénie toujours à vous coller un papier gras sur le visage, ou une fiente de pigeon sur le crâne.
Ou un chat dans les pattes...
Ceux qui souffrent le plus des turpitudes de la vie sont ceux qui pensent les éviter en vivant en marge de celle-ci.
- La vie spoilée. Vous auriez pu finir professeure d'histoire. - Barbant ! - Même si j'aimerais pouvoir prévoir certaines choses j'apprécie aussi la spontanéité. J'ose encore croire que demain le destin sera moins cruel qu'hier. Mais je ne suis pas devin. Jeremie est mon second prénom. Ma mère a choisi ce nom, car elle disait qu'elle avait deviné qu'elle aurait cinq enfants. Je pense surtout qu'au bout d'un moment, elle manquait d'idées pour nommer ses enfants.
Le repas touche à sa fin et à la faim du professeur. L’appétit d’appréhender un futur serein tout en s’offrant la surprise de le découvrir. L’antinomie entre ne pas vouloir savoir tout en se souhaitant que du bon. J’hésite à demander une troisième bière, mais cela heurterait le tempo de ce moment dans une prolongation inutile.
- J'ai une petite fille. - J’ai senti. - Elle a huit mois. - J’ai senti aussi.
Il sent le vomi et la Mitosyl.
- J'aimerais savoir de quoi demain sera fait.
Mauvaise idée.
- J'ai déjà perdu un fils
Oui, parfois certaines couvées sont éliminées d’office pour le bien de tous. Qui sait si Mini Rapier n’aurait pas terminé en dictateur…
- Et je suis effrayé à l'idée de voir le passé recommencer.
Si le premier enfant s’est vu rayé de la carte pour une raison majeure, cela augmente le risque. Seulement, chaque individu est unique et n’est pas aussi nuisible que sa fratrie, même s’il existe parfois des courants familiaux héréditaires. La gamine n’est pas de son sang, elle a des chances, ses chances…
- Quand je rentre le soir, quand je la retrouve je veux oublier que j'ai été un monstre moi aussi. Je n'ai que 44 ans
Gamin !
- Mais mon espérance de vie est plus réduite que la vôtre. Mon nombre d'essais possibles est quasi nul.
Son espérance de vie vient d’augmenter quand il se saisit de la note avec l’intention de ne pas la partager. Je serre ma tasse de thé entre mes paumes. Je reconnais les attentes de mon collègue, celles de la majorité des gens quelques soit l’époque ou le pays : un peu de bonheur pour le temps qui lui reste à vivre, le droit à un répit, une remise de peine sur sa dette sociale, une part du gâteau. Je souris. Je lui dirais bien ma vision sur le destin et le libre arbitre, vu que j’ai occupé l’essentiel de ma vie à interférer dans la vie des gens. Ce dernier existe, mais concerne une population qui regroupe les gens banals, assez fades de caractère. Ils ont leur destin entre leurs mains parce que justement ils n’utilisent pas le plein potentiel de cette liberté. Par contre ceux qui vivent leur temps de vie intensément…
- Carpe diem, Tobias. Attendre le bonheur revient à passer à côté. Profitez de cette chose qui pourrit vos nuits, ruine vos reins et flingue l’effet de votre eau de parfum hors de prix. Si cette aliénation à ces poids morts est votre saint Graal.
En chiards, je ne tolère que Ian, un peu Troy car il a le regard de Dick. La maternité n’est pas concevable pour moi pour plusieurs raisons. Redevenir mortelle m’avait fait me pencher sur la question. Je suis la dernière atlante. La civilisation qui m’a vu naître a été rayée de la carte. Pas de vestiges comme pour les Égyptiens, ou les civilisations précolombiennes. Enfanter serait contredire une décision majeure. Mon peuple était nocif pour la planète, il s’éteindra avec moi. Puis quand je vois comment Dick est tourné en bourrique par sa progéniture… Non, vraiment, je n’ai aucun souhait de maternité. Puis je doute que ma matrice marche, la capote efficace est une invention récente.
- Profitez de votre fille avant qu’un pedobear ne lui fasse la peau à huit ans, avant qu’un boy-friend la vende pour une tournante avec ses potes à dix-huit et qu’elle termine par crever d’une overdose à vingt ans dans une ruelle sordide la jupe relevée, du foutre plein les cuisses. Se biler sur le futur efface le présent.
À la gueule que tire le professeur, je crois que son repas vient de lui revenir au bord des lèvres. Il avait oublié que je reste un chat à la franchise pragmatique. Il s’est rembruni, peut-être confus de s’être autant livré.
- Vivre chaque jour comme si c'était le dernier. Parce qu'un jour, ce sera vrai.
Crispation britannique sur cette déformation d’une citation de Marc Aurèle.
- Vous ne le savez peut-être pas, Tobias, mais vous êtes quelqu’un de bien. Peut-être pas pour les braves gens qui nous entourent, pas avec leurs critères.
Mais aux miens où la notion de mal ne s’appuie pas sur les mêmes bases. L’argent de mon collègue file dans les caisses du restaurant. L’heure de se quitter arrive.
