[Event] Le jeu du Trône - WINTERFELL

Le jeu du trône

Jon Snow

Jon Snow regardait la ville de Winterfel et le château qui l’a vu vivre toute sa vie, mais ce qui l’avait toujours intrigué se trouvait encore plus au nord, derrière le mur. Son rêve d’enfant était d’entrer dans la garde de la nuit et son père lui avait dicté de monter au nord, vers le mur pour protéger toute la population du mal qui hiberne derrière le mur : vagabond, sauvage et surtout le mal absolu, les contes de son enfance. Pourtant il ne pouvait pas encore partir vers ce lieu dont il était prédestiné par sa nature de bâtard, qui ne lui autorisait rien de bien intéressent à Winterfel. Sa belle-mère le lui montrait souvent, peu ravie de le voir vivre dans le château et, sans le vouloir, lui avait permis d’aller au mur pour réaliser son rêve. Heureusement, son père et ses frères s’entendaient bien avec lui et lui réchauffer le cœur. Quitter cet endroit était pour lui un nouveau départ, mais aussi la perte d’une famille, perte qui l’attristait, mais le rendait heureux : rentrer dans la garde de nuit pourrait sauver cette famille. Mais, avant de monter vers le nord et découvrir sa véritable destinée, il lui manquait quelque chose. Il le sentait au plus profond de son cœur. Sans ça, il ne survivrait pas à l’hiver.

Mais l’inquiétude à l’heure actuelle n’existait pas : une voix l’appela. Arya, sa sœur criait son nom. Avec elle, il s’était toujours entendu avec, elle, allant jusqu’à prononcer la même phrase en même temps.

Jon, une fois sa sœur à portée, lui ébouriffa les cheveux, comme il en avait l’habitude.

— Comment va Bran ?
— Il ne s’est toujours pas réveillé, dit-elle.

Jon baissa les yeux, honteux de ne pas avoir été avec lui lors de sa chute. Même cette chute l’intrigué, avait-il eut si peu de chance qu’il avait perdu l’équilibre, pourtant il avait parcouru ce chemin autant de fois que possible ?

— Je vais au sud pour aller chercher quelque chose.
— Tu vas au sud pour chercher quelque chose ? répéta-t-elle en même temps que son frère.
— Je ne dirais rien à personne. Surtout pas à Sansa…

Jon sourit et commença à préparer ses affaires, à par sa demi-sœur Arya, personne ne savait qu’il allait ailleurs. Il ne devait pas leur en parler…

Puis Arya, et sa sœur partirent, le laissant seul avec Robb pour quelque minute. Il se remémora alors de leur histoire, les blagues qu’ils faisaient pour amuser les plus jeunes ou leur faire peur. Mais aussi de passe d’arme qu’ils faisaient ensemble, de l’apprentissage du combat grâce à lui. De bon souvenir qu’il garderait pour toujours, même si, être membre de la Garde de nuit, voulait dire oublier tout lien familial pour n’avoir plus qu’une seule famille, celle de la Garde.

— Tu as pu préparer mon cheval ? lui demanda-t-il, simplement.
— Oui.

Il avait demandé à son frère, pour partir. Surtout qu’il devrait faire attention, son père tout comme ses sœurs, allaient se diriger vers le sud, invité par le roi pour devenir sa main, vu que la dernière était morte dans d’étranger condition.

— Et fais attention à Greyjoy… N'oublie pas qui il est, même si tu lui fais confiance.

Il était sur le point de partir, en laissant une grande séparation entre lui et sa famille.

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

Il sent le vent frais caresser son visage, Presque trop frais pour être un bon présage. Savoure ces regards qu'il sent posés sur lui, de la crainte, justifiée, de la part de personnes qui pensent savoir de quoi il est capable. Des inconscients, bien loins de la vérité. De tout ce que l'on peut imaginer à son sujet, il surpasse toujours les on-dits, et rarement dans le sens approuvé par les bonnes mœurs.

Jamais. Son plaisir réside dans le sang. La souffrance. L'espoir qui se brise dans les regards de ceux qui passent entre ses mains. Le jeune pouilleux qui le fixait encore il y a quelques secondes accourt quand sa mère, d'une voix paniquée le rappelle à lui. Face à la vision de cet être maigrichon qui manque de s'écrouler dans la boue, le sourire du bâtard de Bolton ne fait que grandir encore. Puis c'est le tour de la déception, le gamin vient d'éviter une chute, qui avec un peu de chance aurait pu lui briser la nuque. L'homme qui prit le pouvoir par la mort, en tuant son propre père se baisse, attrape une pierre, la serre un bref instant avant de prendre un peu d'élan. Pour envoyer son projectile dans le crâne du petit imprudent. Sans mal, il réussit son coup. Sélection naturelle alors que la femme se précipite sur sa progéniture, sans oser pousser un cri. De peur de ce qui pourrait lui arriver à elle aussi, si elle tentait de se rebeller.

Sans un regard en arrière, Bolton change de voie, continue sa quête, alors que derrière lui, un petit attroupement commence à se former autour de ce qu'il espère n'être plus qu'un cadavre. Il n'est pas sorti uniquement pour les plaisirs du plein air et cotoyer le petit peuple, ces derniers temps il a perdu quelque chose qui lui appartient.

[...]

Un sourire froid et amusé orne son visage. Creuse de profondes fossettes dans ses joues rebondies. Sans ombrage et sans tenter de dissimuler sa présence, il avance vers cette chose qu'il connaît bien. Qui a cru pouvoir échapper à sa vigilance sans jamais être retrouvé. Une erreur des plus divertissantes. Il se glisse derrière celui qui lui tourne toujours le dos, visiblement en train d'écouter ce qui se trame autour de lui. Puis il ouvre la bouche, laisse des ordres et quelques mots affectueux pour celui qui sait en voir le sens véritable s'échapper de la barrière de ses lèvres.

-Schlingue. Je t'ai cherché tu sais. J'aurais presque pu devenir inquiet face à ton absence près de moi.

Son sourire s'étire un peu plus, son chien vient d'enfin s'apercevoir de sa présence, et lui fait à présent face. D'un regard glace aussi sombre que l'enfer le bâtard fait fuir les badauds, s'approche un peu plus de l'autre qui n'ose même pas reculer. Si la peur avait une odeur ce serait celle de l'ancien Greyjoy en cet instant. Ramsay reprend, donne la raison véritable qui l'a poussé à venir traquer le Schlingue de si bon matin.

-Tu vas me rendre un service. En souvenir des charmants moments passés et à venir.

Le jeu du trône

Theon Greyjoy

Ses pas le portaient à travers les artères glacés de Winterfell aussi rapidement que son corps meurtri le lui permettait. Theon avait un avantage : il avait quasiment grandit entre ces murs austères, il connaissait chaque rues et recoins comme s'il y était né. Pourtant, la ville restait marquée par son revirement contre les Stark et le sang versés, et c'est comme complice de son infortune que le sol trahit le Greyjoy. Son pied heurta une aspérité maligne, il s'écrasa platement dans la boue. Le fuyard dégagea son visage pâle et en sueur de la miasme fraiche, visage autrefois approuvé par ses conquêtes et ennobli d'une arrogance légitime, et rouvrit ses yeux clairs frénétiques en ahanant. Regard de droite et de gauche, coup d’œil en arrière, il se releva, reprit sa course.

