Sujet: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Mar 6 Déc 2022 - 18:20
Le poulet boiteux FT Jay Knezevic
Il n'est que treize heure trente et déjà Joanie fait la moue alors que son père, incapable de se conduire par ses propres moyens vers ce spécialiste que lui a conseillé son médecin traitant, lui permet de sécher les cours de sport qui étaient au programme de son emploi du temps de lycéenne pour ce mardi après-midi. Après avoir renâclé au sujet de la lenteur avec laquelle son père a descendu les trois étages qui mènent à leur appartement, celle qui se voit déjà être une femme mais que son paternel ne cesse de considérer comme sa petite fille a dû prendre la route vers cette clinique dans laquelle son père a rendez-vous. Une énième consultation qu'il va devoir justifier auprès de son assurance maladie qui peine à se montrer compréhensive. Des grattes-papier attachés à l'amour qu'ils éprouvent pour leurs billets de banque. Trop pour saisir sans mal qu'un flic boiteux fait mauvais genre dans un poste de police ou encore sur le terrain.
Richard lassé de ce jeu sans fin dont il n'a pas encore compris le sens de chaque règle tait son impatience. Son moral est en berne et son compte en banque rougit de jour en jour. La faute à pas de chance, un compère dont Dick se passerait bien et qui ne cesse de lui coller au train depuis qu'il vit dans cette ville. À moins que ce ne soit la barre de fer qui puisse être la coupable de tout ces tracas qui encombrent la vie du père de famille ou encore la lenteur avec laquelle la justice de ce pays agit. Jamais trop vite, il serait dommage que ce système coûteux pour le contribuable ne devienne efficace.
Dick n'est pas seulement las, il est devenu amer. Privé de cette cour de récréation qui lui permettait de se défouler une fois par semaine mais aussi de remplir son portefeuille. Il craint bien s'être trompé sur toute la ligne en devenant celui que son père voulait avoir comme fils. Depuis l'incident Sacramento Hank a appelé une fois pour entendre la voix de son gamin et s'assurer que ce dernier se portait bien. Quelques froides minutes, des silences lourds de sens sur fond de brève discussion impersonnelle dont Richard se serait bien passé.
Joanie démarre son automobile, se faufilant dans la circulation en lançant de trop rares regards à ses rétroviseurs. Dick serre les dents, retenant une réflexion acerbe avant de se dire qu'il serait peut être mauvais d'agacer cette gamine déjà naturellement dangereuse lorsqu'elle se trouve aux commandes d'une voiture. Tout en tenant le papier du docteur entre ses mains, le policier qui songe depuis quelques semaines à un brusque changement de carrière sent son cœur se lever lorsque sa progéniture prend un virage sec après avoir visiblement oublié de s'arrêter à un feu rouge. La main libre du canadien se serre sur sa cuisse, ses doigts aux ongles coupés avec soin s'accrochent au tissu épais de son jean. Il ferme les yeux, inspire avant de souffler une vacherie de manière incontrôlée.
-La mafia m'a pas eu mais c'est toi qui va me mener au cimetière ! -J'ai jamais eu le moindre soucis depuis que j'ai le permis.
C'est vrai et le père de la jeune femme est le premier à en être surpris. Lui qui pensait que sa fille ne tarderait pas longtemps avant de se faire confisquer son permis par ses collègues voit Joanie lui démontrer qu'il avait tord. Elle parvient à se faufiler, éviter les drames et ne commettre ses infractions à la loi que lorsque les policiers de la ville sont hors de sa vue. N'est arrivée à la maison qu'une seule contravention, un excès de vitesse qui reste tolérable aux yeux de Richard. Sa fille est un danger ambulant, mais elle sait demeurer discrète. Il n'est pas certain que ce soit une bonne chose.
-Tu ne m'as pas dit le nom de ton médecin. -Knequelquechose. La secrétaire parlait vite et j'ai pas tout compris. -Tu m'appelleras quand ce sera fini. Je dois passer à la librairie, elle vient d'être rachetée. -Tu as prit un cv ? -Oui... J'ai du mal avec les jobs impliquant des clients.
Richard lève les yeux au plafond, un sourire désabusé prenant place sur ses lèvres. Joanie a perdu un premier travail, le second également et le troisième ne devrait pas tarder à prendre le même chemin une fois qu'elle aura su le trouver. La jeune demoiselle peine à accepter qu'on lui dicte sa conduite et elle a eu quelques soucis dans le dernier fast-food qui l'avait embauchée. Virée suite à un désagrément causé par un client qu'elle était sur le point de régler de la mauvaise manière avant que son supérieur ne s'implique dans cette triste histoire de main aux fesses qui a failli finir en claque dans le pif.
-Personne ne va te mettre la main aux fesses dans une libraire Jo. -Maf a dit que des cons on en trouvait partout.
Les conseils de distillés par Mafdet ne brillent pas toujours par leur justesse. Surtout lorsqu'ils s'adressent à une jeune femme de 18 ans en quête d'un modèle féminin. Mais ça Dick le tait. Le moindre de ses mots malheureux risquant d'être rapporté aux oreilles de sa belle.
Le silence qui fait son nid dans l'habitacle met un point final à ce débat dont le père de famille n'aurait pas pu se tirer victorieux. Il ne leur faut que quelques minutes pour que Joanie les mène à bon port, montant sur un trottoir en voulant se garer sur une des places de stationnement situées devant un bâtiment si impersonnel que Richard ne doute pas un seul instant qu'il puisse être dédié à la santé et à son entretien.
Sa fille lui ouvre la portière, le tire par le bras, l'épaule, la jambe et finalement la béquille pour l'aider à s'extirper de la voiture. Richard râle, sacre sans oublier de rappeler à sa fille que sa douceur s'est fait la malle depuis belle lurette. Quelques places plus loin, un homme les observe alors qu'il quitte lui aussi sa voiture. C'est souriants que père et fille rassurent celui qui s'inquiète des mauvais traitements qu'impose la rouquine survoltée à ce géant qui enfin a su sortir de cette automobile qui ressemble à une pièce de musée. Richard lève un pouce en direction de l'homme pour lui prouver que tout va bien.
[...]
Un ascenseur, le sourire de la secrétaire, un café prit au distributeur d'une salle d'attente plus tard, et voilà que Richard reste debout pour ne pas avoir à se relever dans quelques minutes. Joanie s'en est allée après avoir vérifié que son père n'avait rien oublié des documents dont l'homme qu'il s'apprête à rencontrer pourrait avoir besoin. Radios, courrier du chirurgien qui l'a opéré à Sacramento, une lettre de son propre médecin et même les ordonnances où sont listées toutes les pilules anti-douleurs qu'on a pu lui prescrire. Dos contre un mur, ses béquilles posées près de lui le policier observe la radiographie tout en prenant garde de ne pas y poser ses doigts. Sa jambe alors brisée en plusieurs endroits tenait plus du puzzle grossier que d'un membre permettant à son propriétaire de pouvoir se déplacer.
