Caracole O'brien
Brumes du Passé : Humain Meute & Clan : L'église Âge du personnage : 18 ans
Meute & Clan : Shepherd's Pack Âge du personnage : 18 ans
Alias : Bisouloup Humeur : Neutre Messages : 1446 Réputation : 149 Localisation : À Beacon Hill, entouré de sa meute et ses amis.
| Sujet: Caracole O'brien et ses textes sans grandes envergures. Mar 10 Fév 2015 - 14:10 | |
| Je poste le prologue de mon histoire, même s'il doit être revisiter pour certain élément un peu trop fouillis à mon gout, mais vu que la correction ne sera faite qu'après l'écriture totale de l'histoire, bin il faudra être patient. PS : c'est une version corrigé, mais il peut rester des fautes. Chapitre 1 : Entrée en scène - Spoiler:
Le cinéma Yūrakuchō affichait complet pour cette soirée exclusive, consacrée au réalisateur Jiro Yuuki et son tout nouveau film « Ombre et Lumière ».
Devant les portes, une foule enthousiaste s’était pressée pour découvrir l’extrait qu’on diffuserait. Pourtant, les élus avaient déjà été choisis lors d’une précédente émission. Jiro Yuuki, avec ce premier long métrage fantastique, prenait le risque de faire couler l’encre des journalistes et surtout de faire fuir sa clientèle habituelle. Mais ce revirement plaisait à Daichi Ikuta – un homme d’une quarantaine d’années, les cheveux grisonnants, coupés courts, un visage et un corps fins.
Sur sa droite, son fils, Yusuke, dix ans, avec de longs cheveux sombres et une silhouette identique à celle de son père, observait l’écran avec attention.
L’un des personnages du film, Evee, jouait sur le sentier de la jungle d’Okinawa. Trop concentré à lutter contre les démons imaginaires qu’il s’était inventés, le jeune galopin ne remarqua pas les hurlements de ses parents ni le troupeau mélangeant des chiens, des chats, des loups et des renards foncer sur lui.
Yusuke s’agrippa, le cœur battant, aux accoudoirs de son siège gris, priant pour qu’il n’arrive rien à l’enfant. Il clignait des yeux, par peur de le voir mourir, mais aussi de rater un passage important. Ses yeux le piquaient, il avait envie de pleurer. Hors de contrôle, Jiro sentit sa jambe trembler. Un mouvement qu’il ne maitrisait pas. Comme s’il arrivait à mettre son stresse dans ce geste.
Depuis la première apparition de l’acteur, il l’appréciait comme le frère que sa mère n’avait pu lui donner. Son caractère, à la fois enfantin, hyperactif et tête en l’air, plaisait au jeune spectateur qui était son total opposé. C’était pour cela que Yusuke, les yeux grands ouverts, désirait entrer dans le film pour projeter le bambin hors de la trajectoire des animaux, mais son désir arrivait trop tard. La horde était déjà sur lui et l'inévitable se produisit : Evee fut piétiné avant d'avoir pu esquisser un geste pour s'écarter.
Attristé par la disparition du garçon du même âge que lui, il pleura à chaudes larmes. Son frère de cœur n’existait plus, tout comme sa mère. Sa mère qu’il avait perdue en deux mille onze. Dans sa tête, tout se mélangea. Il ne voyait plus la déferlante d’animaux, mais une vague déferlant dans les rues de sa ville… Evee n’était plus sur l’écran. À la place, il y avait sa mère. Elle s’étouffait à chacun de ses cris. L’eau rentrait par sa bouche, son nez. Puis, plus rien, elle n’existait plus…
— Maman…
Daichi, sous le murmure de son fils, sursauta. Pour le consoler, il lui prit la main et la serra. Il comprenait son désarroi. Ce déferlement d’animaux sur l’acteur ravivait en lui une plaie à peine refermée. Une foule de souvenirs douloureux qui remontaient à la surface. Le Tsunami qui avait ravagé leur demeure, sa femme emportée par les flots. Lui, tout seul, au milieu des décombres, son fils dans les bras... Les cris effrayés des familles proches de sa maison. Tout resurgissait d’une traite. Daichi se demandait pourquoi il était venu voir ce film… Son fils venait de le lui rappeler…
— Je suis là, Yusuke…
Daichi ne le lâchait plus ; ses yeux le piquaient. Il se mordit la lèvre pour tenir bon.
Chérie… pensa-t-il.
Après ce jour tragique pour le Japon, Yusuke avait commis bêtise sur bêtise pour attirer l’attention ; l’enfant souriant n’existait plus. Durant cette période, Daichi recevait plusieurs appels par semaine de l’école. Le comportement de son fils devenait ingérable et les professeurs s’en plaignaient souvent. Le père était perdu. L’éducation, c’était sa femme qui s’en chargeait. Et Yusuke était en train de le rendre fou. Jusqu’à ce beau jour où son fils retrouva la joie, sans savoir comment ni pourquoi. Il devait avoir fait son deuil. Tout changea. A l’exception du onze mars, la date fatidique. Chaque année, au cours de la nuit qui suivait ce jour, Yusuke se réveillait, complètement perdu, et appelait sa mère.
