Entre Gardes Forestiers (ft. Alex Cormier)

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Entre Gardes Forestiers

La mutation de Sam avait été acceptée pour la petite ville de Beacon Hills. Lorsqu’il l’apprit en Irlande, cette dernière arriva à point nommée. La meute rivale qui avait vaincu son Alpha et toute sa meute avait découvert son identité d'émissaire et n’aurait pas tardé à le prendre en chasse. Sam avait levé le voile sur lui en enquêtant sur ce qui s’était passé pour son ancien Alpha et sa meute. Ce fut la Druidesse adverse qui perça à jour la réelle nature de Sam... Le Druide l’aurait bien affronté avec joie, cette dernière ayant roulé dans la farine son défunt Alpha, mais elle s'était montrée bien trop entourée par un autre Alpha et toute sa meute...

Sam partit alors de son pays natal avec très peu d’affaires sur lui. Il prit le premier vol qu'il put réserver et se rendit illico presto à l’aéroport pour décoller vers de nouveaux horizons. Cela ressemblait à une fuite. Il n’avait pas honte de se le dire. Malgré toutes ses aptitudes de Druide, il savait le reconnaître lorsqu’il n’avait pas la moindre chance. Cette meute rivale s’était ainsi attribué la forêt où Sam avait toujours vécu… On avait imposé en quelque sorte à Sam, un exil...

*

A peine l’irlandais était-il arrivé en Californie qu’il prit une navette de l’aéroport et tâcha de se rendre à Beacon Hills au plus vite. Il paraissait pressé de rejoindre sans doute une nouvelle forêt. Sam détestait s'éloigner trop longtemps de la nature. Sur place, arrivant enfin à Beacon Hills où il se sentit déjà plus détendu, il enchaîna aussitôt son périple à rechercher la mairie de la ville tout en gardant son sac de voyage aux allures de gros sac de sport sur une épaule de sa lanière.

Sam prit un certain temps à trouver la mairie… L’irlandais se repérait largement mieux en forêt qu’en ville même dans les plus petites villes du monde ! Il ne prenait jamais le temps de consulter les cartes publiques y compris celles des transports en commun. Il préférait se renseigner différemment…

Pris de sociabilité, il demanda plus d’une fois son chemin en ville et cela lui donna l’occasion d’échanger quelques mots avec des habitants des environs. Il put en apprendre un peu davantage sur la ville et ses endroits stratégiques, sous-entendu pour lui : tous les lieux de bouffe du coin ! De quoi bien se restaurer ! Il sentit tout de suite que son propre accent irlandais dénotait dans ce paysage américain mais cela ne le perturba pas vraiment. Il resta sympathique et plutôt à l'aise à aborder et échanger avec les habitants qu'il rencontra en chemin.

Sam finit par arriver à la mairie de la ville. On lui demanda une tonne et une tonne de paperasse ! L’irlandais fouilla sa veste à chaque demande de papier pour enfin trouver tout ce qu’on lui réclamait présentant ses papiers d’identité, son affectation, et toute une paperasse administrative nécessaire à sa nouvelle prise de fonction. Au guichet la jeune femme qui réceptionna tous ces documents regarda sa photo et le regarda lui pour comparer. Sam se mit alors à sourire un peu et presque à prendre une pose comme pour certifier de la similitude en matière d’apparence.

« Elle date un peu votre photo. » Elle ne put s’empêcher de dire.
Sam y froissa les sourcils. Ça voulait dire quoi ça ? Qu’il avait vieilli ? Qu’il avait pris un coup de vieux ? Qu’il avait oublié de se raser ? Sam tenta de prendre la parole pour répliquer mais la jeune femme poursuivit à tamponner des papiers :
« Voilà. » Rendit-elle des documents dont un certificat de prise de fonction.

« Bienvenu à Beacon Hills monsieur Wildwill. »

Elle enchaîna : « Voici l’adresse de la cabane des Cormier. Gabriel Cormier était l’ancien garde de chasse de la région. Vous y trouverez sans doute son fils, Alex Cormier, qui pourra vous donner tous les renseignements nécessaires à votre prise de fonction. Il serait bon que vous passiez voir le shérif par ailleurs, M. Stilinski, pour vous présenter à lui. C’est le shérif de cette ville qui a proposé le renouvellement de votre poste. » « Ah vraiment ? Un shérif ? » Interrogea Sam.
« Oui. Cela vous étonne ? »
Sam resta avenant et garda son léger sourire.
« Non non. Je me demandais juste si tout allait bien par ici et en forêt. » La jeune femme gênée n’osa pas effrayer plus que cela un nouveau venu et mentit bien volontiers : « Non non tout va bien ! » Sam la regarda d’un air un peu suspicieux. Mais, très vite, il se ravisa et désamorça la chose par un sourire.

« Alors tant mieux ! J’y vais. Merci bien pour tout ! » Conclut-il.
La jeune femme avait l’air de s’en vouloir un peu d’avoir exposé là un portrait tout rose de la ville et de sa forêt...

Puis soudain l’irlandais revint à son guichet et elle crut qu’il lui demanderait d’éclaircir la situation mais Sam lui demanda plutôt tout perdu : « Pourriez vous m'indiquer où se trouve le poste de police ? »
La jeune femme parut soulagée.
Plus relaxée, elle sortit une carte de la ville et lui montra où le poste se situait. Elle lui montra aussi la cabane des Cormier sur une carte forestière.
Elle lui remit toutes ces cartes afin qu'il ne se perde pas.

Sam put ainsi repartir de la mairie et se présenter à la police. Enfin c’était ce qu’il crut. Une fois sur place, il ne trouva pas le shérif Noah. Trop occupé sans doute. Sam n’attendit pas et préféra se rendre en forêt, impatient de la découvrir.