C'était il y a plus d'un mois, cinq semaines pour être précis et l'horreur de cette soirée ne cesse pourtant pas de hanter celui qui cette nuit là a bien cru que sa vie s'achevait sur une note macabre. La mafia, cette organisation qui pullule dans les villes de ce beau pays le fait plus vite encore que ne le font les rats dans les égouts. Un jour Amaro tombera lui aussi. Car nul ne doit agir de la sorte sans que la loi ne finisse par abattre son courroux sur l'insolent criminel qui a fait l'erreur de se croire exceptionnel.
Mais cette priorité n'est plus depuis quelques mois celle de Richard. Il a fait sa part et est prêt à rendre son insigne et son uniforme lorsque cette folie aura trouvé sa fin. Les pères de familles, les hommes ordinaires font de bien mauvais héros. Car ils ont trop à perdre dans ce jeu dont personne ne connaît vraiment toutes les règles. Songeur, perdu dans de moroses pensées qui n'appartiennent qu'à lui Dick manque de sursauter et fatalement chuter quand une voix appelle son nom.
Dernière édition par Richard Turner le Ven 6 Sep 2024 - 22:13, édité 1 fois
Jay Knezevic
Brumes du Passé : Chasseur Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 33 ans
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Alias : Urban Wolf Humeur : Confiante Messages : 224 Réputation : 111 Localisation : Beacon Hills
Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Jeu 12 Jan 2023 - 23:27
Le Poulet Boiteux ω Dick Turner
Le ciel gris de ce matin, qui m’avait forcé à venir travailler encapuchonné, s’était dégagé aux petites heures. Il restait toujours quelques traces du crachin matinal dans les herbes et autres feuillages lorsque j’étais sorti sur l’heure du midi. Avec des collègues, nous avons décidé d’aller casser la croûte dans un parc à proximité. Il n’y a généralement que le mardi et le vendredi que nos horaires autrement incompatibles nous le permettent. Une discussion plaisante et décontractée, loin de nos bureaux épurés sans que la distance ne soit réellement en cause.
Je me suis pris un café sur le chemin du retour. J’ai laissé un bon pourboire et un clin d’oeil au barista, qui connaît mon nom et mes habitudes. Je sais qu’il ne joue pas dans la bonne équipe, mais ne peux m’empêcher de m’amuser à flirter. Je ne sais pas s’il se rend compte du jeu qui se trame potentiellement à son insu. Je m’en fiche un peu. J’ai d’autres chats à fouetter, et un café à boire en préparant mes rencontres de l’après-midi.
Assis à mon bureau, je classe mes dossiers, et révise mes notes. Lorsqu’une énième sonnerie de mon portable se fait entendre, en simultané avec celle de la montre connectée qui vibre sur mon poignet, je daigne regarder le message. Je sais que ce n’est pas ma sœur, qui connaît et respecte mon horaire – contrairement aux dettes qu’elle oublie d’honorer – ni Derek, qui est trop professionnel pour me contacter ainsi, à moins d’une urgence. Puis, je ne suis pas certain de ce qu’il advient de notre amitié avec bénéfices depuis l’attaque. Je m’occupe toujours de Ian et lui, mais j’ai bien senti qu’il n’avait pas aimé que des chasseurs, ou peu importe, se pavane dans les parages. Je pense que c’est son instinct parental, mais il y a peut-être davantage. Je n’ai pas ramené le sujet.
Le dernier message m’indique que mon colis a été livré. Le précédent est de Ryan, qui m’envoie une photo de la salle où il joue ce soir. Sa tournée semble bien se passer. Je n’en suis pas surpris, comme je l’ai laissé entre les mains de mon ami, un génie dans son domaine. J’ai également trois messages de Raphie, qui veut savoir si nous nous entraînons ensemble ou non ce soir. Le pauvre est toujours aussi nerveux, c’est mauvais pour son petit coeur. Je leur répond rapidement chacun d’un pouce en l’air et d’une petite phrase appropriée, avant de glisser mon pouce sur la conversation de Derek. Je m’informe simplement de l’état de Ian et range mon téléphone pour retourner à mon premier dossier de l’après-midi.
Un homme d’âge mûr. Je tremble à l’idée que ce qualificatif s’appliquera plus tôt que plus tard à moi, également. Il vient pour la réhabilitation de sa jambe, suite à un accident lié au travail. Les notes du médecin sont claires sur l’écran, à l’opposé de celles scannées, pratiquement illisibles. J’observe rapidement les radiographies de la jambe avant de les ranger avec le reste dans le dossier nouvellement créé : R. Turner. Une fois que tous les documents sont classés à ma convenance, y compris ceux, vierges, que j’ai préparés en prévision de notre rencontre, je lance notre logiciel professionnel et vérifie les informations que le secrétariat y a transférées. Ce n’est qu’une habitude de faire cette seconde vérification; je n’ai aucune raison de manquer de confiance à leur égard. J’ajoute quelques informations manquantes qui figurent dans les fichiers que je viens de classer.
Une fois ma préparation terminée, je me permets de reprendre mon portable pour observer quelques Tiktoks et répondre à mes textos. J’en profite pour envoyer un message farceur à ma sœur et j’espère qu’il la rassurera. Il n’y a pas que Derek qui s’inquiète des conséquences de la visite de Clare. Pourtant, je considère la page tournée, ce qui m’a valu quelques titres sélects dont le plus gentil est celui d’insouciant. Arguer mon désaccord n’a servi à rien.
Une alarme muette de ma montre m’indique qu’il est l’heure de vérifier si mon prochain patient est arrivé. Un message instantané sur l’application interne de clavardage m’indique que si. Je mets donc mon portable en sourdine et le range dans le tiroir de mon bureau, avant de sortir. Je parcoure les quelques mètres de corridor qui me séparent de la salle d’attente et reste planté dans l’ouverture une seconde, dévisageant ceux qui s’y trouvent. Je reconnais quelques patients de mes collègues et, avant que mon apparition ne crée un malaise, je m’enquiers :
« Monsieur Turner? » - Présent !
Le type est grand, et plutôt costaud. Un visage sympathique et honnête, qui ne me semble pas faire son âge. Je préfère être rassuré sur ce que sera mon âge mûr plutôt que de penser qu’il est l’exception d’une règle non-écrite. Un sourire courtois aux lèvres, je le prie de me rejoindre d’un signe de la main.
« Suivez-moi, mon cabinet est par ici. Comment allez-vous aujourd’hui ? »
Je trouve le bavardage essentiel dans la pratique de ma discipline. Il ne me permet pas seulement de jauger la personne en face de moi afin d’en déduire le tempérament, mais il crée également un lien plus personnel et engageant pour mes rescapés. Nous entrons dans la petite pièce qui m’est réservée et j’invite M. Turner à s’installer sur la table d’examen en fermant la porte.
« J’ai compris que vous êtes ici suite à un accident de travail », débuté-je en me dirigeant vers mon bureau. « Vous pourrez inscrire vos assurances auprès de mes collègues au poste d’accueil, si ce n’est déjà fait. Quelle est votre profession, je vous prie ? » Je lève un sourcil alors que je cueille la tablette sur mon bureau pour y inscrire la réponse. « D’accord. Pourriez-vous me décrire ce qui a causé ces fractures ? »
Je prends une pause pour inspirer, et lui désigne les notes de son médecin.