Sa main entoure sa tasse de thé, la chaleur se diffuse, enveloppe ses longs doigts d'un cocon qui pourrait être rassurant. Mais ce n'est pas le cas, cette conversation qui aurait pu rester anodine ne l'est pas. Fait remonter en lui des angoisses qu'il ne parvient à enfouir au plus profond de son être tracassé par les vils imprévus que peut mettre la vie sur la voie de sa destinée. Quand enfin il s'offre une longue gorgée, il a bien du mal à apprécier les parfums de sa boisson. Une ébauche de sourire grimaçant tente de se faire une place sur ses lèvres. Un saint Graal, c'est en effet de cette manière qu'il voit ce petit bout de demoiselle qui a fait une entrée fracassante dans sa vie il y a quelques mois. Dire qu'il ne voulait pas d'elle, pire encore qu'il a osé la rendre à ce gens qui passent leur temps à gérer des orphelins. Tout ça pour essayer de la protéger. Une belle erreur. Il lui aura fallu frôler la mort une fois de plus pour comprendre où se trouvait sa faute.
Il aime cette petite fille qui égaille sa vie morne de ses rires, de ses caprices et de ses bêtises. Glisser sur un jouet abandonné sur le tapis du salon, manquer de se briser la nuque en chutant, être réveillé à quatre heures du matin à cause d'une poussée dentaire. C'est là que demeure sa joie. Comme un salut pour son âme noircie par les malheurs passés et la mort. Il se sent plus léger, a à présent envie de voir la fin de ce repas se précipiter pour qu'on lui octroie la permission d'aller retrouver sa petite. Il lève la main haut, tente de terminer sa tasse de thé au plus vite, doigt dressé comme à l'habitude. Étrange manie encore une fois. Reste d'une éducation voulue parfaite mais plus désuète qu'autre chose. L'anglais fait généralement tâche au milieu de ses congénères. Il aime cette idée, ne pas être comme son voisin, affirmer par des gestes précieux et des manières qui le sont tout autant sa différence. Déférence totale à la maniaquerie qui parfois lui attire des sobriquets qui brillent par leur justesse.
Hautain, poli, coincé. L'anglais est à lui seul un ramassis de clichés sur les gens qui partagent sa nationalité.
Puis son repas manque de lui échapper. Par l'orifice normalement dédié aux entrées. La sortie de service habituelle est bien loin de la bouche, mais les pensées qui traversaient son esprit étaient elles aussi bien loin des paroles que prononce sa collègue. Alors qu'il compte ses billets, qu'il calcule le pourboire, Tobias se fige, blêmit quand un futur horrifique prend forme dans son esprit. Son bébé n'en est plus un dans la bouche de cette femme qui se fait soudainement plus odieuse qu'elle ne l'avait jamais été durant cette matinée qui s'est achevée il y a peu de temps. L'anglais hésite entre fureur et horreur, mais cette dernière prend rapidement le dessus sur tout le reste. Il rive sur la féline son regard le plus noir, sa bouche se tord, prend un pli compliqué quand la brune en rajoute une couche au cas où le message ne serait pas bien passé en déformant une citation bien connue de Marc Aurèle.
-Je... Je crois que j'ai compris le message. Et que c'est inutile d'en ajouter. En fait j'aimerais que vous cessiez.
La sueur glacée coule le long de sa nuque, il peine à garder son calme lui qui pourtant ne vit que pour le contrôle. De nombreuses limites ont été franchies aujourd'hui et celle-ci était celle de trop. Rien ne lui convient dans ces façons de faire, mais il a comprit le message. Ses doigts se déplient autour des billets qui sont à présent froissés. Puis ces petits bouts de papier qui ont tant de valeur dans leur civilisation où tout peut s'acheter terminent près de l'addition.
Quelqu'un de bien il l'ignore lui même. Bien et mal, notion étrange. L’une ne peut exister sans l’autre, c'est sans doute pour ça que Dieu lui même a poussé son fils favori hors de son domaine pour le faire gardien de celui où les ténèbres règnent. Car sinon tout cela n'aurait eu aucun sens. Tobias aime les références bibliques. Il ne croit plus en grand chose mais il trouve toutes ces paraboles, toutes cette vieilles histoires pleines de sagesse. Pour qui sait les comprendre, même les pires histoires peuvent contenir une fin heureuse.
Alice est sa fin heureuse. C'est aussi simple que cela.
Alors qu'ils quittent le restaurant, que devant l'université leurs chemins se séparent, que leurs vies sont sur le point de retrouver leur normalité. Un concept qui dans cette ville ne veut pas dire grand chose. Il lève les yeux vers cette femme qui aura le temps d'une journée, de quelques heures brisé une partie de ses défenses.
-C'était instructif. Plus pour moi que pour vous je présume. C'est je pense vrai. Si je reste figé sur hier et que j'ai peur de demain je ne peux donc profiter d'aujourd'hui. Logique simple, mais à force on finir par penser tout savoir.
Les certitudes sont confortables c'est un fait. On s'y enterre, on s'y terre car la routine est rassurante.
-C'est je pense une réussite. On a trouvé matière à transposer. Alice était une surprise. Je pense que la vie vous en réserve aussi. Des cafouillages du destin. Prenez garde à ne pas passer à côté. Ce serait dommage.
Il se surprend lui même, tend une main vers sa collègue. Un peu de peau contre la sienne pendant une fraction de seconde. Il ne risque rien en agissant de cette manière, juste de paraître plus aimable qu'il ne l'est. Puis il file sans demander son reste. Il y a dans cette ville son saint Graal qui patiente chez sa nourrice. Avec un peu de chance il sera là avant l'heure de sa sieste, n'aura pas à la réveiller pour partir. Puis ils iront se promener, pas au Pink cette fois. Un instant vrai. Vivre aujourd'hui car demain il sera trop tard pour savourer toutes ces choses qu'ils ont à s'offrir.