Meritata vacanza || Feat mio gattini Andy ♥

Sur le pied de guerre Theresa l'attend déjà. Tasse de café dans une main et cafetière en inox dans l'autre la mère de famille attend celle qui se sert de sa cour intérieure comme d'un parking sécurisé depuis déjà une semaine. Il n'a fallu que peu de temps à la féline pour prendre ses habitudes dans ce quartier où chacun connaissait déjà son prénom avant qu'Alessandro ne l'emmène ici pour la première fois. La générosité de tout ces gens est sans doute faussée par le respect qu'impose la position dans la Famiglia, mais la blonde ose espérer que tout ces sourires qu'on lui offre depuis qu'elle a mit les pieds dans cet endroit sont sincères.

-Ma belle vient prendre ton café ! J'ai plus de gâteau, les bambini des voisins ont tout mangé cet après midi.

La puma fronce le nez, bien loin de se morfondre face à l'absence de pâtisseries pour accompagner cette tasse de café qu'elle compte boire comme à son habitude, callée sur un coin de la table de la cuisine de Louis. Elle aime échanger quelques mots avec Theresa, cette femme avec qui elle ne partage rien aux premiers abords. Ici elle est si loin des beaux quartiers de Phœnix qui ont vu son enfance, si loin de ces soirées trop longues dans lesquelles ses parents les ont baladé elle et Taylor durant des années. Ici les choses sont simples et les gens qui vivent dans ce quartier modeste n'ont pas grand chose, mais sont toujours prêts à vous offrir beaucoup. C'est une des raisons qui font que la puma a choisi de loger chez sa belle-mère et pas chez Stefano durant cette semaine. Le fait qu'elle n'apprécie que très peu cet homme ne joue que légèrement dans son choix final. Alessandro est parti découvrir la vielle Europe avec son ami et la fille de ce dernier, laissant la blonde vaquer à des occupations qui ne tournent qu'autour d'une chose : Son métier. Le vrai, celui pour lequel elle a passé tant de temps à l'université. David est un amour de confrère tout autant qu'il sait se montrer beau-frère amusant.

-J'ai pas trop de temps aujourd'hui. Mon homme rentre aujourd'hui.
-Oh c'est vrai ! J'avais oublié.

Theresa est une vilaine menteuse, Andy se doute bien que la mère de famille, comme tout ces gens qui vivent ici, savait bien que le retour d'Alessandro était prévu pour aujourd'hui. Ici on ne parle que de ça, que ce soit à la boulangerie ou même chez le boucher. Andy fronce le nez pour ne rien dire, désigne simplement la cafetière d'un geste ample de la main.

-Ce serait bien que je ne m'attarde pas trop.
-Donc pas de café ?

Le regard de la femme de Louis se fait soudainement plus sombre et presque attristé, en tout cas en apparence. Une lueur de malice réside dans les prunelles de cette femme qui derrière ses airs de ménagère parfaite sait bien mener son monde. Ici les femmes ne restent dans l'ombre que pour faire croire à leurs maris qu'ils contrôlent la situation. C'est Graziella qui a apprit cela à Andy alors qu'elles déjeunaient ensemble dans un restaurant japonais en vogue. Et ces pauvres fous ont l'audace de se laisser berner d'une manière qui parfois n'a rien de subtile. Cette information là, Andy la tient de Matteo. La jeune femme a eu Sonny au téléphone quelques heures plus tôt, l'ami et mentor de son homme lui confiant qu'il serait celui qui irait chercher le voyageur à l'aéroport.

-Pas ce soir. En plus j'ai dit à Maria que j'irais chercher du pain. Faut que je me dépêche.
-J'ai acheté le double sans faire exprès. Si tu veux que je te dépanne !
-...

Rien ne sert de lutter plus longtemps. Andy soupire, accroche un sourire à ses lèvres finement maquillées de carmin pour enfin suivre Theresa à l'intérieur de sa cuisine.

[...]

Après un café vite expédié et avec un pain moulé entre les mains, la puma entre dans l'immeuble qui est devenu son logis durant cette semaine qui est en train de s'achever. Chaussée de ses talons aiguilles et le pas claquant elle grimpe les marches quatre à quatre pour rejoindre le bon étage. Les portes s'ouvrent sur son passage, on lui affirme que son homme est de retour au pays. Bonjour le scoop... Et que les bras de ce dernier étaient chargés de fleurs. Le sourire de la féline gagne en splendeur, elle manque de se faire bousculer par un enfant, puis deux qui dévalent les marches comme des vandales.

-Bonjour m'dame Andy ! Il vient d'arriver !
-Je m'en doutais Filippo ! C'est la jungle ici, on se croirait dans un zoo.

Les rhinocéros se font la malle en gloussant comme des pintades. Donnant là plus de corps encore à la remarque faite par la puma. Le prochain étage est le bon, Andy sort sa clé tout en devinant que personne n'aura prit la peine de fermer le verrou entre l'arrivée d'Alessandro et la sienne. À la volée elle ouvre la porte de l'appartement de sa belle-mère, ôte ses chaussures qui se font instruments de torture dans la foulée pour les abandonner près du paillasson.  

-C'est moi ! J'ai du pain. Et je dois encore deux dollars à Theresa !

La femme de Louis n'accepte pas les paiements via carte bleue. Une fois cette formalité annoncée, la féline décide bien vite de revenir à un sujet plus essentiel. Le retour de son homme. Le séjour de ce dernier en Angleterre lui a semblé bien long, et ce malgré les appels téléphonique et les messages échangés. Ce fichu décalage horaire entre les deux pays n'a rien arrangé à leurs affaires. Des messages coquins sont les seules choses qui ont su amuser la jeune femme durant ces quelques jours. La puma n'a pas besoin de chercher longtemps après son loup. Il lui apparaît, bouquet de roses colorées entre les mains, de larges cernes sous les yeux.

-Coucou toi. Tu m'as manqué.

Une évidence, un sentiment partagé. Andy prend son élan, s'accroche au cou de son homme qui avait vu arriver cette étreinte dans laquelle la puma se fait koala. Du bout des doigts le loup libère les cheveux blonds de la jeune femme hors du carcan de son chignon distingué. La bouche d'Andy glisse, passe des lèvres à une joue pour finalement grimper tout près d'une oreille. Frissons garantis. Les roses finissent posées sur la table de la cuisine, la jeune femme glousse tandis la voix de Maria lui parvient.

-Il y a des chambres pour ces choses là !

Le ton dont vient d'user la maman d'Alessandro est faussement réprobateur. Rapidement la féline retrouve la terre ferme, passe une main sous le regard fatigué de son amant et ami.

-Merci pour les fleurs mon cœur. Tu as l'air usé. Sonny allait bien ? Et le vol avec le bébé ? La famille de Tobias c'était comment ? Ne me dit pas qu'ils sont tous comme lui...

Il faut dire que l'ami d'Alessandro a un caractère que la féline décrirait comme étant particulier. Pour ne pas devenir impolie.

La veille Alessandro est allé retrouver son lit rapidement après l'arrivée de la féline dans l'appartement de Maria, et ce sans prendre le temps de manger un peu. Il faut dire que le décalage horaire ne fait pas de cadeaux. Mais ce matin le beau brun ne semble pas songer à louper le repas le plus important de la journée. Il engouffre les tartines beurrées et couvertes de confitures plus vite qu'elles ne sortent du grille pain, vide la cafetière préparée par sa mère comme s'il n'avait rien mangé depuis des jours. Cela fait sourire Andy qui l'observe du coin de l'œil tout en discutant avec sa belle mère. C'est sa dernière matinée dans cet endroit avant plusieurs semaines. La jeune femme profite donc de la présence de son ainée, bienheureuse d'avoir refusé le luxe de la villa de Stefano pour y préférer la chaleur de ce petit appartement. La jeune femme parle travail, sans s'attarder sur des notions juridiques qui pourraient se faire assommantes pour des non-initiés. Dans une heure ou peut être deux, elle quittera cet endroit pour aller rejoindre Alessandro. C'est là un accord muet qui s'est conclu naturellement entre la féline et son bel italien. Il faut dire que Graziella n'a pas prit de gants en conseillant quelques jours plus tôt à sa belle sœur de passer sa dernière nuit dans ce lieu qui aurait initialement dû être son logis pour la semaine.

Andy fronce le nez lorsque Maria lui rappelle cette catastrophe culinaire dont elle a été l'instigatrice quelques jours plus tôt. La puma a profité de ce trop court séjour à LA pour quémander quelques cours de cuisine, une proposition qui a su faire le bonheur de la mère d'Alessandro. Maria s'ennuie, un peu seule dans cette grande ville. Matteo a l'habitude de venir souper ici une à deux fois par semaine. Cette semaine de vie commune a rapproché les deux femmes, mais elle a aussi su mettre un peu de baume au cœur de la mère de ces deux grands garçons turbulents. Andy se lèche les babines, puis enfin retrouve son bol de café. Alessandro vient de se lever pour poser sa vaisselle dans l'évier, et annonce qu'il quitte les lieux après avoir reçu un message dont la puma n'a pas besoin de connaître le contenu pour deviner qu'il est important.

La politique de l'autruche est une bonne méthode à suivre si l'on souhaite survivre dans ce panier de crabes qu'est la Famiglia. Andy se contente de froncer les sourcils, parle dans le vide pour s'adresser à son homme qui s'en va déjà en direction de sa chambre d'adolescent.

-Je peux rembourser Theresa tu sais.

Pas de réponse, si ce n'est la main de Maria qui se pose sur la sienne.

-Il est un peu têtu.
-Un peu ?
-Laisse le croire qu'il l'est plus que toi. Comme une préparation pour ce soir. Ils ont tendance à croire que les femmes ne sont que de jolies poupées de compagnie.

Alessandro n'est pas de cette école qu'on nomme vieille pour ne pas la décrire avec le terme dont l'usage serait le plus approprié. De la vilaine misogynie mal-placée, c'est là ce que la puma a vu lors de son premier et unique passage dans la maison de celui qu'elle peine encore à voir comme un beau père tant il est réfrigérant, et ce même dans ses rapports avec son propre fils. Graziella semble habituée à ce traitement qui fait que les femmes ne sont que des objets décoratifs liés à la reproduction.  La puma tire une triste mine, accrochant toutefois un sourire à ses lèvres lorsque son homme refait son apparition dans la cuisine. Alessandro embrasse les deux femmes présentes, puis quitte l'appartement. La jeune femme tend l'oreille pour mieux entendre sa moitié qui dévale les escaliers comme si la mort était à ses trousses.

