[Event] Le jeu du Trône - WINTERFELL

Le jeu du trône

Theon Greyjoy

Schlingue connaissait la leçon, pourtant. On ne se rebellait pas contre le maître sans le payer. Mais le Gnome était ce qui se rapprochait le plus d'un allié et il devait, ou peut-être avait-il voulu, guidé par une once de courage, essayer de le préserver de la folie meurtrière de la terreur Bolton. Il avait agit sans réfléchir. Il se boula sur lui même, crispé dans l'appréhension des coups à tomber, quand un sifflement métallique par dessus sa tête et une exclamation assassine le poussèrent à jeter un œil entre ses bras rabattus.

Il vit le nain armé de l'épée du bâtard Stark, sa lame enfoncée dans le bras de son bourreau, et il regarda, hébété, le lutin danser habilement autour d'eux pour révéler au dernier moment l'éclat mordant du couteau.

Il ferma les yeux à l'instant ou le poignard devait rencontrer la chair de Bolton, et recula lorsqu'il réalisa que ce dernier l'avait dévié. Il avait peur. Il devinait la suite. Ramsay était énervé, et ça allait très mal finir, oui très mal finir pour le Lannister, et très mal finir pour lui alors que c'est son intervention malvenue qui avait permit à Tyrion de...

Schlingue sursauta en dardant un regard sur sa main qu'on venait d'attraper pour y glisser quelque chose. Par réflexe, il tenta de s'en défaire. Il n'en voulait pas, quoi que ce soit il ne voulait pas devenir d'avantage complice! Il ne comprit pas lorsque Tyrion fit fi de ses hochements de tête nerveux et l'obligea à refermer ses doigts sur la breloque à conserver précieusement.

-Souviens-toi de qui tu es, Theon Greyjoy.

-Non, pas Theon, Schlingue.

C'est Schlingue. Theon n'était pas autorisé à exister, plus maintenant, pas en présence de Ramsay, surtout pas en présence de Ramsay.

-Pas pour moi, qui ne suit qu’un vieux lutin.  Souviens-toi que tu es Theon Greyjoy...

-Schingue!

-... pour la douce Sansa qui fut toujours bonne envers toi, et qui ne mérite son dessein actuel, pas plus que de n’avoir été mariée à un nabot.

Sansa... la créature secoua la tête et passa une main fébrile dans sa tignasse crasseuse, en proie au trouble. Fut un temps où Theon Greyjoy avait convoité la belle rousse. En obtenant la main de l'ainée des Stark, il aurait enfin pu devenir un membre reconnu de la famille qui l'avait élevé...
Un sanglot animal lui échappa. Il n'avait rien pu faire, Schlingue n'avait rien pu faire la nuit de ses noces avec le seigneur de Fort Terreur, ni les autres nuits...

-... Souviens toi de toi, Theon Greyjoy, pour ta sœur, Yara Greyjoy, qui s’est rebellée contre ton oncle usurpateur et fraticide.

-Schlingue! SCHLINGUE! Pas Theon! Je suis pas Theon...

Robb, Winterfell, Ser Rodrik et les orphelins, Theon avait commis beaucoup trop d'erreurs, alors que Schlingue, lui, ne pouvait pas faillir en s'en remettant à la volonté du maitre...  

-Souviens-toi, Theon Greyjoy, que tu es le fils unique de Balon Greyjoy, légitime héritier de Pike, pour les habitants des îles de fer.

Le kraken emblématique des Fer-nés s'imposa à son esprit et éclipsa les souvenirs de la croix de St-André et du couteau. L'esclave rouvrit les yeux et se tut. Les cris dérangés du Bolton mutilé et revanchard paraissaient loin à ses oreilles. Seule la voix du lion poursuivait, très nette au cœur d'un silence compact.

-Surtout, souviens-toi de qui tu es pour toi, Theon Greyjoy.  Laisse-moi te rendre la vie que Ramsay Bolton t’a prise.

Ce n'est qu'alors qu'il ouvrit la main et reconnu la bague aux armoirie de sa maison. Pendant un moment, tout sembla calme dans la tête de l'eunuque. Il distingua très nettement les contour du Kraken incrusté sur la chevalière, la moindre ébréchure sur le métal. Il songea aux hautes falaises de Pyk et à sa sœur. Le monde tourna au ralenti, et il pris conscience de l'étendue de sa situation, de ses choix, et de ses forces.  

-... ... m... ri...