Il passa toutefois à un hôtel d’abord histoire de prendre une chambre pour le soir au cas où et d’y déposer son sac de voyage. Connaissant peu l’endroit, il prit par mégarde et sans se renseigner un motel plutôt assez mal réputé pour ses mauvaises fréquentations…

L’irlandais prit sa chambre en y entra avec une carte magnétique sur laquelle il râla dessus en la glissant mal dans la fente prévue à l'effet la toute première fois... le dispositif sonnant sur une lumière rouge... Sam finit par rentrer et déposa ses affaires à savoir son gros sac sur le lit miteux de l'endroit. Il ouvrit ce sac sur tout un tas d’affaires mais aussi des boîtes et fioles marquées par des symboles celtiques. Il récupéra tout ce matériel et l’entreposa dans le coffre de la chambre le fermant et en y retirant et prenant les clefs. Savait-on jamais !

Sérieux dans ses gestes, il prit tout de même une petite boite sans aucun ornement qu’il fourra dans sa poche contenant une poudre capable de repousser les êtres surnaturels. Sam restait dans un état particulier psychologiquement : il avait quitté l’Irlande sachant que s’il y était resté il aurait fini par se retrouver chassé par une meute rivale de son ancien Alpha décédé – et il n'avait pas été question pour lui de s'adresser à des chasseurs… Le Druide n’avait encore eu peu affaire à eux que pour faire en sorte d’aider à les éloigner d’une meute… La chose ne lui serait pas venue à l'idée. Il restait donc un peu sur le qui-vive.

Après un petit rafraîchissement bien mérité pour se remettre de son long voyage, Sam sortit de la salle de bain puis de sa chambre propre et changé et partit pour la forêt vers la cabane Cormier. La journée avait un peu avancé depuis mais pas jusqu’au point de la nuit. Par précaution le Druide préférait l’éviter dans la mesure de possible ne sachant pas à quoi s’attendre par ici. La nuit dernière, Sam l'avait passé dans l'avion. Il y avait assez mal dormi. Il y avait même gagné des cernes.

**

Le Druide finit par rejoindre la forêt de Beacon Hills d’un pas déterminé et motivé plus que jamais. Il se repéra déjà beaucoup mieux en forêt et s’y sentit bien comme s'il était déjà chez lui. La forêt avait ce sort fou sur lui de ne jamais le dépayser.

Sam ne peina pas à trouver la cabane Cormier non loin d’un Manoir sur lequel le Druide ne s’y attarda pas plus que cela pour le moment. Il avançait plutôt le pas léger en forêt comme s’il était habitué à y progresser avec calme et méthode. La forêt lui parut plus aride que celle qu’il avait connue en Irlande. Mais, déjà, il semblait bien l'apprécier.

Il arriva au seuil de la porte de la cabane qu’on lui avait indiquée. Le Druide ne vérifia même pas sur la carte forestière qu’il s’agissait bien de cette cabane et entreprit de frapper à la porte.

Il frappa de trois coups et attendit. Il enfila mains dans les poches et parut attendre bien sagement. Étonnant lorsqu'on connait la bestiole un chouia hyper-active mais il restait après aussi un "sage chêne".

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Entre Gardes Forestiers

Feat. Sam Wildwill

La journée s’était annoncée calme et Alex s’était bien dit qu’il pourrait en profiter pour tenter un projet qu’il avait mis de côté depuis quelques mois, quand il avait trouvé la recette pour une concoction, gribouillée dans le bas d’une page de son grimoire. Au fil des semaines, il avait ramassé, glané, trouvé, cueilli et récupérer les divers ingrédients qui s’étaient ensuite retrouvés séchés, coupés, pulvérisés, triturés, macérés et qu’en savait-il encore. Il déplia la feuille volante sur laquelle les instructions avaient été retranscrites de sa main, au bout de déductions et de discussions avec son père et son frère. Son père possédait l’expérience, et son frère possédait la bosse des langues. C’était souvent Michael qui trouvait à quel mot correspondait certaines pattes de mouches, ou encore quelles étaient les lettres les plus probables à s’être retrouvées ainsi cachées sous une tache de mildiou, ou bien à reconnaître un mot de sa langue grand-maternelle. Lorsque l’optimiste patriarche s’était mis à radoter que, de toute manière, cela ne les mènerait à rien, et qu’ils perdaient leur temps; que cette décoction faisait probablement doublon avec l’une des dizaines d’autres, ou peut-être des centaines, qui parsemaient le bouquin familial, les deux frères prirent sur eux-mêmes de poursuivre leur recherche ensemble sans embêter davantage leur paternel à ce sujet.

Des mois, donc, de préparation avaient culminé en cette journée, après des semaines d’attente car soit Alex se retrouvait surchargé par ses emplois, ou démotivé par cette même raison, ou encore en train de combattre une créature au dentier destructeur, et ensuite à se remettre des séquelles de ce combat qui avait eu un avantage, et pas du moindre. Le coeur léger à la pensée du policier qui l’avait hébergé, Alex mélangeait divers produits en sifflotant. Il posa ensuite la mixture à chauffer doucement sur la cuisinière, en notant ses observations. Le laborantin en lui avait naturellement commencé un journal expérimental, qui lui serait bien utile lorsque viendrait le temps de retranscrire le grimoire pour s’en faire une copie et offrir l’original à son cadet. Il avait déjà songé à la manière selon laquelle il comptait diviser les sections, et dans quelle logique répartir l’information. Certes, il ne savait toujours pas s’il achèterait un livre vierge, ou encore un cartable à anneaux, dans lequel il écrirait à la main, ou bien s’il s’improviserait imprimeur-relieur et transcrirait les informations sur un support informatique. Cela ferait certes perdre son charme au grimoire, et il restait le problème des éléments visuels, dessinés ou autre. Alex n’avait ni le matériel ni le talent pour faire du graphisme dans le confort de son sous-sol.

