Une leçon pas comme les autres. {Feat Will et Kada PNJsé}

J'espère que ma nouvelle exception ne sera pas un fiasco. Lorsque cet homme m'a présenté sa pupille, j'ai d'abord été réticent. Si les enfants en groupe sont motivés et s'entraident, les cours particuliers pour les jeunes majeurs et les adultes n'ont apporté qu'une perte de temps. Contrairement à Andy, je dois avoir du mal à enseigner aux plus âgés. La curiosité des enfants est plus vive que celle des adultes. Même les questions sont souvent plus pertinentes chez les jeunes. Peut-être que je n'utilise pas la méthode adéquate pour les majeurs..

Mais cet homme, Shepherd, donne l'impression d'être de lui quant à l'envi de la rouquine. Et malgré un départ laborieux, elle s'est montrée rapidement concentrée avec des réflexes précis et naturels. J'évite quand même d'avoir trop d'espoir qu'en a son assiduité. Même si une partie de moi souhaite sincèrement travailler avec cette jeune. Elle me ressemble beaucoup. Du moins, il y a 4 ans quand j'avais son âge.

Nous avions convenu, avec Willem, qu'il assisterait a l'un des cours. Je n'y avais jugé aucune raison de refuser. J'en suis même content. Ça démontre quand même une certaine implication. Je ne sais juste pas quand il viendra. Quand il aura une heure de libre sans doute. Nous arrivons à la fin de la leçon du dernier groupe. Kada'an ne devrait pas tarder.

-Nathan. Tu seras mon adversaire demain. J'ai remarqué une certaine colère que je n'aime pas. Je vous souhaite une excellente soirée à tous. Prenez soin de vous et de votre famille.

Il incline la tête, et ses élèves répondent de la même manière. En me retournant, je distingue ma nouvelle élève. Kada’an semble parfaitement ponctuelle. Cela fait quelques leçons qu’elle est toujours là légèrement en avance. Willem est là lui aussi.

-Bonjour Mademoiselle Ravewood. Vous êtes toujours à l'heure. Bonjour Monsieur Shepherd. Vous avez finalement pu venir ? Question purement rhétorique. S'il n'avait pas pu, il ne serait pas là.

-Bonsoir. Oui. Je travaille au Pink Print. Donc la ponctualité, c'est important. J’y suis serveuse. Je ne vous ai jamais vu…

- je ne suis pas du genre à aller dans ce genre d’endroit.. Les bars ne me plaisent pas vraiment.

La jeune fille part se changer pendant que je parle aux parents. Lorsque je remarque le père de Nathan, je m'approche de lui et le salue. Il est quelque peu énervé.

-Bonsoir monsieur. Est ce que tout se passe bien chez vous ?
-ça ne vous regarde pas !
-pardonnez-moi, mais Nathan n'est pas tout à fait lui-même en ce moment alors si quelque chose ne va pas…
-Quand on vous dit que ça n’est pas vos oignons, n'insistez pas !

Je m'apprête à lui dire de me parler sur un autre ton quand Kada’an, qui a fini de se changer, se pointe à côté de moi. Un air étrangement sévère sur le visage.

-Quand ça ne va pas quelque part, ça se ressent dans ce qu'on fait. Et j’en sais quelque chose. Si le professeur demande, c’est que votre fils risque de se blesser. Il est trop tendu. Tout ce qui va lui arriver, c’est de se faire mal. Donc quand on vous demande gentiment si tout va bien, ne répondez pas de cette façon. Ça prouve juste qu’il y a quelque chose de louche. Et je pourrais parfaitement appeler un ami de ma meu...gnonnes petite famille. C’est un officier de police.

L’homme est parti avec son fils pendant que moi, je fixe la jeune femme, surpris. Je n'aurais pas cru qu’elle puisse être si calme. Du peu que j’en ai vu, c’est une fille tout ce qu’il y a de plus sauvage. Mais je vois ses poings serré. Elle est en colère. Génial… J’étais justement en train de me dire le contraire… Ça va être difficile, je sens.

