Sujet: La théorie du bonheur [FT Maf] Lun 25 Jan 2021 - 12:09
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
Le ciel qui s'assombrit au fil de sa progression à travers les bois annonce la fin de cette journée, la fin de sa garde également. La horde qui a prit de nombreuses vies quelques jours plus tôt chamboulant par la même occasion leur quotidien lui a permit de sortir de sa demeure, de retrouver cette fonction qui est depuis bien longtemps une partie entière de sa vie. Une dévotion parfaite à faire régner l'ordre, une existence vouée à la protection de son prochain. Cette vie n'est pas toujours douce avec ceux qui ont survécu, mais Richard a apprit à l'aimer.
Chez les Turner la situation sombre, le départ de Troy n'a pas arrangé leur cas même si Dick doit bien avouer qu'il dort plus sereinement en sachant que son fils qui a manqué de se faire parricide n'est plus dans les parages. Henri lui fait parfois parvenir quelques nouvelles de celui que le canadien ne peut voir autrement que comme étant son garçon malgré les récents évènements qui ont brisé leur famille. Il sait que son fils accompagne Tama lors de certaines de ses sorties en mer, mais il n'ose personnellement pas aller voir son fils. Son petit garçon a grandit sans qu'il ne s'en rende compte. L'innocence de Troy n'est plus qu'un lointain souvenir, leur relation est devenue plus que rude. Jo lui en veut, n'a vu dans le départ forcé de son frère qu'un excès d'autorité paternelle déplacée. L'ambiance à la maison est de ce fait plus lourde qu'elle ne l'avait jamais été. Dans quelques mois ce sera au tour de Joanie de le quitter pour aller vivre de l'autre côté de la rue avec l'homme qui lui a fait un bébé.
Ne restera alors plus que Tama et lui. Deux hommes que des années de vie commune ont lié d'une manière plus forte que ce que les liens du sang n'auraient su créer. Les retours de Mafdet parviendront sans doute à égailler ce quotidien parfois routinier. Ici tout est réglé comme du papier à musique et les habitants de Beacon Hills ne sont plus habitués au changement. Les nouveaux arrivants qui ont suivi la horde font encore parler d'eux. Une gamine et deux loups. L'un d'eux est devenu garde. Un type imposant et peu causant dont le nom en a rappelé un autre à Richard.
Canucks traîne les sabots, lui aussi épuisé par cette longue journée. L'étalon crème avait fini par s'habituer à cette vie trop calme qui avait été imposée à son propriétaire. Tandis qu'ils approchent le second cercle Dick ne peut s'empêcher de laisser son regard chocolat glisser sur les imposantes barricades. Son nouveau camarade, ce Tobias, les a comparées à une cage. Plus grande que les autres certes, mais un enclot que l'ancien truand semble voir comme une entrave à sa liberté. L'image a fait sourire Richard tant elle pourrait être sortie de la bouche de sa féline. Ces mêmes barricades il se rappelle brièvement les avoir survolées il y a presque un mois. C'était alors le début d'une semaine infernale dont il aimerait parvenir à tout oublier mais qui revient chaque nuit le hanter. Il ne cesse sa progression, sait qu'il doit rentrer rapidement ce soir et cela sans faire de détours.
Joanie a promit qu'elle ferait une tarte aux coings, lui donnant là une belle raison pour revenir au plus vite dans leur demeure.
[...]
Il a accéléré le rythme.
Une motivation plus belle encore que l'appétence offerte par une part de gâteau sucrée à la pate pleine de grumeaux s'est offerte à lui. Ses collègues en poste au second cercle l'attendaient pour lui annoncer la meilleure des nouvelles. Une surprise qu'il a sans mal deviné avoir l'apparence de sa femme est sûrement chez lui. Cette fois il ne lui fera pas l'affront de jouer le trompe-la-mort pour leurs retrouvailles. Il pousse son cheval au galop, manque de renverser un imprudent sur son passage. Il tourne la tête pour brailler des excuses à celui qui a failli payer cher le fait d'être sur le chemin qui séparait le canadien de la source de ses impatiences.
Le chanceux le traite d'abruti ce qui fait naître un grand sourire sur les lèvres du garde. La crainte qu'il a pu inspirer contre son gré lors de son retour semble avoir prit fin pour mieux laisser place à un retour à la normale. Dick se préfère sot plutôt que monstre dans le regard de son prochain.
Il presse Canucks, tout à son bonheur en arrivant dans le lotissement où se trouve sa demeure. Une fois devant chez lui, il saute plus qu'il ne se laisse tomber à terre pour entrer en fracas dans le domicile Turner, sans même prêter attention à sa monture partie manger les plantes médicinales que fait pousser sa fille.
Un regard à gauche, puis un à droite. Le frétillant n'en peut plus d'attendre. L'absence de cheval devant chez lui lors de son arrivée le fait douter un bref instant, mais il ne permet toutefois pas à ces préoccupations d'entraver sa logique empressée. Il passe de pièces en pièces. Sa chambre, celle désertée de Troy, la salle de bain, la cuisine... Jo le jauge du regard, puis stoppe sa mastication pour lui répondre avant même qu'il n'ait eu le temps de poser la moindre question.
-L'est parchie. Au magachin. Refient vientôt.
Le père de famille râle un soupir d'impatience, tend finalement une main vers le gâteau qui s'est déjà prit une bonne claque. Joanie lui tape immédiatement sur la main, son regard vert devenu brusquement noir.
-Touche pas ! -Mais je suis chez moi ! Et j'ai faim. - Je sais. Ta maison, tes règles. On avait remarqué.
Le pas traînant l'ancien policier quitte la cuisine.
[...]
Prêt et frais pour la nuit, Canucks lui tourne finalement le dos après avoir profité des bons soins qui lui ont été prodigué par son propriétaire. Richard se penche, rince plus qu'il ne lave réellement ses mains dans un seau d'eau glacée. Un bruit, celui de pas claquant sur le bitume lui fait redresser la tête immédiatement. Sans prendre la peine de s'essuyer les mains, il colle un sourire réjouit sur son faciès fatigué. Alpague sa belle dont il devine l'approche.
-On m'a dit que la plus jolie femme de Beacon Hills m'attendrait chez moi.
Mafdet ne met que peu de temps avant de le rejoindre. Avec un empressement certain il passe ses bras autour de la taille de la brune, la soulève de terre pour la porter. Ses lèvres glissent dans le cou de celle-ci tout en étant empruntes d'une frénésie énamourée que le temps n'a su émousser.
-Tu m'as manqué. Tu vas voir, ça a changé à la maison. Mais le sujet est délicat, sauf si tu es prête à voir une femme enceinte en colère.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Mar 2 Fév 2021 - 11:21
La théorie du bonheur
Mafdet ft. Dick
Dix-neuf jours de trajet pour deux de récolte. Je suis obligée d’aller de plus en plus loin pour trouver des vestiges utiles de notre Ancien Monde. Dix heures de cheval par jour. Lorsque je mets pied à terre, j’ai l’impression de ne plus savoir marcher. Cette fois-ci j’ai pris deux mules avec moi. L’idéal serait de venir avec une charrette. Seulement, ce n’est pas discret quand il me faut éviter les rassemblements de marcheurs qui préfèrent piétiner l’asphalte des routes que les terrains accidentés. Dehors, les morts ne sont pas les plus dangereux, sauf en nombre. Ce qu’il reste de l’humanité est retourné aux temps les plus sombres de notre histoire où règne le plus fort et le chacun pour soi. Les parqués, les colons, ceux qui ne sortent jamais au-delà de la troisième palissade ne se rendent pas compte qu’ils vivent dans un simili paradis. La sécurité de la province de Beacon Hills s’est acquise à la sueur de chacun. Nombreuses ont été les victimes pour que cet aménagement pharaonique voie le jour. Le pari était ambitieux, tout comme l’homme qui se trouve à la tête de la ville.
Depuis deux ans, nous n’avons pas eu d’incident majeur. Pas un seul infecté dans le premier et le deuxième cercle. Les cas sont peu fréquents dans le troisième périmètre et jamais loin des barricades où peu de gens vont à part les gardes. Certains commencent à prendre cette quiétude pour acquise et ne réalisent pas qu’ils sont dans l’œil du cyclone.
Il y a plus d’un mois, une faille dans la muraille a failli coûter la vie à Dick. Le temps de travail obligatoire pour la communauté est censé palier à cela, mais cela représente des dizaines de kilomètres de barrières et ce n’est pas le seul travail titanesque qui incombe à la communauté. Après les barricades, le gros des chantiers est la préservation de notre système d’alimentation en eau potable et les canaux d'irrigation.
Soucis de riches en réalité. Car pour passer presque la moitié de mon temps loin de la protection des barricades et de ses gardes, les drames internes sont dérisoires en comparaison à ceux du dehors.
(…)
Je suis tombée sur une bande de pillards trop bien armée pour que je les affronte. J’ai réussi à les semer, mais le paysage dégagé m’impose de me cacher le temps qu’ils se lassent de me chercher.
Je ronge mon frein en lisant une revue trouvée sur mon chemin : un exemplaire de Science. Je m’intéresse à un article sur la physique des matières condensées et l’étude des phonons. L’étude de la mécanique quantique semble ridicule à une époque où la seule énergie électrique que l’on peut se permettre d’avoir est produite par des panneaux solaires qui ont dépassé leur garantie de durée de vie, tout comme les onduleurs qui redressent le courant en un flux exploitable, et qui à force de réparations avec des bouts de bricoles, ne ressemblent plus à rien de sérieux. Pourtant, je crois toujours aux pouvoirs de la science, même si elle a détruit le monde. Il faut juste rester humble et ne pas s'obstiner à chercher tout maîtriser.