Cela lui faisait néanmoins du bien de travailler au rez-de-chaussée pour une fois. Le bazar du sous-sol, surnommé laboratoire par les colocataires, manquait de lumière naturelle et se montrait au final très austère. Cela n’empêcha pas le scientifique de devoir descendre à quelques reprises les escaliers à toutes jambes pour y récupérer un truc qu’il avait oublié, par exemple. Le mélange chaud fut transvidé dans une flasque ronde pour y refroidir tranquillement, avant de poursuivre la décantation et l’ajout de nouveaux ingrédients. Ça n’était définitivement pas la plus simple des décoctions, et ils n’étaient pas certains d’avoir saisi son usage exact : trop de mots, dont le nom de la substance finale, étaient illisibles.

La journée avait rapidement avancé et Alex devait avouer ne pas avoir vu le temps passé lorsqu’on cogna trois coups vifs contre le panneau de la porte principale. Il s’assura rapidement qu’il pouvait laissé son montage artisanal en toute sécurité, un sourcil remonté contre la frange de ses cheveux, en se demandant qui cela pouvait bien être. Charlie ne cognerait jamais avant de rentrer au bercail. La plupart des amis du biochimiste lui auraient envoyé un message ou un appel, préférant ne pas perdre de temps à parcourir inutilement cette distance s’il était absent. Peut-être avait-il raté cet avis? Le druide vérifia rapidement qu’il n’avait aucun appel manqué. Peut-être était-ce Derek qui venait lui emprunter du beurre? Ou quelqu’un en situation d’urgence? Non. Dans les deux cas, de nouveaux coups auraient déjà retentit par manque de patience. Brian avait-il décidé de lui faire une surprise? Les traits soudainement radoucis, Alex posa la main sur la poignée et entrebâilla la porte. Ce n’était pas Brian.

Voulant par-dessus tout éviter que l’on voit le fatras à l’intérieur et le prenne pour un fou avec son laboratoire d’apothicaire improvisé, Alex se glissa sur le pas de la porte en s’efforçant d’ouvrir celle-ci aussi peu que possible. Il la refermera ensuite dans son dos et scruta l’homme devant lui, un sourire inquiet au visage, avant de saluer celui qu’il estima être un randonneur perdu.

-Bonjour, je peux vous aider?

Le nouveau-venu n’eut pas le temps de terminer deux syllabes qu’Alex jugea à son accent prononcé qu’il s’agissait d’un touriste et que son hypothèse était belle et bien validée. Pressé de retourner jouer les alchimistes et craintif qu’on ne le surprenne à jouer les apprentis sorciers, Alex ne jugea pas opportun d’attendre que l’irlandais ne lui donne la raison de sa présence, ou que son cerveau n’enregistre ses dires pour le couper et parler par-dessus l’étranger.

-Le parc national* n’est pas très loin. Prenez le sentier à droite, au bout du terrain. À l’intersection, prenez à gauche et vous en aurez pour quelques dizaines de minutes de marche encore. Si vous voyez le gros cèdre foudroyé, vous avez raté l’intersection. Bonne journée.

Le druide fit un sourire courtois à l’enquiquineur, l’invitant silencieusement à décamper s’il comptait arriver avant que le soleil ne se couche. Et lui pourrait retourner à sa concoction. Pas question que sa recette ne soit ratée pour une brebis égarée. Il fallait juste que l’européen s’en aille, et Alex pourrait retourner à ses activités ni louches ni illicites.

*:

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Entre Gardes Forestiers

Sam venait de frapper de trois coups vifs à la porte de la cabane. Il attendit en son seuil avec une certaine sérénité, les mains dans les poches de sa veste, une veste en cuir rouge carmin.

Le druide commença à se demander tout de même si on allait lui répondre car le temps passa un peu. Sam ne frappa toutefois pas à nouveau et attendit toujours, plutôt sagement. Il sifflota tout de même histoire de tuer le temps.

La porte entrebâilla enfin et le druide put voir un homme lui répondre. Ce dernier se glissa dans une maigre ouverture de porte comme pour ne pas montrer tout ce dont son intérieur d’habitat regorgeait derrière lui. Sam ne put s’empêcher de le constater sur un lever de sourcils suspicieux. D’autant plus que, venant avec l’homme, une odeur qui s’échappa de l’entrebâillement. Sam put y sentir une odeur de cuisine neutre, sans saveur particulière, plutôt terreuse. Le druide connaissant l’odorat de nombreuses plantes aurait pu parier sa main et même son bras tout entier en sentir là. Cependant aucune certitude pour lui d’identifier les plantes en question avec précision et de savoir s’il s’agissait de plantes licites… ou illicites… Sam ne fut pas assez exposé à l’odeur pour y déduire vraiment quelque chose...

Car en effet, la porte se ferma presque aussitôt et coupa toute odeur. L’homme referma très vite derrière lui. Ce dernier sourit à Sam d’un sourire plutôt inquiet comme s’il avait quelque chose en tête, qu’il était du moins occupé à autre chose.

L’homme le salua et lui demanda s’il pouvait lui venir en aide.

- Bonjour eh bien…

Lâcha Sam de son accent irlandais et commença-t-il à vouloir répondre.