-Bon Kada’an. Aujourd’hui, on va apprendre à ressentir et à écouter l’énergie autour de toi. Tu gères habilement les coups, les esquives et les parades, mais tu es bien trop prévisible. Je pense que cette leçon sera intégrée assez vite. Même si on l’apprend normalement bien plus tard.

-Je ressens déjà l’énergie autour de moi.
- mais est-ce que tu l'écoutes ?

La jeune femme penche la tête sur le côté, lui donnant un air mignon. Je lui souris puis lui demande de s'asseoir à même le tatami.

-Ton souci, c'est que tu te sers de l'énergie négative autour de toi. Il y en a une autre. Plus subtile et plus difficile à sentir. Elle te permettra de ne pas foncer comme un buffle. Mais plutôt comme un léopard. Seulement, la trouver demande de la concentration.

Pendant que je parle, je commence à faire des mouvements lents, ressemblant au tai chi. Mouvement que je sais ridicule la première fois qu'on les observe.

-Je sais que le père de mon élève t'a énervée. Je vais te demander de te concentrer sur ce sentiment négatif. Je veux que tu cherches autour de toi ce qu’elle t’apporte. Écoute cette colère.

Je laisse faire Kada’an qui vient de fermer les yeux pour se concentrer. Bien. Je la laisse assise au milieu de la salle et lui tourne le dos. Après quelques minutes, je l’observe de nouveau. Elle est comme je m’y attendais. Tendue, les poings serrés, la mâchoire crispée.

-Bien, ça, c’est la manière dont tu gères tes sentiments négatifs. Dis-moi, comment tu te sens ?

-Mal..

-c’est légitime. Maintenant, je souhaite que tu ailles boire de l’eau. L’hydratation est importante pour la suite.

En fait, ce n’est pas si vital que ça. L’eau va adoucir cette crispation due à la colère et elle se sentira un peu mieux. Lorsque elle revient, je l’attends assis en face de l’endroit où elle se trouvait tout à l’heure.

-Maintenant, je veux que tu m’oublies. Tu as judicieusement observé mes gestes ?
Elle dit oui de la tête.
-Bien, je veux que tu les reproduises. Tu es seule, personne ne te trouvera ridicule. Je sais ce que c’est, mais rassure toi. Concentre-toi sur ta colère, tout en effectuant les mêmes mouvements. Et tant, qu’ils ne seront pas fluides, tu vas souffrir. Et comprendre la difficulté de ce qu’on trouve tout idiot au début. Ne pense à rien d’autre qu’a la colère qui t’anime et aux gestes que tu dois faire le plus lentement possible.
-Vous êtes sûr que je vais y arriver ?
-Oui.

Kada’an prend une longue respiration, ferme les yeux et débute les mouvements. Ils sont saccadés, trop violents et ne ressemblent à rien. Mais je ne prononce pas un son. Elle doit trouver seule la bonne énergie. Personne autre qu’elle peut le faire.

Le temps passe, et je n’arrive pas à me libérer pour assister à l’un des cours de Kada’an au dojo. Je ne voulais pas passer trop tôt non plus, pour que le professeur ait matière à me dire ce qui va et ne va pas, et que la jeune louve trouve aussi ses marques dans cette nouvelle activité que je lui impose. J’espère de tout cœur que ce sport va l’apaiser. Seuls Mady et Tobias sont conscients de nos difficultés financières. Amance semble planer sur un nuage, je ne souhaite pas la stresser avec des questions d’ordre matériel ni le reste de la meute non plus. J’ai toujours vécu en bohème, si cela ne tenait qu’à moi, je ne ferai aucune réfection dans la maison. Mais j’ai conscience que Tobias ne peut pas vivre comme je l’ai fait ni Amance. La sédentarité impose d’autres règles, une autre normalité à laquelle je veux bien me plier pour le bien de la meute.