Dans la population survivante de Beacon Hills, on compte peu de scientifiques avec un profil de chercheurs. Il y a bien des électriciens, des mécaniciens auto, quelques médecins, chirurgiens, des gens capables de faire des analyses sanguines, mais pas de chercheurs à proprement parler. Juste des gens qui ont adaptés leur ancien métier aux réalités d'aujourd'hui. Les quelques têtes pensantes existantes du comté avaient été de la première vague de fuyards, misant leur salut sur Los Angeles ou Sacramento.
Sacramento appartient désormais aux morts, quant à la cité des Anges, je n’ai jamais pu l’approcher à cause d’une faction armée qui s’est créé un territoire dans les faubourgs nord de la ville. Un lieu où règne la terreur. Le schéma est classique : un leader promet protection à ceux qui veulent bien trimer sans l’ouvrir et mort à ceux qui ne sont pas d’accord sur ce système.
(…)
Les mules ne se font plus prier pour avancer : elles reconnaissent les lieux. Une longue colonne vertébrale de dragon hérissée de piques barre l’horizon. La troisième barricade est un ensemble disparate pris d’assaut par la végétation. Mon cœur s’emplit de joie. Si je n’ai jamais pu me satisfaire d’une vie de fermière, ou de ces barricades qui sont pour moi une cage, je suis heureuse. De l’autre côté se trouvent les gens que j’aime. Dick, Ian, Jo, Derek, Chad et une poignée d’autres.
Mon passage à la porte n’est qu’une formalité : je ne peux pas être contaminée et surtout, je suis celle qui ramène des trésors. J’ai hâte, talonne ma jument une dernière fois avant un repos mérité. J’ai perdu le décompte des jours et des factions de Dick. C’est Jo qui m’accueille. Je l’étreins comme la fille que je n’ai pas eue. Elle surveille son père pour moi quand je suis absente.
- Je t’ai trouvé des fringues de maternité et pour le bébé aussi.
Jo me claque une bise sur la joue. Contrairement à son frère, elle m’a toujours perçue comme la bonne fée, celle qui ramène des trésors. Les Turner et les Hale ont toujours la priorité sur ce que je ramene.
- Ton père est de quelle faction ? - Il rentre ce soir. Il était de journée. - OK. Je dépose ce qu’on garde dans le garage et vais voir Rusard. J’ai un truc qui l’intéresse, je vais pouvoir faire des affaires !
(…)
Les mules suivent en trottinant, allégées de leur chargement. J’ai trouvé ce que le gouverneur m’avait commandé, payant ainsi l’équivalent de deux mois de travail d’intérêt général. J’ai aussi appris pour la horde de marcheurs qui a percé la barricade, de l’hécatombe que cela a coûté de la contenir et la repousser, du risque d’en avoir encore qui rodent à l’intérieur du troisième cercle. Cela devait arriver un jour, je n’en suis pas étonnée. Mais le réveil a dû être amer pour les gens d’ici. Les gardes à l’entrée ont oublié de m’informer de ce « détail », trop contents des friandises périmées que je leur ai laissées.
Débarrassée des formalités de mon « travail », je tourne la bride dans la rue des Turner. Je salue une voisine qui étend son linge et aperçois l’homme de ma vie près du box à chevaux devant sa maison. Il se retourne, son sempiternel sourire de gamin heureux collé aux lèvres.
- On m'a dit que la plus jolie femme de Beacon Hills m'attendrait chez moi. - On m’a dit que mon prince charmant avait sauvé le royaume.
Je saute de cheval et cours dans les bras de mon homme. Ses bras qui m’entourent, son odeur que je respire, le nez dans son cou, comme si c’était l’air le plus pur de la terre, tout cela m’a manqué. Le son de sa voix aussi. Son amour indéfectible, le regard constant qu’il me porte, malgré mes absences, mon caractère que je sais difficile à vivre. Dans ma longue vie, j’ai croisé nombre d’hommes illustres, des héros, des leader charismatiques, des saints hommes, leur contraire aussi. Dick n’est rien de tout cela et pourtant je le trouve unique. Mon temps sur terre est maintenant compté, il est celui avec qui j’ai envie de le passer.
- Tu m'as manqué. Tu vas voir, ça a changé à la maison. Mais le sujet est délicat, sauf si tu es prête à voir une femme enceinte en colère. - Jo ne se fâche jamais contre moi.
Qu’est-ce qui a bien pu arriver pour que ma belle-fille s’énerve ? Je me laisse soulever, entourant les hanches de Dick de mes cuisses. Cela fait des années que nos voisins se sont faits à nos épanchements impudiques. Nous entrons ainsi dans la maison.
- J’ai ramené des bonbons, j’ai même trouvé ceux que Troy adorait, ceux qui colorent la langue en bleu.
Je ne manque pas la soudaine crispation de mon homme, ses bras qui relâchent leur étreinte et me laisse retrouver le plancher des vaches. Je crains immédiatement le pire.
- Il s’est fait avoir pas la horde qui vous a submergé ?
Depuis l’infection de Dick et la réaction violente de son fils à son égard, une tempête couvait à la maison. Père et fils se faisaient la gueule. J’imagine la peine de mon homme, s’il n’a pas pu faire la paix avec son gamin avant sa mort.
- Non ! réplique Jo. Pa’ l’a foutu dehors.
Il l’a enfin fait ! La conduite de Troy aurait dû conduire à cette décision bien plus tôt. Pour ma part, je lui aurais bien imposé un petit séjour hors des barricades pour apprendre l’humilité et le respect envers ses aînés. Je suis solidaire avec le père, mais je comprends à la trogne de Dick que son propre geste l’attriste.
- Quitter le nid n’est jamais facile, même quand ça se passe dans de bonnes conditions. Tama l’a suivi ?
Le lien quasi fusionnel entre le renard des marées et Troy est suffisamment fort pour le Micronésien suive la personne qu’il aime d’un amour sincère.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Mer 3 Fév 2021 - 16:31
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
Sa joie soudaine d'avoir retrouvé celle qui partage sa vie depuis une décennie s'efface bien vite tandis qu'ils rejoignent l'intérieur de la demeure. La mention de Troy, de l'attention de Mafdet à l'égard du jeune homme suffit à faire se tendre l'ancien policier. Visage figé dans une rage qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver envers lui même et les joues soudainement dépourvues de couleurs le garde laisse sa femme retrouver le plancher des vaches sans parvenir à conserver son sourire. Il ne sait quoi dire au sujet de son garçon, se contente de serrer les dents lorsque la féline questionne au sujet de ce dernier. Troy n'est certes pas mort, mais son absence laisse comme un vide dans cette maison qui avait appris à se rythmer au tempo des grognements du jeune homme.
Regard chocolat rivé au sol le père de famille se contente de hausser les épaules lorsque sa fille décrit l'actuelle situation sans prendre la peine d'user de tact. Mâchoires crispées, Richard attend que ça passe. Que ce sujet de discussion disparaisse pour laisser la place nette pour quelque chose de plus doux. Lèvres figées dans un vilain pli, l'humain attend. Son fils a dépassé les bornes il y a quelques jours, plus d'une semaine à présent. Franchit des limites que son père avait pourtant toujours souhaité larges. Trop peut être. Si l'ancien flic a su supporter les reproches qui lui ont été fais, il n'a pu tolérer les mots dont son garçon a usé en parlant de Mafdet. Ce petit con, ce sale gosse inconscient de sa propre chance a fait passer la brune pour une empoisonneuse, une vile sorcière agissant à sa guise dans cette maison qu'elle ne fréquente pas assez aux yeux de son homme. Si Tama n'avait pas été là ce jour là, Dick ignore à quel point les choses auraient pu dégénérer. Il se sait impulsif, un vice qui lui a déjà attiré des ennuis par le passé. S'il s'en veut encore, s'il se juge mauvais père après avoir foutu son propre gamin à la porte de son domicile, sa belle semble quant à-elle prendre les choses avec une légèreté qui ne convient que très peu au canadien.
Ce dernier crache plus qu'il ne répond lorsque la druide demande si ce départ n'en a pas impliqué un second.
-Non et heureusement. Parce qu'avec Jo qui va bientôt déménager, j'aurais tôt fait de finir tout seul dans cette baraque !
Cette fois le flic redresse la tête. Ces quelques mots qu'il vient de prononcer sont sans équivoque, énoncent à voix haute et de manière claire un mal être qui est le sien. Voir celle qui fait vibrer son âme et battre son cœur partir, n'avoir aucune indication au sujet de la date de son retour. Imaginer le pire, que celle-ci périsse loin de lui sans qu'il ne puisse rien faire pour l'empêcher. S'il est parvenu à mieux vivre ces absences au fil du temps, qu'il a bien saisit que lutter contre cela pourrait nuire à son couple, la dernière lui a paru bien plus cruelle que les précédentes.
Sa fille le fixe, yeux grand ouverts. Visiblement le culot du gentil canadien surprend. Les longs silences qui sont habituellement les siens, ces sourires de pacotille qu'il offre à ses proches suffisent à faire passer son mal être au second plan des préoccupations des gens qui vivent dans cette demeure. Sans rien regretter de ses dires, le canadien pose son regard chocolat sur sa belle. Pas l'ombre d'un sourire ne vient égailler le visage du père de famille. Que leur relation soit saine, qu'ils soient tout deux sur un même pied d'égalité, c'est Mafdet elle même qui lui en avait fait la demande il y a des années. Depuis leurs vies ont changé, ce monde a changé et n'est plus que l'ombre de ce qu'il a pu être. Le presque quinquagénaire se déplie de toute sa hauteur, fixe sa femme. Enfin celle qui pourrait l'être officiellement s'il était doué d'un peu de cran. Cela fait presque huit ans à présent que dort dans le tiroir de sa table de chevet un anneau qui paraît être fait d'or blanc.
