Brumes du Passé : Chasseur Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 33 ans
Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 34 ans
Brumes du futur : Loup Bêta Meute & Clan : Rapier's Pack Âge du personnage : 43 ans
Alias : Urban Wolf Humeur : Confiante Messages : 224 Réputation : 111 Localisation : Beacon Hills
Sujet: Walk of Shame Ven 14 Juil 2023 - 2:25
Walk of Shame ω Dick Turner
J’ai décidé de modifier les paramètres de mon profil de rencontres. Les limites d’âges que j’avais posées me convenaient auparavant, mais sont devenues trop restrictives à Beacon Hills. J’ai donc augmenté la limite supérieure à 55 ans, malgré ma crainte initiale de me retrouver avec un daddy. Toutefois, je n’ai pas touché à la limite inférieure : je recherche un certain niveau de maturité, que seule une vie stable peut emmener.
Aux profils habituels, que je connais déjà trop bien, s’ajoutent ainsi quelques-uns, tantôt plus grisonnants, tantôt plus chauves, tantôt le visage plus sillonné d’expérience. Mon doigt glisse sur une image, et le profil de pandabear71 s’ouvre devant mes yeux. Je souris au nom d’utilisateur ; pas que le mien soit mieux pour autant. J’en suis à faire défiler la troisième photo quand une notification m’indique que j’ai reçu un message privé. Je termine mon inspection du profil de pandabear71 et le glisse vers la droite. Ensuite, je passe à ce message privé.
La longueur de celui-ci me surprend avant même que je n’aie lu le premier mot : il en fait plus que quelques-uns. Il fait même quelques lignes. L’application m’indique que je n’ai pas visité ce profil. Intrigué par la politesse du message autant que par le contournement des règles d’usage dont fait preuve ce mec, je répond à ses banalités tout comme à son invitation de se retrouver. Il m’est difficile de faire plus de deux phrases : je n’en ai pas l’habitude sur ces médias. La pensée d’avoir accepté un rendez-vous avec un psychopathe m’effleure l'esprit, mais je lui envoie tout de même la question qui signe mon accord : à quel moment et à quelle endroit nous rejoindrons-nous?
Je visite alors son profil. Une biographie bien rédigée qui omet de mentionner sa carrière, mais m’indique en revanche une vie de famille que l’une des photographies vient confirmer. Deux filles d’âge universitaire, ainsi qu’un fils dont je n’arrive pas à déterminer s’il est l’aîné ou le benjamin. Les liens de paternité sont frappant sur l’image, et bien que fiston ne soit pas laid non plus, je dois admettre préférer le sel et poivre de son père. Ai-je tant vieilli que mes goûts ont changé à mon insu?
Après une toilette sommaire - juste ce qu’il faut pour me rafraîchir-, je décide de me rendre chez ma nouvelle connaissance en vélo. Il m’a indiqué devoir garer ma voiture dans la rue, et l’idée ne me plaît guère. En une dizaine de minutes, et avant même d’avoir sué, je me retrouve donc devant un bloc d’appartements qui n’a pas le cachet du mien, au centre-bourgade. Je cadenasse ma bicyclette contre la clôture à mailles métalliques et utilise mon portable pour replacer mes cheveux convenablement.
J’appuie sur la sonnette et attend un instant que la porte principale soit déverrouillée. Je déteste ce son grinçant aux arrières-notes suraiguës. Je pénètre l’édifice et entend un verrou à l’un des étages supérieurs. J’entreprends donc l’ascension de l’escalier jusqu’au palier où se trouve mon rendez-vous “romantique”. Je toque et la porte s’ouvre, non pas sans que l’on s’éclaircisse d’abord la gorge de l’autre côté du panneau.
- Jaytalon69? Bonsoir!
L’homme qui m’ouvre semble fatigué, bien plus que sur les images que j’ai vues. Son sourire franc me rassure néanmoins alors qu’il m’invite à entrer sans faire attention à un ménage pourtant convenable. L’atmosphère chaude de l’appartement est invitante, et un mélange d’odeurs vient me chatouiller les narines - et la curiosité - alors que j’entre dans son antre accueillant. Je suis presque déstabilisé par mes sens assaillis, alors que le décor riche et coloré se dévoile devant moi. Habitué des appartements sobres et modernes à l’image du mien, j’avais oublié ce qu’on pouvait concéder de personnalité à un chez-soi. Il n’y a peut-être que chez Derek où cette impression m’est également venue. En partie grâce aux dessins de Ian sur le réfrigérateur, mais également pour autre chose. Parce qu’ils ont choisi de s’y établir, peut-être, et non pas seulement d’y vivre, comme moi. Je me déchausse en lui indiquant qu’il peut m’appeler Jay, et vérifie à mon tour son pseudonyme, dont je doute de la fausseté.
« Kareem ? »
- Oui, exactement. Aimerais-tu un peu de thé ? J’ai préparé un sfouf pour accompagner.
J’accepte volontiers et me retrouve bientôt à causer autour d’un thé à la menthe. J’imite mon hôte lorsque vient le temps d’apprécier le gâteau, et interrompt la conversation par un compliment sans demi-mesure.
« C’est excellent! C’est toi qui l’a fait ? »
Les joues halées et fraîchement rasées de Kareem s’empourprent aussitôt, trahissant sa satisfaction davantage qu’une quelconque gêne.
- Exact. « Aimes-tu cuisiner ? »
Kareem hésite, cette fois un nuage passe sur son visage. Je m’apprête à changer de sujet lorsqu’il reprend la parole, ses mots sont mesurés.
- Ça me manque beaucoup. J’avais treize ans quand nous sommes arrivés du Liban. Mes parents ont ouvert un restaurant et j’y ai travaillé dès que j’ai pu. Mon frère et moi en avons hérité quand nos parents se sont retirés. « Il est ici, à Beacon Hills ? Je devrai y faire un tour. » Ma curiosité n'aide pas, alors qu'il reprend, à un rythme qui pourrait laisser croire qu’il guette parfois mes réactions avant de poursuivre. - Il est temporairement fermé. De toute façon, je n’y travaille plus. J’avais vendu ma part quand Anifa est tombée malade et que j’avais besoin d’argent pour ses traitements. Je suis resté quelques temps comme cuisinier, mais j’ai démissionné quand mon frère a pris des décisions discutables.
Kareem lâche quelque chose en arabe, et je pose une main sur son avant-bras. Ce n’était pas ce que j’avais en tête pour faire connaissance.
« On n’est pas obligé d’en parler, si tu préfères. » - Ça va, ça va. J’avais dit à Mo que je ne voulais pas mettre ma famille à risque, et il m’a accusé de fabuler. Ça l'a bien servi! « Je comprend, je ne suis pas dans les meilleurs termes avec mon frère non plus. J’espère tout de même que vous pourrez passer par-dessus ceci. »
Je presse légèrement son radial, à travers l’étoffe bleu profond de sa chemise, et lui offre un sourire empreint d’une empathie non-feinte.
- Merci, Jay. Je ne voulais pas casser l’ambiance.
Je comprends à ce qu’il ne me dit pas que Kareem n’a pas l’habitude de ce genre de plateformes. Ou alors il joue fichtrement bien le rôle de l’ingénu qui n’a pas flirté depuis un quart de siècle. Je décide de l'aider et tire ma chaise près de la sienne et change de sujet en glissant lentement ma main dans la sienne, ma cuisse contre la sienne, et mon regard dans celui qu’il me renvoie, aux teintes pareilles à celles de mes propres prunelles. Lorsqu’il réalise mon rapprochement stratégique, il se trouble et m’offre de passer au salon.
J’y reconnais dans un cadre la photo de l’appli, avec ses enfants, ainsi que d’autres plus vieilles, avec sa femme d’alors. Mon attention quitte la décoration pour observer Kareem, alors qu’il s’informe de ma vie. La discussion se fait plus paisible, et nous échangeons longuement. Je lui avoue n’être arrivé à Beacon Hills que récemment et il me demande quels restaurants j’ai pu essayer, ou encore si j’ai assisté aux matchs de crosse du lycée. Je lui indique que non, bien que je meuble mes temps libres avec le sport, principalement, et les quelques amis que je me suis faits ici, sans les nommer : Rafaël, Ryan, Derek, Chad et la bande de l’escalade. Il m’indique être familier avec la salle où je grimpe, sa fille cadette l’ayant fréquentée avant d’aller étudier sur la côte est. Kareem me raconte qu’il aimait aller camper dans la réserve de Beacon Hills avec sa famille, et y faire du canot.
Lorsque la conversation s’épuise naturellement, je tente un nouveau rapprochement, et Kareem se tend à nouveau. Il se saisit néanmoins de ma main baladeuse, plutôt que de la répudier, et les installe entre nous, comme des enfants de choeur.
« Je devrais peut-être rentrer chez moi. » - Non! Non! Je suis désolé. J’aimerais que tu restes pour la nuit. Je…
Kareem hésite et se râcle la gorge, avant de m’admettre qu’il aime notre discussion et n’en peut plus de dormir seul dans un appartement vide. Il sort une petite photo jaunie de son porte-monnaie, pour me la montrer. Deux garçons y paraissent, et je ne peux m’empêcher de pointer une photo de son fils, autour du même âge.
« Vous vous ressemblez énormément! Qui est avec toi ? »
Il est évident que ce n’est pas son frère, et bien que je me doute de la réponse, je ne veux présumer de rien.
- Allen, mon premier ami en Amérique. Nous nous sommes perdus de vue quand il est parti étudier au Canada. « Vous n’étiez qu’amis ? »
Kareem éclate de rire.
- Oui. Enfin je l'ai longtemps cru. Quand les enfants ont vu cette photo en faisant du ménage dans les vieilles affaires d’Anifa et moi, ils m’ont posé la même question. La semaine dernière, quand je leur ai dit que j’étais prêt à trouver quelqu’un d’autre, ils m’ont reparlé de cette photo et ont suggéré de ne pas limiter mes options qu'aux femmes. « Et puis ? »
Il dépose un baiser sur mes lèvres, et je passe la main derrière son cou en réponse.
- Je n’avais pas embrassé un garçon depuis que j’ai fait mes adieux à Allen. Ça ne lui a pas vraiment plu, et j’ai prétexté un surplus d’émotions. Ça, c’est la partie de l’histoire que je n’avais pas racontée aux enfants. Tu embrasses bien.
Je ne souligne pas l'évidence de cette déclaration alors que j’ai droit à quelques détails supplémentaires. Puis,Kareem s’excuse sans que je ne sache pourquoi. L’air adolescent que ces souvenirs prêtent à son visage marqué par l’âge me fait sourire. Quand il s'excuse à nouveau, je lui demande de me préciser pourquoi : il n'est pas convenable selon lui de parler de ses anciens amours. Si je suis généralement d'accord, le contexte s'y prêtait bien, ici. Kareem me semble davantage nostalgique de cette époque que toujours amoureux de cet Allen, ce qui aide incontestablement.
Je lui réplique à la blague avec une vengeance : je lui parle de ma relation avec Oliver, terminée en queue de poisson en raison de mon incapacité à m’engager dans une relation stable. Kareem m’interroge sur ma faculté à conserver mes amitiés et je m’enorgueillis, jurant n’avoir jamais eu de mal ni à en lier, ni à en conserver. Je me vante même de celles que j’ai liées depuis mon arrivée ici, et me retrouve abasourdi par la platitude surjouée qu’évoque à demi-mot le commentaire subséquent de mon comparse. S’il sous-entend réellement qu’un partenaire de vie, une âme soeur est véritablement comme un meilleur ami bonifié, quelque chose cloche dans son décor : aucun panneau de bois flotté, inscrit “love, laugh, live” n’est visible dans l’appartement. Plus tard, je pourrai confirmer que la toilette en est également dépourvue.
Malgré la promiscuité qui persiste entre nous au fil de la discussion, je sens comme une tension chez Kareem, qui dresse un mur invisible. Il m’interroge sur ces amis que je me suis faits. Je lui indique que Ryan est musicien, sans préciser que je me suis gourré de le flirter, que j’ai rencontré Derek par l’entremise de son cousin, sans préciser qu’il est mon patient, et que Chad est un bon ami de ces derniers, sans parler jamais de lunes ni de loups. Quant à Raf, j’en parle avec l’affection d’un petit frère.
Nous sommes en train de parler de la brochure pour laquelle j’ai posé et par l’entremise de laquelle j’ai appris tant sur les activités de cette petite ville, quand un bâillement me surprend. Je n’avais pas réalisé l’heure qu’il était, et j’insiste pour que Kareem termine une anecdote sur une compétition de vélo de montagne à laquelle il a jadis participé, plutôt que de laisser cette interruption ruiner l'histoire.
- La médaille est dans ma chambre, je pourrai te la montrer. Il serait bien temps d’aller se coucher, de toute manière.
Il se lève brusquement, mais reste sur place. Son coeur s’accélère, alors que je lui lance un regard interrogateur. Je devine que ses mains sont moites.
- Pourquoi as-tu accepté de venir chez moi? Je suis plus vieux et moche que toi.
La réponse évidente reste suspendue dans l’air, n’attendant que je la cueille. Je m’en détourne pourtant, ayant du mal à objectiver l'homme que j'apprend tranquillement à connaître.
« Je ne suis pas d’accord. J’ai tout de suite aimé ton regard vif, et le sourire sur ta photo de profil est craquant. Je t’ai vu le faire de temps à autre, toute la soirée. Quant à ton âge, j’imagine que j’apprécie un peu de maturité. Je ne suis plus tout jeune non plus. »
Kareem laisse couler un rire embarrassé. Son coeur ralentit alors qu’il se détend.
« Pourquoi m’as-tu invité, alors ? » - Parce que tu es mignon, et que je ne pensais pas que tu me répondrais.