L’inscription au dojo vient de manger le budget peinture, que j’avais prévu pour ma chambre, afin de ne pas imposer à Amance ces murs ternes auréolés d’anciennes taches d’humidité. J’irai voir à la déchèterie. Je sais qu’ils mettent de côté les fonds de pot. Avec un peu de chance, je trouverai de quoi faire ma chambre. Et avoir des murs de couleurs différentes peut faire tendance. Oui, bonne idée ! Dire à Amance que c’est fait exprès. Je rajoute ça sur ma liste, de toute manière je dois y aller pour fouiller dans la benne des câbles électriques.

(…)

Le gars de la déchèterie m’a à la bonne ! En échange du dépannage de sa voiture, il me met de côté ce dont j’ai besoin. Aussitôt sa proposition énoncée, je l’avais inondé d’une liste longue comme le bras. J’ai donc récupéré plein de pots de peinture, dont certains sont à peine entamés, beaucoup de blanc et d’autres de couleurs fauves ou gris. La maison ne ressemblera pas à une cantine mexicaine ! J’ai fait le plein de câbles électriques, de planches pour des étagères, une vieille commode qui sera magnifique une fois poncée et repeinte. Je décide de faire une pause dans mon bricolage après les cours pour accompagner ma bêta à son cours au dojo.

- Bonjour, réponds au professeur. Oui, j’ai pu me libérer.

Shin Kiyomizu souligne la ponctualité de Kada’an. Je note l’information. Ma pupille précise qu’elle a l’habitude de tenir des horaires avec son travail au bar d’Alessandro. Je constate que ce travail est finalement structurant. Cela ne pourrait pas être possible ailleurs. L’Italien sait la cadrer et Kada’an lui fait confiance. Tout tourne autour de ça : la confiance. Je pense que les arts martiaux sont à mène de lui apporter de la confiance en elle. C’est important pour que ma bêta s’épanouisse et vaut largement l’accroc que cela fait à mon porte-monnaie. Je garde le sourire. Ce n’est pas l’argent qui me préoccupe le plus, mais que la grossesse de Poussin se passe bien.

Je suis surpris de la réaction de Kiyomizu. Il est à peine plus vieux que Kada’an et affirme ne jamais aller au bar. Je me demande quel genre de divertissement il a. Aller au bar ne signifie pas forcément picoler. Une bonne partie de la clientèle de l’après-midi au Pink tourne aux sodas et boissons chaudes. Pendant que ma pupille file aux vestiaires pour se changer, je vais m’asseoir sur un banc à côté d’une maman.

De l’autre côté, le professeur semble avoir maille à partir avec un parent. Un père qui semble irrité. Je regarde ailleurs pour ne pas paraître impoli, mais difficile de ne pas suivre leur conversation et cela sans avoir recourt à mes sens de loup. Il y a de toute évidence un malaise dans cette famille. Je grimace, Kiyomizu est trop intrusif dans sa formulation, accusatif avec son « alors si quelque chose ne va pas… », sommant l'autre de s'expliquer devant tout le monde. Ensuite, ce ne sont pas mes affaires, sauf que Kada’an s’en mêle. Elle prend la défense de son professeur, ce qui est honorable. Mais elle aussi enfonce le clou, accuse le père déjà bien énervé terminant de bloquer le dialogue. Elle ne lui a pas balancé son poing dans la figure ! Je vais prendre cela pour un progrès…

Le cours commence. Kiyomizu annonce une vérité que je connaissais déjà : la capacité guerrière de Kada’an. Elle a été entraînée à se battre, pas étonnant donc qu’elle aborde cette nouvelle discipline avec un net avantage sur un parfait débutant. Quand il parle de sentir l’énergie, je m’intéresse un peu plus en posant mes coudes sur mes cuisses. Je réprime un rire à la réponse de ma pupille.

