Le temps change les loups [FT Alessandro et Andy]

Il y a des choses qui ne changent pas, comme si les années et les drames n'avaient pas d'impact sur certaines habitudes. Le réveil de la féline est toujours compliqué et le rituel qui y est lié demeure inchangé. Chaque matin elle feule avec tendresse sur son homme quand ce dernier la taquine pour la tirer hors du lit. Andy ouvre un œil, jugeant qu'elle n'a pas d'autres choix que de se lever pour partager avec sa famille et surtout son mari un des rares moments de convivialité qu'il leur est encore possible de chérir. Elle a certes entendu ses garçons se disputer dans le couloir, mais sa belle-mère est parvenue en usant de son habituelle douceur à maîtriser la situation avant que  la puma ne puisse réellement songer à quitter le confort de la couche conjugale.

Décidant de se lever car aujourd'hui comme hier il y a fort à faire, Andy se lave, enfilant par la suite un bas de tailleur pantalon qu'elle assortit à une chemise qui a au fil des années et des lavages perdu de sa blancheur immaculée originelle. La coquetterie de la féline ne l'a pas quitté, elle  noue ses longs cheveux blonds en une queue de cheval haute tout en mirant son reflet dans le psyché installé près de la commode qui renferme ses vêtements. Elle a délaissé le maquillage qui prenait encore une large place dans son cheminement matinal il y a dix ans. Ce luxe comme bien d'autres est devenu impossible à entretenir. Quand il lui semble que tout est prêt, qu'elle peut aller vivre ce qui va être comme toutes celles qui l'ont précédées une journée qui se révélera éreintante, elle refait le lit et ouvre la porte de la chambre pour rejoindre cette famille qui s'est bien agrandie durant cette décennie qui vient de s'écouler. Après l'annonce de sa première grossesse, c'est Graziella et David qui les ont imités. Le monde n'avait alors plus rien de comparable avec celui qu'ils avaient eu la chance de connaître. C'était alors le chaos qui tentait de dérober sa place à un ordre dans lequel chacun savait où se trouvait sa place. Dix ans plus tard les hommes ont plié, compris que ce n'était pas à eux de régir leur existence. Ceux qui n'ont pas accepté ce fonctionnement ont périt, puis la justice a reprit ses droits. En tout cas c'est ce que la féline tente de mettre en place, aidée par David. Malheureusement tout cela ne suffit pas toujours.

La hiérarchisation est importante dans une civilisation. Elle est nécessaire au bon fonctionnement d'une communauté et donne à chacun sa chance de vivre tout en garantissant la survie du plus grand nombre.

Alicia cachée derrière la porte de la chambre de ses parents attendait visiblement que sa mère daigne pointer le bout de son museau. Andy se penche pour se saisir de sa merveille. Les bras pâles de la petite fille passent autour du cou de sa maman qui souffle un baiser sur une des joues délicates de son chaton. Hilare la petite se débat et réclame le droit de faire retrouver à ses jambes la terre ferme.

-Bonjour maman ! Papa t'a encore réveillée ?
-Bonjour ma chérie, oui sans lui je resterais au fond du lit toute la journée.
-Ce ne serait pas très courageux ! Et il faut que tu surveilles Oncle Dave.

Andy sourit à sa fille, lui destinant un clin d'œil espiègle avant de se saisir de sa petite main pour la suivre jusqu'à la salle à manger. Cette petite fille est encore trop jeune pour saisir ce qu'est le métier de sa mère ou son oncle. Elle ajuste donc la réalité pour faire en sorte qu'elle lui convienne et placer sa maman dans le rôle d'une héroïne que la féline n'aurait jamais pensé devenir pour autrui. Alicia ne connaît de sa mère que les sourires, les mots légers et les câlins. Parfois quelques gronderies s'invitent dans ce mélange, mais c'est là le lot de tout parent. À la maison on parle rarement du travail, en tout cas pas devant les enfants.