Mon hôte semble sur le point d’ajouter quelque chose, et je me rappelle son aveu précédent. Je me sens bête de lui avoir rendu sa question, quand il m’a déjà affirmé être malade de sa solitude. Il hésite et s’empêtre dans un début de question que je n’ai de mal à deviner. Trop souvent j’ai passé une unique soirée chez un mec, réalisé-je. Je l’interromps pour le soulager de cette pression qu’il se met lui-même sur les épaules.
« Oui, je m’attendais à un simple coup d’un soir. Non, je ne regrette pas d’avoir passé la soirée ensemble. C’était une des plus agréables dates que j’ai eues depuis un moment. » - Moi aussi.
Je lui lance un regard loin d’être dupé par son affirmation et l’enjoint en riant de me montrer cette médaille, plutôt que de jouer les flagorneurs. Nous discutons encore un moment dans la chambre - elle aussi décorée dans l’esprit du reste du logement - et lorsque vient le temps de dormir, j’ai à peine le temps de me dévêtir qu’un ronflement bas envahit la pièce.
Lorsque Kareem s’agite, il me réveille. Sa main en cuillère contre mon dos, et la mienne posée sur le coussin que forme son débardeur, il s’enquiert de la qualité de mon sommeil. Je lui retourne la politesse et il esquive un baiser direct pour m’embrasser plutôt la joue. Malgré la frustration posée par cet état de chasteté perpétué, je respecte ses désirs sans grogner et refuse son offre de rester pour un bol de céréales. Il insiste, et lorsque je lui dis que je n’ai pas pour habitude de prendre le petit déjeuner avec mes - surtout, ne pas dire conquêtes - rencontres, il me lance un regard sévère que je soupçonne d’avoir été souvent pratiqué sur sa marmaille.
- Ça tombe bien, je n’ai pas envie d’être ton amant.
C’est la première fois qu’on me la sert, celle-là, et je dois avouer être légèrement bien insulté! Un sourire narquois naît sur son visage hâlé alors qu’il confirme avoir visé juste.
- Nous recherchons des choses différentes. Je veux quelqu’un avec qui partager le quotidien, une personne qui devienne complice de ma vie. Tu n’es pas là. Pas pour moi, à tout le moins.
Le regard de Kareem brille avec ce que je jurerais être de la malice, et j’accepte finalement son offre. Le choix de céréales est varié, et j’opte pour une marque riche en fibres, et faible en sucres. Lorsque je récupère mes affaires, Kareem m’enlace avec fermeté et insiste pour échanger nos numéros de téléphone.
- J’aimerais que nous gardions contact. Discuter avec toi était plaisant. Et qui sait, peut-être qu’un jour j’aurai quelqu’un à te présenter. Ou je rencontrerai ton complice de vie.
Encore ce regard malicieux. J’envoie un message au numéro que me dicte Kareem et entend son téléphone qui sonne aussitôt. Nous nous souhaitons une bonne journée et j’entreprends la descente de la cage d’escalier. La porte se referme derrière moi alors que mon cerveau réalise l’étrangeté des dernières heures. Ma frustration a fait place à une certaine sérénité.
J’ai à peine entamé la deuxième volée de marches que j’entend une porte s’ouvrir sur un palier plus bas. Je ne ralentis pas l’allure. Entre les marches, je vois apparaître un pied, un sac poubelle, puis un pantalon de coton que je soupçonne être un pyjama. Un tel habit a déjà largement outrepassé la limite du territoire où il lui serait convenable de se montrer, à mon avis. Le second pied entre dans mon champ de vision et quelques marches plus bas, c’est au tour de la main de l’homme, de son bras et de son torse de m'apparaître. Lorsque je pose le pied sur le palier, je reconnais la tête dont le visage m’était jusqu’alors caché.
Je ralentis l’allure, non pas parce que j’ai reconnu mon patient, mais parce que je n’ai pas envie de me retrouver aux premières loges d’une rencontre avec les déchets qu’il tient à la main.
« Bonjour. »
Je salue l’agent Turner du même ton poli et sobre qu’à mon habitude, lorsque je croise un patient hors de la clinique. D’une manière qui pourrait convenir à un inconnu, afin de préserver le lien professionnel qui nous uni, et l’anonymat que quelques-uns de mes patients requièrent.
J’hésite à offrir à Dick de descendre les déchets pour lui, puisque je me rends déjà manifestement au rez-de-chaussée et pour lui éviter l’embarras de sortir ainsi habillé. Ai-je mentionné les chaussettes dépareillées?
Les jours défilent et se ressemblent tous. Une étrange routine qui convient à Richard même s'il doit admettre qu'il ne serait pas contre un peu de nouveauté. Il se réveille encore fréquemment la nuit lorsque Mafdet n'est pas à ses côtés. Alors tiré du sommeil par des souvenirs, des songes plus proches du cauchemar que du doux rêve. Il ne parvient pas à délaisser ce lourd bagage emprunt de terreur qui le hante depuis son dernier voyage à Sacramento. Si tout s'est bien terminé cette histoire laisse au canadien un goût d'inachevé. Comme si tout cela était encore loin d'avoir trouvé une conclusion dont il puisse se satisfaire.
Parfois son téléphone sonne la nuit, quand il répond ne résonne alors que le silence. Un silence qui confie au flic que tout ceci est loin d'être terminé. Il en a parlé à Will, mentionné l'existence de ces appels à Mafdet et même au shérif. Ont alors suivi différentes réactions, des mots pas toujours tendres quand ils sont sortis de la bouche du patron de Richard et d'autres bien plus inquiets de la part de ses proches. S'il a promit de ne plus se mettre en danger de manière volontaire en fourrant son nez dans ce qui ne le regarde plus, Dick a toutefois l'impression que cette affaire a décidé de ne pas le lâcher. Si cette situation devait perdurer il finira par en parler à Amaro, un homme dont les manières ne sont pas si différentes des siennes même si elles lui déplaisent. L'italien est la dernière carte qui reste à jouer à Richard : Celle du désespoir.
Il s'est levé du bon pied ce matin, celui qui ne tremble pas quand il est le premier à rencontrer le sol. Si Joanie dort encore car elle est rentrée tard du travail la veille, ce n'est pas le cas de Troy qui se pense discret alors que son père devine sans mal qu'il doit déjà être collé devant la télévision. Le générique de Teen Titans vient de retentir dans l'appartement il y a quelques minutes, c'est ce qui a réveillé Richard.
Malhabile et baillant dans son coude, Dick passe un pantalon de pyjama sur sa nudité, attrape le premier marcel venu avant de l'enfiler puis sort de sa chambre. Après un détour par les toilettes, il débarque dans la pièce qui sert de salon et de cuisine à la fois, s'arrêtant derrière son môme happé par son programme télévisé. Troy a prit avec lui une partie de sa collection de peluches, se servant de cet énorme dinosaure rose qu'une de ses amies lui a offert pour son dernier anniversaire comme oreiller. Cette peluche pourtant jugée pour les petites filles par le gamin lorsqu'elle lui a été donnée n'a mit que peu de temps avant de se rendre utile. Délaissant son bol de céréales aussi sucrées que colorées et ses supers héros, Troy lève un regard encore crotté par la nuit qui s'est écoulée vers son père.
-Salut papa ! -Salut bonhomme. Ta sœur dort encore ? -MmmmhMmmh...
Le regard de Troy s'éveille avant que ne s'y installe le voile de la culpabilité. Dick se penche pour déposer un baiser sur le front de son fils tout en marmonnant un avertissement.
-N'essaie pas de réveiller ta sœur. T'es trop jeune pour prendre le risque que cette furie en ait après toi. Tu veux des pancakes au bacon ?
La joie dérobe immédiatement sa place à la culpabilité dans le regard de Troy. Dick se met à la tâche, laissant une première tasse de café se préparer tout en sortant un à un les ingrédients nécessaires à la préparation de cette recette simpliste. Troy débarque, rangeant son bol et sa cuillère dans l'évier avant de prendre place devant le saladier. Déjà en train de doser la farine avec la tasse à mesure, le môme n'a pas attendu que son père cuisine pour lui imposer son aide. Il est sur ce point comme sur bien d'autres très différent de son ainée qui fait généralement son possible pour fuir les corvées qui ont un étroit un lien avec ce qui se passe dans la cuisine.
Richard décide à son tour de passer à l'action. Il change le sac poubelle après avoir fermé celui que la corbeille de la salle de bain venait d'achever de remplir. Sans ce soucier de sortir en pyjama, ni de ses chaussettes mal assorties, il quitte l'appartement.
-Surtout tu m'attends pour la cuisson ! On a pas le temps de faire un détour par les urgences aujourd'hui.
Il amorce sa descente des marches tout en prenant soin de bien s'appuyer sur la plus fiable de ses deux jambes. Il a tout juste le temps de dévaler un premier étage qu'il est rejoint par une connaissance qu'il ne s'attendait pas à croiser dans sa résidence. Jay, l'homme qu'il rencontre tout les jeudi dans un cabinet est face à lui. Une rupture de la routine du flic à laquelle ce dernier ne ce serait pas attendu. En effet il n'a jamais croisé le soignant dans son immeuble avant aujourd'hui, il n'est donc pas un voisin ou un habitué des lieux. Machinalement Dick répond à la salutation qui lui est destinée.
-Bonjour Jay.
Dick est bien loin de la copie soignée qu'il devient lorsqu'il se rend au cabinet du thérapeute, ainsi affublé de son pyjama et de ses chaussettes dépareillées. Celle décorée de chiens jure avec la blanche à bordure rouge, bien plus sobre. Il a l'habitude de recréer des paires avec celles qui ont perdu leur jumelle dans la machine à laver lorsqu'il sait qu'il n'a pas à sortir de chez lui.
Callant son sac bien plein sur un de ses côtés, Dick essuie sa main pourtant déjà propre sur son marcel avant de la tendre au professionnel de santé.
-Je ne m'attendais pas à vous croiser ici.
Son sourire trahit sa sympathie naturelle. S'il devait dire vrai il avouerait n'avoir songé à rencontrer personne à cette heure si matinale. Cette résidence calme dans un quartier qui ne l'est pas toujours ne vit pas ses heures les plus chargées tant qu'il n'est pas dix heures du matin. Une porte s'ouvre à l'étage supérieur et rapidement se fait entendre une voix stridente que Dick connaît bien.
-Papa ! J'arrive pas à ouvrir le bacon ! Est-ce que j'ai le droit de prendre un couteau qui coupe ? -Non tu m'attends ! On a dit pas les urgences aujourd'hui.
La porte se referme sur un râle de la part du petit impatient. Dick hausse les épaules avant d'énoncer une évidence qu'il destine à celui qui n'a toujours pas fait un pas de plus vers le rée de chaussée.
-C'est mon garçon, il faut que j'y retourne avant qu'il n'ait la terrible idée de réveiller l'ours qui lui sert de sœur. Vous voulez monter boire un café ? Un thé, un jus ou même un verre d'eau ? Je ne le prendrais pas mal si vous refusiez.
Brumes du Passé : Chasseur Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 33 ans
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Sujet: Re: Walk of Shame Sam 29 Juil 2023 - 23:28
Walk of Shame ω Dick Turner
Je m’arrête sur place lorsque Dick m’interpelle par mon prénom. Il ne requiert donc pas mon anonymat, ce qui ne me surprend guère. Comme il me serait malpoli de poursuivre mon chemin, j’ai un peu plus de temps pour l’observer. Je voie encore les effets de nos séances. Une légère différence dans sa tenue. Rien de perceptible depuis notre dernière rencontre, mais une progression indiscutable depuis la première. Ce n’est toutefois pas ce dont j’ai envie de discuter avec quiconque ni en un tel lieu. Lui non plus, j’en suis certain.
Je rigole légèrement lorsque Richard admet ne pas s’être attendu à me voir ici. Il est évident que moi non plus. Pas plus que je ne compte lui raconter ce que je fiche ici de bon matin. Je n’ai pas honte de m’être fait duper, cela ne le regarde simplement pas. Quel genre de personne raconterait à un quasi-inconnu que son présumé coup d’un soir s’était révélé être une soirée amicale entre inconnus, avec possibilité d’en développer une amitié.
« Moi non plus. Comment allez-vous? »
Ma question meurt sous un enchaînement de cris stridents venus de l’étage supérieur. Un enfant, à n’en pas juger de la hauteur des sons qui s’échappent autant que des propos de ce qui semble être un apprenti-cuistot.
Je souris à l’explication du père de famille, jaugeant d’un œil sa dernière addition capillaire. Je ne sais pas si je dois demander à Dick s’il a eu une promotion au poste et que la moustache fait partie de l’uniforme de chef détective, ou lieutenant, ou qu’en sais-je. Il est courant pour les professions moins sédentaires de migrer les employés en incapacité d’effectuer leurs tâches habituelles, plutôt que de leur payer un congé maladie à la maison, de les diriger vers quelconques tâches administratives où l’on juge que l’on perd moins à leur faire gratter du papier qu’à leur permettre un repos serein. C’est peut-être le cas de mon patient. Il devra juste se méfier : pour ce que j’en sais, l’uniforme à la moustache s’accompagne également de nombreux points supplémentaires dans la garde-robe.
J’écoute donc les explications du policier. Surpris, j’écarquille légèrement les yeux au moment où un café m’est offert. Dans l’appartement où réside mon patient. Je jette un coup d’oeil dans la direction depuis laquelle la voix de son garçon nous est parvenue, puis au sac à ordures qu’il tient à la main. J’ignore totalement les quelques sonneries de ma montre.
« Laissez-moi vous débarrasser de cela puisque vous semblez assez catégorique en ce qui concerne les urgences. Et je remonterai pour ce café. »
Je ne mentionne pas que je préfère lui sauver la mise en lui évitant de sortir ainsi attriqué. La honte qu’il aurait subie ! Richard m’indique donc son numéro d’appartement et je poursuis la descente de l’escalier au petit trot alors qu’il remonte en clopinant. Je trouve une brique près de la porte de l’immeuble, dont l’usage évident est de garder la porte entrouverte pour de courtes excursions à l’extérieur. Je fais donc honneur à la tradition des habitants et contourne le bâtiment pour aller porter les vidanges dans la benne que j’ai eu le plaisir de sentir hier soir, à mon arrivée.
