Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

L’intervention de professeurs de la Hight School sur le campus avait eu un effet hautement inattendu : mon collègue de littérature s’était vu proposer un poste à plein temps. L’Anglais avait fui le lycée, ventre à terre, sans un pot de départ — à moins que je l’aie raté —. Deuxième effet Kiss Cool à cette drôlerie en cascade de dominos, on m’avait collé cinq heures de cours à dispenser sur ce même campus. Autant, je savais mon collègue intéressé à enseigner à moins immature que les lycéens, autant je n’avais pas demandé qu’on m’éloigne de mon radiateur favori, qu’on me demande plus d’efforts. Je travaille, parce qu’il faut bien occuper ses journées, justifier un revenu et une identité. Mafdet Mahes sera la dernière. De tous les prête-noms que j’ai usés, celui-ci se doit maintenant sans failles. Si j’avais su que je finirais ma vie avec Mafdet Mahet, professeure de chimie », j’aurais enseigné autre chose. L’histoire par exemple, pour raconter ce qu’il s’est réellement passé et non ce tissu de mensonges que les vainqueurs des guerres ont écrit.

Je passe le secrétariat du campus et j’aperçois le Rapier qui déambule dans le couloir, la démarche d’un prince Charles, les oreilles en moins, le nez en plus. J’accélère le pas pour le rattraper, mais il rentre dans une classe avant que je ne l’atteigne. Je n’ai rien de spécial à lui dire. Simplement, le lycée a perdu un peu de son intelligence avec son départ. La salle des profs est devenue lénifiante. Shepherd est plus gaga que d’habitude, Miss Jouve va bientôt plus marcher, mais rouler avec son bedon qui arrive une minute avant elle. Peter n’y met plus les pieds sinon pour relever sa case courrier et l’Asiatique en mathématique marmonne toujours toute seule avec sa voix horriblement perchée. Le lycée est devenu ennuyeux. Même le jeune Cormier va déserter en fin d'année. Il a argué ne pas s’en sortir entre ses différents travails, mais je crois plutôt qu’il cherche à se libérer du temps pour voir plus souvent son flic de petit copain. Plus personne à tourmenter, ceux qui restent ont le répondant de marshmallow. Je m’ennuie au point de songer à sécher les cours. Je ne sais pas ce que j’attends de Tobias, un sarcasme prononcé d’une voix égale avec son regard si noir ?

(…)

J’ai ânonné mon cours sans grande conviction. Je n’avais pas dit non à cette affectation surprise, imaginant trouver un divertissement auprès de mes nouveaux collègues. Mais rien de nouveau sous le soleil californien. Le niveau est peut-être plus élevé, cela ne donne que plus d’amplitude à leurs bêtises et suffisances. Une question fuse au deuxième rang, équivoque sur les énergies de valence. Regard brillant et humide de l’étudiant, le style surfer, cheveux un peu longs, d’un blond non naturel, balayage californien, t-shirt échancré et musculature saillante, mais pas trop. Je descends du bureau où je suis généralement assise, ondule des hanches dans sa direction tout en expliquant ce point particulier de cours. Il est si facile de faire réagir un homme quand la nature vous a donné quelques atouts de plus que la commune des mortelles. Puis, c’est le jeu que l’étudiant tente d’imposer. Je suis consciente que sur le campus, mon allure ne provoque pas les mêmes réactions, ou plutôt conséquences qu’au lycée. Je termine mon explication sur les radicaux libres.

- Vous voyez ces groupes d’atomes qui attendent, une liaison ouverte, qu’un autre groupe s’en saisisse. Quand la demande n’est pas satisfaite, on parle de stress oxydatif…

Un regard condescendant vers l’entrejambe du jeune homme, appuyé d’un geste que je fais souvent en fin de démonstration, je tourne le dos à l’impudent qui pensait pécho sa professeur pour se vanter plus tard et retourne au tableau noter les chapitres à revoir pour le cours suivant.

(…)

Le self du campus est meilleur que celui du lycée, j’y viens parfois quand mes horaires me le permettent, même si je n’ai pas de cours à dispenser à l’université.

Ce dos bien droit qui me tourne le dos, comme assis sur des tessons de bouteilles ! Je souris à l’idée d’envahir la bulle du professeur Rapier. Quand je pose mon plateau en face du sien et lorgne sur ce qu’il mange, je me rappelle de m'être promis de lui retourner la politesse de son invitation.

- Bonjour Tobias. Comment va ce bon vieux Macbeth ?

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Sam 2 Jan 2021 - 17:20

Le Saxon et l'Atlante

Feat : Mafdet

Dans son assiette, un steak haché se noie dans une sauce inqualifiable. Cette sauce magique qu'on leur sert chaque jour de la semaine. Cette fameuse sauce qui douée d'un talent sous-estimé par les étudiants et professeurs qui se contentent de la trouver ignoble, parvient à changer de nom tout les jours.

Tobias apprécie cette sauce qui permet à ces haricots cuits à l'eau de gagner un peu de goût, de ramollir les frites trop brunes qu'on a versé en tas dans son assiette. Le fumet salé de cette vase dont on ne saurait déterminer la couleur sans risquer de se fourvoyer n'est pas sans lui rappeler la spécialité anglaise dont sa mère se servait pour préparer ses tartines lorsqu'il était encore enfant. Le sacro-saint Marmite, une invention que seul le palais affuté des britanniques sait apprécier à sa juste valeur. Au dessus de son assiette, un verre remplit d'un liquide trop coloré pour qu'il puisse être confondu avec de l'eau. Si à l'époque pas si lointaine où il enseignait encore au lycée, il n'assouvissait ce vice que dans sa berline, ici il ne cherche même plus à dissimuler ses petites faiblesses. Il attrape sa fourchette, la plante sauvagement dans son steak sur-cuit. Puis commence à trancher un morceau de cette mauvaise viande qui n'est pas faite pour se marier avec le régime que son cardiologue lui a recommandé de suivre. Bouche rapidement pleine, il peine à ne pas s'étouffer quand un plateau se pose en face du sien.

Mafdet Mahes vient d'entrer dans son champ de vision, alors qu'il est certain que cette dernière ne travaille pas dans cet endroit. Il l'évite comme la peste depuis ce jour où ils ont partagé un repas, un moment qu'il aurait pu finir par ranger dans la catégorie des instants sympathiques si l'odieuse boule de poils n'avait pas fini par prononcer de terribles insanités au sujet de sa petite Alice. L'anglais fronce le nez qu'il n'a pas petit, force ses mâchoires à mastiquer le coriace mélange de protéines de soja parfumé au bœuf qu'il vient d'engloutir. Il ne faut pas parler la bouche pleine, il le sait bien, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il met autant de temps que possible à avaler la nourriture qui est en train de fondre dans sa bouche. Quand plus aucun échappatoire ne lui est possible, quand les dernières miettes, lorsque toute cette nourriture aseptisée est passée dans sa gorge, il décoince enfin les mâchoires pour offrir une parodie de salutation à son ancienne collègue.

-Bonjour Mafdet.

C'est un bon début. Les amis peuvent vous trahir, la vie peut vous surprendre mais la politesse ne doit en aucun cas vous abandonner si vous souhaitez demeurer un homme civilisé. C'est là une des bases de l'éducation que ses parents lui ont donné, que la vie n'a fait que renforcer par la suite. Il n'a jamais été très sociable, mais sait toutefois agir d'une manière que l'on décrit aisément comme étant la bonne lorsqu'il se trouve entouré par ses congénères. Un don dont tous n'ont pas été dotés s'il se fie à la facilité avec laquelle la féline vient de s'imposer à son coin de table. Et ce sans jamais y avoir été invitée.

Sans forcer l'apparition d'un sourire qui ne serait pas naturel sur ses lèvres fines. Sans rétorquer que Macbeth est toujours mort et que c'est bien fait pour ce dernier, Tobias entreprend de couper un nouveau morceau de viande. Il n'est pas très bon lorsqu'il s'agit de faire la discussion, son manque de tact criant lui faisant bien souvent gagner des sobriquets qui ne sont amusants que pour les oreilles de ceux qui les prononcent. Des insultes presque douces tant elles sont banalisées par cette société laxiste dans laquelle ils évoluent. De bien vilaines paroles qui finissent toujours par briller par leur justesse.

Le tact. Un concept étrange qui appelle au mensonge pour satisfaire des désirs dont on a que faire. De l'hypocrisie. Tobias n'est pas hypocrite et les courbettes ne sont pas dans ses manières. Mais fort heureusement pour lui, son ancienne collègue n'est elle non plus pas une diplomate. C'est donc sans sourciller qu'il questionne la brune.

-Le lycée vous a congédié ? Vous avez feulé sur un élève ou sur un professeur de trop et on vous a mise au placard ? Si tout les libres penseurs se mettent à quitter le lycée, les élèves vont finir par s'ennuyer.

C'est sans un mot de plus qu'il attrape son verre, écoutant d'une oreille distraite la réponse de celle qui ne s'est finalement pas fait virer du lycée. Tobias se rince le gosier à l'aide d'une gorgée d'alcool ambré, aussi stoïque que si le contenu de son verre n'était rien de plus que du lait. Le meilleur lait qui puisse exister. Celui qui rend les soucis moins oppressants, qui fait oublier le temps qui passe et qui efface temporairement les drames des esprits fatigués. Sans offrir la moindre expression faciale qui pourrait se faire parasite à sa collègue, Tobias fait finalement glisser son regard noir sur l'assiette de cette dernière.

-Vous auriez dû demander de la sauce. Aujourd'hui ils l'ont appelé Marengo. Pour la servir avec du bœuf. Le cuisinier de la faculté est plus inventif que celui du lycée.

:copyright:️ Fiche par Mafdet Mahes

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Dim 10 Jan 2021 - 18:21

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

La souris anglaise se fend d’un bonjour courtois. J’admire son flegme natal, car mis à part une ratée de sa pompe cardiaque, rien dans son attitude ne laisse transparaître le moindre agacement au sujet de ma présence. Délicieuse souris qui résiste. Je me retiens de ronronner mon contentement.

Je m’installe, m’éparpille, si bien que la table faite pour quatre ne peut plus accueillir qu’une personne. Et encore, celle-ci devra se contenter d’un angle de table. Toutefois, l’audacieux qui se risquerait à une telle entreprise ne semble pas être né. La viande qui se noie dans sa sauce dans l’assiette de Tobias me rassure sur mon choix : du colin pané.

- Le lycée vous a congédié ? Vous avez feulé sur un élève ou sur un professeur de trop et on vous a mise au placard ?

Je souris, voilà ce que je suis venue chercher ! De la hargne, du mordant et non des aboiements de roquets ou des cris de moineaux.

- Si tous les libres penseurs se mettent à quitter le lycée, les élèves vont finir par s'ennuyer.
- Pour s’ennuyer, faut-il encore être capable de penser.

Mon compagnon de table rince ses propos au whisky. Je tais une remarque sur le foie, les neurones et la prostate. Après tout, chacun est libre de se suicider à la vitesse qu’il souhaite. Lentement, dans le cas de Tobias.

- Vous auriez dû demander de la sauce. Aujourd'hui, ils l'ont appelée Marengo. Pour la servir avec du bœuf. Le cuisinier de la faculté est plus inventif que celui du lycée.

La main en l’air, un morceau de poisson planté dans ma fourchette, je hausse un sourcil et enfourne ma bouchée sans répondre. Le croustillant de la panure se mélange au moelleux de la chair du poisson assaisonné d'un trait de citron. Rien de transcendant, mais toujours plus sain que l’assiette de mon vis-à-vis. Je prends le temps d’avaler, et de m’essuyer les lèvres avant de répondre.

- Vous souvenez-vous de la matière que j’enseigne ?

Tobias me regarde sans comprendre où je veux en venir.

