Queersploration urbaine

Queersploration Urbaine ω Noah I. Bishop

Mon footing terminé, j’ai filé sous la douche. Je ressors de la salle de bain embuée. Une fine brume dans mon sillon, je me dirige vers la chambre. Grâce aux merveilles de la domotique, j’ai le temps d’interroger mon intelligence artificielle personnelle sur les activités touristiques de Beacon Hills. Ma montre vibre et, au moment où je saisis mon téléphone, les 7 attractions incontournables de la ville sont déjà affichées à l’écran. Je me fige un instant sur place, en me disant que cela commence très mal. En première place au palmarès : le musée du cheddar. Quel genre de bled paumé a un tel musée? Quel genre de pignouf en ferait la visite? Mon doigt glisse sur l’écran pour faire défiler la suite. Deux cafés, dont j’enregistre les adresses, et deux bars passent sur l’écran. Je m’arrête en voyant le nom suivant : Eichen House. À en juger par l’image, on croirait une installation représentant une maison – ou un ancien pensionnat – hantée. La description m’indique qu’il s’agit plutôt d’un institut psychiatrique toujours actif. Sympa, et pas du tout étrange comme attraction... Je sens bien que l’auteur de ce blog a eu un mal de chien à trouver des choses intéressantes à lister dans cette bourgade perdue. Je soupire en me disant que la dernière suggestion ne peut être pire.

Le poste de police! Évidemment, j’aurais dû m’attendre à un truc du genre. Il fallait me prouver que j’avais tort...On croirait à une mauvaise plaisanterie destinée à garder les gens hors de ce trou perdu. Je m’assois sur le lit. En quelques mouvements du pouce, je retourne sur les résultats de ma recherche. J’y sélectionne un autre site. Puis un autre. Les listes se ressemblent, alternant simplement, au niveau de la restauration, entre trois des différents cafés, une poignée de restaurants – dont un qui semble avoir subi un attentat terroriste il y a peu –, deux bars et deux boites de nuits. Un établissement vacille même entre ces deux dernières catégories. Il s’y trouve souvent des mentions d’un lac, et de la forêt entourant la ville. Elles sont ponctuées de mises en garde conseillant de se montrer prudent, en raison de la faune sauvage particulièrement agressive. Ensuite, le musée du cheddar apparaît sur chaque liste, avec des éloges hyperboliques autant que des critiques vilipendantes. Parmi les trucs incroyables se trouvent également l’hôpital et les matchs de lacrosse du lycée. Le campus y est parfois également mentionné, ce qui m’intrigue : rien ne semble indiquer qu’il se distingue du reste des établissements similaires qui parsèment la nation.

Après un long soupir, je laisse tomber mon portable sur les draps. Je me lève et vais enfiler un boxer de sport, bourgogne, puis une paire de shorts gris en chino, une chemise blanche aux fines rayures bleues et une paire de socquettes de sport. Je vérifie l’heure sur ma montre, ainsi que le moment du rendez-vous dans l’historique de conversation avec ce Noah. Je l’ai trouvé courageux d’utiliser un site de rencontre pour chercher quelqu’un avec qui découvrir cette "ville". Certes, il s’agit d’une rencontre, mais c’est loin d’être du type auquel on s’attend d’abord sur ces réseaux.  Je lui ai admis être un relativement nouvel arrivant, mais ai offert d’explorer Beacon Hills à deux. Cela peut m’être utile, à moi aussi. Toutefois, je ne me serais pas donné ce tracas si sa photo de profil n’avait pas été mignonne, je dois bien l’avouer. J’espère simplement qu’il ne s’agisse pas de l’un de ces mythomanes qui se contentent de mettre une photo trouvée sur le net, ou celle de leur chanteur favori, et que son avatar rende justice à son minois.

J’ai encore bien suffisamment de temps pour prendre un second petit-déjeuner – après les céréales de ce matin, c’est un shake protéiné qui m’attend – et retourner à la salle de bain pour un moment de coquetterie. J’ai taillé ma barbe hier soir, et mon torse l’avant-veille. Il ne me reste donc qu’à me coiffer et choisir une eau de Cologne. Mon nez sensible s’est habitué à cette odeur particulière, mais je ne m’en asperge tout de même que très légèrement. Au contraire de certains humains qui semblent s’y trempé toutes les heures. Je souris à mon reflet, et ajuste mes vêtements Je m’installe ensuite devant le téléviseur. J’ai encore le temps d’un ou deux épisodes avant de devoir me rendre au lieu de rendez-vous.

