Seule Mafdet sait quelque chose du bourbier duquel Richard tente de s'extirper avec application et ce en remettant en cause certains de ses principes. Pour ne pas risquer sa vie ou même de finir ses jours en cellule sans que personne dans son entourage ne sache à quel point il va à l'encontre de ce chemin moral dont il pensait ne jamais avoir à dévier. Et pourtant le mal est fait et nul ne s'inquiète des conséquences que tout cela pourrait avoir sur l'existence de la famille Turner et de leurs proches. Richard y laisse des plumes et voit sa santé mentale prendre un nouveau mauvais coup à chaque attaque de cet adversaire qu'il n'est pas parvenu à mettre au tapis.
Son téléphone sonne encore lorsque vient la nuit, suivent alors de longs moments d'insomnie habités par le doute. Tout cela est allé bien trop loin pour que Richard ne puisse laisser à une justice gangrénée de l'intérieur la chance de régler des problèmes qui sont devenus les siens quand il a jugé que son métier était de faire respecter la loi et ce même lorsque se sont ses représentants qui fautent. Surtout dans ce cas précis s'il devait être lucide sur son cas. Il n'est pourtant pas un héros et doute de mériter ce titre de Saint-Homme que lui donne Alex quand il use d'un ton moqueur envers son compatriote, mais il est également persuadé de ne pas être un digne représentant de ce que l'humanité a pu concevoir de pire. Il est devenu un soldat dans une guerre qui n'était pas la sienne. Un môme dépassé, désabusé, qui combat un ennemi qui le surpasse en nombre et moyens tout en étant armé d'une simple arme en plastique conçue pour lancer des fléchettes en caoutchouc.
S'il a la désastreuse habitude de sauter à pieds joints dans la merde, Dick se tempère pour ne pas causer de soucis à ses enfants depuis le début de l'épisode Sacramento. Mais toutes les histoires, surtout les mauvaises, se doivent un jour ou l'autre de trouver une fin qui saura plaire au plus grand nombre. Conscient qu'il prend un risque considérable en s'alliant d'une certaine manière au patron de sa fille pour faire tomber un poisson qui veut le tirer vers le fond non sans lui avoir lesté au préalable les pieds avec du béton, Dick se réconcilie avec sa conscience et avance d'un pas presque léger vers le lieu du rendez-vous programmé avec l'italien. Un endroit qu'il connaît bien et ce même s'il n'y a pas remit les pieds depuis plus d'un an. Un lieu qui fut le théâtre de sa première rencontre avec Amaro. Richard voulait alors coincer ce gars, persuadé qu'il était derrière le double homicide jamais élucidé depuis qui avait eu lieu dans une blanchisserie de la ville. Cette certitude n'a pas varié et pourtant Dick est à un moment de sa vie où il parvient à trouver des qualités chez ce malfrat.
Sans frémir sous le poids de l'ironie contenue dans ce rendez-vous, Richard mâche sans sourciller son chewing-gum à la chlorophylle tout en vérifiant une dernière fois qu'il est bien là à l'heure convenue. Il a garé sa voiture sur un parking situé un peu plus loin et a fait le reste du trajet en marchant. Son thérapeute approuverait cet effort physique fait dans un but précis. Il se sait régulièrement suivi, par les hommes du loup mais pas seulement. Il a donc tenu à prendre quelques précautions. Dick fourre son portable dans sa poche puis enfin s'approche de la planque dans laquelle il avait retrouvé un lapin mort quelques jours après sa première discussion avec l'italien. Ce même foutu lapin avait terminé plus tard sur la voiture du loup.
Le policier n'a pas à attendre bien longtemps avant d'être rejoint par le patron de sa fille. Il tend une main tout en sachant que ce qui se passe n'aurait jamais dû se produire. Entre eux les griefs semblent apaisés, presque oubliés mais Richard ne cache pas qu'il aurait préféré ne pas avoir à en arriver là pour pouvoir mettre sa famille à l'abri.
Il récupère sa main après qu'elle ait été serrée par Amaro, puis marmonne.
