Une sortie mouvementée | feat Arizona

Feat.Willem Shepherd

1h45 du matin, voilà ce qui s’affichait en lettre digitale sur le petit réveil posé sur la petite armoire servant de table de nuit à Arizona. Le sommeil la fuyait et à force de ce retournée dans son lit elle en avait déduit que l’insomnie la suivrait encore quelques heures. Alors, elle s’était levé et était allée s’assoir en équilibre sur la bordure de sa fenêtre qu’elle avait ouverte. La nuit calme était plutôt claire. La toison étoilée noyait le monde d’une clarté douce et apaisante propre à la pénombre des nuits. La jeune femme aimait ça. Elle aimait, ainsi, restée des heures à contempler en silence la ville pas vraiment endormie, mais pas vraiment réveillée. Un entre deux. Parfois, elle prenait de quoi écrire. De quoi étaler sur le papier ses plus sombres émotions qui menaçaient d’éclater… Parfois aussi, les larmes lui venaient. Dans ces moments de plus ultime faiblesse elle s’abandonnait jusqu’à sortir de sa transe et se maudire d’un tel écart, elle ravalait alors les larmes et détruisait quelques choses. Laissant place à une rage sourde. C’était l’adolescence… Ce soir-là, Arizona se sentait calme. Elle n’avait pas envie de hurler, de pleurer ou de détruire. Au fond, elle se sentait vide… Noyant sa pensée sous un flot de musique, la louve se détendit et cessa de penser… Le sommeil ne vient pas avant que 3h00 eu sonné.

(…)

Épuisée par sa courte nuit, Arizona affrontait le lundi avec une certaine appréhension. Elle n’aimait guère les rentrées d’école, comme la plupart des jeunes de son âge, elle n’aimait pas réellement non plus le calme des week-ends et des congés. Ce lundi-là, Mr. Shepherd avait prévu une sortie qui se clôturerait deux nuits plus tard. Il n’y avait pas de quoi enchanté la jeune louve qui n’aimait pas rester trop longtemps en groupe pour deux raisons simple, la première : en bonne solitaire, Arizona trouvait les foules étouffantes. La vérité étant qu’elle favorisait toujours un week-end seule au fond des bois tel un vieil ermites grincheux qu’un bon bain de sociabilité. La deuxième raison était sa nature de louve. Celle-ci, qu’elle peinait à contrôler, la rendait légèrement dangereuse pour les autres. Arizona ne savait pas ce qui pourrait arriver et n’avait aucune envie qu’il se passe quoi que ce soit de malencontreux. Voilà pourquoi, alors qu’elle attendait le prof sous le préau légèrement à l’écart des autres élèves, la jeune femme abordait une mine résolue.

Shepherd finit par arrivée et demanda à ses élèves de monter dans le bus scolaire qui leur était réservé. Au moment où la jeune louve passa devant le professeur d’SVT, celui-ci lui sourit. Surprise Arizona ne le gratifia que d’un regard sombre… Elle savait…. Elle savait que le professeur était un loup. En revanche, elle ne savait rien de sa meute et de ses connaissances. Mederick ne l’avait encore jamais mentionné ou alors elle n’avait pas vraiment fait attention. La louve qui avait céder, à contre cœur, à la demande du druide de chercher une meute minimalisait ses recherches et ne cherchait donc pas à approcher le professeur.
Arizona prit place au fond du bus et vissa son casque sur sa tête. Les élèves défilaient en parlant et riant. Ils prenaient place en groupe sans la moindre attention pour la place vide à côté de la jeune louve. Elle avait l’habitude et ne s’en ému guère. C’était mieux ainsi… Rapidement le bus fut plein et Mr. Shepherd ramena le calme. Arizona plongea ses yeux dans ceux de son prof qui donnait quelques consignes. Elle le regardait parler en réfléchissant, se demandant ce que pouvait bien signifier le sourire qui l’avait accueilli à son entrée. Arizona secoua la tête chassant ses pensées et sortit un bloc de feuille pour laisser son esprit divaguer parmi les mots… Alors que les phrases se fessaient de plus en plus nombreuse sur la feuille, la louve releva la tête pour croisé le regard de Shepherd qui semblait s’être posé sur elle. Les poils de la jeune femme se hérissèrent sur son échine. Elle n’aimait décidément pas être en présence d’un autre loup. « Pense à la meute… C’est vital. » Se répéta la louve en tentant de faire preuve de bonne foi… Si Willem Shepherd venait lui parlé, elle ne devait pas le repoussé…