Mais Sam n’eut pas le temps de vraiment répondre que déjà l’homme enchaîna. Il lui décrit comme les lieux, lui indiquant la direction pour le parc national. Par réflexe presque naïf, Sam ne put s’empêcher de regarder dans la direction qu’on lui donna, vers alors le sentier de droite en bout de terrain, et commença même à mémoriser le chemin décrit par l’homme.

*Le gros cèdre foudroyé, où ça ?* Il chercha même, dans ses pensées et son regard.

Puis l’homme parut conclure là leur échange. Il parut comme assez pressé de mettre comme un terme à celui-ci même s’il prit le temps de rediriger Sam dans cette forêt assez imposante où il y avait de quoi clairement se perdre. Le druide ne parvenait plus à percevoir de son nez humain que l’homme en face de lui sentait encore les plantes. Ce qui l’incita à ne plus trop y penser.

Sam remua comme un peu la tête pour se réveiller et faire revenir en tête et en parole alors, l’objet de sa venue. Il revint du regard à l'homme.

- Euh non non attendez, je ne suis pas venu pour le parc national. Seriez-vous Alex Cormier par hasard ? On m’a donné cette adresse.

Celle de la cabane. Sam n’allait pas le cacher, cela lui semblait logique de justifier comment il avait pu atterrir jusqu’ici devant cette cabane perdue en pleine forêt ou du moins presque perdue.

Sam ne laissa qu’un maigre temps avant de poursuivre. Se rappelant un peu de l’odeur des plantes, il ne savait s’il devait enchaîner à se présenter ou attendre qu’on lui confirme qu’il s’adressait bien là au fils Cormier, mais assez insouciant dans la vie comme gars et du genre « osef on verra bien », il précisa bien vite ensuite :

- Je suis le nouveau garde forestier que la ville a embauché. Sam Wildwill.

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Entre Gardes Forestiers

Feat. Sam Wildwill

L’enquiquineur restait planté là, sur le seuil de sa cabane, malgré tout les efforts d’Alex pour lui imprégner du regard la volonté de décamper immédiatement. Lorsque l’irlandais ramena son attention sur son interlocuteur, Alex le vit s’ébrouer légèrement, à la manière de quelqu’un qui tentait de se remettre les idées en place, et le canadien se contenta pour sa part d’hausser un sourcil sévère. Sourcil qui passa par l’interrogation avant de s’arrêter sur la perplexité lorsqu’il entendit son nom complet dans la bouche de cet inconnu.

- Qui..? voulut-il interroger, en ce demandant si, sous ses airs de touriste randonneur, il n’avait pas plutôt affaire à sa clientèle un peu particulière. Cette hypothèse fut rapidement démontée alors qu’on lui annonçait qu’il avait devant lui le nouveau garde forestier de la ville.

Un instant.

- Le nouveau garde forestier? répéta-t-il, incrédule.

On avait donc rouvert le poste de son père, qui avait été fermé pour le plonger dans une retraite forcée? Ce devait-être la meilleure nouvelle que le druide n’avait reçue depuis… un moment. Le druide jubilait, mais tentait de ne pas le montrer. Malgré tout, ses sourcils s’étaient instantanément faits plus doux et arrondis, accueillants, tout comme le reste de son visage, qui tenta même un sourire chaleureux sur ses lèvres bredouillantes de félicité. Voilà qui devrait pouvoir réduire la charge de ces rondes que lui imposait toujours son paternel.

- Enchanté euh… Sam, c’est bien ça? Je suis bel et bien Alex. Félicitations pour le job. Je savais pas qu’ils l’avaient rouvert. Je travaille à l’hôpital, je sais pas pourquoi on vous a dit de venir me voir. Ben… Mon père était le garde forestier, jusqu’à l’an dernier. Il a quitté Beacon Hills il y a quelques mois.

Il y eut un moment de silence inconfortable durant lequel Alex luttait entre le désir de se cacher pour raconter sa vie ainsi à un inconnu qui n’en avait probablement rien à faire, et l’envie de sauter au cou de ce même inconnu, sauveur de ses temps libres et de sa santé mentale. Un court instant avant qu’Alex ne réalise que de rester planté devant sa maison, sans un mot, était probablement étrange, et qu’il devrait certainement inviter ce Sam à l’intérieur. Sauf que l’intérieur servait présentement de laboratoire qui ne pouvait pas paraître autrement que douteux, sinon illégal aux yeux d’un non initié.

- Je t’inviterais… vous inviterais bien à rentrer, mais c’est le chaos en-dedans, mentit-il.

Le laborantin devait trouver une excuse pour rentrer à l’intérieur et vérifier que tout se passerait bien s’il s’absentait un moment pour discuter avec ce sauveur dont il devinait plus qu’il ne comprenait la raison de sa venue ici.

- J’imagine que tu voulais discuter de quelque chose… Vous êtes pas venu juste pour vous présenter, je me trompe? On a des chaises de parterre dans le jardin.

Toujours souriant d’excitation et sans attendre de réponse, Alex fit un mouvement de tête pour encourager son nouvel ami – oui, il se faisait déjà des histoires – à le suivre. Il espérait seulement que l’européen ne ferait pas de commentaire sur les plates-bandes organisées qui longeaient la cabane et qui semblaient étrangement dépourvues de plantes à fleurs et plutôt riche en plantes à l’aspect de mauvaises herbes. Il pourrait toujours prétexter que son père aimait cultiver des espèces indigènes pour préserver la biodiversité, mais le jardin était trop bien entretenu pour qu’on ne devine pas qu’Alex avait pris la relève.