J’ai décidé de laisser la voiture devant l’appartement. Non seulement, nous nous retrouvons assez près de chez moi, mais si notre but est d’explorer, il vaut mieux être à pieds. C’est pourquoi je porte des tennis en toile blanche, compromis entre confort et style. C’est également pour cette raison que mon vélo est sagement resté à la maison. Mes lunettes aviateur sur le nez, j’arrive au lieu de rendez-vous avec une minute d’avance. Moins de trois minutes plus tard, je vois un jeune homme marcher dans ma direction. Il semble correspondre au profil avec lequel j’ai discuté. Je m’avance vers lui en tendant la main, sourire aux lèvres.

« Noah?  Jay. Enchanté! »

Dès que j’ai la confirmation de son identité, je m’étire le cou pour lui faire la bise. Cela n’est pas dans mes habitudes, mais quelque chose chez lui me l’inspire. Nous sommes sensiblement de la même taille, et il semble plus jeune que moi. Ce qui m’indique qu’il n’a pas menti sur son profil, ni posé une photo datant d’une autre ère. Ce qui aurait paru dans la qualité de celle-ci, il faut dire.

« Tu vas bien? Y a-t-il une activité particulière qui te plairait ou préfères-tu qu’on se balade tranquillement et qu’on arrête si on trouve un truc intéressant? J’ai fait quelques recherches, et je t’avouerais que le musée du cheddar ne me tente pas particulièrement. »

Quant au poste de police, à l’asile ou à l’hôpital, c’est tout simplement hors de question.

« J’ai noté l’adresse de quelques cafés qui avaient de bonnes recommandations, si tu préfères qu’on s’assoit d’abord pour discuter de notre plan. » Ou comment transformer un truc complètement innocent en parodie de date en une phrase.

Queersploration urbaine

ft. Jay Knezevic.

“I don't have a dirty mind, I have a sexy imagination.”

Un réveil pourtant bien aux aurores réveillera notre cher Noah d'un rêve probablement des plus ôsés.  Un jus de fruit éveillera son esprit tandis que la douche fumante lui éveillera le corps. Une fois finalement "frais", il se dirigera vers ce qui semblerait être son dressing, dans un fond sonore d'electro swing. Un tas de cartons empilés et un portant plein à craquer d'habits des plus simples aux plus extravagants. Il fallait choisir pour cette journée quelque chose de simple, car la marche était de mise pour cette journée d'exploration urbaine.

Un pantalon de type jeans gris, s'accordera finalement à des boots chelsea brunes, pour souligner une chemise lie de vin, et une veste de blaser en lin écru. Pour parfaire le look. Le miroir sera spectateur de quelques produits coiffants, tout d'abord la cire, qui sera suivie d'une brume hydratante, pour terminer avec une couche de laque fine, pour que la coiffure ne bouge pas de la journée. Un trait de liner blanc souligne ses cils noircis, et ses paupières ombrées d'un brun léger. Finalement, un parfum aux notes de Yuzu, Bergamotte, fleur de sakura et poivre du sichuan viendra  humecter son corps de la seule façon valable de mettre du parfum : sprayer devant soi, et avancer dans la brume parfumée pour parfumer son corps, et ses habits.

Enfin, vinrent les lunettes de soleil se glisser dans la pochette de la veste, en cas de soleil trop présent. Un dernier coups devant le miroir pour vérifier que rien n'avait bougé. Finalement prêt, il finira par descendre de l'immeuble par l'escalier, et vérifier une énième fois ne pas avoir oublié les clés. Un coup rapide sur son smartphone lui montera quelques adresses des plus improbables à Beacon Hills à visiter. Il semblerait que cette exploration doive se passer de la manière la plus sportive : visiter sans aide des internets. Retard, ce mot retentissait dans sa tête, il était à la limite d'être en retard, il devrait se dépécher. Un regard rapide cette fois pour les message du fameux Jay, qu'il espérait ne pas être un de ces fake profils et se retrouver avec un dépos de lapin. Il commencera par avancer nonchalammentavant de se rendre compte qu'il avait déjà deux minutes de retard, il se dépêche, et trouve finalement un bel homme attendant quelqu'un sur le trottoir, fort ressemblant aux photos du profil avec qui il avait discuté.