- Votre sauce est purement chimique, composée d’éléments ultra-transformés. Pour faire simple, c’est du poison. Mais il faut bien mourir de quelque chose. Cirrhose, cancer du côlon…

Je comprends tout de suite que j’agace, je stoppe là ma litanie qui allait aborder des sujets sensibles pour les messieurs.

- À votre santé Tobias ! dis-je en levant vers lui ma briquette de lait. Mais vous avez raison, je m’ennuie au lycée. Shepherd et Jouve sont lénifiants de niaiseries de futurs parents. Hale semble vouloir mordre à chaque instant.

Le repas se poursuit dans un silence relatif, autour de nous les étudiants babillent joyeusement. Amusée, je laisse traîner une oreille. Entre complots entre filles pour sortir avec « le » beau mec de leur promo, j’entends nombre de doléances sur les professeurs ou les devoirs qu’ils demandent. Je décale mon assiette pour faire place à la part de tarte aux pommes que j’ai choisie en dessert.

- Je crois que je n’ai pas assez feulé au lycée pour être promue ici. Quelle est votre recette Tobias ?

Un parfum à la forte fragrance de roses envahit notre espace ainsi que deux jupes plissées qui auraient pu être sages, si elles n’étaient pas si courtes, laissant apparaître une bande de chair laiteuse au-dessus de longues chaussettes à rayures blanches et noires qui remontent au-dessus des genoux des deux étudiantes. Ces jouvencelles, qui ne doivent plus l’être, fixent Tobias en serrant compulsivement, l’une un livre, l’autre une revue littéraire. La pose est appuyée, les reins cambrés, le corsage à la limite de la rupture au niveau de la poitrine. Non qu’elles soient gâtées par la nature, mais il suffit de prendre une taille en dessous de la sienne pour créer une illusion que…

- Professeur ! Votre dernier cours était très intéressant, seulement nous n’avons pas compris une partie, minaude la première.
- Vous seriez assez aimable de prendre sur votre temps et de nous expliquer ce que nous n’avons pas compris ? Le bureau du conseiller Shepherd est libre aujourd’hui et… poursuit la seconde.

L’effarement de l’Anglais est plaisant. Je pose mes coudes sur la table, cale mon menton entre mes mains et murmure :

- Les vieux cons ont encore la côte ! Vous m’étonnerez toujours.

Je me contre-fiche de la réaction des donzelles. Ont-elles fait un pari ? Ou est-ce le côté inaccessible du Britannique qui les attire et leur donne des frissons ?

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Lun 11 Jan 2021 - 12:15

Le Saxon et l'Atlante

Feat : Mafdet

Il mange en prenant la décision de ne pas se soucier outre mesure de la présence de son ancienne collègue. Après tout elle n'est pas ce qu'il a pu connaître de pire en enseignant au lycée, loin de là. Cette femme étrange lui titille la cervelle avec ses jeux de chats qui bien souvent peuvent pousser des proies innocentes à la rupture nerveuse. Si l'anglais devait se faire lucide et impartial, oubliant là la fin de leur dernier et unique repas partagé, il irait même jusqu'à dire que la présence de la brune lui est agréable. Mais il n'est pas assez fou pour oser songer une pareille chose, ne peut oublier les mots qui ont été prononcés par la féline. Des paroles loin d'être innocentes qui ont su faire craindre le pire au britannique qui ne veut imaginer la perte de sa seconde enfant. Une fois c'était bien assez pour sa santé mentale, une fois c'était déjà plus que ce que son cœur pouvait supporter. La bouche pleine d'une mauvaise nourriture à laquelle il ne peut s'empêcher de trouver le goût de l'excellence, il redresse la tête vers la féline. Un de ses sourcils se fronce, grimpe sur son front quand elle mentionne la matière qui est la sienne.

L'intelligence doit briller par son absence dans son regard noir, laissant place à l'indécision la plus complète. Mafdet qui aurait mieux fait de se taire ouvre la bouche, donne son avis sur le contenu de l'assiette de l'anglais. Un avis que Tobias est certain de ne pas avoir voulu connaître. Sa santé n'est pas encore défaillante, en tout cas il se sent en pleine forme lorsqu'il quitte son lit au petit matin. Il ne sait pour combien de temps, mais cette approximation lui convient parfaitement. Si la brune est venue partager sa table pour juger ses habitudes alimentaires, elle ne va pas tarder à se faire envoyer sur les roses. Tobias avale ce qui était encore dans sa bouche en vitesse, darde la minette de son regard le plus sombre. Ouste les mauvais présages ! Il a déjà bien assez à faire avec Scipion qui s'amuse à cacher ses bouteilles d'alcool.

Bien vite, heureusement pour ses nerfs, Mafdet cesse sa diatribe et revient à quelque chose que le britannique maîtrise à la perfection. L'homme lève son verre pour imiter sa collègue prête casser la figure à sa brique de lait. Il se demande en l'observant comment celle-ci peut encore se faire passer pour une humaine au regard de certains de leurs congénères. Dans cette ville le surnaturel est un secret de polichinelle. Il s'y passe trop de choses pour que les gens ne se rendent pas compte que l'humanité n'est pas la seule possibilité offerte aux bipèdes. Mafdet Mahes et ses siestes près du radiateur de la salle des professeurs. Mafdet Mahes toujours première à la cantine, surtout les jours où l'on y sert du poisson. Les croquettes au saumon et les briques de lait... Qui dans cette ville peut encore être assez naïf pour ne rien remarquer ?

Tobias mange sans rien ajouter, heureux malgré lui de pouvoir partager son temps de repas. Bien vite son assiette se vide, il finit par jouer de son morceau de pain pour ne rien laisser de cette sauce que les dires de la brune n'ont pas suffit à dénigrer. Il pose sa serviette dans son assiette vide, colle son morceau de cake au citron sur le morceau de papier. Le glaçage bas de gamme lui colle aux doigts. Des doigts qu'il lèche goulûment pour ne rien perdre de sa part de gâteau. Sur sa langue un mélange presque parfait entre sucré et acidité se joue. Le mariage est plaisant, tant qu'il en pousserait presque un soupir d'aise. Il prend sa fourchette précédemment nettoyée à l'aide d'une seconde serviette en papier, tranche un morceau de son cake. Tobias ne se sépare jamais de ses bonnes manières. C'est sans doute là une des raisons qui le font passer pour un homme antipathique. Pédant, au dessus du lot. Comme un sale môme assit sur une fourmilière, une loupe entre les mains. Il trouve tout de même juste de répondre à sa collègue.

-Des horaires plus malléables, un bureau personnel et du cake au citron tout les midis à la cantine. C'est ce qui m'a fait changer de lieu de travail.

La maturité espérée des étudiants n'était qu'un rêve idyllique qui a bien vite volé en éclat. Un enfant reste un enfant, ici ils sont justes plus âgés et parfois plus insolents encore que ne peuvent l'être les lycéens. Tobias commence son festin sucré, serre les dents quand deux jeunes femmes viennent se poster près de leur table. Des jupes courtes qui ne sont pas sans rappeler un uniforme qui n'est pas de rigueur dans cet endroit, des faciès trop fardés, des seins qui étouffent dans des corsages dont on peut se demander s'ils n'ont pas été achetés au rayon enfant. Il ose espérer que jamais sa fille ne se tiendra de cette manière en public.

Tobias se force à offrir à ces demoiselles une expression qui même si elle peine à être avenante, demeure toutefois loin d'être hostile. Les paroles des étudiantes ne vont guère de paire avec leur façon de se tenir, il flaire alors sans mal le traquenard qui se dessine à l'horizon. Non loin de se lancer dans une parfaite imitation de la carpe, il cherche comment répondre à ces élèves dont il ignore le nom. C'est Mafdet qui le force à réagir en touchant un point sensible chez le quadragénaire.

-Je ne suis pas vieux.

Certes il n'est pas jeune non plus, mais il ne veut se ranger dans la catégorie du troisième âge tant qu'il se sait capable d'uriner sans fléchir dans sa visée. De la part de cette bourrique qui lui tient compagnie, une réflexion sur son âge est on ne peut plus déplacée. Il a encore plein de cheveux, ses rides précoces se font assez rares. Et surtout pas de bedaine, il tient à se garder en forme. Quand il se permet un regard dans la direction de certains de ses collègues, il se dit qu'il est peut être ce qui se fait de mieux conservé dans les environs. Le fier britannique se tend sur sa chaise. Donne en douce un coup de pied sous la table. Son pied écrase un de ceux de la féline, et elle ne perd pas de temps avant de lui rendre la politesse.

Sans ce soucier des gamineries qui se jouent en douce, les étudiantes minaudent, posent des regards presque lubriques sur leur professeur de littérature qui s'efforce de ne pas réagir outre-mesure.

-Le professeur Rapier est encore très jeune.

Très jeune en effet. Cette pommade qu'on passe à Tobias lui paraît bien douce. Il ne voit pas le danger approcher, cette main lâcher un bouquin pour venir se glisser près, bien trop pour que cela soit acceptable, de son épaule. Il se tend brusquement pour ne pas réagir avec violence lorsque le geste se transforme en contact non consentit.

-Jeune mais tout de même assez vieux pour être votre père jeune fille ! Veuillez cesser.

Mafdet se marre. Tobias a perdu quelques couleurs et son cœur bat vaillamment. La main s'éloigne mais les moues aguicheuses des deux étudiantes sont toujours bien présentes.

-Le temps que je dédie à l'amabilité est réduit. De seize heure à dix-sept heure trente les mardis et vendredis dans mon bureau. En cas d'urgence il y a une boîte près de la porte. Elle sert à accueillir vos doléances.
-Mais professeur...
-Mesdemoiselles. Je suis en train de déjeuner avec mon amie. Veuillez avoir l'obligeance d'attendre une de ces permanences pour venir me faire part de vos soucis.

Sa voix vient de perdre ce simulacre de douceur qui pouvait y avoir élu domicile. Il n'aime pas ce jeu malsain que ces jeunes filles semblent vouloir mener en le plaçant dans un rôle qu'il déteste. Celui de la proie. Ces deux vautours à la tenue inconvenante ne voient peut être pas où se situe le soucis dans la démonstration qu'elles sont en train de faire, après tout il doit bien y avoir dans cet établissement un professeur qui ne serait pas contre l'idée de tripoter de l'étudiante peu farouche à l'heure du déjeuner.

Cette manière qu'il a eu de nommer sa relation avec Mafdet possède un double sens dur à ignorer. Elle n'est même pas son amie, tout juste une connaissance appréciable. Les regards des étudiantes se font noirs quand ils glissent sur la professeure de chimie. Tobias se force à demeurer stoïque, son flegme naturel non loin de se faire la malle quand les étudiantes daignent enfin s'éloigner de leur table. Sans prendre le temps de savourer ce calme fraîchement réapparu, le britannique oublie son dessert qui à présent ne lui fait plus autant envie. Se penche au dessus de la table, sourire audacieux au bout des lèvres.

-Les rumeurs sont comme les poulets dont on a ôté la tête. Leur course est aussi rapide qu'éphémère.

:copyright:️ Fiche par Mafdet Mahes

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Ven 29 Jan 2021 - 22:18

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

- Je ne suis pas vieux.

La réponse qui fuse du tac au tac étire mon sourire. Tobias est un tout fait de maniaqueries, de rigidité et de contradictions. Il n’a pu, tel un chaton, s’empêcher de se saisir ce que je lui agite sous le nez. Il s’est redressé sur sa chaise, un vieux ne se tient pas droit. Lorgne autour de lui. Craint-il qu’un collègue ne m’ait entendue ? Tout dans son attitude crie le besoin de se rassurer, de confirmer qu’il a encore de beaux restes, qu’il n’a pas dépassé la date de péremption. Ne se souvient-il pas des mots flatteurs que j’avais eus à son égard et de comprendre que je le charrie ? Mon sourire se fane quand il m’écrase un pied. Je lui rends la pareille sans tarder en cherchant à viser le tibia pour un maximum de douleur.