Je longe la construction et en profite pour glisser mon pouce sur l’écran de ma montre intelligente. Kareem me souhaite une bonne journée, puis m’envoie un commentaire amusant sur le petit garçon de la cage d’escalier. Je ne suis pas surpris qu’il l’ait entendu, vu l’âge et l’était de l’endroit. Ensuite, ma sœur me demande mon adresse. Je fais la grimace, confus. Je lui répondrai plus tard. Compte-t-elle venir visiter ce bled perdu? Je ne me fais guère d’espoirs à ce sujet et rationalise plutôt qu’elle doit s’être mérité des vacances et aimerait m’envoyer une carte postale.
Je relève les yeux au moment où je traverse le stationnement qui sert de cour arrière pour me diriger vers la benne à ordures. Mon regard court le long de la clôture et je pousse un juron puissant au moment où l’absence de ma bicyclette se fait évidente. Trois petits souffles par les narines plus tard, le sac est allé valsé dans le réceptacle d’acier puant, et de claque des talons. Richard est policier. Il pourra m’indiquer si je perd mon temps à indiquer le vol de mon vélo. Certes, ce n’est pas la fin du monde : je rentrerai en joggant, et je pensais remplacer ma monture bientôt de toute manière. Elle se fait vieille : c’était mon cadeau de troisième décennie à moi-même.
Je pousse la brique hors du chemin et remonte l’escalier au même rythme que je l’ai descendu. Je l’entend grincer et annoncer mon retour, alors que je tente d’évacuer la frustration de mon visage. Je sais bien que c’est peine perdue, mais j’espère que Richard n’y verra qu’un agacement modéré. Je reste humain et j’ai droit à des émotions, mais je préfère également garder bonne figure vis-à-vis de mon patient.
Je cogne trois petits coups secs contre la porte, en faisant attention de ne pas trop faire de bruit. J’ai bien compris qu’il y a un ours à ne pas réveiller. Ce ne semble pas être le cas de la créature qui s’élance vers la porte avec la délicatesse d’un baleineau. Je descend le regard, m’attendant à être accueilli par un gamin. L’appartement s’ouvre sur un blondinet. Je rajuste la hauteur de mes yeux sur son sourire trop énergique en cette heure. Je n’ai pas le temps de me présenter qu’il annonce ma présence évidente à son père.
Il est surprit par la proposition inattendue qu'est en train de lui faire Jay. Est-ce que cet homme est réellement en train de se dévouer pour descendre ses ordures à sa place ? Est-ce là une manière détournée de refuser cette invitation que le canadien vient de lui faire et ce sans prendre le risque de se montrer impoli ? Quoi qu'il puisse en être, il ne faut pas attendre longtemps avant que Dick n'accepte, tendant son sac à l'autre homme après s'être assuré qu'aucun jus de poubelle ne tentait de s'en échapper. Il s'évite ainsi d'avoir à parcourir les escaliers dans les deux sens, réduisant de façon considérable le risque de se vautrer au beau milieu des marches comme un ivrogne. Ou un infirme sur la voie de la guérison dans son cas.
-L'appartement est le 4A. Le café vous attendra, merci.
Il remonte en boitant légèrement tandis que Jay fait démonstration d'une aisance bien plus gracieuse en trottant dans les marches tout en tenant dans une de ses mains les lanières jaune fluo du sac à ordures des Turner. Dick entre chez lui sans se presser plus qu'il ne serait prudent de le faire, surprenant Troy qui n'a pas tenu compte des consignes données par son père. Le gamin s'est figé, un morceau de bacon cru entre les dents, le fameux couteau qui coupe posé juste à côté de lui sur le plan de travail. Le môme sourit, insolent et innocent à la fois tandis qu'il vient d'être prit en flagrant délit par celui qui représente l'autorité dans cet appartement à défaut de parvenir à le faire correctement quand il est au travail. Richard souffle son exaspération avant de prendre sa tasse de café noir qui attend toujours sous la cafetière à dosettes bien trop chère qu'il s'est offert il y a trois mois. Un mauvais investissement car cet objet n'accepte que les dosettes qui sont frappées du logo de son fabriquant.
Dick songe à dépenser quelques dollars dans des dosettes qu'il pourrait lui même remplir sans toutefois passer à l'acte. En agissant ainsi il prendrait ce temps précieux que l'objet capricieux était censé lui permettre de gagner.
-Troy, tu me brises les noix. -Tu dois mettre un dollar dans le pot ! -Non, j'ai pas sacré ni juré.
Il est simplement assez malin pour modifier son langage quand son fils est dans les parages. Si le policier aime entretenir une image de lui même respectueuse et surtout respectable, son langage est bien plus fleurit que ne devrait l'être celui d'un homme qui n'est pas loin de souffler ses 40 bougies.
-Cesse de manger du bacon cru. On ira à la piscine dans l'après-midi si tu es sage, mais avant ça un monsieur va venir prendre le café. Je veux que tu sois gentil, poli et que tu évites de lui sauter au cou.
Dick appuie sur le bouton qui va libérer une seconde tasse de café après avoir vidé la première jusqu'à la dernière goutte. Le tout en oubliant de changer la dosette ce qui promet l'obtention d'un breuvage aussi fade que clair. Sans prendre conscience de son oubli, Richard file dans sa chambre pour troquer son pantalon de pyjama en coton contre un jean. Il a repéré les regards que son accoutrement attirait, Jay doit avoir un soucis avec les pyjamas. Un toc étrange qui amuse le père de famille. Les gens ont parfois de drôles de manies. Toutefois Richard préfère se couvrir quand il sort du lit plutôt que de présenter sa nudité à tout ceux qui auraient le malheur de croiser son chemin. Il troque également ses chaussettes contre ses claquettes, en étant arrivé à faire le tour de son lit pour lui redonner un aspect plus ordonné quand la voix de Troy retentit une fois de plus dans l'appartement.
-Papa le monsieur est là !
Le bougre va finir par réveiller son ainée s'il continue ainsi. Dick quitte son antre après avoir regonflé ses oreillers, puis retourne dans la pièce de vie sans donner de crédit aux grommellements qui lui parviennent depuis la chambre de Joanie.
Troy s'est rapidement désintéressé de leur invité pour retourner dans le canapé y attendre que son petit déjeuner lui soit servit. Richard chaparde la télécommande, faisant baisser le niveau du volume sonore d'un seul coup. L'enfant râle sans faire durer son épisode de mauvaise foi tant il craint que son père ne puisse décider de directement couper la diffusion d'un de ses programmes favoris.
-Ne faites pas attention au bazar qui peut se trouver dans le coin.
Un foutoir presque inexistant, mais Troy a tout de même laissé sur son sillage quelques traces de son passage. Deux figurines articulées à l'effigie du prochain Marvel délaissées sur la table sont rapidement ramassées par le canadien, terminant jetées sur le sofa auprès de leur turbulent propriétaire. Deadpool et son pote Wolverine viennent ainsi d'apprendre à voler.
-Vous prenez du sucre dans votre café ?
Jay a rejoint Richard dans la partie cuisine, le père de famille juge d'un coup d'œil rapide que sa nouvelle tasse de café sera imbuvable. Il en vide le contenu dans l'évier, sortant une tasse propre pour son thérapeute avant d'enfin changer la capsule de café.
-Merci encore pour le sac. Ma jambe va mieux, je fais tout les exercices que vous m'avez apprit mais c'est pas encore grandiose. Les leçons de funambulisme vont devoir attendre.
Il est toutefois heureux de constater les améliorations qui colorent son état. S'il a au début craint de ne plus jamais être capable de courir ou même monter sur un ring, il a à présent conscience qu'avec l'aide du temps et de son application à suivre les conseils qui lui sont donnés toute cette histoire sera bientôt bonne à être oubliée. S'il n'y avait pas ces appels intempestifs et masqués qui coupent son sommeil de manière récurrente, il irait même jusqu'à se croire totalement tiré d'affaire et libre de vivre une existence paisible.
Il fait glisser la tasse fumante devant Jay, ajoutant une petite cuillère dans la foulée. Puis se ressert un café. Buvable cette fois. Tranquillement il s'active, faisant chauffer une poêle avant d'y ranger des tranches de bacon qui ne tardent pas à frétiller et crépiter sous l'effet de la chaleur. L'odeur qui s'en dégage lui lève le cœur mais il ne s'attarde par sur ce désagrément. Un seconde poêle lui sert à cuire les pancakes. Entre deux maniements de spatules, il déshabille une banane dont il fourre un bon tiers dans sa bouche et sort d'un placard un paquet de flocons d'avoine.
-Je cours après le gamin et joue les fées du logis quand ils sont absents. Je pouvais décemment pas rester à l'état de larve incapable de s'extirper de son canapé sans secours plus longtemps.
Mafdet, Joanie et même Troy l'ont bien aidé durant sa convalescence, mais il ne supportait plus de rester ainsi avachit sans être capable de se rendre utile.
-J'ignorais que vous fréquentiez l'immeuble. C'est un endroit assez calme même si le quartier peut se montrer difficile et les voisins sont pour la plupart aimables.
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Sujet: Re: Walk of Shame Sam 19 Aoû 2023 - 19:17
Walk of Shame ω Dick Turner
L’odeur de viande grésillante chatouille mes narines. Je ne suis pas particulièrement étonné d’un tel repas familial un matin de fin de semaine. Le vif baleineau semble avoir fait son effet sur l’ours assoupi, dont je ne devrais certainement pas entendre les grognements d’ici avec le barrage auditif que procure le téléviseur. Je l’observe attirer le blondinet dans une sagesse relative alors que son père en descend le volume. Cette scène du quotidien n’est pas sans me rappeler la dynamique familiale que j’ai moi-même connue, quand mes demis avaient cet âge. Je souris à moi-même à ce souvenir.
La déclaration de Dick me fait balayer la pièce du regard, par réflexe. J’ai connu bien des endroits plus désordonnés, chez des amis autant que des amants. Je ne voie ni ne sent un signe quelconque de malpropreté outrancière et me dit que mon patient est du genre soigné. Un trait qui entre plutôt bien en corrélation avec l’application et le sérieux qu’il met à suivre les exercices et les conseils que je lui prodigue. Un élève exemplaire, à ce niveau. Je lui rétorque avec humour :
« Je m’y efforcerai. »
Je suis le locataire des lieux en observant sa tentative de dissimuler toute l’ampleur du bordel qui règne. J’ai envie de lui dire que ma visite est impromptue et que je ne peux sincèrement m’attendre à pénétrer dans une salle de montre sans m’être annoncé quelques heures en avance, mais au final je comprends son sentiment. Je n’aime pas non plus être pris en défaut ou risquer de laisser une mauvaise impression.
« Noir, s’il-vous-plaît. » Le sucre c’est bon pour les desserts et digestifs. La crème pour l’après-midi. Le matin, je préfère l’action complète du breuvage amer sur mes nerfs. Surtout que mes nerfs sont un peu testés, entre l’amitié sans bonus offerte par Kareem et, surtout, la perte de mon vélo.
J’observe en alternance le manège de Dick et sa cuisine où efficacité semble être le maître mot. J’en déduis, du moins, que c’est l’intérêt trouvé à cette organisation. Je rétorque aux remerciements de mon hôte que c’était mon plaisir, tout en accompagnant mon propos d’un geste de la main nonchalant. Cela ne m’empêche pas de rigoler à la mention de funambulisme.
« Je crois de toute manière que vous êtes trop grand. Le centre de gravité… » Je ne complète pas mon explication, refusant d’admettre que la blague était piètre. « Entre vous et moi, vous êtes parmi les meilleurs cheminements que j’aie vus. Votre soignant ne vous a évidemment jamais dit ceci. »
Il est hors de question que l’on sache que je fais du favoritisme. D’autant plus que j’ai simplement une meilleure estime de mes patients participatifs que des passifs. Comme en toutes choses. J’ai beau être chez l’un de ces patients, cela ne signifie rien. Seulement que nous nous sommes croisés par hasard et que l’idée d’une tasse chaude m’a séduit. De ma position assise, j’observe le claudiquant poursuivre sa routine. Épris d’un élan de bonté, j’offre un peu d’aide à Dick alors qu’il m’explique les motivations de son cheminement. Ma prochaine gorgée de café attendra. Je n’ai que trop peu à lui répondre, exempt de jugement que je dois être dans ma carrière, sinon que : « C’est tout à votre honneur. Où sont les assiettes? »
Alors qu’il m’indique un placard, l’image d’un Dick en chef de police obèse, bien enfoncé dans son canapé, la moustache atteignant des proportions dignes d’un morse surgit à mon esprit. Ce n’était pas forcément plus attrayant qu’une larve, mais permettait à mon patient de conserver sa chevelure fournie dans cette image mentale. À demi-voix je lui demande de combien de couverts il a besoin. La mention de la fée du logis me fait par ailleurs réaliser à quel point il est impressionnant que malgré son handicap temporaire, Richard réussisse à garder son appartement dans un tel état. Je suppose qu’il a bien discipliné sa marmaille, ou qu’ils partagent cette vertu génétique.
Je trouve les ustensiles sans difficulté et suspend mon geste après avoir refermé le tiroir. Le changement de sujet brusque me prend de court, et je met une seconde et des poussières à me réajuster. Je les dépose auprès des assiettes empilées en préparant une réponse qui se veut minimaliste malgré sa longueur. Évidemment que dans un tel hameau je risquais de tomber sur quelqu’un que je connais sur ma route de la séduction. Je n’en ai pas honte, mais ma vie privée ne regarde personne, et certainement pas un policier ou encore moins mes patients. Je donnerai donc l’illusion d’une réponse complète, et ne fournir que des renseignements sans grande importance.