Si elle a longtemps craint de devenir une mère absente comme le fut Miranda, Andy a su avec l'aide d'Alessandro trouver un équilibre qui lui permet de conjuguer son rôle de mère et celui de la juriste qu'elle est. Miranda n'est plus là depuis de nombreuses années, ayant périt dans une révolte qui fut réduite à néant avant de parvenir à porter des fruits définitifs. Ses assassins sont morts, condamnés par celle qui n'était pas prête à devenir orpheline et qui songe toujours avec tristesse au peu de moments qu'elle a pu partager avec sa mère.

[...]

Andy n'offre que son indifférence la plus totale à celui qui leur fait face. David questionne le voleur de graines qui ne semble pas regretter ses actes. Alessandro a raison, les sanctions trop légères n'ont pas su faire peur à ceux qui pourraient prévoir de commettre des délits trop longtemps sous-estimés. Beacon Hills refusant de plier, ils ont dû apprendre à cultiver les terres qui entourent LA de manière efficace. Sans graines tout cela est impossible. Dave griffonne quelques lignes dans son carnet, à son air fermé on saisit qu'il a déjà prit lui aussi une décision qui devrait aller dans la même direction que celle que la féline pense être la bonne.

Samuel n'a pas été convié à ce jugement qui n'en est pas vraiment un, trop doux au goût de sa fille pour être capable de décider avec justesse du sort de celui qui leur apprend qu'il recommencera sans crainte des conséquences à voler s'il en ressentait le besoin.

Le visage de la féline se ferme. Bannir cet homme lui semble démesuré, impossible même à ce jour. Le châtiment serait pire que le crime. Il a des enfants à charge, une épouse qui ne doit pas subir la disparition de ce sombre idiot qui ne voit que son intérêt personnel. Il est possible d'aider ceux qui en font la demande et pour qui ce besoin est justifié, la nourriture se fait cependant trop rare et compliquée à obtenir pour que de tels débordements soient acceptables.

David souffle son amertume puis annonce la sentence qui lui semble être adaptée.

Du travail pour rendre à la communauté ce qui lui a été injustement prit. Un impôt à payer en labeur et une surveillance qui va se faire plus insistante qu'elle ne l'était déjà. Le ton dont use David est inflexible et laisse aisément sous-entendre qu'en cas de récidive la nouvelle sanction ne sera pas aussi douce que celle qui vient d'être annoncée. Le bannissement, promesse d'une mort certaine est dans tout les esprits, tant que David n'a pas besoin de prononcer ce mot à voix haute pour se savoir compris.

L'affaire qui suit est plus légère, mais pas dénuée d'importance pour autant. Andy se lasse parfois de cette vie qui lui semble plus routinière que ne l'était celle qui l'a précédée. Elle espère que ces affaires trouveront rapidement une conclusion. Ses enfants et son mari lui manquent, de plus elle a promit son aide à Maria pour la préparation du repas. Dans quelques jours ce sera l'anniversaire du fils de Matteo, Andy veut faire de cette journée une fête et ce même si les moyens qui sont mits à leur disposition restent maigres.

[...]

Elle a prit la place de Graziella, aidant désormais Taylor à faire ses devoirs. Quelques problèmes de mathématiques qui posent de nombreux soucis au jeune garçon qui aimerait voir la fin de cette corvée arriver de manière prématurée. Le petit homme juché sur les genoux de sa mère ne donne aucune attention aux additions qu'il est censé parvenir à faire seul depuis déjà deux ans. Il tente de fourrer dans la main de sa maman son crayon gris pour la forcer à noter à sa place une réponse dont il doute de la justesse.

-Chéri, si je les fais à ta place tu ne vas rien apprendre.
-J'y arrive pas tout seul. Et j'ai besoin que tu m'aides.
-On en voit presque la fin.
-Je les ferais avec papa.

Alessandro est trop prit pour trouver le temps d'aider ses enfants à faire leurs devoirs, Andy et Taylor le savent tout les deux. L'heure du repas approchant, la féline souffle puis attrape la main de celui qui ce soir lui joue de vilains tours.

-Taylor, nous sommes fatigués tout les deux. Fais un effort chéri.