C'est d'un élan bancal, essoufflé, qu'il se rattrapa à la charpente d'une écurie quelques rues en contrebas.

Reprenant son souffle, Theon se laissa prendre par une introspection douloureuse. Il avait trahi Robb, le seul frère qu'il ait jamais compté parmi l’engeance Stark desquels il ne serait jamais qu'un otage de prestige. Il avait pris Winterfell avec une poignet d'hommes quand les Greyjoy ne voyaient en lui qu’incompétence et déshonneur. Il avait versé plus de sang qu'il ne pouvait en supporter pour gagner un semblant de respect.

L'un des chevaux s'ébroua nerveusement. L'autre mâchonnait de la paille, plus docile. Theon le fixait avec convoitise. Il avait fauté, avait été livré à l'ennemi et soumis à sa perversion, mais tout espoir n'était pas perdu. Il devait mettre la main sur quelque chose. Alors, c'était une certitude, son calvaires prendrait fin et il obtiendrait réparation. Mais avant cela, il devait quitter cet enfer.

Une voix familière fit sursauter le fugitif. Pas lui, pas encore! Pas déjà... Theon se tétanisa, rivant sur le seigneur tortionnaire les yeux exorbités d'un animal acculé. Son répit aura été de courte durée.

-Schlingue. Je t'ai cherché tu sais. J'aurais presque pu devenir inquiet face à ton absence près de moi.

Il aurait voulu hurler, se jeter du haut d'un pont si cette chance lui était offerte. Mais nul pont dans les environs, juste le crottin et la paille, et le bâtard Bolton qui se tenait devant lui, imparable et invincible.
Il le savait pourtant. On n'échappait pas à Ramsay Bolton. Bolton savait tout. Bolton savait ce qui ce passait dans son domaine, il savait comment faire mal, et surtout il savait comment l'épargner.

-Tu vas me rendre un service. En souvenir des charmants moments passés et à venir.

La voix sirupeuse du bourreau renvoya l'échappé dans son sombre cachot. Il revécu la danse du couteau dans sa chair. Les jeux tordus. Le sinistre écho de ses propres cris.  
Dans la douleur, l'esprit est capable de remarquables prouesses. Il ne pouvait pas s'échapper physiquement mais son esprit pouvait encore se soustraire à son emprise. Theon Greyjoy se rétracta quelque part à l'intérieur de son corps mutilé et nauséabond, et s'en remit à son piètre rempart de chair répondant au dénominatif de Schlingue. Il avait perdu le droit d'être dès l'instant où son maître avait posé les yeux sur lui.

-Tout ce que vous voulez...

Le jeu du trône

Jon Snow

Après un long départ, et la remémoration de son passé, Jon regardait au loin, loin devant lui, essayant de trouver un peu plus de bonheur. Bran allait mieux, même si son autre frère avait succombé à la guerre contre les Lannister. Son père aussi avait perdu la vie sous ordre de Joffrey, ce qui avait rendu fou le soldat, à tel point qu’il s’était enfui de la garde la nuit. Par chance, il avait été récupéré par son unique ami avant d’être viré du groupe. Son ami était le seul qui lui faisait confiance, qui ne voyait pas, le descendant d’un Stark en lui… Il en avait bouffé des horreurs à cause de son nom, et il les avait relevés quoiqu’il arrive. Jusqu’à devenir le commandant de la garde de la nuit et découvrir qui était le véritable ennemi…

Et pour lutter face à ce monstre, une seule chose pouvait réussir : une alliance, l’envoi de troupe. Mais, la nouvelle reine serait-elle d’accord pour cela ? Une trêve avec les autres nations pour combattre contre une menace qui anéantirait tout sur son passage ? Jon douta à ce sujet, Cercei devenait de plus en plus cruelle, depuis la perte de ses enfants. Un cruel destin, après toutes les horreurs qu’ils avaient commises par le passé. Un destin, tout de même mérité.

Jon continua de regarder le château qui l’avait vu grandir. Ce lieu qui lui semblait autant proche qu’éloigné, depuis son départ. Il était heureux de revenir là, mais triste aussi, vu la perte des Stark. Des pertes tragiques, vu qu’ils étaient les seuls à s’inquiéter de l’hiver, qui maintenant était là.

Allait-il être bien accueilli ? Jon n’en savait rien, il ne pouvait le savoir qu’en y allant. Il devait demander bien plus de monde pour la bataille qui se préparait face au roi de la nuit. Et, il sait que deux personnes l’aideraient. L’une d’elles était venue au mur, Tyron Lannister. Un homme droit, qui servait, à l’heure actuelle, une reine juste, bien plus juste que sa sœur. Et, il allait venir ici, pour lui parler.

Devrait-il l’attendre ou le rejoindre ? Il eut la réponse assez vite. Le temps contait et la rencontre devait avoir lieu le plus vite possible.

Il décida alors de le rejoindre.

***

En chemin, il s’arrêta une minute, intrigué par la rencontre étrange qui se passait sous ses yeux. Il se décida alors, d’en savoir plus sur ces deux-là. Surtout que l’un des deux avait trahi sa famille… Et l’autre était la pire crapule du monde… Ramsay battrait les Lannister, et de loin, au niveau de l’horreur. Et ce qu’il cachait l’intéressait beaucoup.

[Technique d’espionnage sur Ramsay]

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

Sans se départir de son sourire, il ne loupe pas une miette du spectacle qui s'offre face à lui. Loin de tout autre public que sa petite personne. Les quelques équins occupés à piétiner leur crottin n'ont que faire des petites confidences qu'il fait à son Schlingue. L'ancien Greyjoy se tasse sur lui même, perd l'étincelle qui brillait encore brièvement dans son regard. Puis il ouvre la bouche, répond. Satisfaisant. Ramsay renferme un peu plus son lourd vêtement autour de lui, profite de sa chaleur. Puis, toujours aussi doucereux, il expose un bref projet.

-Je vais quitter Winterfell quelques temps. Tu vas devoir te débrouiller seul. Être un bon chien.

Le bâtard des Bolton frôle le visage du Schlingue du bout des doigts, prend un plaisir tout particulier à la vue de cet être dont il ne reste plus grand chose. Celui dont il a réussi à ruiner l'esprit, ravager le corps pour en faire un animal docile. Qui irait jusqu'à le raser sans jamais penser à ouvrir la gorge de son maître et bourreau. Le brun s'approche de ce qu'il reste de celui qui a un jour eu le malheur de lui passer entre les mains, son visage perd le peu d'humanité qu'il lui restait, quand cruel, il termine un registre plus bas.

-Sinon ce seront les chiennes qui s'occuperont de toi.