Dans la cour arrière, le mobilier de jardin était rassemblé sur une parcelle de pelouse. Ce n’était rien de particulier, les chaises n’étaient pas toutes du même modèle et leurs colorations étaient défraîchies à force d’être exposées aux éléments. D’un coup d’oeil, Alex vérifia que Charlie avait rentré la hachette qui servait à fendre les bûches dans un coin de la cour, non loin du petit cercle de pierres au coeur duquel ils faisaient parfois un feu. Le sceau aux pieds du baril de récupération d’eau de pluie se portait garant des mesures de sécurité qu’ils prenaient lorsqu’ils décidaient de faire rissoler des guimauves sous les étoiles.

D’un geste nerveux, Alex tira deux chaises et fronça les sourcils. Ça n’allait pas le faire. De la poussière s’était accumulée sur le mobilier.

-Donnez-moi une minute et je vais revenir. Je vais juste chercher une guénille humide pour nettoyer nos chaises. C’est bon?

Le druide semblait à bout de souffle, partiellement d’avoir parlé si rapidement, mais également à force de se stresser pour laisser une bonne impression. Il n’en lâcha pas son sourire bienveillant pour autant.

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Entre Gardes Forestiers

Sur le « nouveau garde forestier », Sam hocha la tête acquiesçant, un peu comme le ferait un jeune militaire rejoignant son détachement.
L’aspirant garde-chasse observa, plutôt assez attentivement, son interlocuteur. Sam redoutait depuis qu’il avait appris qu’il remplaçait le père d’un fils, la réaction de ce fils en question à apprendre la nouvelle. Ce dernier allait-il bien le prendre... ?

Le druide parut voir du fils Cormier, une expression se délier, un visage plus doux, et, se dessiner, un air plus accueillant que de prime abord.
Sam se sentit pouvoir se permettre alors de reprendre sourire et répondit d’un sourire radieux au sourire chaleureux de son interlocuteur.

- Enchanté Alex ! Oui Sam, c’est bien ça oui. Merci !

Remercia-t-il pour les félicitations du fils Cormier à son obtention du job.
Sam était plutôt content d'avoir décroché cette affectation et afficha alors un beau sourire à le montrer sans détour. Il allait pouvoir reprendre le même job qu'il avait en Irlande. Il n'aurait pas pu espérer mieux.

Sam apprit ensuite qu’Alex travaillait à l’hôpital de la ville.
A ce qu’il lui dise qu’il ne comprenait pas trop pourquoi on lui avait conseillé de lui rendre visite, Sam alors, un peu gêné, se gratta l’arrière de la tête et la nuque. Alex enchaîna toutefois. Il évoqua très vite son père, l'ancien garde-chasse de cette forêt, qui, lui, avait quitté Beacon Hills pour de nouveaux horizons. Sam se garda d’éveiller sa curiosité à ce propos. Si le druide était de nature très curieuse au final il interrogeait peu sur des questions qui pouvaient lui paraître assez personnelles, surtout dans le cadre d'une toute fraîche rencontre comme celle-ci.

- Ah je vois !

Sam se montra-t-il pour autant très attentif, assez posé et détendu, aux paroles du fils Cormier. Dans l'attente. Mais de là un silence inconfortable s’installa entre les deux hommes. Sam ne put que se contenter de sourire à nouveau. Il ne se sentait pas de briser la glace. Il ne savait pas encore si Alex était content d’apprendre pour le remplacement de son père. Sam préférait laisser le temps passer, et donner à cette nouvelle réalité, plus de corps. Soudain, Alex finit par lui dire qu’il l’inviterait bien à l’intérieur, mais avec le chaos dans sa cabane forestière…

- Oh pas de problèmes ! Normal ! Je comprends.

Dit-il en tentant les mains, montrant les paumes, signe que ce n’était pas grave du tout qu’il ne soit pas invité à l’intérieur. Après tout il n'avait pas appelé Alex en amont pour signaler sa visite. Il ne l'avait pas prévenu de cette dernière. Sam était venu direct comme ça. Après ce geste, sage chêne ou petit filou, au choix, le druide remit mains dans ses poches de veste. Habit carmin de cuir qui, visiblement, avait l'air d'avoir eu son vécu et qui portait aussi sans doute, à cause d'un lavage qu'il n'avait pas eu le temps de faire, des odeurs bien incrustées entre la sienne, celles de forêt et de cheval, et, celles de loups-garous. Rejoignant ainsi une poche, Sam put sentir entre une main sa boîte de poudre qu'il avait prise au cas où pour la forêt.

Sam, un brin léger, sourit en coin. Il se souvenait que cela sentait un peu le terreau dans la cabane sans pour autant n'en tirer aucune sorte de conclusion. L'homme cachait-il cela ou toute autre chose ? Alex interrompit les réflexions de Sam en supposant que ce dernier venait sans doute pour discuter de quelque chose et n'était pas juste venu là se présenter à lui. A cela, Sam roula les yeux sur le côté, visiblement venu par pur instinct, dans de la spontanéité, sans trop y réfléchir.

- Bien sûr, j’voulais discuter d’un truc oui, de plusieurs trucs même oui !

Mentit-il un peu. Il reprit un air sérieux, qui se voulut professionnel, en fronçant les sourcils, un peu grave, du moins dans l'idée. Cet air, il était un peu joué, mais l’expression du visage respirait la bienveillance. Tout était comme si Sam se convainquait là lui-même à prononcer ces paroles. Oui, bien sûr, plein de trucs à demander ! En nouveau, à y réfléchir, il avait tout à apprendre de la fonction et de son lieu d’exercice. Il venait juste d’en prendre vraiment conscience.

- Je vous-tu-te suis !