Lorsque Yusuke eut séché ses larmes, Daichi put reprendre le cours du film. Les images défilèrent devant ses yeux.
Le héros de l’histoire, Kazuya, se relevait après avoir poussé sa femme loin de la folle course des animaux. Il cherchait ses enfants. Tous étaient là ! Non, il en manquait un : Evee ! Kazuya hurla, imité par sa femme…
Happé par cette histoire dramatique, Daichi oublia tout ce qui se passait autour de lui. Le jeu d’acteurs était sublime. Daichi partageait l’horreur vécue par ce père. Ô combien, il la comprenait ! Chaque geste, chaque mot lui rappelaient son propre comportement quand le tsunami de deux mille onze avait avalé sa femme. Mais surtout, une question se posait : peux-tu vivre sans ton enfant ?
Perdre Yusuke ? Jamais… Je n’y survivrais pas. Je n’ai plus que lui...
Il écrasa les doigts de son fils.
— Papa, tu me fais mal !
Les spectateurs se retournèrent sous le cri de Yusuke et lui intimèrent le silence.
— Pardon…
Daichi retira sa main. L’extrait se terminerait bientôt. Conquis, ils iraient voir le film. Les phrases sonnaient juste. Les actions réalistes prenaient aux tripes.
J’aurais réagi de la même manière… songea-t-il.
*
Loin derrière la famille, Masumi, une journaliste trentenaire aux longs cheveux teintés de roux, étudiait le film en détail. Son regard se posait partout, traquant toutes les failles et incohérences du scénario, comme un professeur à l’air sévère. En voyant les premières images – cette nature sublimée, ces tremblements de terre, ces animaux, cette fumée qui s’évadait d’une fissure et ce nuage, formé dans le ciel, qui anéantissait la prairie –, elle s’interrogea :
Pourquoi faire du fantastique alors qu’il s’était affirmé dans le genre dit « tranche de vie » ?
Elle griffonna sa pensée sur le papier, notant un titre par-dessus : revirement bon ou mauvais ?
La scène changea. Un tourbillon brouilla l’image qui se fixa sur l’orée d’une jungle. Une famille avec trois enfants – deux garçons et une fille – se baladait sur la piste, encerclée par une végétation luxuriante et sans point faible.
Elle rajouta : Longueur. Présente, car nouveauté ?
Une scène la choqua : Kazuya, déboussolé, s’enfonçait dans la forêt tropicale humide pour retrouver son fils, Evee, laissant sans protection ses deux autres enfants et sa femme.
Masumi mordilla son stylo.
Étrange, songea-t-elle, je ne serais pas partie à sa recherche… Surtout qu’à côté, sa famille était perdue. Le réalisateur aurait pu l’exposer plus longtemps ? Montrer que la mère téléphone au pompier, à l’armée ? Là, on dirait juste que les trois filles n’ont aucune jugeote.
Elle écrivit sur la feuille : délaisser sa famille ? La police serait plus à même de le retrouver. Ne reste pas assez longtemps sur certains événements… Film pour le moins étrange, conclut-elle.
Elle encercla ces cinq derniers mots.
Attendons la suite… En espérant que ce ne soit pas tiré par les cheveux… Un scoop ? Je verrai avec l’interview de demain…
Masumi jubila : un scoop ? Elle réfléchissait à la structure de l’article. L’introduction débuterait sur cet avis pour tenir son public en haleine. Puis, elle formerait la chronique ce samedi.
L’extrait se termina sur un gros plan de Kazuya. Il disparut dans la verdure éternelle. Puis, la nature s’évanouit à son tour. L’écran se teinta de noir. Par-dessus, des caractères japonais dévoilèrent le titre et le jour de sortie du long métrage : Ombre et Lumière, le six décembre dans vos salles.
Au même moment, un homme âgé monta sur scène et s’inclina devant une immense salle sans aucune place vide. Un public à l’écoute, mais déboussolé par l’arrivée soudaine de la lumière.
— Bonjour à tous ! Et merci d'être venus pour ce spécial « retour de Yuuki Jiro » avec le film « Ombre et lumière ».
Heureux, il se détourna des spectateurs. Un portrait sur l’écran dévoila l’invité du jour. Un homme, la trentaine, fixait ses fans. Il souriait comme s’il voyait les deux cents personnes présentes dans la salle. Ses cheveux marron en bataille le faisaient ressembler à un hérisson.
— Mais avant de le rencontrer en chair et en os, une petite page de publicité.
Signature ! |
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