L'ancien Greyjoy marmonna quelques mots inintelligibles en fléchissant faiblement sur lui même, sur le précieux objet qu'il ramena à l'abri contre son torse. Des remerciements pour le Lion peut-être. Une prière de pardon à son maitre tout aussi bien. Ou encore une lutte intérieure entre Schlingue et Theon pour la libération de sa mémoire.

-... ... ... mourir...

Theon porta le bras à Grand-Giffe qui trainait dans la neige à un pied de là, et d'un seul élan, dirigea la lame vers l'avant et les yeux grands ouverts chargea droit sur l'écorcheur en puisant dans un cri toute la force des Greyjoy.

-... Ce qui est mort ne saurait mourir!


[Dé combat sur Ramsay]

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

Sans qu'il n'ait pu le voir arriver, tant l'idée d'une telle trahison lui aurait semblé un jour impossible, son chien, celui pour lequel il a sacrifié tant d'heures, tant de journées pour l'éduquer, s'interpose entre lui et sa cible. Cette image le trouble, la colère qu'elle fait naître en lui est si déstabilisante, que la flèche part, mais bien loin de l'endroit prévu. Elle achève sa route dans le tabouret qui a bien failli causer la fin de Bolton, à présent si loin de la destinée meurtrière que l'archer lui imaginait.

Son sourire évaporé, une lueur de fureur passant dans ses prunelles aussi glacées que glaçantes, il pense à cette douleur qui sera celle de Schlingue quand ils seront à nouveau tout deux dans l'intimité. Celui qui fut un jour Theon Greyjoy tente de justifier son geste, mais se sait en danger. Connait les conséquences de son acte. Ses bras rabattus au dessus de sa tête ne suffiront pas à le protéger de la rage de son maître. Ses explications quand à elles ne parviennent qu'à l'enfoncer, alors que la lucidité vient de totalement quitter Ramsay Bolton. Le lord lève une main, prêt à punir son chien, son jouet. Jouet cassé qui aura besoin d'être éduqué à nouveau. Le bras du fou amorce sa descente, vive, pour blesser, faire mal. Marquer cet esprit qu'il a mit tant de temps à briser. Lui rappeler que plus jamais il n'aura le droit de donner son avis, de tenter d'imposer celui-ci à son maître.

Le cri de rage de l'homme se transforme en croassement étranglé par la douleur quand la lame du corbeau s'abat sur le bras qui s’apprêtait à châtier. Il sent le sang couler. Le sien. Inadmissible. Douloureux. Fulgurance de la rébellion. Sa respiration se fait lourde alors qu'il persifle des injures à l'attention du Nabot. Ce Lannister loupé. C'est par un heureux réflexe de préservation, un instinct de survie qui ne le quitte jamais, qu'il parvient à éviter l'attaque du demi-homme qui vient de se glisser dans son dos. Pour l'occire. Et finalement échouer alors que Bolton conserve malgré son esprit désormais perdu entre rage et douleur, sa rapidité, qui même si elle se retrouve amoindrie par sa situation, lui permet d'éviter de finir comme ces hommes qu'il vient lui même de faire passer de vie à trépas.  

D'un coup d'épaule, il repousse l'erreur de la nature. L'arme de Snow retrouve le sol, la place qui lui est due maintenant que son propriétaire n'est plus qu'un souvenir lointain. Son regard froid ne quitte pas les deux autres, et il sourit, cruel quand Schlingue refuse de se souvenir de cet homme qu'il n'est plus. Cet homme qui n'est plus rien, celui qui a fini mort sur la croix alors qu'un chien prenait sa place.

Pas n'importe quel chien. Un animal loyal. Un esprit influençable si l'on sait lui dicter sa conduite. Ancien homme fier, qui sous ses yeux, malgré les injonctions de Lannister, souhaite rester à sa place. Celle que son maître lui a offerte. Schlingue s'emballe, perd la raison. Puis fixe ce que le nabot vient de lui coller dans les mains. À cet instant, dans le regard de son esclave, Bolton voit sa propre perte apparaître.

-Si tu oses te rebeller à nouveau, tu perdras bien plus que tes orteils ou un nom. Je collerais ta tête sur une pique. Donnerais le reste à tes camarades de chambrée.... Tout le monde saura ce qui est arrivé à Schlingue, celui qui a osé trahir son maître aimant. Même dans ta mort la honte ne te lâchera jamais.