- Mais est-ce que tu l'écoutes ?

Bien vu ! J’écoute l’explication que donne le professeur. Chacun sa manière d’exprimer cela, énergie, flux, aura… Personnellement, je parlerai plus de forces, celles de la nature, de la terre et du vent, de l’eau et du soleil, les éléments qui créent la vie. Kiyomizu commence à exécuter une danse lente, je reconnais un peu les gestes que pratiquait l’une de mes tantes. Un sourire naît sur mes lèvres, avec la bande des cousins, nous l’imitions grossièrement, planqués derrière une caravane. Elle nous entendait rire, pourtant elle demeurait imperturbable. J’avoue que parfois elle m’impressionnait. Elle me manque, comme tous les autres.

J’observe Kada’an se concentrer sur sa colère comme le demande son professeur. J’ai envie de dire une connerie à voix basse pour la déconcentrer, mais décide à l’inverse de suivre les exercices de respiration qui suivent. J’écoute la voix calme et posée du professeur.

(…)

- Will !
- Hum…
- Will !

Je baille à me décrocher la mâchoire, m’étire les bras au-dessus de la êtes avant de réaliser où je me trouve… Je me suis endormi sur le banc dans le dojo. Kada’an enfonce pour la troisième fois son doigt dans ma joue.

- Pas mort !
- …

Je regarde l’heure sur mon portable et constate que j’ai dormi pratiquement pendant tout le cours, bercé par la voix de Kiyomizu. Kada’an secoue la tête, puis file se changer dans les vestiaires. Je me lève et m’approche du professeur pour m’excuser.

- Je suis navré, j’ai voulu suivre vos exercices. Je fais un piètre élève. Par contre, j’ai eu le temps de constater que c’est très positif sur Kada’an !

Codage par Libella sur Graphiorum

Après une bonne dizaine de minutes, les mouvements de Kada'an se rapprochent d'avantage à ce que j'attends. Ils ne sont pas parfaits. C'est toujours brouillon, mais ça devient calme. Je suis impressionné, pas tant par la rapidité à laquelle elle écoute ce qui se passe autour d'elle. Si je ne la croyais pas capable, je ne serais pas partie si tôt sur cette leçon. Mais par sa capacité à reconduire le bon schéma de mouvements dès la première tentative alors qu'elle ne m'a vu qu'une fois le faire et que je ne lui ai même pas demandé de se concentrer sur cela. Elle l'a fait d'elle-même. Je souris et commence à me dire que ce n'est pas une mauvaise idée de travailler avec elle.

-C'est très bien. Tu peux arrêter. Comment te sens-tu maintenant ?

Kada'an se retourne lentement et observe autour d'elle. Son regard passe devant l'homme endormi et elle se retient de rire malgré elle. Puis elle repose son regard sur moi et inspire profondément. Ses yeux sont brillants d'un bleu profond. La lumière du soleil sans doute. Quand elle tourne la tête, ses yeux ont leur intensité habituelle.

-Je me sens.. Calme. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose de lourd. Mon cœur est plus serein. C'est surprenant. Ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti ça.

Je la regarde un instant et me gratte la tête. Avais-je vraiment rêvé pour ses yeux ? Enfin, après tout, j'ai Andy qui ronronne et Nathan qui parle avec son sabre..  Je peux bien avoir une éleve qui à une teinte de pupille qui change d'intensité avec la lumière. Ce n'est sans doute pas le plus étrange.

-J'ai un dernier exercice avant que tu rentres chez toi avec ton tuteur. Je veux que l'on combatte, mais cette fois, je veux que tu te serves de ce que tu as appris.