-Bonjour. Les appels ne leur suffisent plus. J'ai trouvé des photos dans ma case de courrier au travail. On me suit sans oublier de prendre des clichés. Dans les magasins, quand je vais récupérer mon fils à l'école, mon quotidien de type normal... Mon intimité est noyée par cette merde.
Ses mains se tortillent dans son dos, il est épuisé et sur les nerfs. Un état trahit par ces cernes qui ternissent son regard chocolat. Sa mâchoire se crispe, il peine à se détendre lui qui avait espéré vivre une existence paisible en arrivant dans cette ville. Un vœu pieu, celui d'un homme naïf.
-Il faut que tout cela cesse. Qu'importe les moyens. Ma conscience saura faire avec si ça me permet de savoir mes mômes et ma compagne loin de tout danger.
Ses mains s'agitent, muées par des soubresauts dont il n'a pas la maîtrise. Dick ne sourit plus, il n'y parvient plus quand il n'a pas son monde à rassurer. Sa joie de vivre s'est fanée et il ne se donne même plus la peine de constituer ce masque de gentil nigaud qu'il affichait au quotidien il y a encore peu de temps.
-Il paraît que ma manière de manœuvrer est parfois plus proche de celle d'un voyou que de ce qu'on attend de la part d'un flic. Et pourtant, j'ai toujours réussi à rester dans les clous et respecter les règles. Mais c'est allé trop loin pour que je puisse encore jouer au gentil sans broncher.
Le flic est sorti de mon bar. Je sors un panier de verre de la machine à laver les verres et essuie sans les regarder les infimes traces d’humidité. Le client s’attend à voir les verres astiquer dans un bar, ça rassure. Puis ces foutues machines laissent toujours un filet d’eau sur le bord des verres. Ça laisse des traces… Briquer laisse le cerveau libre. Je réfléchis sur ce policier qui vint tacitement d’accepter mon aide. Je n’ai rien eu à faire, pas eu besoin de lui créer d’ennuis qui plongent les gens dans le côté obscur de la vie : il a sauté tout seul, tout habillé. D’abord au Fight Club, une conséquence d’un long processus qui a commencé loin d’ici, à Sacramento, avant que Turner fuie à Beacon Hills. C’est à cela que mon enquête avait abouti. Un flic intègre comme en en voit rarement castré par une ancestrale technique, celle de la menace sur les êtres qui comptent à ses yeux : ses enfants.
Dans cette position, deux choix s’offrent à celui qui la subit : résister et se battre, ou plier. Dans le cas Turner, la décision était tracée : il n’avait pas les armes pour contrer la pourriture qui gangrène la ville de Sacramento. Il s’en était sorti à bon compte, c’est-à-dire en vie. D’ailleurs, je ne comprends pas cette « clémence » de la part de la Camorra. À moins que les Napoletani aient des projets auxquels Turner pourrait leur être utile. Vastes suppositions qui ne me conduisent nulle part.
Le fait est que je viens de gagner un redevable. Une dette que je vais placer à l’abri d’un dossier soigneusement protégé dans un coffre quelque part. J’ai déjà un indic dans le grand poulailler de Beacon Hills. Ce n’est pas le plus affûté du tiroir à couteaux, mais c’est pour ça que Carter roule pour moi en échange de ce qu’il pense être des sommes rondelettes. Une misère en comparaison à ce qu’il risque.
Aux premiers abords, Turner semble être un benêt, naïf comme un scout. Mais quand on creuse, on trouve sa pugnacité. Une qualité que Stilinski n’a pas perçue c’est son subordonné, pas comme avec O’Conner. Je sais que Brian et Richard sont amis, mais leurs comportements au travail diffèrent. Le frère de sang de Jansen exsude l’armée par tous les pores de sa peau. Loyauté et discipline, surtout discipline, un trait de caractère que ne possède pas Turner.
Plus je réfléchis, moins j’imagine Turner m’être utile en qualité de flic. Un métier qu’il n’est même pas lui-même certain d’exercer longtemps. Il va se reconvertir. Un jour. Ce jour-là, j’aurais peut-être une carte à jouer ou pas. L’avenir nous le dira.