Schlingue balbutie quelques mots, des choses incompréhensibles. Puis ramasse l'arme de Snow, avant de finalement se jeter sur son maître. Son cri n'a que peu d'importance aux yeux du lord sanguinaire. Si une telle injonction était destinée à faire naître la peur chez Bolton, c'est là un nouvel échec cuisant. Il se contente de lever son bras valide, intercepte son chien. Il le coince contre lui, pose une main souillée par le sang précédemment versé sur son visage. Puis murmure. Presque aimant dans sa gestuelle quand il soupire.

-Tu ne m'aimes donc plus Schlingue ? Aurais-je eu tord de te croire quand tu déclamais tes sentiments à mon égard ?

Son chien tente de le mordre, vindicatif. Ne laissant que sa désobéissance comme souvenir à son maître tandis que ce dernier le relâche.

Un pas en direction du Nabot, c'est tout ce qu'il laisse faire à son chien avant de se ruer sur lui. Dague vierge de sang, mais pas pour longtemps entre les mains, alors qu'il se prépare à abréger les souffrances de la bête malade. Sans jamais se préoccuper des cris du Lannister.

[Jet de dé de combat sur Theon Greyjoy]

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

Le chien rebelle n'a pas le temps de lui échapper, et c'est un cri aigu qui s'échappe de la bouche de celui qui n'a jamais cessé d'être une proie quand Bolton lui met la main dessus, comme une ombre terrifiante. Schlingue implore sa pitié comme il l'a déjà tellement fait par le passé, ce qui ne fait qu'encourager les pulsions assassines du bâtard. Puis plus un geignement ne se fait entendre quand la lame glisse, effleure puis pénètre la chair tendre, entaille la gorge de l'animal. Une profonde balafre barre le cou crasseux, remontant de chaque côté du visage, près de la naissance des oreilles de celui qui un jour s'est appelé Theon Greyjoy.

Le sang gicle immédiatement sur les mains du bourreau. Quelques derniers soubresauts et sa victime cesse sa valse entre la vie et la mort. Schlingue affaissé contre lui, son ancien maître inspire lourdement. Son poignet le lance, le poids de celui qui fut sans doute son chien favori ne rend cette positon que plus insupportable. Son regard froid ancré dans celui qui le dévisage, il finit par laisser son jouet brisé s'échouer au sol, non sans lâcher quelques mots cassant à l'attention du nain qui le fixe, figé entre horreur et rage.

-Il est mort à cause de vous. Un chien admirable mais à l'esprit si faible que êtes parvenu à le pousser à mordre son maître.

Il fait fit des insultes de ce Lannister qui ne mérite même pas ce nom qu'on lui donne, se penche, arrache de sa main valide un lambeau de tissu des guenilles que porte toujours le regretté Schlingue. Dents serrées pour retenir un cri de douleur alors qu'il attache ce pansement de fortune autour de son poignet blessé, il finit par s'agenouiller près du cadavre encore chaud de l'ancien Greyjoy, mort comme une bête en tentant de retrouver son nom. Surpris en fouillant les poches du corps encore chaud,  il soupèse l’œuf de dragon sur lequel il vient de mettre la main, puis caresse du bout des doigts la main encore tiéde de Schlingue, avant de forcer ses doigts à s'ouvrir sur cette bague qu'il serre toujours.

Attaché à un nom, une famille, qui fut un jour la sienne. Jusque dans la mort.

Le jeu du trône

Theon Greyjoy

Les rappels de Tyrion l'emportaient sur les avertissements de Ramsay. Schlingue n'était que crainte et obéissance, mais Theon Greyjoy quoique fut ses erreurs avait une mission à accomplir. La bague tant convoité entre ses mains venait de ramener de la lumière quant-à sa place dans le grand jeu des règnes et des batailles. Il ne pouvait pas ramener les morts à la vie ni laver les honneurs perdus, mais il pouvait se racheter, apporter son soutient aux camp de bien et rapporter à sa maison sa grandeur d'autrefois.

Le Kraken sur sa chevalière lui avait envoyé un message éloquent. Le dernier fils vivant de Balon Greyjoy n'avait plus les attributs pour devenir roi des Îles de Fer, mais sa sœur le pourrait. Elle avait le charisme des grands, et le pouvoir de perpétrer l’engeance. La bague lui reviendrait. Il se rendrait au sud afin de conclure une alliance avec la reine légitime des Sept Royaume, et ensemble ils feraiant tomber son oncle usurpateur.