Elle acquiesse et se place en position offensive. Je joue son jeu et prends une pose défensive. Ça ne m'étonne même pas qu'elle veuille attaquer. Je guette donc et l'observe. Elle fait pareil. Premier changement. Elle ne fonce pas de suite. Je note mentalement cette évolution.
Puis elle se lance dans la bataille. Ses mouvements sont retenus, mais ils sont encore guidés par son instinct sauvage. Je pare sans chercher à la déstabilise. Comme pour son test d'écouter l'énergie, elle doit trouver son bon rythme. Après un moment d'observation, je dois me faire à l'évidence. Soit c'est encore trop tôt, soit elle n'a pas compris. Donc, après deux dernières parades, je l'esquive et fini par la faire tomber. Une main sur son épaule, je marque la fin du combat.

-Tu es encore trop sur l'attaque brute. C'est normal, c'est le début. Je suis même rassuré que tu n'es pas évolué plus vite. Tu as déjà de bonnes bases. Et j'ai trouvé notre ce que nous allons étudier maintenant. Le cours et fini, mais j'aimerais parler avec Monsieur Sherpherd.

-Je vais le réveiller....

Elle marche calmement jusqu'à son tuteur et là.. En l'appelant, mon élève lui fourre son doigt dans la joue. Une fois. Deux fois. Il se reveille, et observe autour de lui. Se souvenant sans doute ou il est. Pour la forme sans doute, Kada'an enfonce son doigt pour une troisième fois dans la joue de l'homme. Je me retiens de rire et attends qu'il se réveille bien assez pour m'adresser la parole.

-Ce n'est pas vraiment une fatalité. Je me suis aussi souvent endormi pendant mes cours.. Bon, comme j'étais élève, le réveil était un peu plus rude... Pour l'instant, Kada'an apprend vite. Je commence à cerner son problème et je le comprends. Aillant moi-même eu une forte colère se transformant facilement en violence. J'ai eu la chance d'être accompagné plus jeune cependant. J'espère être à la hauteur de ce qu'elle à besoin pour se séparer de cette pression douloureuse.

Mon Sensei n'a pas pu m'enseigné tout ce qu'il savait. Et je suis encore très jeune. Je n'ai pas l'expérience d'un grand-maître. C'est peut-être pour cela qu'enseigner aux plus jeunes est plus simple. J'apprends avec eux. Je fais des erreurs, mais elles sont facilement corrigeable. Au vu du niveau de Kada'an, je n'ai pas le droit aux erreurs.

-Je ne vais pas travailler sur le combat avec elle. Je crois que c'est une force qu'elle connais bien. Je vais principalement l'aider avec ses émotions. Je suppose que c'est la partie qui coince. Le cas de Kada'an est assez similaire à mon cas, malgré une grande différence que je n'arrive pas à voir.

Je me sens bien couillon devant le professeur de Kada’an. Je donne une bien piètre image du tuteur que je suis censé être. Toutefois, il prend ma mauvaise conduite avec philosophie. Il bascule ensuite sur le comportement de ma bêta. J’acquiesce quand il parle de colère contenue qui se traduit par de la violence.

Je suis maintenant parfaitement réveillé. Quand j’écoute le professeur, analyse le ton de sa voix, le choix de ses mots, je confirme avoir eu une bonne idée en conseillant à Kada’an la pratique de ce sport.  Restait l’inconnu avec le professeur, mais Shin Kiyomizu malgré son jeune âge semble avoir gagné la sagesse de ses maîtres. Cela me donne l’espoir que ma pupille ira mieux dans un futur pas trop lointain. Le Sensei m’explique qu’il ne va pas travailler les formes de combats avec elle. Il s’est rendu compte que Kada’an n’avait plus grand-chose à apprendre, sinon une forme d’art qu’elle n’a pas encore la maturité pour espérer l’apprendre.

- Elle a eu une enfance compliquée. Elle a appris à se battre dans les plus mauvaises conditions. Sa principale difficulté est bien de contrôler ses émotions.
- Le cas de Kada'an est assez similaire à mon cas, malgré une grande différence que je n'arrive pas à voir.