-Tu n'es pas comme ça ma chérie et c'est une bonne chose. Ils se calmeront une fois qu'un bébé sera là.
-On en a déjà parlé Maria. Un jour sûrement, mais pas demain. Mais si Matteo se bouge avec sa copine, on aura peut être bientôt une bonne nouvelle à fêter.

Andy songe à son amie, à ses amis. À cette bonne nouvelle, cette annonce qu'elle avait eu bien du mal à accepter. Ce drame qui est tombé sur ce couple qu'elle voyait comme étant parfait. Amance est depuis repartie dans son pays et c'est un grand vide que la française a ainsi laissé derrière elle. Sans être capable d'en vouloir à son ancienne colocataire, Andy se sent pourtant seule. Capucine, Wesley, Amance, les uns après les autres ses amis se font la malle. Le féline plonge soudainement dans son bol de café pour dissimuler ses yeux qui commencent à s'embuer.

[...]

Elle a profité de ses derniers instants chez Maria, puis après avoir promit à cette dernière un retour rapide en ville, la féline est allée récupérer sa voiture chez Louis et Theresa. Quitter ce quartier sans se faire prendre en embuscade par du café et des biscuits tient de la mission impossible.

À présent affalée sur un des transats qui bordent la piscine de la demeure du père de son homme, elle profite des doux rayons du soleil. Non loin de dormir mais assez éveillée pour entendre Sonny les rejoindre, la féline fait grimper ses lunettes de soleil sur le sommet de son front quand le mentor d'Alessandro aborde un sujet des plus sérieux. Celui lié à de prochaines vacances. Les Bahamas, du soleil, beaucoup de soleil. Assez pour satisfaire la féline qui ne souhaite qu'une chose : se dorer la pilule loin des tracas du quotidien. Toutefois ses yeux se font ronds comme des soucoupes lorsqu'elle saisit qu'on a jugé bon de décider de certaines choses à sa place. Elle serre les dents dans un sourire qui se veut avenant.

-Il faut aussi que je prévienne Shin. Il va finir par croire que je l'abandonne.

On ne prend guère de gants pour noter l'inutilité de conserver ce travail qui pour la jeune femme relève avant tout de la distraction. Un feulement sourd échappe à la blonde, un son purement félin qui ne surprend visiblement personne. Montrant là que Sonny sait des choses qu'il devrait ignorer.

-C'est mon ami. J'ai mit fin à mon contrat avec le journal, mais je ne lâche pas la première personne qui m'a offert du travail en Californie. David est au courant et il comprend mon point de vue sur le sujet. Je vais réduire mes heures au dojo, mais je ne laisse pas non plus tomber les cours.

Elle pose son regard presque noir sur son homme, puis sur Sonny. La discussion est finie, en tout cas pour elle et c'est là le principal. Déjà mal à l'aise après s'être sentie forcée de revenir dans cet endroit, la blonde ne tolèrera pas que l'on vienne la chatouiller sur ce sujet sensible. Des amis elle en a de moins et moins et elle n'abandonnera pas les rares qui lui restent. Fière malgré elle d'avoir pu s'imposer durant ce bref instant, la jeune femme se lève. Délaisse sa robe de plage pour terminer en simple maillot de bain deux pièces. Doucement elle se penche au dessus de son homme pour dérober un baiser à ce dernier et le gratifier d'un clin d'œil qui se veut amusé. Il lui a manqué durant sa semaine à l'étranger et elle ne souhaite pas avoir à hausser le ton.

Puis enfin elle saute dans la piscine, d'une manière que l'on ne peut qualifier comme étant gracieuse. Son plongeon tient plus de la bombe enfantine. Les deux arrosés se la jouent offusqués ce qui tire un éclat de rire à la jeune femme.

-Ces vacances vont être comiques si vous vous plaignez à la moindre gouttelette.

Elle n'a pu s'empêcher de froncer les sourcils en saisissant que les deux hommes qu'elle avait au premier abord pensé être de simples employés dévoués au transport de leurs bagages jusqu'à la soute du jet de son beau-père, n'étaient rien d'autres que des gardes dont on leur imposait la présence. Drôles de vacances que de se sentir ainsi surveillée sans arrêt. Si doucement la puma se fait à cette présence quasi constante des hommes d'Alessandro dans ce qu'elle juge être leur intimité, elle avait toutefois espéré que ces congés ne soient en rien liés à cette organisation que l'on nomme famille une fois qu'on a les deux pieds dans le milieu. Ce cadeau empoisonné est livré avec l'homme qu'elle aime. Et Andy ne peut changer cela. Ce serait là une véritable folie que de s'atteler à une pareille tache, des efforts fait dans le vent car même si certaines choses peuvent changer avec le temps, elle ne veut pas que ses prises de positions parfois survoltées puissent mettre l'homme de sa vie en danger.

Elle savait où toute cette histoire pouvait la mener, et cela bien avant que les choses ne soient officialisées entre elle et Alessandro. Les prémices de cette romance qui se sont jouées dans une cabane perdue dans la montagne boueuse, c'était déjà un bel exemple de ce que pourrait être sa vie si elle décidait de lier son destin à celui de son ancien camarade de lycée. La blonde soupire, affalée sur un des canapés latéraux du Cessna. Son homme se sert de ses cuisses comme oreiller, Sonny un peu plus loin ronfle sereinement alors qu'il avait seulement mentionné le besoin de reposer ses yeux. Ces vacances au soleil sont une bulle de quiétude dans leurs quotidiens survoltés. Souriante, la puma détache un bref instant ses doigts des cheveux de son homme avec lesquels elle jouait machinalement. Elle se saisit de ce verre de limonade fraîche qu'une hôtesse vient de lui apporter quelques minutes plus tôt.  

Le liquide pétillant titille les papilles gustatives de la jeune femme. Son regard demeure cependant accroché à ce livre qu'elle a prit le soin d'acheter pour la durée du vol. En suivant les conseils de son père, la puma a opté pour l'achat d'un vieux roman français. Cela lui conte une histoire d'autrefois, celle d'une famille plutôt aisée vivant aux alentours de Marseille qui part en congé d'été dans une belle maison. Un luxe pour cette époque, mais la famille de cet instituteur semble être aisée. Les hommes vont à la chasse, les femmes plument le gibier. On découvre un plomb oublié, Marcel se fait quant à lui un ami. Lili.

Andy soupire son amusement lorsque son homme ronchonne pour retrouver cette main qui a cessé de le décoiffer. D'un geste sûr, elle glisse un de ses doigts en guise de marque page pour ne pas se perdre dans son ouvrage puis referme ce dernier. Puis elle fixe son bel italien un sourire malicieux rivé aux lèvres.

-Hey. Mon livre parle de vacances. Dans le sud de la France, assez proche de l'Italie finalement. Te voilà Joseph et moi Augustine.

Sonny devient par la force des choses oncle Jules et les gardes héritent naturellement du rôle des enfants qu'Andy compte bien oublier durant cette semaine. Doucement elle se penche, ses lèvres partant à la recherche de celles qui n'appartiennent qu'à elle. Ce moment tendre n'est pas un instant rare dans cette vie qu'ils mènent à deux. Les bourreaux de travail qu'ils sont ont bien souvent de lourds emplois du temps, pas toujours compatibles. Parfois il y a dispute, car leurs tempéraments forts peuvent faire des étincelles.

C'est là que se situe leur équilibre. Tendresse, franchise, romantisme et humour souvent bon enfant. La puma se redresse, lissant inconsciemment un des plis de sa robe fleurie. Puis elle retourne à sa lecture, imperturbable.

[...]

Le soleil tape haut et fort lorsqu'ils sortent du jet et se préparent pour attendre cette voiture qui va les mener à la propriété de Stefano le temps que les broutilles administratives ne se fassent. Leur moyen de transport leur garantit que toutes ces formalités seront vite réglées. Un privilège de riches qui ne déplait pas à la puma.

La jeune femme dégaine son portable, traîne son homme avec elle pour prendre un cliché à l'abri de regards indiscrets. Leurs mines souriantes partent immédiatement en direction de l'Arizona. Miranda doit être à l'hôpital à cette heure, mais elle avait fait promettre à sa fille de lui donner des nouvelles de manière régulière. Il ne faut attendre que quelques secondes pour que le portable d'Andy ne se mette à vibrer à son tour. La réponse de sa mère est sans filtre. Ils sont beaux, elle embrasse ce gendre qu'elle ne connaît que de nom et les envie tout les deux.

-Ils devaient partir en Nouvelle-Zélande il y a un mois mais le travail de maman les a coincés à Phoenix.

Le téléphone vibre une seconde fois.

"Si vous croisez Clooney, je veux un autographe cette fois.    M."

Andy montre son téléphone à son homme dont les yeux ne tardent pas à se faire ronds comme des soucoupes.

-Elle te taquine. Elle t'aime bien tu sais.

Alessandro affirme avoir hâte de faire la connaissance de Miranda, ce qui suffit à réjouir la puma. Sa mère est un exemple de calme exemplaire, jamais elle ne se souvient avoir vu cette femme s'énerver plus qu'il ne l'aurait été nécessaire. En usant de mots choisis avec soin, d'un ton de voix souvent constant la pédiatre sait mettre en avant ses opinions et ses choix. La mère de la jeune avocate s'est sans doute même montrée trop calme, ce qui a causé le déclin puis la fin prématurée de Taylor. Andy ne peut s'empêcher d'en vouloir à ses parents. De les juger coupables de la dérive de son frère tant ils se sont montrés laxistes avec celui-ci.