- Le professeur Rapier est encore très jeune.

La gourdasse minaude, n’imagine pas se tenir près d’un assassin. L’étudiante se croit mature et n’a pas conscience du bourbier où elle se fourre ni de l’haptophobie du professeur. S’il le pouvait, Tobias se tortillerait comme une anguille pour échapper à convoitise des deux étudiantes. Je connais bien ce genre de filles qui tournent autour d’hommes plus âgés, mariés de préférence. Tabou ultime. Le tout pour une partie de sexe avec frissons garantis par l’interdit d’un tel acte. Acte qui peut ruiner la carrière d’un professeur en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Seulement, Tobias se reprend et joue de sa langue acerbe avec la verve qui le caractéristique quand on le cherche. Je me fige une seconde quand il me désigne sous l’appellation d’ami. Moi ! Celle qui vient de le traiter de vieux con ! L’Anglais marque un point. Il est vrai que nous ne sommes pas ennemis. Cela fait-il de nous des amis ? Le seul reproche à lui faire : cette chose baveuse qu’il couve du regard comme une poule couve ses œufs. Au moins, Peter ne gagatise pas devant son fils.

Quoi qu’il en soit, les deux donzelles changent de cible et me toisent. De chose floue de leur vision périphérique, je suis passée au rang de grande rivale. Là non plus, elles ne voient pas à qui elles s’attaquent. Un sourire chat N°3 et ça rebrousse chemin avant de se faire bouffer.

- Les rumeurs sont comme les poulets dont on a ôté la tête. Leur course est aussi rapide qu'éphémère.
- C’est succulent le poulet, tout comme les rumeurs.

Du bout de l’index, je ramasse les miettes sur mon plateau.

- Vous n’êtes pas un vieux con, Tobias. Mais vous êtes facile à agacer.

Je lui demande des nouvelles de la chose baveuse. Je m’en cogne comme de ma première robe, mais je sais le sujet aimé par le professeur. J’imagine qu’il parle de Dick et non d’Alice. Il est évident que mon compagnon sait mangeur seul, s’habiller seul et se la tenir seul. Seulement, il reste un enfant dans l’âme. Un grand enfant qui ne bave pas. À la satisfaction de mon interlocuteur, il semble que j’ai été crédible sur l’intérêt que je porte à sa fille. Parent aveugle qui s’écoute. L’heure tourne, je vais devoir retourner au lycée. Cela ne m’enchante guère.

- Si je vous invite au restaurant, vous viendrez ? Le Libanais sur la 2nd ? Histoire que l’on explore cette nouvelle amitié qui vient d’éclore grave à ces deux nyphos.

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Dim 31 Jan 2021 - 17:47

le saxon et l'atlante

Feat : Mafdet

Petite cuillère à nouveau en main, il s'attaque à sa part de cake dont la dégustation a été retardée par ces deux énergumènes venues troubler sa tranquillité. Sans noter le trait d'humour dont vient d'user son ancienne collègue, le britannique soulage sa dent sucrée, se gave du glaçage poisseux qui recouvre son dessert. Succulent. Certainement mauvais pour sa santé également. Tout comme le lui a fait remarqué la féline, les additifs et autres poisons dont les effets ne se remarquent qu'à long terme sont ce qui donne à cette nourriture bas de gamme tout son charme. Le tueur se racle la gorge pour la forme quand la brune lui dit que non, il n'est pas un vieux con. Il n'est pas l'homme le plus aimable qui soit, dit généralement ce qu'il pense sans perdre de temps en tentant d'adoucir cette vérité qui est la sienne. De cette manière, il gagne au quotidien plus d'ennemis que d'amis.

Vieux non. Con il se sait capable de le devenir sans avoir à forcer son talent. L'anglais dévore, ses sourcils se fronçant lorsque soudainement Mafdet le questionne au sujet d'Alice. Le souvenir de leur dernier repas partagé lui revient en tête. Il faut dire que la conclusion de ce qui avait été un agréable moment demeure dure à oublier. Il darde la féline d'un regard noir, cherche le traquenard un bref instant. D'un coin de serviette en papier blanc, il s'essuie la bouche et le contour de celle-ci. Puis presque hésitant, se lance enfin.

-Elle commence a dire papa. Et elle grandit bien, la pédiatre est heureuse de la voir prendre du poids.

Tobias prend une pause, offre ainsi à son ancienne collègue la possibilité de faire changer le sujet de cette conversation à sens unique qui est sur le point de s'installer. Cette opportunité n'est pas saisie. Le tueur laisse alors éclater au grand jour ses doutes et ses impatiences. Conte naturellement ces petits bonheurs et autre déconfitures qui rendent son quotidien moins morne depuis qu'un bébé a réussi à se frayer une place dans sa vie ennuyeuse comme la pluie. Et dans son cœur gelé par la même occasion. Jamais il n'aurait cru il y a encore un an avoir la possibilité de retrouver un statut qu'on lui a arraché il y a des années, celui de père. Wesley n'est plus là, il a donc dû apprendre à conjuguer son célibat, sa vie d'homme actif et cette petite fille qui a besoin de lui. Le strict professeur, le tueur au cœur frigide est complètement gaga de sa fille.

Il se stoppe quand il juge ne plus rien avoir d'intéressant à dire au sujet d'Alice, sans même savoir si oui ou non, Mafdet a écouté ce qu'il était en train de lui dire. Il n'imagine pas la femme se prêter au jeu des questions hypocrites mais il doute que les histoires d'érythèmes fessiers d'une jeune enfant parviennent à l'intéresser. L'anglais range les déchets de son repas dans son assiette pour ainsi simplifier le travail du personnel du réfectoire. Hausse une nouvelle fois un sourcil lorsque sa collègue se fait surprenante.

Il ne met que très peu de temps à saisir cette opportunité qui lui permettrait de s'éloigner de sa routine habituelle le temps d'une soirée. Son quotidien n'est pas toujours aussi stimulant qu'il ne l'aimerait et cela lui manque plus qu'il ne veut bien se l'avouer. Il sort son téléphone, ouvre son répertoire. Cette femme lui tient tête, ne le laisse que rarement prendre les rênes d'un jeu qui se fait à deux et dont il n'est pas certain de toujours saisir les règles.

-Ce serait avec plaisir ma chère. J'ignore encore si ami est un terme approprié, mais je ne vous range pas dans la catégorie de mes ennemis. Vous êtes plus stimulante que la plupart de ces gens qui évoluent dans cette ville. Je peux me libérer le soir, en semaine de préférence. Vous n'aurez qu'à m'appeler pour me donner la date de votre choix.

Il inscrit le numéro de la brune lorsque cette dernière lui en fait la dictée. Envoie un message pour ainsi lui partager ses propres coordonnées. En quelques minutes l'affaire est réglée et les deux adultes se séparent pour retrouver leurs postes respectifs.

[...]

Un message fait résonner son téléphone quelques jours plus tard tandis qu'il est en train de suer à la salle de sport. Il manque de faire chuter la barre tenue haute contre ses pectoraux tant la vibration du cellulaire attaché autour de son bras le surprend. Il râle, laisse finalement choir le poids dans un fracas à peine atténué par le tapis de mousse qui recouvre le sol de la salle de cross fît. Enfin il souffle avant de finalement essuyer la sueur qui trempe ses cheveux, et commence à dégouliner le long de son front.

Le gérant de la salle de sport radote au sujet des poids qui traînent dans tout les recoins. Tobias fait la sourde oreille, peu intéressé par les incivilités d'autrui tout en laissant ses doigts poisseux déverrouiller l'écran de son portable. Un message. La féline le contacte au sujet de ce repas dont elle avait fait mention lors de leur dernière rencontre. Lui propose de la retrouver au restaurant dans... Deux petites heures. L'affaire peut se jouer à la perfection si tel un chat il parvient à retomber sur ses pattes. Marinant toujours dans l'aigreur de sa sueur il quitte la salle sans passer par la case douche. Sans même prendre la peine de ranger derrière lui. Il est déjà en train de contacter celle qui lui avait proposé ses services de baby-sitting il y a quelques semaines.

[...]

-Papa !! Papapapa !!

Des petits doigts pénètrent son oreille, écorchant la peau délicate pas la même occasion. Si le chasseur reste de marbre, c'est uniquement pour ne pas pousser sa fille dans ses derniers retranchements. L'enfant est déjà dotée d'un fort caractère et cela amuse Victoria. Monsieur Lapin est porté disparu depuis leur frais retour à l'appartement et le chasseur n'a pas le temps de se mettre à chercher le doudou de sa fille. Vicky fouille dans la caisse à jouets du salon, le brun quant à lui retire les assises du canapé une à une pour retrouver le fugueur. Contre le torse de son paternel, Alice s'agite. Il faut dire que c'est là un amusant spectacle que cette vision que lui offrent les deux adultes. Monsieur Lapin a un jumeau mais Alice n'aime guère cet ami pelucheux qui n'est qu'une pâle copie de celui qu'elle chérit habituellement. Il manque à cette imposteur la fragrance douceâtre de la bave séchée mêlée à celle du régurgit de lait maternisé.

-Victoria, si tu le retrouves envoie moi un message. En cas de problème envoie moi un message. J'ai mit de l'argent sur la table de la cuisine et il y a des menus dans le tiroir des couverts.

Il s'efforce de faire naître sur ses lèvres un sourire qu'il espère rassurant. L'exercice n'est pas une réussite s'il doit se fier à la mine déconfite qui lui renvoie l'étudiante. Immédiatement le chasseur cesse ces simagrées et tend sa fille à la jeune femme qui se dévoue ce soir pour lui sauver la mise.

-Tout va bien se passer.

L'anglais ne sait à qui il vient de s'adresser. Lui même, celle qu'il est arrivé avec le temps à percevoir comme sa nièce ou bien sa fille. Il passe en vitesse une veste prune assortie au reste de son costume, distribue baisers et empoignades avant de prendre la poudre d'escampette.

[...]

Il se gare non loin du restaurant désigné par Mafdet avec quelques minutes d'avance sur l'horaire prévue. Cigarette fumante au coin des lèvres, il attend que la moto de cette dernière ne pointe le bout de son museau.

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

Mon invitation est acceptée avec la délicatesse usuelle de mon collègue : il me range dans la catégorie des non-ennemis. Paraît que je suis également stimulante. Je l’espère bien, c’est un peu mon fonds de commerce de stimuler les esprits, les agacer surtout. Bonnet blanc et blanc bonnet. Tobias préfère la semaine, ce qui me convient également. Je cale mes disponibilités en fonction des horaires de Dick pour qui nuit et week-end peuvent être des moments travaillés. Numéros de téléphone partagés, je me lève en emportant mon plateau. J’ai environ cinq minutes pour être à l’heure au lycée.

|○|○|○|○|

Dick est d’astreinte, le frigo vide, j’appelle le Libanais pour réserver une table pour deux. Cuisiner de l’anglais est une perspective revigorante. Je préviens Tobias du rendez-vous sans me préoccuper si moins de deux heures sont suffisantes pour qu’il soit prêt. Au pire, il laissera la chose baveuse dans sa belle voiture.

La roue avant de ma Ninja butte contre le trottoir. D’un coup de hanche je pose la Kawa sur sa béquille plus coupe le moteur avant de retirer mon casque et laisser tomber mes cheveux en cascade. Je me recoiffe avec les doigts puis descends de l’engin.

Je le repère immédiatement, à un lancer de bâton, nonchalamment appuyé sur son allemande la clope au bec. Tobias Rapier possède cette classe naturelle qui fait que même bourré il reste élégant. Un dinosaure que l’Angleterre ne fabrique plus, sauf à l’ombre des Windsor. Et encore, les frasques des petits fils de la reine montrent bien que tout change. J’hésite à le siffler, me ravise. Laissons-lui un peu de répit. Casque sous le bras, j’attends qu’il me rejoigne devant la porte du restaurant.