L'effroi lisible dans ces yeux qui le fixent est délectable. Ils pensent certainement tout deux aux bêtes du dément dévorant l'ancien Greyjoy, faisant craquer ses os et membres malingres dans leurs gueules. Pour finalement n'en faire qu'une bouchée. Sans rien ajouter, il serre ses mains l'une contre l'autre, avant de finalement s'en aller vers une nouvelle direction. Résistant à cette envie qu'il tente d'étouffer au plus profond de lui même. Celle de torturer un peu plus l'ancien Greyjoy. Que ce soit avec des mots faussement mielleux, ou des lames véritablement aiguisées.

Un dernier regard vers les chevaux logeant dans l'écurie la plus proche, l'homme retrouve son sérieux. Il a à faire, et doit se hâter. Avant que l'on ne vienne lui coller des bâtons dans les roues.

[...]

Sa main gantée passe sur l'encolure sombre de sa monture. Les billes couleur glacier qui lui servent de prunelles caressent le paysage qui s'offre à lui. Un bref instant. Alors qu'il s’apprête à quitter Winterfell. S'il a bien comprit la raison de l'agitation dans les bas-fonds du château, il n'est pas le seul à être sur le départ. Son visage vide d'expression se pare d'un sourire voulu rassurant. Comme-ci tout cela pouvait contrebalancer avec cette réputation qui est la sienne et qu'il se fait un plaisir d'honorer. Une toux de fausset pour habiller un sans gêne imperturbable et il se poste près du brun bouclé. Snow se tourne vers lui, fait claquer les talons de son destrier tandis que le sadique se veut toujours aussi élégant dans sa posture. Puis prend la parole pour se donner la peine de saluer l'autre.

-Mon ami.

Sa tentative pour être avenant se fait remarquer, puis on lui refuse le droit d'utiliser l'expression qu'il vient de faire sienne. Il sourit face à cette réaction qui était il faut bien l'avouer prévisible. Puis reprend, sans jamais s'offusquer de cette légère remarque.

-La rumeur dit que vous êtes sur le départ. Puisque nous allons dans la même direction, je me suis dit que m'inviter à votre petit voyage serait une idée charmante. Avec votre rang il serait navrant que vous ne vous fassiez attaquer.

Le jeu du trône

Tyrion Lannister

C’est accompagné d’un Podrick et d’un Bronn aux traits tirés, barbouillés et fatigués que j’aperçois en fin Winterfell.  Si je sais que ma mine n’a rien à envier à la leur, je pousse tout de même un soupir de soulagement alors qu’un sourire perce l’expression amère qui m’a habitée depuis quelques semaines.

-Nous y voilà enfin! m’exclamé-je en soupirant de nouveau.  La neige commençait doucement à tomber, et le corbeau que j’avais reçu ce matin de ma divorcée m’indiquait que ma cible, Jon Snow, était toujours en ville.

- Tu vas voir, Pod, les femmes du Nord sont bien plus chaleureuses qu’au sud.  Plus sauvages, aussi...

J’éclate de rire.  Ce qu’il dit là n’est pas faux.  Les femmes de Port-Réal sont bien trop près du Septum pour ne pas jouer les farouches, alors que les Anciens Dieux, comme ils les appellent, ne semblent pas avoir la même opinion des choses de la chair.  Quels plaisirs je me souviens d’avoir connu jadis à Winterfell, quand de tels plaisirs m’étaient toujours moralement agréables.

C’est dans le crissement des sabots sur la neige que nous pénétrons la ville. Je n’ai pas le temps de descendre de cheval que je voie Jon, lui-même à cheval et en compagnie de cet être ignoble qui convoite Sansa.  Je ne réprime pas l’expression de dégoût qui peint alors mon visage, avant de rejoindre le capitaine de la Garde Nocturne.

-Jon Snow!  Quel plaisir de vous voir ici.  Mes compagnons et moi avons fait la route de Port-Réal dans l’espoir de nous entretenir avec vous.

N’oubliant pas les convenances, je me tourne vers le sadique.

-Bolton.  Je voie que votre compagnie diffère des rumeurs qui me sont parvenues.  Tu laisses désormais Theon vaquer hors de ton champ de vision?

Sans lui laisser le temps de me répondre, sans même feindre l’intérêt, je retourne à Jon.

-Si vous me le permettez, mes compagnons apprécieraient un peu de repos.  Pourrons-nous nous retrouver dans une heure pour discuter?

Le jeu du trône

Theon Greyjoy

-Je vais quitter Winterfell quelques temps, annonca le seigneur de Fort Terreurs. Tu vas devoir te débrouiller seul. Être un bon chien.

C'était donc ce qu'attendait lord Bolton... C'était une bonne nouvelle. Oui, une très bonne nouvelle. Le maître lui fesait confiance. Le maître allait s'éloigner un temps... Un sursaut craintif nargua l'asservi lorsque l'écorcheur passa ses doigts le long de sa joue. Il baissa immédiatement les yeux et retint un tic de tête nerveux, s'immobilisant comme un animal pris entre les griffes d'un chasseur attendant que tombe le couperet. Ramsay se rapprocha et chuchotta impitoyablement.

-Sinon ce seront les chiennes qui s'occuperont de toi.

Shlingue ânonna un chapelet de "nononon" qui se voulait être une promesse. Il serait un bon chien! Un bon chien!... Il ne pouvait pas oublier les chasses folles en compagnie de Lady Miranda, le lâché des molosses sur une pauvre bougresse que le couple avait déclarée être leur gibier pour laver une bête histoire de jalousie entre dames. Il n'avait pas regardé. Mais la mélodie sordide était incrustée dans sa tête comme l'impact de l'épée sur l'échaffaud. Les suppliques larmoyantes, ses cris de truie qu'on égorge entre les machoires des chiens, puis le bruit élastique et gras de la chair qu'on se disputent et du craquement des os, couverts par les félicitations grandiloquentes et enjouées des amants diaboliques.
Il n'avait rien pu pour elle. Non, rien. Mais il pouvait se sauver, lui.

Un maitre satisfait est un maitre qui ne songe pas au bâton. Il veillerait au bon ordre du domaine durant l'absence du lord. Il serait un chien exemplaire.
Il s'en convainquis, jusqu'à ce que le seigneur s'en soit éloigné.

L'humain servile repris possession de ses mouvements et se traina d'une démarche légèrement claudicante à travers les murs de Winterfell. Tête basse, insensible aux regard lourds de mépris que la populace ne s'aviserait pas de lui formuler de peur d'en subir le châtiment. Être le jouet favoris et serviteur fidèle du seigneur avait ses avantages. Nul autre que lui même ou quiconque aurait son assentiments serait autorisé à lui faire du mal. Et qu'est-ce qui pourrait encore faire plus de mal que la morsure du couteau et les espoirs brisés qu'il avait déjà subit?... Il fut tiré de sa léthargie quand une ombre familière fila dans la périphérie de son champs de vision. Une piqûre comme le pouilleux ne s'en pensait plus souffrir.

Le Bâtard.