« Je comprends que vous puissiez en avoir marre de répéter cette histoire, mais je ne parviens à lire que deux mots sur cette note : votre nom, et tibias. Je n’ai besoin que de me faire une meilleure idée de ce avec quoi nous allons travailler, afin d’optimiser le traitement. Si vous préférez, je peux vous poser des questions dirigées. » Je souris en tentant de croiser le regard de l’homme qui me semble être du type hyperactif. L’avantage, pensé-je, est que s’il était sportif dans son jeune âge, il est habitué à un certain type de blessures et de traitements.
Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Ven 20 Jan 2023 - 12:35
Le poulet boiteux FT Jay Knezevic
Le docteur a une bonne tête mais sur ce point Richard n'est peut être pas le meilleur pour juger l'apparence de son prochain. Il a développé, et ce depuis son plus jeune âge, une nette tendance à chercher le meilleur chez ceux qu'il rencontre. Parfois il a certes été déçu, mais il peine à apprendre de ses erreurs. Rassuré de se savoir ausculté par un homme et non une femme, car Katie la seule doctoresse qu'il connaisse à parfois les mains baladeuses, il suit le docteur dans son cabinet tout en répondant à ce dernier.
-Je vais bien.
La réponse donnée est banale mais la question posée l'était tout autant. C'est là un simple échange cordial et poli entre un docteur et son patient qui n'est fait que pour demeurer superficiel. Dick ne compte pas exprimer face à un inconnu les troubles qui agitent son esprit et qui parfois le poussent au bord de la rupture nerveuse. Il ignore comment il fait pour continuer à se lever et aborder le jour à venir sans craindre qu'il soit aussi catastrophique que les précédents. Ces dernières années et même semaines ont été compliquées à vivre et il ne sait pas de quoi demain serait fait. La poisse et les emmerdes qui l'accompagnent semble le poursuivre inlassablement.
Quand derrière eux se referme la porte du cabinet, Dick ne tarde pas avant de prendre place sur la table d'examen après avoir abandonné ses béquilles dans un coin de la pièce. Il grimace à la mention d'accident du travail avant de répondre aux questions de celui qui devrait l'aider à retrouver toute sa mobilité dans les semaines à venir.
-Policier.
Pour l'instant en tout cas. Jusque là habité par une ferveur sans bornes envers sa vocation, Richard ne cesse de douter depuis cette sinistre nuit passée à Sacramento. Il craint de s'être trompé sur toute la ligne et ses désillusions sont grandes depuis qu'il a saisi que dans ce pays les flics n'étaient qu'une faible donnée aux yeux de la justice et des fédéraux. Une chair à canon à l'importance négligeable, dont on ne se soucie que lorsqu'il y a une prise suffisamment grande à faire pour qu'elle puisse gonfler d'obscurs statistiques. Le canadien inspire profondément, cherchant ses mots mais aussi à éviter cette réponse qu'il voudrait ne pas avoir à exprimer lorsque le praticien lui demande ce qui a bien pu lui arriver. Il peut certes en parler, sans avoir à mentir ou bien diminuer la vérité mais apprécierait de ne pas avoir à évoquer le souvenir de cette soirée qu'il a bien cru être sa dernière sur terre face à un parfait inconnu.
L'homme insiste, devant suivre un protocole bien rodé. Puis justifie sa curiosité que Dick peine à ne pas juger déplacée en mentionnant l'écriture brouillonne et illisible du chirurgien qui a opéré le policier.
Le regard du père de famille croise celui presque semblable au sien de l'homme qui lui fait face, doucement il s'humidifie les lèvres du bout de la langue avant de se lancer.
-J'ai été enlevé, séquestré puis passé à tabac par d'anciens collègues sponsorisés par la mafia.
Il est cru et vient de mettre un blanc dans la conversation sans que cela ne soit son souhait, mais il n'aurait pas pu romancer sa mésaventure pour la rendre plus douce. Craignant que son nouveau médecin le prenne pour un fou Richard trouve juste de rajouter quelques mots, qui il l'espère, suffiront à rassurer le praticien.
-Ils sont en prison. Tout est réglé. Mais je vais sans doute pas vous être d'une grande aide Docteur. Les souvenirs que j'en ai sont vagues et c'est peut être pas plus mal.
La douleur, mêlée à la peur de plus jamais pouvoir serrer les siens dans ses bras ou même leur déclarer une dernière fois son amour. Il a prié dans cette fosse, pleuré. L'arrivée inespérée de Brian et son commando improvisé sont la seule raison pour laquelle il est encore en vie. Le père de famille ne se fait pas d'illusions sur ce qu'aurait été son sort si personne n'était venu le tirer de cette mauvaise passe.
-Sur le moment ils ont pas jugé bon de me dire où ils cognaient et avec quoi. Je connaissais juste le pourquoi. Quoi qu'il en soit j'aimerais retrouver ma mobilité. Je souhaite renouer avec une vie normale, voir très banale. Et pouvoir oublier toute cette merde par la même occasion.
Il espère que cela sera un jour possible, qu'il puisse gagner un droit à l'oubli. Mais doute que rester flic ne sache l'aider à remonter la pente. Son rôle de policier qu'il voyait comme celui d'un héros est bien plus sombre qu'il ne le pensait il y a encore quelques années. Et pourtant il doute de savoir faire autre chose. À 18 ans en entrant dans l'école de police il s'est trompé en pariant sur un mauvais cheval, prenant en exemple son père qu'il pensait à tord exemplaire. Tout ses rêves, des idéaux de môme se sont retrouvés fracassés, brisés par une terrible réalité. À son âge et avec son passif chargé, il semble idyllique de croire en une possible reconversion professionnelle.
On trouve des truands partout, y compris dans les postes de police. Surtout dans les postes de police. Rien que cette certitude suffit à mettre à mal tout les plans sur la comète que le canadien pourrait faire. Une boîte de Pandore s'est ouverte et il ignore comment parvenir à la refermer.
Voulant redonner un semblant de légèreté à cette entrevue, Dick se plie en deux pour se débarrasser de son attelle qui lui enserre une large partie de la jambe.
-J'ai plus de plâtre depuis dix jours et j'ai le droit de retirer l'attelle pour aller me doucher et dormir si j'ai la jambe bien callée. Ce que je fais généralement pas vu que j'ai un fiston qui aime sauter sur mon lit pour me réveiller. Je n'ai plus mal depuis plusieurs semaines mais ça tire encore sur l'arrière.
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Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Sam 4 Fév 2023 - 18:04
Le Poulet Boiteux ω Dick Turner
Je lève un œil attentif au policier qui me raconte les événements entourant sa blessure. Mon visage n’exprime qu’une émotion minimale alors que je me demande s’il me détaille ainsi la situation car il n’a pas eu l’accès, ou l’envie, de rencontrer un collègue de la santé mentale. Ces gens sont mieux formés que moi pour écouter les traumatismes et suggérer des pistes de guérison.