Ces songes douloureux et tous ces amers regrets, la jeune femme a pris l'habitude de les garder pour elle. Tant que son amie Amance avait été surprise de découvrir qu'elle n'était pas fille unique. Durant ces quelques jours passés à Phoenix, la jolie Française avait eu une vue parfaite sur un envers du décor dont elle n'aurait pu songer qu'il puisse exister. La puma ne mentionne pas son père, ce dernier ayant déjà pu faire la connaissance d'Alessandro il y a des années. Dix ans plus tôt, le loup était un ennemi aux yeux de la plupart des membres de la famille Turing. Qui aurait alors pu penser qu'un jour la jeune fille deviendrait femme amoureuse de ce bel italien qu'elle jugeait à l'époque arrogant et bête comme ses pieds.  

La limousine les emmène à la découverte de cette ville que la puma ne connaît pas. Ses parents aisés sur le plan financier ont toujours favorisé l'état d'Hawaii pour les congés d'été. À cette époque ils louaient sur place une petite maison, se donnant ainsi l'impression de devenir une partie de cette communauté avec laquelle ils n'avaient rien en commun. Andy savoure cette vue qui s'offre à eux. Un paysage dans lequel tout est pensé et mis en place pour une partie réduite de la communauté des humains : Les riches. Ceux qui ont tant d'argent qu'ils sont prêts à payer des sommes folles pour acquérir une bonne dose de futilités. Sonny échange avec leur chauffeur, la puma joint naturellement sa main à celle de son homme, souriante.

Après la limousine, voilà le bateau qui les attend pour les mener jusqu'à la propriété du père d'Alessandro. Sonny se charge de les guider à bon port tandis que les deux amoureux en manque de vacances profitent de cette bulle de calme qui se présente à eux. Tous les trois ont un grand besoin de ces congés. Pourtant dans ses valises, la jeune femme a pris le soin d'apporter de quoi travailler. La loi n'attend pas, le divorce de son parrain approchant à grands pas elle ne peut se permettre de relâcher ses efforts. La jeune femme a également donné rendez-vous à quelques uns de ses plus fidèles élèves pour des cours de yoga par écran interposés. Les postures tant apprises et répétées seront sans aucun doute reprises de manière médiocre, mais une de ses élèves a besoin d'elle. Le terme de la grossesse de Becky Willbur est prévu pour dans trois semaines et cette sportive naturelle commence à paniquer de manière certaine.

Les hommes parlent. Balade en ULM et autres loisirs décadents. Sonny crie pour se faire entendre alors que les sens des deux surnaturels qui l'accompagnent n'ont pas besoin qu'il se donne cette peine. Dans leur appartement Andy et Alessandro ne vivent que de murmures. Les haussements de tons ne servant qu'aux disputes et aux activités nocturnes. Le regard perdu dans les nuances de bleu qui les entourent, la féline s'amuse de la proposition que vient de lui faire son bel italien.

-Ce serait drôle. Et puis on a aucun risque de croiser un iceberg dans les environs. Ça limite la liste des catastrophes que je pourrais causer.

La féline se sait maladroite, à un si haut point que cela frise parfois le mauvais comique. Elle gratifie son homme d'un clin d'œil assorti à un sourire resplendissant.

[...]

Sonny les a rejoints après avoir enclenché le pilote automatique pour éviter qu'ils ne dérivent. Andy se saisit de la coupe que lui tend le mentor de son homme.

-Tu as pensé à tout ! Je croyais que la maniaquerie d'Alessandro lui venait de Maria, mais tu n'es peut-être pas innocent dans cette affaire toi non plus.

L'homme lui offre un grand sourire puis les verres s'entrechoquent.

-À nous. Et surtout à vous.

Sonny a su l'accueillir dans cette étrange famille, se montrant plus chaleureux que ne l'a été le père d'Alessandro lui même. La féline peine à imaginer cet homme en froid commandant, mais elle ne parvient pas non plus a voir réellement cette facette chez l'homme qui partage sa vie. Ils ruinent tous les préjugés que ses études ont créés chez la jeune femme. Souriante, elle tend la main vers le plateau de fruits de mer. Comme tous les félins, elle aime la saveur particulière de ces mets raffinés.

-Vous avez su m'accueillir, moi la petite femme qui a tendance à ne pas garder ses opinions pour elle. Graziella trouve ça amusant, mais elle n'a pas manqué de me recommander de jouer la carte de la prudence.

Les hommes ne savent quoi répondre à la suite de cette affirmation. Il n'est pas bien glorieux à cette époque de rester attaché à des idées qui demeurent des résidus d'un temps ancien. La lutte pour l'égalité des sexes n'est pas qu'un simple caprice, c'est là seulement une demande légitime pour équilibrer les règles du jeu. Si à présent des femmes comme Andy ou bien sa mère peuvent affirmer avoir leur place dans des métiers qui furent bien longtemps une histoire d'hommes et rien de plus, c'est parce que d'autres avant elles se sont battues pour acquérir ce droit. La blonde ne se voit pas finir mère au foyer, avec ses quatre mômes sous le bras en attendant que son cher mari daigne revenir du travail.

Sonny ne manque toutefois pas de s'avouer surpris par cette prise de position que la femme qui lui fait face assume sans filtre. Andy se saisit d'une huître, la noie dans le jus de citron avant de reprendre.

-Vous avez fait des recherches sur moi Sonny. C'est logique. Je l'aurais fait aussi à votre place. L'information est la clé de la guerre après tout.

L'homme ne prend même pas la peine de nier. Une marque de franchise qui ne déplaît pas à la blonde. Après tout elle n'a rien à cacher.

-Donc vous savez pour le côté chat à grandes dents. Et vous savez aussi pour le reste. Quel est mon parent qui a stoppé ses études pour aller travailler et élever ses enfants ?
-Votre père. Un choix courageux.

Andy ne sait si c'est le courage qui a fait agir son père de cette manière après la naissance de ses enfants. Par contre elle sait une chose. L'homme qui lui fait face vient de se faire larguer par sa femme à cause de ce milieu dangereux dans lequel il évolue. Pas assez mesquine pour évoquer cette fatalité qui s'est échouée sur la vie de l'ami de son homme, la féline se contente de poser ses lèvres sur le rebord du coquillage qui attend posément pour se frayer un chemin jusqu'à son estomac.

Délicate, elle déguste ce bijou de la mer. S'essuie les lèvres avec le recoin de sa serviette.

-Une femme peut avoir besoin d'aide. Alessandro a sauvé mes fesses alors que je m'étais mis en tête de faire coffrer tout un cartel mexicain. Sans lui j'aurais perdu la vie comme une idiote. Mais lorsqu'il se prend une volée sur le ring, c'est moi qui lui masse le dos et qui l'aide à enlever son pantalon. La notion de sexe faible c'est un vieux truc qui n'est plus au goût du jour depuis longtemps.

La puma ne se démonte pas, même si ce qu'elle vient de dire à voix haute n'est en rien une nouveauté pour son homme, elle sait que dans cette organisation qui est la famille de ses deux compagnons de vacances les vieilles habitudes ont parfois la dent dure. Alessandro l'observe, puis approuve finalement cette prise de position qui est celle de la femme qui partage sa vie depuis déjà de nombreux mois. Il est plus jeune, a une vision plus novatrice de cette situation. En agissant de cette manière Alessandro donne raison à sa mère qui voit dans son garçon un homme bien doté d'idées modernes. Désormais silencieuse, la blonde se contente de sourire tandis que son bel italien énonce une liste de professions que l'on a longtemps jugé à tord uniquement réservées à la gente masculine.

Puis bien vite une évidence en suit une autre. Après avoir échangé un regard lourd de sens avec son mentor devenu muet, Alessandro annonce une couleur qui convient parfaitement à l'avocate. Elle ne veut rien avoir en commun avec ces affaires qui ne la concernent pas. Savoir ce que son homme fait lorsqu'il s'éclipse tard le soir après une soirée TV passée à deux ne la tente pas. Pire même, elle se satisfait de cette politique de l'autruche qu'elle mène. Ce qu'elle ignore ne peut lui causer de tords, c'est ainsi qu'elle a décidé de voir les activités de la famiglia. Imaginer son amant en froid meurtrier est une idée qui lui déplaît, c'est une réalité à laquelle elle ne veut être confrontée si elle peut l'éviter. Le souvenir de cette nuit de pleine lune où tout a dérapé suite à l'annonce d'une catastrophe, cette terreur qu'elle a ressentit ce soir là, avant de finalement se faire une raison alors que son cou était enserré par la poigne féroce du loup demeure un drame, un choc qu'elle ne peut oublier. Une scène d'horreur à laquelle elle ne veut plus jamais assister.

Sonny leur tourne à présent le dos, faisant naître un sentiment de culpabilité chez la jeune femme qui se dit qu'elle aurait dû peser ses mots. Édulcorer ses convictions et cela quitte à prendre le risque d'être mal comprise. Elle a appuyé là où elle savait que cela blesserait cet homme qui jusqu'ici ne lui a offert que son amitié. Le mentor de son homme s'éloigne pour mieux accepter le poids de ces mots durs qui viennent de lui tomber dessus. Des reproches qui ne sont pourtant pas destinés qu'à lui, mais à tout ces hommes qui ont gardé une vision désuète du mariage et des relations entre ceux qui sont dotés d'un pénis et celles qu'ils jugent trop facilement représenter ce sexe qu'ils pensent faible.

Soudainement attirée contre le corps chaud de son homme, Andy ferme les yeux un bref instant. Inspire profondément tout de cette odeur devenue symbole de protection et de réconfort, la fragrance du bonheur dans son plus simple appareil.

-Je t'aime. Tu devrais aller voir Sonny. Il t'aime. Il a besoin de toi.

Pour oublier, pour accepter une réalité à laquelle il n'avait sans doute jamais été réellement confronté. Le mentor d'Alessandro est en train de se séparer de sa femme, une personne qu'Andy ne connaît pas mais qui éloigne un père qu'elle devine aimant de ses enfants dans le but de protéger ces derniers.

Les deux hommes parlent, de choses dont bien vite Andy ne veut avoir la connaissance. Malgré elle, elle n'a pu s'empêcher d'entendre les ébauches de confidences que ces deux là viennent d'échanger dans son dos. Se forçant à afficher un sourire peu naturel qui n'est destiné qu'à la rassurer, le blonde tend la main vers une pince de crabe qui lui fait de l'œil. Coupe de champagne dans une main et fruit de mer dans l'autre, le féline dévore sans se soucier de salir sa robe fleurie.