La jalousie gronda du fond de lui même, là où se terrait Theon Greyjoy. Le temps d'un tréssaillement de paupière, la figure de Shlingue laissa filtrer un rictus dédaigneux, vilaine manie de celui qu'il avait été autrefois. Jon ne pouvait pas prétendre à plus de droit auprès des Stark qu'il ne le pouvait lui-même. Ce n'était que le rejeton adultérin d'Eddard, un fils de personne, un demi-Stark! Alors que lui était un Fer-né, un sang fier coulait dans ses veines! C'est parce qu'il était le fils légitime du rebelle Balon Greyjoy qu'il avait était offert aux souverains de Winterfell! Mais lui! Lui... Que ne lui avait-il pas rappelé sa place au misérable Snow. Et pourtant, il se tenait là, libre et hautain dans sa noire parure de corbeau...

Piqué d'une peur subite, Shlingue chercha de tout côté la présence de ce maudit loup blanc qui l'accompagnait parfois, et se rassura de ne point en apercevoir la queue. Parce que c'était de son devoir, que Bolton serait heureux de son rapport, il se mis en tête de pister le corbeau.

Il allait aux portes de la ville avec son cheval harnaché pour une longue traversée. Il escomptait quitter le nord. L'entreprise titilla les méninges de l'hébété. Que pouvait-il trouver à faire au dehors du château? Qu'allait-il s'enquérir avec cet air important de celui qui a une mission à accomplir, un royaume à sauver? Un éclat lui traversa l'esprit, comme un caillou jeté de loin contre les parois de sa conscience. Et si c'était le satané bâtard qui était en possession de son précieux?... Et si sa fin pouvait ramener l'équilibre dont manquait cruellement sa vie?...

Shlingue se cacha en hâte quand son maître lui apparu, rejoignant l'ancien patrouilleur. Ses entrailles lui intimaient de déguerpir avant que le seigneur ne lui mette la main dessus, mais l'autre part de lui même l'encouragea à rester et à écouter. Il en allait de sa propre survit. Et puis, si quelque chose de fâcheux devait arriver, Bolton ne lui pardonnerait pas, se répéta t-il.  
C'est alors qu'une troupe de gouailleurs se joignit à la première. Perché sur son cheval à apostropher les deux nordiens, le meneur dominait sans conteste ses suivants si ce n'était sa tête de moins. Il reconnu le Nabot, le frère monstrueux des Lannister. Celui là même qui lorsqu'il était venus accompagné sa sœur et feu Robert Barathéon entre ces murs, lui avait fait entendre quelle place d'otage il avait jamais occupé parmi ceux qui l'avaient élevés comme pupille. Une douloureuse ouverture d'esprit. Le prémisse d'un chaos sans fin...

Comme s'il eu pensé trop fort, le Gnome s'inquiéta nommément de sa non présence. Shlingue se cacha promptement derrière les murailles, le cœur battant à tout rompre. L'avait-il repérer?!... Décelant que la conversation poursuivait son fil, il retrouva de sa maitrise et tira prudemment un œil agité en priant les anciens et les nouveaux dieux que non...


[ Theon lance le dé espionnage ]

Le jeu du trône

Jon Snow

Jon avait espionné les deux traîtres sans se faire repérer, mieux encore, il avait découvert un des secrets de Ramsay. Secret qui lui serait sûrement utile lors d’une négociation, surtout avec son départ. Mais pour l’instant, ces plans avaient changé. Un message l’informa de l’arrivée imminente de Tyron Lannister.

Le bâtard l’appréciait beaucoup, le seul de cette famille qu’il trouvait normale, le seul qui méritait, à ses yeux, d’être bien traité. Quand il était venu au mur, ils avaient discuté longuement, le sujet porté sur Bran. Son jeune frère, devenu handicapé. Tyron l’avait aidé à monter à cheval…

Alors Jon était ravi de le revoir, malgré ce qui s’était passé après cela. Cette guerre horrible et inutile, surtout avec ce qui arrivait par la suite. Ce n’était pas les sauvageons de l’autre côté du mur, qui eux aussi fuyaient cette menace, immortelle, enfin presque, seul le feu pouvait les anéantir… Et une personne avait la force pour attaquer cet ennemi. Cette femme que servait Tyron. Ils devaient plaider sa cause avec elle, puis, chose qu’il appréciait moins, ils devaient négocier avec la Reine pour avoir une grande armée. Il fallait une trêve pour la guerre du trône, sinon, plus personne ne pourrait s’asseoir dessus, sauf le roi de la nuit.

Un bruit le dérangea une seconde. Une phrase prononçait par Bolton, une intonation qui sonnait faux. Pourtant, lui aussi avait une armée, lui aussi pourrait aider pour cette guerre…

— Nous ne sommes pas des amis, mais je ne suis pas là pour cela…

Les ouï-dire vont toujours vite, à peine arrivés que déjà, tout le monde savait qu’il partait à Port Real, mais, les anciens dieux en avaient décidé autrement.

— Oui, mon but reste le sud, mais les événements ont changé. La personne que je devais rencontrer en priorité est sur le point d’arrivée, donc, si vous souhaitez partir avec moi, il vous faudra attendre un peu… Surtout que j’aurais une proposition pour vous…

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase… Tyron se présenta à son tour et la discussion allait s’engager.

— Je suis aussi heureux de vous revoir parmi nous, Tyron Lannister. J’étais sur le départ pour m’entretenir avec vous, mais j’ai rencontré Bolton Ramsay…

Tyron s’intéressa à Ramsay Bolton une seconde, puis l’oublia tout aussi vite sans même lui permettre de répondre. Tyron revint vers Jon.

— Bien sûr, nous parlerons après de tout cela, la marche est longue, vous devez être fatigué, nous nous verrons après. De toute façon, j’ai quelque chose à vous montrer, avant de discuter avec votre reine, et votre sœur pour aider les gardes de la nuit à combattre notre ennemi… J’en ai amené un avec moi, cela aidera Cercei Lannister à faire le bon choix, qui sait… Suivez-moi, je vais vous mener quelque part, à moins que vous ayez déjà un endroit. Je vous attends à la lisière de la forêt, si vous voulez vous reposer, nous avons des tentes. Je préfère qu’ils soient éloignés de la population. Ramsay Bolton, si vous voulez venir voir l'ennemi, mais vous serez surveillé.

Le jeu du trône

Le roi de la nuit

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

Sans laisser le fond de sa pensée s'afficher sur les traits de son visage, il reste de marbre, se contente d'opiner du chef quand Snow l'autorise à lui tenir compagnie. Sans s'inquiéter à propos d'une proposition à venir dont il ignore tout, il se contente de se redresser quand un nouvel arrivant coupe le bouclé dans sa diatribe. Le regard qu'il pose sur l'intrus n'est pas plus doux que celui du nain lorsqu'il effleure des yeux son auguste personne. Comme simple réponse à cette salutation dont il est l'objet, un rictus passe sur son visage. Montrant sa colère froide qui commence à battre au fond de lui à la vue de cet empêcheur de tourner en rond.