La démarche souple, le vent m’apporte le parfum de son gel douche. Tobias semble détendu, comme après un effort intense. Aurait-il visité la chose tatouée aux cheveux filasse ? Le ragot de l’une des personnes de l’entretien au lycée. Le témoignage était imprécis, personne ne l’a cru sauf ceux avec une oreille surnaturelle pour détecter le mensonge. Un sérieux contraste après sa princesse libraire.

|○|○|○|○|

Le décor est agréable, le personnel discret et efficace. Le serveur est parti avec notre commande après nous avoir demandé ce que nous souhaitions boire en attendant. Je choisis une boisson typique : un Arak. Tobias a commandé autre chose. Pour le repas, nous nous mettons d’accord pour des mezzés. Il me demande des nouvelles du lycée. Curiosité, plus qu’un réel intérêt sur son ancien lieu de travail. Rien de nouveau du côté des professeurs, je mentionne quelques élèves que nous avions en commun et qui ont eu l’idée de décorer la salle des profs avec des décorations de la Saint-Valentin et la promesse d’une croisière. Trouver un sujet de conversation…

- Vous avez des projets de vacances ?

le saxon et l'atlante

Feat : Mafdet

Il n'a pas eu le temps de prendre racine devant le restaurant avant de voir sa collègue, enfin celle qui avait ce statut il y a encore peu de temps, le rejoindre. L'homme galant qu'il est a tenu la porte pour laisser cette intrigante bonne femme entrer dans le lieu où elle lui a promit un repas gratuit. C'est à cet instant que le manipulateur qu'il est devenu au fil des années a tenté une percée en tirant une chaise pour cette compagne d'un soir, s'assurant ainsi de pouvoir obtenir le siège de son choix. Quelques mots, des banalités s'échangent. Tobias questionne la brune au sujet du lycée, ne l'écoutant finalement qu'à moitié lorsque cette dernière lui parle de quelques élèves qu'ils ont pu avoir commun. La sottise de cette croisière destinée aux amoureux de la ville ne fait qu'effleurer son esprit. Pas romantique pour deux sous, le britannique juge cette fête qu'est la St Valentin plus commerciale qu'autre chose.

Le lieu dans lequel Mafdet l'a convié est un décor charmant. Le personnel ne dénote en rien avec cette appréciation. Tobias conserve sa neutralité chérie tout en jouant du bout des doigts avec le verre de whisky qui vient de lui être porté. Il ignore tout de cet Arak qui a été commandé par celle qui l'accompagne, devine simplement que rien ne pourrait rivaliser avec ce plaisir que va faire naître dans sa gorge ce verre d'alcool ambré qui est à présent sien. À vrai dire il ne connaît que peu la culture libanaise et c'est son affection pour les plats partagés qui l'a aidé à se mettre d'accord avec la brune sur la commande à passer.

L'anglais demeure silencieux, s'impose machinalement une distance avec ce monde qui l'entoure. Sa bulle de solitude est une forteresse réconfortante. Ses lèvres se pincent, s'entrouvrent lorsque Mafdet le questionne au sujet des congés dont la date ne fait qu'approcher. Il a déjà payé ses billets d'avion, passé les réservations pour un logis sobre sur la capitale ainsi qu'une voiture de location.

-La campagne anglaise.

Il ne cherche à en dire plus. Son retour aux origines des Rapier ne mérite pas que l'on prenne la peine de discourir plus longtemps à son sujet. Il aime son pays. L'Angleterre est un lieu imparfait mais il faut bien avouer que cet endroit en vaut bien un autre. La raison de son retour est liée à la famille plus qu'aux affaires qu'il va devoir régler à Londres. L'idée d'emmener Alessandro avec lui le fait sourire, lui donne même un peu de courage. Une force dont il va devoir faire preuve lorsqu'il se retrouvera face au reste de cette fratrie dont il est le cadet. Des gens qui se souviennent d'un temps où le littéraire conjuguait le nous et n'usait que très peu de son cousin plus égoïste. Maryssa n'est plus là, et il sait bien que l'image de cette dernière sera dans tout les esprits. Sa mère ne prendra pas la peine de retirer les photos de mariage accrochées au mur du salon. Dans sa chambre, dans chaque pli de tissu il est même certain de pouvoir reconnaître le parfum de celle qui fut sienne. Sa femme, la première. Le chasseur serre les dents sous le poids de se souvenir.

Le courage. Il lui faudra savoir en faire preuve une fois de retour à Amberley. Un endroit où les gens se souviennent de son costume bas de gamme et de cette jolie brune en robe blanche. C'est sans rien montrer de son trouble actuel, espérant malgré lui que celle qui lui fait face ne saura rien y voir, que l'anglais ose un soupir à défaut de savoir faire naître un sourire sur ses lèvres.

-Et vous ?

La réponse ne met que peu de temps avant de se faire entendre. La féline s'exporte également, visiblement pas seule vu le sourire qui vient de faire son apparition sur les traits de cette dernière. Tobias se détend imperceptiblement, lève finalement son verre pour trinquer avec celle qui est venue mettre un peu de folie ou en tout cas de nouveauté dans sa vie routinière.

-C'est avec un réel plaisir que je vous tiens compagnie ce soir.

Il faut dire que la femme qui lui fait face est belle, prétendre le contraire serait mentir. Le britannique fait glisser une gorgée d'alcool dans le fond de sa gorge, quémande à sentir le contenu du verre de sa collègue. La curiosité n'est pas qu'un vilain défaut, elle permet aussi de ne pas se lasser d'un quotidien dans lequel tout peut sembler déjà joué. Le brun se fige en laissant son élan en suspend. Du coin de l'œil, il fixe une des tables qui leur est voisine. Le restaurant choisit par la professeure de chimie est plus vide que plein. Un couple dont le caramel de la peau montre une possible affiliation à l'Afrique du nord se regarde dans le blanc des yeux, sans même jeter un regard aux cartes qui leur ont été apportées.

La femme remue, l'anglais tend le cou. Certain d'avoir su remarquer un éclat. Dans une fente de jambe, sous le tissu sombre se dessine un bas auto-fixant. Un peu plus haut, visible lorsque la demoiselle croise les gambettes, une faille s'offre au regard noir du chasseur aguerrit. Un tic nerveux traverse le visage du britannique, ses lèvres se froissent en un rictus plus cruel que ceux qui sont habituellement les siens. Il se racle la gorge, totalement obnubilé par cette vision qui s'offre à lui et qui parvient sans mal à lui faire oublier celle qui est venue dans cet endroit avec lui. Lorsque Mafdet trouve finalement juste de le questionner au sujet de son étrange comportement, Tobias répond du tac au tac. Abandonnant la langue de Shakespeare pour mieux lui préférer celle de Molière.

-Le couple derrière. Monsieur porte au moins deux armes au vu des bosses qui sont visibles sous sa veste. Sa galante a quant à elle agrémenté ses bas d'un argument tranchant.

Tobias se moque d'être compris, son accent rendant son élocution pénible pour qui voudrait saisir ce qu'il vient de dire. Son regard noir croise celui vert de son ancienne collègue puis il gratifie cette dernière d'un clin d'œil habité par la malice. Le confort de son arme personnelle qui dort tout contre son flanc suffit à l'apaiser. L'anglais ne cherche pas à s'inquiéter outre mesure tandis que la clochette installée au dessus de la porte du restaurant tintinnabule.

La déflagration est immédiate.

Comme tiré vers le sol, sa grande carcasse guidée par une gravité dont il ne connaît la véritable nature, l'anglais perd son souffle, sent son corps tout entier se crisper. Et finalement rage un juron disgracieux à l'instant où son front heurte le bois de leur table. Du bout des doigts, il cherche une main. Perdu dans une étrange fumée blanche qui lui enserre le thorax, presque aveuglé il choisit de finalement s'enquérir de l'état de la féline sans toutefois s'inquiéter des cris qui éclosent autour d'eux. Des hurlements qui lui paraissent être du chinois. Ou de l'arabe plus vraisemblablement.

-Mafdet !

Pas de réponse. Il sort son arme, la pointe devant lui. Se heurte une nouvelle fois à un obstacle.

-Mafdet ?

En Italique : En français dans le texte

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

- La campagne anglaise.

Réponse laconique et factuelle. Il ne m’aide pas l’animal ! C’est tout de même un comble pour un lettré d’être aussi avare de ses mots.

- Et vous ?

Deux mots… Si j’avais souhaité une conversation de cage d’escalier, je serais allée dans une cage d’escalier entre la porte d’entrée et celle d’un ascenseur sur le point de se refermer sur mon interlocuteur. Pourquoi avais-je imaginé que ce dîner pouvait être distrayant ?

- Bas quartier de Vancouver.

Mon sourire lumineux contraste avec ma réponse.

- C'est avec un réel plaisir que je vous tiens compagnie ce soir.
- Oh !

J’ai eu un doute sur ce point, mais puisqu’il l’affirme… Il semblerait que je ne décrypte pas encore tout à fait le Tobias Rapier. J’incline la tête pour accepter le compliment. Si je ne le savais pas riche, j’aurais pu croire qu’il venait en profiteur. Énigmatique personnage. Drôle de souris. Nouvel étonnement de ma part, quand il quémande à humer mon breuvage, lui le maniaque distant. Je lui tends mon verre au parfum anisé sans l’ombre d’une hésitation. Je buvais cette boisson alors que le Christ n’avait pas encore foutu le bordel sur ce monde.

Je picore une olive fourrée à l’anchois quand l’expression facial de Tobias m’alerte. Je suis la direction de son regard sur un couple attablé qui ne semble pas se préoccuper à vouloir déjeuner. Rien de bien affolant pour le moment. La communauté libanaise comme toutes autres ethnies minoritaire en territoire américain fait corps avec souvent des réseaux parallèles notamment sur la nourriture spécifique de leur pays qui ne passent pas les douanes du fait de normes d’hygiènes incompatibles. Un peu comme pour certains fromages français. Toutefois, Tobias semble resté préoccupé. Paranoïa ou… Je lui demande ce qui le contrarie. Je reconnais le français. Une chance que je l’ai appris il y a quelques siècles de ça. Ce fut un temps une langue internationale avant que l’anglais le détrône.

- Le couple derrière. Monsieur porte au moins deux armes au vu des bosses qui sont visibles sous sa veste. Sa galante a quant à elle agrémenté ses bas d'un argument tranchant.

Clin d’œil assuré du professeur qui pense avoir une longueur d’avance. Il s’était judicieusement placé face à la porte d’entrée du restaurant sans imaginer que le danger s’inviterait par toutes les issues. Plusieurs informations m’arrivent en même temps. Ce type qui sort des cuisines et qui visiblement n’est ni cuisinier ni serveur, l’objet qu’il lance et le carillon de la porte principale qui sonne dans mon dos. Il est trop tard quand je tire Tobias par sa cravate pour lui faire baisser la tête et qu’une grenade fumigène lui cogne la tête avant de répandre sa fumée opaque et irritante.

Les yeux brouillés de larmes, je ferme les paupières. C’est la paniques, les clients hurlent, les employés du restaurant s’invectivent en arabe. Mon millénaire passé en Égypte est un atout pour comprendre cette langue qui devient vite incompréhensible quand elle est hurlée. Notre table s’est renversée dans le mouvement, accroupie au sol, je tâtonne des mains, tombe sur une fourchette et une petite cuillère que j’empoigne. Le lanceur de fumigène s’égosille en espagnol, des coups de feux éclatent. Les yeux toujours clos, je me redresse, me fiant à mon ouïe. Trois pas plus tard, ma fourchette s’enfonce dans le cou de celui qui a osé blessé mon invité.

- Mafdet ?