Je hausse les épaules. L’homme est perspicace, seulement je ne peux pas lui donner les éléments qui manque à son raisonnement. La dimension surnaturelle doit rester cachée. Tout comme la maltraitance physique et psychologique que ma pupille a subie. Ceci doit rester dans la sphère du privé.

- Elle a besoin de temps pour oublier ce qu’aucun enfant ne devrait vivre. Kada’an est solide et d’une nature foncièrement joyeuse. Elle a simplement besoin de reprendre confiance dans les autres. Il y a des changements notables dans son comportement depuis qu’elle vient ici. Comme lorsque la dernière part de tarte lui passe sous le nez à la maison.

Je souris. Cela semble amuser le professeur, mais il n’y a pas si longtemps, c’était une source de conflit qui pouvait dégénérer grave avec Tobias. Kada’an revient des vestiaires sur cette entrefaite. Je me tourne vers le professeur et m’incline à la japonaise.

- Merci pour ce que vous faites. Ma pupille est entre de bonnes mains. Je suis rassuré.

Je suis surtout rassuré que monsieur Kiyomizu soit toujours en un seul morceau.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je suis loin d'avoir la sagesse de mon sensei. Pourtant, une présence se fait sentir chaque fois que je dois prendre une décision importante. C'est peut-être qu'une impression. Mais elle est toujours rassurante et réconfortante. Je me fais davantage confiance lorsque je ressens cette omniprésence. Cette fois, pourtant, ce n'est pas réellement un choix qui me pose problème. Ça fait un moment que j'ai accepté l'idée de former une jeune adulte. C'est plutôt cette étrange impression de passer à côté de quelque chose d'important. Pourtant, ma curiosité est freinée par la présence de mon sensei. "Les choses arrivent quand elles doivent arriver. Sois patient Shiny." Bien.

Willem m'explique vaguement que la vie passée de Kada'an n'est pas radieuse. Apprendre le combats dans un environnement malsain n'est jamais bon. La rage prend aisément le pas sur la raison. Nous amenant fréquemment à commettre des actes ignobles. L'image de moi gamin en train d'étrangler sa mère émerge dans mon esprit et mes poings se serrent malgré moi. C'est là que tout à changer pour moi. Le jour et j'ai failli assassiner ma mère. Après cela, ma sœur fut placée en famille d'accueil. Moi, je suis parti retrouvé celui qui est devenu mon sensei.

Quand l'homme poursuit la parole, je me retiens extrêmement fort pour ne pas baiser les yeux. C'est inconscient. Je suis encore jeune malgré mon statut de professeur. Immature sous plein d'aspects, je sais parfaitement bien que mon contrôle actuel n'est qu'un voile pour cacher qui je suis. Après tout, j'enseigne à des enfants à se battre. Avec une philosophie, c'est vrai. Ça n'enlève pas le terme "combattre" pour autant. Je ne peu pas m'empêcher d'être amusé par la fin de la remarque de Willem. Si une part de gâteau suffit à énervé la jeune fille, je me demande dans quelle embrouille, j'ai failli me lancer à notre première rencontre.

-Oups.

Sous le regard de l'homme qui ne semble pas suivre ma réflexion, je comprends que j'ai parlé à haute voix. Sur d'avoir murmuré pourtant. Je hausse les épaules.

-Disons qu'a notre première rencontre, j'ai jeté son téléphone sur les tatamis, lui demandant d'aller le récupérer. Avec moi au milieu bien sûr.

La jeune femme revient. Le regard qu'elle me lance est à la fois amusant et effrayant. Elle ne m'en veux quand même plus j'espère ? Je me gratte la tête, confus. Mais elle m'offre un grand sourire et je m'apaise. Ouf. Monsieur Shepherd me fait l'honneur de me saluer à la manière japonaise et ça me touche infiniment. Je m'incline à mon tour.

-Disons que j'essaie d'être à la hauteur de celui qui m'a appris.