« C’est la première fois que je passe la nuit ici. J’ai visité un ami qui traverse une mauvaise passe et avait besoin de compagnie. » Point bonus pour se présenter d’un angle favorable.
Je m’étire pour atteindre ma tasse et la porter à mes lèvres. Entre ce commentaire de Dick sur le quartier et la mention de Kareem, hier, concernant la sécurité de sa famille, je commence à me demander dans quel genre de village je suis tombé. La crainte de Derek vis-à-vis des chasseurs n’avait rien pour me mettre la puce à l’oreille, mais maintenant que j’additionne la retenue, Beacon Hills m’apparaît soudainement moins calme et idyllique que je ne l’avais cru. Et puis quoi, encore? Ne manquerait plus qu’on me parle de mafia, ou d’un complexe militaire secret dans les bois, pour que je ne remette sérieusement en question mes aptitudes décisionnelles. « Tu dis que c’est un quartier difficile. » Cela tombe sous le sens. Des appartements moins luxueux qu’au centre-ville, un immigrant de première génération, un parent monoparental et l’odeur de vieille paparmane sur certains paliers viennent corroborer ces dires. « Plutôt difficile économiquement, ou plutôt du genre où il ne vaut pas la peine, supposons, de signaler un vélo volé? »
Je termine ma tasse de café en une longue gorgée et la dépose dans l’évier, où je me permet de faire couler un filet d’eau à l’intérieur pour éviter qu’une cerne ne se forme.
Sans en être conscient Richard se montre indiscret en posant des questions à son thérapeute. Il n'est toutefois pas une de ces personnes qui se vexent à la première contrariété et saurait accepter que le silence soit la seule réponse donnée à ses interrogations. Jay a mit la table, poli et serviable l'homme a prit des devants que le canadien sait apprécier. Ce type confirme à chacune de leurs rencontres l'impression qu'il avait fait naître chez Richard lors de sa première venue dans son cabinet. Un gars gentil, avenant et simple. Un brave bonhomme en somme. Le père de famille aime l'idée qu'il puisse encore en exister alors qu'il est devenu si simple de tirer dans les pattes de son prochain.
Dick enclenche la bouilloire électrique pour avoir quelque chose à verser dans ses flocons d'avoines, puis épluche une seconde banane qu'il coupe en morceaux minces au dessus de son bol. La cuisson du bacon touche à sa fin, Troy dont l'esprit est happé par l'action qui se déroule à la télévision ne réagit pourtant pas. Dick retire de la poêle les derniers pancakes avant de mettre les plats sur la table. Puis se fige en se demandant qui dans son proche voisinage pourrait avoir besoin de soutien ces derniers temps. Il est un homme sympathique et poli mais qui ne cherche pas à entrer dans l'intimité des gens qui logent dans l'immeuble. S'il lui est déjà arrivé de dépanner certains de ses voisins les plus aimables en leur avançant un paquet de sucre ou une bouteille de lait, il n'y a qu'avec Madame Wilson qu'il entretient une relation privilégiée. Sa voisine est charmante, une dame âgée et veuve depuis dix ans qui vit encore avec le souvenir de son époux et loin de ses enfants qui oublient de lui rendre visite.
Elle invite fréquemment Richard à partager une tasse de thé, il lui rend de son côté quelques services en lui permettant de profiter de ses quelques talents de plombier. Madame Wilson étant trop âgée pour accueillir un homme plus jeune que ne l'est son voisin pour la nuit, il la raye immédiatement de la liste des probables bénéficiaires de l'amitié de son thérapeute.
La suite des dires de Jay fait froncer les sourcils de celui qui est en train de verser de l'eau bouillante dans ses flocons d'avoine.
-Oui, disons que la fréquentation est pas toujours irréprochable.
Il a déjà fermé les yeux en voyant quelques jeunes du coin se passer des sachets d'herbes sous le manteau. Rien de bien méchant si on compare tout cela avec ce qui fut le berceau de l'enfance du policier.
Sa bouche devient bée, il lève les yeux et manque de se brûler en fourrant une main maladroite dans le contenu de son bol tant il est désarmé en entendant Jay mentionner la disparition de son moyen de transport. Dick glisse sa main sous un jet d'eau froide avant de répondre, non sans faire usage d'une ironie qu'il espère ne pas être déplacée.
-Je suis désolé pour ton vélo mais il est sûrement déjà revendu ou bien en morceaux.
Il renoue avec son sérieux, sincèrement désolé pour cette perte.
-Après le flic que je suis a envie de te dire que c'est toujours valable de déclarer un vol. C'est le gamin né dans un quartier pire que celui-ci qui devine que ça ne mènera à rien. Passe au poste en sortant d'ici, dépose un signalement et ne te laisse pas marcher sur les pieds si certains de mes collègues te prennent de haut. Y a peu de génies chez les flics mais tu as la loi de ton côté.
Un argument qui suffit généralement à guider les plus acariâtres collègues de Richard sur le bon chemin.
-Si tu veux on peut mettre un mot sur la porte de l'immeuble. Avec mon nom noté en bas de page. Les gamins du coin ne sont pas méchants mais savent que l'agent Turner peut rapidement cesser d'être leur pote pour se décider à leur remonter les bretelles en cas de débordements. J'arrive peut-être pas encore à lever la jambe sans trembler, mais je sais toujours tirer les oreilles.
La porte de la chambre de Joanie s'ouvre avant que son père n'ait eu le temps de finir sa phrase. La demoiselle mal réveillée est un mélange entre un ours et le troll squatteur de toilettes dans le premier film Harry Potter. Avec ses cheveux hirsutes et ses yeux encore à demi fermés, elle ne donne pas la meilleure image d'elle même. C'est sans réagir en voyant un inconnu dans la cuisine que la gamine se dirige en grommelant vers la salle de bain. Dick se mord une joue pour ne pas rire et appelle son fils.
-Viens manger bonhomme.
Dick invite également Jay a prendre place sur une chaise, terminant de mettre la table tout en faisant les présentations.
-Mon garçon Troy et sa sœur Joanie. Elle est dans cette période entre ado et adulte mais elle n'a jamais mordu personne. Troy je te présente Jay, c'est grâce à lui que j'arrive à remarcher sans béquilles et que nous pourrons bientôt retourner à la patinoire.
Dick attend ce moment avec impatience. Et il espère presque tout autant être bientôt d'attaque pour retrouver ce ring sur lequel il se plaît et là où les victoires sont promesses de tranquillité financière durable. Ou presque car l'achat de la voiture de Jo et les réparations de sa propre automobile ont rapidement fait disparaître la majeure partie de ses gains. Si toutes les créances de la famille, même les plus douloureuses ont été dument réglées, il n'en reste pas moins inquiétant de voir à quel point l'argent disparaît dans de diverses dépenses presque aussi vite que Dick ne le gagne. Certes Joanie travaille, mais son père refuse de demander à cette dernière de participer aux frais de la maison tant qu'il lui est possible de se débrouiller seul.
Depuis Sacramento, il veille donc à ce que chaque dollar soit dépensé correctement. Plus encore qu'il ne le faisait auparavant. Il est brusquement arraché à ses songes par la douce voix de son garçon.
-Mafdet aussi s'occupe de papa le soir. Elle lui fait des massages quand je dors.
Dick manque de s'étrangler avec sa propre langue et s'efforce de ne pas rougir, certain de ne pas vouloir penser à ce que les dires de son fils pourraient laisser sous-entendre. Après l'incident du premier soir il a rapidement ajouté un verrou à la porte de sa chambre pour être certain de ne plus jamais, Ô grand jamais, être dérangé par son gamin trop curieux pour le bien de sa santé mentale. Richard se pince la cuisse pour reprendre pied avec la réalité et bafouille rapidement une explication aussi plausible que possible.
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Sujet: Re: Walk of Shame Dim 17 Sep 2023 - 20:53
Walk of Shame ω Dick Turner
Richard confirme rapidement mes soupçons avec ce qui m’apparaît comme un euphémisme empreint d’humour. Cela m’aide à me détendre un tant soit peu et à poursuivre sur la disparition de mon vélo sans avoir envie de serrer les dents. Je sais bien que j’aurais dû demander à Kareem si je pouvais monter mon vélo sur son palier, ou le laisser dans son appartement, mais je craignais que cela ne fasse un peu trop familier pour un premier rencard. Puis, je dois admettre que dans un village où tous sont probablement cousins, germains ou non, je ne m’attendais pas à de telles activités criminelles. Je ne suis pas certain si le canadien est aussi surpris d’un tel attentat à ma propriété, ou du flegme dont je tente de faire preuve.
J’observe la main échauffée alors qu’on m’assure que mon vélo est devenu le navire de Thésée. Même si je le retrouvais : serait-il encore le vélo que je possédais hier? Le père de famille alterne les casquettes et me recommande tour à tour de déclarer ma perte, tout en n’ayant pas d’attentes. Je suppose que, à tout le moins, une déposition officielle me permettra de harceler les assurance pour obtenir un dédommagement. En supposant que cela ne fasse pas exploser ma prime.
J’étire mes lèvres en un sourire narquois. J’ai plutôt tendance à avoir eu la police dans ma poche, au cours de ma vie. Blanc, bien éduqué et articulé, issu d’une banlieue de classe moyenne, j’ai presque toutes les cartes en ma faveur. Cela ne signifie pas que je confronterais stupidement un agent de la paix en croyant qu’il ne réagirait pas, mais je sais que je pars avec quelques privilèges d’avance. Dont celui de connaître personnellement Richard. Sans courir le risque, comme durant ma phase mecs en uniformes que notre relation personnelle ne me cause des représailles. Je repense à Remy, qui n’est probablement pas encore sorti de l’école de police et qui aurait su me conseiller mieux que quiconque, dans ma vie antérieure. L’image mentale me trouble un instant alors que je rétorque.
« Il n’y a de génies que dans les contes et les légendes. Les policiers qu’il m’a été donné de rencontrer ont toujours été aimables et raisonnables. Ils laissaient mes pieds tranquilles et je compte les garder ainsi dégagés à Beacon Hills également. »
Je m’imagine une étoile briller dans le regard, à l’image de ces dessins animés de mon enfance, ou de ces vieilles publicités un peu malaisantes. Dick m’offre de laisser une note sur la porte, ce que j’accepte d’un hochement de tête. Je lui souris lorsque, auprès de son fils pourtant concentré sur le téléviseur, il prend garde à sa formulation pour indiquer qu’il n’est couramment pas en état de botter des postérieurs.
« Ça ne vaut pas la peine de les terroriser. J’en achèterai un nouveau, ce n’est pas un problème. C’est surtout mon orgueil qui en a pris un coup, au final. »
Je tourne la tête pour observer la créature qu’il ne fallait pas réveiller sortir de son antre. Elle semble à peine réveillée. Ses cheveux de feu me rappellent ma petite sœur, il y a quelques années. Même si leur silhouette et, surtout, leur parfum, sont très différents. Le policier appelle son fiston à table et m’invite à y prendre place également. Ce que je fais sans me laisser prier. Les présentations cocasses qu’effectue Dick me laissent deviner la dynamique familiale de l’appartement et me projettent dans les années ingrates de ma fratrie. Un silence serein s’installe et est de courte durée, quand mon esprit salace s’égare à la déclaration du fiston. Je suis content de ne plus avoir de café sur lequel m’étrangler. Il ne faut qu’un instant avant que Dick n’intervienne et ne rectifie le tir, son esprit ayant manifestement aussi interprété les propos innocents du gamin avec un filtre plus mature.
« La jambe. » Je répète, affirmatif, avant de demander d’un ton joueur. « Rien d’autre? » Je porte la main devant ma bouche pour dissimuler un reflux de café. Je ne suis pas suffisamment vulgaire pour demander quelle jambe, mais je m’amuse aussi comme je le peux avec mon hôte. « Il y a une zone dans le creux des reins qui pourrait aussi aider à détendre les muscles de ta cuisse et à diminuer la tension jusqu’au pied. »
J’offre un sourire amusé à Dick et porte mon attention sur la tête blonde. « Merci à toi aussi, Troy. Richard m’a dit que tu l’aidais à la maison, et je suis content de voir qu’il a une aussi bonne équipe autour de lui. »
Je ne sais pas s’il se fiche de mes encouragements ou s’il s’efforçait d’éviter le sujet que je devine délicat, toujours est-il que Troy semble plus intéressé par la perspective d’un retour à la patinoire que par mes louanges. Il s’enquiert sur le temps qu’il faudra à Richard avant que je ne leur permette d’y retourner. Je ne sais pas si dans le crâne du marmot je suis responsable de la durée du traitement, tel un dictateur tout-puissant, ou s’il réalise que je ne peux qu’estimer un délai de rétablissement.
« Il serait très chanceux de pouvoir patiner cet hiver, mais s’il guérit bien, il pourra peut-être marcher sur la glace avant que la patinoire ne ferme. »
Je me souviens que Richard m’ait parlé de billets pour assister à des matchs de hockey. Je ne sais pas s’il comptait y emmener son fils, ou si encore ce devait être une surprise. Je décide donc de ne pas trop me hasarder dans cette direction. Des termes génériques. La chasse d’eau retentit dans la pièce voisine. J’avais oublié la fille. Je me tourne vers Dick.
« C’est à toi de voir quand tu seras assez à l’aise et confortable pour rester dans les gradins. »
Les sièges rapprochés ne font pas toujours bon ménage avec les gens de grande taille. Dans la situation de Dick, cet inconfort pourrait venir s’ajouter à sa douleur chronique et être amplifié par la froideur moite de l’aréna. Il n’y a pas vraiment de moyen de le savoir avant qu’il ne tente le coup.