Difficile de comprendre ce qu’il ne se passe rien qu’à l’ouïe, tant il y a du vacarme. J’entrouvre les paupières, juge que la fumée est assez opaque et ma transformation plutôt improbable pour m’y risquer. Ma régénérescence accrue me permet de supporter l’atmosphère pesante. C’est à ce moment-là que je vois Tobias sortir son arme. Il ne se rend pas compte qu’il vise une cliente affolée, qui elle aussi ne distingue rien du danger. Je ne sais pas dans quelle mesure l’Anglais est sensible de la gâchette, mais autour de nous, il semble y avoir un règlement de compte entre deux cartels de drogue. Génial !

J’ai dévié la main de Tobias d’un coup de museau.

- Mafdet ?
- Grr !

Je feule doucement à côté de lui. Le gars que j’ai planté, s’écroule devant nous. L’odeur de son sang qui se répand sur le carrelage excite mes sens de prédateur. Ça tire à tout va. L’instinct me faire rugir, ce qui a pour conséquence de faire gueuler tout le monde encore plus fort. Est-ce le poing de Tobias que je sens s’abattre sur mon crane ? Peut-être, quoi qu’il en soit mon humanité reprend le dessus, la panthère s’efface pour la femme. Tiens ! une autre fourchette !

le saxon et l'atlante

Feat : Mafdet

Visiblement il vient de trouver la féline, à moins que ce ne soit le contraire qui vienne de se produire. Un grognement suivit d'un feulement sourd lui répond, l'anglais devine alors sans mal qu'il devrait ranger son arme. En tout cas tant qu'il n'aura pas l'assurance de pouvoir dégommer une cible qui pourrait vouloir s'en prendre à lui et pas une innocente personne perdue elle aussi dans ce qui ressemble à une scène tirée tout droit d'un mauvais film d'action. Tobias baisse son arme pour finalement lui faire retrouver son écrin. Il ne saisit pas grand chose aux hurlements qui retentissent dans le restaurant. De la peur, de la fureur, des balles qui fusent alors que nul n'est certain en cet instant de pouvoir toucher sa cible sans faucher au passage la mauvaise personne.

L'ennemi, quel qu'il puisse être se moque donc des pertes que ses actes peuvent engendrer.

Toujours plongé dans cette fumée blanche qui peine à se dissiper, ce brouillard opaque qui lui brûle les poumons, le chasseur sourit. Une expression cruelle et vide de vie. Si ce soir il espérait se divertir en fréquentant de plus près cette femme qui comme lui semble fouler la terre des hommes d'une démarche qui se veut régalienne, Tobias doit bien avouer qu'il n'en demandait pas tant. Une tuerie désordonnée, un jeu malsain qui respecte les codes de l'impensable. Le crâne comme fendu en deux par une douleur dont il est incapable de se remémorer la cause, celui qui tente de faire croire, de se persuader lui même qu'il n'est plus un tueur, mais un simple professeur se redresse. Défait à tâtons le windsor qui ceint sa cravate. Prend appui sur ce lui lui paraît être un support stable avant de finalement se dérober à lui.

C'est rassuré que l'ancien chasseur constate que ses jambes parviennent à le porter et cela sans trop de difficultés. Il amorce un premier pas dans une direction qui lui est dictée par sa logique. Les braillements aux nuances hispaniques de sa cible lui confirment que celle-ci ne fait pas partie des gérants du restaurant libanais. Naturellement il choisit ainsi un camp, luttant contre ceux qui sont venus briser ce qui devait être un instant de calme. Un moment qu'il désirait passer avec une autre personne à l'intelligence certaine, qui a défaut d'avoir son âge peut toutefois tromper tout ceux qui ne se fient qu'au physique. Une libération loin des couches sales de sa fille, loin des doigts pourvus de griffes acérées qui se coincent dans son oreille à défaut de le faire dans son appendice nasal. La fumée dense l'est moins que lorsqu'il était au sol. Il parvient non sans mal à cibler le braillard.

La suite de cette opération se joue dans une rapidité qui parvient à tromper celui qui a commit l'erreur de se faire l'ennemi du britannique ce soir. Sans prêter attention à son ancienne collègue qu'il devine capable de se sortir de cette situation mieux qu'il ne saurait sans doute lui même le faire, Tobias tend sa cravate. D'un geste franc il passe l'objet autour du cou de celui qui est venu gâcher la fête avec quelques uns de ses compères. Un grognement rauque échappe au britannique qui vient de nouer sa cravate autour du cou de sa cible. Une cible qui se défend, qui ne relâche pas sa prise sur son arme pour autant. Les hurlements se font râles, la respiration se meut en suffocation.

Bientôt la fin se dessinera mais pour l'instant c'est une lutte pour la survie qui se joue dans cet endroit. La peur donne une rage que rien ne peut égaler. Les libanais se sont trouvés des alliés inattendus. L'hispanique se fait diable frétillant pour se débarrasser d'un assaillant qui le surpasse en taille, en force et en expérience. La fumée empêche l'anglais de discerner l'ampleur de cette débandade. Un coup d'épaule le surprend. Il chute en arrière sans jamais relâcher le lien de fortune qui lui permet d'étrangler le gêneur.

Une table craque, son dos le lance même s'il semblerait qu'une masse molle ait su amortir le choc. D'un geste souple et avisé, il met fin au combat qui n'a que trop duré. Le craquement se fait sinistre tandis que le chasseur s'offre enfin le luxe de respirer profondément. Grossière erreur. Tobias tousse à présent à s'en décrocher les poumons. Derrière lui, non loin de sa position on appelle son nom.

-Cet abruti ne voulait pas mourir !

Cela crie moins à présent preuve que le conflit doit approcher de sa fin. Il espère qu'on délestera leur addition des boissons en réponse à ce service rendu. Sa tête tourne, sa respiration toujours aussi lourde n'aidant pas son état à s'améliorer. Une quinte de toux lui échappe à nouveau lorsque l'on le soulève de terre d'un geste trop vif pour qu'il parvienne à bien l'encaisser. Ses jambes sont molles, comme si on était venu subtiliser ses muscles pour les remplacer par du coton ou bien de la gelée aux fruits. L'anglais chavire, cherche un support stable.

-Je crois... Je crois que je me suis cogné la tête.

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

J’ai repris forme humaine, seulement une sombre colère se déverse dans mes veines.

Je n’aime pas qu’on me bouscule.
Je n’aime pas qu’on interrompe mon repas.
Ni que l’on m’ennuie quand je suis occupé avec une intéressante souris.
Je n’aime pas qu’on m’asphyxie aux fumigènes.
Et encore moins qu’on crie non loin de mes oreilles
Ni qu’on tire au petit bonheur la chance.

Le bruit de la vaisselle qui se casse ajoute une note désagréable au désastre qui règne autour de nous. J’entraperçois le visage de Tobias. Il a tombé le masque : regard malsain, ses narines qui frémissent trahissent son excitation.

- Ne te fais pas goinfre et laisse-m’en !

Le tutoiement scande la dynamique du moment. Choisir notre camp coule de source. Le chasseur choisit sa cravate, je conserve ma fourchette. L’Anglais ne m’attend pas et s’offre un pas de deux avec un infortuné qui pensait tenir l’avantage avec l’effet de surprise. Ma fourchette s’offre une paire de fesses, un ventre grassouillet, une joue mal rasée, un œil. Le bruit, l’odeur, les cris sont plus tolérables quand on est l’investigateur. Une joie malsaine m’anime. Mon arme à quatre dents termine sa course au fond d’un aquarium où s’agitent mollement des poissons colorés. Une spirale rougeâtre trouble l’eau. Les nageoires s’agitent : le goût du sang est si caractéristique.

Je m’écarte vivement de la trajectoire d’un Anglais qui recule sans contrôle pour terminer sur une table qui craque sous son élan et certainement son poids.

- Regardez où vous mettez les pieds !
- Cet abruti ne voulait pas mourir !

Je relève le professeur qui tangue un instant.

- Je crois... Je crois que je me suis cogné la tête.
- Faites voir ça !

Les portes du restaurant sont grandes ouvertes, laissant s’échapper la fumée et des clients affolés. Peut-être, quelques assaillants en profitent aussi pour se faire la belle. Je redresse une chaise et invite mon collègue à s’y asseoir. Je me sers dans le congélateur posé à côté de la porte qui mène aux cuisines, prends sans choisir une boîte sorbet citron que j’enroule d’une serviette ramassée sur une table.

- Appliquez ça là où ça fait mal.

Je redresse la table et une autre chaise. Vole le plateau encombré de mézés qui attendait d’être servi sur une table de réserve et le pose entre nous. Dehors, des sirènes annoncent la décente de flics.

- Bon appétit.

J’attaque sans façon, l’action me donne toujours faim.

Le jaloux et les tontons flingueurs
FT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Vient de partir en fumée une soirée que le canadien espérait calme. Une pensée idyllique dans une ville telle que Beacon Hills. Lui qui il y a quelques mois arrivait dans cet étrange endroit, la bouche en cœur persuadé de dégoter ici une vie bien plus douce que celle qui fait vibrer les grandes villes a bien vite saisit l'ampleur de sa bêtise. Ou de sa naïveté. Les deux idées ne sont pas si éloignées l'une de l'autre dans une pareille situation.

Devant un petit restaurant qui n'est pas prêt de pouvoir à nouveau accueillir des clients s'agglutinent de nombreuses voitures de patrouille, gyrophares et sirènes hurlants pour bien avertir tout le monde de leur présence dans les environs. Richard qui jusque là était paisiblement installé derrière son bureau, câlinant la photocopieuse tout en s'occupant de la paperasse en souffrance ne s'attendait pas à ce que le chaos leur tombe dessus sans crier gare. Un appel passé au poste de police par une femme en panique. Une scène décrite comme si elle était tirée d'un mauvais film de genre, c'est ce qui a suffit à faire remuer tout les poulets. À leur faire délaisser la basse-cour pour se ruer vers la source de cette animation imprévue.

Beacon Hills, charmante petite ville perdue au fin fond de la Californie où l'imprévu devient rapidement ingérable.

Richard coupe le contact de sa voiture de patrouille, son regard brun comme incapable de se détacher de ce qui lui semble être la goutte d'eau qui fera ce soir déborder le vase de sa patience. Une moto verte qu'il connaît bien, appartenant à une femme qui ne manque pas de le surprendre à chacune de leurs retrouvailles. Parfois trop pour le bien du canadien. Dick se passe une main sur le visage, soupire tandis que son collègue s'extirpe déjà de la voiture. Si le moyen de transport est encore dans les parages, c'est que sa propriétaire est toujours sur la scène de crime. Si elle est toujours ici, c'est qu'elle n'est pas tout à fait innocente dans toute cette histoire qui ce soir secoue leur petite ville. Le flic, l'homme qui se veut modèle hésite sur la marche à suivre. Il ne veut dépasser cette limite qu'est en train de lui imposer son cœur, même s'il se souhaite comme à son habitude irréprochable lorsqu'il porte son uniforme.

C'est lourdement et l'esprit en ébullition qu'il se force à quitter son véhicule de fonction. Le policier regarde autour de lui, se fige à la vue d'une voiture qui n'existe qu'en un seul exemplaire dans les environs. La grosse berline de Tobias Rapier, ancien professeur au lycée public de la ville, récemment transféré à l'université. La couille gauche d'Amaro. Richard connaît cet homme au passé compliqué à retracer principalement car il a bien souvent déjà croisé sa route en collant les fesses de l'italien.

Les forces de l'ordre peinent à s'organiser. On a visiblement perdu l'habitude des affaires où l'humanité montre qu'elle demeure capable du pire à force de trop côtoyer le surnaturel.

-Turner ! Ta nana est là dedans ! On fait quoi ?

Richard redresse la tête. Une de ses collègues vient de l'alpaguer. C'est sans perdre de temps en absurdes réflexions que l'homme de loi répond.

-On embarque.
-Sûr ?

Le coroner entre en fracas dans ce restaurant où Richard refuse de mettre un pied.

-Oui. Des morts, c'est louche. On l'embarque et son copain avec elle. Faut prendre leurs témoignages et leurs empreintes. C'est juste le respect de la procédure.