Lorsque les hommes reviennent, un sourire timide a prit place sur les lèvres de Sonny et le plateau de fruit de mer s'est prit une claque.

[...]

Alessandro dans son dos prêt à intervenir en cas de loupé de sa part, la jeune femme pousse à fond la manette du moteur pour manier ce qui ressemble à un étrange jeu vidéo. Elle a sans doute été trop brusque dans sa gestuelle car Sonny se met à crier suite à ce qui semble être la perte de son verre. La féline s'esclaffe et s'excuse de sa maladresse. Manœuvrer le bateau est une activité tant plaisante que novatrice pour celle à qui on a jamais laissé le droit de s'amuser de cette manière. Généralement son père se réserve ce genre de loisir durant les congés familiaux de la smala Turing.

Tout est une histoire de doigté et de prise d'habitude. La main d'Alessandro se porte parfois en avant pour prêter secours à la puma qui tente de suivre les indications du GPS tout en gardant en tête les recommandations qui lui ont été faites par son homme. Toujours aux aguets, Andy prend finalement un peu d'aisance et se détend tout en prenant garde à ne pas se déconcentrer. Suivant ce point rouge qui est leur destination finale, elle demeure sage comme une image.

-C'est un peu comme un jeu vidéo.

Un jeu vidéo dans lequel elle se doit d'éviter le game-over.

[...]

Elle a fini par rendre son jeu à Sonny qui a achevé de les mener à la demeure de Stefano. S'ensuit un retour à la terme ferme qui n'est pas pour déplaire à la puma. Si elle aime l'eau, elle doit aussi avouer que comme tout autre félin elle se préfère loin de l'élément aquatique. Certes elle a bien prévu de se baigner, de profiter de ces congés mais elle ne compte jamais s'éloigner des plages securitaires pour autant. Sans forcément avoir peur de l'eau, la puma préfère avoir pied et n'apprécie que peu l'idée de finir emportée dans un courant.

C'est donc un soupir de plénitude qui lui échappe lorsque ses talons hauts fraîchement rechaussés touchent le ponton. Perdue dans ce décor de rêve qui s'offre à eux, elle cherche à tout voir en même temps pour ne rien louper de cette vie qui va être la leur durant une semaine. La plage couverte d'un sable blanc et si fin qu'on le croirait fait de soie les accueille, une végétation luxuriante dont les nuances de vert se marient à merveille avec ce turquoise profond de l'océan se mêle à ce sol vierge de pollution humaine. Le décor déjà splendide gagne en superbe avec cette villa immaculée dont les baies vitrées réfléchissent les rayons du soleil qui trône en reine un peu plus loin.

-Oh. Qu'est ce que c'est beau. Quand je pense qu'on va être forcés de quitter cet endroit pour retourner au travail à la fin de la semaine...

La main de Sonny se pose sur son épaule, une étreinte douce et presque paternelle qui fait lever les yeux de la jeune femme sur le mentor et ami de son homme.

-Il y a un bureau. J'ai demandé à ce qu'on y fasse de la place car je me suis douté que tu allais devoir emmener du travail avec toi.

Un pli soucieux prend forme sur le front de l'homme qui a visiblement retenu la leçon dont lui a fait don la jeune femme à plusieurs reprises. Andy n'aime pas qu'on prenne des décisions qui n'appartiennent qu'à elle à sa place. Mais elle sait apprécier les petites attentions qui peuvent avoir été pensées pour lui simplifier l'existence. Sans crier gare, elle enserre l'homme de ses deux bras. Un doux ronronnement lui échappe ce qui ne manque pas de faire réagir Sonny.

-Merci. C'est adorable de ta part, j'aime les petites attentions de ce genre.
-Alessandro a déjà tenté de te gratter l'arrière des oreilles ? J'avais un chat quand j'étais enfant et c'est comme ça que j'arrivais à l'empêcher de me griffer. Le chant du paquet de croquettes fonctionnait aussi.

En parlant du loup, celui-ci passe près d'eux affirmant sans honte avoir déjà opéré cette tactique pour s'offrir les faveurs de son félidé personnel et cela avec succès.

Suite à cet intermède dont on ne saurait douter de la malice, les vacanciers se laissent guider vers cette imposante demeure qui sera leur logis pour la semaine à venir. Quand on leur promet une collation, le ventre de celle qui vient pourtant de dévorer un luxueux pique-nique sur le bateau ne peut s'empêcher de gargouiller. Sans se soucier de ce son incongru qui rappelle à tous que son estomac est un gouffre sans fond ni fin, la jeune femme se laisse emporter par la beauté des lieux. Elle savoure ce silence presque parfait qui les entoure tel un doux nuage dans lequel seule la nature se fait entendre. Le clapotis de l'eau, un duo de perroquets qui prend son envol à la vue de ceux qui peuvent sembler être des intrus pour la faune de cette île bordée de turquoise.

Lorsqu'ils pénètrent dans l'imposante villa, celle-ci ne perd rien de son charme bien au contraire. Un patio lumineux et fleurit, noyé par des couleurs qu'on ne peut trouver que dans cet endroit les surprend par sa splendeur. Une mare se révèle être un aquarium pour des poissons dotés de teintes lumineuses. Sonny observe le spa, une lueur d'envie traversant son regard avant de partir dans une direction qui doit être celle de sa chambre. Un employé de maison vient vers le couple, se présente. Cornelius ne perd pas un instant avant de les mener vers l'endroit qui sera leur chambre pour cette semaine que la puma ne peut imaginer être autrement que merveilleuse et reposante. Et cela tant pour son corps que pour son esprit. Ces deux dernières années ont été riches en émotions et c'est en foulant le ponton de ses talons hauts que la jeune femme s'est rendue compte qu'elle n'avait pas prit de congés depuis son dernier spring break. Il y a certes eu ce week-end à la neige avec Willem et Amance, mais les souvenirs qui sont liés à ce week-end ne rendent pas cette expérience agréable. Et ce même avec du recul.

Amance n'est plus là. S'il est certain que son absence est comme un trou, une blessure quotidienne avec laquelle l'alpha peine à vivre, elle manque également à la féline qui met sa propre peine en sourdine pour ne pas empirer les choses. Will est naturellement devenu un ami, un homme drôle et humain. Un clown rieur qui cache sa détresse derrière un sourire parfois factice. Si différent d'Alessandro qui offre au monde une image froide. Pourtant lorsqu'ils se retrouvent les deux hommes prennent des airs de grands enfants.

La féline peine à réagir tant la chambre est vaste et moderne. Noyée dans un design des plus épurés, elle dissimule en ces murs de nombreux secrets que Cornelius ne tarde pas à leur dévoiler. D'une oreille distraite la puma ne loupe rien des dires de l'homme qui se pense discret lorsqu'il prend la peine de murmurer à Alessandro que deux armes et les chargeurs assortis dorment dans un coffre fort dont il connaît le code car cet enchaînement de chiffres qui suffit à l'ouvrir n'est autre que la date de sa naissance.

Du bout d'une épingle à cheveux, la puma joue avec une plante tue-mouche. Elle titille cette dernière pour mieux s'amuser de ses réactions. Cornelius les laisse seuls, la puma prononçant machinalement un remerciement à l'homme avant qu'il ne s'évade. Andy crie sa surprise lorsque les bras de son homme se referment autour d'elle pour la jeter sur le lit. L'épingle à cheveux choit au sol dans un son délicat, la puma s'esclaffe quant à elle dans un éclat cristallin.

-J'en veux une comme ça ! Je serais gentille avec elle.

Ils roulent sur le lit. Rient comme les enfants qu'ils sont encore au fond d'eux.

[...]

La féline a noué sur son corps un paréo aux nuances azur et mordorées. Ses cheveux laissés libres dévalent la pente de son dos, caressent les courbes de ce maillot de bain noir simple à la coupe recherchée qu'elle a acheté pour l'occasion. Sonny ne les a pas attendu pour profiter des vertus du spa, il les accueille en chemise blanche et maillot de bain noir, une coupe remplie d'un cocktail coloré entre les mains. La collation promise est au delà de toutes les espérances qu'ils auraient pu avoir sur ce sujet. Ce n'est que lorsque les lampes s'allument que la jeune femme prend conscience que dehors, c'est déjà la pénombre qui s'installe. Il n'est pourtant pas si tard, mais la latitude de cet endroit n'a rien de semblable avec celle de la Californie. Leurs vies vont prendre un nouveau rythme dans ce lieu.

Imperturbable, Cornelius énonce leur programme pour le lendemain puis propose dans la foulée une liste de loisirs tous aussi estivaux les uns que les autres. Andy note dans un coin de sa cervelle la possibilité de prendre quelques cours de cuisine avec la femme qui officie dans la villa. Maria a déjà commencé à apprendre ce qu'elle nomme les bases à sa belle fille. Bien vite la mère d'Alessandro s'est sentie désemparée en découvrant de quelles catastrophes culinaires la jeune femme était capable. Tout en marmonnant après ce coupable, Samuel Turing, que la puma n'avait pas hésité à dénoncer pour ses enseignements qui n'en valent même pas le nom, Maria s'était mise en quête de réparer ce qui lui semblait être une injustice. Depuis Andy sait faire cuire des pâtes tout en respectant pesées et temps de cuisson. À son palmarès s'ajoute une recette de biscuits dont Maria lui a promit qu'il était impossible de les rater mais aussi diverses petites choses, comme la cuisson de la viande.

Faire grandir ses capacités de cuisinière est donc une idée plus que tentante. La féline espérant bien vite être capable de ravir son homme tout en passant pas le ventre de ce dernier. D'une main aussi agile que mutine elle pince les côtes de son bel italien lorsqu'il appuie du bout de sa langue malicieuse l'appétit gargantuesque de sa compagne.

-Espèce de moqueur.

Sonny rit lui aussi.

-Prend garde à toi, je sais pincer.

Cornelius leur propose de quoi les désaltérer. Andy sourit à cet homme qui ne se fera pas pincer. Elle apprécie celui qui remplit sa gamelle et son verre par la même occasion. Demandant un daiquiri, la féline se saisit finalement d'une assiette, la remplissant largement avant d'ôter son paréo pour aller rejoindre les deux hommes dans le spa.