Ce n'est pas encore gagné. Surtout si j'envoie valser les téléphones de mes élevés..

Le jeune professeur reste modeste, il cite ses maîtres et d’être à la hauteur de ce qu’ils lui ont enseigné. Comme quoi la sagesse n’est pas une question d’âge, mais d’état d’esprit.

- Merci encore de votre patience et dévouement.

Kada’an salue son professeur et me suit à l’extérieur. J’attends que nous soyons installés dans l’Impala pour lui donner mon impression.

- Il me semble parfait, ce jeune. J’avais une réserve quant à son âge quand je suis venu me renseigner, puis je me suis dit que le faible écart en années avec toi pouvait être une bonne chose.

Comme une mauvaise, si ma bêta prenait la mouche de se faire diriger par quelqu’un d’à peine plus vieux qu’elle. Mais, cela ne semble pas être le cas. Je démarre et m’insère dans la circulation. Aux feux suivants, je vois l’enseigne du Texmex.

- Ça te dit des enchiladas au menu ? Mady est de garde, on mangera ce qu’elle a préparé demain. Et on pourrait aussi prendre du guacamole. Des fajitas ?

(…)

Nos achats reposent sur les cuisses de Kada’an, l’habitacle de la voiture sent la nourriture mexicaine, mon ventre grogne.

- J’ai faim !

Lorsque nous arrivons à la maison, Keanus et Tobias ont des mines réjouies de voir que l’on ne va pas manger le repas équilibré préparé par Mady.

- On fait une partie de ping-pong après ?

[Fini pour moi ]

Codage par Libella sur Graphiorum

Fin du RP

Le cours et terminé. Assise sur le banc du vestiaire, je souris. Je commence à apprécier cette routine avec le professeur. Ça n'empêche pas que je le trouve étrange. C'est sans doute son éducation japonaise. J'observe les photos et les dessins affiché sur les casiers des enfants qui se sont approprier le lieu comme elle le veulent. J'ignore si chez les garçons s'est pareil. Mais les filles ont décoré leur endroit comme elles le veulent et je trouve ça magnifique.

Je prends une douche lentement. Laissant les deux hommes discuter de ceux qu'ils veulent. Je ne suis pas incertaine d'avoir envie de savoir ce qu'ils disent sur moi. Je me change et fini par retourner retrouver mon alpha et mon prof. Ils parlent encore et je leur affiche un large sourire. Par inconscience et naïveté sans doute, je vois en Shin une nouvelle attache pour évoluer. Je suis heureuse que Will m'ait envoyé ici.

Je dis au revoir à Shin et suis Willem dans la voiture. Je soupire de soulagement en posant mes fesses sur le siège passager de la voiture. Je ferme les yeux un instant avant de sourire à la remarque sur l'âge du Japonais.

-Il est un peu surprenant. Et je crois que c'est une bonne chose d'avoir pris un savon par Aless et d'avoir discuté avec toi avant d'être venu ici... Je ne veux plus blesser des gens. Il t'a parlé de mon téléphone ? J'étais prête à appeler Richard. Je n'y aurait même pas pensé avant d'être allé me faire frapper au hangar.

Après quelques minutes de route, Will me propose une chose vraiment intéressant... De la bouffe qui ne comportent des légumes que pour le goût !

-Oh... Bien sûr que oui ! Ça fais longtemps que je n'en ai pas mangé ! Tob' et Keanus vont être contents aussi !

Je récupère nos sacs de courses et renifle l'odeur qui emplit la voiture. Ça sens bon ! Mon ventre grogne et j'ai hâte qu'on arrive à la maison.

-Moi aussi !

On arrive à la maison, et tout le monde est ravi de ce repas. Une partie de ping-pong... Je suis épuisé, mais j'avoue que l'idée me plaît.

-Avec plaisir !

La bouche pleine, je suis contente de ne plus être dans cet état de mal-être profond qui me bouffait à petit feu depuis trop longtemps.