Près de lui, cela parle d'ennemis, ou en tout cas de personnes dotées de toutes les qualités suffisantes pour le devenir un jour. On jacasse à propos de cette menace qui est celle de tous. Un but commun mais qui n'efface pas toutes possibilités de trahison entre personnes censées être du même côté du champ de bataille. Il finit par agiter une main désinvolte quand on lui parle de surveillance. Peu soucieux à l'idée de savoir ses gestes épiés, retransmits, jugés. Les gardes peuvent mourir eux aussi. Les corps peuvent se cacher, finir dévorés par des bêtes errantes en manque d'un bon repas. Comme ses braves chiennes qui sont devenues expertes pour ce genre de travail. Divertir le bâtard des Bolton.  Moyen de pression qui n'a plus à prouver son efficacité lorsqu'il s'agit de faire peur à Schlingue pour s'assurer de sa complète docilité.

Quand enfin le petit groupe se met en route, Ramsay se contente de suivre le mouvement. Guidant sa monture vers la lisière du bois, se préparant à un voyage, qui il le sait, sera long et restera dans les mémoires.

[...]

Chevaux en sécurité, attachés et préparés pour la nuit, Ramsay se contente de flâner dans le campement, aussi fier que si tout cela n'était rien d'autre que son oeuvre. Devant lui, Snow et la honte des Lannister marchent, mènent l'art de la discussion au paroxysme de sa médiocrité sans se gêner de la présence de leur invité forcé. Maintenant cela ne parle plus de combat à mener mais de vin, et l'engouement du nain semble avoir redoublé face à la mention de ce vice qui est visiblement le sien. Boire pour oublier, rien de plus logique lorsqu'on inspire la monstruosité à ceux qui posent leur regard sur nous.

Soudainement, Ramsay laisse le duo le distancer, et tout en gardant l'oreille à portée des mots prononcés par le duo, arme son arc. Prépare une flèche, puis cherche méticuleusement le bon l'angle. Pour ne pas se leurrer avec une trop belle assurance qui pourrait être la sienne. Il se sait bon archer. Mais ne doit pas se reposer sur ses acquis, un rien pourrait retourner cette situation à son désavantage.

Rien de nouveau chez les deux autres. Leurs dires à la profondeur lénifiante semblent avoir eu raison de leur vigilance au moins pour quelques instants. Un sourire espiègle éclaire le visage de l'écorcheur, ses joues légèrement dodues se fendent de deux fossettes quand il laisse une première flèche partir. Pour blesser avant de tuer. Pour faire hurler avant de guider de vie à trépas.

C'est le sifflement de la corde tendue qui fait se retourner sa cible, vite rejointe dans cet élan par celui qui lui sert de compagnie. Le sourire prometteur de mille souffrances du bâtard des Bolton n'a le droit qu'à l'expression dure de l'homme qu'il vient de trahir en guise de réponse.

[ Jet de dé de combat sur Jon Snow]

Le jeu du trône

Jon Snow

Jon ne se doutait de rien, alors qu’il avait lui-même prévenu son frère de faire attention à tout cela. C’était-il ramollie avec le changement de décor du mur ? Le fait qu’il fallait s’unir plus qu’autre chose ? Sûrement. À moins qu’autre chose ne l’inquiétât plus que sa vie ? Le chemin se fit rapidement. Le campement n’était pas loin de la forêt.

+++

Jon parla tranquillement avec Tyron, lui expliquant son retour à Winterfell : la capture d’une créature de la nuit, un être qui ne mourrait jamais… Enfin presque jamais. L’unique moyen de le tuer était le feu. Il avait dit tout cela à Tyron quand, une inquiétude, hélas trop tardive, le fit se retourner pour voir Ramsay, un peu plus haut, bander son arc et le viser. Il n’eut pas le temps de faire le moindre mouvement que la flèche détalla vers lui. Elle entra alors dans son ventre. Jon tomba à la renverse, tête la première.

Pourtant cela ne le tua pas sur le coup, il avait eu de la chance, chance qui allait sûrement se transformer en mal chance. Mais, pour l’instant, chaque seconde de vie était une chance. Une chance des plus utiles. Il lui restait encore de la force pour vivre. Sa respiration s’accéléra, son corps tentait de la maintenir en vie le plus longtemps possible, mais le froid n’aidait pas énormément, malgré son manteau. L’air chaud sortait de son corps et à chaque respiration, il souffrait de plus en plus. Tyron s’approcha de lui.

— Ils arrivent, l’armée…

Il cracha du sang…

Comme pour un premier avertissement, une deuxième flèche toucha le bras de Jon. Il était devenu sa cible, un jouet pour ses pulsions meurtrières. Coincé, Jon ne pouvait plus bouger. Ses yeux se fermaient et s’ouvraient doucement. Il voyait trouble. Sa main cherchait une consœur qui n’était pas là. Et, comme pour une vengeance, il prononça une phrase à Tyron pour l’aider à l’avenir, lui donner une chance s’il était à son tour menacé.

— Ramsay possède...

Une quinte de toux le prit, du sang coula à la commissure de ses lèvres.

— Un coffre de pierre précieuse, peut-être que ça te sera plus utile qu’à moi.

Maintenant il attendait le dernier coup. Il espérait qu’il arriverait le plus vite possible, mais vu le regard du bâtard, du corniaud, comme l’avait dit Tyron Lannister, il ne mourrait pas rapidement, mais il ferait tout pour lui donner aucune satisfaction avec sa mort. Jon serrerait les dents.

Le jeu du trône

Tyrion Lannister

Jon me demande de le suivre à travers le campement, comme il semble avoir quelque chose à me montrer.  L’idée de deviner son dessein me donne la chair de poule, mais je l’en accompagne pas moins, motivé autant par la curiosité que la courtoisie de base.  Je ne comprendrai pas pourquoi le jeune capitaine a invité le bâtard patricide, le monstre pervers, le violent psychopathe se joindre à nous.  Si de ces termes, Jon et moi-même avons également hérité, nous avons toujours su nous montrer moralement honorable, et tendons vers un idéal qui nous transcende, alors que ce fumier humain ne désire que son plaisir malade.  Il se plaît à inspirer la peur et le dégoût là où il passe.  À effrayer les enfants et violer les femmes.  Je ne peux qu’imaginer la souillure qu’il représente à l’âme de la tendre et innocente Sansa.

Nous poursuivons tout de même notre balade, et le moribond se distance finalement de nous, ce qui nous laisse un peu plus de possibilité pour discuter à coeur ouvert et qui, franchement, libère en quelque sorte les voies respiratoires, maintenant que son esprit putride n’empeste plus l’air.  Sauf que ce n’était qu’une stratégie du vil!  Le bougre avait brandi son arc et tiré en notre direction, ce que nous réalisons simultanément au sifflement de la flèche.  Je n’eus pas le temps de me retourner que je la vit, plantée dans le jeune corps de mon ami.  Un torrent d’injures éructe de ma gorge alors que je profane probablement la mémoire de tous les aïeuls de ce sous-humain.  Cela alerte les hommes dans les tentes, alors qu’une deuxième flèche s’abattait dans son bras.  Je sursaute, interrompu dans mon mouvement alors que je tente de m’approcher du jeune loup, dans l’espoir de lui être d’un quelconque secours. L’air hagard, je vois le sang couler sur l’abdomen du fils d’Eddard Stark.  Déjà, il me prévient de la venue de l’armée Blanche.  Du moins, c’est ce que j’en devine.  Jon essaie de me livrer une information sur celui qui l’a abattu, et s’épuise à le faire.