L'ambiance est douce, comme le clapotis de cette eau tiède contre leurs corps éreintés par le voyage. Andy dévore, par habitude il faut bien l'avouer car son dernier repas était copieux et il serait mentir que de dire qu'elle est en cet instant affamée.  

Les verres s'entrechoquent, puis fatalement se vident avant de se voir être une nouvelle fois remplis. Les gambas grillées sont savoureuses, juteuses. Tant que la féline se pourlèche les babines. Ce soir il ne sert à rien de faire des manières. Une fois son encas terminé, la jeune femme laisse son regard glisser vers les autres mets qui lui font de l'œil. Elle n'a pas envie de sortir du spa, et l'idée de se faire servir n'est pas pour lui plaire elle non plus. Andy râle son allégresse, étend ses jambes puis se love contre son homme. Il n'a pas finit son repas, elle décide donc naturellement de lui prêter main forte.

Sonny ne perd pas de temps avant de lui demander comment elle fait pour conserver une pareille silhouette tout en mangeant de telles quantités. C'est là un mystère, enfin presque. Andy passe une partie de sa vie dans un dojo et elle court avec son ami Alex dans les bois de manière régulière. Même si ce dernier semble lui préférer une compagnie plus masculine depuis quelques semaines. Il tarde à la blonde de rencontrer le petit copain de son ami.

-Le sport.

Rire de loup goguenard sur la gauche. Andy bourre son homme du coude avant de reprendre.

-Et une très bonne morphologie que je tiens de ma mère.

Il est certain que la jeune femme n'a pas hérité de celle de son père. Taylor n'était pas bien grand lui non plus, faisant de Samuel l'unique géant de leur famille. Un homme au physique des plus impressionnants, mais derrière cette montagne se cache une véritable peluche ambulante. La jeune femme porte son verre à ses lèvres, soulage ce dernier d'une longue gorgée et manque de recracher le tout lorsque Sonny enchaîne sur une autre question.

-Est-ce que vous avez prévu de faire des petits ? Stefano serait ravi d'être grand père.

Si la puma vient de frôler l'étouffement, elle n'est pas la seule dans ce cas. Le regard de Sonny pétille de malice, preuve qu'il connaît déjà la réponse qui va de paire avec cette question aux faux airs de bombe qu'il vient de lâcher en usant du plus grand des naturels. Andy se reprend bien vite, offrant là un sourire resplendissant à celui qui a vu grandir Alessandro.

-Alors ce n'est pas prévu pour tout de suite. Le boulot c'est bien aussi. Et qui dit bébé dit mariage. En tout cas c'est ainsi que se font les choses dans ma famille. Alessandro ne connaît que mon père et n'a même pas eu l'occasion de rencontrer maman. On a du temps devant nous. On a tout le temps de se faire à l'idée de concevoir un petit loup qui miaule.

C'est le soleil qui la force à s'éveiller. La féline ne prend pas la peine d'ouvrir les yeux sur ce monde qu'elle ne peut s'empêcher de juger trop lumineux en cet instant. D'une main elle se frotte le nez en baillant comme une bienheureuse. De l'autre elle cherche, fouille entre les draps pour retrouver au plus vite son homme. Sourcils froncés et en usant de la délicatesse des gens qui ont du mal avec la notion de réveil matin, elle grogne et fait entendre une voix à laquelle il manque cette once de féminité qui caractérise généralement la féline.

-Aaaarrrrhhh Chéri. Tu t'es caché ?

Tellement bien caché qu'il ne semble plus être dans les environs. La puma repousse oreillers et draps, fouille encore à l'aveuglette. Puis finalement se résout à ouvrir les yeux.

-Aaarrrrhhh.

Pour bien vite les refermer.

[...]

La blonde est non sans peine parvenue à quitter le confort du lit pour aller trouver refuge sous la douche. Il ne lui a fallu qu'une poignée de minutes pour se préparer pour aller prendre le petit déjeuner. Vêtue d'un short en jean et d'un de ses nombreux maillots de bain, un bikini coloré cette fois, elle se faufile à travers la villa de son beau père. Laissant son instinct la guider vers la nourriture. C'est une véritable corne d'abondance qui tient lieu de buffet pour ce premier repas de la journée. Confortablement installé et avec un journal entre les mains Sonny accueille la jeune femme qui vient de saisir une brioche si dorée qu'elle pourrait sembler être factice.

-Bonjour Andy. Alessandro est parti "pêcher" le repas de ce soir.

La puma baisse son regard encore endormi sur celui qui est un ami mais aussi une figure paternelle stable pour son homme. Elle ouvre la bouche, prête à demander si les réserves sont vides. Puis se reprend avant de prononcer cette sottise à voix haute. Alessandro a un réel besoin de repos et se perdre dans des occupations futiles et amusantes ne peut lui faire que du bien. Tout en se servant une tasse de café noir, la jeune femme sourit.

- Bonjour Sonny. Je dors beaucoup et il est habitué à faire de petites nuits. C'est bien qu'il ait pu trouver matière à s'occuper.

La puma mord et arrache la tête de sa brioche d'un coup de dents féroce. Elle a faim et le voyage en avion l'a quelque peu déphasée avec la réalité. La viennoiserie est bonne, peut être un peu trop farineuse pour pouvoir passer pour un produit fait maison. Mais la jeune femme apprécie ces notes industrielles et trop sucrées qui enrobent son palais. Une caresse pour ses papilles, bien vite contrée par l'amertume de son premier café du matin.

-Est-ce que tu veux travailler ce matin ? Cornelius m'a assuré que le bureau était prêt à t'accueillir.

Pour ne pas se montrer impolie en parlant la bouche pleine, la jeune femme use du langage non-verbal. D'un dodelinement léger du crâne, elle affirme ne pas vouloir renouer avec le travail alors qu'il est encore tôt et que leurs congés viennent seulement de débuter. Ses épaules se haussent, justifiant ce refus de se mettre à la tâche tout en évoquant un des sept péchés capitaux. La paresse. Les félins sont des experts en la matière.

[...]

Le soleil est haut dans le ciel, réchauffant leurs corps de ses rayons ardents. Sonny s'est barbouillé de crème solaire pour l'occasion. L'homme s'amuse en notant qu'Alessandro ne semble pas avoir perdu de morceau durant sa partie de pêche. Dissimulée par ses larges lunettes de soleil, la puma laisse les deux hommes se prêter à l'exercice de la joute verbale. Soupire simplement son aise. Elle n'a nul besoin de voir son loup pour l'imaginer fier, comme un enfant qui viendrait montrer sa récolte de coquillages à ses parents. Si le second de Stefano ne se gêne pas pour noter l'incongruité de ce comportement très enfantin dont fait preuve Alessandro, la puma se contente de trouver cela adorable.

La féline ne loupe rien du spectacle que lui offre son bel italien tandis que ce dernier fait passer ses trophées de son filet à une bassine remplie d'eau de mer qui vient d'être apportée à cet effet par un des employés de la maison. Ici on sait satisfaire les désirs avant même qu'ils n'aient eu le temps de faire leur apparition.    

-Oh des oursins ! Ces poissons sont si beaux.

Et ils sont sûrement très bons par la même occasion. Des gouttelettes d'eau et le sourire espiègle d'Alessandro arrachent la féline à ses songes ébahis. Cette espèce de rigolo est en train de s'ébrouer et cela juste au dessus d'Andy. La blonde tend la main, liant geste et parole.

-T'es pas gentil ! Tu devrais faire attention, je sais pincer ! Aaaaaahhhh ! Non mon verre ! Laisse moi poser mon verre ! Non pas l'eau ! SONNY !

La jeune femme n'a rien le temps de faire, la voilà emportée vers l'océan par son homme qui ne se soucie visiblement que très peu du sort du verre de jus de fruit de celle qui partage sa vie. Après avoir ronchonné pour la forme la puma s'esclaffe lorsqu'elle termine jetée dans le lagon. Elle boit la tasse, peinant à respirer sous l'eau tout en riant aux éclats. L'eau se colore, le verre plonge vers le fond pour toucher le sable que l'on voit parfaitement tant l'eau est transparente. Sur la plage Sonny ne cache rien de son amusement.

La féline saute sur le dos de son homme, le fait chavirer pour qu'il chute dans l'eau à son tour. Leurs visages sont rieurs, leur bonheur en cet instant n'a rien de factice. Celui de deux grands gamins auxquels qui il ne faut pas grand chose pour s'amuser. Loin de Beacon Hills et de toutes leurs responsabilités d'adultes ils prennent le temps de régresser. L'eau vole par gerbe, la féline n'a pas peur de cette eau qui ne lui arrive qu'à la poitrine. Sans crier gare elle plonge, chahute pour obtenir gain de cause. Le geste est rapide. Victorieuse elle sort de l'eau tout en agitant son trophée !

-Oh Andy c'est son... ? Sandro elle vient de gagner !

Le dénommé Sandro tente de récupérer son bien après s'être offusqué de sa perte. Le cinéma à l'italienne a encore de beaux jours devant lui. Andy se fait anguille pour ne pas laisser son homme reprendre ce qui est à lui, puis lance le vêtement coloré au loin.

-Soit libre petit short de bain !

La jeune femme peine à ne pas éclater de rire tandis que son homme plonge pour tenter de récupérer son bien. Si Andy fait de son mieux pour ne pas laisser son hilarité s'afficher au grand jour, ce n'est pas le cas de Sonny. Le mentor d'Alessandro amusé par cette situation ne cache rien de son état. Se moquant ouvertement du fils de son patron qui vient de se faire avoir par plus fourbe que lui, l'homme n'en peut plus de rire. Cette image emplit le cœur de la puma de joie. Sonny a des responsabilités qui ne doivent laisser que peu de place à des jeux puérils de ce genre. Tout comme Alessandro, le second de Stefano se doit de rester de glace et ce même dans les pires instants. La jeune femme ne sait ce qui a pu mettre l'homme sur cette voie, imagine que comme dans le cas du loup, tout cela n'est qu'une histoire familiale qui se répète inlassablement. Cette idée fait naître une crainte dans le cœur de la jeune femme qui n'ose penser à ce que sera la vie des enfants qu'elle espère bien avoir un jour avec son bel italien. Ces enfants qui ne sont pas encore nés, ni même conçus ont-ils eux aussi un chemin déjà tout tracé dans un milieu où la notion de famille prend un sens si particulier ?