« Je suis désolé », me contenté-je de dire avec empathie, alors que mon regard redescend sur la jambe blessée pour observer la manière dont elle est placée et par laquelle il évite de la bouger. Ce qui force sa bouche en une grimace, ou cause un tressaillement au-niveau de son genou ou plus haut. L’agent Turner poursuit, et je me demande s’ils ne s’attendrait pas à ce que je m’exalte et m’émerveille devant les services rendus par nos agents de la paix. Peut-être qu’en d’autres circonstances j’aurais joué de la pâmoison, sans qu’elle ne soit exagérée; nous sommes toutefois ici dans un contexte professionnel. Je me contente d’acquiescer alors qu’il s’excuse de ne pouvoir être d’une plus grande aide.
« Tant mieux. »
Cela reste rassurant de savoir que justice sera rendue, et que le pauvre homme n’a pas été qu’un sacrifice inutile. Je comprends que le sens de l’humour du policier semble indemne lorsqu’il prend la peine de spécifier qu’il n’a pas eu droit au manuel d’instruction des malfrats. Il insinue peut-être que ma demande était maladroite, mais je ne fais que mon boulot. J’en souris ainsi avec une certaine mutinerie.
« Je ne sais combien de fois j’ai répété qu’il faudrait que les malfrats nous transfèrent des diagrammes pour expliquer leurs méfaits. À défaut, je vais vous poser quelques questions et effectuer quelques manipulations ensuite pour être certain de traiter les bons tissus. »
Je prends néanmoins un instant pour pianoter sur mon ordinateur portatif afin de noter les renseignements pertinents que j’ai pu tirer de cet échange. Des notes rapides, peut-être pas en sténo car je ne connais pas cette méthode, mais dans une manière similaire, que je pourrai retranscrire au propre après notre rencontre.
Richard Turner retire son attelle et répond à quelques-unes de mes questions subséquentes de notre entretien avant que je n’aie le temps de les poser. Cela vient confirmer partiellement mes soupçons sur la jeunesse active du quasi-quadragénaire. Ou alors ce n’est pas son premier accident dans le cadre de ses fonctions. Cette fois, je prend des notes immédiates, transcrivant les informations qu’il me fournit. Je lui souris avec sincérité, encouragé par ce qu’il vient de me narrer.
« Votre objectif est de retrouver votre mobilité et de parvenir à retrouver votre niveau d’activité habituel, c’est bien cela? Je crois que c’est réaliste et possible. Vous devez toutefois vous douter que cela prendra du temps : nous devrons y travailler ensemble dans les prochains mois. Vous m’avez devancer pour les questions que je désirais vous poser. Dans un premier temps, nous allons donc évaluer le niveau d’atrophie de votre jambe et débuter avec des exercices de réadaptation. Ensuite, nous travaillerons la mobilité, la force, l’endurance et la proprioception de vos muscles et de vos articulations. Cela vous convient-il? »
Je fixe mon patient, parvenant à accrocher son regard chocolat, pour m’assurer qu’il m’ait bien compris. Je lui demande de relever le bas de son pantalon et retirer ses chaussettes, m’approchant de lui en faisant rouler mon tabouret. J’observe les deux mollets pendant un moment, et descend jusqu’aux pieds.
« D’accord. Avez-vous l’impression que l’état de votre autre jambe ou d’un autre membre s’est également détérioré? Il serait possible de le traiter également. Il faudrait seulement que votre prochaine séance en soit également une d’évaluation. » D’une heure, donc, alors que celles de suivi ne durent que trente minutes.
Je glisse mes doigts derrière sa cheville saine, et tâte jusqu’à l’arrière du genou, avant de passer à l’autre. Je m’assure de ne pas avoir mon précieux visage vis-à-vis de la jambe, au cas où un navrant réflexe ne tente de me rendre difforme.
« N’hésitez pas à me laisser savoir lorsque vous ressentez le moindre inconfort ou de la douleur. »
Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Mar 21 Fév 2023 - 22:27
Le poulet boiteux FT Jay Knezevic
Le docteur ou en tout cas ce qui y ressemble fortement ne semble pas tenir rigueur à Richard pour son comportement. Il n'aime pas remuer cette vase malodorante qui constitue les maigres souvenirs qu'il a pu garder de cette soirée malheureuse. Quelques images frappent son esprit quand vient la nuit, des flashs dont il aimerait bien pouvoir se passer. Dick a certes rencontré un psy à deux reprises, passage obligatoire après ce qu'il lui est arrivé, mais il na pas choisit de faire de ces rendez-vous qui lui étaient imposés une de ses nouvelles habitudes de vie. Un grand nombre d'hommes et de femmes ont comme lui vécu des moments traumatisants, des instants dont ils ont pu croire qu'ils étaient les derniers et ce sans s'écrouler ou remplir les poches d'un professionnel de la santé mentale.
S'il devait parler de la fosse et fatalement s'épancher sur ses terreurs qui l'habitent sans rien avoir à envier à celles d'un enfant, il finirait par mentionner le wendigo et les autres péripéties qui sont venues salir son esprit ces dernières années. Après avoir travaillé pendant presque vingt longues années dans les forces de l'ordre, Richard a finalement apprit que les tristes souvenirs s'effacent au fil du temps. L'oubli est un cadeau dont on a tendance à négliger l'importance. Et lorsqu'il ne suffit pas, un verre de gin d'entrée de gamme ou encore une virée sur un ring puant la sueur, la javel et la colère peuvent faire l'affaire.
Sans jamais ouvrir la bouche et ainsi prendre le risque de couper le praticien qui lui fait face, Richard se contente de fixer ce dernier en attendant que vienne son tour de reprendre la parole. Une chose qu'il ne fait finalement pas car tout lui semble avoir été dit. Suivant avec docilité les directives qui lui sont données, Dick relève le bas de son pantalon de jogging qu'il a choisit suffisamment ample pour ne pas être gêné dans ses mouvements, puis ôte ses chaussettes d'un blanc immaculé uniquement entaché par l'usure. Il cherche dans sa mémoire pour ne pas répondre avec précipitation aux questions du docteur, puis finalement baisse les yeux vers cette jambe dont il espère prochainement récupérer le plein usage.
-Rien ne me vient. Après je bouge forcément moins depuis bientôt deux mois, j'espère ne pas avoir de mauvaises surprises à l'arrivée en plus des deux kilos qui se sont ajoutés sur la balance.
C'est là la raison de sa présence dans ce lieu.
Un sourire doux et sincère se fraie un chemin sur les lèvres du canadien, il lève un œil malicieux vers Jay avant de lui rendre son élan de sympathie.
-Appelez-moi Dick.
Le père de famille est un homme simple, pétrit de bonnes intentions. Une qualité dont il est conscient qu'elle se fait de plus en plus rare par les temps qui courent. Même s'il s'emporte parfois trop vite et perd la maitrise de sa colère trop souvent pour son propre bien, Richard tente de soigner ce mal dont il sait souffrir. Un de ces maux ordinaires qui empoisonnent leur société et qui a parfois mit le policier dans de délicates postures.
... Comme ce foutu stage de maîtrise de la colère. Il va devoir entreprendre une discussion avec cette saleté d'italien auquel il a tendance à trouver de plus en plus de qualités. Ce trou du cul et sa vengeance ont bien failli coûter la vie à Dick alors qu'il se doute que le coup de filet qui a eu lieu à Sacramento a pu d'une façon ou d'une autre arranger les affaires d'Amaro.