Répondit-il à l’invitation volontiers et s’entremêlant dans le passage au tutoiement.
Sam se mit alors, enthousiaste, à suivre Alex et sa marche.
En longeant les plates-bandes de la cabane du fils Cormier, Sam, druide et jardinier à ses heures, ne put s’empêcher d’y jeter un œil et même des regards.
Il y reconnut des plantes qu’il connaissait pour la plupart. Il en tira alors un air un peu malin avec un sourire en coin. Toujours cependant, il montrait une attitude très bienveillante à l'égard d'Alex.

- Tu cuisines ?

Sam demanda-t-il soudain, inspiré par l’observation des plantations.

Les deux hommes finirent par arriver dans une cour arrière sur une parcelle de pelouse et son mobilier de jardin. Sam trouvait l’endroit bien sympa, convivial et nature. Le garde-chasse pouvait imaginer aisément que le propriétaire devait y passer des moments agréables. Que le mobiliser de jardin paraisse usé, cela ne dérangeait en rien à Sam et au contraire même. Sam était contre le gâchis et aimer constater que des choses duraient dans le temps, s’enrichissaient d’un vécu, et s’usait donc, parce que tout s'usait avec le temps et c'était bien là dans l'ordre naturel des choses. Alex tira deux chaises mais il parut tiquer sur un truc. Il demanda à Sam de lui accorder un temps.
Alex allait juste chercher de quoi nettoyer les chaises de jardin.

- Oh ?

Sam prit une des deux chaises et en saisit le haut de son dossier afin de la pencher un peu elle et son plateau d'assise. Il la secoua un peu avec douceur et finit même par tapoter deux de ses pieds sur la pelouse, tout en prenant soin cependant de ne pas l'abîmer non plus, le tout afin d’évacuer la poussière. La chaise ne paraissant pas humide, il y ajouta un petit coup de main.

- T’inquiètes ! T’embêtes pas. Et hop là ! Ça ira !

Sam répéta la même chose ou presque sur la seconde chaise.
Le druide finit par s'installer sur l’une des deux chaises. Il prit une assise plutôt à l'aise. Il fallait bien préciser que le super pouvoir de Sam était qu'il pouvait s'endormir n'importe où. Ce super pouvoir allait de pair avec le fait que le druide se montrait relativement assez à l'aise partout, même le cul par terre.

- Elle est top ta cour. Sam remarqua, un regard en témoignant, le cercle de pierre qui lui parut former un foyer pour des feux. - Tu te fais des feux de temps en temps ? Oh j’demande pas ça en mode : « Hé, tu t'fais des feux de forêt ici hein ?! » Prit-il le ton surjoué d’un shérif suspicieux, mais il enchaîna bien vite sur son ton habituel, ne faisant que blaguer avec celui du shérif : Je trouve ça sympa les feux en forêt, j'veux dire, tant que c’est bien gérer tout ça bien sûr hein, et j'vois qu'tu as même un sceau de récup, c'est vraiment trop cool ! Écologiste dans l'âme. Il aimait bien la cour d'Alex. Se sachant parler à un garde forestier à mi-temps, Sam préférait le plus possible d'éviter de malencontreux non voulus sous-entendus sur les feux en forêt, comme se justifiant un peu là alors.
J’dis ça parce que, enfin, tu vois quoi, les barbecues c’est la vie j’trouve. Tu te fais des barbecues ici ?
Sam parlait bel et bien de bouffe. Il allait encore passer pour un goinfre...

Après un temps, Sam proposa d’aborder toutefois un autre sujet, davantage en rapport avec le travail, et notamment en conséquence pour lui, sa prise de fonction.

- Je voulais me présenter à toi. J’ai appris que bon, quand j’ai appris que je remplacerai ton père… voilà quoi je… Mais Sam ne développa pas davantage là-dessus, il n’était pas très doué sur tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à une discussion plus sentimentale. Toujours, il ne savait pas vraiment par ailleurs comment Alex prenait les choses par rapport à ça. …et après la mairie me l’a conseillé je pense parce que tu dois bien connaitre la forêt du coup j’imagine, pour y habiter en plus ?

Après une pause, Sam poursuivit.

- Je me disais avant de démarrer mes rondes, si t’as des conseils pour que je débute, je suis grave preneur ! J'veux pas… mon but ce n'est pas de faire autre chose que ce qui a déjà été fait et qui marche déjà très bien. Je souhaite reprendre la fonction dans une continuité quoi, faire comme faisait ton père ou comme tu faisais toi en vrai. T'en dis quoi ?

Sam proposa-t-il. Lui-même fils d’un père de qui il avait suivi tout à lettre ou presque en matière de druidisme. Par ailleurs aussi, parce que Sam voulait respecter ce qui avait été fait jusqu'à maintenant. Il avait un petit côté traditionnel en quelque sorte. Sam avait un côté un peu rustre et assez rustique, un certain franc-parler. Il avait quelque chose d'assez champêtre.

Tout autant, rester le plus discret possible était l’objectif de Sam, et d'après le druide le mieux restait de ne pas faire trop de vagues. Enfin essayer. Il était venu ici dans l’idée de se faire petit à l’origine, fuyant l’Irlande et une meute. Jamais il n’aimerait que cette dernière n’aille jusqu’à le suivre jusqu'ici. Cela dit, cela n’arriverait certainement jamais. Pour Sam il était clair que le but de la meute avait été de reprendre un territoire forestier en Irlande. Il n’y avait pas de quoi s’engager dans tout un voyage pour eux en n’ayant en plus a priori aucun indice sur la destination qu’avait pris le druide. Ce dernier, ayant détalé trop vite. La meute ne devait pas avoir autant les crocs de vengeance sur l'ancien émissaire. Surtout que bon, il n’avait même pas participé au point important de toute cette histoire, à savoir, l’affrontement entre les deux meutes. A moins que… la meute adverse voulait récupérer un truc de son ancien alpha que le druide avait récupéré sur sa dépouille avant eux… mais bon… cela étonnerait le druide... mais bon...