(…)
Le traçage de la ligne téléphonique de Turner ne mène nulle part. Il fallait s’en douter. Les appels sont faits avec une flotte de téléphones prépayés qui ne servent qu’à ça : intimider. Et je ne doute pas que la Camorra possède un service dédié à ça. Comme ces centrales d’appels téléphoniques basées au Mexique et qui inondent les gens de message publicitaire. Sauf que là, on ne vous vend pas une assurance, mais de la crainte et de la peur.
Je double la voiture personnelle de Turner sagement garée sur un parking à l’orée d’un chemin de randonnée. Précaution d’un honnête citoyen qui ne veut pas être vu en mauvaise fréquentation. Ma planque étant éventée, je n’ai nul besoin de prudence et me gare devant l’ancien local technique. Le flic est déjà là, tendu comme une pucelle à son premier rendez-vous.
D’ordinaire, j’appuierais sur cette corde sensible, mais sa fille travaille pour moi. J’aime bien cette gamine qui n’a pas sa langue dans sa poche. J’en sais plus par sa bouche sur le fonctionnement de la famille Turner que par mes hommes. Son foyer ne dépareillerait pas dans la rue où j’ai grandi. Finalement, même si la dette contractée ne peut être effacée, cela n’empêche en rien des relations cordiales. Je tends la main au flic comme on le fait avec un voisin : entre amitié et neutralité.
- Bonjour. - Buongiorno. - Les appels ne leur suffisent plus. J'ai trouvé des photos dans ma case de courrier au travail. On me suit sans oublier de prendre des clichés. Dans les magasins, quand je vais récupérer mon fils à l'école, mon quotidien de type normal... Mon intimité est noyée par cette merde. - Dans votre case courrier au travail ?
Carter mangerait-il à plusieurs râteliers ? C’est fort probable, ce type n’a aucun honneur, aucune parole. Je sais qu’il fait affaire avec d’autres canailles à Beacon Hills, des concurrents. Rien de bien nouveau sous le soleil. Mais s’il travaille avec les Napoletani, il entre dans une nouvelle catégorie, celle des ennemis. Information à vérifier et à traiter. Il se pourrait bien que j’aie finalement besoin des oreilles de Turner au poste de police.
- Il faut que tout cela cesse. Qu'importe les moyens. Ma conscience saura faire avec si ça me permet de savoir mes mômes et ma compagne loin de tout danger. - Je vais m’en occuper. Donnez-moi les photos. J’ai un ami qui sait faire causer les caméras de surveillance de la ville et des boutiques. Il doit être possible de trouver votre photographe amateur. - Il paraît que ma manière de manœuvrer est parfois plus proche de celle d'un voyou que de ce qu'on attend de la part d'un flic. Et pourtant, j'ai toujours réussi à rester dans les clous et respecter les règles. Mais c'est allé trop loin pour que je puisse encore jouer au gentil sans broncher. - Ne vous justifiez pas Richard, pas auprès de moi ! Ce qu’on est correspond à quatre-vingts pour cent à l’endroit où vous êtes né. Et ça, ce n’est pas une donnée qu’on choisit. On la subit, Richard. Vous êtes né d’un père flic dans un quartier de criminels. Il est normal que vous soyez à cheval entre ces deux mondes. Je vais m’occuper de votre problème. La Camorra emploie souvent des free-lance dans les secteurs où elle n’est pas implantée. Je vais retrouver le ou les contacts qui servent à vous créer cette misère, les retourner ou les remplacer. On ne peut pas éliminer la mafia napolitaine, mais je peux les court-circuiter.
J’offre au flic la possibilité de pose ses natiche sur le capot de ma voiture, il est évident qu’en plus de la fatigue qu’engendre le stress lié à cette affaire, sa jambe le fait souffrir. J’en profite pour m’en griller une. Je fume beaucoup moins depuis qu’Andy a emménagé avec moi et que Tobias déserte de plus en plus le Pink pour ses obligations de père.
- L’idée est de faire croire à la maison mère que leur larbin vous colle toujours la misère. Pour les appels téléphoniques, vous allez changer de numéro et on va détourner votre ligne actuelle vers le Fight Club. Avant ça, attendez que j’aie chopé le mec qui roule pour eux pour pas qu’il leur fournisse le nouveau numéro. Vous avez apporté les photos reçues au poste de police ?