-Papa va pas très bien en ce moment. Il a fait une petite déprime quand ils lui ont interdit d'aller bosser.
...
Voilà que sa gamine se donne un nouveau droit, celui de parler en son nom. Le canadien croise les bras, se ferme totalement à l'entente de ce qui ressemble à une tentative de soutien défaillante. Il lance toutefois un regard noir à sa fille pour bien faire comprendre à cette dernière que sa présence n'est pas indispensable dans un pareil instant. Ce coup d'œil mauvais lui est rendu, mais la jeune femme comprenant sans mal que le vent n'est pas loin de tourner décide pourtant de quitter la pièce, non sans oublier d'emporter avec elle les restes de cette tarte que son père n'aura même pas eu la possibilité de goûter.
Les portes claquent. Cuisine. Celle de l'entrée et finalement Joanie semble quitter la maison sans demander son reste. Dents serrées, voix plus fluette qu'à l'accoutumée et cela malgré lui Richard murmure quelques mots.
-Troy ne voudra pas des bonbons. Selon lui, on ne sait pas ce que tu mets dans la nourriture. Il a une théorie née du fin fond de sa connerie qui lui fait croire que tu me manipules depuis 10 ans. Je lui ai dit que c'était impossible. Tu ne passes pas assez de temps à la maison pour en avoir l'occasion.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Mer 10 Fév 2021 - 20:14
La théorie du bonheur
Mafdet ft. Dick
- Non et heureusement. Parce qu'avec Jo qui va bientôt déménager, j'aurais tôt fait de finir tout seul dans cette baraque !
Le silence se cogne aux murs.
Tama n’abandonne pas le navire. Seulement la bonne nouvelle est voilée d’un reproche, qui ne l’est pas. Dick fait front, seul. Son visage de flic en service collé sur sa face. Il lui manque plus que le carnet à prunes et on a la totale. Jo n’en croit pas ses oreilles ni ses yeux. Cela sort des habitudes de son père. Cela devait arriver un jour. J’imagine que la coupe est pleine, sa transformation en marcheur, heureusement enrayée et la réaction de Troy furent les gouttes de trop.
Une chape de lassitude se dépose sur mes épaules. J’ouvre les lèvres pour lui demander si je ne me sens pas seule sur mon cheval quand je sors améliorer l’ordinaire de toute une communauté. C’est un peu faux, je pense d’abord à ma pomme, celle de mes proches avant le reste de l’humanité. Une sourde colère enfle dans mon ventre. Il a sa fille, ses collègues, les voisins, mais Ô drame, il lui manque sa femme, une douce créature qui devrait vivre à l’ombre de son mari... Pendant que moi, je n’ai qu’un cheval et des zombies pour me tenir compagnie. Bordel ! J’échange tout de suite nos rôles ! Enfin non, je hais les cages. Jo me devance.
- Papa va pas très bien en ce moment. Il a fait une petite déprime quand ils lui ont interdit d'aller bosser.
« Petite… déprime ? » Je me mords la joue pour me taire, ne pas sortir que les petites déprimes c’était un luxe d’un autre siècle. Petite déprime ! Sérieux ! À ce compte-là, toute la population a des motifs de déprimer. Je jette un regard à Dick, on dirait Troy à onze ans devant une assiette de légume. Son côté enfantin m’a séduite, là il m’exaspère. Une guerre muette entre père et fille conduit Jo dehors avec ce qui semblait être une part de douceur prometteuse. Nous voilà seuls. Trop d’électricité dans l’air, je veux repartir causer à mon cheval et saluer les zombies. Dick reprend la parole. C’est la faiblesse de sa voix qui fait que je ne prends pas la porte à la suite de ma bru.
- Troy ne voudra pas des bonbons. - Ça nous en fera plus. Pire, ça vaut de l’or au magasin central ! - Selon lui, on ne sait pas ce que tu mets dans la nourriture. Il a une théorie née du fin fond de sa connerie qui lui fait croire que tu me manipules depuis 10 ans. Je lui ai dit que c'était impossible. Tu ne passes pas assez de temps à la maison pour en avoir l'occasion.
Je hausse les sourcils. Je ne m’en suis jamais caché. J’ai toujours obtenu ce que je désire et me suis employé à le faire. Dans la vie, il y a deux catégories de personnes : les chats et les souris. Mais il arrive parfois qu’une souris mate un chat, sans le faire réellement exprès, à moins de s'appeler Cortex. On se manipule tous les uns les autres.
- C’est vrai, dis-je sans préciser de quelle partie des accusations de Faux-cul premier je parle.
Je pose ma veste sur un dossier et file au garage par la porte de service. Il faut déballer ce que j’ai rapporté, trier ce qui est pour Derek. Dick suit visiblement inquiet.
- J’ai mis des trucs dans la nourriture.
La famille Turner se sentait mieux quand j’étais là, misant l’effet bénéfique sur ma seule présence.
- Appelle ça soins de fond, gestion de stress, des terreurs nocturnes de ton ingrat de fils, dopage aux vitamines et sels minéraux ou poison comme il l’insinue.
Ma voix est sèche, tandis que je défais mes sacoches et sors ce que j’ai pillé de notre ancienne société. J’ai commencé par ce que j’ai ramené pour Jo. La seule Turner qui a ma sympathie pour le moment. Pantalon de grossesse, soutiens-gorges d’allaitement, des boîtes de pilules pour jeune parturiente. J’ai l’équivalent en décoction druidique, mais comme pour le reste, pour ne pas passer pour une sorcière, une empoisonneuse, je me suis abstenue. Suivent body de toutes tailles, babygros, turbulette, couches lavables et autres vêtements premier âge. À côté de moi, Dick me regarde, choqué peut-être, l’incompréhension dégouline de ses yeux.
J’attaque un autre sac, de bouffe celui-là. Je sors les fameux bonbons de Troy que je range dans un carton où l’on dépose ce qui nous permet de faire du troc ou générer des crédits au magasin central. Cette gélatine bleue qui n’a pas bougé en dix ans tant c’est bourré de conservateurs. Elle vaut un trésor, l’équivalent d’un repas complet pour un seul bonbon. Troy fait bien de penser que je les empoisonne, ce qui n’est pas tout à fait faux avec ces friandises. Mais l’empoisonneuse, c’est la marque qui les a fabriqués y a un siècle de cela. Je range, fais des tas, occupe mes mains pour ne pas occuper ma bouche avec des mots que je regretterai. Quand une main stoppe la mienne. L’heure des explications a sonné. Je comprends bien le besoin de Dick, il me manque quand je suis loin. Mais qui ira chercher ce qu’il nous manque ? Dehors, la mort rôde au sens propre du terme et il me faut aller toujours plus loin.
Fuite en avant.
Je lâche ce que je tiens et serre mon homme entre mes bras. C’est si difficile d’être une femme ordinaire. Il faut du courage et de l’abnégation. Mon regard tombe dans le carton de truc à vendre.
- Hum… Je suis sûre que si tu lui agites un paquet sous le nez, il redevient le gentil garçon qu’on connaissait.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Ven 12 Fév 2021 - 12:06
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
Il ne prend pas de gants et ne cherche nullement à adoucir ses propos. Si la récente débandade avec Troy lui a apprit quelque chose, c'est qu'il faut discuter des problèmes avant qu'ils n'aient eu le temps de devenir impossibles à résoudre. Richard n'est pas parvenu à aller revoir son fils, ne veut pas parler à ce dernier avant d'avoir pu se laisser assez de temps pour que sa colère ait eu la possibilité de redescendre. Une discussion entre père et fils ne ferait qu'empirer les soucis qui sont déjà bien installés. L'ancien flic a donc décidé de fouetter les chats, les uns après les autres et cela sans précipiter les choses.
Ses sourcils se froncent et sa respiration se fige lorsque sa belle donne raison au gamin. Dick fixe sa femme, déconfit. Il n'avait même pas songé à craindre une telle réaction de la part de Mafdet. Les sottises de son fils lui paraissaient si folles, invraisemblables. Trop choqué pour parvenir à répondre quoi que ce soit, incapable de savoir quoi dire dans un pareil cas de figure, il peine à retrouver un peu de contenance. Sous son regard ébahi, Mafdet enlève sa veste puis quitte la pièce. Le canadien craint soudainement une fuite de cette dernière et cela lui ramène immédiatement les pieds sur terre. Sans prendre le temps de se dévêtir, il suit la fugueuse, soulagé malgré lui lorsqu'il découvre que cette dernière n'est pas allée plus loin que dans le garage.
Il serre les dents lorsque elle affirme avoir fait des ajouts à leur nourriture. Pour ne pas hurler, pour ne pas quémander plus d'explications tout en étant incertain d'être en capacité de conserver ce qui lui reste de calme, le garde serre les dents. Opine du chef machinalement à l'entente des aveux de celle qui vient de s'avouer coupable de malfaçons. On est certainement bien loin de tout ce que la rancœur mêlée à la bêtise du gamin a pu souffler à ce dernier. Dick sait bien et ce sans avoir eu besoin de le demander au principal intéressé, quel était l'avis de Troy sur le sujet. Il voit sa belle mère comme une empoisonneuse, se cherche des excuses pour tenter de justifier l'intolérable. Mais son père aussi naïf qu'il pusse être a ses limites. Des limites qu'il pensait claires, même si la surprise affichée par Troy lorsque ce dernier s'est fait mettre dehors peut laisser à croire que le discours paternel n'était pas aussi limpide que prévu.