Codage par Libella sur Graphiorum

Entre Gardes Forestiers

Feat. Sam Wildwill

Malgré son ton toujours aussi cordial, ses sourcils bienveillants et son attitude somme toute chaleureuse, Alex se contenta de confirmer les questions de son invité par des réponses courtes, suffisamment vagues pour ni se trahir, ni mentir et, surtout, en profiter pour mentionner qu’il ne vivait pas là seul. Au cas où l’idée viendrait à quelqu’un de venir le dévaliser en son absence. Réflexe de paranoïaque davantage que réelle méfiance envers l’irlandais.

- Ça m’arrive, oui, mais c’est généralement mon coloc qui fait les repas.

L’échange prit fin aussi subitement qu’il avait été entamé, ce qui soulagea Alex d’avoir à expliquer que non, ceci n’était pas une variété de laitue, mais une plante aux propriétés surnaturelles particulièrement puissantes. Ou bien qu’il conservait la cataire afin de ne pas se risquer d’attaque de panthère.

En quelques gestes abrupts, Sam avait secoué les chaises et ainsi réfuter l’offre d’hospitalité soignée de son hôte qui ne pouvait que constater qu’il ne semblait pas plus à cheval sur les formalités que lui-même, et qu’il était manifestement moins maniaque de propreté qu’Alex. Traits que le biochimiste appréciait et qui, il devait bien l’avouer, correspondaient bien au métier de garde-chasse. Il ne fallait certainement pas avoir peur de se salir un peu pour passer son temps dans les bois.

Alors que face à l’homme compliqué qu’il était, l’homme peu compliqué prenait place sur l’une des chaises de parterre et invitait Alex à l’imiter, le laborantin préféra rester debout. Il avait toujours besoin de retourner à l’intérieur, et s’asseoir ne l’aiderait aucunement à ce niveau. Il décida de rester un instant encore à l’extérieur et en profita pour observer son visiteur, qui semblait être la manifestation humaine du mot décontracté. Malgré les airs pincés qu’Alex pouvait parfois exhiber, cette attitude ne le choquait pas réellement. Après tout, il n’était pas lui-même un grand fervent des convention sociales.

- Elle est top ta cour.
- Ah? Euh... Merci! balbutia Alex, surpris de se faire prendre au jeu auquel il était pourtant un pro!
- Tu te fais des feux de temps en temps ?
- Mouais. Des fois. tenta-t-il de se la jouer cool, en se calquant sur l’attitude de Sam.
- Oh j’demande pas ça en mode : « Hé, tu t'fais des feux de forêt ici hein ?! »
Raté. Pour la peine Alex fut sur le point de répliquer d’un sarcasme bien de son cru, mais opta au dernière moment pour la décision la plus sage et s’astint.
- On suit les consignes du parc et du comté. T’as peut-être pas remarqué, mais on habite littéralement dans la forêt. Donc si elle flambe, on crame aussi.
Oups. Il n’avait pas pensé qu’un nouveau sarcasme rappliquerait aussi rapidement sur sa langue.
Je trouve ça sympa les feux en forêt, j'veux dire, tant que c’est bien gérer tout ça bien sûr hein, et j'vois qu'tu as même un sceau de récup, c'est vraiment trop cool !
Il patinait, là, le leprechaun? Alex lui sourit, inoffensivement, pour montrer qu’il perdait bien son temps à s’embourber autant et que l’occupant des lieux avait très bien compris.
- C’est utile, y’a souvent des périodes de sécheresses en Californie. C’est pas parfait, mais ça fait ça de pris.
J’dis ça parce que, enfin, tu vois quoi, les barbecues c’est la vie j’trouve. Tu te fais des barbecues ici ?
Alex était-il aussi difficile à suivre et apparemment désorganisé lorsqu’il pratiquait son sport national de sauts du coq à l’âne? Il devait donner une impression similaire de partir en tous les sens, ouais...
- D’accord. On en fait parfois, en suivant les consignes et notre gros bon sens, mais c’est plutôt mon coloc’ qui est cuistot, comme je disais.
Enfin, surtout si on avait la même dent creuse qu’Alex pour le miel…

Pour la peine, Alex ne savait pas si il y avait là un message subliminal que le fils de l’Eire tentait de lui communiquer. Espérait-il se faire offrir la pitance, comme un immigrant de la famine des patates? Perdu dans ses tergiversations, Alex ne réalisa pas qu’il avait laissé naître un silence qui, pour un étranger, pourrait paraître angoissant. Si ce fut le cas, l’étranger se saisit des rênes et donna un coup de bride à la discussion, pour la raviver.

- Je voulais me présenter à toi. J’ai appris que bon, quand j’ai appris que je remplacerai ton père… voilà quoi je…

Alex haussa un sourcil, s’attendant à davantage, mais fut déçu. Peut-être n’avait-il pas compris un sous-entendu, ou alors les habitants de l’île Verte avait un idiome tel qu’un élément, par manque de familiarité, avait échappé au druide. Ou alors, malgré son apparente aisance, Sam était un peu gêné et n’avait pas su comment conclure convenablement sa pensée. Que pouvait-on bien lui avoir dit au sujet de l’ascète Gabriel? Ou quel lien avait-il pu déduire entre Alex, Gabriel et Sam? S’était-il imaginé une rivalité, ou une jalousie? Non seulement cela ne faisait aucun sens dès qu’on connaissait un tant soit peu le scientifique surmené, mais qui plus était, il considérait qu’il s’était montré on ne pouvait plus sympathique. Et s’il avait donné l’impression d’avoir exagéré la note, comme ces truands à la télévision qui, de leurs voix doucereuses se montrent amicaux pour mieux trahir par la suite les protagonistes? Voilà qui justifierait un peu de méfiance. Pourtant, de tout ce qui émanait de Sam, ce n’était pas de tels sentiments qu’Alex interprétaient. Pour autant qu’il soit capable d’estimer globalement les intentions des gens : ce n’était pas, à vrai dire, sa force.