Dick se tend quand une main trop ferme pour son bien remonte le long de son mollet. Jay se fige, laissant au policier le temps de souffler avant de reprendre sa course d'escargot pour aller trouver la source de la gêne du canadien. Et cet instant ne se fait pas attendre bien longtemps. Cette fois il est trop ardu pour le père de famille de retrouver sa contenance. Un geste de recul qu'il ne sait maîtriser met fin durant un court instant à ce qui frôlait le point de non retour où cette simple auscultation serait devenue supplice.
Grimaçant Richard ne tarde pourtant pas à s'excuser pour ce réflexe malheureux qui fut le sien avant que Jay ne puisse le devancer.
-Désolé d'avoir bougé. C'était clairement pas agréable, presque douloureux.
Il est venu ici pour ne plus souffrir de cette blessure et sait que ce rendez-vous ne suffira pas à lui rendre sa pleine mobilité. Il serait idyllique de croire ainsi que ce qui a été brisé en seulement quelques minutes pourra prendre aussi peu de temps pour se réparer. Richard retrouve son calme et une posture plus adaptée à la suite de cette consultation. Parfois il grimace, annonce quand un point est plus sensible qu'il ne devrait l'être sans que sa voix ne tremble. Son regard chocolat peine à se détacher de ces mains agiles qui font leur œuvre. Des mains plus masculines que celles qui ont prit soin de lui ces dernières semaines. Parlant tout aussi vite qu'il réfléchit, Richard pense à voix haute et ouvre une porte sur son intimité face à celui qui est pourtant un parfait inconnu.
-Ma compagne a massé ma jambe à plusieurs reprises. Elle a de bonnes notions de médecine et d'anatomie.
Ce qui est logique puisque Mafdet est une druide dont on ne saurait soupçonner l'âge ou encore le savoir.
-Elle n'est pas docteur, mais je me doute que vos soins conjugués à ses efforts sauront être un bon mariage. Je courrais avant ça, je faisais du patin à glace avec mon môme et je prenais du temps le matin quand je le pouvais pour faire quelques exercices avec ces élastiques qu'ils utilisent dans les salles de sport. J'ai bien tenté de reprendre cette partie de mon programme mais la peur de me faire mal bloque mon enthousiasme.
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Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Mar 21 Mar 2023 - 2:36
Le Poulet Boiteux ω Dick Turner
Je souris furtivement à l’homme lorsqu’il mentionne sa prise de poids. D’autres auraient minimiser l’impact d’une paire de kilos, mais je comprends d’instinct que j’ai affaire à un homme qui, comme moi, fait attention à son apparence. Avec le recul, je me demande si j’ai pu le remarquer dès son arrivée, et que cela ait pu influencer la manière par laquelle nous avons interagi. Comme si nous avions reconnu le coquet chez l’autre et avions établi ce lien avant même de nous être salués.
Tout à coup, les indices m’apparaissent clairs, du pantalon sans plis aux chaussettes immaculées, mais également la manière dont il est rasé de près et a soigné sa coiffure. Ce ne sont définitivement pas tous mes clients qui prennent autant soin de bien paraître pour venir me voir. Pardi, certains semblent sortir d’un marathon de visionnement du seigneur des anneaux, voir d’un coma, quand ils n’admettent pas clairement être venus directement après le sport, sans n’avoir besoin de mentionner qu’ils ne sont pas passés par la douche.
Je me content d’un hochement de tête pour confirmer que je reformate l’entrée "Monsieur Turner" en "Dick" dans mon crâne. Ce n’est pas toujours un exercice aisé, surtout lorsque le nom de l’homme me le fait apparaître comme bien plus vieux qu’il ne l’est réellement. C’est peut-être en raison de l’oncle Richard, dans la meute.
Je me concentre sur ce que mes mains me donnent comme information, tout en lançant des regards aux mains et au visage de Dick, à la recherche d’indices trahissant une douleur qu’il se considérerait trop viril pour manifester. Heureusement, l’homme semble être né d’une mère ayant fricoté avec un livre ouvert. Sa tension manifeste m’indique quelle région investiguer. L’une d’entre elles, à tout le moins. Je lui laisse un moment pour reprendre ses esprits avant de poursuivre ma besogne. Cette fois, la jambe glisse hors de ma poigne lâche et se rétracte hors de ma portée. Il ne commet pas la bévue de heurter mon visage – en vérité, cela ne m’est arrivé qu’une fois, à mon deuxième stage – et s’excuse avec embarras. Je me tourne pour ajouter quelques notes à la fiche de mon patient.
« Ne vous en faites pas pour ça, Dick. Je ferai davantage attention dorénavant. »
Je lui changerai également les idées en lui faisant la discussion. Il y a des gens que cela aide à oublier la douleur, et il y a ceux qui ne se laissent pas berner aussi facilement. Je ne peux prévoir dans quelle catégorie se trouvera l’agent Turner sans tenter, et je n’ai rien à y perdre. J’attends que le policier ne se détende avant de saisir délicatement son pied.
« Vous permettez ? »
Richard ne se dérobe pas, et je peux poursuivre mon observation. Il m’aide en m’indiquant les points sensibles. J’aborde les zones sous différents angles pour bien comprendre la nature de ce qui s’y passe, avant de passer aux suivantes. Je cherche une platitude à lui balancer. Lui parler de son accent est risqué : certains s’en offusquent aisément, et d’autres en soutirent une bien trop grande fierté. C’est finalement lui qui prend la parole pour m’indiquer que sa partenaire lui prodigue également des soins. Je croise son regard un instant lorsqu’il précise qu’elle n’est pas médecin, tout en prétextant en avoir de bonnes connaissances. J’imagine immédiatement l’une de ses femmes dont les connaissances ont été glanées sur le net, qui se qualifient d’homéopathe, de naturopathe ou de quelconque autre charlatanerie, mais ne pipe mot. Leur vie privée ne me regarde pas : tout ce que je souhaite, c’est qu’il suive mes recommandations et pratique les exercices qui se profilent déjà dans mon esprit. Ce n’est qu’un moment plus tard que je me demande si elle n’est pas infirmière, ou un truc vaguement scientifique, comme biologiste. Je pince légèrement des lèvres, fâché envers moi-même d’avoir immédiatement sauté à la pire des conclusions.
Je l’écoute me parler de sa vie active pour m’en faire une idée. J’y collecte les informations que j’ai besoin pour compléter le puzzle de ses attentes. Une mosaïque d’ambitions non-dites et d’espoirs tus qui se lient dans ma tête en un patchwork complexe. L’agent Turner est somme toute un homme actif, ce qui doit bien équilibrer son travail que je devine consister majoritairement en de longues heures au volant de sa voiture de service en alternance avec des heures passées à rédiger des rapports sur l’ordinateur. Contrairement à ce que représentent les médias, je doute que les courses-poursuites ne soient son pain et son beurre.