Alessandro remonte à la surface et ce sans son short de bain. Il s'indigne en mentionnant une tortue chapardeuse, tentant de faire culpabiliser sa compagne pas la même occasion. L'innocence prend place sur le visage de la jeune femme.

-Elle ne va pas mourir. T'es pas marrant !

Elle parle dans le vide, Alessandro est déjà retourné sur la plage. Se moquant des regards indiscrets des employés de la villa qui ont pour charge de transformer leurs congés en délices, il se balade cul nu et noisettes à l'air. Sans rien louper de ce charmant tableau qui s'offre à son regard lorsque son bel italien se penche pour ramasser le verre, la jeune femme attend. En effet elle connaît bien son homme et devine que la malice dont elle a fait preuve fera naître des représailles. Aux aguets, la féline barbote dans l'eau turquoise. Sachant déjà que la vengeance à venir d'Alessandro donnera elle aussi naissance à une espièglerie de sa part.

Elle vient de poser les règles d'un drôle de jeu qui n'a pas fini d'amuser Sonny.

[...]

Séchée et vêtue d'un autre maillot de bain, elle achève de vider son assiette. C'est sans surprise que le repas s'est révélé être excellent tout comme celui qui leur avait été servi la veille. Cornelius attend, parfait dans sa dévotion emprunte de discrétion. Il promet à Alessandro que sa pêche miraculeuse leur sera servie le soir même. Tendant la main vers une coupe remplie d'un sorbet acidulé, la féline se coupe dans son élan alors que les hommes commencent à songer au programme de leur après-midi. Ces deux-là s'entendraient bien avec la mère de la jeune femme qui ne cesse de vouloir occuper les journées des siens pendant les vacances. Avec Miranda, le repos est une notion particulière. Musées, expéditions, activités en plein air. Les grasses matinées sont l'ennemi de la pédiatre qui ne supporte pas de rester plus de cinq minutes à ne rien faire.

La féline trempe sa cuillère dans son dessert, pressant naturellement le rythme pour se débarrasser au plus vite de cette formalité dont son estomac a besoin pour se sentir rassasié. Puis elle se rince la bouche avec son verre d'eau fraîche et pétillante dans lequel flotte une tranche de citron vert.

-Le jet-ski c'est bien. Je sais en faire toute seule.

La puma sourit, fière d'énoncer des talents que son bel italien lui ignorait peut-être.

-Mais on peut grimper à deux si tu veux. Sinon le golf, ce serait bien le golf. Cornelius est-ce possible de pratiquer dans les environs ?

L'homme affirme qu'il est possible de s'adonner à ce loisir dans les parages et c'est en cet instant que la féline prend pleine conscience de la décadence qui régit ce lieu. Cette villa dont les seuls habitants sont les employés de maison la plupart du temps possède tout même un green régulièrement entretenu. Sonny s'annonce ravit de ce choix de la part d'Andy. Si l'homme a en effet bien mené son enquête au sujet de l'avocate, il sait que cette dernière est habituée à pratiquer ce loisir depuis sa plus tendre enfance. Si Samuel demeure médiocre dans ce sport, ce n'est en rien le cas de son meilleur ami, sa femme ou bien encore sa fille qui a su s'améliorer au fil des années. Alessandro semble quant à lui indécis et admet rapidement ne jamais avoir foulé un green de sa vie.

-Ce n'est pas bien grave. Tu vas voir, c'est amusant.

[...]

Lovée dans le dos de son homme, elle rectifie la posture de ce dernier. Du bout des doigts, la féline caresse avant de finalement oser une plus franche pression entre les reins de son bel italien.

-Tu es trop crispé. Essaie de visualiser la fin du parcours. Même si tu ne l'as pas en vue. Il faut que tu respires profondément. Que tu ressentes tes poumons comme s'ils étaient des ballons de baudruche. Puis lances toi quand tu te sens prêt.

La féline recule, laissant son homme se mettre dans une posture qui s'avère être meilleure que la précédente. Le club dressé bien haut, Alessandro amorce son swing. Une motte de terre tremble, le tee est quant à lui envoyé un peu plus loin. La balle s'envole vers d'autres cieux pour atterrir dans un bosquet où résident quelques oiseaux. Les volatiles dérangés quittent leur abri, pépient à l'attention de celui qui vient de troubler leur tranquillité. Andy se tourne vers Sonny, défiant celui-ci d'oser se moquer de son protégé.

-C'est pas grave. Le prochain essai sera le bon.

Si Sonny a su se dévoiler comme étant un excellent partenaire de jeu pour la puma, ce ne fut pas le cas d'Alessandro qui a rapidement fait comprendre. Empruntant certaines de ses manières à de jeunes gens qui affichent vingt ans de moins que lui au compteur, le loup n'a pas cherché à dissimuler son agacement. Allant jusqu'à qualifier le golf du titre péjoratif de sport pour seniors.

De retour à la villa, le loup retrouve sa joie de vivre habituelle. Celle que sa compagne à l'habitude le voit afficher dans l'intimité de leur quotidien. Alessandro semble ne rien avoir oublié de ce qui étaient ses projets pour ce bel après-midi qui se fait pourtant à présent bien avancé. Cornelius a su lui assurer qu'un jet-ski avait été préparé à son attention. Se mordant les lèvres, hésitant entre deux choix qui lui semblent être cornéliens, la féline soupire lorsque Sonny se trouve une belle excuse pour ne pas avoir à suivre son ami. Monsieur a mal au dos, en tout cas c'est ce qu'il annonce. Andy en est certaine, l'homme va se réfugier dans le bain bouillonnant avec un verre dans une main et une assiette remplie de délices tropicaux dans l'autre. Plongée dans un décompte des points acharné avec l'humain, la puma se contente de sourire à son homme. Mine de chat fatigué rivée au visage, elle esquisse une moue. Moue qui devient bien vite expression rayonnante de douceur lorsqu'Alessandro saisit qu'il devra faire cette virée qui le tente tant en solitaire.

Hissée sur la pointe des pieds, elle vole un baiser au loup qui ne se fait pas prier pour filer rejoindre sa monture motorisée.

Sereine, la jeune femme demeure observatrice tandis que la silhouette de l'être aimé se fond puis s'efface dans cet horizon paradisiaque. Finalement elle quitte ce tableau idyllique que lui offre le lagon du regard lorsque la voix de Sonny se fait entendre.

-Vous jouez plutôt bien. Stefano n'est pas aussi doué au golf qu'il n'aime le faire croire. Il apprécie toutefois lorsque l'on prend le soin de lui offrir le plaisir de la victoire. Ce qui est bien c'est que si l'occasion se présente, Alessandro n'aura pas à se forcer pour perdre.
-Il peut progresser. C'est assez rare de pratiquer sans parvenir à s'améliorer.

Un sourire effleure les lèvres de la jeune femme. Une expression plus mesquine qu'amusée qu'elle ne tarde pas à retrouver dans le regard de celui qui fut le mentor d'Alessandro. Il est rare que le loup  prenne la peine d'évoquer ce père dont on l'a gratifié il y a trop peu de temps pour qu'il puisse déjà se faire à cette idée. Et ce même dans l'intimité. Jamais il ne mentionne Stefano, encore moins pour le nommer de manière affectueuse. À la ruse qu'affiche sans honte Sonny, Andy sait que l'homme songe au patriarche des Turing. D'un geste du poing, elle cogne amicalement l'épaule du consigliere de son beau père.

-Vous avez dû vous ennuyer en faisant suivre mes parents. Ils ont une vie aussi trépidante que la pluie.

[...]

Lunettes sur le nez et tasse de thé vert non loin d'elle, la puma relit une fois de plus le dernier courrier que lui a fait parvenir l'avocat de celle qui sera bientôt l'ex-femme de son parrain. Tout en mâchouillant la gomme rose pâle qui orne une des extrémités de son crayon gris, Andy manque de s'étouffer.

-Alors ?
-Alors chut papa. Je réfléchis...

Samuel et son meilleur ami ne loupent rien des gestes de celle qui tente de retrouver sa concentration. Cette conférence qui était censée demeurer privée entre la blonde et son client est devenue une conversation familiale depuis que Samuel Turing est apparu sur l'écran pour soutenir son ami d'enfance et lui dérober quelques bières par la même occasion.

Le silence s'installe, lancinant et bien vite ennuyeux. C'est là l'avis des deux hommes qui comme s'ils étaient à la messe, sont prêts à entendre la bonne parole de celle qui cherche un semblant d'évangile dans cet email qu'elle a prit le soin d'imprimer. La féline renifle avant de prendre sa décision, celle qui s'impose dans un pareil cas de figure. Le papier insultant tant son contenu est pédant termine froissé en boule et jeté au loin. L'objet rebondit contre un mur tandis qu'Andy puise une longue gorgée de réflexion dans sa tasse en céramique colorée.

-Ils proposent des négociations dont on a jamais fait la demande. Norma a le culot d'exiger la maison. Et une part de tes droits d'auteur pour tout ce que tu as sorti depuis votre mariage.
-Et Sedona ?
-C'est tout ce qu'elle est prête à te laisser. En plus de la voiture et tes clubs de golf.

Si en apparence elle fait de son mieux pour conserver son calme, la jeune femme peine à ne pas se saisir de son téléphone pour injurier celle qu'elle se refuse à encore considérer comme étant une tante aimante. La féline songe à son prochain séjour à Phoenix, une date qu'elle connaît déjà même si elle n'a pas encore prit le temps de mettre Alessandro au courant. Elle va devoir agir en tant qu'avocate, un univers bien loin du dojo de son ami Shin. Cette fois elle compte bien emmener son homme avec elle, le présenter à sa mère tout en l'imposant à son père. En parlant du chat, le voilà qui se fait entendre.

-Il est pas là ton criminel ?
-...