Richard demeure muet, regarde sans vraiment la voir sa femme qui déballe ses dernières trouvailles. Tout le bazar nécessaire pour la grossesse de Joanie et le bébé à venir. Des affaires qu'il était encore si simple de se procurer il y a dix ans. Depuis on a apprit à faire avec les moyens du bord, avec ce que l'on parvient à trouver. Tous dans cette ville n'ont pas l'avantage d'être dans les petits papiers de celle qui passe son temps à risquer sa vie en dehors des barricades. La horde et son récent passage ont rappelé à certains que la vie, même si elle peut sembler douce dans l'enceinte des barricades est devenue rien de plus qu'un jeu dangereux que l'on mène avec la mort. Une mort dotée de jambes, un ennemi qui surpasse les survivants en nombre. L'ancien flic n'a pas desserré les mâchoires. À vrai dire il aimerait en savoir plus, en dire plus. Mais bien conscient d'avoir déjà lancé un pavé dans la mare, il veut également que ces retrouvailles qui débutent bien mal se déroulent de la meilleure manière possible.
Il est de toute façon techniquement impossible de faire pire que la dernière fois.
Changement de sac. Les bonbons qui étaient destinés à Troy. De la nourriture trop transformée pour que l'on parvienne à la cultiver dans les parages. Se gaver de mauvais sucre parfumé aux additifs est devenu un luxe à part entière. Le silence résonne dans le garage et aucun des deux adultes présent dans cette pièce gelée n'est prêt à couper ce dernier. Richard se passe une main sur le visage, puis pose cette même paluche abîmée par le temps sur une de celles de sa belle. Son regard chocolat glisse sur sa femme. Une tendresse habitant ses prunelles parvient, il l'espère en tout cas, à parler lorsqu'il est incapable de trouver les mots pour exprimer son désarroi. Dick ne crie pas souvent, courbe habituellement l'échine pour éviter les conflits. Peut être est ce qu'il est en train de faire actuellement, mais il s'en moque.
Fracas d'un paquet qui chute au fond d'un carton. Des bras qui passent autour de lui. Un peu de chaleur, le garde respire à nouveau. Du bout des doigts il joue avec les cheveux longs de sa belle, soupire. Lève les yeux au ciel quand elle murmure à propos du pouvoir présumé des bonbons sur la docilité de Troy.
-Il reviendra pas. On s'est disputés. J'ai mit trop de temps à voir le soucis parce que je voulais sans doute pas m'en rendre compte. Il est chez les Fitzgerald, il saute la fille d'Henri et il donne un coup de main à la garde quand il croit que je le sais pas. Il a dépassé les bornes et a semblé comprendre que je t'aime y a seulement une semaine. Je suis pas un saint... Qu'il m'insulte passe encore, mais il a dépassé les limites et si y avait pas eu Tama... Je me fiche que tu prennes soin de nous avec la bouffe.
Nul besoin d'être doté de dons surhumains pour savoir que de sa bouche ne s'échappe rien de plus que la vérité. C'est à présent son tour de passer les bras autour de sa belle, il fait glisser ses lèvres sur celles de Mafdet. Il demeure des non-dits. Cette situation, ce mode de vie qui les éloigne depuis dix longues années ne lui convient guère. Mais il ne sait comment leur ville parviendrait à tourner rond sans ces trouvailles que fait la féline. Des petits bonus qui améliorent un ordinaire difficile pour ceux qui survivent plus qu'ils ne vivent. Le canadien se passe la langue sur lèvres, puis songe. Il attendait le bon moment, un instant de paix qui ne se fera sans doute jamais. Il attendait un peu de courage, un coup de pied au cul que lui aurait donné le destin. Les doutes de son propre gamin, le voilà ce signe qu'il avait besoin de voir sans savoir qu'il l'attendait.
-Suis moi, j'ai un truc à te montrer.
Un truc. Il dédramatise comme il le peut pour oublier ce doute qui soudainement l'étreint. Mains de Mafdet serrées dans une des siennes, il tire cette dernière jusqu'à sa chambre. Leur chambre. Sans prendre le temps de fermer la porter derrière eux, il ouvre le tiroir de sa table de chevet. Une enveloppe de papier qui fut un jour blanc avant de jaunir au fil du temps. Richard ouvre son écrin de papier, fourre un feuillet couvert de son écriture brouillonne autant que de ratures dans une de ses poches de pantalon. Son regard glisse sur le sol. La méthode ancienne lui fait de l'œil, mais ses genoux craquent par ce temps frais. Il ne peut se permettre de prendre le risque de mettre du temps à courir après la féline si cette dernière décidait de prendre la fuite.
Il jette un dernier coup d'œil dans la direction de ce qui a longtemps été un secret. Son secret. Richard est sur le point de jouer avec le feu. Qui sait si la brune ne va pas lui rire au nez ?
-J'aime pas te voir partir. Je m'y ferais jamais.
Mafdet ouvre la bouche, prête à rétorquer quelque chose que le père de famille ne veut pas entendre.
-Tu me laisses finir ? C'est important.
Il sort l'objet du délit, le tient sans chercher à le dissimuler plus longtemps. Huit ans déjà que cet anneau dort, planqué dans une enveloppe de papier.
-C'est.. Une bague.
Une alliance pour être plus précis.
-Je sais qu'on a besoin que tu ailles dehors, et je connais personne ici qui serait prêt à le faire à ta place. Ici c'est comme une cage pour toi. T'es comme le nouvel alpha sur ce point. Le mariage, tout ça... C'est pas pour te garder à la maison. J'ai juste peur qu'un jour, tu ne reviennes pas. Que tu meurs dehors, loin de moi. Et que je passe tout le reste de ma vie à attendre. J'ai pas envie de devoir me faire une raison. J'ai pas envie d'être raisonnable quand il s'agit de toi. Parce que je t'aime. Parce que sans toi, ma vie c'était métro, boulot, dodo. J'étais juste un flic, un gars normal et banal avec deux gosses.
Sanglots dans la voix, le canadien peine à continuer mais s'efforce d'aller jusqu'au bout de son entreprise.
-Tu as changé ma vie, tu es venue y foutre le plus heureux des bordels et réveiller mon cœur. J'avais oublié que ça pouvait être aussi beau de se lever en pensant à une personne qu'on aime. Je suis même pas sûr que je savais ce que ça pouvait faire avant de te rencontrer. Et ça, je veux que personne ne puisse en douter. Alors... Est-ce que tu veux... M'épouser ?
Main tendue, l'anneau de métal blanc posé au centre de cette dernière il attend à présent.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Sam 13 Fév 2021 - 18:31
La théorie du bonheur
Mafdet ft. Dick
Le môme en Troy est mort, un paquet de bonbons n’aura pas sa faveur. Je laisse échapper un soupir. Je ne m’étais pas rendu compte de la haine que le fils de Dick a accumulée à mon égard au fil des années. Cela souligne l’un de mon principal défaut : mon manque d’empathie. J’engrange les infos que Dick balance presque sans reprendre sa respiration : la famille Fitzgerald, une nana qu’il baise à défaut de pouvoir se taper Tama et que Dick se moque que j’ai agrémenté à son insu la bouffe de la famille.
Je vois bien nos erreurs, les siennes comme les miennes. Seulement, j’ai bien peur que nous recommencions à l’identique, si on nous donnait une chance de recommencer. Nous sommes ce que nous sommes, pas ce que les autres aimeraient que l’on soit. Bien entendu, il est possible d’arrondir les angles, de faire des compromis. Mais tout changement trop profond de notre être est source de drames et de conflits. Il faut s’accommoder des autres sans que cela nous affecte de trop. Délicate équation à trop d’inconnues pour être solvable. Peu de chance que Troy change d’avis sur moi et autant pour que je me transforme en belle-mère de rêve. Cela s’est mieux passé avec Jo qui possède un caractère bien trempé semblable au mien. La fille de Dick n’a pas eu peur de se confronter à moi quand quelque chose ne lui convenait pas. Autant je respecte mes adversaires que je méprise les lâches qui ruminent dans mon dos. Troy doit avoir hérité cela de sa mère : la fourberie.
- Suis-moi, j'ai un truc à te montrer.
Dick m’attrape les mains et m’entraîne à l’intérieur. Souvent, il me réserve une surprise pour mes retours. Des petits riens avec des bouts de bricoles qui montrent son attachement et son amour. Une façon à lui de répondre aux attentions que j’ai pour lui à lui rapporter des choses de l’extérieur. Un moyen de donner une présence à l’absent ou l’absente. J’apprécie la diversion. Je n’aime pas les discussions tendues entre nous.
Intriguée, je le regarde sortir une enveloppe jaunie d’une commode. Il en sort une lettre manuscrite. Je reconnais son écriture, vois des ratures, mais le papier termine dans sa poche. Est-ce un poème qu’il peaufine depuis des années et qu’il n’a pas osé me lire par peur du ridicule ?
- J'aime pas te voir partir. Je m'y ferais jamais.
Je soupire, voilà qu’il remet cela sur le tapis. J’ouvre les lèvres pour répliquer, il me coupe.