« Nous tenterons de vous redonner une qualité de vie aussi similaire que possible à celle que vous aviez avant votre… incident. » Je bute sur les mots et m’en mords figurativement les lèvres. Je tousse les lèvres closes, pour feindre une gorge sèche autant que pour me redonner contenance. « Je crois que vous pourrez patiner l’hiver prochain. Par contre, vous avez raison d’éviter les élastiques : le mot d’ordre est que si cela vous semble douloureux, il vaut mieux ne pas forcer. Nous les inclurons plus tard, quand ce sera plus approprié. Pour l’instant, vous n’avez pas besoin d’ajouter de résistance. »
C’est également intéressant de savoir ce dont il dispose à la maison pour les divers exercices que je lui suggérerai. Du matériel sportif me facilite définitivement la tâche : je ne suis pas supposé suggérer à mes patients de s’en procurer, puisque je ne connais pas leur santé financière. Par contre, il y a des choses dont je suis libre de discuter, à mon grand bonheur. Je pourrai toujours revenir aux interrogations sur sa famille et son chat de compagnie plus tard.
« Êtes-vous un amateur de hockey? Je suis un grand partisan des Avalanches. »
Je fais signe à Richard de se relever après avoir jeté un regard en biais à l’horloge. Nous sommes amplement dans les temps et je pourrai aisément lui assigner sa première salve d’exercices.
Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Mer 29 Mar 2023 - 10:38
Le poulet boiteux FT Jay Knezevic
Jay est un homme d'apparence avenante qui se montre rassurant sans sembler avoir besoin de se forcer. Un tempérament que Richard sait apprécier, lui qui préfère la simplicité des échanges qu'il a avec cet homme depuis qu'il est entré dans son cabinet à l'atmosphère trop guindée à son goût qui se fait parfois ressentir lorsqu'il va voir son médecin de famille. Il ne se perd pas dans les explications que lui donne celui qui depuis le début de leur entretien l'écoute sans exprimer la moindre lassitude. Certes l'histoire qui va de paire avec la blessure du canadien est peut-être plus trépidante que d'autres anecdotes qui sont contées à Jay dans le cadre de son travail, mais Richard juge son quotidien et son train de vie habituel banals. C'est en effet une vie très ordinaire que mène en temps normal le père de famille, tant qu'elle pourrait paraître ennuyante. Et ce serait là une belle erreur que de tirer de pareilles conclusions. La vie de parent ne laisse pas de place à l'ennui et l'oisiveté. Surtout lorsque l'on a pour enfants une jeune femme au tempérament fort comme Joanie et un enfant en bas âge dont l'énergie semble être copiée sur celle d'une inépuisable batterie.
Ses songes s'égarent un bref instant au delà du cabinet de Jay. Il espère que sa fille a suivi les consignes qu'il a prit le temps de lui donner et qu'elle est en ce moment en train de chercher un petit job qui suffirait à alléger le poids de ce déficit financier qui repose de tout son poids sur les épaules de son père. Depuis que sa jambe a été confondue avec un xylophone par ses anciens collègues, Richard sait qu'il lui est impossible de retourner sur ce ring où à la force de son courage et de sa sueur il parvenait à gagner assez pour se permettre d'illuminer le quotidien de sa famille. Il lui reste bien 600 dollars dans son tiroir à sous-vêtements mais il aimerait ne pas avoir à piocher dans cette réserve qu'il veut destinée aux imprévus qui pourraient leur tomber dessus. Comme la sécheuse à linge qui fait depuis deux mois un bruit des plus étranges lorsqu'on lui demande de faire son office. Certes cet appareil n'est pas indispensable mais il allège considérablement la liste de corvées qui doit gérer Richard.
Rassuré Dick prend note mentalement des conseils qui lui sont donnés, souriant quand Jay lui confirme qu'il pourra patiner lorsque l'hiver sera là. Cette blessure n'est finalement que peu de choses si l'on considère que cette nuit là le canadien aurait perdu la vie si Brian et ses acolytes n'avaient pas fait irruption dans ce garage pour le sortir de cette fosse qui aurait fini par devenir son tombeau.
Le père de famille laisse un grand sourire éclairer ses traits pourtant fatigués quand la mention de son sport favori est faite. Une expression juvénile qui répond mieux à la question de Jay que mille mots ne sauraient le faire.
-J'ai joué dans l'équipe de mon lycée, puis en club amateur pendant ma formation et ma première année en tant que policier. Maintenant je regarde les Canucks depuis mon canapé, une bière à la main. C'est bien moins fatigant.
Il répond à l'invitation de Jay, se relevant après avoir prit le temps de remettre ses chaussettes. Les mouvements du canadien sont hasardeux et il doit prendre certaines précautions pour ne pas finir le nez contre le sol. Dire qu'il a hâte de retrouver sa pleine mobilité serait un doux euphémisme.
-Les Canucks c'est une partie de chez moi, je pense que je leur serais fidèle jusqu'à la tombe. J'avais proposé à un ami de reprendre le hockey avec moi quelques jours avant que... Enfin quelques jours avant qu'on décide à ma place que le sport c'était fini pour moi pendant quelques temps. C'est un bon copain, un des meilleurs que j'ai. Je pense qu'il saura attendre.
Cela ne fait même aucun doute. Brian est un gars au caractère droit, un ami dont Richard est certain qu'il n'aura jamais à craindre qu'il ne puisse lui faire un coup bas. Lui qui craignait tant en arrivant dans cette nouvelle ville que ses futurs collègues ne soient aussi mauvais que les précédents a vite compris qu'il avait tord. Certes tout les flics ne sont pas charmants, mais Beacon Hills ne s'en tire pas trop mal sur ce plan. Même cet andouille de Carter a prit le temps d'envoyer à Richard un message sur sa ligne personnelle pour lui souhaiter un bon rétablissement.
Tout cela, cette alchimie presque parfaite qui règne au poste de police manquera au canadien s'il décidait de ne plus porter son uniforme. Il a posé à la va-vite tout ses congés, leur faisant suivre ceux donnés par le médecin pour se laisser le temps de réfléchir de manière calme à cette situation et à ce qu'elle implique. Dans dix jours il devra toutefois reprendre le chemin du poste, que ce soit pour travailler ou donner sa démission. La première de ces deux options est celle qu'il choisira certainement car il n'a trouvé aucun plan B qui lui permettrait de régler les factures mais aussi remplir le frigo. Le shérif lui a remit une médaille collée sur un bout de papier. Le petit disque de métal a été récupéré par Troy qui a rapidement décidé qu'il était son nouveau jouet favori. Si Richard n'est pas heureux des conclusions de cette affaire il fait toutefois la fierté de son garçon. Lui qui commençait à voir son père comme un homme lambda épuisé par sa fonction et non un héros a revu sa position sur ce sujet.
-Si ça vous tente vous pourriez nous rejoindre.
Richard se fige, prenant pleine conscience de l'invitation qu'il vient de faire à cet homme qui est pourtant un inconnu presque complet. Sa bouche s'ouvre tandis qu'il bafouille de brèves excuses.
-J'suis désolé. On se connaît pas et je vous parle comme si on se côtoyait depuis des lustres. J'ai une nette tendance à vite me montrer familier. C'est pas la plus belle de mes qualités.. Les Avalanches... Le Colorado. C'est joli dans ce coin ?
Richard change de sujet pour que sa bourde soit vite bonne à être rangée aux oubliettes.