-Du calme, mon ami.  N’empire pas ton état en t’agitant.  Il ne m’écoute pas et n’en fait qu’à sa tête.  Ce trait de caractère qui lui aura valu de se rendre si loin risque également de causer sa perte. Ce sale corniaud paiera pour tous ses crimes, foi de Lannister.

Jon me souffle que le nouvellement Lord Bolton posséde un coffre de pierres précieuses, et j’en conclus qu’il doit jalousement le conserver.  Cela a bien peu d’utilité pour une personne aussi riche qu’un Lannister et surtout, pour quelqu’un comme moi, qui entretient de projets bien plus vastes et moralement supérieurs que l’accumulation de trésors.

Je relève la tête pour voir des corbeaux de Jon former un cercle autour du meurtrier, incertains de savoir s’ils doivent s’attaquer au Lord en place ou non.  C’est Bronn qui perce le rang, son arme à la main, mais Ramsay esquive son coup, ainsi que le suivant.  Je ne remarque qu’au dernier moment que Podrick s’est également rué dans la mêlée, armé d’un tabouret qu’il vient de prendre au passage. C’est sans fierté que je dois avouer fermer les yeux au moment où il assène un coup à la nuque du déchéant de Winterfell.

Le jeu du trône

Theon Greyjoy

Caché pendant que les hautes instances de Winterfell et de Port Real palabraient ensemble au sortir de la ville, Schlingue ne manqua rien des conversations ni du bien que le corbeaux gardait cacher sur lui. Il l’aperçu, juste là, dans l'interstice de sa cape. Ça n'était pas l'artefact qu'il convoitait, mais quand la troupe s'engagea dans les landes fraiches, l'ancien Greyjoy se hâta d'aller trouver une monture et de suivre la route jusqu'au campement dont ils avaient fait mention. Il lui trottait en tête que d'obscures affaires se préparaient, et il était du devoir de Schlingue de veiller sur le seigneur Bolton. Car il savait que si un malheur devait arriver, c'est lui qui en paierait les lourdes conséquences.


Schlingue avait appris à se faire discret. Greyjoy bien avant ça l'était également, mais c'était pour assouvir quelques curiosités perfides. L'esclave des Bolton avait tout intérêt à se faire oublier s'il ne voulait pas y perdre un nouveau doigt, sinon pire.
Il évoluait entre les pins aux bois sombres en marge de la troupe dirigé par Jon en conversation passionné avec Tyrion. Il ralenti la marche et se réfugia derrière un tronc comme un enfant qui se cache des monstres, témoin de l'imprononçable. Lord Bolton avait ralenti lui aussi. Il voyait bien à ce regard porté sur les compagnons insouciants que quelque chose se préparait. Il avait appris à reconnaitre l'intensité glaciale de ses regards, ses geste calculés de prédateur en chasse. Il le vit saisir son arc et tendre la main à son carquois.
Mais Schlingue ne bougea pas. Qu'aurait-il pu faire?...

La flèche se ficha dans le ventre du noir vêtu, le fit basculer dans la neige. Un sentiment étonnement mitigé cloua l'anciennement Greyjoy. Il cligna des paupières, refluant le pupille Stark à son refuge intérieur. Il haïssait Snow depuis surement qu'ils s'étaient rencontrer, deux enfants pris sous l'aile des Stark mais à jamais des leurs. Un gamin auprès duquel il avait grandi. Nouveau clignement de paupière. On ne contestait pas les actes de Ramsay Bolton. Sinon on en payait le prix fort. Il avait retenu la leçon. Le nain se jeta au chevet de Jon, Schlingue vit la seconde flèche heurter le blessé sans réagir. Impuissant. Toute idée d'euphorie ou de révolte coincé au dedans de cette carcasse estropiée et malodorante. Ce n'est que lorsque la garde s'agita et que les laquais du Lutin brandirent les armes que Sclingue se réveilla subitement.

Bolton Ramsay était en danger.

La loyauté peut-être inspirée par bien des forces. La foi. L'amour. Dans le cas de Schlingue, c'était la peur.
Theon avait toujours était doué à l'arc et au maniement de l'épée. Sans réfléchir, il se jeta sur un corbeau qui accourait dans la mêlé, retrouva ses réflexes guerrier, bloqua le cou du garde d'une clef de bras sous la gorge, l'étouffa non sans prendre quelques coups, et vola son arc au garde de nuit inerte pendant que la bataille s'essoufflait. Le jeune laquais avait échoué à sonner Ramsay et ce dernier n'escomptait pas se laisser faire.

Dissimulé à l'orée des pins, Schlingue tendit sa flèche, et fit focus sur sa cible. Sa vision embrouillée devint nette. Ce n'est qu'alors qu'il compris que le carreau fixait un point vague entre le dos de Bolton et juste à sa droite, le nain agenouillé.
La flèche tremblait, hésitante, à l’instar du regard fou du tourmenté.

La providence avait placé sur sa trajectoire les clefs majeures de sa déchéance.
Il pouvait tirer sur le maitre qui l'avait torturé, mutilé, brisé son âme et qui lui avait enlevé jusqu'à son nom
Il pouvait tirer sur le singe maléfique qui lui avait ouvert les yeux sur son statut d'otage et sans qui il n'aurait jamais trahis Robb, asservit Winterfell, ne serait tombé entre les mains de l'écorcheur.

Il lui vint une phrase qu'on se murmurait depuis la venu du Demi-Homme entre les murs de Winterfell sans qui Bran n'aurait pu remonter un jour à cheval. "J'ai une tendre affection dans mon cœur pour les infirmes, les bâtards et les choses cassées".
Il lui paru qu'en dépit des circonstances, Tyrion pouvait se révéler être un allié. L'espoir fit vaciller Schlingue. Aurait-il suffisamment de compassion pour ce qu'il restait de Theon Greyjoy, celui-là qui par quelques mots terribles l'avait entrainé dans la tourmente?...

Un tic pinça le visage du chien des Bolton. "Est-ce que tu m'aime, Schlingue?" lui revint la voix doucereuse et calculatrice du seigneur, lui permettant un bain en guise de récompense pour être retourné dans sa cage plutôt que de suivre sa sœur venu l'arracher à Fort Terreur. Bien sur que non, il ne l'aimait pas. Il le craignait, du plus profond de son être. Et il connaissait le prix de ses erreurs comme il savait que nul ne résistait à la cruauté des Boton... Il pourrait tirer... Mais s'il loupait son coup... Alors que si le Lannister y passait...

La bête humaine secoua la tête. Oui il en était persuadé, son salut se trouvait là, à porter de main. Il ne lui restait plus qu'à prendre la bonne décision.
Le Greyjoy céda au grain de folie, à moins qu'il ne s'agisse d'un éclat de lucidité, et décocha sa flèche.