- Tu me laisses finir ? C'est important. - Je t’en prie.
J’arrête de respirant en voyant l’alliance qu’il tient dans sa paume.
-C'est.. Une bague.
Dans un autre temps, j’aurais pu rire de sa remarque, soulignant l’évidence. Bague, les reproches sur mes départs, je n’écoute plus que d’une oreille son discours. Bague, chaîne, engagement. Cage. Tout à son monologue, Dick ne s’aperçoit pas que j’ai reculé d’un demi-pas.
Sa demande était prévisible, je suis presque étonnée qu’il ne l’ait pas fait plus tôt. Elle fait sens, c’est vrai. Mais c’est trop pour cette journée. Troy mis dehors, ses accusations pas si infondées qui me renvoient à moi-même. S’il y a bien une chose que je déteste, c’est que l’on me balance mes défauts en pleine figure. Que l’on me demande des comptes. Dick en a rajouté une couche, légitime, sur sa solitude. J’aimerais pouvoir me cloner. Nos aspirations sont opposées. Le sujet n’est pas nouveau, mais c’est la première fois qu’il l’aborde en frontal.
Dick termine sa diatribe par la question fatidique. Je secoue la tête involontairement. J’ai eu des hommes qui ont compté dans ma vie, suffisamment pour que je reste près d’eux un temps de vie, mais jamais je n’ai été mariée. J’étais immortelle, un tel pacte n’avait pas de sens, car j’étais toujours celle qui restait, la veuve. Ce n’est plus le cas, mais comment changer un caractère forgé pendant cinq mille années d’indépendance totale ?
Une grande colère se glisse dans mes veines. Comment ose-t-il me mettre au pied du mur, m’obliger à prendre une direction ? Les félins ont horreur qu’on les oblige en quoi que ce soit. Je suis une métamophe depuis tant de temps que je ne sais plus quelle personne j’étais avant, quel était mon caractère lorsque j’avais seulement douze ans ?
Sans un mot, sans un regard, je fuis la chambre, traverse le salon, attrape ma veste et ouvre la porte que Jo a claquée. Je sors sans la refermer. Je n’avais pas encore dessellé mon cheval. Il a encore tout mon paquetage de bivouac. Tout ce à quoi je tiens est dans ces sacoches. Je n’écoute pas, ne regarde pas l’homme qui m’appelle dans mon dos, saute sur le dos d’Atlantis et m’en vais dans un trop rapide plein ouest.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Jeu 18 Fév 2021 - 12:00
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
En guise de réponse à cette question pourtant si simple, il ne remporte que le plus froid des silences. Le peu d'assurance du canadien se fait la malle. Ses doigts se crispent autour de cet anneau glacé qu'il tient toujours dans sa main. Finalement il avait peut être raison de tant retarder cet instant. Richard a longtemps espéré que le bon moment viendrait, que cette déclaration pourrait un jour sonner juste. C'est seulement maintenant qu'il remarque le recul de celle qui représente un pan entier de sa vie et ce depuis dix ans déjà. Durant les absences de sa belle, il songe à elle, à ce manque qu'elle laisse à chaque fois. Quand elle est dans les environs, il tente au mieux de profiter de ces instants à deux, sans toutefois parvenir à ne pas craindre le prochain de ses départs. Cette situation est compliquée mais il n'existe pas de solution magique qui suffirait à combler les désirs de chacun.
C'est finalement en toute logique qu'il voit sa belle prendre le fuite face à cette demande. Un engagement qui ne devrait pas sembler si effrayant au bout de tant d'années vécues à deux. Même si ce geste de la part de Mafdet était prévisible, cela n'empêche en rien le cœur de l'ancien flic de se serrer pour mieux se fendre. Il n'a pas le droit à l'erreur, se fait violence pour ne pas hurler et encore moins douter, pour ne pas appuyer la lâcheté de celle qui est en train d'opter pour la fuite. Sans savoir si l'autre a prit la peine de l'écouter, doutant même que la féline se soit donné cette peine Richard presse le pas, la suit.
-Mafdet !
Il parle dans le vent, mais trop secoué sur le plan émotionnel pour parvenir à réfléchir en usant de logique, le flic court à l'extérieur de sa demeure. Il a du retard sur la brune qui déjà grimpe sur sa monture. Dick n'a pas le choix, doit la rattraper car il ne sait si sa compagne retrouvera seule le chemin de ce domicile qui est aussi le sien. Il refuse que cette scène soit celle qui mettra un terme à cette histoire qu'ils construisent à deux depuis tant d'années. Sans perdre de temps, sans réfléchir plus longtemps qu'il ne serait nécessaire de le faire, le flic pénétre dans le box de son cheval. Un soucis s'impose immédiatement à lui. La bête a été soulagée de sa selle il y a déjà presque une heure.
Richard passe alors le confort de son cœur avant celui de son postérieur. Grimpe à cru, grimace quand le geste se répercute sur ses bourses soudainement comprimées. D'un trot rapide, il file sur la route en direction de l'ouest, se fiant à cette silhouette qu'il discerne un peu plus loin pour se diriger. La chaussée non entretenue depuis des années, les nids de poules et autre défauts de cette dernière se répercutent sur Canucks, puis fatalement sur son cavalier dont la voix se fait plus aigue qu'à l'accoutumée lorsqu'il alpague à nouveau son point de mire.
-BORDEL MAFDET ! Je suis sûr que tu n'as même pas prit la peine de m'écouter ! Tu n'écoutes que ce qui te convient ! Et moi je suis trop gentil, beaucoup trop gentil.
C'est un fait, une certitude même. Il en a toujours été ainsi. Le père de famille a apprit au fil du temps que hausser la voix ne servait que rarement la bonne cause. Pourtant c'est bien de cette manière qu'il agit ce soir. La fugue est une option trop simple, une action que la féline a peut être le culot de juger guidée par la fierté mais que le canadien se contenterait de nommer pure lâcheté. Il a laissé la bague derrière lui, à la maison. Cette demande n'est pas le soucis le plus important qu'ils aient à gérer. Ils doivent discuter, de chose et d'autre sans craindre d'aborder des sujets pouvant mener à une discorde. Richard n'en peut plus de ce jeu de chat et de la souris même si ce soir il lui semble que les rôles viennent de s'inverser. Le chat effrayé par ce qu'il doit voir comme une laisse vient de prendre la fuite et c'est la souris qui se met alors en chasse.
La chaussée au bitume devenu irrégulier laisse place à la forêt. Le trot cède donc naturellement au profit du galop. C'est décidé que le canadien presse le rythme. Il est plus lourd que sa compagne et n'a pas pour lui le bénéfice du confort d'une scelle. La douleur grimpe dans son dos à présent. C'est d'une voix rendue rauque par la colère, par cette souffrance qui s'ajoute à celle de son cœur qu'il invective à nouveau celle qui vient de transformer le début d'une nouvelle perspective en une conclusion trop hâtive pour que Richard n'accepte cette idée.
-C'est ta dernière vie Maf' ! Et la seule dont je vais bénéficier ! 10 putains d'années ! L'engagement tu l'as déjà prit il y a dix ans.
La colère, la peur de perdre l'autre le rend plus vulgaire qu'à l'accoutumée. Cette nouvelle vie est parvenue à l'apaiser, à enfouir une partie de cette impulsivité qui aurait pu lui attirer des ennuis par le passé. Pour ne pas faire défaut aux siens et bien conscient d'être moins fort que cet ennemi improbable qui sème la terreur depuis dix ans, il a apprit à se canaliser. Mais ce soir tout ces efforts volent en éclat.
L'enjeu est trop important.
Trop pour qu'il ne laisse cette histoire mal se terminer, même si en cet instant le pire semble être en train de se jouer sous son regard impuissant. Ce soir, il est prêt à tout pour ne pas perdre celle qui a réveillé son cœur il y a tant d'années. Les enfants sont grands. Tama est là et veillera sur ceux qui sont devenus les siens avec le temps. Si le canadien doit passer de l'autre côté des barricades pour poursuivre sa belle, il le fera. Un coup de poker pour celui qui ne sait même pas si ses récentes mésaventures l'ont ou non immunisé contre ce virus qui a changé la donne.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Sam 20 Fév 2021 - 20:53
La théorie du bonheur
Mafdet ft. Dick
Je talonne ma monture envahie par un sentiment étrange. Le genre à faire dresser les poils sur les bras, à donner des ailes et un besoin irrépressible de fuir. Ma raison a chaviré en voyant l’anneau symbole d’amour, mais aussi d’engagement, de laisse, de cage. L’anima qui m’accompagne depuis des siècles a pris les commandes. Un exploit que d’avoir fui à cheval et non à quatre pattes sous une forme qui effraye encore ceux qui pourtant savent qu’ils ne sont pas au sommet de la chaîne alimentaire.
Ce sentiment, c’est la peur. Une sensation que j’ai rarement ressentie lors de ma longue vie. Enfin si, juste après être redevenue mortelle. Je sais maintenant quelle était la mission d’Erick : m’accompagner dans ce processus avant de s’évanouir dans un courant d’air.
Tu me fis d'imprévus et fantasques aveux Un soir que tu t'étais royalement parée, Haut coiffée, et ruban ponceau dans tes cheveux Qui couronnaient ton front de leur flamme dorée.
Tu m'avais dit « Je suis à toi si tu me veux » ; Et, frémissante, à mes baisers tu t'es livrée. Sur ta gorge glacée et sur tes flancs nerveux Les frissons de Vénus perlaient ta peau nacrée.
