La Haine au coeur [PV Alessando]

La haine

au Coeur

J’ai peur. Alors je me renferme. Je me renferme. Alors j’ai peur. Voilà le cercle vicieux dans le quel je me suis fourrée. Le silence de la maison est pesant. Vraiment pesant. Willem ne se remet pas de ce qui s’est passé. Mandy se force à sourire quand elle nous regarde, mais son regard en dit long. Très long sur sa souffrance. La maison de la joie et des rigolades est devenu vide. Pour le moment, faire le deuil et difficile. Vraiment. Maxine était une femme tellement charmante. Et la porte fermée à clé par les soins de notre Alpha nous rappelle à qu’elle ne viendra plus. Nos petites disputes à la salle de bain me manquent. Je me surprends à espéré qu’elle y est déjà et que je vais devoir me chamailler avec elle pour la faire sortir. Son rire. Sa voix. Elle n’est pas resté longtemps mais bon sang que sa présence était forte et vivante. Son absence en montre la puissance. Même Tobias sature. Il retient sa colère. La prochaine pleine lune risque d’être très difficile, pour lui comme moi.

Au lycée je ne suis plus la même. J’arrive à l’heure, je ne malmène pas les profs, et j’écoute. Pour essayer d’oublier. Seulement voilà. Maxine. Morte. Maxine. Plus là. Maxine . Disparue. Pourquoi elle. Pourquoi… Elle ne méritait pas ça. Elle était quelqu’un de bien. Son visage me hante. Des larmes coulent en silence sur mes joues et je croise le regard du prof de français. Ou de maths. Je ne sais même plus le cours dans lequel je suis. La seule chose que je sais, que je vois, c’est la compassion et la compréhension  d’un homme. Les professeurs sont au courant. Willem dépéri lui aussi. Il souffre et ça se sens. Je me re concentre sur le cours. Maths. Ce sont les maths. Je ferme le cahier et la sonnerie retentie. Stridente, elle me casse les oreilles. Je serre les dents. C’est enfin la fin de la journée.

Avant lenteur, je rentre. La maison des Shepherd est loin, mais peut-être pas assez. J’y suis beaucoup trop vite à mon goût. Will n’est pas rentré du travail encore. J’aurais pu l’entendre et venir avec lui. Je soupire, et entre. Mady est là, en train de faire le ménage. Je retire mes chaussure, histoire de ne pas salir son travail, et vient la prendre dans mes bras. L’étreinte se veut rassurante. Entre le départ de James, et la mort de Maxine, nous sommes tous devenu inquiet de l’absence de l’autre, et nous avons tendance à être très proche ces derniers temps.

Je lui souris et fonce à la salle de bain. Je sais qu’Alessandro m’a dit de ne pas venir cette semaine, mais j’ai besoin. J’ai besoin de travailler. De me changer d’air. Sous l’eau, je ferme les yeux et laisse la fraicheur couler sur mon corps. Je frémis. Ça fait du bien cette sensation de fraicheur. Après de longues minutes sous l’eau froide, je me souviens que l’eau coute cher, et que ce n’est pas directement moi qui la paye, même si une partie de mon salaire revient naturellement à la maison. Se partager le loyer et un acte que je trouve normal. Penser à cela me fait du bien, et je souris encore.
Cette fois, je suis la femme qui va au travail. La présence des clients m’oblige à afficher une tête heureuse et fraîche. Alors, en sortant de la salle de bain, je mets le masque.

-Mady, je vais au travail. J’ai besoin de changer d’air. Ça me fera du bien.

Elle me sourit, comprenant parfaitement mon souhait. En sortant, je croise Will. Je m’approche et lui embrasse la joue. En l’informant que je rejoins Aless au boulot. Puis, je m’élance dans une course tranquille, histoire de ne pas arriver en retard. Car c’est bien beau de vouloir bosser, mais si ce n’est pas pour arriver à l’heure, autant ne pas venir.

Arrivée, je salut mes collègues, et je cherche Aless du regard. Je le vois arriver et fonce vers lui pour lui parler, seulement, voilà. A son hauteur, je fronce les sourcils. Son odeur. Elle a quelque chose de différent.

-Boss, je…

Un souvenir me viens alors que l’odeur nouvelle d’Aless me prend le nez. Ce soir là. Cette odeur. Si présente sur deux personnes que j’aime. Sur Maxine, elle était forte, mais cachée par une odeur de peur. Sur Willem, beaucoup plus violente et épicé d’une haine. Mes narines frétillent et je fronce les sourcils. Avant même que je m’en aperçoive, mes poings sont fermés, prêt à frappé.