- Noah?  Jay. Enchanté!

Une main tendue.. peu habitué à tant de formalité, il viendra lui claquer une bise sur la joue gauche, suivie par la droite.

-C'est ça, ravi que tu ne sois pas un de ces faux profils.. Enchanté également.

Il semblerait qu'il n'avait pas trop incommodé Jay par ses bises, point positif pour ne pas s'engouffrer dans un silence torturé pour le reste de la journée.

- Tu vas bien? Y a-t-il une activité particulière qui te plairait ou préfères-tu qu’on se balade tranquillement et qu’on arrête si on trouve un truc intéressant? J’ai fait quelques recherches, et je t’avouerais que le musée du cheddar ne me tente pas particulièrement.  

Sa voix l'avait de prime abord peut-être impressionnée, mais il s'en accomode finalement rapidement, et dépasse ce stade de l'habitude.

- Et bien.. oui merci, nuit écourtée pour notre rencontre, mais tout va bien. Si tu veux, le plus simple serait probablement de se balader et s'arrêter au lieu opportun, car les internets n'engagent effectivement pas grand chose de bien intrigant, sauf si un asile est un lieu divertissant. Le cheddar, c'est bon en cuisine, mais pas vraiment pour visiter un musée qui y est dédié, surtout dès le matin.

Il fallait dire qu'il agissait souvent comme un moulin à paroles, probablement un certain stress mêlé à une certaine excitation.

- J’ai noté l’adresse de quelques cafés qui avaient de bonnes recommandations, si tu préfères qu’on s’assoit d’abord pour discuter de notre plan.

Un café, choix intéressant, il fallait dire que Jay n'avais en aucun cas l'air de quelqu'un qui ne soit aucunement désirable aux yeux de Noah.

- Comme tu veux, on peut toujours s'arrêter à un café, pour en déguster un et faire plus ample connaissance.

Manque probable de barrières, ou de subtilité, ou comment dire inconsciemment au bel-homme devant soi qu'il nous plaît.

Codage par Libella sur Graphiorum

Queersploration Urbaine ω Noah I. Bishop

Au risque de me répéter : j’ai affaire à un mignon. C’est tant mieux, car il est toujours plus flatteur d’être vu en belle compagnie. Une sorte d’effet cumulatif.  Si nous n’étions pas en public, ce serait différents. Je mentirais si je prétendais avoir des attentes aussi élevées pour m’amuser que lorsqu’il m’est venue la drôle d’idée de me mettre en couple. J’ai dormi avec mon lot de blèches et je peux témoigner que la grâce physique n’est pas indicatrice de celle de l’intimité. Les mecs malplaisants peuvent même y être aussi plaisant que n’importe quels autres, et sont pour cette raison des coups d’un soir tout à fait honorable. Il suffit de poser les termes et conditions avant de s’aventurer : certains peuvent se montrer rapidement attachés.

Alors que je me redresse, la proximité de nos visages me permet de remarquer la touche de maquillage qu’il porte, et de humer le parfum dont il exhale. Il ne sent pas mauvais. Derrière les arômes végétales je perçois son musc naturel. Une fragrance qui ne m’apparaît aussi entièrement humaine que la mienne. Cela ne me choque pas, et je décide de taire cette information : le sujet sera probablement abordé de lui-même, en temps et en lieux. C’est toutefois avec une certaine surprise que je l’entends dire tout haut ce que tout le monde pense dans cette situation. Je ne prends pas la peine de lui confirmer que je ne suis point un faux profil. Il y a des limites à la pertinence de souligner l’évidence, après tout. Je prends plutôt l’initiative de la conversation et de l’horaire de nos activités.

Je souris lorsque mon interlocuteur me parle de sa courte nuit. J’ai conscience d’être un mec plutôt matinal. Cela n’est manifestement pas le cas de Noah. Si j’en suis amusé, c’est surtout en raison de mon appétence déjà par deux fois sustentée, et non pas parce que je pose un quelconque jugement sur sa personne. Des goûts et des couleurs, comme l’on dit. Surtout qu’il me semble avoir lu que la génétique joue un rôle dans les cycles du sommeil naturels à chacun. Je hoche de la tête à sa suggestion de se balader simplement. Cela tombe entièrement sous le sens et me convient parfaitement.  Mes yeux se plissent, alors que je repose mes lunettes sur mon nez. Mon amusement augmente sans que mon sourire ne le trahisse, alors que je constate à sa tirade que Noah est un bavard. Il faut dire que je ne laisse présentement pas ma place non plus. Là où je perçois une nervosité chez mon vis-à-vis, c’est plutôt un désir d’efficacité qui motive ma loquacité.