L'odeur de tes cheveux, la blancheur de tes dents, Tes souples soubresauts et tes soupirs grondants, Tes baisers inquiets de lionne joueuse
M'ont, à la fois, donné la peur et le désir De voir finir, après l'éblouissant plaisir, Par l'éternelle mort, la nuit tumultueuse.
Je me souviens de ce poème de Charles Cros que j’avais croisé pendant la commune de Paris. Il me revient par bribes. Dix ans que je suis avec cet homme. Ce n’est même pas le temps le plus long pendant lequel j’ai accompagné un amant, un ami. Dix ans que je suis avec ce type qui sait être homme solide, amant merveilleux, gamin facétieux. Dix ans qu’il me regarde comme la huitième merveille du monde.
Je galope à la vitesse de mon imposture. Je m’en veux de fuir, de mon manque de courage alors que je brave le danger chaque fois que je sors du havre de paix qu’est Beacon Hills. Je me penche sur l’encolure de mon cheval pour éviter une branche. Il ralentit de lui-même à l’abord de la forêt. Loin dans mon dos, j’entends Dick hurler. Avec le soleil qui se couche, les bruits de la nature s’apaisent, les sons portent loin. Il n’y a plus aucun bruit de moteur qui polluait nos vies sans que nous nous en rendions compte.
Mon cœur reprend un rythme normal au fur et à mesure que je m’enfonce dans les bois. Dick suit, plus buté qu’une mule. J’aurais parié sur un effondrement de sa part, un repli couché en chien de fusil sur son lit à pleurer et me maudire. Mais il est là, pas si loin, à affirmer qu’il ne cédera pas, qu’il ne cédera plus. Il n’y a pas plus déterminé qu’un homme décidé. Je ne doute pas de son attachement, mais du mien. Je l’aime, je suis fière de lui. Être à ses côtés est un bonheur sans cesse renouvelé. Pourquoi a-t-il besoin de cet engagement ? Hypocrite que je sus, je le sais bien. L’idée m’a souvent effleurée. Conclusion évidente. Oui, j’ai pris cet engagement il y a bien longtemps.
La présence des arbres m’apaise. Le soleil dore leur sommet perdu dans le ciel qui devient marine. Mon cheval contourne les obstacles, je ne le dirige plus depuis longtemps. Son congénère suit et guide son cavalier qui voit de moins en moins dans cette nuit qui s’épaissit. La fin de la course est une évidence, un rappel de la source de toute vie que j’ai servi quand j’étais encore une sentinelle. Il y en a-t-il encore de par ce monde ravagé ? Je mets pied à terre, fouille l’une de mes sacoches et prends quelque chose soigneusement enveloppé avant de laisser ma monture brouter quelques herbes folles.
Je m’approche de la vénérable souche. Sous ses racines circule un fleuve tempétueux que seuls les initiés peuvent entendre, percevoir. Le nœud tellurique perturbe les boussoles, hérisse légèrement les cheveux. Infimes sensations que l’homme qui s’approche à cheval ne ressent pas. Mon odorat est chatouillé par une odeur ferreuse, infime fragrance témoin d’un récent sacrifice. Je repère le retour d’un fragment de la souche. Ceci est une bonne nouvelle. Un vœu exaucé qui demande compensation. Mon sang coule de ma paume entaillée. Quelques gouttes et un psaume récité mentalement.
- Un ami est de retour…
Hors sujet total. Incompréhension de celui qui vient de mettre pied à terre à son tour et qui se masse les fesses. Je regarde le morceau de bois qui a retrouvé sa place. Il est temps que je j’accepte la mienne. Je me retourne vers Dick. Il ouvre la bouche, je lève un doigt péremptoire, puis récupère ce que j’ai mis dans la poche arrière de mon jean le temps de mon offrande au Nemeton.
- J’ai trouvé ça dans une bijouterie il y a cinq ans…
Je n’ai jamais trouvé le courage qu’à Dick aujourd’hui. Cette alliance traîne dans mes sacoches depuis tout ce temps. Elle ne les a jamais quittés de crainte que Dick ne tombe dessus.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Mar 2 Mar 2021 - 12:52
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
Ils s'enfoncent dans les bois. Maf et sa monture demeurent toujours dans les parages et ne sont pas parvenus à s'échapper. Canucks les suit, guidant seul son cavalier alors que ce dernier serait finalement bien incapable de conserver une telle allure dans cette pénombre dans laquelle il ne discerne presque plus rien. Le monde de lumière n'est plus, les étoiles et la lune sont les seules veilleuses qui veulent encore bien briller par leur présence. La cadence ralentit, soulagement pour le canadien qui souffre déjà de son impulsivité. Dick ne regrette pourtant nullement son choix, celui d'avoir suivi la fugueuse pour ne pas lui octroyer le luxe d'une simple fuite en guise de dernier mot. En cet instant, il désire une réponse. Des réponses. Suffisamment lucide pour savoir que celles-ci peuvent lui déplaire, il ne veut pourtant se défiler. Aujourd'hui, ce soir est venu l'instant de sa rébellion. Un moment certainement mal choisi. Mais parfois la vérité doit se faire blessante et crue pour que les relations entre humains puissent repartir sur des bases saines. Les songes du garde changent de cible, il pense à son fils avec qui il n'a toujours pas osé tenter de reprendre le dialogue. Son garçon, un môme turbulent qui est fatalement devenu un adulte trop rigide au fil du temps. La fin de ce monde qui n'est plus qu'un vieux souvenir heureux a abimé les gens.
Certains soirs, il semble à Richard qu'il porte le poids du monde sur ses épaules et il sait que son cas n'est pas isolé. L'éternel grand enfant qu'il était a vieilli de vingt ans en une petite décennie seulement. L'aigreur prend doucement mais sûrement le dessus sur sa bonne humeur. Durant ces dernières semaines il n'a pu s'empêcher de songer au pire, craindre que Mafdet ne revienne jamais près de lui. Terrifié par cette fin abominable qu'il a frôlé de près, se souvenant de ce qui s'est passé dans la cabane de Derek, il s'est enfermé dans un mutisme presque complet pour en sortir il y a seulement une poignée de jours. La horde en arrivant a rendu sa liberté et sa lucidité toute complète au canadien qui se perdait dans ses idées noires.
Canucks se fige alors que déjà Mafdet semble avoir marqué l'arrêt. Conscient de n'avoir pu rattraper sa belle que parce celle-ci le voulait bien, le flic se laisse tomber à terre. Vacillant, dos et arrière train en vrac, il se masse le popotin. Rapidement il reconnaît le Nemeton, fronçant les sourcils lorsqu'il perçoit les quelques mots qui viennent d'être prononcés par la druide. Serait-elle déjà au vent de l'arrivée récente de Tobias, son mari et leur fille ? Il est vrai que l'alpha a nommé la féline au moment de citer des référents qui auraient pu lui permettre d'entrer en ville. Richard ne pipe toutefois mot, il a bien plus important à régler que ces possibles retrouvailles entre deux amis. Sans se soucier d'être silencieux il approche, ouvrant la bouche pour mieux invectiver sa fugueuse.
Il aimerait pouvoir la décrire d'une autre manière, mais c'est pour l'instant le terme qui lui paraît être le plus approprié pour parler de la féline. Dick se fait alors couper l'herbe sous le pied de la plus inattendue des façons. Colérique jusqu'ici il devient muet, trop choqué pour parvenir à prononcer un mot. Sa respiration se bloque, une boule obstruant sa gorge. Ses mains tremblantes se cachent dans un repli de sa chemise, sa mâchoire se tend. Crispé, mine d'homme constipé rivée au visage l'ancien policier ne sait plus quoi dire.
Un ricanement nerveux lui échappe finalement. Sa fureur née de la crainte de l'abandon se meut en un sentiment nouveau. Le désarroi l'acable soudainement, cette mauvaise habitude qu'il a prit au fil du temps naturellement et ce depuis son plus jeune page est en train de lui jouer des tours. Durant des années il a courbé l'échine pour ne pas se donner l'impression de crier dans le vent. Ses récentes mésaventures lui ont pourtant offert un présent inattendu. Il chérit la vie pour ce qu'elle est, bien conscient de pouvoir tout perdre en un instant. Dick est toujours aussi silencieux, sans doute depuis trop longtemps pour que cela soit rassurant pour celle qui vient de se déclarer à son tour. C'est presque penaud, un peu con mais pas plus qu'à l'habitude qu'il répond enfin sans vraiment contrôler ces quelques mots qui lui échappent.
-J'ai laissé la tienne à la maison...
Il avait plus urgent sur le moment à penser et se devait de laisser une marque de son départ pour ne pas inquiéter les siens. En voyant l'alliance délaissée, Tama aurait saisit la raison de l'absence de son frère. Richard en est persuadé.
-Huit ans que j'attends le bon moment. Je me suis rendu à l'évidence. On aura jamais un bon moment pour le faire et je ne veux pas vivre dans le regret. La vie est suffisamment cruelle, j'ai pas envie d'en rajouter une couche en jouant les masochistes.
Richard pourrait s'asseoir à même le sol mais il n'est pas certain que son postérieur soit prêt à tolérer un nouvel affront. Alors il demeure debout, ose un pas dans la direction de celle qui est devenue au fil des années, et ce bien plus vite qu'il ne l'aurait cru toute sa vie ou presque. Les enfants sont grands, ingrats dans cette indépendance qu'ils ont finalement prise chacun à leur manière. Joanie va bientôt partir vivre avec Eric et leur bébé. Richard sait que si sa fille reste encore avec lui c'est uniquement pour ne pas donner à son père l'impression de le délaisser. Et sans doute un peu pour le surveiller également. Le cas Troy est plus limpide, plus douloureux à admettre également. La faute d'un père qui n'a pas su voir le mal-être de son enfant.