Richard peine à ne pas rougir quand son thérapeute enfonce encore un peu plus le clou de son malaise en y prenant ce qui semble être un malin plaisir. Troy est trop jeune, en tout cas Dick l'espère, pour saisir les doubles sens qui peuvent se cacher derrière certaines paroles des adultes. Mais ce n'est pas le cas de Joanie qui s'offusque dès qu'est mentionnée en sa présence la vie sexuelle de son père. Ce qui est normal, le canadien ne tolérait lui même que très peu l'idée de savoir que ses parents puissent être actifs sur ce plan. Il y a des choses qui ne sont pas faites pour être évoquées devant les enfants. C'est pour cette raison que Richard a rapidement installé sur sa porte de chambre un verrou et qu'il préfère rejoindre Mafdet chez elle pour s'adonner à certaines pratiques qui ne concernent en rien ses gosses. Ou plutôt si, un peu trop même.
Le policier se bouffe l'intérieur des joues, Mafdet n'a nul besoin de conseils pour réussir à faire disparaître des tensions. Ou obtenir l'effet contraire. Les pensées salaces du père de famille lui embrument l'esprit, l'empêchant de raisonner d'une manière plus mature. À son âge il devrait pourtant savoir se maîtriser, mais cet exercice est plus ardu qu'il ne le paraît. Surtout lorsque Jay lui adresse un sourire amusé. Bordel le soignant semble se délecter de son malaise, ce type est fourbe, bien plus que Richard ne l'aurait cru en le côtoyant dans son cabinet.
Fort heureusement pour la santé mentale du canadien, la discussion est rapidement guidée vers une autre voie par Jay. Dick souffle tandis que son garçon questionne encore une fois à propos d'un futur retour à la patinoire. S'il va bien mieux qu'il y a un mois son père sait qu'il est encore loin d'être revenu au niveau de sa mobilité d'antan. Sa jambe reste raide et les exercices donnés par le thérapeute l'épuisent quand il s'efforce de suivre rigoureusement les consignes transmises par Jay. La perspective de pouvoir chausser ses patins pendant le prochain hiver est chatoyante quand elle est mentionnée par Jay. Ce dernier n'a nul besoin d'en dire plus pour que ce but ne devienne le nouvel objectif de Richard. Il sourit, heureux en songeant à un proche retour sur la glace en compagnie de son garçon et avec une Joanie refrognée les attendant dans les gradins.
Oui, cette idée plaît définitivement au père de famille dont la vie manque cruellement de normalité depuis des mois.
-Je vais être intenable si je dois rester le cul sur les gradins. Joanie n'aime pas patiner, ma compagne est imprévisible quand elle est sur la glace. Impossible de la laisser sans surveillance, elle a fait des dégâts la dernière fois que nous y sommes allés. Je veux retourner à la patinoire pour faire le zouave avec mon fils, pas pour gober les mouches en le regardant faire le beau pour épater des demoiselles.
Cette fois c'est au tour de Troy de rougir, ciblé par les dires de son père qui l'accusent de manière directe de profiter de son aisance sur la glace pour s'attirer les bonnes grâces des gamines qui fréquentent la patinoire.
-Mais papa... P'pa ! C'est un secret ! -Pas très discret ce secret Troy.
Le môme bafouille, cherchant comment se justifier. Rieur, Dick caresse les cheveux de son fils qui finit par redonner sa pleine attention au contenu de son assiette pour ne pas avoir à justifier son comportement.
De son côté Joanie sort enfin des cabinets après y avoir passé ce qui semble être une éternité. La jeune femme râle pour une raison connue d'elle seule, passant de nouveau près de la cuisine en retournant dans sa chambre. Lassé de ce manège qui se joue pourtant chaque matin de jour sans école dans sa demeure, Dick l'interpelle sans lui donner l'occasion de fuir un des rares moments qui leur est possible de passer en famille. Ce soir il reprendra le travail à vingt heures et il aimerait pouvoir profiter de cette journée en compagnie de ses enfants qui ne cessent de grandir et ce sans lui demander la moindre permission.
-Jo ! Vient manger !
La terrible enfant qui peine à sortir de cet âge que l'on dit ingrat lance à son père un regard plus noir que vert. Dick ne lui offre aucune opportunité de fuite, pas même un sourire qui pourrait laisser penser à sa fille que ses directives peuvent se prêter à la négociation. Avoir élevé seul deux enfants au quotidien pendant dix longues années fait qu'il ne se laisse pas berner par les jérémiades de ces derniers. Joueur et amusant, le policier n'en est pas moins autoritaire lorsqu'il veut parvenir à ses fins. C'est avec le nez baissé vers le sol et en arborant une grimace contrite que Joanie les rejoint à table. Elle prend place sans grâce entre son frère et leur invité avant de marmonner une brève salutation destinée à ce dernier.
-B'jour. -C'est Jay, la personne qui me suit pour ma... -Jambe, je sais. Je vous ai entendu. C'est grâce à vous que je n'ai plus à jouer les chauffeurs pour papa. Merci pour ça !
Dick n'a plus à craindre pour sa vie quand il monte dans l'automobile de sa fille. Même si sa progéniture n'a été à ce jour impliquée dans aucun accident, il a rarement autant transpiré durant son existence qu'en étant assit sur la place passager du bolide de sa gamine.
-C'est un soulagement pour nous deux chérie. Là où la mafia n'a pas réussi à m'avoir c'est toi qui aurait fini par m'envoyer au cimetière.
Le clin d'œil malicieux qu'il destinait à sa fille se mange un froid sibérien en guise de réponse. Troy habitué à ces joutes verbales dont son père sort régulièrement vainqueur ces derniers temps dévore son second petit déjeuner comme si tout cela était normal. Ce qui est le cas. Pour eux, mais pas forcément pour celui qui a peut-être l'impression d'être confondu avec un arbitre depuis que Jo les a rejoint.
-C'est souvent comme ça. De forts caractères et des avis contraires, y a des matins où nous n'avons même plus besoin d'étincelles pour faire flamber la discussion... Je pense que ça fonctionne de cette façon dans pas mal de familles.
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Sujet: Re: Walk of Shame Jeu 12 Oct 2023 - 3:10
Walk of Shame ω Dick Turner
Malgré mes taquineries, j’étais sérieux. Il y a une petite zonedu fascia thoraco-lombaire, près du nerf sciatique, qui régit une bonne partie des membres postérieurs. Savoir la trouver et y appliquer la bonne pression est une autre paire de manchons, mais n’est pas impossible, même pour les profanes. Je dois tout de même me méfier : piétiner la ligne fine entre la relation professionnelle qui nous lie et la familiarité n’est pas un jeu qui me tente. Je préfère conserver le civisme que de jouer ce jeu dangereux qui ne pourrait que ternir ma réputation. Puis, il n’y a pas besoin d’un odorat affiné pour voir que j’ai mis Dick plus mal à l’aise que je ne m’y attendais. Je n’en blâme que moi : c’est ma faute d’avoir présumer que les flics sont tous d’un moule un peu cliché et très certainement réducteur. Celui du mâle un peu rustre qui aime le pouvoir et la salacité. Un préjugé près de celui sur les équipes sportives et les commentaires scabreux dans les vestiaires. Qu’ils soient factuels ou non, ceci n’empêche en rien les individus d’être charmants et agréables.
C’est pourquoi je saute sur la diversion offerte par Troy comme une lionne sur une gazelle – et non pas paresseusement, comme le comparse mâle l’aurait fait. En fait, il s’agit davantage d’un recadrement, puisque le sujet reste cette même jambe abîmée de mon hôte. L’angle est simplement différent, et revenu à quelque chose d’à la fois plus badin et plus sérieux, si c’est possible. La perspective de n’être que spectateur, plutôt qu’acteur, du plaisir de ses enfants ne semble pas satisfaire le père de famille. En moins de dix mots, il vient donner raison à mon sentiment sur les policiers, ce qui me fait sourire avec bienveillance. J’apprécie de pouvoir observer ces facettes d’une même personne. Je suis un extraverti et m’en délecte. Diable! Je ne sais pas ce que je devrais faire si je mon groupe social se restreignait trop longtemps à quelques dizaines de personnes : de quoi devenir fou!
Je rigole à la mention de la compagne de Dick. Je n’ai aucun mal à imaginer qu’une femme, si elle est aussi californienne que moi, ne soit pas à son aise sur la glace. J’approuve du menton à la noble mission de ce père qui dresse nonchalamment un portrait respectable de lui-même. Un hoquet de rire s’échappe de mes lèvres alors que Troy se cambre, puis s’écrase comme un soufflé. Je lui envoie un clin d’oeil et me penche vers lui.
« Juré, ton secret sera bien conservé avec moi. »
Je sursaute légèrement lorsque la voix de Dick s’impose afin de s’assurer que sa fille ne l’entende. C’est au tour de Troy de rigoler, avant que sa sœur ne vienne prendre place entre nous. Tant pis pour la solidarité masculine. Le regard toujours serein, je lui rends son bonjour sans oublier de lettres et assiste à un échange qui n’est pas forcément sans me ramener quelques années dans le passé.
« C’est mon plaisir », assuré-je à la rouquine alors que mon patient rétorque à sa fille.
Finalement, je ne suis pas certain que mon foyer de loup ait eu autant de mordant que celui de ces humains. J’ai certainement oublié les détails, également, de nos échanges quotidiens, il faut bien l’admettre. Incertain de l’attitude à adopter, je lance un regard en biais à chacun des autres convives, afin de juger la situation. Troy ne semble pas le moindrement du monde chamboulé par le ton de la discussion. Joanie joue à la perfection le rôle de l’adolescente renfrognée qui boude sa propre existence. Dick croise mon regard et je comprends avoir trop traîner dans ma réaction lorsqu’il me semble se justifier. Je souris et hoche de la tête, amusé.
« J’avais deux sœurs et deux frères… » Je m’arrête et cligne de l’oeil gauche. « Je veux dire que j’ai deux frères et deux sœurs. Je ne les ai pas vus depuis un moment, c’est tout. Le café n’a pas encore fait son effet, il faut croire. » Je ricane avant de poursuivre. « Ce n’était pas forcément très calme tous les jours, à l’époque. Surtout quand mes cousins venaient à la maison. »
Ce qui était à toute fin pratique une journée sur deux, comme nous habitions tous à moins d’un pâté de maison les uns des autres. L’idée de charrier Joanie me traverse l’esprit, mais m’abstiens finalement. Pas besoin de se liguer contre elle.
« Ma grande sœur me manque souvent. Elle habite en Nouvelle-Angleterre, maintenant. C’est mon roc. » Une vérité enjolivée. Inutile de dire que, après toutes ces années et malgré la distance, j’ai encore peur de placer un mot contre elle.
« Qu’est-ce qui te branche, Joanie ? Je n’aime pas particulièrement les patinoires non plus. »
J’envoie un sourire frondeur à Dick alors que les arômes du petit-déjeuner font frétiller mes narines. L’impression de m’imposer dans cette scénette familiale naît en moi. J’espère ne pas les importuner et, comme dirait Alice, il vaut mieux s’exprimer que de se méprendre. Je m’adresse donc à Richard, que je regarde, autant qu’à ses enfants. J’espère que mon langage corporel, confortablement adossé à ma chaise, et mon ton léger traduisent bien mon intention, qui n’est pas de chercher un prétexte pour rentrer chez moi. Et encore moins au poste de police. Fichu vélo.
« J’espère que ce n’est pas un problème que je prolonge votre invitation au-délà du café. Si je deviens de trop, il ne faut pas hésiter à me le dire, avant que je n’abuse de votre hospitalité. »
Ma montre intelligente désapprouve et vibre pour réclamer que je m'active. Je désactive temporairement les notifications en quelques glissements de doigts. Les quelques messages ainsi tus attendront à plus tard.
Les Turner ne sont pas une famille calme, mais Dick est certain qu'on peut facilement trouver pire qu'eux. Il fait en sorte d'être franc avec ses enfants quand il leur parle de ses sentiments, de l'amour qu'il leur porte et de l'agacement qu'il sent poindre en lui quand parfois le comportement de ses gamins dépasse les limites de ce qui à ses yeux est acceptable. Polis, Troy et Joanie le sont. Mais leur père fait en sorte qu'ils sachent qu'il est important de ne pas s'écraser sottement quand un autre tente de faire peser son pouvoir sur eux. Il veut en faire des adultes équilibrés qui n'ont pas peur d'exprimer le fond de leur pensée là où ses propres parents ont avant tout fait en sorte de le transformer en un adulte docile et capable d'obéir à tout les ordres donnés. Même les plus fous. Un flic parfait en somme.
Jay déclare être issu de ce que Richard considère comme étant une famille nombreuse, selon ses standards mais pas seulement. Fils unique, le canadien n'a pas connu cette joie de grandir entouré d'une fratrie mais il n'en tient en aucun cas rigueur à ses parents. Ils ont déjà eu bien du mal à le concevoir et il sait qu'il n'était pas un de ces enfants que l'on décrit comme sage. Il fut turbulent, insolent et certains jours a même fricoté avec la petite délinquance. Toutefois il a su rebondir et devenir un homme bien, en tout cas c'est le cas la plupart du temps. Ce qui prouve à Richard que nul cas n'est désespéré. Un jour les morveux qui ont fauché le vélo de son thérapeute comprendront qu'ils peuvent passer leur temps libre autrement qu'en commettant des petits larcins. Le plus tôt serait évidement le mieux pour tous, mais Dick ne désespère pas de voir la nouvelle génération devenir plus sage que ne l'a été celle qui l'a précédée.
-Je suis fils unique, je n'avais pas de famille proche en dehors de mes deux parents. Maintenant que je suis adulte je compense avec des amis en qui j'ai une entière confiance. J'espère que vous aurez l'occasion de voir votre sœur prochainement.
C'est une réaction polie, sincère et il espère également qu'elle n'est pas trop intrusive. Richard n'est pas habitué à dévoiler ainsi sa vie privée, mais en rencontrant son sympathique thérapeute dans les escaliers à une heure si matinale l'envie de l'inviter à partager une tasse de café lui a semblé naturelle.