La balade est donc une excellente idée. J’ai tout de même envie d’une petite friandise. C’est pourquoi j’offre d’aller prendre un café à Noah. Enfin. Si mon idée première était de s’y asseoir pour poser les choses à plat, l’envie de promenade me gagne comme un feu de paille. Mon comparse n’a pas sitôt terminé d’accepter mon offre, non sans que j’y perçoive un certain intérêt, que je propose moi-même une modification à mon idée précédente. Une sorte de compromis avec sa suggestion, à la différence qu’un réel compromis implique un sacrifice.

« Nous pourrons les prendre pour emporter et discuter en marchant. Il y a quelque chose que tu cherches à découvrir en particulier dans la ville? Ou alors tu as un hobby? »

Après tout, je ne connais rien de ses intérêts, outre le peu que j’ai retenu de sa fiche en ligne. Il pourrait être corniste et se chercher un orchestre avec lequel jouer, ou être fanatique d’équitation, par exemple. Rien ne m’empêche de croire qu’il cherche une boutique d’artisanat pour se procurer des tissus ou d’autres babioles s’il est un adepte du DIY. Peut-être est-il simplement un jeune homme comme tant d’autres, à la recherche du meilleur restaurant, ou du café le plus branché, en ville. Après tout, c’est tout aussi important de bien alimenter son fil Instagram que son corps. Par contre, il y a une chose avec laquelle je puis facilement l’aider.

« Si tu cherches une salle de sport, je suis ton homme! »

Je lui lance un clin d’oeil. Bien que masqué par les verres fumés, le mouvement de mon visage laisse certainement comprendre mon geste au charmant. Sans hésiter ni tergiverser une seconde de plus, je lui saisis l’épaule et le dirige vers un petit café où je vais souvent. J’ai pu constater ce matin-même que c’était également le seul en ville à avoir plus de quatre étoiles. Nous marchons quelques mètres sans que je ne lui lâche l’épaule. Lorsque enfin je la retire, c’est pour la laisser glisser sur sa hanche : il est évident que je ne laisse pas Noah indifférent. Si je sens que je le rends inconfortable, je n’hésiterai pas à rapatrier ma main. Mon regard passe du trottoir sur lequel nous avançons à son visage. D’un sourire, je l’encourage à poursuivre la discussion. Après tout, n’est-il pas question de faire plus ample connaissance?

Queersploration urbaine

ft. Jay Knezevic.

“I don't have a dirty mind, I have a sexy imagination.”

-Hm.. Rien de particulier, découvrir la ville dans sa globalité, les lieux branchés, où faire la fête, s'amuser, se poser tranquillement ou encore faire du sport..

Essayer de faire la conversation, ou comment assommer un homme de trop de questions pour lui prouver un certain intérêt sans trop en montrer non plus. Noah ne faisait pas trop dans le silence.

- Oh ! si ! Le café, il est plutôt dans le côté Starbucks de la force, ou plutôt diner planplan du Texas, avec seulement café noir, et possiblement du sucre ? J'avoue avoir un faible pour le côté Starbucks, j'ai envie de fantaisie, d'originalité dans mon café.. Par exemple j'adore la cannelle.. Et toi tu aimes la cannelle ? Pardon.. je parle trop haha

Un certain stress semblait le prendre, la bonne compagnie semblait le rendre anxieux, il commence probablement à sombrer dans une sorte de stress qui finalement se dissipera par la proximité la main du charmant qui glissera sur sa hanche, comme un appel à la détente.

-Oui à emporter c'est bien aussi, pour se balader c'est parfait.

Perdu dans ses esprits, Noah commençait sûrement à fredonner l'air de la musique qu'il écoutait plus tôt en s'habillant, rattrapé par la réalité et ayant entendu la phrase du bel homme, il finit par répondre à la positive en acquiesçant, de peur d'être incommodant par l'affluence de syllabes qui s'échappaient de ses lèvres. Mais finira par répondre par peur de montrer un désintérêt à la question.