-C’était qui ???
Aless ne comprend d’abord pas. Je le regarde et mes yeux inter changent de luminosité.
-Cette odeur que tu portes. Ce n’est pas une odeur de conquêtes. C’était qui ???
Ma colère montre, et je m’en fous de savoir ce qui se passe dans sa tête.

-La même odeur était sur Willem. Et sur Maxine. Je pensais que c’était rien. Mais elle est aussi sur toi. C’était qui ??? Pourquoi tu portes cette odeur sur toi ?

Au fur et à mesure que je parle, ma haine prend le dessus. Je perds le contrôle. Des larmes montent à mes yeux et je fixe mon patron. Je ne sais même pas pourquoi je suis en colère. Pourquoi la rage m’envahi à ce point. Je claque des dents. Je me retiens de me transformer mais je sais que ça va péter. Je le sais. Je grogne. Et le fixe encore et encore… Ma haine et ma souffrance, ne sont pas dirigé contre mon ami. Mais contre celui à qui l'odeur appartient.

La haine

au Coeur

L'emprise de mon boss qui devrait être rassurante, se retrouve interprétée par ma louve comme une agression, une atteinte à sa liberté, un appel au combat. Je lutte pour la maintenir, mais j'ai du mal. Là où ma louve le regarde avec haine, l'humaine est désemparée, et en pleine détresse. Il me parle, me demande de me calmer. J'essaie Aless, j'essaie... Mais cette odeur... Maxine est morte en portant cette odeur.. C'est cette odeur qui à tué ma sœur..

Un grognement m'échappe, mais j'essaie de le rendre étouffé pour que cela passe comme un cri humain. C'est l'alerte rouge et Alessandro y réagir au quart de tour. Dans un mouvement rapide, comprenant qu'il n'arrivera rien ici, il m’entraîne dans la resserve. Pourquoi ? Pourquoi.. Pourquoi je l'agresse comme ça.. Cette odeur.. Calme toi Kada'an.. Il m'agrippe les poignées. Non. Non.

A moitié transformé, je claque des crocs dans sa direction, mais son emprise me garde loin et je rage. En pleine crise de haine, je ne me rends même pas compte de ce que je suis en train de faire. Je me retrouve soudainement le nez dans la chemise d'Aless qui me serre contre lui. Fausse bonne idée. J'enrage soudainement, l'odeur est encore plus forte est je reconnais bien cette odeur à la fois douce et épicé. Pourtant, il n'y a pas une odeur de peur avec. Au contraire. Mais le celui qui à cette odeur et l'assassin de Maxine. C'est à cause de lui que nous sommes en Deuil.

Aless me parle mais je n’entends plus ses mots. Je n'arrive plus à raisonner, alors qu'on fond de moi je sais que ma réaction est disproportionné, que je ne lui ai même pas donné la possibilité de me dire pourquoi cette odeur se trouve sur lui, pourquoi je...

Noir. Je sens mon corps s'écrouler et être réceptionné par les bras de mon patron. Puis plus rien. Le noir. Ce noir fait du bien. Je me sens agréablement bien. Mais cette odeur.. Encore et toujours là. Mais même si je me débats dans ma tête, mon corps ne bouge pas.

[...]

Je n'ai pas ouvert les yeux que la chose qui me frappe le plus, c'est la senteur qui envahi mes narines. Celle d'Alessandro. Puis, mes doigts agrippent les draps, sans comprendre qu'est ce que je fais dans le lit de mon patron. Attend. Qu'est ce que je fou endormie entre les draps d'un lit qui n'est pas à moi mes à mon patron. Lentement, j'ouvre les yeux et relève la tête. Aie. Fausse bonne idée. La tête me tourne comme si j'avais pris une cuite. Je me recouche et ferme les yeux.

Alors j’entends des pas, et reconnait l'énergie de l'homme. Et je me souviens par flash pourquoi je suis ici. Le noir, la haine, l'odeur. L'odeur. Maxine. Je serre les dents, pour ne pas perdre le contrôle une seconde fois, et me redresse lentement. Je trouve enfin le visage d'Alessandro et me sens soudainement terriblement mal.

-Boss, je suis terriblement désolée de ma réaction.

Mais la louve, elle n'a rien de désolée, et cherche l'odeur pour trouver une nouvelle occasion de sortir les crocs. Mais rien, rien d'autre que la senteur de mon chef. Je soupire de soulagement.