-Tu peux dire non. Je le vivrais bien.
En tout cas il fera de son mieux pour y parvenir.
-Si tu dis oui sache que ça ne changera rien à notre vie actuelle. Tu auras juste une bague et un second nom de famille. Ton ami Tobias a réussi à se marier en vivant dix ans dehors. Sa situation est clairement plus merdique que la nôtre.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Dim 7 Mar 2021 - 17:10
La théorie du bonheur
Mafdet ft. Dick
C’est sorti tout seul. Cinq mille ans d’existence, et je ne suis même pas capable d’accepter cette demande en mariage, l’unique fois où je vais dire « oui », de façon convenable. Je n’avais jamais imaginé ce jour, je l’avais écarté de mon esprit depuis que l’évidence se concrétisait. Pas tout à fait, vu que j’avais passé du temps dans cette bijouterie à choisir un anneau qui lui conviendrait.
- J'ai laissé la tienne à la maison...
Je hausse les épaules. Nous sommes deux boulets. Deux beaux boulets incapables d’affirmer avec force les sentiments que nous nous portons. Dick se lance.
- Huit ans que j'attends le bon moment. Je me suis rendu à l'évidence. On aura jamais un bon moment pour le faire et je ne veux pas vivre dans le regret. La vie est suffisamment cruelle, j'ai pas envie d'en rajouter une couche en jouant les masochistes.
La vie a toujours été cruelle, même avant l’effondrement. Combien sont passés à côté de leur vie, car « ce n’était pas le bon moment ». Trop, la majorité peut-être.
- Tu peux dire non. Je le vivrais bien.
C’est faux, il le vivra mal. Pas besoin d’écouter les ratées de sa pompe cardiaque pour le savoir. J’ai déjà pris ma décision. J’attends simplement qu’il me laisse un blanc suffisant pour que j’en place une. Je ne lui coupe pas la parole, car je comprends qu’il a besoin d’aller jusqu’au bout, de dire ce qu’il a sur le cœur.
- Si tu dis oui, sache que ça ne changera rien à notre vie actuelle. Tu auras juste une bague et un second nom de famille. Ton ami Tobias a réussi à se marier en vivant dix ans dehors. Sa situation est clairement plus merdique que la nôtre.
Tobias, marié ! Il faut que je rencontre la personne qui lui a dit « oui ». Cela doit être quelqu’un de particulier, exceptionnel. Un peu comme Dick. Je suis un peu son « Tobias ».
- Ça changera rien ? Je n’ai même pas droit à une robe blanche façon princesse ? Des demoiselles d’honneur et un temple parsemé de pétales de rose. Un orchestre, un repas gargantuesque ? De beaux éphèbes qui danseront lascivement. Une montagne de croquettes au saumon extra ? Une pièce montée haute comme l’Everest ?
Au fur et à mesure que je liste les points d’un mariage grandiose, le visage de Dick se décompose. Je comble l’espace qui nous sépare et me blottis dans ses bras.
- Je plaisante, ma jolie souris. Je veux bien t’épouser sans chichis inutiles.
Je me demande si cela ne serait pas l’occasion d’organiser un repas avec Derek, Ian, Chad et quelques amis proches.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Lun 15 Mar 2021 - 11:32
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
Dick opine du chef lorsque Mafdet lui demande de confirmer que cela ne changera en rien leur mode de vie actuel. Puis bien vite il blêmit quand cette dernière commence à énumérer un faste d'antan qu'il ne peut se permettre de lui offrir pour une pareille célébration qu'il ne peut imaginer se dérouler autrement que de manière modeste. Bénissant cette pénombre qui il le sait ne suffit pourtant pas à dissimuler son trouble soudain, le canadien joue machinalement avec ses mains pour tenter de camoufler au mieux son embarras. Il respire doucement, accueille avec un bonheur non feint la féline tandis que cette dernière vient de se lover contre lui. Il renferme ses bras autour de la silhouette fine de l'être aimé. Elle lui a manqué, tant qu'il ne saurait décrire ce sentiment avec des mots dont il maîtrise l'usage. Un rire de gorge lui échappe, bien vite il colle son nez dans les longs cheveux bruns de sa belle. Soupirant son soulagement, il ose un trait d'humour à son tour.
-La montagne de croquettes ça me semble compliqué, mais je pense que Tama pourrait te dégoter un joli stock de poissons.
La robe blanche est elle aussi une idée qui peut devenir réalité. Pas contre pour ce qu'il est des éphèbes, Mafdet peut toujours courir. Richard laisse sa bouche glisser tout contre la nuque de sa belle, doucement il murmure des paroles, une litanie qui traduit son amour de manière simple. Une mélodie qui finalement ne veut pas dire grand chose. Il n'est pas le plus brillant des hommes, pas le plus fort non plus. Pourtant cela fait déjà dix ans que celle qui l'accompagne ce soir reste près de lui. Même lors de ses absences, la féline ne le quitte jamais vraiment. Un doux songe constant, comme une couverture pour l'âme du garde. Une véritable ancre à laquelle il peut se raccrocher.
Richard inspire, ses mains se font muées d'une volonté indépendante. Caressantes, presque baladeuses. Il n'est pas devenu moine avec le temps, un autre sujet qui rend les absences de sa belle frustrantes. Mais il faut bien avouer que la mine refrognée de sa fille se plaignant des activités nocturnes de son père et de celle qu'elle a apprit à voir comme une mère, et même une amie au fil du temps vaut son pesant d'or. Dick cajole sa belle, le souffle court. Tout autant charmé qu'il a su l'être au premier jour. Il se souvient du chat sur ses cuisses lors de son arrivée au poste de police de cette ville dont il ne connaissait encore rien. Puis reviennent d'autres souvenirs. La ruelle, leurs congés au Canada, ce soir où il l'a embarqué pour le poste de police alors qu'elle avait fait un carnage dans un restaurant en compagnie de son ami Tobias.
Puis tout a changé, l'apocalypse s'abattant sur eux comme une imprévisible chape de plomb. Richard regrette parfois cette facilité de vie qu'ils ont tous connu, puis se dit que finalement l'herbe est sans doute plus verte chez lui que chez ses voisins. Chanceux dans le malheur, l'ancien policier n'a perdu que peu de proches.
-Je vais demander à Tama. D'être mon témoin. J'aurais aimé que Will soit là aussi, il me manque parfois.
C'est là la plus grosse perte qu'a vécu le canadien depuis ce qui paraît avoir été le début des emmerdes générales pour tout le monde. Evidemment il est aussi sans nouvelles de ses parents, ose espérer que ces derniers sont toujours bel et bien en vie. Un optimisme qui ne l'a jamais lâché, et ce même dans les pires moments. Un trait de son caractère qui peut pousser à sourire, ou plutôt à rire. C'est pour ne pas sombrer que le canadien s'accroche à des certitudes certainement faussées. Il lève les yeux vers le ciel. Dans cette clairière qui camoufle ce qui est un trésor on a une belle vue sur les étoiles et sur cette lune qui bientôt sera pleine. Un paysage apaisant qui pousse le garde sur le chemin de la réflexion.
-Il aurait su voir que Troy allait mal. Je vais devoir aller parler au gamin. S'il apprend qu'on se marie par le biais d'une tierce personne, ce sera pire encore.
La gorge de l'humain se serre, comme obstruée par une boule de culpabilité et de rancœur. C'est difficilement qu'il parvient à ajouter quelques mots.
-Je suis heureux. De t'avoir près de moi. Mais... Mais j'aimerais qu'il comprenne que ça ne m'empêche pas de l'aimer lui aussi. Je commence à vieillir et l'espérance de vie n'est plus la même qu'autrefois pour un petit humain comme moi, je ne veux pas finir ma vie seul et aigri.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Dim 21 Mar 2021 - 10:58
La théorie du bonheur
Mafdet ft. Dick
Dick évoque la possibilité d’une montagne de poissons avec l’aimable contribution de Tama. Je ronronne de plaisir.
- Et les éphèbes ?
Un regard me suffit pour me faire comprendre que Dick ne supportera aucune concurrence ce jour-là ni les autres d’ailleurs. Je me sens bien dans ses bras. Dick m’idéalise. Si cela comblait mon ego au début de notre relation et rassurée de son amour indéfectible, c’est un peu devenu une ombre au tableau ces derniers temps. Sa demande en mariage signe le tournant de notre relation. Un virage qui s’amorce depuis quelques mois ponctués de reproches muets ou verbaux, de nouvelles exigences légitimes de sa part. Il en faut du courage pour passer le pas au risque de briser des liens éprouvés par la vie.
- Je vais demander à Tama. D'être mon témoin. J'aurais aimé que Will soit là aussi, il me manque parfois. - Willem est débrouillard et a été élevé en nomade. Si lui ne survit pas dans ce monde, personne ne le peut.
Dick lève les yeux au ciel qui se dévoile par-delà la cime des arbres. La voûte céleste est plus pure que jamais, bien plus lumineuse qu’une décennie apparemment. Plus d’essence, l’homme bouge moins, ou va moins loin. La nature respire à nouveau.
- Il aurait su voir que Troy allait mal. Je vais devoir aller parler au gamin. S'il apprend qu'on se marie par le biais d'une tierce personne, ce sera pire encore.