Dur de savoir si c'est la jalousie ou bien l'intégrité du père de famille qui le fait agir ainsi. Mais il sait qu'il va entendre parler de cette soirée.

Codage de Liiloux

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Mar 2 Mar 2021 - 21:05

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

C’est un peu la panique dans le restaurant. Nous sommes les seuls convives à être installés et à manger. Nous profitons sans vergogne du chaos qui règne pour nous empiffrer. Enfin, surtout moi.

- Mais mangez donc, au lieu de faire le difficile Tobias.

Les bols vides s’empilent, je deviens goinfre quand il y a du manger gratuit. Car je ne compte pas payer un centime de plus que ce que nous avons commandé, alors que nous profitons de tout ce qui a été préparé et que personne n’a touché.

- Chéte agneau est chucullent, vous devriez y goûter Chtobias !

Je me pourlèche les babines, me lèche les doigts et offre le même sort à l’assiette. L’ambiance devient ubuesque lorsque les flics débarquent.

- Qui êtes-vous ? questionne un idiot en uniforme.

Un gars qui sait parfaitement qui je suis. Il m’a déjà vu en compagnie de Dick.

- On a payé ! Pas question de gâcher !

Je tilte à ce moment-là : si ce pignouf est là, Dick aussi. Ils sont de la même brigade. Je soupire et regarde Tobias.

- Je sens venir les désagréments.

Pas besoin d’être un devin pour comprendre que Tobias n’est pas loin de l’urticaire géante avec ces flics qui fouillent chaque recoin de l’établissement. J’aimerais avoir du dessert, mais le patron des lieux ne semble pas être disponible à nous servir. Je me lève donc pour rapprocher le chariot des desserts.

- On ne bouge plus !
- J’ai payé !

Ce qui est inexact. Généralement, dans les situations un peu folles, il suffit de parler avec aplomb cela suffit. J’avance d’un pas vers un tiramisu prometteur, tout en me faisant la réflexion que ce n’est pas très libanais comme dessert quand le poulet pointe son arme dans ma direction.

- Vous craignez que je vous attaque à coup de fondant au chocolat ?! persiflé-je.

C’est à ce moment-là que j’entends Dick. Il est dehors, mais je reconnais parfaitement le timbre de sa voix. Je n’en crois pas mes oreilles. L’accès aux douceurs sucrées m’étant interdit, sous la menace d’une arme je retourne m’asseoir. L’air lugubre de Tobias m’inquiète. Il a toujours son arme sur lui.

- Bon, ben, pas de dessert. La police prend soin de notre…
- Je vais vous demander de me suivre.
- Pour aller où ?
- Au poste de police.
- On se fait tirer dessus pendant qu’on mange et vous nous embarquez comme des assassins ? Demandez à Richard Turner d’avoir les couilles de…
- Il est occupé à autre chose, madame. Je vous prie de bien…
- C’est bon ! De grâce ! Tobias ? Cher ami. Puis-je prendre votre bras. L’émotion. Je sens que je vais défaillir.

Émotion mon cul, j’ai adoré la bagarre. Mais me priver de dessert et me faire embarquer sous l’ordre de mon petit ami… ça va se payer cher ! Je me moque que Tobias soit frileux des contacts, je m’accroche à son bras comme une naufragée à une bouée. Puis son arme est à portée de main, s’il avait la mauvaise idée de dégainer. Il n’est pas cinglé au point de le faire, mais parfois une force impérieuse s’empare de votre corps pour le pire et rarement le meilleur.

J’avance en tanguant et ne daigne pas regarder du côté de Dick quand nous arrivons dehors. Je vais lui en donner des raisons d’être jaloux !

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Mer 10 Mar 2021 - 11:40

le saxon et l'atlante

Feat : Mafdet et Richard

Il retire sa main qui jusque là couvrait son front. Son crâne lui paraît être fait de plomb, une comparaison qui en cet instant pourrait même sans mal se généraliser à son être tout entier. Le chasseur soupire, désabusé par cette faiblesse qui s'impose à lui et qui ne lui convient que très peu. Tobias aime avoir la maîtrise de la situation et ce en tout instant. Soyons honnête, la fête est déjà terminée et cette soirée ne l'amuse plus du tout. L'anglais songe au confort de son lit, il s'imagine sans difficultés la scène qui va clôturer sa journée. Un verre de whisky dans une main, un livre quelconque dans l'autre. Des bâillements lui échappant régulièrement pour parfaire ce charmant tableau. Sans rechigner il se laisse guider par son ancienne collègue. De nouveau assit, il colle le bac de glace que la féline vient de lui porter sur la source de son mal.

Le bien-être associé à ce geste est soudain. Fait râler son soulagement au britannique qui fixe d'un regard ahuri la brune qui quant à elle n'a pas l'air d'avoir oublié la raison de leur venue dans cet endroit. La tuerie désordonnée qui a eu lieu dans ce petit restaurant a visiblement ouvert grand l'appétit de Mafdet. Sur le sol dorment quelques cadavres, le lieu est redevenu silencieux après ces quelques éclats qui n'ont que peu duré. Cette soirée est agréable même si son déroulement frôle la mauvaise blague. Le silence le plus complet fait son nid, seulement entrecoupé par les déglutitions de la féline qui se moque complètement de se remplir la panse alors qu'ils se trouvent à l'épicentre de ce qui va être considéré comme une scène de crime bien fournie. Un son se fait entendre, désagréable tant par sa virulence que par ce qu'il implique. Dehors les sirènes des voitures de police résonnent, la cavalerie arrivant comme toujours après la bataille. Tobias soupire, se redresse finalement après avoir fait claquer son bac de glace au citron contre la table. Le pas instable, il se dirige vers sa cravate et son actuel propriétaire. Cet objet appartient à l'anglais et il est hors de question qu'il puisse devenir la cause de sa déchéance. D'un geste malhabile, il dénoue l'objet, le passe de cou en cou. Le Windsor qui ceint présentement le col de chemise du littéraire n'a plus rien de parfait.

En plus de quinze ans il ne s'est jamais fait pincer, il ne veut pas que la donne change après cette soirée qu'il avait osé espérer paisible. Lourdement, le chasseur revient s'installer sur son trône. Se contentant de grogner pour la forme lorsque la féline l'invite à se servir, il fixe les assiettes qui se vident, avant de finalement se décider à suivre le modèle qui lui offre Mafdet.

Il plonge les doigts dans un houmous crémeux, tente de se faire aussi calme que possible quand les flics débarquent dans le restaurant. Doués d'une nonchalance tout ce qu'il y a de plus factice, les doigts couverts de nourriture se fraient un chemin jusqu'à la bouche de Tobias qui mange sans véritablement apprécier ce qu'il est en train de déguster. Un homme en uniforme ne perd pas de temps avant de venir leur demander qui ils sont. Des fous assez atteints pour prendre le temps de partager un repas au beau milieu d'un scène de crime, c'est un fait assez marquant pour mettre la puce à l'oreille de n'importe quel agent des forces de l'ordre. Même le plus dénué de facultés intellectuelles. Comme Mafdet ne répond pas au monsieur, c'est Tobias qui décide de prendre cette peine sur lui.

-Des clients ?

Sans doute les derniers avant longtemps vu que le patron est en train de baver du sang derrière son comptoir. Tobias se tasse sur son siège, se rendant compte qu'ils sont probablement dans les ennuis jusqu'au cou. Il se remémore le numéro de téléphone de cette femme aussi agaçante que brillante. Une certaine Eve dont il s'était juré de ne pas avoir besoin des services pour le moment. Mafdet se lève pour accéder au chariot à dessert puis finalement se voit menacée par une arme. Le chasseur n'a quant à lui plus faim et il doute que son appétit parvienne à revenir dans de brefs délais. Il commence à perdre patience, le poids de son arme tout contre son flanc ne l'aidant en rien lorsqu'il s'agit de revenir à de meilleurs auspices.

Il veut rentrer chez lui, retrouver Alice et ce sans passer par la case prison.

Des désirs simples. Tobias n'est rien de plus qu'un enfant capricieux qui a mal grandit, acceptant toujours aussi difficilement que l'on vienne se poster face à lui pour lui dire ce mot qu'il hait tant : Non. Non. C'est d'ailleurs ce qu'il a envie de hurler lorsqu'il saisit que la source de tout ses ennuis en devenir se trouve devant lui. Il n'aurait osé faire le lien entre ce flic qu'Alessandro lui a décrit comme un imbécile aussi gênant qu'entêté et sa brillante collègue. Son instinct hurle à Tobias de quitter cet endroit au plus vite, de laisser Mafdet avec ses ennuis sans se retourner. Mais malheureusement pour lui, dehors ça grouille de flics et ceux qui sont à l'intérieur du restaurant n'ont pas l'air d'être d'humeur laxiste. Comprenant que leurs problèmes n'en sont encore qu'à leurs prémices, le britannique se contente de darder sa collègue de son regard le plus noir. Il lui faut un coupable, une personne sur qui rejeter la faute de ces sinistres événements qui ne font que s'enchaîner. Mafdet se révèle malgré elle être la candidate parfaite pour ce rôle.

Et cette dernière ne fait qu'empirer son cas en mentionnant le besoin d'une forme de soutien qui implique un contact physique avec le littéraire. Dents serrées, Tobias se redresse. Soupire là où il ne peut pas injurier la terre entière. Ce soir il se sent Sophie tant il attire les malheurs.

La brune vient de plaider l'émotion avant de s'accrocher au bras du tueur comme une sangsue au mollet d'un baigneur mal-avisé. Plongé dans le mutisme le plus complet, le chasseur obtempère. Songe à cette colère qu'il sent monter en lui. Les voilà bien vite dehors, puis rangés au fond d'une voiture de patrouille. C'est seulement à cet instant, lorsqu'ils se retrouvent tout deux plongés dans une intimité qui n'a rien d'agréable que Tobias crache son venin.

-Vous devriez régler vos soucis relationnels avec votre ami. Il me tape sur le système alors que je n'ai même pas encore eu l'occasion d'en faire la connaissance.

Il se moque du regard que lui renvoie la féline. Après tout elle ne va quand même pas le tuer dans une voiture de police alors que partout dehors la volaille court dans tout les sens.

-Si certains tolèrent les emmerdeurs ce n'est en rien mon cas. Voyez vous Mafdet, j'aime ma tranquillité. Je suis prêt à tout pour la conserver.

Menacer de manière aussi claire celui qui paraît être le compagnon de la féline, une femme imprévisible et capable de le tuer avant qu'il n'ait le temps de se rendre compte du danger n'est sans doute pas la plus glorieuse des idées qu'il ait pu avoir durant sa vie. Trop énervé pour songer à mesurer ses paroles, pour vouloir les adoucir en usant d'une hypocrisie qui ne bernerait personne, l'anglais oublie toute notion de sécurité. Soupire. Blêmit toutefois lorsqu'un nouvel arrivant fait son apparition dans la voiture de patrouille.

Sa langue passe sur ses lèvres, caresse humide pour rendre moins sèches ses prochaines paroles. Mafdet se fait pot de glue, reconnaissant elle aussi sans mal le policier qui vient de les rejoindre. Tobias a déjà croisé le poulet qui pensant se faire discret l'a suivi durant plusieurs semaines.

-Bonsoir agent Turner. Une joie de vous rencontrer enfin. Je vous ai souvent aperçu dans mon dos, votre ombre se mêlant à la mienne. Et dire que jamais vous n'avez osé venir me saluer.