[Lance le dé combat sur Tyrion]

Le jeu du trône

Ramsay Bolton

La flèche part, traverse le ventre de la cible qui s'écroule dans la neige, la teintant de carmin. Sans se séparer de son sourire, Bolton observe ce pitoyable spectacle qui se joue devant ses yeux. La moitié de Lannister vient de se ruer pour rejoindre son ami au sol, comme s'il était encore possible de changer la destinée que l'écorcheur lui a choisi. Des mots auxquels il ne prête aucune attention sont murmurés. Il bande à nouveau son arc. Cette fois c'est le bras. Il cloue lentement sa proie au sol, se refuse à s'imaginer lui octroyer une mort douce. Mais autour de lui, un amoncellement d'hommes se fait. On le fixe, se demande s'il faut l'attaquer ou non. On se jauge entre gardes, laisse donner le départ au premier qui osera charger. Puis ça remue, presque trop vite pour que Ramsay puisse esquiver le guerrier qui se jette sur lui, arme brandie droit devant. L'homme aux yeux de glace esquive, puis lassé de ce petit jeu se rue sur l'ennemi, attrape une de ses flèches à mains nues pour l'enfoncer dans un des yeux de son adversaire.

Il a besoin d'élan pour avoir assez de force pour transpercer entièrement la boite crânienne de celui qui vient de tenter de le tuer. C'est ce qu'il sauve d'une nouvelle attaque. Quand il fait volte face, alerté par un grognement de rage, il voit son nouvel ennemi, tabouret en main. Le sourire de Bolton se fait plus froid encore. Et alors qu'il discerne du coin de l’œil Schlingue en train de mettre fin à la vie d'un ennemi potentiel, il récupère l'arme de celui dont il vient de transpercer la tête, se penche et d'un mouvement vif empale le second attaquant sur la lame.

Il croise le regard de celui à qui il a arraché le nom, alors qu'il achève de faire sortir les tripes de son adversaire. Ces dernières se déversent au sol, gelant par endroits au contact de la neige. Son chien l'a suivi. A sciemment désobéit à des ordres donnés par son maître. Le lord imagine les mille supplices qu'il va pouvoir faire subir à son chien pour le guérir de son insolence. Il savoure déjà les cris de son jouet quand il lui tranchera les derniers orteils.

Le chien n'a pas lâché son arc, et le cœur de Ramsay se serre face à cette vision qui lui fait comprendre qu'une erreur de dressage pourrait ce soir causer son trépas. Il retient son souffle quand enfin la flèche part, vise un autre que lui. Loupe un autre que lui. Cet autre qui a eu le temps de bouger. Qui a réussi à retarder l'heure de sa mort sur la grande horloge de la vie. Comme un souffle, Bolton laisse échapper un trait d'esprit. Sans jamais perdre Schlingue de son champ de vision.

-Tu viens de conserver tes orteils Schlingue. Pose cet arc.

Le soulagement se fait éphémère sur les traits du chien. Il reste malgré tout docile, sait qu'un refus d’obtempérer causera le départ de quelques doigts ou morceaux de peau lui appartenant. L'arme échoue dans la neige. Le lord quant à lui s’intéresse enfin à sa victime, la première. Celle dont il avait décidé la mort en arrivant dans ce campement. Pied posé sur la nuque de son ennemi, il le force à manger un peu de neige sale, soupire d'aise quand le sang s'étend à nouveau sur le manteau blanc qui couvre le sol.

Un craquement plus tard et c'est une vie qui s'achève.

Son arc toujours en main Bolton se penche, fouille les poches de Snow, en ressort un manuscrit, sans doute précieux. Ramsay lui jette un bref coup d’œil, puis le range soigneusement contre lui.

-Un vulgaire livre. Pas un cri. Il ne sera même pas parvenu à rendre le jour de sa mort intéressant.

Il rit. Seul. On ne cherche plus à l'attaquer. Personne n'ose plus le contredire. Mais il reste vigilant, pense au nain qui le traite de monstre sans comprendre à quel point il serait aisé de mettre Bolton en colère. L'écorcheur réfléchit, son regard glisse sur son chien. Toujours tremblant, qui baisse les yeux immédiatement quand ses prunelles bleues empreintes de terreur croisent celles de son lord.

-Schlingue tu viendras avec moi à Port-Réal. J'ai un ami à visiter. Un ami à qui j'ai promis de tes nouvelles.

Quant au nain. Ramsay fixe à nouveau le gnome.

-Plus on voyage nombreux, plus on risque de se faire trahir.

Il bande son arc, vise le demi-homme qui n'est qu'à un mètre de lui, prêt à lui perforer la gorge. C'est cette envie de mort qui fait briller son regard alors qu'il gratifie sa proie d'un sourire espiègle.

-Et en plus je ne vous ai jamais aimé.

[ Jet de dé de combat sur Tyrion Lannister]

Le jeu du trône

Theon Greyjoy

La clairière vibrait des cris de rage et d'agonie des corbeaux et des sudains. Schlingue se mêla à la bataille et décocha une flèche sur le Nain. Le coup manqua sa cible, ou peut-être n'était-elle pas suffisamment mortelle. Il espéra piteusement avoir égratigné l'homme, car l'avoir éhontément manqué lui laissait craindre que ne tombe la punition. Mais peut-être, s'il avait échoué, c'était qu'une part de lui répugnait à occire le Lannister. Il n'était pas très sûr. Les choses n'étaient jamais claires dans sa tête.
L'eunuque se figa lorsqu'il vit que Ramsay le fixait froidement. Il dégluti en entrant la tête entre ses épaule. Il se savait en attente de jugement.

-Tu viens de conserver tes orteils Schlingue. Pose cet arc.

L'idée fit courir un frisson glacé le long de son corps et jusqu'à la pointe de ses précieux orteils mais il mesura l'étendue de sa chance. Aussitôt Bolton ordonna t-il, que l'arc lui tomba au pied et que le chien se tassa docilement sur lui-même. Il baissa ses yeux grands ouverts lorsqu'il le vit se diriger sur Jon à l'article de la mort. Quand le craquement retentit, un spasme sinistre secoua ses épaules.
Ramsay dépouilla le corbeau du livre qu'il avait repéré un peu plus tôt et s'égosilla de ses propres exploits. Bon chien, Schlingue fit le vide à l'intérieur de lui-même, laissa les paroles de Bolton couler à la surface tandis qu'il s'éloignait de la réalité sordide pour quelques pensées évasives, comme il était doux de le faire lorsque le maitre ne requérait pas ses services ni ne représentait une menace pour lui.

-Un vulgaire livre. Pas un cri. Il ne sera même pas parvenu à rendre le jour de sa mort intéressant.

Le répit fut de courte durée. Un regard insistant suffit à le mettre en alerte, corps tendu et plein de craintes quand le maître le sonda.

-Schlingue tu viendras avec moi à Port-Réal. J'ai un ami à visiter. Un ami à qui j'ai promis de tes nouvelles.

L'esclave plissa les sourcils, interpelé, et osa un regard d'en dessous vers le lord. Les amis de Bolton n'était jamais ses amis, il doutait que cette visite lui soit de bonne augure...