Il tait la relation compliquée qu'il entretient avec ses parents depuis presque un an. Depuis leurs dernières vacances à Vancouver il a eu sa mère au téléphone quelques fois, quand il était hospitalisé à Sacramento et que l'inquiétude de Vanessa l'avait poussée à mettre sa fierté de côté pour prendre des nouvelles de son unique enfant. Après l'avoir trop couvé pendant presque quarante ans, elle entretient une distance en refusant de demander pardon pour les paroles et les actes qui ont été siens. Dick n'a cependant pas autant de nouvelles de son père qu'il n'en a de sa mère. Il est hors de question qu'il fasse le premier pas et son père est aussi têtu qu'une vieille bourrique. Dick refuse de son côté de ramper devant son père et ainsi lui pardonner les affronts et injures faits à Mafdet.
-Qu’est-ce qui te branche, Joanie ? Je n’aime pas particulièrement les patinoires non plus.
Dick regarde sa fille, se doutant de la réponse de sa progéniture avant qu'elle n'ait à aborder le sujet de ses préférences qui ne sont un secret pour personne dans cette maison. Joanie ne prend d'ailleurs pas le temps de mimer pas l'indécision avant de répondre à leur invité.
-J'aime l'astronomie, la littérature. Surtout la poésie anglaise. J'entre en fac de lettres à la prochaine rentrée. J'aimerais devenir professeure, libraire ou même bibliothécaire...
Des métiers ennuyeux aux yeux de son père. Des vocations calmes, loin de tout danger qui savent pourtant plaire à Richard car il apprécie de savoir que sa fille sera en sécurité et ne risquera rien d'autre durant ses heures de travail qu'une banale indigestion de poussière. Maf a assuré à Dick que le sinistre pingouin qui donne ses cours à la fac était un bon prof, sérieux et juste qui ne tient pas rigueur à ses élèves des soucis qu'il peut avoir avec leurs parents. Rapier ne flirterait donc avec le crime qu'en dehors des heures de travail...
-Vous n'abusez de rien Jay. Je ne vous aurais pas proposé de venir si j'avais crains que vous acceptiez mon invitation.
Jay tripote sa montre, ce qui intrigue Troy qui vient de terminer son second petit déjeuner sans se soucier des discussions des autres personnes qui sont à table. Il ne manque plus que la pilosité à cet enfant pour qu'on puisse le confondre avec un hobbit. Le gamin lève un nez curieux, se penchant pour mieux regarder ce qu'il sait ne pas avoir le droit de toucher. Le respect de l'espace personnel d'autrui est une chose importante à apprendre, une rude bataille dont Richard peut estimer aujourd'hui qu'il a su la mener avec brio auprès de ses deux enfants.
-Elle est drôlement chouette ta montre ! Sur la mienne y a Batman, papa me l'a offerte pour l'anniversaire de mes neuf ans. Elle aussi, elle est drôlement chouette.
Et Troy s'en va, sans crier gare ni avoir prit le peine de mettre son assiette dans le lave-vaisselle. Nul besoin d'être un génie pour saisir que le garçon est déjà dans sa chambre, parti trouver cette montre qu'il n'a pas le droit de mettre les jours d'école pour la montrer à Jay. Joanie souffle, l'adolescence étant un de ces maux qui rend les jeunes gens moins patients quand ils sont confrontés aux facéties de leurs cadets. Puis la rousse à présent presque éveillée se met à trouver un intérêt profond à l'emballage de la brique de jus d'orange. Elle tourne le bidon en plastique pour en lire la composition qui sera sans aucun doute discutable, s'en sert comme d'un paravent pour se couper des deux adultes.
Richard est habitué. Blasé, mais pas mécontent d'avoir tout de même deux enfants qui sont capables d'être dans la même pièce plus de cinq minutes sans ressentir une profonde envie de se jeter à la gorge de l'autre. Il n'a pas honte de l'éducation donnée à ses enfants, sait qu'il aurait pu s'en tirer plus mal qu'il ne l'a fait. Seul, il a du apprendre à jongler avec plusieurs casquettes, demander à Joanie de faire preuve d'une maturité parfois prématurée. Mais elle ne semble pas lui en vouloir.
-Nous n'avons rien de prévu aujourd'hui. Joanie ayant eu la gentillesse de faire les courses il y a deux jours. Les devoirs de Troy sont faits, même les mathématiques...Cet après-midi nous allons à la piscine. Histoire de profiter d'une journée calme en famille. -C'est calme que lorsque tu ne cours pas autour du bassin. -Ce n'est arrivé qu'une fois ! -Deux. Le même jour certes, mais ça compte quand même pour deux. C'est une chance que tu n'ais jamais eu de jambe cassée avant cette année. Presque un miracle.
Dick rougit, sa fille ne lève même pas les yeux pour constater l'effet de ses dires sur son père qu'elle sait facile à faire démarrer. Troy marque son retour en galopant depuis sa chambre pour ensuite mettre sa montre sous le nez de Jay.
-Regarde comme elle est belle ! Batman c'est mon préféré ! Après y a Robin, le premier. Le vrai, celui qui s'appelle comme papa. Il est dans les Teen Titans ! Tu connais les Teen Titans ? C'est le dessin animé que je préfère ! C'est pas pour les bébés attention... Est-ce que tu as une télé chez toi ? Et des enfants ? Est-ce qu'ils aiment les Teen Titans ?
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Sujet: Re: Walk of Shame Mar 31 Oct 2023 - 3:32
Walk of Shame ω Dick Turner
Il faudra bien que je songe à aviser Raphaël que je serai en retard pour notre habituel entraînement ensemble. En l’occurrence, il faudrait peut-être même que je lui dise qu’il existe un infime risque que je doive exceptionnellement annulé, si mon incursion au poste de police s’avérait plus longue que je ne le prévoie et ne l’espère. Je n’ose cependant pas me saisir de mon portable, une fois mes notifications désactivées, pour rédiger un message à mon ami. Aussi sympathique et amusant que soit mon hôte, il m’apparaît évident que la bienséance lui est importante. De toute manière, j’ai complètement manqué de subtilité et si Richard ne m’avait pas vu, son fiston vend la mèche. Excité comme seuls savent l’être les enfants, il complimente mon gadget et prend la poudre d’escampette.
Je l’observe disparaître dans une pièce que je peux aisément identifié comme sa chambre par ce que j’en entrevoie. Je reporte mon attention sur sa sœur. Un sourire poli aux lèvres, je désire rebondir sur sa réponse à ma question. La littérature était un peu trop statique à mon goût – ce que je mentionnais, plus tôt, sur les patients proactifs ou passifs se transpose ici – comme je le suppose être aux hommes de la maisonnée. J’ai bien tenté de me mettre à la poésie, mais ça m’a été peine perdu : je n’en ai rien retiré, outre ma propre confusion et un mal de bloc. Pas même un bisou de qui que ce soit. L’adolescent que j’étais était furieux de ce gaspillage de temps mal investi qu’il percevait alors.
« Mon ex m’avait initié à l’astronomie. On regardait parfois le ciel ensemble. Je peux encore identifier quelques constellations, en plus du soleil. Lui, j’ai toujours été plutôt doué pour le trouver. »
J’envoie un clin d’oeil à la jeune adutle. Elle me trouvera ringuard si elle le veut, je m’en fiche. Comme mon humour le démontre, j’ai presque oublié la perte de mon vélo, et mon deuil en est à peu près complété. Son père m’explique leurs plans – ou l’absence de ceux-ci – pour la journée. Joanie corrige et parsème de détails qui me font imaginer une scène digne d’un cartoon, avec des coups de sifflets à n’en plus finir. Je n’ose commenter sur les raisons génétiques, physiologiques ou encore environnementales qui ont permis à Richard de vivre quatre décennies sans se casser une jambe. Je lui ai déjà mentionné, me semble-t-il, qu’elle restera toujours plus fragile désormais, aussi bonne que puisse être la guérison.
Troy nous revient sur ses entrefaites, montre à la main. C’était donc ça! Il me la brandit sous la truffe, et m’explique quels personnages sont ses préférés. Si je connais Teen Titans, c’est surtout grâce à Remy, bien que je suppose qu’il y ait eu une reprise depuis l’époque. Les dernières questions me troublent, me remettant au visage mon âge et mon style de vie d’adulescent célibataire. Je repense aux longues discussions d’hier avec Kareem.
« Elle est super, ta montre. J’ai une télé, mais pas d’enfants. Je connais les Teen Titans malgré tout. » Une télé moderne qui ne sert pratiquement qu’à jouer à la console de temps à autre. J’encourage Troy à porter son jouet. « Fais voir si elle te va bien. Tes copains doivent être épatés. Ils aiment aussi Batman et Robin ? »
Je laisse celui dont l’enthousiasme ne semble pas vouloir redescendre m’expliquer les interactions au sein de son cercle d’ami, relatives aux Teen Titans puis à d’autre chose. Lorsqu’il commence inévitablement à tourner en rond, je faufile une question dans la conversation.
« Je t’ai dit que j’ai un ami qui est comme Batman ? Les cheveux noirs, la même allure, il est toujours sérieux, mais a un grand sens de la justice ? » Il s’enquiert évidemment de l’identité de ce pote imaginaire et je jette presque Derek dans la fosse aux lions. C’est vrai qu’il collerait plutôt bien, en fait, quoique je le soupçonne de ne pas être amusé si je lui suggérais de porter des collants et des ailes de chauve-souris. Il a même le côté boudeur et la mâchoire pour. « Je ne peux pas te dire! Son identité doit rester secrète, tu comprends ? »
Un soupir féminin m’interrompt et me tire un fou rire. Je hausse les épaules et change de sujet.
« Tu dois être avoir hâte d’aller à la piscine tout à l’heure! » Je me tourne vers Richard, et d’un ton adulte qui trahit un ajustement pour le fils, je lui indique : « Rappelle-moi de te donner une adresse, à ton prochain rendez-vous. »
La pile d’énergie devant moi me semble être un excellent candidat pour l’escalade à l’intérieur et je désire le suggérer à Richard. Alterner les activités pourrait être intéressant, surtout s’il est un tant soit peu similaire à l’enfant que j’étais, mais je veux laisser au père de famille la liberté de décider sans le mettre dans une position délicate. S’il juge raisonnable de les y emmener, je pourrais passer un bon mot à Jay pour lui. Sinon, il vaut encore mieux que Troy n’ait jamais connaissance que cette éventualité ait pu avoir lieu. Puis, il y a des exercices qui se transposeraient bien en piscine, mais au vu de la dynamique familiale, je doute que Dick ait l’occasion de les faire là-bas.
Troy est dur à stopper lorsqu'il se laisse ainsi aller aux joies de la plus innocente forme de curiosité qu'il puisse exister. Sans juger leur invité ni craindre que son intrusion dans son intimité puisse être mal tolérée, il assomme Jay de questions sans se donner le temps de reprendre son souffle. Troy ressemble sur ce point comme sur bien d'autres à son père. Même s'il a depuis ce temps bien grandit et apprit à canaliser ses émotions Richard sait qu'il a lui aussi été un petit garçon bavard et turbulent. Son fils se calmera en grandissant, il en est certain et sait également qu'à seulement dix ans il a encore tout le temps d'être un jeune garçon aussi vif qu'il ne l'est actuellement.
Jay rebondit avec grâce sur les nombreuses questions dont il vient d'être la cible, relançant sans mal le moulin à paroles qu'est ce gamin qui ne demande qu'à s'exprimer sur divers sujets. Troy mentionne ses amis, les autres jeunes hommes de son âge dont il a tendance à classer les passions comme étant dignes d'attention, puis les filles dont les préoccupations lui semblent quand à elles manquer cruellement d'intérêt. Pourtant cela n'empêche pas Troy de chercher la présence de ces demoiselles qu'il tente d'impressionner pour mieux parvenir à les charmer. Il ne fait pas le beau qu'à la patinoire, s'intéresse aux jupes des filles et à ce qui peut se passer en dessous sans craindre de se faire mal-voir par leurs propriétaires. Là encore il ressemble à son père quand il avait un âge semblable au sien... Les chats ne font définitivement pas des chiens.
Troy mentionne les filles dont il aimerait être l'amoureux, celles qui lui plaisent et celles dont il s'attire les bonnes grâces et sourires. Une amoureuse, une seconde puis encore une autre jeune fille dont Dick n'avait jamais entendu le prénom avant ce jour sont évoquées par le gamin. Le polygame en herbe discourt sur ce sujet dont il ne parvient visiblement pas à se lasser et fatalement la discussion se met à tourner en rond. Richard sourit derrière sa main pour tenter de dissimuler son hilarité, Jo lève les yeux au ciel avant de se redresser pour quitter la table. Elle fige toutefois son action quand leur invité parle d'un Batman réel ou en tout cas de ce qui peut y ressembler.
La comparaison émerveille Troy qui bien vite demande à connaître l'identité de cette copie du gardien de Gotham. Dick qui jusque là était certain d'être le seul héros qui vaille la peine d'être connu aux yeux de son garçon est rassuré que Troy ne puisse pas avoir vent de l'identité "secrète" de cette concurrence que le policier pourrait avoir tendance à juger déloyale.
Joanie soupire de son côté tout en approchant du lave-vaisselle pour y ranger ses couverts sales. Son regard vert croise celui de son père, un échange de moues confirmant à ce dernier qu'ils sont tout les deux en train de penser à cette copie parfaite d'une autre figure de Gotham, voir mieux que l'originale, qu'ils ont vu entrer dans leurs existences il y a maintenant deux ans. Selina est une Catwoman en mousse s'il faut la comparer à Mafdet. Même le cuir sied mieux à la professeure de chimie qu'il ne va à cette minette de gouttière dont Halle Berry a égratigné le mythe. Il est probable que l'avis du canadien sur le sujet ne soit pas impartial, mais il n'en a que faire.
La mention de ce qui promet d'être une sortie sportive fait revenir le père de famille à des songes qui commençaient à sombrer vers le lubrique. Ce n'est ni le moment, ni la compagnie adéquate pour se permettre de penser à certaines choses qui ne concernent que les adultes. Enfin uniquement deux dans ce cas précis.