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Jeu 18 Mar 2021 - 12:47

Le jaloux et les tontons flingueurs
FT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Le regard rivé sur ce restaurant devenu scène de guerre, il attend comme perdu au milieu de cette nuée d'hommes en uniforme. Il est certain qu'il devrait lui aussi se mêler à la foule formée par ses collègues, mais il demeure trop ahuri pour parvenir à se mettre en mouvement. Dents serrées à l'extrême, il attend le retour de celui qui était venu lui demander qu'elle était la marche à suivre dans cette situation des plus particulières. Il aurait pu décider de fermer les yeux, tenter autant que possible d'amoindrir le rôle de sa compagne et de l'ami de cette dernière après ce qui vient de se dérouler dans ce qui devait être un charmant restaurant avant ce soir. Mais dans son crâne vit une mélodie étrange, celle de la fureur, et elle se marie à la perfection avec la bête immonde de la jalousie qui le dévore de l'intérieur.

Richard ronge son frein, se demande si tout ça aurait pu être pire. Rapidement la réponse à cette question éclot dans son esprit : Non le pire il est déjà dedans jusqu'au cou. Mafdet qui sort avec un autre homme tandis que le canadien est en train de trimer au poste de police, un ami sans doute. Rien de dramatique en soi. Mais l'identité de l'ami en question est déjà un problème. Tobias Rapier, un des proches d'Amaro. Trop pour que le flic puisse vor l'anglais d'un bon œil. Tobias Rapier et sa vie rangée, tellement classique, ennuyeuse même. L'instinct du canadien lui dicte que le professeur de littérature n'est pas aussi lisse qu'il n'y paraît.

Et puis tout ces morts. Richard n'est pas assez aveuglé par son amour pour la féline pour oser commettre la folie de la croire inoffensive. On ne vit pas aussi longtemps sans finir par avoir du sang sur les mains. Le peu de choses qu'il connaît du passé de sa belle le conforte dans cette idée. Le policier gamberge, cherche l'astuce qui saura l'aider à résoudre cette situation qui lui semble pour l'instant ingérable. Le père de famille sent le mal de crâne poindre tandis que son esprit est bloqué sur ce drôle de casse-tête.

Puis il bondit, piqué au vif quand du restaurant s'échappent les deux témoins. Mafdet tourne la tête pour ne pas croiser son regard, alors que cette dernière doit bien se douter qu'il ne loupe aucuns de ses faits et gestes. Pendue au bras de son glaçon sur pattes, elle suit un des collègues de Richard. Il ne faut que quelques secondes au duo de malfaiteurs pour finir rangé à l'arrière d'une voiture de patrouille. Leur escorte ne cherche même pas à se faire discrète lorsqu'elle revient en courant vers un Richard sur le point de laisser éclater sa colère.

-Turner ! Je crois que tu vas te faire engueuler par ta nana !

Richard se contente de grogner pour la forme. Il n'avait pas besoin d'entendre cette évidence sortir de la bouche de son collègue pour se douter que tout cela allait finir par une dispute. D'un geste empressé de la main, il intime l'autre à lui en dire plus. Tout en progressant dans la direction de la voiture qui sert de refuge aux deux soi-disant témoins, Dick ne loupe rien des maigres renseignements dont Graham lui fait don.

-Elle a pas mal gueulé. Alors, on a dû lui expliquer qu'elle avait pas le choix. Lui il a suivi sans faire d'histoires. Ils étaient en train de manger. Juste en train de manger, comme s'il y avait pas de morts dans tout les coins. Et elle a dit que t'avais pas de couilles.

Dick déglutit, ne trouvant rien à répondre à son collègue, il se contente d'ouvrir la portière du côté conducteur de la voiture de patrouille déjà habitée. Sans un mot il s'installe. Il ne cherche même pas à croiser le regard de la féline, sachant qu'agir de cette manière serait une belle erreur. Posément, tout en maîtrisant les tremblements qui agitent ses mains, il ne bronche même pas lorsque moqueur l'anglais lui fait remarquer qu'il avait été aperçu pendant les deux semaines durant lesquelles il avait suivi ce dernier. Richard n'a qu'une envie. Laisser sa colère éclater au grand jour. Hurler, sacrer, jurer, taper du poing.

Finalement il se contente de soupirer. Met le contact. Puis démarre sans prendre la peine de prévenir ses collègues.

Au premier carrefour, il coupe la radio, s'isolant ainsi du reste des forces de l'ordre de la ville. Une belle connerie si tout cela devait dégénérer. Mais il ne veut causer de réels soucis à sa belle, et ce quitte à perdre une occasion de mettre son ami derrière les barreaux. Richard ouvre la bouche, prêt à questionner. Puis bien vite se ravise. C'est seulement deux rues plus loin qu'il se lance enfin. Ils s'éloignent de la ville, ce qu'il est en train de faire est clairement illégal mais il a besoin de temps.

-Je suis en colère.

Ce sentiment fort dont il ne cherche même pas à nier l'existence anime tout son être. Ses gestes se font brusques, saccadés. Il faut bien l'avouer sa conduite n'est pas aussi souple qu'à l'ordinaire. Lorsque depuis la banquette arrière lui parviennent des réflexions qui laissent sous-entendre qu'il puisse ne pas être le seul dans cet état, le flic pile, freinant brutalement pour remettre les idées de tout ce petit monde en place. Les freins hurlent sous le traitement imposé, Dick reprend sa conduite comme si rien ne s'était passé.

Ils sont sur le point de quitter la ville lorsqu'enfin il se stoppe non loin de l'orée des bois. Un nuage de tabac chaud lui provient. Cette garce anglaise se croit tout permis. Saleté de riche qui se la joue grand prince alors qu'il est bouffé par le vice. L'anglais et l'italien sont bien assortis. Trop pour que le canadien parvienne à conserver son calme plus longtemps. Prévisible et surprenant à la fois, il explose enfin.

-Qu'est ce qui s'est passé dans ce putain de restaurant ? J'ai combien de pièces à conviction couvertes de vos empreintes à planquer ? Bordel Maf ! Je bosse et j'apprends que tu es en train de becter du gâteau au beau milieu d'un bain de sang.
-Langage.

Le policier se retourne vivement, à moitié grimpé sur son siège il fixe celui qui a tout d'un croque-mort. D'un doigt furieux il cible cet individu qui suffit à rendre cette soirée pire encore qu'elle ne l'était déjà.

-Toi tu fermes ta gueule ou je te fais bouffer ta clope !

Codage de Liiloux

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Dim 28 Mar 2021 - 11:53

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

Tobias me toise, l’oeil furieux. Je lève les yeux au ciel, ce n’est pas le moment de nous diviser. Comment pouvais-je deviner que le restaurant que j’avais choisi ce soir se ferait attaquer. Autour de nous, cela grouille d’hommes en uniforme. Une telle altercation en plein centre-ville a dû donner des sueurs froides au poste de police.

- Je suis peut-être un chat noir, mais les histoires qui circulent sur leur prétendu pouvoir de malchance sont erronées, Tobias.

Je précise au cas où le Britannique soit superstitieux. Il y en a beaucoup parmi les chasseurs. Je suis déjà montée à l’arrière d’une voiture de flic, mais là, je trouve cela injuste.

- Vous devriez régler vos soucis relationnels avec votre ami. Il me tape sur le système alors que je n'ai même pas encore eu l'occasion d'en faire la connaissance.

Je lui retourne son regard de tout à l’heure. Ne me pousse pas dans mes retranchements, car voiture de flic, ou pas…

- Si certains tolèrent les emmerdeurs, ce n'est en rien mon cas. Voyez-vous Mafdet, j'aime ma tranquillité. Je suis prêt à tout pour la conserver.

Ma main griffue n’est qu’à dix petits centimètres de la joue du pénible quand Dick apparaît à l’avant de la voiture de patrouille. Il vient d’éviter à l’Anglais une belle balafre. Ma main retrouve ma cuisse, mes griffes peinent à se retirer. Je suis d’une humeur de chien. Un comble pour un chat. Un mauvais mélange aussi.

- Bonsoir agent Turner. Une joie de vous rencontrer enfin. Je vous ai souvent aperçu dans mon dos, votre ombre se mêlant à la mienne. Et dire que jamais vous n'avez osé venir me saluer.

Je fronce les sourcils, toise les deux hommes successivement. Aucun d’eux n’accepte la confrontation visuelle. Rapier fait partie de l’enquête personnelle et dangereuse de ma souris ? Avec Amaro, il a le don de choisir les hommes les plus dangereux de la ville. C’est le côté boy-scout de Dick m’agace le plus. Qui m’amuse aussi. Doux paradoxe.

Sans un mot de plus, la voiture se met en mouvement conduit par un flic plus tendu que le maillot rouge de Pamela Anderson. Mon pied tape une cadence sur le revêtement plastique du sol. Réaction immédiate de l’Anglais que ce bruit agace. Je me redresse, droite comme une reine de Sabbat, menton levé, j'ajoute mon deuxième pied au concert. Je me chantonne intérieurement le boléro de Ravel. Cet air chorégraphique à trois temps possède une vivacité adaptée au tapage de mes pieds.

Les rues défilent, nous avons dépassé la perpendiculaire qui mène au poste de police depuis un moment. Je sifflote Ravel depuis quelques pâtés de maisons. Dick va faire une connerie. Encore. Je garde un air détaché, alors que je surveille les deux hommes. Dick de l’autre côté de la grille de protection. Tobias qui n’a pas été soulagé de son arme. Logique, vu que ni lui ni moi ne sommes en état d’arrestation.

- Je suis en colère.
- On m’a interdit de manger mon dessert.

Mon nez manque d’embrasser la grille. Dick vient de piler. L’image de Troy passe furtivement devant moi. C’est vrai que ma réplique est digne d’un enfant de son âge. Mais j’ai été déesse un temps. Cela me donne droit à tous les caprices. Soupir anglais à l’autre bout de la banquette. La voiture redémarre. Nous quittons la ville. Cela aurait été trop simple d’expédier cette affaire au poste de police… Je plisse le nez : Tobias vient d’en allumer une. Inutile de lui demander de l’écraser. Je me ventile le visage d’une main : impossible d’ouvrir fenêtre ou portière depuis l’arrière d’une voiture de flic. La fumée semble déclencher la fin du voyage. Dick se gare.

- Qu'est-ce qui s'est passé dans ce putain de restaurant ? J'ai combien de pièces à conviction couvertes de vos empreintes à planquer ? Bordel Maf ! Je bosse et j'apprends que tu es en train de becter du gâteau au beau milieu d'un bain de sang.
- Langage.
- Toi tu fermes ta gueule ou je te fais bouffer ta clope !
- Faux ! J’ai pas eu droit au gâteau. Et je visai le tiramisu.

Dick s’est retourné, les genoux sur son siège. Il nous toise comme les animaux en cages que nous sommes.

- Je refuse de parler enfermée à l’arrière d’une bagnole de flic !

Regard furieux de mon petit ami, ronds de fumée à ma droite. Dick concède à nous laisser sortir. Tobias reste muet. De toute évidence, il me laisse l’honneur d’expliquer ce qu’il s’est passé.

- Nous en étions à l’apéritif. Un arak pour moi et un whisky pour le professeur.

J’enfonce une porte ouverte pour souligner le lien entre Tobias et moi. Dick semble se moquer de ce que nous buvions.

- Soudain, un fumigène manque d’assommer Tobias. Ensuite, c’est brouillard et balles qui volent.

Je lisse mes cheveux et les noue en queue de cheval avec l’élastique qui quitte rarement mon poignet.

- N’est-il pas Tobias ? Tu devrais d’ailleurs trouver un bac de glace sur la table de laquelle tes collègues nous ont chassés. C’était pour lui éviter une bosse.

Je frotte une poussière imaginaire sur mon épaule, puis me dirige à nouveau vers la place passager de la voiture.

- Au fait, les assaillants parlaient espagnol. Rien d’intéressant, sinon des menaces de mort. Je n’ai rien vu à cause du fumigène. Comme les autres témoins, je suppose, continué-je avant de m’installer et claquer la portière. Nous avons attendu que ça se passe cachés sous la table. Fuir comme les autres clients c’était prendre le risque de se manger une balle.

Heureusement que cette fumée était là.