Comment pouvait-il parler de sport, quand il était probablement une des personnes à la fois les plus sérieuses, et feignantes du monde. Il fallait dire que l'heure était à la nouveauté, et ça ne serait pas forcément mauvais de changer d'air, surtout si c'est accompagné du charmant qui l'accompagne aujourd'hui.

- Tu es mon homme alors ! Il faut que je change d'air, que je me vide la tête, j'ai lu quelque part que le sport était parfait pour ça. Qu'en penses-tu d'ailleurs ?

Oui, il fallait dire que pour déguster les mets du coin qui n'allaient probablement pas être des plus diététiques dans une petite ville, il fallait bien savoir dépenser ces calories absorbées pour ne pas prendre trop de poids, garder sa tonicité ne devrait pas être trop compliqué, c'est à espérer.

- Par contre, je suis un néophite.. Il faudra y aller doucement au début si tu ne veux pas me tuer.

Il pouffait de rire, il fallait dire que faire du sport n'était pas forcément sa plus grande passion. Manger, ou encore la mode, c'est ça qui est une plus grande préoccupation pour lui. Le sport, c'est plus annexe. Porter des talons, des sequins ou des paillettes, ce n'est pas une passion, c'est un Art de vivre. Tout est dans la nuance. La subtilité, et le savoir-doser. C'est comme ce qu'on dévoile de nos corps, on peut montrer la poitrine ou les jambes chez une femme, mais si les deux sont exposés ça peut virer au vulgaire. Maintenant il faudra savoir doser les paroles, les actes, et le style. Savant mélange d'équilibre, de fantaisie, et d'ennui. Le charmant à côté du plus jeune jaugeait probablement moins sur la parole que sur les actes. Il semble à l'aise, tactile, ou encore assuré, ce qui n'a pas l'air d'être le cas du jeunot.

- Tu sais, ces genres de bonbons super connus à halloween.. Les corn quelque chose.. Enfin bref, t'aime ça toi ?

Les candy corn.. Ces bonbons soit adorés soit détestés, sujet de discorde parfois, de plaisanteries pour d'autre.. Mais là plutôt un sujet de discussion léger pour essayer de paraître intéressant. Le charmant en face de celui-ci semblait tellement l'impressionner qu'il voulait se rendre intéressant pour essayer d'égaler sa présence.

- Tu crois que cette journée va bien se passer, j'veux dire question météo, amusement.. J'ai peur de pas assumer de marcher toute la journée sans me plaindre d'avoir mal aux pieds tu vois ?

Il pouffe de rire à nouveau, peut-être l'humour est un moyen pour lui de cacher son anxiété, ou avait-il vraiment peur de ne pas être assez intéressant pour le bel homme face à lui ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Queersploration Urbaine ω Noah I. Bishop

La réponse de ce Noah me permet de constater rapidement qu’il est plutôt du type fêtard. Je dois admettre que je peux l’imaginer sans mal, de quelques années plus jeune, rejoindre une fraternité universitaire et prendre part à plus de fêtes qu’il ne serait décent de le mentionner au parent moyen. Il aurait la tête de l’emploi, et c’est quelque peu l’énergie qu’il me semble dégager.

J’ai bien compris dans mes recherches qu’il n’y a qu’un seul bar gay dans la bourgade, le Jungle. Les autres établissements, dont le Pink Print, semblaient également gay-friendly, si je puis me fier aux commentaires en ligne et à certaines photos diffusées avec ceux-ci. Il me semble un peu tôt, toutefois, pour songer à se rendre en boîte, ou simplement pour prendre un verre. Enthousiaste lorsqu’il mentionne le sport, je n’en fais pas de cas pour le moment, et reste focalisé sur notre premier arrêt.

Je tourne le menton vers Noah lorsqu’il me demande de quel type de café il s’agit. D’un regard, je cherche à savoir s’il croit réellement que je suis le genre de mec qui lui présenterait les cafés crades de la ville ou l’entraînerait dans quelques endroits rasoirs, mais me contente de jouer les mystérieux, un sourire au coin des lèvres. Je profite de cet échange visuel pour glisser ma main sous sa veste, sa seule chemise servant de parure à sa chair.

« C’est un indépendant. Enfin, tu verras quand on y sera. »

C’est le meilleur en ville, comme je le disais, et de loin.  Enfin, il y a bien la boulangerie où j’ai discuté affaires avec Derek qui fait également un succulent café, mais elle se trouve un peu plus loin, et n’est pas un café à proprement parler. Ensuite, il y a effectivement dans la ville quelques chaînes qui se sont implantées.