Mécontent, comprenant que sa mère ne cédera pas le petit garçon se met à pleurer silencieusement. Quand les larmes coulent et s'écoulent sur le cahier de brouillon ppur en tremper les pages déjà souillées par des ratures, Andy peine à ne pas imiter son fils tant cette corvée lui pèse à elle aussi. Elle pose Taylor à terre, lui rend sa liberté avant de le convier à rejoindre la chambre qu'il partage avec son frère jusqu'à ce qu'il soit venu le moment de passer à table.

-T'es pas une gentille maman !

Et pourtant dans quelques heures l'avis du jeune Taylor au sujet de sa maman sera totalement différent. Andy referme ce maudit cahier qu'elle a envie de jeter au feu pour ne plus avoir à en subir la vue.

[...]

La villa s'endort, Andy lovée contre son mari joue avec cette main qui caresse sa poitrine nue. Ce moment de tendresse est précieux.

-Nous avons durcit la sanction. Le bannissement n'a été évité au voleur que grâce à sa femme et ses filles que nous ne voulons pas pénaliser David et moi. Papa n'était pas là, il trouve que je deviens de plus en plus froide et je n'arrive pas à lui donner tord.

Elle tait la dispute qu'elle a eue avec Taylor, ce soucis a été réglé sans que la situation n'ait eu l'occasion de perdurer. Après le souper elle est allée rejoindre son petit garçon dans sa chambre, ils ont ensemble finit les exercices de mathématiques sans que que le louveteau ne grogne une seule fois. Andy soupire, fixant le mur qui lui fait face avant de questionner son époux au sujet de sa journée. Il ne lui dira que ce dont elle a besoin d'entendre parler. Même si elle tient à connaître ce qui pourrait être important pour leur famille, la féline n'a jamais aimé tout savoir des affaires que son époux gère.

-Ta journée a-t-elle été meilleure que la mienne ?

Voir Tobias faire son apparition comme si dix années ne s'étaient pas écoulées depuis les dernières nouvelles données de sa part fut un choc et apprendre que la petite Alice était malade fut également un coup dur pour celle qui a souvent prit plaisir à garder cette petite fille dans ce qui lui semble avoir été une autre vie. L'anglais que tous pensaient mort n'a excusé sa longue absence qu'à demi mot, trop piteux pour évoquer de lui même les raisons qui l'avaient poussé croire que son ami l'avait trahi. Cela n'a pas surpris Andy venant de cet homme qu'elle avait toujours peiné à apprécier sans pourtant juger l'amitié qui le reliait avec son mari. L'ancien chasseur est doté de qualités que même la féline sait lui reconnaître, mais ses nombreux défauts et manières pédantes rendent l'homme dur à apprécier. Ils ne sont pas du même monde, sortis de deux moules trop différents pour parvenir à s'entendre sans que cette entreprise ne leur soit compliquée.

La joie de savoir l'anglais et sa fille toujours en vie n'a pourtant pas suffit à réduire l'impact des dernières nouvelles. Un homme, plusieurs sans doute, en a après la vie d'Alessandro. Et même si ce n'est pas la première fois que ça arrive, cette sombre idée ruine les nuits de la féline plus que ne le font les éclats nocturnes de leur invité. Jamais elle n'a su s'habituer à cette idée, cette fatalité qui pèse sur eux. Leurs ennemis sont nombreux, il semble qu'il en apparaît deux nouveaux à chaque fois qu'ils en interceptent un. Jamais leur vie ne sera tranquille. Craignant pour sa vie, celle de son époux mais aussi celles de ses enfants Andy n'ose demander à en savoir plus tout en ayant de plus en plus de mal à jouer à l'autruche quand une difficulté se présente. Une part d'elle est certaine que l'assassin qui leur est envoyé n'est pas cet ami fraîchement retrouvé qui vient de frapper à leur porte. Egoïstement Andy espère même que Tobias saura venir en aide au parrain de sa fille si quelqu'un décidait de s'en prendre à Alessandro durant son séjour chez eux.  