-Plus on voyage nombreux, plus on risque de se faire trahir. poursuivit-il en préparant une nouvelle flèche, sur un ton égal. Et en plus je ne vous ai jamais aimé.

-Attendez!

Schlingue se jeta au devant du tireur. L'avait-il distrait ou le nain était-il rapide, il entendit la flèche vrombir dans un obstacle inerte. Le sourire espiègle qui mourut sur les lèvres de Ramsay et le regard aiguisé qu'il lui adressa firent immédiatement regretter son audace à l'ancien Greyjoy. Et Néanmoins, il ne pouvait plus se contenter de courber l'échine.

-Les Lannister... Le Régicide... tenta t-il de se faire docilement comprendre, le menton tremblant d'oser tenir tête à son seigneur et les mains levées en avant de son visage pour prévenir les coups, L... le Nabot... pourrait servir de monnaie d'échange... Les Lannister ont beaucoup à offrir... Les dettes...

Il rabattit les bras sur sa tête en se recroquevillant comme un animal craintif, doutant de la clémence de l'écorcheur. Mais Theon espéra que si Ramsay décidait d'épargner le Lannister, le Lion à ses côtés ferait honneur à la devise des siens et aurait plus d'égard pour son acte de rédemption que sa tentative de le tuer.

Le jeu du trône

Tyrion Lannister

J’ouvre les yeux, n’entendant pas le bruit sourd du banc fracassé contre l’ignoble créature qui se prétend humaine.  Je l’entend tomber au sol, dans un bruit mât, mais j’entend également la chute de Sir Bronn qui, pourtant, m’avait bien mis en garde de me laisser prendre d’amitié envers lui.  J’entends la chute d’organes dans un bruit juteux, horrible à vous faire renvoyer tous les repas depuis votre naissance, et j’entend la chute du valeureux Pod, dans un chapelet d’excuses et de prières entrelacées d’insultes pour l’homme-sauvage.  Je ne sais pas si c’est moi qui ne réagit pas suffisamment rapidement ou si le goût du sang a rendu l’animal Bolton ivre et frénétique, mais avant même de n’avoir le temps de réaliser que Lady Brienne ne me pardonnera jamais la perte de notre écuyer, j’entends le cou de Jon craquer.  

J’entends le démon s’adresser à celui qu’il a détruit au point de n’en faire qu’un sbire obéissant dans la coquille d’un homme jadis fier.  Je suis son regard juste à temps pour voir la flèche.  D’un réflexe salvateur, je recule le crâne au dernier moment.  La flèche m’arrache une mèche de cheveux que je voie voleter jusqu’au sol souillé

Alors que la bête fouille le corbeau éteint à la recherche d’un éventuel trésor, je ne sais pas quelle main maléfique me retient toujours de venger ce sang qui m’est cher et qui a coulé en vain, pour une abomination qui n’aurait jamais dû ne voir le jour.  Le butin ne satisfait pas le souillon, qui est évidemment loin d’être un érudit.  Mon regard suit le mouvement du manuscrit, dans l’hébétude totale.  Le sauvage serait capable de s’en servir pour faire sa litière.  Après tout, il n’est même pas capable de respecter un mort.

Le démon ordonne à Théon de le suivre à Port-Réal.  Il y cherche quelqu’un.  Je sens mon coeur s’emballer, et je crains pour mon frère.  Le regard digne du Roi Blanc se pose sur moi, et je retiens tout frisson.

-Tu t’es trahi toi-même en faisant ta propre réputation, engeance illégitime. rétorqué-je en voyant l’arc se bander devant mon visage.  Je ne sais pas d’où me vient ce courage de dernière heure, mais j’en ajoute une couche lorsque le bestial aux instincts sans contrôle avoue ne m’avoir jamais aimé.  Plutôt que de décrire l’évidence à mon tour à l’image de la bête sans finesse d’esprit qu’il est, je me moque ouvertement.

-Je ne te savais pas capable de complimenter les gens.

Je ne sais pas ce qui s’est passé le premier.  Si c’est moi qui ai esquivé la flèche en me lançant au dernier moment sur mon flanc; est-ce l’intervention subite de Theon qui s’interpose en ma faveur, plaidant ma qualité d’otage; ou est-ce simplement cette chose que Ramsay ose probablement appeler émotion qui l’excita à outrance et lui fait rater son geste?  La flèche termine son chemin dans le siège que Podrick brandissait il y a un instant.  Theon se protège préventivement de la fureur de celui qu’il doit désormais considérer comme son maître dans l’asservissement. Ses bras levés au-dessus de sa silhouette dans une position honteuse, il ne semble plus s’en soucier depuis longtemps.  Le barbare cannibale semble lui donner raison.  Je le voie lever la main avant de ne l’entendre psalmodier son irritation et me saisit de Grande-Griffe, toujours auprès du cadavre de Jon Snow.

-Je ne crois pas, non.  Ça suffit.

Je lève fermement la lame, avec autant de conviction que de rancoeur, et le sens s’enfoncer dans le poignet du fourbe, déviant sa trajectoire du visage de Théon.  Je sens une résistance supplémentaire et sait avoir atteint l’os.  J’ignore s’il pourra utiliser de nouveau cette main pour gifler Theon.  Sans prendre le temps de réfléchir, je me saisis de la dague offerte par Bronn et contourne Theon pour la planter dans celui qui a ravi trop de vies innocentes, devant les corbeaux qui observent, moribonds, le spectacle.

Le jeu du trône

Tyrion Lannister

Le couteau rencontre quelque chose de dur qui le fait dévier avant de n’avoir percer l’abdomen du sadique.  Mon regard farouche croise celui, complètement dément, de mon ennemi.  Je laisse tomber grande-griffe et recule d’un pas, puis d’un second, en fouillant sur ma personne.  Je force Theon à prendre ce que je sers dans ma main.  Lorsque je sens ses doigts se recroqueviller sur la bague de sa maison, je reporte mon entière attention sur le fruit d’un viol entre Roose Bolton et une paysanne. L’entaillade à son poignet m’achète un précieux moment de répit.  C’est à Theon Greyjoy que je m’adresse en reprenant la parole, bien que mon regard ne cherche pas le sien.

-Souviens-toi de qui tu es, Theon Greyjoy.  Pas pour moi, qui ne suit qu’un vieux lutin.  Souviens-toi que tu es Theon Greyjoy pour la douce Sansa qui fut toujours bonne envers toi, et qui ne mérite son dessein actuel, pas plus que de n’avoir été mariée à un nabot.  Souviens toi de toi, Theon Greyjoy, pour ta sœur, Yara Greyjoy, qui s’est rebellée contre ton oncle usurpateur et fraticide.  Souviens-toi, Theon Greyjoy, que tu es le fils unique de Balon Greyjoy, légitime héritier de Pike, pour les habitants des îles de fer.  Surtout, souviens-toi de qui tu es pour toi, Theon Greyjoy.  Laisse-moi te rendre la vie que Ramsay Bolton t’a prise.

Je tente de prévoir le prochain coup.  Je sens ma fin proche.  J’ai déjà bien trop souvent échappé à la mort. Et pourtant, il me reste l’espoir de voir demain.