« La cannelle convient au cappuccino », réponds-je avec une assurance tranchante. L’idée ne me viendrait pas d’en mettre dans n’importe quel café. Il faut dire que je suis plutôt traditionnaliste à ce niveau. La faute à une cousine puriste.

Quant à savoir si Noah parle trop, je me contente de fixer l’horizon, un sourire mutin aux lèvres. Il est définitivement vocable, et cela ne m’importune pas particulièrement pour l’instant. Il est aussi manifestement nerveux, et je compte bien en profiter pour en retirer un certain amusement. Pas à ses dépens, bien sûr.

« Si j’en viens à trouver que tu parles trop, je suis confiant que je saurai trouver un moyen d’y remédier », taquiné-je donc en tapotant sa hanche du bout de mes doigts.

Je ne sais pas si c’est parce qu’il a pris ma menace au sérieux ou autre chose, mais Noah se contente de confirmer que mon offre du café pour emporter lui convient. Il se met alors à fredonner quelque tube que je reconnais au bout de quelques mesures, mais dont les paroles m’échappent.

Au bout d’un moment, je lui indique qu’il peut compter sur moi pour le guider dans ses recherches sportives. Je lui laisse prendre un temps de réflexion, lui indiquant entre-temps que nous devrons traverser la rue à l’intersection pour prendre celle perpendiculaire. Il me répond au milieu de la chaussée, me relançant une question au détour.

« Tout à fait. Il y a de nombreuses recherches et de nouveaux articles scientifiques qui le démontrent de manière régulière. Quand bien même, pas besoin de tout cela pour le savoir : n’importe quel sportif assidu pourra te le confirmer. »

C’est à mon tour de risquer de m’emballer au sujet de l’une de mes plus grandes passions. Je me tais, ayant répondu à son interrogation, et lui laisse le temps de répliquer. C’est ainsi que fonctionne une conversation agréable. Sa réflexion me tire un léger rire, et je manque de pouffer comme Noah.

« Je n’en ai pas l’intention. Ce serait même plutôt dommage s’il t’arrivait quelque chose. »

Si cette phrase peut paraître menaçante ou glauque sous d’autres conditions, je suis persuadé que cette drague à peine subtile ne devrait pas l’effrayer. Je cesse alors de caresser son dos du gras du pouce. Nous arrivons à proximité du café. Je retire ma main et Noah m’interpelle d’une question qui me prend au dépourvu et m’amuse à la fois, tant elle me semble sortie de nulle part. Peut-être n’ai-je simplement pas fait un lien pourtant évident entre deux idées. J’opine pour démontrer que je saisis de quoi il me parle. Ces cônes écrasés, jaunes, blancs et oranges. Je m’apprête à lui répondre que je n’ai pas la dent particulièrement sucrée, mais cela laisse généralement entendre que l’on est plutôt salé, et je ne dirais pas non plus que c’est mon cas. J’opte sans hésiter pour une formulation alternative.

« Ce ne sont pas les friandises que je préfère. »

Je m’arrête devant la porte du commerce, et lui indique d’un geste que nous sommes arrivés à notre première destination. Comme je m’apprête à effectuer un geste vers la poignée, Noah me partage ce que je présume d’abord être une inquiétude, mais qui se révèle être de l’anticipation, à en juger par son nouveau pouffement.

« Si un de nous a l’envie ou le besoin de s’arrêter et de se poser, nous le ferons. Nous sommes dans un pays libre, après tout. Dans le pire des cas, je te porterai sur mon dos », blagué-je en réponse à sa plaisanterie.

Sans attendre ni tergiverser davantage, j’ouvre la porte du café et indique à Noah d’y entrer le premier. Une atmosphère chaude déboule hors de la porte, portant à mes narines les odeurs typiquement amères du café, mélangées à d’autres plus subtiles. J'entre sur les talons de mon compagnon, sans prendre la peine de retirer mes verres fumés.