Après le petit déjeuner, la féline a prit à cœur de vouloir secourir son plus jeune fils avec ses devoirs de mathématiques qui lui causent bien des tourments. Une entreprise ardue pour eux deux car Taylor préfère et de loin ses crayons de couleur à ces exercices. Sur de nombreux points il rappelle à l'avocate son frère disparu, comme si dans le prénom qu'elle a donné à son fils résonnait une fatalité contre laquelle il n'est pas aisé de lutter.

L'enfant chouine, couine pour obtenir la permission de rejoindre son frère, sa sœur mais aussi ses cousins dont il pense à tord qu'ils sont plongés dans une activité plus plaisante que celle qui lui est imposée par sa mère. Alors qu'elle songe à lâcher l'affaire, Andy comme son garçon sont secoués par un bruit terrible qui vient de retentir dans toute la maison. Il est impossible de confondre le son produit par une balle qui s'extirpe avec violence d'une arme avec un autre. Le cœur de la puma se serre, dans sa tête se mêlent mille scénarii qui lui dictent tous la plus horrible des histoires : celle qui lui conte la fin de l'être aimé.

Taylor se met immédiatement à pleurer, comprenant lui aussi qu'un drame s'est produit. Il se pend au cou de sa mère a qui prend l'envie de l'imiter. Consolant son fils tout en ayant bien du mal à raisonner avec justesse, la féline se remémore les consignes à suivre en cas d'urgence sans prendre le temps d'exprimer cette peine qui oppresse sa poitrine. Elle prend son fils dans ses bras, se dirigeant sans perdre de temps vers l'endroit où il est convenu que leur famille doit se cacher en cas d'intrusion.

Elle y retrouve sans tarder les autres membres de leur famille, comptant les présents pour bien vite lister les absents. Son mari, David, Tobias et sa belle-mère manquent à l'appel. Andy en constatant l'absence de l'anglais prie pour que ce dernier se soit fait sauveur et non tueur, elle supplie ce dieu en lequel elle ne croit que rarement pour qu'il leur soit venu en aide d'une manière ou d'une autre.

[...]

Maria les a rejoint, affirmant qu'elle avait été enfermée dans la cuisine par leur invité. Le garde qui l'accompagne tente de dissuader en vain Andy qui fait les cent pas dans ce lieu clôt alors que dans le bureau de son époux s'est peut-être joué le pire des drames de ne pas bouger. Portée par l'espérance et l'inquiétude la plus profonde, la féline remonte dans les étages dans la villa pour se rendre dans le bureau de son mari sans accorder de crédit à cette rumeur qui lui souffle que ce dernier est toujours en vie. Elle a besoin de le voir, le sentir, le toucher et l'embrasser pour en être certaine. Et quand David se poste devant elle pour lui dicter de se mettre à l'abri, Andy dévoile les plus inhumains de ses attributs, feulant et grognant sourdement à l'intention de celui qui est son ami et même un frère certains jours.

Tobias s'enfuit, sans prononcer un mot, sans juger utile de mentionner ce sang qui couvre ses habits et ses mains. Il semblerait qu'il n'ait pas changé ses habitudes, son mari doit être aveugle pour ne pas avoir saisit qu'il partageait sa vie avec un meurtrier depuis dix ans. Andy entre dans le bureau de son homme après que David se soit éclipsé pour la laisser passer. Il referme la porte derrière lui, s'en allant lui aussi auprès de sa moitié pour la rassurer.

Le nez d'Andy se fronce tandis qu'elle ravale ses crocs. Le bureau n'est que puanteur mortifère, un cadavre git toujours au sol dans une mare d'hémoglobine. Tout ce qu'elle déteste. La féline le contourne avec soin, sans quitter son époux des yeux elle se dirige vers ce dernier pour se lover contre lui.

C'est à cet instant et seulement celui-ci que ses nerfs lâchent, que son regard s'embue et que de lourdes larmes dévalent ses joues. Elle s'accroche à son homme, son roc, le père de ses enfants, gémissant comme une âme en peine quand les bras d'Alessandro se referment autour de son corps frêle.