Mais pour réaliser tout ça, il devait se défaire de ses chaines. Ramsay Bolton devait mourir.
Theon se jeta sur son ancien maitre, lame dirigée vers les entrailles. Il voulait enfoncer la lame par la chair tendre du ventre et remonter sèchement au plus haut vers sa gorge. Embrocher l'écorcheur comme un porc à rôtir, et avoir la satisfaction de verrouiller l'épée au milieu de ses entrailles. Le temps de pouvoir le regarder dans les yeux, y chercher une once de colère, de regret, et se libérer du monstre qui l'avait fait chien.

Mais la lame n'atteignit pas le Bolton. Ramsay se déroba à l'attaque et fondit sur Theon pour le coincer contre lui. La peur et la rage se bousculaient dans les yeux clairs du Greyjoy, incapable de manier l'épée dans sa position. Le regard doucereux de cruauté qui le couva et la main chaude de sang qui glissa sur sa joue tétanisa l'humain domestiqué.

-Tu ne m'aimes donc plus Schlingue? Aurais-je eu tord de te croire quand tu déclamais tes sentiments à mon égard?

-C'est Theon!

Il croqua à pleine dent dans la main punitive du tortionnaire. L'autre relâcha sa prise, Theon s'écarta du Bolton, mais aussitôt, il compris que c'était terminé pour lui. La faible distance entre eux, l'absence d'arme à sa portée, et la lueur folle dans les yeux de l'écorcheur quand il dégaina sa dague en se jetant sur lui.

Le hurlement révolté de Tyrion se mêla à celui bestial de son bourreau, et il fut certain d'entendre au fond de lui même une force désespéré se répercuter jusque dans sa gorge. Il se sentit trébucher quand la main s'abattit sur lui, rua et supplia pour qu'on l'épargne. Son regard plongea dans les yeux fous de Ramsay quand la lame froide caressa sa peau transperça dans sa gorge. Il ne le quitta pas des yeux tout du long où le couteau dessina un collier au ras de sa mâchoire, transformant ses balbutiements en borborygmes gutturaux incompréhensible.

Il s'accrocha à la pelisse poisseuse de Ramsay. Il ne voulait pas quitter ce monde. Yara, l’œuf à transmettre à la dernière Targaryen, il avait encore trop à faire maintenant qu'il avait été libéré de Schlingue...

Theon vit sa vie défiler jusqu'à un moment précis, l'instant fatidique où tout s'était mis à dégringoler dans sa vie.

Cette conversation avec Tyrion Lannister quand le Gnome lui avait fait remarqué quel idiot il était de se croire l'invité des Stark quant-il n'avait jamais été qu'un captif bien traité par ses geôliers...

C'était à cause de lui que tout ça été arrivé...
S'il avait seulement pu l’occire...

S'il avait seulement pu...

Theon cessa de s'accrocher. Sa carcasse reposa, inerte, contre le corps de Ramsay, une larme dégringolant de ses yeux vides, condensé de regrets qui échoua lamentablement de son menton en sang.

HRP:

Le jeu du trône

Tyrion Lannister

Théon se rebelle contre son tortionnaire, retourné à ses sens grâce à la prose du convainquant diplomate que je suis.  Il s’élance sur le bâtard blessé, mais le rate et Ramsay, suite à son habile esquive, sort une dague d’un pli de ses vêtements et égorge son ancienne victime comme on saigne un porc.  Je m’invective, hurle d’horreur, de rage et de révolte.  Somme les soldats impuissants qui nous observent à agir, au nom de l’honneur sinon de leur reine, peu importe laquelle des trois ils choisissent.

Je songe à Circei qui toujours m’a accusé d’être la source de tous les maux.  Me demande si, de désespoir et de rancune elle ne se serait pas vouée à quelque force démoniaque et n’aurait pas fait un pacte pour maudire ma verve. Mes paroles semblent létales lorsqu’elles se veulent encourageants, réconfortantes et amicales, mais l’inverse est également vrai.

Je ne remarque pas les cavalières qui s’approchent au loin, flanquer des bannières du Nord.  Je ne remarque pas les chevaliers et hommes de main qui déjà s’affairent à retirer les cadavres de mes amis du charnier.  Théon, dernière victime de mon mauvais sort gît dans les bras de Ramsay, qui panse la blessure que je lui ai infligé.  Et ce dessein qui se moque de moi m’enrage.  Jamais ne me suis-je senti aussi petit et impuissant, aussi ridicule.

C’est l’énergie du désespoir, et la soif d’assouvir ma vengeance qui guident mes gestes alors que je recule de quelques pas et, comme je le faisais avec Jaime il y a des décennies, dans nos jeux de gamins, je baisse la tête et me mets à courir de toute la rapidité de mes courts membres en direction du Lord Bolton.  Je me fais bélier humain, compte le renverser et de toute la force de mes poings lui infliger la souffrance que je l’ai vu semer autour de moi.  Autour de lui.  L’adage ne dit-il pas, après tout, que qui sème le vent récolte la tempête?