Une fois la dame devant nous dans la file servie, je m’avance au-devant de Noah pour passer ma commande au barista. J’enjoins ensuite mon camarade de balade à ajouter sa commande à la mienne, ma carte de crédit à la main. Lorsque nous ressortons, un instant plus tard, je prends une gorgée rapide de ma boisson. Elle est bouillante, et je m’y brûle évidemment la langue. Je présume que ma grimace sert de mise en garde envers Noah autant que le ferait tout avertissement verbal. Je sais que dans quelques instants, mes papilles seront régénérées. C’est donc sans crainte de perdre le sens du goût que j’attend que mon café refroidisse. J’en profite pour replonger dans le vif du sujet, avenant et enthousiaste.

« Y a-t-il un sport particulier qui t’intéresse ? Ou préfères-tu faire de la muscu qu’un sport au sens plus classique ? »

Il existe des centaines d’options pour le jeune homme qui m’accompagne, selon qu’il préfère les sports individuels ou en équipe ; en salle ou en plein air, ou même aquatiques ; etc. Je libère la devanture du café, mais ne choisis aucune direction pour le moment. J’attends que le mignon me réponde avant d’entamer notre balade touristique.

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ft. Jay Knezevic.

“I don't have a dirty mind, I have a sexy imagination.”

L'Apollon jouait probablement le mystérieux, en mettant à silence les détails du lieu où il allait l'amener. Une chose était sûre, son acolyte du jour avait bon goût, il n'avait donc pas de raison de s'inquiéter à ce sujet.

-Oh, un indépendant, c'est sympas ça !

Alors qu'il pensait déjà sa boisson chaude bientôt dans ses mains, il prendra une réflexion qu'il pourrait avoir mal prit, quant à l'utilisation de cannelle dans le café, mais sa bonne humeur finira par l'effacer. Il n'était peut-être pas puriste, mais il fallait dire qu'un café de basse qualité n'allait de toute façon pas être bon malgré tous les artifices imaginables. D'il voulait se mettre au sport, il était de toute façon clair que la crème fouettée sur le café, ça n'allait plus être quotidient. Et ce n'était pas pour le plus mal, bien au contraire.

-Parfait alors coach !

  Il pourra rapidement de rire, avant de revenir à une attitude plus respectable. La phrase de cet apollon n'était pas pour le déplaire, il avait l'intime conviction qu'avec une telle réponse, Jay aurait ne serais-ce qu'un peu d'attirance envers lui, s'il ne voulait pas que quelque chose lui arrive. Après sa question, il était clair que les bonbons n'étaient pas le péché-mignon  du plus âgé, et le message induit, que Noah semblait comprendre était la chair offerte était d'avantage sa friandise appréciée.

    -Ne dis pas ça, tu pourrais le regretter.. Tu as beau être musclé je fais quand même mon poids avec ma silhouette de brindille.

Il ne saurait rester stoïque face à une blague si bien sortie de ses lèvres, peut-être ainsi esquissa-t'il un sourire un peu forcé, évitant de pouffer une nouvelle fois. Arrivé au café, le loup le laissa entrer en premier le plus jeune. La commande passé d'un grand Noisette, à la noisette, ils attendront que peu devant le contoir, où ce bel homme payait pour le plus jeune, que de galanterie.

    -Oui, j'avais cru sentir déjà par le gobelet qu'on ne pourrait pas le boire de suite; Un sport particulier... J'aime me aigner.. La musculation je n'en ai que brièvement fait.. et du moment que ce ne sont pas des sports collectifs et brutaux, je dirais que je ne demande qu'à essayer.

Quelques pas écartés de la devanture du café, il s'arrête attendant un instant son guide. Son regard se plongeant instinctivement dans le sien, essayant de percer les lentilles de verre de leurs paires de lunettes respectives.

Codage par Libella sur Graphiorum

Queersploration Urbaine ω Noah I. Bishop

Je ne suis pas dupe. Je sais que les indépendants ont la cote. Parfois à juste titre, et parfois simplement pour faire brancher. Heureusement, ceux que je fréquente et où j’entraîne Noah font partie de la première catégorie. Je ne retiens plus le néophyte du sport par la hanche depuis que nous avons passé le seuil du marchand. Non pas que cela m’indispose, mais il était plus facile d’y pénétrer à tour de rôle. Mes réponses semblent faire leur petit effet sur mon compagnon d’aventure, ce qui me satisfait. Je me découvre un côté félin, songé-je, alors qu’il présume de ma force et de son poids. 
 