Andy ignore combien de temps elle reste ainsi, tremblante, incapable de cesser de pleurer tant elle a eu peur de perdre son mari. Jamais elle ne saura s'habituer à tout cela, jamais cela ne deviendra sa normalité. Ses mains agrippent la chemise d'Alessandro, sa respiration erratique ne rend ses sanglots que plus déchirants encore. Il lui faut de longues minutes pour retrouver un semblant de calme et quand enfin elle y parvient, Alessandro lui confie ce qui s'est passé. La façon qu'a eu Tobias de leur éviter le pire. Et ce qui doit être leur réponse à la trahison de Nolan.

[...]

Andy s'est assise sur le fauteuil de son époux, elle écoute ce dernier tout en sachant que Nolan ne peut rester en vie. Jamais elle ne saura mener une existence paisible si celui qui a voulu attenter à la vie de sa moitié est encore de ce monde. Habituellement douce, trop pour ce monde, la féline exprime son avis en usant d'une voix dont elle ne parvient pas à empêcher qu'elle se fasse tremblante.

-Pas de grâce et encore moins de pardon. Il recommencera et nous avons assez d'ennemis, trop pour permettre à d'anciens amis de changer de camp. Il a voulu charger Tobias pour mieux agir, c'est une chance qu'il ait entendu qu'un drame était en train de se produire. Ta mère m'a dit qu'il l'avait mise en sécurité dans la cuisine quand il a comprit que quelque chose se tramait dans la maison. J'ai eu si peur. Les enfants, ta sœur, ta mère, tout le monde a cru que le pire s'était produit. Je ne veux pas avoir à penser à un futur dans lequel tu serais absent.

Mais la volonté de la féline à vouloir protéger sa famille ne suffira pas à les préserver d'un tel drame. Les sanglots reviennent, des soubresauts agitant le corps de l'avocate qui ne parvient plus à faire semblant que tout va bien. Alessandro lui sert un verre qu'elle vide sans prendre le temps d'en apprécier le contenu. La brûlure de l'alcool rend sa voix plus sure.

-Nous ne sommes pas des barbares, mais la mort est la seule réponse possible aux actes de Nolan. Sa main ne devait pas trembler quand il tenait son arme, la nôtre sera tout aussi sure.

La mention d'un procès équitable dans ce cas bien précis ne plaît pas à celle qui voudrait que cette affaire soit réglée le plus rapidement possible. Certes elle apprécie l'idée de rendre le fonctionnement qui régit cette ville plus juste qu'il n'a pu l'être par le passé, mais l'envie lui prend d'aller elle même régler son compte à Nolan immédiatement tant la rage qu'elle éprouve envers ce dernier est puissante. Le mutin aurait pu arriver à ses fins sans l'action de leur invité inespéré qui a redonné signe de vie hier. Si la veille encore elle ignorait si Tobias était encore un ami, le doute n'est plus permit sur ce point. Sans sa présence Andy serait à cette heure veuve et ses enfants n'auraient plus leur père. Qui sait quel sort le traître réservait à la femme et aux enfants de son ancien patron...

Les lèvres de l'avocate prennent un mauvais pli quand la voix d'Alessandro se meurt après avoir évoqué le témoignage de l'anglais. Elle a du mal elle aussi à imaginer le loup se prêter à cet exercice sans causer de débordements. Rapidement un nouveau soucis s'ajoute à ceux du couple, Alessandro mentionne des délais à tenir qui semblent fous car il sera impossible de retenir le père d'Alice une fois que ce dernier aura entre les mains le remède qu'il est venu chercher dans cet endroit. Un projet démentiel naît dans l'esprit de la féline, proposer au géant britannique de revenir ici avec sa fille et son époux. Andy tait cette idée pour l'instant, sachant qu'elle ne serait pas la seule à être heureuse de voir cette histoire prendre ce train.

-Je sais que je t’en demande beaucoup.
-Tu ne m'as jamais menti sur ce que serait notre vie.