-C'est qui le type qui a tué Maxine... ? Tu le connais ? Pourquoi ? Comment ? J'ai peur, Aless, peur de perdre encore quelqu'un. Peur de ne jamais revoir Arès aussi. Peur de perdre les gens qui on réussi à me comprendre et à apprécier la personne que je suis.

Arès... ça fais bien longtemps qu'il n'a pas montré son museau de tigre. Il me manque un peu lui aussi. Je me sens mal.. Mes larmes coulent sur mes joues et sans que je vois quoique ce soit, les bras d'Aless m'ont entouré avec une aura rassurante et fraternelle. Je me laisse reposer sur cette épaule, mais ma louve n'arrive pas à oublier cette odeur qu'elle a associée au mot de Maxine, sans savoir si c'était vraiment ça. Ce gars aurais très bien pu être une connaissance et être allez les saluer... ou les avoir croisé dans la rue. Je soupire et me laisse pleurer. Mais très vite, je veux des explications. Des explications que ne me regarde même pas.

-Qu'est ce que ce type est pour toi ? Je marque une pause et je rajoute. Ça ne me regarde pas.. Désolée...

La haine

au Coeur

Je sais que ma réaction est mal proportionnée. J’aurais dû faire en sorte de rester calme. Sur un lieu de travail, ce n’est pas la meilleure chose à faire, je le conçois. Seulement voilà. La louve n’a pas le même sens des priorités. Le boulot, ce n’est pas important. La vengeance si. Et le patron le connaît, il pourrait peut-être m’aider à le retrouver… je sens mes lèvres se retroussées, j’observe l’autre loup en chien de faïence, prête à bondir, et me retenir aussi. C’est sans doute la chose la plus étrange pour ma conscience est mon subconscient. Ce désaccord est improbable et ce sentiment perturbant. Celui d’être sûr de faire une connerie en voulant le tuer, et d’en faire une aussi en voulant se retenir.

Je débite un taux de parole qui ne me ressemble pas, et il répond du tac au tac. Arès va bien… tant mieux… j’écoute mais n’arrive pas vraiment calmer les pulsions meurtrières de la louve. Je l’avais sauvée une fois. Je l’avais sauvée, et  je n’avais même pas tué les types qui voulaient lui faire du mal. , j’avais même retenu la sœur pour qu’elle ne tue pas l’homme.

- Will’ est mio amico. Je garde un œil discret sur votre meute bien avant le… l’accident avec Maxine

-L’accident ? !

J’ai grogné en même temps j’ai parlé ce qui laisse un étrange son sortir de ma bouche.

-Ce n’était pas un accident ! Il la tuée ! Il avait une arme pointée sur elle. Et même si elle n’est pas morte par balles, elle est morte par peur, c’est sa faute !

Je ne pouvais pas concevoir, que Maxine était morte. C’était la personne la plus innocente de la terre. Pourquoi elle ? Lorsque, il répond à ma nouvelle question, je sens monter en moi une haine profonde. Comment pouvait-il être l’ami de Will et de ce type ? Je ne l’acceptais pas. Je ne voulais même pas être d’accord. Je ne voulais pas comprendre cette amitié. J’aurais préféré ne pas savoir. Pour seule réponse, il y a du silence. Je savais que si je répondais, j’allais être méchante malgré moi. Mais mon regard en disait beaucoup.

C’est pour cela que se sentir obligé de rajouter, qui ne pouvait pas choisir entre mon alpha et le meurtrier de ma sœur. Mais je le comprends, lorsqu’il dit qu’il est l’un et l’autre. J’ai moi-même trouvée la famille en Will et le sombre en Aless. Pourquoi j’arrive à accepter mon patron dans sa globalité, et pourquoi je suis incapable d’accepter l’amitié qu’il a avec ce type ? monvboss, n’a tué personne qui m’était proche.

- Il faut que tu saches que techniquement, la mort de Maxine est un accident. Willem ne se serait pas contenté de balancer un coup de poing dans tête du chasseur s’il l’avait poussé dans le vide. Après, je te concède que sa présence hostile y est pour quelque chose.

Encore une fois, il accentue le mot accident. Il m’explique ensuite, la réaction de Will prouve que ce n’est pas lui qui l’a poussé dans le vide. Pourtant, je ne peux m’empêcher de répondre.