Feat.Willem Shepherd

Perdue dans le fil des courbes manuscrite de ses mots, Arizona ne prêtait plus la moindre attention à ce qui l’entourait. Elle était en immersion totale avec son élément, incroyablement seule face à l’énergie qu’elle jugeait la plus profonde… Les lettres s’étalaient avec un mélange de douceur et de rage sur le papier formant des phrases naissant de l’esprit fugace de la jeune femme : « L’âme morte, le cœur brisé et le corps rayé de plaie, la petite fille écoute le loup chanter en s’immergeant dans la sonorité insaisissable d’une vie qu’elle voudrait fuir… » Plongée dans son exercice, la louve ne se rendit même pas compte que le professeur de SVT venait de prendre place à ses côtés. Elle eut une pensée méfiante, ne sachant pas comment interpréter la venue du loup. Elle n’eut guère le temps d’écouter ses pensées virevoltante, le professeur pris la parole et faisant un sous-entendu sur les écrits d’Arizona.

Dans un geste méfiant et protecteur, la jeune louve vint poser une main possessive sur ses feuilles et écrits… En même temps, elle posa un regard tout aussi suspicieux et méfiant sur son professeur avant de se reprendre en se rappelant devoir faire preuve, d’a minimum de courtoisie. Se faisant violence pour ne pas envoyer balader l’homme qu’elle sentait « sur son territoire » Arizona tenta un sourire. Sa main, toujours crispée sur ses feuilles, prouvait le manque de sincérité du visage se voulant avenant de la jeune femme, s’en rendant bien compte, elle tenta de se détendre et de répondre à Mr.Shepherd qui attendait en silence que son élève prenne la parole…

- Je n’aime pas beaucoup les sciences comme les maths…

Elle tenta un sourire pour adoucir l’aspect négatif de sa réponse… Respirant, Arizona chercha quoi dire afin d’engager une conversation et de ne pas faire sentir au professeur qu’il était de trop.

- J’ai toujours préféré l’exercice des mots. Généralement, je me perds dans le langage mathématique qui n’est pas mien et n’y trouve donc que très peu d’intérêt alors que l’écriture est une véritable porte d’entrée sur un monde invisible et bien plus profond que celui qui nous entoure.

Malgré elle, le simple fait de parler des mots la détendait. Elle avait à présent un sourire sincère alors que les émotions qui la traversaient décrivaient parfaitement ses paroles. Depuis toujours, Arizona montrait une préférence flagrante pour la littérature. Petite, ses parents se désespéraient de la voir incapable de se concentrer plus de deux minutes sur une feuille de calcul. À l’école, elle rendait souvent copie blanche car elle avait passé plus de temps à retranscrire la nouvelle idée d’histoire qui lui trottait en tête, et qu’elle ne voulait surtout pas oublier, plutôt que de faire ses colonnes de calcules auxquelles de tout façon elle ne comprenais pas grand-chose. Ce qui énervait le plus le professeur et ses parents était sans doute l’indifférence avec lequel la petite fille traitait le problème. Lorsqu’on lui demandait pourquoi elle n’avait pas répondu elle haussait les épaules avant de déclarer avoir entamé une toute nouvelle histoire que la jeune fille s’empressait de raconter avec entrain.

Sans s’en rendre compte, le regard d’Arizona s’était voilé de mélancolie, cette époque de jeunesse insouciante lui paraissait bien loin presque fausse. Parfois, elle avait l’impression que sa plus douce enfance n’était qu’une illusion… Qui était-elle à présent ? Une louve seule qui trouve sa liberté dans l’absence de contact avec ceux de son Age ? Une jeune femme indiscipline qui n’offre plus d’amour à ses parents tout en les aimant en silence ? Une oméga qui se refuse à faire partie d’une meute ? Une élève assise seule dans le bus et perdue dans ses manuscrits ? Un être dangereux pour elle-même et pour les autres ? Un corps couvert de cicatrices dû à des périodes encore plus sombres ? Une fille ne s’autorisant pas à aimé d’amour, car là aussi elle se savait différente ? Sortant de ses pensées le regard à nouveau dur et méfiant, Arizona se concentra à nouveau sur Mr.Shepherd une main ferme sur les feuilles couvertes d’encre bleue.