Et cela ne l'a pas empêché de suivre la voie dictée par son cœur, même quand la logique a pu ordonner à la féline prendre la fuite. Elle estime avoir fait les bons choix, sans jamais oser regarder en arrière de craindre de regretter certains actes qui ont peut-être été manqués. La féline soupire, attrapant la main de son mari pour la serrer entre ses doigts fins.

-Tu te sens capable d’épauler David pour organiser au plus vite ce procès ?
-Je vais le faire, j'aurais le temps de pleurer sur ce qui a failli être notre sort quand cette affaire sera réglée.

Son regard croise celui de son homme, s'y encrant car il est toujours aussi rassurant et ce même plus de dix ans après de se perdre dans les prunelles de l'être aimé alors que le monde semble s'acharner sur vous et ceux qui vous sont chers. Andy s'extirpe hors du confort du fauteuil d'Alessandro, se lovant contre son torse chaud. Elle essuie ses dernières larmes du bout des doigts, pensant à ce cauchemar qui demain ne sera plus.

-Essaie d'aller voir les enfants s'il te plaît. Ils ont pensé au pire, même Sonny qui joue au grand la plupart du temps était effondré. Ta mère a eu si peur elle aussi. Rassure les. Je t'aime.

Ses lèvres effleurent celles de son bel italien, elle réarrange ensuite ses cheveux en passant une de ses mains dedans puis quitte le bureau pour ne pas faire attendre David plus longtemps.

[...]

Il y a tant à faire qu'elle ne s'est pas permit de prendre le temps d'aller manger avec les siens. David lui y est allé, poussé par son amie et belle-soeur à se rendre auprès de sa femme et ses enfants. Il a ramené à Andy de quoi se restaurer dans le bureau. La matinée fut plus rude encore pour l'avocat qu'elle ne l'a été pour la féline, il était présent dans le bureau avec Alessandro quand Nolan s'est essayé au coup d'état. Craignant pour sa vie, voyant la fin de celle-ci arriver il n'a cependant pas été rassuré par l'apparition de l'anglais. Une bête, une machine à tuer terrifiante : C'est ainsi qu'il a décrit le père d'Alice. Depuis David bafouille un peu quand il est fait devant lui mention de l'ami d'Alessandro. Ce qu'Andy comprend, elle même est souvent mal à l'aise quand elle se trouve en compagnie de celui qui fut l'amant d'un de ses grands amis.

Tout en notant ce qui demain sera d'une importance capitale, Andy mentionne l'existence du regretté Wesley pour essayer d'humaniser l'ancien chasseur.

-Il a été en couple avec un de mes amis par le passé, je n'ai jamais compris ce que Wesley lui avait trouvé, mais je crois que Tobias avait su le rendre heureux. Wesley était un homme gentil, quelqu'un qui n'aurait jamais fait de mal à une mouche. Il décrivait Tobias comme un homme tendre et romantique.

L'amour rend t-il aveugle ? C'est là une question majeure qui demeure à ce jour sans réponse. Andy ne croit pas en ces dictons désuets qui affirment que seul le mariage rendrait la vue aux amoureux. Le sien n'a rien changé à la perception qu'elle avait de celui qui partage sa vie depuis de nombreuses années.  

-Il n'avait rien de tendre quand il est arrivé dans le bureau.
-Il t'a sauvé la vie. Essaie d'oublier ce que tu as vu, ne laisse pas cette image prendre la place de la première impression qu'il t'a donné.

Qui aurait cru qu'un jour Andy prendrait la défense de celui qu'elle a bien souvent eu envie de détester. Elle délaisse le feuillet qu'elle noircissait à l'encre bleue, tendant ce dernier à son beau frère pour prendre la suite en main. Ils ont tant à faire pour préparer ce procès.

[...]

C'est éreintée ce soir là que la féline rejoint enfin son lit après avoir supervisé le coucher de ses enfants. Elle se cache sous les draps, remontant la couette sur son corps pour enfin se lover contre son époux.

-Tout est prêt pour demain. Cela aurait été plus simple si nous avions eu la possibilité de garder Tobias plus longtemps chez nous. Alicia s'est attachée à lui, j'espère qu'il ne mettra pas dix ans avant de revenir nous voir.