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Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Mer 19 Avr 2023 - 21:00
Le Poulet Boiteux ω Dick Turner
Avant même que M. Turner ne me réponde, je devine la justesse de mon estimation. L’expression qu’il prend semble lui faire perdre les rides aux coins des yeux qui trahissent à la fois la différence de nos âges et la vie d’apparence plus compliquée du flic et père en comparaison à la mienne. Je ne cherche pas à faire l’exercice futile de comparer la vie de deux inconnus. J’ai conscience que la parentalité apporte son lot de défis, des défis dont je n’ai pas envie, et ne peux de toute manière pas réellement discuter de manière ouverte des risques de se retrouver avec une bande de chasseurs sur les talons.
« Ce genre de fatigue ne vous manque jamais? »
Personnellement, je ne vis que pour celle-ci. La surcharge d’adrénaline suivie du cocktail d’endorphines. Il n’y a pas de question : si je n’avais pas été un loup, j’aurais probablement été prompt aux dépendances chimiques.
Je devine l’épuisement psychologique que peut éprouver le policier et le pousser à apprécier le sport télédiffusé avec une bière et, dans mon imaginaire, des chaussons-lapins aux pieds. Cela dit, l’activité physique peut aider à recharger les batteries tant morales que physiques et permettre un équilibre dans la vie. Pas que, du côté opposé du spectre, j’en sois plus proche. Sans régénération surnaturelle, je me serais certainement pourri la santé. Mes articulations, a minima, seraient anéanties.
Cela ne me regarde toutefois pas. M. Turner semble avoir une condition physique satisfaisante. Sa silhouette n’est ni chétive ni arrondie, et seul son médecin saurait lui conseiller de bouger davantage pour sa santé globale.
J’essaie de figurer de quelle ville sont les Canucks alors que mon patient poursuit avec entrain. J’admire sa loyauté, mais je ne peux la comprendre : une équipe change invariablement avec le temps, les changements de joueurs et de direction qui l’altèrent, etc. Mes allégeances sont bien plus malléables et mouvantes. Sans prétendre être plus cartésien, je me permets d’en changer au même rythme que les échanges de joueurs. M. Turner m’explique qu’il avait envisagé de reprendre le hockey avec un ami. C’est pour bien des gens l’une des meilleures motivations qui existe pour faire de l’exercice. J’offre à M. Turner un sourire compatissant. Ce type d’amitié me manque depuis que j’ai été doublement chassé de San Francisco. Enfin, au moins je commence à tisser des liens plus profonds ici, bien que je sache que je ne m’éterniserai pas dans le patelin.
« Vous devez apprécier d’avoir un ami qui saura vous soutenir à travers votre rétablissement. Lorsque vous vous remettrez au hockey, j’imagine que vous comptez rejoindre les ligues senior ? Elles sont généralement recommandées à partir de la trentaine, pour les sports aussi physiques que le hockey. »
Si, et seulement si, il en existe une dans ce bled. Je m’apprête à donner à M. Turner les premières instructions pour les exercices que je lui recommanderai quand il il explose comme, laissant sortir de ses lèvres une invitation. À en juger par son expression soudainement tendue, j’en comprend qu’il n’est pas plus à l’aise que moi en ce moment.
« Je ne patine pas. » Il m’a fallu un instant pour réfléchir à ma réponse, incertain si j’étais invité à assister à un match en leur compagnie – je ne pourrais accepter pour des raisons éthiques –, ou à rejoindre leur équipe de hockey senior.
Richard a repris la parole en même temps que moi, pour s’excuser. Nos voix se chevauchent et je lui assure qu’il y a pas de mal. Après un instant de silence, il poursuit ses excuses, devenues explications. Je lui envoie un nouveau sourire, feint face à ce flot de paroles non nécessaires ni sollicités. Je crains que, si figé qu’il soit, il ne ressemble aux sourires plastiques et infatués des Nymphettes d’Hollywood. Mon naturel revient à la mention du Colorado et d’un frisson qui me parcourt l’échine au souvenir de mon unique passage à Denver. Il y faisait tellement froid.
« Ne vous faites pas de mauvais sang pour si peu, Dick. Je ne suis pas un passionné de plein air, mais les paysages et la faune sont à couper le souffle. Pouvez-vous poser votre pied comme ceci? »
Je démontre à Richard la position que je souhaite qu’il prenne et le guide à travers le premier exercice. Nous faisons ainsi deux répétitions du mouvement. « Encore huit », dis-je sans quitter des yeux la zone travaillée. « Vous ferez dix à quinze répétitions de deux à trois fois par jour. Les Canucks… Vous êtes canadiens? »
C’est ce qu’il me semble, à tout le moins, et qui explique l’accent du type. Quand à savoir le nom de la ville… Je ne sais pas pourquoi nos voisins nordiques semblent incapables de donner des noms cohérents à leurs cités. Entre Montréal et Ouiouibègue, que reste-t-il?
« C’est l’équipe de Calamari, c’est bien ça? Et dix. Très bien. »
J’enchaîne et présente le deuxième exercice au policier, pendant qu’il m’explique gentiment que j’ai tort.
Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Jeu 4 Mai 2023 - 11:03
Le poulet boiteux FT Jay Knezevic
Jay est un homme poli qui parvient à refuser la proposition pourtant indécente que vient de lui faire son patient et ce sans perdre son sourire qui pourrait trouver sa place sur une affiche liée à la campagne marketing d'une nouvelle pâte à dents. Cela rassure Dick qui se dit que son comportement n'est peut être pas aussi déroutant que n'ont pu l'être ceux de certains hommes et femmes qui sont passés dans ce cabinet avant lui. Mais les manquements d'autrui ne doivent pas servir à faire oublier à Richard ceux qui sont les siens.
La réponse donnée à cette question que le policier a posé uniquement pour tenter de faire passer à la trappe ses sottises est vague, presque banale. Trop sans doute de la part d'un homme qui serait natif du Colorado, puis Richard se rappelle qu'on peut supporter une équipe sportive sans qu'elle ne soit représentative de notre ville de naissance avant d'avoir pu dire une ânerie de plus. Le père de famille suit au mieux les consignes qui lui sont données par l'homme de médecine. L'exercice qui en découle n'est pas douloureux, mais il sent sa jambe et ses muscles se tendre d'une manière qu'il ne peut décemment pas décrire comme étant agréable. Concentré le flic confirme du bout des lèvres sa nationalité tout en ne quittant pas son pied des yeux.
Quand la fin de l'exercice approche, que Jay annonce que les dix répétitions ont été faites Dick est heureux de savoir que ce petit exercice, facile à caller dans un planning quotidien qui va bientôt redevenir bien chargé saura l'aider. Il répond au thérapeute avant que ce dernier n'ait pu lui décrire le prochain exercice.
-Je viens de Vancouver.
Parfois cette ville, sa ville, lui manque. Mais ce mal du pays n'est plus aussi oppressant qu'il ne l'a été par le passé depuis que la famille Turner a posé ses cartons à Beacon Hills. La vie n'y est certes pas aussi paisible que Richard ne l'aurait espéré au premier abord, mais Mafdet, Brian, Will et tout les autres ont su insuffler à son existence un nouveau souffle. À Vancouver il ne connaît plus grand monde, si ce n'est des parents avec qui il est en froid, une odieuse ex-femme et d'anciens amis de lycée qui ont pour la plupart prit des chemins de vie douteux.