Richard est certain que son thérapeute n'est pas intéressé par des détails qui concernent son intimité et les fantasmes qui y sont liés. Des détails que Dick aurait de toute façon refusé de partager.
-J'y penserais.
En tout cas il essaiera de le faire.
Gérer seul la vie de cette famille regorge déjà de responsabilités et de tout autant de choses à ne pas oublier. Si Dick organise leur vie de famille d'une manière presque militaire, ce n'est pas uniquement par goût de l'ordre mais avant tout pour être certain de ne pas laisser de place à l'imprévu. Et ce parfois en vain. Comme tout autre homme ou encore femme il est parfois débordé et découragé face à l'ampleur de la tâche représentée par cette mission primordiale qui lui incombe depuis des années.
Joanie quitte la cuisine, non sans avoir salué leur invité avant de fuir les lieux. Elle a des devoirs, ou encore d'autres choses d'une importance moindre selon son père mais pas à son regard de jeune femme à gérer. Richard essaie de se montrer compréhensif, parfois même laxiste avec cette jeune fille qui grandit et rêve d'indépendance sans toutefois parvenir à quitter les jupons inexistants de son paternel.
-Troy est parfois dur à épuiser. Son caractère est très différent de celui de sa sœur mais semblable au mien à son âge. -Je ressemble beaucoup à papa. C'est Nessa qui le dit ! -Ma mère ne se trompe pas sur ce point.
Alors qu'elle le fait sur tant d'autres ces derniers temps. Elle a déçu son fils lors des derniers congés familiaux à Vancouver. Mais pas autant que n'a pu le faire son époux dont la simple mention a tendance à faire sortir le canadien de ses gonds. Richard qui voyait naïvement en son père un héros des temps modernes a encore bien du mal à digérer cette trahison dont il estime avoir souffert. Il n'en parle plus, refuse même d'offrir la moindre attention à ce personnage qu'il juge sinistre. Un sire plus méchant que triste que le policier a adulé pendant bien trop de temps. D'humeur soudainement amère, le policier vide sa tasse de café en grimaçant quand il remarque l'absence de sucre dans ce dernier.
Avisant la tasse vide de son invité, Richard se lève pour se servir une nouvelle tasse de café. Sucré cette fois. C'est un carburant comme un autre, plus louable que ne l'est l'alcool ou même la cigarette mais l'addiction qu'il fait naître chez le consommateur reste certaine.
-Je vous sers une nouvelle tasse ? J'en bois à longueur de journée, comme si c'était de l'eau. J'ai commencé avant le lycée.
Après avoir calmé le jeu sur la bière et les liqueurs dérobées à la va-vite dans le placard au dessus de l'évier de la cuisine de ses parents, mais ça aussi Richard le tait. Jay n'a pas besoin d'être mit au vent des écarts passés de son patient.
-Si un jour vous revenez voir votre ami, n'hésitez pas à m'envoyer un message. Vous avez mon numéro personnel dans mon dossier et j'ai parfois un peu de temps à offrir au chouette gars qui me permet de ne plus marcher comme un vieillard.
Certes Richard boîte encore un peu, mais il marche désormais sans l'aide de sa béquille et sa jambe est moins raide qu'elle ne l'était il y encore quelques semaines. Il s'en satisfait pour le moment, sans toutefois se priver de penser à ce jour bénit où il pourra juger avoir retrouvé sa pleine mobilité.
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Sujet: Re: Walk of Shame Jeu 15 Fév 2024 - 0:15
Walk of Shame ω Dick Turner
Richard semble s’excuser du tempérament de son fils, alors que je me demande à quel point il serait impoli de sortir ma béquille de ma poche pour y noter l’idée qui vient de croiser mon esprit. J’arrondis un sourcil, intrigué à la fois de ce qui, dans ma réponse à la situation, ait pu causer chez mon patient cette nécessité et de l’identité de cette Nessa. La mamie, donc.
« J’étais fait sur le même modèle. À vrai dire, je suis encore difficile à épuiser. La faute à mon mode de vie, je suppose. »
Je souris poliment, n’osant pas parler des similarités entre celui-ci et celui du blondinet qui semble fréquenter plus de fillettes que je ne saurais retenir de noms. De toute manière, je référais au sport dans son sens classique. Ni ma silhouette ni mon énergie inépuisable ne sont à prendre pour acquis ou comme un don naturel. Morsure ou non, je récolte les résultats de mes efforts et les conséquences de mes choix.
Je suis du regard Richard qui se sert une nouvelle portion de potion brune et m’en offre également. Mes yeux se portent alors à la tasse que j’ai abandonnée au fond de l’évier de mon hôte. Certes, il y a bien dans l’appartement un lave-vaisselle, mais je ne suis pas effronté au point d’y laisser mes couverts. Cela signifie toutefois que de salir un second récipient de céramique ne devrait pas trop m’attirer les mauvaises grâces de mon patient.
« Volontiers, Monsieur Turner. Noir. »
Troy rigole à mes côtés. Fichtre! Le naturel m’est revenu sans que je ne le réalise. Je souris tout de même, car il en faut plus pour me décontenancer, et répond à l’affirmation de Richard.
« Je suis certain que Nessa était enchantée de cette nouvelle habitude de son Dicky. »
Troy n’a peut-être pas encore quatorze ans, mais je doute qu’il ne soit moins une pile sous tension quand il aura maturé de quelques années. Je me lève à mon tour et pointe la porte des toilettes.
« Veuillez m’excuser un instant. » Puis, me penchant vers Troy, je souffle dans ce que je juge être audible pour les deux humains de la pièce. « Il faut que j’aille faire de la place. »
Ma besogne terminée, je laisse couler l’eau alors que j’inscris un mémo sur mon portable, concernant la suggestion d’envoyer Troy tenter l’escalade. De mon autre main, je replace machinalement la bande élastique de mon slip, puis range mon portable et boucle ma ceinture. J’affecte mon visage d’une moue en observant mon reflet au-dessus du lavabo. Je m’arrange rapidement et me lave finalement les mains.
Une tasse fumante, vue qui ferait compétition au Saint-Graal s’il existait, m’attend devant le siège que j’usurpe depuis quelques dizaines de minutes. Je chérie la première rasade, qui me brûle le palais. Je m’en fiche, il sera sain avant que la seconde n’ait l’occasion de jouer au même jeu.
« Quand je reviendrai. » J’ai corrigé Richard avant même de m’en apercevoir. Cela prouve bien que, malgré l’opinion dans mes culottes, j’ai passé une soirée agréable. Discuter avec Kareem est effectivement quelque chose que je peux m’imaginer ajouter à mon quotidien. Ce n’était peut-être pas la relation que je pensais avoir avec le daddy, mais je dois bien avouer qu’un cercle d’amis comme celui que j’avais à San Francisco me manque. Attendons. Suis-je en train de remplacer le père que j’ai perdu par un daddy qui discute avec moi, m’écoute et me conseille? Non, l’idée est ridicule. « Je dois lui soustraire une recette. »
Je ne fais pas de cas de chaparder le numéro du moustachu à partir de son dossier médical. Ce semble être la norme dans cette rase campagne, après tout, bien que j’aie techniquement eu le numéro de Derek avant de rencontrer Ian.
« Il me fera plaisir de m’arrêter sur votre palier et de grappiller un peu de votre temps et de ton café. D’ailleurs, il est de quel torréfacteur? »
Je tend l’oreille lorsqu’un bruit me parvient de l’extérieur. La sirène qui semble retentir plus loin sur la rue me fait pivoter le torse vers la fenêtre à l’avant de l’immeuble. Je me penche vers Troy en mimant un air paniqué, oubliant complètement, pour le moment, mon vélo disparu.
« Ils m’ont retrouvé! Cache-moi! » blagué-je pour amuser le petit, avant de me souvenir de la profession de mon auditoire adulte. J’aurais pu trouver mieux que de jouer au criminel qui se planque. Genre être lourd et déclarer que mon barista du moment n’avait pas à appeler tant de renfort pour une simple bicyclette.
Il ignore tout de l'identité de l'ami de son thérapeute et continue de penser qu'elle ne le concerne en rien. Richard n'aime pas fourrer son nez dans les affaires de son prochain, sauf bien évidemment quand celui-ci semble défier la loi sans craindre d'être rattrapé par la justice. Et encore, cette vérité n'en est plus une depuis ses dernières mésaventures. L'impact de balle comblé à la va-vite qui orne son plafond est devenu un rappel constant du drame qui a bien failli avoir lieu dans son appartement. Et ce plus encore que ne l'était sa jambe encore raide des sévices subits à Sacramento.
Il aura fallu que soit fait l'usage de la manière forte pour qu'enfin le policier parvienne à faire taire son besoin de justice. Dick espère simplement que jamais Amaro n'aura la triste idée de venir frapper à sa porte pour lui demander un service. Tout se paie un jour mais le canadien ne peut s'empêcher de souhaiter que la dette qu'il a contracté auprès du patron de sa fille puisse finir par être oubliée par ce dernier.
Plongé dans ces songes qui font naître chez lui l'angoisse, Richard n'ajoute rien de plus aux dires de Jay. Il y a dans cet immeuble un bon nombre de gens biens, des personnes simples aux moyens modestes qui font de leur mieux pour finir leur mois avec quelques dollars dans leur portefeuille. Un besoin qui implique parfois de devoir voler des vélos et d'autres broutilles sans grande valeur sinon celle liée à l'affect. Dick comprend tout cela et parvient même à accepter cette vérité. La faim justifie bien souvent les moyens. Il a lui même finit sur un ring clandestin pour réussir à régler les nombreuses créances qu'il collectionnait dans son tiroir de chevet. Pire encore, cet endroit lui manque sans qu'il n'ait à ce jour vraiment à se plaindre de l'état de ses finances. Il regrette l'époque où il pouvait s'éclipser une fois la nuit tombée dans ces hangars où il lui est permit d'oublier une large part de ses soucis.
Jay lui annonce revenir dans un futur proche et profiter de cette occasion pour se faire une fois de plus offrir un café par son patient. Dick répond à la question qui lui est posée sur l'origine de son café tout en agrémentant sa malice d'un clin d'œil espiègle.
-D’ailleurs, il est de quel torréfacteur ? -George Clooney.
Ce bellâtre doit y ajouter de l'or pour se permettre de le vendre aussi cher. Il va falloir que Richard regarde du côté des marques distributeur ou encore s'il ne peut pas se procurer des dosettes rechargeables sur le site de l'homme à la fusée phallique pour réduire ce coût qui se révèle être plus élevé qu'il ne l'avait prévu quand il s'est offert cette merveille pour Noël. Ne plus enrichir une grande marque pour préférer donner ses précieux deniers à une autre entreprise qui ne manque pas de moyens. Ce choix est aisé même s'il semble être fait entre peste et choléra.
Depuis l'extérieur leur parvient le bruit produit par une voiture de patrouille. Alors que Richard se demande lesquels de ses collègues on peut avoir envoyés dans son quartier, son invité s'amuse quant à lui de cette irruption des forces de l'ordre dans les environs en mimant la panique. Troy est bon public, mais renoue vite avec des habitudes transmises par son père mais également son grand-père.
-Plus tard je serais policier comme papa et Hank.
Une déclaration solennelle qui malheureusement ne surprend pas le père du jeune garçon. Richard souligne ce qui n'a pas été dit tant cela lui semble évident.
-Hank c'est mon père.
Et c'est sans s'attarder plus longtemps que nécessaire sur cet épineux sujet que Dick clôt cette conversation qui n'est pas faite pour lui plaire. En tout cas c'est ce qu'il essaie de faire, rapidement rattrapé par son garçon qui comme à son habitude met les deux pieds dans le plat.
-Papa et Hank sont fâchés depuis que mamy a été méchante avec Mafdet.
Le regard de Richard passe du chocolat au noir en une fraction de seconde, il fixe son fils sans prendre la peine de cacher son mécontentement. Peu amène à l'idée que son garçon puisse se permettre d'éventer l'existence de conflits qui ne le concernent en rien et dont il se saisit pas l'importance. Rapidement Troy capte le regard sombre de son père, examinant la mâchoire crispée de celui-ci, puis les lèvres paternelles qui viennent de prendre un mauvais pli. Il n'a rien besoin d'ajouter pour que son fils saisisse que sa présence dans la cuisine n'est plus requise.
-Je dois aller dans ma chambre.
C'est une affirmation et non une question qui vient d'être prononcée par le gamin. Il prend sa montre puis file sans prendre la peine de dire au revoir à leur invité. Richard attend d'avoir entendu la porte de la chambre de son fils claquer pour enfin retrouver une expression qui lui est plus naturelle : Celle qui trahit cette sympathie naturelle et cette naïveté qui le caractérisent.
-Désolé pour ça, Troy a la mauvaise habitude de parler plus vite qu'il ne réfléchit.
C'est héréditaire, tout comme cet étrange attachement pour la fonction de policier que ressentent les mâles de la famille Turner.
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Sujet: Re: Walk of Shame Mar 21 Mai 2024 - 2:58
Walk of Shame ω Dick Turner
Je garde le café avec un N dans une main, comme interminablement suspendu entre le comptoir et mes lèvres. Je n’hésite pourtant pas, la position n’est simplement pas encore aussi inconfortable qu’elle n’y semblerait.
Enfin, je l’ai bien déposée pour ma petite interprétation artistique, qui me rappelle pourquoi je n’ai pas davantage poursuivi avec les arts dramatiques qu’avec les cheveux platines. Troy s’amuse de mon jeu suffisamment longtemps pour que cela soit poli, mais reste dans la zone grise au niveau de la sincérité. Je hausse mentalement les épaules et un instant plus tard ma curiosité est piquée par la déclaration du garçon. Lui possède le sens du théâtre, manifestement. J’acquiesce à la réponse de Dick, alors qu’il éclaire ma lanterne. Je dénote également un certain malaise, que j’imagine relié au moins partiellement à la blessure pour laquelle j’ai rencontré Richard. Je laisse bien un onomatopée s’échapper, pour marquer ma compréhension, et m’apprête à tourner la page sur ce sujet qui ne me regarde pas.