- Je voulais me présenter à toi. J’ai appris que bon, quand j’ai appris que je remplacerai ton père… voilà quoi je…
- Euh… On peut dire ça. Je crois.

C’était quoi, leur problème, à ces bureaucrates de pacotilles? Pourquoi allaient-ils conseiller à la relève de son père de le contacter, lui? Ils avaient forcément dévoiler des informations privées, telles que… telles que son nom et son adresse, voilà! Peut-être rien qu’un bottin téléphonique ne révélerait pas, mais soyons honnête, quand un être humain avait-il vu un bottin téléphonique pour la dernière fois?

Ah! Sam comptait demander à Alex quels étaient les trucs du métier, les chemins à favoriser lors des rondes, et, en somme, comment faire son boulot. Le druide avait beau arpenter les pistes de son vieux père, il n’en était pas garde forestier pour autant. À vrai dire, il devait bien admettre agir plutôt comme un automate à ce niveau, se contentant de suivre les instructions laissées par le retraité. Instructions qui concernaient surtout le monde surnaturel.

Ce qu’Alex avait à en dire?

- Que tu fais bien comme tu veux. Je sais pas si mon père faisait bien son boulot, donc pour autant que je sache, t’es peut-être mieux de pas t’y fier. Je l’ai pas vraiment remplacé : j’aime juste me balader dans les bois et si je voie un truc qui me semble louche, je le signale. J’ai pas de formation, ni d’autorité ou d’intérêt pour la gestion du patrimoine. Enfin, je trouve ça important, mais c’est pas ma tasse de thé, quoi.

Toujours debout, l’hôte se mordit la lèvre, songeur. Il n’avait pas vraiment menti, puisqu’il ne pouvait pas décemment mentionner le patrimoine qu’il gérait lui-même. Et puis, il avait peut-être minimiser ses activités de pseudo garde-chasse, mais il était vrai qu’il n’en était pas un et n’avait jamais prétendu agir ainsi. Il le faisait même à contrecœur, uniquement motivé par un espèce de devoir moral. Enfin, Alex se décida à bouger et se dirigea vers la porte arrière.

- Je reviens dans une minute.

Cent dix-huit secondes plus tard, le biochimiste ressortait, après avoir eu le temps de s’assurer que tout était en ordre à l’intérieur. Il avait également récupéré un linge qu’il avait imbibé d’eau et qu’il tenait de la même main que les deux bouteilles de bière – suspendues entre ses doigts – qu’il venait de sortir du réfrigérateur, les remplaçant par deux autres. Alex tendit les lager à son invité pour lui en offrir une, silencieusement.

- Je vais t’éviter une déception : ça reste des américaines. Vaut mieux pas que tu te fasses trop d’attentes.

D’un geste habitué, Alex décapsula sa bière et la déposa aux pieds de sa chaise. Il entreprit alors de la nettoyer sommairement. Une fois ceci fait, il alla chercher la petite table de patio, qu’il lava également, et la plaça entre les deux hommes. Finalement, il put déposer le récipient de verre sur la surface lisse. Il choisit ce moment pour sortir de la poche arrière de son jeans un papier plié en quatre, qu’il ouvrit, et un stylo. Le laborantin saisit le col de sa bouteille et la pencha en direction du remplaçant de son père. Ils allaient trinquer et Alex pourrait ensuite se désaltérer. C’était bien là tout ce à quoi les américaines étaient bonnes, diluées qu’elles étaient.

- Bienvenue à Beacon Hills, et félicitations pour ton nouveau job! Santé!

Le druide approcha avidement le goulot de ses lèvres et prit une première gorgée. Il ne devait pas trop boire, s’il voulait être en mesure de poursuivre ses petites expérimentations plus tard. Une bière, seulement. Deux tout au plus. Pour le moment, il se saisit du crayon* et entreprit de gribouiller ce qui se révélerait être une esquisse des forêts entourant Beacon Hills, principalement la zone autour de la réserve.

- J’imagine qu’ils t’ont fourni une arme de service et t’ont prévenu qu’il y a souvent des attaques de pumas? Tu devrais aller au poste de police, ils sauront mieux t’en informer que moi. Je te préviens, par contre, le Shérif, Stilinsky, est un grincheux.

Sam savait-il seulement dans quoi il s’était embarqué? Alex craignait qu’il ne fasse pas long feu si il s’attendait à un job aussi pépère que le bleu semblait lui-même l’être. Le druide ne savait pas comment annoncer au nouveau-venu qu’il aurait certainement affaire à des choses qu’il ne connaîtrait ni ne comprendrait et c’était en se délectant d’une satisfaction personnelle vaguement mesquine qu’il avait relégué cette responsabilité à Noah. Pour l’instant, tout ce que le châtain avait à faire, c’était de discuter de banalités, une bière à la main, en expliquant globalement la géographie de leur forêt. Ce n’était pas son soucis de savoir si Sam était un bon tireur ou s’il était dégourdi. Tant que l’irlandais restait, occupait ses fonctions, et soulageait Alex d’une part de cette charge psychique.

*:

:copyright:Codage by Mr. Chaotik from Never-Utopia

Merci Matrim & Chuck!

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