-Comment peut-on savoir  ? Qui dit, que le chasseur n’a pas poussé verbalement Maxine dans le vide ? Puis, ce n’est pas comme si la conversation avait été engagée de manière civilisée. Pointé son arme sur quelqu’un n’est pas la meilleure façon de discuter.

J’étais partagée entre colère, tristesse et haine. Ce sentiment de vengeance, était profondément ancré en moi. Je voulais  voir la vie quitter les yeux de cet homme. Les poings fermés, l’envie de me lever et forte. Mais le regard d’Aless, en dit long sur ce qui me ferait si je cherchais à trouver cet homme.

Il continue à prendre la défense de cet homme ; de son « ami ». Prétextant le fait qu’il avait conscience d’avoir provoqué la mort d’une jeune femme. Je grogne, quand il me dit que je n’ai pas besoin de l’étriper.

Il s’assoit à côté de moi. M’expliquant si Will n’a pas tuer cet homme c’est pour une raison. Il sait que le chasseur est innocent. Il se lève, et file dans la cuisine. Je l’observe faire de café, en ruminant. Il revient, et me tend une tasse fumante. Je l’attrape  doucement, et laisse l’arôme du café monté dans mes narines.

- C’est à Will’ qui importe de juger et condamner cet homme. Tu ne dois pas intervenir et faire confiance à ton alpha. C’est un bon alpha, même si en ce moment il doute de lui. Willem sait que cet homme est également mio amico.

-J’essaie de comprendre le lien qui te lie à lui.

- Kada’an ? Je ne sais pas quelles sont tes convictions à ce sujet-là, mais sache que je suis croyant. À mes yeux Maxine repose dans un monde où elle est bien. Aucune raison qu’elle croupisse en enfer, ce qui m’attend car je me suis mainte fois damné. C’était son heure. Il faut simplement l’accepter. Trouver et punir un coupable ne vous la rendra pas.

Sa voix est calme. Il est serein. Je sais qu’il essaye de m’apaiser. Et bizarrement il y a arrive. J’ignore si je suis croyante ou non, et si cet autre monde existe, alors je ne reverrai jamais Maxine. Ça peut pas être l'heure de quelqu’un qui a à peine 20 ans. J’ai envie de pleurer. Je sais qu’il a raison, mais la louve ne l’accepte pas. Les larmes coulent  finalement sur mes joues, car maintenant que la colère et la haine sont tombées elles laissent place à la tristesse.

La haine

au Coeur

Quand  il me prend dans ses bras, je ressens la présence du loup. Je comprends alors sa démarche, c'est la louve qu'il veut rassurer. Lentement, je la laisse prendre le contrôle. Le museau dans son cou, je respire son odeur. Son aura me rassure, je ferme les yeux. Pas encore tout à fait remise, il m'arrive de grogner de temps en temps. Grognements, qui se transforme petit à petit en jappements de tristesse. J'essaie de ne pas penser chasseur, pourtant malgré moi, la louve n'a toujours qu'une idée en tête. Le trouver. Et faire souffrir. Si sa mort me ramène pas Maxine, sa souffrance amènera une certaine satisfaction à la louve. Je claque des crocs avec une intensité de plus en plus forte. Le loup resserre sa force sur moi. Ses bras, ce veulent à la fois protecteur et rassurant, mais aussi dominant.

–Si sa mort ne m'apporte rien, je trouverais de la complaisance à le voir souffrir.

De la complaisance… tu parles. Utilisé dans le sens de l'autosatisfaction. Je ne voit mal à accepter de me conformer à ces sentiments. Ou pire, avoir de la sympathie pour lui. Dans tous les cas, mon commentaire ne plaît pas à Alessandro. Comment fait le loup pour accepter le chasseur. Pour être ami avec lui ? Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à comprendre cette amitié. C'est une blague. Une sombre blague.

Sa question me prend de court. Le coupable ? C'est ce chasseur. C'est ce que j'allais répondre. Mais au fond de son aura, je sais qui parle quelque chose de profond. De plus ancien. Y a-t-il réellement un coupable ? Cette guerre… depuis quand existe-t-elle ? Par ou ça a commencé ? Pourquoi ? Comment ? Tant de questions sans réponse.

–Je l'ignore… j'imagine, que si nos ancêtres avaient été sages, sans mettre la vie des humains en danger peut-être que les chasseurs n'existeraient même pas. S'ils avaient appris dès le départ à vivre en harmonie avec ce qu'ils étaient sans vouloir se servir de leurs forces pour se sentir respectés, peut-être, que le chasseur n'aurait pas eu besoin d'exister.