- Papa et Hank sont fâchés depuis que mamy a été méchante avec Mafdet.
L’espace d’un instant, je me demande si il est question de cette Jessica qu’il a mentionné avant que je n’aille aux toilettes. Le malaise émanant de la discussion, et la contrariété manifeste de mon hôte écartent toutefois tout questionnement et je prends une lente rasade du café en capsules pour laisser le temps aux Turners de gérer entre eux cette situation qui ne me concerne aucunement. Je ne capte même pas l’étrangeté renouvelée du nom de la belle de mon client. Sur les dossiers de mes collègues autant que les miens, j’ai pu observer une multitude de noms exotiques. Pour un peu, on croirait Beacon Hills presque aussi divers que mon San Francisco natal.
Je repose ma tasse juste à temps pour capter le regard de l’enfant et lui adresser un signe courtois de la main. Lorsque je ramène mon attention sur Dick, je suis bien décidé de ne pas mentionner cet étrange échange. Tant par son contenu et la candeur de l’enfant, que par l’élément qui m’apparaît le plus choquant : l’utilisation du prénom pour parler de ses grands-parents. Des conflits intergénérationnels vont forcément se produire entre parents et enfants. Des conflits de toutes sortes, en fait. Puis, si l’on en croit l’humour populaire, les beaux-parents ont la fâcheuse tendance de ne pas trouver les conjoints de leurs enfants "suffisants", ce qui ne peut que mal se terminer.
« Tu n’as pas à être désolé. »
J’offre un sourire à mon patient. Je crois ce que j’ai dit, au-délà de la courtoisie qui se rattache à une telle annonce.
Je sens bien qu’il serait le moment pour moi de laisser la famille retourner à son quotidien et prendre mon congé. J’ai, après tout, également des plans aujourd’hui. Des plans auxquels je dois désormais intégrer une visite au poste de police local. Je refuse toutefois de quitter sur une telle note et relance la discussion sur un sujet que j’avais préféré omettre plus tôt, jugeant que ce serait sans pertinence.
« Je peux vous envoyer des exercices pour votre prochaine séance de piscine. » Voilà que le professionnalisme à repris ses droits, incluant les formes de politesse. Je me corrige bien vite en cassant le ton d’un « Dick. » plus familier. Je cherche à étirer la conversation encore un moment et mon regard dérive dans la pièce. Je note une réparation au plafond et m’imagine un Richard impatient qui donne des coups de balais au plafond pour faire éteindre les feux d’une soirée un peu trop bruyante; sa véhémence causant un bris de la feuille de gypse dans le salon. Locataire autant que moi, j’imagine le sujet rapidement tari.
« Vous prévoyez des vacances bientôt? »
J’espère qu’il n’est pas l’un de ces furieux du camping en forêt, dont il me parlera durant des siècles sans réaliser mon ennui. Je ne garde que des souvenirs corrects de ma propre jeunesse en forêt. Principalement parce qu’il y avait des activités sportives fréquentes, sur des terrains à peu près civilisés.
Dick peine encore à accepter la manière dont les rapports qu'il entretient avec ses parents ont évolués. Il évite au quotidien de mentionner ceux qui lui ont été pendant tant d'années indispensables, surtout celle qui a tout fait pour qu'il puisse devenir un jour un adulte équilibré. S'il a su surmonter le départ de sa femme, ne pas se laisser abattre par le sentiment d'abandon qu'il a ressentit suite à la fuite de Gloria, c'est parce que sa mère était là pour le forcer à garder la tête hors de l'eau tout en lui portant secours sans juger ses failles quand il est devenu père célibataire de deux jeunes enfants. La manière dont Vanessa a agit en rencontrant sa belle fille est une trahison dont Richard n'arrive pas à se remettre. Tout comme il se sait incapable de pardonner son père suite aux divers coups bas que ce dernier a essayé de porter à son couple.
-Tu n’as pas à être désolé.
Dick se contente de sourire d'un air qu'il espère suffisamment enjoué pour que cela suffise à donner le change. Il n'est pas le fautif dans cette histoire et ne devrait donc pas se désoler de cette façon lorsqu'elle est mentionnée à voix haute. Mais il lui déplaît d'ainsi voir ses soucis personnels être évoqués devant une personne qu'il connaît tout juste assez pour se permettre de l'appeler par son prénom et l'inviter à boire un café sans craindre de passer pour un désespéré quémandant après l'amitié du premier venu.
Il songe au planning voulu calme de la journée à venir. Joanie ne travaille pas ce soir au bar de l'italien ce qui leur permet de passer un peu de temps ensemble. Un luxe qu'ils ne prennent que rarement, un moment calme sans Troy et sans que les tracas du quotidien ne puissent ternir ces rares instants qu'ils ont l'occasion de passer ensemble avant que Joanie ne quitte le nid. Un projet qui n'a pas encore été évoqué de manière claire, mais la jeune femme prête à faire sa première rentrée à l'université dans quelques mois ne lui a jamais semblée être aussi proche du jour où elle prendra son indépendance.
-Pense tout de même à te renseigner pour ton vélo. Demande après O'Conner au poste, c'est un bon flic. Mais de grâce évite Carter. Ce fumier ferait passer Biff Tannen pour un enfant de cœur.
Une ordure sans commune mesure qui distille son poison nauséabond. Une pourriture dans l'âme. Tout est réuni chez ce gars pour parvenir à faire douter Richard de la bonté de l'être humain. Il ignore dans quel camp Carter trouve sa place entre truands et policiers, mais Dick sait que depuis qu'il a donné ce nom à Amaro son collègue a cessé de le harceler sur leur lieu de travail comme il le faisait depuis le jour de l'arrivée du canadien à Beacon Hills.
Il remercie son thérapeute en gratifiant ce dernier d'un large et franc sourire quand ce dernier lui affirme vouloir lui faire parvenir dans un court délai des propositions d'exercices en lien avec leurs virées à la piscine de la ville.
-Merci de prendre le temps de faire des heures supplémentaires pour moi. Ma jambe et ce qu'il reste de sa raideur t' en remercient. -Vous prévoyez des vacances bientôt ? -Oui dans moins d'un mois.
Il n'a en sa possession pas d'argent à dilapider pour ses congés. Il possède certes un fond d'urgence qu'il est parvenu à mettre de côté grâce à ses combats qu'il a remporté au fight club, mais ne désire pas toucher à ces quelques centaines de dollars en billets qu'il a planqué dans un vieux pot en fer au dessus de son armoire. Savoir que cet argent est présent, qu'il pourra lui permettre de surpasser un imprévu aux conséquences onéreuses quand il faudra y faire face le rassure. Il ne veut avoir à demander de l'argent à personne. Pas même à Mafdet, même s'il sait qu'elle remplit le compartiment à viande du réfrigérateur à ses frais lorsqu'elle est de corvée de courses avec les enfants.
-On connait assez mal le coin. Normalement nous allons à Vancouver mais j'ai décidé de bousculer nos habitudes cette année pour visiter ce qui peut l'être dans les environs.
Fort heureusement son nez ne s'allonge pas comme le ferait celui de Pinocchio lorsqu'il ment. S'il délaisse le Canada pour les prochains congés ce n'est pas uniquement dans le but de pouvoir découvrir de façon plus approfondie la Californie mais simplement pour éviter d'être tenté d'aller voir ses parents pour aller leur dire en face tout le bien qu'ils lui inspirent. Richard peu enclin à l'idée de tendre l'autre joue refuse de jouer le rôle de grand naïf une fois de plus. La dernière fois qu'il a endossé ce rôle il a bien failli prendre un billet sans retour pour le boulevard des allongés. Plus jamais il ne veut voir son appartement être souillé dans son intimité par des malfrats sans manières. Ou même avec. Cette mauvaise blague a trouvé sa fin au moment où le plafond de son appartement a été percé d'une balle. Il protège désormais les siens, ses enfants et la femme qu'il aime en les gardant loin de ceux qui pourraient leur causer des tords.
Mafdet saurait se défendre seule, mais Dick doute que les manières de sa belle ne sachent lui plaire dans une pareille situation.
Non. Il est le chef de cette famille. En tout cas il essaie de s'en convaincre. C'est donc à lui que revient la pleine charge de les protéger.
-Troy aime la piscine, la patinoire, le baseball avec ses copains et on se rend parfois dans les quartiers nord le temps d'une partie de basket avec les gosses qui vivent là bas. J'ai de la chance, il me juge encore assez cool pour m'autoriser à apparaître en public à ses côtés. Et les mômes des quartiers défavorisés ont comprit rapidement que je n'étais flic que pendant mes heures de service. Je suis né et j'ai grandit dans un quartier plus sinistre encore que ne peuvent l'être les pires ruelles de cette ville. Des endroits remplis de bons gamins a qui on fait croire qu'ils sont les criminels de demain.
Il est fier de l'endroit d'où il vient, d'être parvenu à déjouer les statistiques. Il a opté pour le chemin contraire à celui auquel sont destinés une bonne partie des gamins de Downtown. Son père l'y a aidé à sa manière en lui interdisant toutes excursions sur ce chemin que beaucoup pensent à tord pavé de bonnes intentions.
-Est-ce que tu veux que j'envoie un message ou deux au sujet de ton vélo ? Ce sont des petits voleurs certes mais la plupart ne fauchent que pour aider leurs mères à payer le loyer. Ton vélo est peut-être encore en un seul morceau.
Brumes du Passé : Chasseur Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 33 ans
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Sujet: Re: Walk of Shame Mer 10 Juil 2024 - 0:59
Walk of Shame ω Dick Turner
Je note mentalement les noms de O’Conner et de Carter. Avec un peu de chance, je ne les mélangerai pas, si je les retiens. Je n’ose pas trop montré que je ne suis pas tant inquiet pour la valeur perdue. Je connais une amie à San Francisco qui pourrait m’en fournir un neuf à bon prix. C’est une de mes qualités. Connaître quelqu’un pour toute sorte de situations. Il faudrait tout de même que je me souvienne de ce Carter, la réaction de Richard à sa simple mention n’est pas des plus encourageantes. Je ne parle pas que du dédain qui teinte un instant son expression, mais également de l’odeur de dégoût qui s’échappe de lui.
Je me contente d’un haussement d’épaules lorsque l’officier me remercie. Je ne veux pas avoir l’air de balayer son appréciation de la main, mais il me fait plaisir d’aider quelqu’un qui a envie d’être aidé et de s’aider soi-même, tel que lui. Je suis un adulte, libre de choisir où je mets mes efforts et comment j’utilise mon temps, après tout. Parlant de temps bien utilisé, je rebondis sur le sujet des vacances.
« Vous devez avoir bien hâte », réponds-je à l’annonce qu’elles arrivent dans quelques semaines. Richard poursuit en m’expliquant qu’il a changé de plans pour leur congé annuel. Je comprends aisément les motivations sous-jacentes, mais ne peut retenir une grimace à la mention des vacances dans la région. Je m’explique rapidement.
« Nous allions chaque année dans un camp de plein air, quelque part dans les collines. J’ai oublié lequel. On y faisait des sports sympas, mais ce que je détestais dormir sous la tente. »
Je ne me lancerai pas sur les bivouacs. Toute cette fumée me faisait tousser pendant des heures ensuite, et j’avais l’impression de ne plus rien pouvoir sentir jusqu’à presque trois jours après notre retour. Puis, la cabane où nous nous rendions me rappelle trop le jour où mon ancienne meute a changé d’alpha.
« Quelles sortes d’activités as-tu en tête ? » Je préfère relancer mon hôte plutôt que de me risquer à une lancée sur le camping sauvage et ses supposées vertus. Richard m’explique alors que Troy aime la piscine, la patinoire et le baseball. La nage ne devrait pas être un problème, que ce soit en piscine ou en lac - certain sont suffisamment clairs - non plus que les sports de balle. Quant à la patinoire, cela risque d’être plus chaud. Il y en a bien qui sont réfrigérées et entretenues à l’année, mais elles restent rares et dispendieuses.
Je souris à la mention de la coolitude du policier. Les mômes sont des ingrats, et je n’ai pas fait exception. Heureusement, mes adelphes étaient suffisamment proches de moi en âge pour me considérer comme un modèle. Parlant de, Richard semble en être un, en quelque sorte, pour ces gamins du quartier défavorisé de la bourgade, dont j’ignorais même qu’elle était suffisamment grande pour en avoir un. Son observation sur le béhaviorisme et le renforcement est loin d’être erronée et me colle une moue désolée au visage. Le même genre que lorsqu’on refuse une piécette à un itinérant, qu’on en ait ou pas qui traîne sur sa personne : passagère, sans arrière-pensée et rapidement oubliée. Je ne peux que hocher la tête avec gravité, incertain de ce que je peux me permettre de dire dans une telle situation, moi qui ai grandi dans une communauté tout aussi soudée, mais fichtrement plus privilégiée, malgré le risque constant d’extermination.
« Si tu as le temps, oui, mais ne t’embête pas trop avec ça. Ces gamins semblent avoir besoin de cet argent plus que moi. Au pis si tu le retrouves, je le rachèterai au prix que j’aurais mis sur un neuf. »
Cela leur donnera peut-être la mauvaise leçon, mais les aidera certainement plus qu’une revente où ils se feront arnaqués par des plus vieux qu’eux. Je me lève et tend la main vers mon patient. C’est étrange que ce soit moi qui parte, et non lui, comme dans nos rencontres habituelles.
« Il faudrait que j’aille au poste, moi, pour faire ma déclaration. Je vais m’assurer de demander O’Conner-pas-Carter. Merci encore pour le café et les conseils. »