Sans se soucier de l'état de son meilleur ami qui se perd en nuances de blanc depuis que sa filleule a prit le soin de lui apprendre le contenu des nouvelles exigences délirantes de celle qui est encore son épouse, Samuel joue sa carte favorite depuis qu'il sait que sa fille a trouvé un homme avec qui partager sa vie : La perfidie.

-Il est sorti. Le golf c'était visiblement pas son truc.
-Ah ! Mauvais à quel point ?
-Presque autant que toi.

Duel de regards par écrans interposés. Une bataille que la jeune femme n'aura pas le temps de remporter car des coups portés contre la porte du bureau dans lequel elle s'est réfugiée se font entendre. Sans attendre de réponse, Sonny ouvre la porte.

-Alessandro a des soucis ! Une gouvernante a vu une fusée de secours. Pronto !

C'est sans prendre la peine de dire au revoir à son père et son parrain qu'Andy se redresse, prenant la suite de Sonny dans ce qui semble être une inquiétante course de vitesse pour porter secours à celui qui a vu son instant de solitude partir à la dérive.

[...]

Rongée par l'inquiétude, la jeune femme ne s'exprime plus que par gestes empressés et onomatopées peu amènes. Ses mains tremblent, son cœur se fait serré par l'angoisse, mais pourtant dans le regard de la puma réside une rage. Si Alessandro a pu lancer un appel au secours, c'est qu'il ne lui est pour l'instant rien arrivé de critique. De son regard châtain, Andy traque les environs sans se préoccuper de Sonny qui ne cesse d'exprimer ses craintes à voix haute. Le traceur GPS installé sur le jet-ski utilisé par Alessandro leur permet d'avoir une idée de la localisation de ce dernier. Cornelius peine a camoufler sa peur, craignant visiblement lui aussi les retombées que pourraient avoir la mort du fils du patron.

Yeux plissés, la féline tend une main en avant. Pointant du doigts la silhouette de son homme perché sur sa monture défaillante qui se dessine à l'horizon.

-Il est là bas ! Cornelius activez-vous bon sang !

L'employé de maison a su s'attirer les foudres de la jeune femme en une poignée de minutes. En l'intimant à rester à la villa, pour attendre que des nouvelles de son homme lui parviennent. L'invitant fermement à ne pas emporter avec elle cette arme qu'elle a immédiatement su aller trouver dans le coffre dissimulé dans la chambre qu'elle partage avec sa moitié. En vivant près de son bel italien Andy a bien vite saisit que les situations périlleuses ne cesseraient jamais de se suivre, et cela sans jamais se ressembler.

Pour pallier à tout imprévu, la jeune femme s'est donc équipée d'une arme qui ne lui était pas destinée. Et dont elle n'est pas certaine de savoir se servir...

Le nœud du problème se dévoile bien vite en prenant la forme d'un animal à la bouche dentue et doté de vilaines manières. Le requin attiré par la venue de nouveaux compagnons qu'il imagine certainement déjà dans son estomac se dirige vers le bateau venu secourir Alessandro. Cet animal doit être fou, assez pour se penser capable de lutter contre un bateau qui le surpasse largement en taille. Andy crie sa surprise, puis sa colère. Elle brandit l'arme qu'elle a dérobé dans le coffre fort, vise la tête de la bête infernale qui ne cesse de bouger. Puis finalement tire.

Le coup part dans l'eau tandis que la féline se sent tirée en arrière par le recul de l'arme qui a su la surprendre. La jeune femme pousse un cri trop aigu, son doigt presse une fois de plus la gâchette. Cette fois-ci c'est dans les airs que part la munition. La respiration soudainement rompue par le choc généré par cet échec, la jeune femme mire le ciel. Bouche bée elle peine à se redresser, fermant brièvement les yeux lorsque cette fois c'est Sonny qui vise et abat la vilaine bête qui voulait se payer une bonne tranche d'italien pour son prochain repas. La jeune femme retient non sans peine une réflexion acerbe quand Cornelius lâche sur un ton trop calme pour que cela soit acceptable dans une pareille situation qu'il est dommage de voir un si bon repas couler à pic. Andy se saisit de la main tendue de Sonny qui l'aide à se remettre droite sur ses deux jambes. L'homme prend l'arme toujours serrée dans une des mains tremblantes de la jeune femme tandis qu'Alessandro se jette à l'eau.

Soulagée de savoir son homme sauf, la féline grogne pour la forme.

-Un beau piège à cons les armes à feu... Et dire que les chats sont censés toujours retomber sur leurs pattes.

Sonny sourit. Visiblement rassuré d'avoir pu retrouver son ami.

[...]

Mâchoires d'enfer comme l'a surnommé Alessandro est bel et bien mort. Andy demeure toutefois prudente. Du bout du pied elle taquine l'animal. Note mentalement une évidence qui ne tolèrera jamais aucune défiance. Cette proie sur laquelle avait des vues le requin n'était pas un bon choix de sa part, loin de là. Sonny enguirlande Alessandro tout en lui promettant qu'il n'aura plus le droit de partir seul en mer. Le loup tente de négocier ce qui aux yeux de la puma ne peut pourtant pas se prêter à la moindre condition. Son bel italien va devoir rester dans son champ de vision et cesser de lui causer des frayeurs. Elle a bien assez peur comme ça lorsqu'il quitte leur appartement à des heures avancées de la nuit en promettant des nouvelles régulières. Si elle se contente de froncer le nez en grommelant pour la forme dans ce genre de moment, elle refuse d'emmener en vacances ces inquiétudes qui se font déjà trop pesantes dans leur quotidien. La puma ne changera pas son homme et elle le sait bien. Mais ces quelques jours qu'ils vont passer dans ce paysage paradisiaque elle les souhaite dénués de tout stress.

Andy s'éloigne du défunt squale et repas en devenir. Puis elle s'approche de son homme, se lovant contre celui-ci pour mieux le réprimander.

-Sonny a raison ! Tu attires les ennuis. C'est encore plus flagrant que la manière dont le miel attire Charlie. On est en vacances. Je ne devrais pas avoir à voir d'armes pendant nos vacances.
-Tu as tout de même été en chercher une pour...
-Pour sauver mon homme ! Ça ne compte pas. Et ça a l'air d'être tellement simple quand c'est vous qui le faites.

Alessandro ouvre la bouche, sans doute pour énoncer une moquerie que la féline ne veut entendre. Pour couper court à toute envie de protestation de la part de son bel italien, elle agite un doigt moralisateur sous le nez de ce dernier. Sourcil droit haussé sur le front, la jeune femme ajoute quelques mots en usant d'un ton de voix faussement sévère.

-Plus de sortie seul en mer. Je ne veux pas avoir peur à chaque fois que tu n'es plus dans mon champ de vision. Je ne suis pas ta mère mais je peux appeler Maria pour lui parler de ton ami requin.

C'est un coup bas mais la jeune femme n'en démord pas. Elle croise les bras sur sa poitrine, se hausse sur la pointe de ses pieds pour poser ses lèvres sur celles d'Alessandro. C'est à cet instant qu'elle souffle quelques mots pour donner du corps à ses plus profondes et sombres sources d'inquiétude.

-Je t'aime. J'ai assez souvent peur de ce qui pourrait t'arriver quand nous sommes à la maison. Épargne moi ça durant cette semaine s'il te plaît. Juste cette semaine...

La brûlure du soleil sur sa peau pâle et le tumulte d'émotions fortes vécues encore une fois comme un ouragan maintiennent la puma éveillée tandis qu'elle se contorsionne pour mieux se dorer la pilule. Elle peine à oublier ces récents évènements, cette crainte qu'elle a vécue alors qu'elle se songeait à l'abri de ce sentiment dévastateur qui se fait déjà trop présent au quotidien. Andy souffle lourdement tout en s'étirant, improvisant de nouvelles postures de yoga dans un unique but : s'éviter des traces de bronzage disgracieuses. Un sourire revient sur ses lèvres, rayonnant et bien loin des expressions qui s'affichaient sur son faciès un peu plus tôt dans l'après-midi. Son homme est là, près d'elle. Et Alessandro tente de la faire rire en jouant à l'enfant et en s'ébrouant au dessus d'elle. La jeune femme ôte ses lunettes de soleil dont la large monture lui donne des airs de mouche. Sur son front encore marqué par le soucis un sourcil se hausse tandis qu'elle juge la proposition faite par son homme.

Les dents de la blonde se dévoilent, elle ne perd pas une seconde de plus avant de s'extirper hors de son transat. Se saisissant d'une des mains de son bel italien Andy se hausse finalement sur la pointe de ses pieds nus pour dérober un baiser à son homme. Murmurant quelques mots contre les lèvres de ce dernier.

-Et il faudra essayer de trouver du temps lorsque l'on sera de retour à la maison. Du temps et un stand de tir. Légal si possible. Je veux me savoir capable de me défendre et te sauver les fesses en cas de problème. J'ai eu si peur chéri.

Un clin d'œil suffit à clore cet accord. Même si Andy ne désire en rien fourrer son nez dans les affaires de son homme ce qui vient de se passer a su leur montrer que le danger pouvait leur imposer sa présence en tout instant. Si la féline souhaite s'armer ce n'est en rien pour se plonger dans ce monde étrange qu'est celui de cette famille que l'on ne quitte jamais et à laquelle on donne sa vie avec plus de ferveur que si elle était un dieu quelconque. Elle veut tout simplement croire en une sécurité illusoire qui dans la plupart des cas pourrait se nommer Smith et Wesson.

[...]

Orteils plongés dans le sable et lunettes de soleil rangées en bandeau dans ses longs cheveux blonds, Andy écoute. Elle même s'est révélée être une médiocre professeure de golf quelques heures plus tôt. À moins que son échec ne soit que la conséquence du peu de motivation dont avait su faire preuve son élève dissipé. Sur ses lèvres, une expression béate qui ne trahit rien de la concentration intense qui l'habite en cet instant. Studieuse par nature la féline ne tolère que très peu l'échec, que ce soit le sien ou bien celui des gens qui l'entourent. Ce défaut est plus vilain qu'il n'y paraît, cette exigence lui ayant causé quelques difficultés durant ses premiers essais en tant que professeure. Elle avait finit par aller voir Shin pour qu'il partage avec elle un peu de cette pédagogie dont le japonais fait usage au quotidien.