Cette réflexion, m'avait permis de comprendre une chose. L'existence de Tobias, autant que celle des chasseurs, n'était que le fruit d'un passé meurtrier. Dans un monde, où les chasseurs n'existeraient pas, j'aurais pu rencontrer Tobias et sans doute être amie avec lui.

Même si une part de moi est toujours en proie au désespoir désir de vengeance, elle commence à s'effriter et a laissé place à la compréhension. La louve se calme, et s'apaise. Toujours le museau dans le cou de mon patron, je relâche le surplus de pression.

–Même si je mettrai du temps à oublier, je pense que tu as raison. La vengeance, ne me rendra pas Maxine. Et me laissera un goût amer sur la conscience.

Lentement, je relève la tête et viens déposer sur la joue d'Alessandro, un bisou en guise de remerciement. Et en plongeant mon regard dans le sien, je reprends forme humaine.

–Après le boulot, une course dans les bois ça te dit ? Je crois que j'ai besoin de me défouler avec un grand frère.

La Biche

La présence de mon patron est étrangement rassurante et apaisante. Je me sens toujours en sécurité avec lui, malgré son secret. Notre condition de loup facilite sans doute ce lien. M'enfin. Je suis heureuse qu'il accepte la course en forêt. Je souris à l'appellation de « loup des bois » et lui donne une claque amicale sur le bras. De nouveau sur pied, je pose la tasse sur table après l'avoir finie et je saute sur mes pieds de nouveau prête à travailler. Dans mon dos, je peux sentir un sourire flottant et je retourne à mon service, plus légère et avec l'esprit plus clair.

A l'orée de la forêt, je regarde Alessandro et m'élance à ses côtés. Le vent, l'air frais, l'odeur boisée… Je me sens bien. Les bois ont toujours été ma maison. Y pensant le plus clair de mon temps, je la connais assez bien pour courir les yeux fermés au milieu des arbres. J'accélère encore un peu, pensant devant lui quand soudain, une proie me fait changer de direction brusquement, partant sur la gauche, je feule de plaisir. La chasse… Le moment le plus grisant d'une vie de loup. Poursuivre un repas, faire la course avec un camarade de chasse… Aless confirme sa participation avec une phrase qui me fait presque frémir.

Aless me double, mais je bifurque sur ma droite. J'avoue, je triche. Je sais où va le chemin de  la biche, j'en prends donc un autre plus direct. Je passe à vive allure devant une famille d'écureuils qui n'a pas compris ce qui se passe. La connaissance du terrain me fait arriver quelque mètre avant notre proie qui, prenant peur, glisse en essayant de tourner brusquement dans une direction au pif. Seulement Aless est là pour la tenir au sol. Je n'ai pas eu la proie directement, mais je suis fière d'être passée devant la biche.

-J'avoue, je connais pleins de raccourcis … J'ai vécu ici à dire vrai… Ce n'est pas dur..

Je lui affiche un sourire malin, avec une pointe d'ironie, et regarde le pauvre animal.

Joli saut au fait. J'ai une faim de loup… Cette chasse m'a ouvert l'appétit…

Nous avions couru une bonne heure mine de rien et la lune nous sourit depuis un petit moment déjà. Et mon ventre hurle famine. Je n'avais pas prévenu Mady, alors rapidement je laisse un message à Will pour lui dire que je mange avec Aless. Sa réponse est digne de lui-même et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire.

Porter la biche à deux ne fut pas une partie facile. Comique, certes, mais vraiment pas facile. Je ne suis pas une aide très efficace. J'aurais pu tenir la patte de la bête que ça serait la même chose. Mais cela nous a permis de bien rire. J'ignore où il m'amène, mais l'aventure est agréable. Je ne peux m'empêcher de glisser un remerciement sincère dans un sourire, entre deux rires…

La Biche

La chasse. Cette étrange activité qui consiste à laisser l'animal en nous s'exprimer, tout en gardant un contrôle presque absolu ,mais en laissant une douce et vivifiante liberté envahir notre être. Je suis contente d'apprendre qu'Aless a aimé la course et je me sens un peu fière de moi d'avoir réussi à sortir ce loup des villes dans les bois. Cette sortie nous fait du bien à tous les deux. En regardant Aless me faire un sourire, je ne peux m'empêcher de me dire que sans lui, je serais peut-être au fond du trou. C'est l'une des personnes les plus importantes à mes yeux. Par confiance et par l'amitié que nous avons nouée au-delà du travail, je sais que je serais incapable de le trahir. La fidélité n'est pas mon fort, pourtant, entre lui et la meute, j'ai appris à faire confiance et à donner confiance. Will comme Aless on confiance en moi et même si j'ai appris à trahir, quand je regarde Amaro, je sais que j'en serais parfaitement incapable...