Le jeu du trône

Tyrion Lannister

Alors que je ne sais trop si c’est de la surprise, de la moquerie ou du dédain que je lis sur le visage de Ramsay une fois que nous roulons au sol, mon poing s’abat une première fois sans que je ne le réalise, puis une seconde fois avant que je ne lui en envoie l’ordre, puis une troisième fois, il est bloqué.  Je lève mon regard sur la main qui retient la mienne.  Le regard fatigué et désapprobateur, mais surtout inconsolable de Lady Brienne me retient de m’acharner sur ma victime.  Ma victime qui s’évade de mon joug alors que Yohn Royce l’en retire et ordonne à ses hommes de le ligoter et de le dépouiller des trésors qui ne lui sont jamais revenus de droit.

Ces fous vont lui faire un procès et le juger?  Non, c’est impossible.  Je me jette aux pieds de la reine régente du Nord.

-Sansa, jamais cet homme n’a cessé de répandre le malheur autour de lui!  Il vient de massacrer tous ces pauvres gens pour d’autre raison que son propre plaisir.  Il ne peut pas continuer.  Pensez à ce qu’il a fait à votre famille.

-Ramsay Bolton, vous êtes coupable de trahison et serez exécutés sur le champ.  Lady Brienne...

-Lady Sansa! l’interrompé-je, laissez-moi l’honneur de délivrer la peine qui lui revient.  Ce sont mes compagnons autant que les vôtres qui jonchent ici le sol.  Je vous en supplie.

Des larmes coulent de mes yeux à ma barbe toujours sale de ne pas avoir eu le temps de me laver.  J’ai l’air petit et minable de ma réputation.  Mon orgueil n’est plus, tant mon désespoir est immense.

-Soit.

Je me relève péniblement, vacille tranquillement sur mes jambes et me dirige vers la tente d’où j’ai aperçu des archers sortir.  Après quelques moments à fouiller, je trouve ce que je recherche, saisit le récipient poisseux et lourd à deux mains et, d’une démarche chaloupée me rend au monstre ligoté.  Je verse la poix sur son visage, puis son corps, dans un bruit désagréable.  Je retourne au feu de camp, récupère une torche que j’allume et retourne à Ramsay, un air grave et solennel sur le visage.

-Un Lannister paie toujours ses dettes, comme vous le savez tous. Mais aujourd’hui, je compte régler celles de gens qui ont grandement compté dans mon coeur et comptent toujours pour moi.  Ramsay Bolton, tu as endetté mes proches et mes amis de souffrances innommables. Voici le remboursement qui t’es dû.

Je touche de la torche son pied droit, qui s’enflamme aussitôt, sous le cri indigné de Lady Brienne, qui a compris trop tard ce que j’ai prévu faire.

-Pour Lady Sansa Stark, que tu n’as pas su traiter comme un digne époux.
Je continue, allant au second pied, puis à chacune de ses mains, à sa ceinture, puis son torse.
-Pour Rickon Stak.  Pour Jon Snow. Pour Podrick Payne.  Pour Sir Bronn.  Pour Théon Greyjoy.

-Et enfin, pour toutes tes autres victimes innocentes et trop souvent anonymes.  Que ton nom soit oublié à jamais.

Je dépose la torche à la base de ses cheveux qui s’embrasent bientôt, ajoutant cette horrible odeur à celle de la chair carbonisé qui empeste le campement.  Les regards sur moi sont sévères et remplis de jugement, alors que le cercle s’élargit autour du brasier.  Pour ma part, je retourne m’agenouiller devant ma divorcée.

-Lady Sansa Stark, si vous le désirez, je me rends à vous.  Établissez un procès contre moi, comme je n’ai pas occis la créature de la façon traditionnelle.


Le Nord me laissa repartir avec l’oeuf de dragon, tribu qui servira à convaincre ma Reine de les aider à affronter l’armée qui nous attend derrière le mur.  J’ai également gardé le coffre de pierres précieuses et le jonc des Greyjoy, dans le but de les offrir à Yara lorsqu’elle apprendra le décès de son frère.  Enfin, je garde le précieux manuscrit avec moi et pour moi seul, alors que je me prépare à reprendre la route de Port-Réal, seul.