- Ma moto et la voiture de Tobias sont devant le Libanais. Tu nous y reconduiras ? Il faut passer au poste pour signer nos déclarations ?

Plus vite ce cirque s’arrête, plus on a de chance que cela se passe bien.

- Tobias à sa fille à récupérer aussi.

Message subliminal à un autre père de famille. C’est un coup bas, mais je sais que ce point va faire céder Diick.

Sujet: Re: Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias Mer 31 Mar 2021 - 11:42

Le jaloux et les tontons flingueurs
FT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

On dirait bien qu'il a réussi à clouer le bec de ce grand endimanché. Le professeur le fixe, ne bouge plus. Bouche bée le copain d'Amaro ne semble pas avoir envie de savoir si les menaces de Richard ont le pouvoir de se transformer en promesses. Le regard du policer ne devient pas plus doux pour autant, surtout lorsque Mafdet rebondit sur ses questions qui sont presque des accusations, les éludant toutes sans exception. Mentionnant uniquement qu'elle n'a pas eu le temps de manger son morceau de gâteau. Dick peine à garder son calme, en tout cas ce qui reste de ce dernier. Son regard chocolat devenu noir passe sur un des prévenus, puis l'autre. Il est furieux, bien trop pour parvenir à réfléchir de manière logique. Il est en train de vivre un de ces instants où sa raison laisse place à des actions impulsives et totalement dénuées de sens.

Le genre d'instant qui amène toujours son lot de regrets par la suite. Maf braille qu'elle ne veut pas rester à l'arrière de la voiture, le pantin qui l'accompagne ne dit quant à lui plus rien. Ce sale type se contente de faire des ronds de fumée dans l'auto alors qu'il est bien spécifié que la cigarette est interdite dans ce lieu. Doutant qu'un rappel de ce genre puisse être utile, Dick lève les yeux au ciel puis marmonne.

-Et bien sors donc !

Il ne faut que peu de temps à cette permission lâchée du bout des lèvres pour être mise à l'épreuve. Mafdet s'extirpe hors de l'habitacle du véhicule, rapidement imitée par cet homme avec qui elle était en train de passer ce que le canadien n'ose imaginer avoir été prévu comme étant une belle soirée. Le policier se montre jaloux, bien plus qu'il n'aurait cru être capable de l'être. Cette constatation ne l'amuse par car c'est un défaut dont il aurait aimé être dépourvu. Sa compagne explique leur situation, ou plutôt se perd en banalités dont Richard se passerait bien. Il agite une main d'un geste nerveux, peu friand de cette introduction. Il espérait du factuel et ainsi pouvoir bien vite retourner au poste de police avant que son détour ne puisse être remarqué par ses collègues.

La suite de cette petite histoire ne se fait pas attendre plus longtemps. Richard ne pose même pas un regard sur celui qui a servi de cible pour fumigène. Le britannique se fait laconique lorsque arrive le moment où il se doit de murmurer son assentiment. Il n'y a là aucune preuve à cacher dans ce que lui décrit sa belle, rien à redire, si ce n'est que comme le sergent Schultz ils n'ont rien vu... Ni entendu quelque chose d'utile.

-Cette ville porte la poisse.

Pour tout le reste il est septique. Il ne peut imaginer un de ces deux là être relégué au statut de victime. En quelques mois il a pu saisir rapidement que Mafdet n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, et encore moins à faire tapisserie lorsque le quotidien dégénère pour devenir extraordinaire. En ce qui concerne l'ami d'Amaro, Dick a bien vite compris que ce type portait son arme sans arrêt avec autant d'attachement que si cette dernière pendait à son entrejambe. L'important dans cette affaire n'est pas ce que lui dicte son instinct, mais la finalité liée au témoignage de la féline. Il n'a rien de plus à cacher à ses collègues et cela arrange Richard qui ne se voyait que très mal passer du mauvais côté de la loi sans que sa conscience ne doive en porter le poids. Moue surprise aux lèvres il redemande, pour être certain de ne pas commettre un impair.

-Donc je n'ai rien à cacher ? Pas de vilains secrets à dissimuler ?

On ne lui répond rien. Ces faux innocents l'observent puis bien vite c'est la professeure de chimie qui mentionne l'après, montrant ainsi qu'elle n'en dira pas plus sur l'avant.

-On passe au poste. Je ne veux pas me faire taper sur les doigts par le shérif.

C'est une décision qui ne se prêtera à aucune forme de négociation. Le canadien n'est pas dans les petits papiers de son patron ces derniers temps, donc il se doit de la jouer fine pour que toutes ses dernières bévues sombrent dans l'oubli au plus vite. Même si on le fait travailler sur un dossier sensible, celui de l'attaque qui a prit la vie de cet homme dont ils ont trouvé le corps mutilé près des bois, il sait toutefois qu'il ne peut se reposer sur des lauriers qu'il n'est pas certain de mériter. Chaque jour un bon policier n'a d'autres choix que de faire ses preuves, Richard a certes bientôt vingt ans d'expérience mais il demeure un simple flic aux yeux d'une hiérarchie parfois ingrate. Le spécimen étrange qu'il est, un hybride moitié-poulet, moitié-souris manque toutefois d'avaler sa propre langue quand Mafdet lui porte un coup bas.

Les enfants sont un sujet sensible pour l'homme qui en a lui même deux à sa charge complète. Dick rouspète pour la forme, se mord la lèvre inférieure avant de lâcher du leste.

Tobias Rapier est le papa d'un petit bébé, comment Dick a t-il pu oublier une pareille information ?

-Grimpez en voiture professeur. Je vous dépose à votre voiture. Je ferais un détour par la fac demain pour vous emmener votre déposition.

Le père de famille est trop bon. Le géant britannique prend place sur la banquette arrière, cigarette allumée toujours attachée à la main. Les narines du canadien frémissent à la vue de ce manque criant de discipline dont l'autre homme fait la démonstration. La patience de Richard n'est déjà plus qu'un vieux souvenir, un doux mirage en lequel plus personne n'a l'audace de croire.

-La cigarette reste dehors !
-Elle n'est pas terminée.
-Dehors j'ai dit ! Obéissez bordel ! C'est pas possible de réussir à gonfler les gens aussi rapidement.

Le silence s'installe. Entre les deux hommes se joue un duel. Lequel des deux aura la plus longue, quel sera le premier à céder ? Saisissant bien vite que le policier ne démarrera pas la voiture tant qu'il n'aura pas obtenu gain de cause, l'ami de l'italien finit par obtempérer. Les portières claquent une dernière fois, Richard remet sa radio en fonctionnement pour apprendre au reste de ses collègues qu'il a dû faire un léger détour pour mieux gérer un imprévu. Nuls mensonges ne résident dans ses excuses, l'imprévu il est effectivement en plein dedans depuis une bonne heure déjà.

-Je retourne au restaurant pour déposer le professeur Rapier près de sa voiture pour qu'il puisse rentrer chez lui. Il fera sa déposition demain.

Il ne mentionne rien à propos du sort de la féline.

[...]

De brèves salutations, une promesse de remettre ce repas à plus tard. Richard ne pipe mot tandis que les deux professeurs se séparent. Mafdet a bien tenté de quitter l'habitacle de la voiture de patrouille, mais le canadien n'a pas perdu de temps avant de la retenir. Affirmant qu'elle n'échapperait pas à un petit tour au poste de police. Jusqu'à preuve du contraire, Mafdet n'est attendue par aucun enfant.

-Je n'aime pas ton ami. Il me tape sur le système et ses fréquentations ne jouent pas en sa faveur. Tout comme les quinze années de vide complet dans l'histoire de sa vie. Et manque de bol pour tout le monde, il se peut que je sois un brin jaloux.

Codage de Liiloux

Le Saxon et l’Atlante

Mafdet
ft.
Tobias

- Cette ville porte la poisse.
- Tu trouves ?

Je me tourne vers Tobias pour le prendre à témoin. L’anglais roule des yeux visiblement d’accord, une fois n’est pas coutume, avec son pire ennemi. Dick réfléchit. Je peux presque voir son cerveau en action. Ca mouline, ça ralentit, mouline à nouveau.

- Donc je n'ai rien à cacher ? Pas de vilains secrets à dissimuler ?
- Pourquoi nous aurions de vilains secrets ?

Je vais pour continuer dans mon impertinence, arguer qu’aller manger au restaurant avec un collègue de travail n’a jamais été un crime. Seulement, je crois que nous sommes arrivés au bout de la patience de ma souris. Mais bon, qu’est qu’il avait besoin de nous embarquer comme les vulgaires criminels que nous sommes. Mathématiquement parlant, j’ai un meilleur score que Tobias niveau tuerie. Ce qui n'est pas une mince affaire vu son palmarès.

- On passe au poste. Je ne veux pas me faire taper sur les doigts par le shérif.

Je rappelle le statut de père de famille de Tobias, retardant son immersion dans la grande maison des poulets. Il n’y échappera pas, mais demain vaut mieux que ce soir, et cela pour tout le monde.

-La cigarette reste dehors !
-Elle n'est pas terminée.
-Dehors j'ai dit ! Obéissez bordel ! C'est pas possible de réussir à gonfler les gens aussi rapidement.

Je me mords la langue pour ne pas dire « langage ». Dick est tout de même une personne qui compte pour moi. Le ménager devrait faire partie de mes priorités. À nouveau tous dans la voiture, papa maman à l’avant, l’enfant à l’arrière. Dick fait ses trucs de flic, actionne des boutons sur sa radio au design désuet. Il annonce la couleur à ses copains poulets : il ramène Tobias à sa voiture, l’Anglais fera sa déposition demain et… Et moi ?

(…)

J’ai tenu à saluer mon collègue avant qu’il sorte de la voiture de patrouille. Je ne m’étale pas, Tobias est excédé. Nous nous en tenons aux politesses d’usage. Il sort et se dirige vers sa voiture. Je lorgne ma Kawa garée non loin. Je mets la main sur le loquet de la porte, mais je suis retenue par une main ferme : on ne sort pas. Tant pis, j’aurais essayé. Dick tient à ce que je fasse ma déposition ce soir sous prétexte que je n’ai pas de chiot à m’occuper.

- Je n'aime pas ton ami.
- T’es pas obligé d’aimer mes amis.
- Il me tape sur le système.
- C’est juste une façon d’être britannique. Sont tous comme lui, là-bas.
- Et ses fréquentations ne jouent pas en sa faveur. Tout comme les quinze années de vide complet dans l'histoire de sa vie. Et manque de bol pour tout le monde, il se peut que je sois un brin jaloux.
- Jaloux de quoi ?

De la classe naturelle de Tobias et de son érudition ? Ou simplement du fait que je vais manger au restaurant avec un autre homme que lui ? Dick ne me répond pas.

- Je ne me suis jamais forcée à rester avec quelqu’un. Donc si je suis avec toi, c’est que je suis pas ailleurs.

La silhouette du poste de police se dessine dans la nuit, la façade orangée par les réverbères au sodium. J’ai envie d’un bain moussant et d’une ambiance sonore genre prélude de Bach. Mais je sais que ce n’est pas ce que je vais trouver. Je suis mon homme pour répondre à ses questions réglementaires qui vont commencer par : nom, prénom, adresse. Alors qu’il sait tout cela. Je pose mon coude sur son bureau, mon menton dans ma main. J’observe le désordre de son bureau. Il est tout de même sexy en uniforme. Je le lui dis. Il me demande de me concentrer.

- J’ai sommeil.

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Le Saxon et l’Atlante || Ft Tobias

Le jaloux et les tontons flingueursFT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Le jaloux et les tontons flingueursFT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Le jaloux et les tontons flingueursFT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Le jaloux et les tontons flingueurs
FT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Le jaloux et les tontons flingueurs
FT Mafdet Mahes & Tobias Rapier

Le jaloux et les tontons flingueurs
FT Mafdet Mahes & Tobias Rapier