Je ne dis rien. J’ai bien vu que Troy partait en vrille, mais que faire ? J’étais celle qui lui volait son père. Difficile d’être objective dans ce conflit. Je me contente de hocher la tête. Oui, il est préférable que Troy apprenne ce mariage par la bouche de son paternel.
- Je suis heureux. De t'avoir près de moi. Mais... Mais j'aimerais qu'il comprenne que ça ne m'empêche pas de l'aimer lui aussi. Je commence à vieillir et l'espérance de vie n'est plus la même qu'autrefois pour un petit humain comme moi, je ne veux pas finir ma vie seul et aigri. - Hey ! J’ai pas l’intention de devenir veuve dans les trente prochaines années !
J’embrasse fougueusement l’homme que j’aime et, le tirant par la main, le rapproche de nos montures qui broutent non loin de nous. Nous marchons sur le sentier du retour, tenant nos chevaux par la bride. Nos mains s’effleurent parfois. Seuls la respiration rauque des chevaux et le bruit de leurs sabots sur la terre battue troublent la nuit. Dick se traite de petit humain, mais il ne se rend pas compte que sa vision nocturne s’est améliorée. L’absence d’éclairage public, et la raréfaction de tout ont forcé son corps à retrouver des capacités inscrites dans ses gènes, mais tombées en dormance avec la vie moderne. Si je le guide pour le chemin à prendre quand nos pas ne sont pas sur une route distincte, il n’a pas besoin de moi pour éviter les ornières sous ses pas. La lueur des étoiles suffit.
(…)
Les chevaux dorment enfin, lestés de leurs selles. Nous avons fait l’amour, lentement, avec une infime douceur. Nous sommes trop chamboulés pour arriver à dormir.
- Je vais retourner deux fois à Boise. La ville est loin, mais intacte de tout pillage, car infestée de marcheurs.
Je fais taire les protestations de Dick en l’embrassant.
- Je vais y aller avec plusieurs montures pour me charger un maximum. Il y a un phénomène météorologique qui fait bouger les morts. Il suffit que je suive le même chemin qu’eux, tout en restant à bonne distance de la queue de leur horde. J’irai voir le gouverneur pour qu’il me donne une liste de ce dont on a besoin. Ensuite, j’irai proposer mes services à l’hôpital pour développer leur pharmacopée.
J’avais toujours été réticente de transmettre mon savoir séculaire à des non-druides. Sortir et rapporter des médicaments et des reliques de technologie avaient été un pis-aller à cette défection de ma part.
- Et ça fera de la concurrence à cette pimbêche d’Evelyn Longuefeuille !
L’ancienne avocate a repris ce qui était, de peu ou prou, le métier de pharmacienne. Et comme dans les siècles passés, c’est une activité plutôt lucrative. Son pendant communautaire peine à répondre à la demande faute de bras et de connaissances requises.
- Je n’aime pas cultiver les plantes médicinales, mais je peux montrer comment faire et m'occuper seulement de leur transformation et de leur indication médicale. Cette activité devrait remplacer les crédits que je gagnais avec ce que je vendais au magasin.
Il y a des chances que je sois perdante. Mais entre bien gagner sa vie en étant toujours sur la route ou avoir un salaire correct tout en restant proche de ceux que j’aime. Le choix n’est pas si difficile à faire une fois que j’arrête de fuir mes craintes, non fondées pour la plupart.
Sujet: Re: La théorie du bonheur [FT Maf] Lun 22 Mar 2021 - 12:11
La théorie du bonheur FT Mafdet Mahes
Il n'ajoute rien, pas même un frémissement de sourcils pour répondre à sa belle. Dick savoure tout simplement cet instant, ce baiser fougueux qui lui coupe le souffle. Il aime cette femme, un fait qui n'a pas supporté le moindre changement et ce depuis dix ans déjà. De son arrivée dans cette ville qu'il ne connaissait à l'époque pas, de tout les événements qui ont suivi, il ne regrette rien. Certes toute cette histoire de fin du monde, ces morts qui se relèvent n'était pas une péripétie du meilleur goût. Mais ce n'est pas comme s'ils avaient eu leur mot à dire au sujet de ce brusque changement qui a ramené l'humanité quelques siècles en arrière.
Il suit la féline, doucement ils rentrent à la maison. Leurs montures les suivent docilement tenues fermement par leurs brides. Parfois les doigts de leurs propriétaires s'effleurent. Des gestes emprunts de tendresse, ceux de l'habitude. Avec cette vie qu'ils mènent, la routine n'a plus de sens. On n'a perdu la possibilité de pouvoir s'appuyer sur des choses que l'ont songeait parfois à tord nous être acquises. Les relations entre les gens sont alors plus fortes. Pour survivre en ces temps difficiles il faut apprendre à faire confiance, à accepter de se reposer sur son prochain. Cette fin de tout précipitée leur a peut être dérobé beaucoup mais elle leur a également apprit à écouter leurs cœurs, à vivre à nouveau de manière intense.
Vivre chaque jour comme si c'était le dernier. La vie n'a jamais été si fragile, on se doit donc de la mener sans filtre et sans regrets. Cette demande après tant d'années, cette fin heureuse qui se dessine à l'horizon montre que bien souvent il faut savoir se bouger les fesses avant qu'il ne soit trop tard.
[...]
Ils ont fait l'amour, tendrement. Mais le sommeil se fait désormais fuyard après une soirée riche en émotions fortes. Richard joue du bout des doigts avec le drap, le corps de Mafdet lové tout contre le sien. Dans la pièce d'à côté Tama vient de se retourner brusquement dans son lit. Joanie ne semble pas être revenue depuis son départ quelques heures plus tôt. Cette dernière est sûrement avec Eric et l'enfant dont ils ont la charge depuis bientôt une semaine. Soudainement devenu grand-père avant même que la grossesse de son ainée ait pu arriver à son terme, Dick a été surpris par le choix de son gendre. Avant de bien vite se raviser. Le fils Argent est quelqu'un de bien, tout comme son père qui s'échine à faire vivre plus que survivre leur petite communauté.
Dick frémit en comprenant que Mafdet parle de ses prochains et derniers voyages à l'extérieur. Il ne s'attendait pas à ce que la féline prenne une pareille décision. Après la surprise, c'est bien vite la peur qui s'affiche sur le visage du canadien. Il proteste, terrifié à l'idée de perdre sa moitié.
-Comment veux-tu que je...
Un baiser l'intime au silence. Trop fatigué pour se lancer dans un combat qui lui paraît être comme perdu d'avance, l'ancien flic laisse sa tête retomber sur l'oreiller tandis que Mafdet lui détaille un plan qui semble fou. Assez pour avoir toutes les chances de fonctionner. Sa compagne, sa future femme parle de l'après. D'une vie rangée. Tout ce qu'elle a su éviter jusqu'à aujourd'hui. L'ancienne professeure n'avait mit que peu de temps avant de prendre la route lorsque leur situation était devenue concrète. Certes quelques doux illuminés trop attachés à un confort que les plus lucides savaient déjà d'antan ont longtemps cru à un retour de ce qu'ils jugeaient être une vie normale.
Des gens qui sont pour la plupart morts, incapables de songer à demain tant ils souhaitaient vivre dans le passé. Richard sourit de manière narquoise lorsque mention est faite de celle qui officie en tant que parodie de pharmacienne.
-Joanie ne l'aime pas beaucoup non plus.
La jeune femme ne prend que rarement la peine de mâcher ses mots lorsqu'il s'agit de donner son avis. Le tempérament de feu de la rouquine a déjà donné naissance à des scènes plus que cocasses. La grossesse et la montée d'hormones qui va avec n'a rien su arranger au caractère de la future maman.
Mafdet expose des lacunes qu'elle sait être les siennes. Mais également des qualités qu'elle ne partage avec aucun des membres de leur communauté. Le garde fauche une des mains de sa compagne, la porte à ses lèvres pour y délivrer quelques baisers.
-Jo arrive à faire pousser tout et n'importe quoi.
Leur jardin en est la preuve. L'amour des sciences de la jeune femme s'est transformé en passion pour la botanique au fil des années. Elle a su planter sur leur terrain de quoi les nourrir et leur éviter à tous le scorbut et autres maladies peu plaisantes. Dick s'était contenté de piéger les environs avec les moyens du bord, limitant ainsi le nombre de larcins dont ils auraient pu être les victimes.
-Elle a un jour dit à madame Longuefeuille que ça ne servait plus à rien de jouer les bourgeoises.
En usant de termes peut-être moins charmants. Pourtant la fille de l'ancien policier n'a pas pas que des qualités. Si elle sait faire pousser des plantes en tout genre, la jeune femme se révèle aussi médiocre en cuisine que pour officier à l'art de la transformation des plantes en question. Des expériences douteuses, ils en ont vu défiler en grand nombre durant ces dernières années. Certes l'échec devient au fil du temps le terreau qui permet à la réussite de prendre racine, mais il semble que ce moment n'est pas encore venu.
Depuis la chambre de celui qui est devenu naturellement le frère de Dick, un souffle lourd leur parvient. Tama a le sommeil agité depuis quelques jours, Richard connaît la cause de cet état. L'éloignement qu'il a imposé à son garçon ne convient pas à son vieil ami. Le garde soupire, se love dans le dos de sa belle. Il fauche une des mains de sa femme non sans avoir précédemment soufflé sur la dernière bougie pour en éteindre la lueur. Dans leur petite chambre, une lourde fragrance de cire d'abeille chauffée s'éternise.
Dick se calle, murmure.
-Ah et au fait. Vous êtes grand-mère madame Mahes-Turner.