Je tente de prévoir le prochain coup.  Je sens ma fin proche.  J’ai déjà bien trop souvent échappé à la mort. Et pourtant, il me reste l’espoir de voir demain.

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

La bague de la famille Greyjoy n'a même pas le temps de rejoindre sa poche, que le nain, mué par la colère et sans doute par son désespoir face à tout ces hommes qui viennent de tomber comme des mouches, se jette sur lui. Le heurte et finalement fait chuter Ramsay en arrière. Ce dernier, abasourdi par le choc causé par une telle action qu'il nommerait plus suicidaire que courageuse, n'a même pas le temps de se débattre pour se redresser. Un poing se lève, s'abat sur son visage. Il sent sa lèvre s'ouvrir sous l'impact, le goût du sang aux accents métalliques embaume ses sens. Un second coup suit, aussi inattendu que le premier, l'arcade en sang, son œil droit se noyant sous le liquide carmin, le lord voit le poing du nain qui s’apprêtait à châtier à nouveau se retrouver bloqué dans une prise ferme.

Lannister et Bolton lèvent les yeux en même temps vers celle qui vient de mettre fin à ce qui semblait être les prémices d'une avalanche de coups. Le regard réprobateur de Brienne de Thorne passe du nain à l'écorcheur qui se dit que sa fin ne lui a jamais semblé être aussi proche qu'en cet instant. Lui qui a guidé tant d'hommes vers la mort, s’apprête à rencontrer à son tour la faucheuse. Son propre chien, traître par ses dernières actions, dernière victime sur la longue liste des cadavres qu'il a laissé derrière lui. On le ligote sans mal, alors que trop troublé par cette tournure que les événements prennent sans qu'il n'ait pu le voir arriver, il se laisse détrousser. On lui dérobe ce que son dur labeur lui a permis de récolter. Par la sueur de son front et le sang de ses ennemis.

De la bouche de son épouse, la sentence tombe. Irrévocable. Lèvres scellées, Bolton fixe cette dernière, peu décidé à se défendre. Chose vaine de toute façon. Il est vu, de manière justifiée comme un monstre. Il le sait. Il aime cette idée. La cajole. Même si à présent ses actes le guident à sa perte, il n'en regrette aucun. On le redresse sans douceur en position assise, il inspire, une dernière fois avant que la voix du nain ne résonne à nouveau. Faisant retarder l’inévitable.

En cet instant, Ramsay Bolton le sait. Cette hargne qu'il voit dans le regard du bâtard Lannister lui fait comprendre que sa mort ne sera pas douce.

Et quand ce dernier revient, le pas lourd, les mains chargées, risible dans sa progression laborieuse jusqu'à lui. Lui couvre le visage puis le corps de poix épaisse sans se fendre d'un mot à l'égard de sa victime, cette dernière devine ce qui semble être les pensées du nabot. Se tasse sur elle même autant que ses liens le lui permettent. Ne quitte pas le demi-homme des yeux, quand il revient, une torche à la main. Lueur alarmëe habitant ses prunelles glacées, Bolton ne peut esquiver la torche qui touche son pied. Immédiatement ce dernier s'enflamme. Si le nabot tente de donner un côté solennel à ses actes, déblatérant sur des victimes qui sont sans importance aux yeux de leur bourreau, tout cela ne reste rien d'autre que de la poudre jetée aux yeux. Faire passer l'inconcevable pour la normalité.

Bien vite les flammes attaquent la chair, la brûlent dans leur carcan de feu. Le visage de l'écorcheur qui avait déjà commencé à perdre en impassibilité se fend d'une grimace douloureuse. Puis rapidement il n'y tient plus, hurle l'horreur de sa douleur, quand son corps finit par s'embraser entièrement.

La souffrance dévore son âme, tout comme les flammes le font avec le reste de son corps. Quand enfin son faciès flamboie à son tour, un hurlement inhumain quitte sa bouche grande ouverte. Il appelle son amie la mort, perdant le peu de raison qui lui restait.

Le jeu du trône

Le roi de la nuit

Nous venons de passer le mur. Château noir n’est plus qu’une ruine, les anciens corbeaux marchent avec nous. Je dois rattraper la corneille à trois yeux et lui tordre le cou.

Nous somme un million. Ils ne sont que quelques milliers. Désunis et ennemis. Bientôt, ils ne feront parti que d’un peuple, celui des marcheurs blancs.

Winterfell offre ses tourelles à l’horizon. Cette fois ils ne nous arrêterons pas. Le seul qui pouvait les fédérer est mort.