Silencieuse, elle prend note mentale de chacun des conseils que lui offre Alessandro. Elle gratifie finalement son loup d'un clin d'œil.

-Moi moqueuse ? Jamais !

Alessandro décompose son mouvement, joignant alors paroles et gestes. Le souffle de la jeune femme se brise un bref instant quand la flèche part et se fiche dans la cible. Loin du centre certes, mais Andy n'est elle même pas certaine de savoir atteindre cet objectif. Alessandro annonce que cette première flèche est avant tout là pour l'aider à régler son tir et sa visée. Cela devient réel lorsque sa seconde flèche se fiche dans la cible, étant plus proche du centre de celle-ci cette fois. Andy s'amuse des dires de son homme.

-Ne sois pas trop bon non plus. Sinon je vais avoir honte de mes propres performances.

La puma observe son professeur parti récupérer ses deux premières flèches. Lorsque Alessandro revient à son poste de tir, elle l'imite. Se saisit de son arc avant de le regarder comme s'il était un étrange animal. Sur le bateau elle n'a pourtant pas hésité un seul instant lorsqu'elle a pointé le requin avec l'arme à feu qu'elle avait chapardé dans leur chambre. L'adrénaline et cette crainte qui faisait vibrer son être tout entier lui ont donné des ailes, d'étranges ailes qui l'ont poussé à agir sans réfléchir. Cela n'a rendu le recul de l'arme que plus surprenant encore. La jeune femme se saisit d'une flèche puis la range à l'emplacement prévu avec minutie. Le moment n'est pas à la maladresse et elle se doit de garder son sérieux.

Ses lèvres se pincent, sa concentration étant clairement affichée sur les traits fins de son visage. Elle marmonne un avertissement tout en levant son arc.

-Attention on ne se moque pas.

Sa voix est moins enjouée qu'à l'habitude. La jeune femme rieuse n'est plus et laisse sa place à la juriste exigeante.

Imitant son homme, elle ferme un œil. Ses lèvres sont si proches de la corde tendue que l'on pourrait penser qu'elle s'apprête à embrasser cette dernière. Sa respiration se fige, son bras s'arme. Puis sans crier gare elle relâche la pression. La flèche siffle dans les airs, frôle la cible en la survolant pour atterrir un peu plus loin. Elle entend le sourire de son homme sans avoir besoin de le voir tandis que ce dernier lui affirme que ce n'est pas si mal pour une première fois. La féline tend la main vers une nouvelle flèche, gardant en tête les précieux conseils d'Alessandro. Elle doit se remémorer son échec pour en tirer des enseignements qui lui permettront de toucher la cible la prochaine fois. C'est en douceur qu'elle encoche. Cette fois sa respiration parvient à se faire plus sereine. Tentant d'ajuster sa mire, la jeune femme demeure de marbre.

Seconde flèche. Qui cette fois-ci se fiche dans la cible. Loin du centre certes, mais ce progrès est déjà grand aux yeux de celle qui n'avait jamais touché un arc avant cette journée. Fière d'elle, Andy se tourne vers son homme.

-C'est un peu comme lancer au base-ball finalement.

La performance liée à la troisième flèche est du même niveau que la seconde. La puma parvient à toucher la cible sans toutefois chatouiller le centre de celle-ci. Elle pose son arc, attend que son homme fasse de même avant d'aller récupérer ses flèches. Sonny semble les avoir oublié ou en tout cas avoir décidé de leur offrir un moment à deux dont ils ne manquent pas de savourer chaque instant. C'est là que la jeune femme saisit que ces vacances sont tout ce dont ils avaient besoin. Avec ce cours improvisé de tir à l'arc elle parvient sans mal à oublier les malheurs qui ont bien failli avoir lieu un peu plus tôt dans la journée. Elle songe à son père et son parrain qu'elle a abandonné sans crier gare lorsque Sonny est venu la chercher dans le bureau. Et bien vite s'amuse de cette situation.

-J'ai parlé avec papa et il t'a plus ou moins salué. Il était avec Jay quand j'ai appelé au sujet du divorce. Ma future-ex-tante a les yeux plus gros que le ventre et veut se servir de la stérilité de Jason comme d'un motif pour tout lui prendre. Je dois aller à Phœnix dans un mois pour faire en sorte que tout ça devienne de l'histoire ancienne. Ce serait bien si j'y allais accompagnée. De mon bel amoureux.

Alessandro opte pour la voie de l'humour, tentant ainsi de dissimuler une appréhension naturelle à l'idée de revoir ce beau père à qui il est bien conscient de ne pas avoir laissé un bon souvenir. Andy sourit, se penche pour saisir une noix de coco tombée au sol. Elle la lance dans la direction de son homme, sans viser le visage cela va de soi. Alessandro esquive sans mal le projectile avant de se plaindre pour la forme. La jeune femme ne se sépare pas de sa joie apparente, heureuse d'avoir eu confirmation de la présence de son homme près d'elle lorsqu'elle retournera dans la maison de ses parents. Miranda a hâte de rencontrer ce gendre dont sa fille lui parle régulièrement, Samuel quant à lui apprend à se faire une raison. Sa fille a bien grandit et l'époque où il pouvait régir la vie de cette dernière est révolue. La féline apprend à faire ses propres choix. Parfois ces choix mènent à des erreurs dont elle tire des leçons. Mais lorsque son regard énamouré se dépose sur son homme, elle ne craint plus rien. Elle sait que cette décision qu'elle a prise en acceptant de laisser son bel italien rentrer dans sa vie était une bonne chose, même si parfois l'univers dans lequel évolue le loup est un cadeau dont elle se passerait bien.  

La voix d'un Sonny furieux brise cet instant de grâce et les fait tout deux se retourner. Andy même si elle commence a apprendre les bases de l'italien ne comprend rien des rugissements de l'homme. Soucieuse elle fixe Alessandro en attendant des réponses.

-C'est étrange d'entendre Sonny se mettre en rogne.

La raison de cette colère est pourtant justifiée quand Alessandro joue les traducteurs. Les deux hommes qui avaient pour mission de surveiller et protéger les arrières d'Alessandro ont été retrouvés ivres en train de roupiller sous un cocotier. Deux imbéciles dont on leur impose la présence et qui ne sont même pas capables de demeurer professionnels. Andy feule sourdement, rapidement arrachée à son état de rage soudain par les bras de son homme qui se saisissent d'elle pour mieux l'emporter vers l'océan. Soulevée avec facilité, la jeune femme grogne pour la forme avant de se laisser emporter dans un grand éclat de rire. Ils sont trempés, Alessandro goûte le sable en guise de punition. Quelques mutines chatouilles font que le loup ne met que peu de temps avant de retourner cette situation. La blonde sursaute et boit la tasse lorsque Cornélius trouve que ce moment est parfait pour faire son apparition. En usant d'une voix mielleuse qui ressemble à si méprendre à celle dont usent les vendeuses en parfumerie quand elle veulent faire monter la douloureuse, l'homme les invite à se diriger vers le patio.

Mâchoires d'enfer est en train de griller, l'heure du repas ne va pas tarder à sonner. Alessandro propose une douche dont il serait surprenant qu'elle ne serve qu'à rincer le sel et le sable dont ils sont couverts. Andy profite de cette entrefaite pour enfoncer la tête de son homme sous l'eau, lui laissant juste le temps nécessaire pour qu'il puisse respirer avant cette plongée improvisée.

[...]

Comme l'avait deviné la jeune femme, cette douche partagée a su se faire coquine. Alessandro est parti le premier, passant visiblement moins de temps dans la salle de bain durant leurs congés qu'il ne le fait habituellement. En quelques minutes la jeune femme a pu hydrater son visage et passer une robe azur sur sa peau qui s'est déjà habillée d'un joli hâle doré. Elle sourit en entendant les deux hommes qui vont partager cette semaine avec elle. C'est amusant cette habitude qu'on ces deux là de se chamailler constamment. Elle entre dans le patio, demande un daïquiri à Cornelius. Puis tacle amicalement Sonny.

-Tu as réussi à quitter le jacuzzi. Bravo Sonny !
-Oublions ce que j'ai dit à propos de cette histoire de grande sœur !

Alessandro ne cache rien de son amusement et Sonny lui même peine à dissimuler le sourire qui se fraie un passage sur son visage. Andy se saisit du verre plein que lui tend Cornelius, trinque avec ses compères avant de prendre place à son tour sur un transat couvert d'une serviette éponge blanche et moelleuse comme de la guimauve. Souriante la jeune femme ne quitte pas Sonny du regard. Elle n'ose aborder le sujet des folies sentimentales avec l'homme, la fraîche séparation de ce dernier avec sa femme étant encore un sujet sensible. Elle ne voit en lui que douceur, même si elle se doute que cette image n'est pas celle qu'il a prit pour habitude d'offrir au monde. Il serait impossible de survivre dans le monde obscur qu'est celui de la famiglia sans savoir camoufler toutes émotions. Andy sirote son daiquiri, gobe le morceau d'ananas qui orne son verre avant de titiller du pied son amoureux.

-La sœur de Tobias doit avoir l'âge de Sonny. Et quand on voit ce qu'elle se coltine en guise de frangin, on se dit qu'elle est soit très naïve ou bien que les entorses à la loi ne la dérangent pas tant que ça. J'ai déjà aidé Tobias a sortir les affaires d'Alice de son coffre. Il se balade avec plus d'armes qu'on en trouve au Vatican. Elle ne peut pas être passée à côté de ça.

Si cette histoire, ce possible rendez-vous arrangé n'était qu'une blague dans les songes de la jeune femme, elle prend un tout autre aspect lorsque Sonny se montre plus titillé qu'outré à l'entente de cette idée.

-Tu parles de la tatoueuse ?
-Oui celle qui vit à Beacon Hills.
-Elle semble avoir du caractère.
-Est-ce que c'est un problème ?

Alessandro est coincé entre deux émotions, le choc ou bien l'hilarité. Visiblement il peine à choisir le camp qui lui conviendrait le mieux. Il connaît mieux la tatoueuse qu'Andy qui n'a fait que croiser la femme lorsque cette dernière vient au Pink Print boire son café matinal.

-Non je ne crois pas que ce soit un problème.