Un sourire mutin au visage, je l’observe pouffer et me relancer, son propre sourire fier en reflet au mien. Son langage non-verbal aguicheur corrobore les effluves que Noah projette. Il ne peut se douter de la force que je suis en mesure de déployer, alors je me contente d’exhiber ma dentition digne d’un orthodontiste des plus minutieux. 
 
« Dans ce cas, brindille, j’imagine que je ne pourrai aller très loin. » Le surnom se veut un simple écho, bien plus taquin que méchant. Je ne suis pas de ceux qui jugent au gabarit. Enfin, sauf le mien, advenant la possibilité de perdre ce que des années d’effort on construit. Je connais les effets du vieillissement et j’ai conscience des changements qui ont déjà commencé à s’opérer chez moi. Cela ne signifie toutefois pas de baisser les bras, mais de viser autrement, pour conserver une cible réaliste et atteignable : mon bien-être. 

Je ne renchéris pas sur l’étage auquel se trouve mon appartement, et la nécessité d’être le moindrement en bonne condition physique puisqu’il ne s’y trouve pas d’ascenseur. Autrement, il croira que je m’acharne, ou le torture, alors que j’espère honnêtement profiter de cette sortie pour découvrir quelque coin caché de Beacon Hills. C’est mon but principal, et rien ne saurait me faire dévier de ma trajectoire.
 
Nous ressortons de chez le commerçant presque aussi rapidement que nous y sommes entrés. Je joue à changer le contenant de main pour simuler une crainte de me brûler les doigts. Si la possibilité est réelle, ma résistance reste élevée grâce à la corne sur mes doigts. Noah me parle des sports qui l’intéressent. J’apprends ainsi à le connaître à travers ces choix qui en disent bien plus long sur notre tempérament que l’on veut bien le croire. Je le cadre ainsi de mieux en mieux.   Un candide indépendant et pacifique. Voilà ce que me dit son choix d’activités.

« La nage est un excellent sport, très complet, si tu peux t’y mettre. Personnellement, je ne maîtrise que la nage du chien. »

Un peu d’autodérision couplé à un trait d’esprit que moi seul peut saisir ne fait jamais de mal. Quant à la musculation, ça n’est effectivement pas fait pour tous, non plus. Malgré la mode de tous et chacun de passer quelques heures en salle pour éliminer un repas trop riche, ou dans l’espoir de changer de silhouette, il lui faut la même dévotion que n’importe quel autre sport. Avoir un objectif en tête devient alors crucial, pour la plupart des gens. Ce n’est pas un hobby que l’on pratique quand l’envie nous prend.

Je note la réticence de Noah pour les sports d’équipe. Je la comprend, dans une certaine mesure, bien que ce n’est pas par choix que je n’en pratique pas. Je n’en veux pas à mes parents de me l’avoir interdit : le bouldering me convient entièrement, tout comme les MMA. Trop violents, celui-ci, je ne le mentionne même pas.

« Si la muscu en salle ne te passionne pas, il y a des alternatives. Le crossfit ou le yoga, par exemple. Les résultats sont un peu différents, évidemment. Sinon, en terme de sport dans un sens plus traditionnel, le badminton est très populaire dernièrement, tout comme l’escalade. J’ai même vu un panier de disc golf au parc, si c’est quelque chose qui peut t’intéresser. Tu devrais visiter le site de l’asso sportive de la ville. Ils ont un choix étonnant d’activités, compte tenu de la taille de la ville. »

Enfin, ville : j’ai été gentil et n’ai pas nommé ce hameau comme il le mérite. Je ne perds pas un instant et envoie l’adresse à Noah sur le fil de discussion que nous partageons depuis quelques jours. Je lui lance un regard par-dessus mes verres d’aviateur, les lèvres pincées. J’ai un peu de mal à tenir en place, c’est là le moindre de mes défauts.

« L’important est que tu trouves chaussure à ton pied. »

Le mien me démange de tressauter comme un vulgaire gamin incapable de tout contrôle de soi. J’adore parler de sport et, plus généralement, de bien-être physique, mais j’ai bien peur de saouler mon auditoire si je me risque sur cette pente dangereuse. Heureusement, Raphaël me comprend et partage cette passion! Je pense que des gens lui en sont reconnaissant sans même le connaître.

« Alors, où veux-tu aller? Je te suis. »

J’écoute la réponse de Noah et nous reprenons la marche, mon portable nous guidant doucement dans les méandres de cette ville encore inconnue.