Le second exercice donne à Dick la même impression que le premier. Il en est de même pour le suivant. Des gestes faciles à mémoriser et reproduire qui pourraient sembler simplistes. Mais pourtant le canadien sent en lui poindre l'épuisement. Elle est bien loin la souris dansante et hyperactive qui semblait infatigable quand elle grimpait sur un ring mal famé. Loin, mais pas totalement disparue, Richard en est certain. Il compte bien retrouver sa mobilité d'antan au plus vite.
Ces exercices vont devenir son nouveau rituel. Pour la première fois de sa vie le canadien compte bien être l'élève modèle, celui que l'on donne en exemple pour son bon comportement et non pour décrire le pire.
Heureux même si fatigué, il tend une main chaleureuse à celui qu'il va revenir voir tout les jeudis.
-Je vous remercie Jay.
Le thérapeute le raccompagne jusqu'à la salle d'attente, Jo n'est pas encore arrivée. Dick en profite après avoir une fois de plus salué l'homme qu'il vient de rencontrer pour trouver la secrétaire qui gère l'accueil. Il s'assure que son dossier est bien complet et qu'il n'y manque aucun des documents qui sont censés lui assurer une pleine prise en charge de la part de sa mutuelle. Il est sûr que sans elle il n'aurait pas les moyens de payer pour un suivi de ce genre.
Joanie n'est toujours pas arrivée quand son père revient auprès du distributeur de café. Il se laisse donc tenter. Le breuvage est aussi mauvais que ne l'est celui du poste de police, enfin presque. Ce goût de goudron et cette force qui saurait réveiller un mort demeure inégalable. Cette chose atroce qui vous envahit les sens et les étouffe manque au père de famille mais il n'ose l'admettre. L'odeur de fauve, le brouhaha constant qui vous vrille les esgourdes, les cris, menaces et blasphèmes qui sortent de la bouche des mécontents... C'est presque du masochisme de la part du canadien que de regretter ces maux qui font que ce fléau est inimitable. Et pourtant il doute d'être capable de faire autre chose après avoir passé tant d'années, presque la moitié de son existence, à jouer ce rôle qu'il a longtemps pensé fait sur-mesure pour sa personne.
Heureusement pour Richard sa fille débarque avant que ce dernier n'ait pu s'avouer à voix haute qu'il aime son travail ! Passer à autre chose, voir se tourner ainsi une si lourde page de sa vie le pousse sur la voix de la déraison. Il est pourtant toujours aussi furieux quand il songe à ce qui s'est produit à Sacramento et au pire qui lui a été évité grâce au secours de son ami. La justice en étant si lente alors qu'elle demande tant à ses représentants a su faire naître en Richard un profond sentiment de dégoût.
[...]
Le retour à l'appartement est silencieux. Après s'être renseignée sur le déroulé du rendez-vous de son père, Joanie se concentre désormais sur sa conduite. Elle a manqué de peu de renverser un vieil homme qui traversait en dehors des clous d'un chemin piéton, son père se tassant comme à son habitude sur la siège passager par crainte d'être reconnu et fatalement désigné comme coupable de la mauvaise conduite de sa progéniture.
Décidé à savoir si sa fille a oui ou non cherché après un petit boulot pendant son absence, Richard ose un mot sur ce sujet pourtant plus glissant qu'une route verglacée.
-Tu as été donner un CV à la librairie ? -Oui, ils me l'ont rendu après l'avoir lu. Ils ne cherchent personne. -Ou bien ils veulent quelqu'un qui puisse tenir un job plus de trois jours.
Joanie le regarde, outrée et la bouche ouverte prête à échapper des mots qui feraient enfler la somme contenue dans leur bocal à injures. Richard catastrophé à l'idée qu'elle ne puisse devenir plus dangereuse qu'elle ne l'est déjà ne tarde pas avant de la réprimander.
-La route ! Regarde la route !
La jeune femme serre les dents tout en obéissant à son père.
-Je suis allée donner des CV dans des bars. Tenir un plateau doit pas être si compliqué. -Les serveuses doivent aussi savoir se montrer aimable. -Kada m'a dit de tenter dans celui où elle travaille.
Dick cherche dans sa mémoire, craignant de se souvenir avec exactitude de l'identité du patron de la jeune louve. Les doutes déjà maigres du canadien s'effacent, il blêmit avant de rugir une interdiction.
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Sujet: Re: Le poulet boiteux [FT Mossieur Jay] Ven 14 Juil 2023 - 1:32
Le Poulet Boiteux ω Dick Turner
Vancouver. C’est bien ce que je me disais: ces noms ne savent pas être formés comme il se doit. Pourtant, l’évidence s’impose à mon esprit alors que je me répète le nom de cette équipe ainsi que son origine. Cent fois entendue et répétée par la radio ou le téléviseur, je suis peu fier d’avoir pu ainsi oublier les Canucks de Vancouver. Peut-être est-ce simplement du chauvinisme, ou peut-être est-ce trop facile d’oublier la poignée de petites villes qui forme le chapeau des États-Unis. Je m’en fiche un peu, et poursuis avec les exercices de Richard.
Je lui explique que nous commencerons avec trois exercices seulement et que nous les adapterons selon sa progression, et pourrons même en ajouter lorsque sa maîtrise de ceux-ci sera suffisante. Mon expertise est évolutive par définition. Ce n’est pas statique comme ces prescripteurs de pilules qui font tirer la langue, prennent le pouls et signent - si l’on peut appeler ainsi leurs gribouillis - une ordonnance fixe. La médecine sportive, la thérapie physique, sont plus avancées que la médecine classique en ce sens que nous nous ajustons à nos patients, et embrassons la diversité des gens qui passent notre porte. Nous savons que chaque personne est unique et qu’elle agira et réagira donc selon son unicité propre. Certes, il existe des règles générales, des approches globales ; des lignes directrices. Toutefois, nous n’avons pas le choix de nous en servir avec sagesse.
L’aisance de Dick croît avec la familiarité que chaque répétition lui apporte. Je vois également son visage se contracter de concentration. Au fil des exercices, je parviens à deviner une fatigue qui s’installe, et qui m’est bon signe. Bientôt, nous nous saluons d’une poignée de main, et je lui indique la porte, alors que je le suis dans la salle d’attente. Nous nous dirigeons au poste d’accueil où j’indique à l’adjointe:
« Nous reverrons Monsieur Turner jeudi prochain, Cynthia. Dick, je vous enverrai les exercices à l’adresse électronique inscrite à votre dossier. N’hésitez pas à me répondre si vous avez la moindre question. »
Je leur indique de régler les détails ensemble et souhaite une bonne journée à Dick, en calant ma main sur le côté de son épaule. Je retourne ensuite à mon bureau pour compléter le dossier de Richard et lui envoyer ses informations. Ma routine reprend sans nécessité de transition, alors que je prépare mon prochain rendez-vous.