-D'habitude, je chasse le steak dans la cuisine de Charlie.

Je me retiens de me moquer de mon patron, mais je lance quand même une petite phrase

-C'est sûr que, dans la cuisine de Charlie, la viande court moins vite...

Aussitôt sortie, ma phrase est aussitôt suivie d'un rire doux est bienveillant. La petite moue faussement boudeuse d'Aless suite à ma moquerie me fait sourire. Changeant de sujet, il me demande si je connais un endroit, de préférence dégager et pas trop loin... Pardi !!! Je connais ses bois comme il connait son bar et sa ville...

Ensemble, nous portons notre butin de chasse sur à peine un km. Nous ressemblons vachement à des braconniers avec notre biche à bout de bras. Arrivé au milieu de la clairière, on dépose l'animal au sol. Pas besoin de se dire que faire, je prends mon couteau pendant qu'il cherche du bois et des brindilles. Avec rapidité et finesse, je dépèce notre repas en me souvenant de mon passé. Encore dans la meute familiale déjà, nous apprenions très jeunes à vider les proies que ramenaient les hommes. J'ai gardé ce savoir, car même lorsque la meute fut décimée, j'ai continué la chasse. C'est seulement depuis que je suis avec Will que j'ai arrêté. Reprendre tout ça me fait du bien et me rend mélancolique.

Une douce chaleur me ramène et je souris. J'aide Aless à mettre la bête vidée sur le feu. Puis, on s'installe sur un tas de feuille. Mon regard se perd dans les flammes et je ne vois pas la connerie de l'homme en cours de préparation. C'est son redressement rapide qui me fait tourner la tête. Le voir avec des branches sur la tête me surprend et je n'ai pas le temps de réagir que...

- Je suis un cerf, tu as tué ma femme !

J'ouvre de grand yeux surpris, car déjà je ne savais pas que les biches et les cerfs se mariaient.. Puis, je m'élance pour le fuir, tournant autour du feu. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il saute au-dessus de ce dernier. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, jusqu'à ce que je bascule dans les feuilles... Avec un Fichu Italien assis sur mon dos. Je me débats de toutes mes forces, mais pâlit quand le flash m'éblouit... Non... Il n'a quand même pas osé faire ça... Si... Il tombe sur le côté et je me redresse en le fixant avec un regard destructeur.

-Tu vas ....

- Temps mort ! Faut tourner la biche, ça crame que d'un côté.

Tu ne perds rien pour attendre.... me dis-je en l'aidant à tourner notre repas. L'odeur fait grogner mon ventre tellement fort qu'un sourd l'aurait entendu.. Je rougis et fixe Aless. J'ai vraiment envie de lui faire regretter, mais tout ce que je fais, c'est me laisser tomber par terre et fixer les étoiles que l'on voit bien, loin des lumières de la ville. Sans nuages, la nuit est magnifique. Étaler sur le dos je murmure.

-Je n'avais jamais dit à Maxine à quel point elle était adorable. Tu crois qu'elle est bien l'a où elle est? Elle mérite d'être heureuse. C'était une ange sur cette terre emplie de démons. Peut-être que finalement, ce chasseur l'a sauvée de ce monde...

Pas besoin de regarder pour savoir qu'Aless se rapproche. Je l'écoute en souriant et ferme les yeux.

-tu sais, je viens de comprendre ce que peuvent ressentir les familles des gens que j'ai tués. Surtout de ceux qui étaient parfaitement innocents et dont leur seul crime fut de croiser ma soif de sang.

L'odeur du fumet attaque mes narines et je me redresse.

- Je crois que la viande est cuite à la perfection !

Avec finesse, je découpe deux bons morceaux de viande et en donne un à Aless. On s'installe sur notre fauteuil de feuille et mangeons lentement...

-C'est tellement bon... Tant de souvenirs dans une seule bouchée !

Je lui parle alors de ma meute familiale comme je ne lui ai encore jamais parlé. Tous les bons souvenirs.. Il m'écoute en silence je libère tout ce que j'avais enfouie au fond de moi..