Sujet: Re: Plier [FT Alessandro Amaro] Ven 6 Oct 2023 - 11:04
Plier FT Alessandro Amaro
Richard n'aime pas l'idée de devenir une pâle copie de ces gens dont il a souvent eu peur quand il était enfant. Il a longtemps cru que ses choix pourraient lui éviter une destinée peu enviable, s'est toujours senti différent de ces hommes et femmes qu'il a vu évoluer et glisser sur la mauvaise pente lorsqu'il vivait encore à Vancouver. Pour lui il existe toujours une solution qui permet à un homme de garder la conscience propre. En tout cas c'est là ce qu'il pensait il y a quelques mois, avant qu'il ne finisse sur un ring pour adoucir ses fins de mois et qu'il n'y prenne un malsain plaisir. Tandis que certains le confondent aisément avec un Saint Homme, il lutte contre des démons intérieurs qui le poussent chaque jour à frôler les limites de la moralité et de la loi sans jamais oser vraiment les franchir.
Pourtant, un jour il ne supportera plus cette situation. Il ira à l'encontre de ces principes qu'on lui inculque depuis qu'il est en âge de parler et de réfléchir aux conséquences de ces actes. Ce jour ne lui a jamais semblé aussi proche qu'en cet instant, quand il parle sans dissimuler ses songes les plus sombres avec un homme qui se situe de l'autre côté de la loi et dont la place serait derrière des barreaux. Le canadien serre les dents pour ne rien dire d'inconvenant, pour ne pas envoyer sur les roses celui qui lui propose une aide dont il devine sans mal qu'elle n'est pas pensée pour fonctionner à sens unique. Tout se paie, tout a un prix dont il faut être conscient avant de signer ce qui ressemble à un pacte avec le diable ou un homme qui lui emprunte régulièrement ses manières en enfreignant les commandements du divin.
-On ne peut pas éliminer la mafia napolitaine, mais je peux les court-circuiter. -Et d'autres prendront leur place. Des types pas plus aimables que leurs prédécesseurs. Et un autre flic viendra, assez intègre pour vouloir faire son travail correctement. Risquera sa vie pour un résultat médiocre. L'histoire se répètera.
La langue du canadien est acide, il est lucide quand il évoque un futur qui lui semble bien pessimiste. La naïveté, même la sienne, a ses limites. Sa jambe douloureuse se rappelle à lui, comme un mauvais souvenir et un lourd rappel de ce qui finit par arriver à ceux qui se croient capables de faire justice seuls. Le père de famille s'est cru héros, protecteur et a fini victime. Une de plus, c'est une chance que Brian soit arrivé au bon moment sinon il n'aurait été qu'un nom à ajouter sur la liste de ceux morts pour défendre ce qu'ils avaient eu la sottise de confondre avec une noble cause.
Richard prend place sur le capot de la luxueuse automobile du patron de sa fille tout en ne pouvant s'empêcher de penser que le bar, même en fonctionnant bien ne devrait pas permettre à son propriétaire de se payer une voiture de ce genre. Amaro berne t-il encore ne serait ce qu'une personne au sujet des activités qu'il mène dans cette ville ?
Le canadien est toutefois soulagé à l'idée de ne plus être réveillé chaque nuit et ce à de nombreuses reprises quand il a enfin l'occasion de se reposer. Pire encore ces enfoirés qui prennent tant de plaisir à s'immiscer dans sa vie suivent ses horaires de travail, n'appelant que les nuits où il est chez lui ou durant les matinées où il fait la sieste.
-J'ai les photos dans mon auto, je vous les transmettrais. Je ne... Je ne veux pas que les enfants puissent tomber dessus. Joanie sait ce qu'il s'est passé à Sacramento, un jour je n'ai plus eu la possibilité de lui mentir. Mais je brode encore de belles histoires pour mon fils, dix ans c'est bien trop jeune pour que je ne permette que ces salopards deviennent une source d'inquiétude pour lui.
Troy confond les policiers avec ces héros dont ses dessins animés sont remplis. Il est encore en âge de croire que le monde est bon, que les rêves peuvent devenir réalité si l'on y croit avec assez d'acharnement. Richard ne veut pas être celui qui éteindra la flamme de l'innocence qui illumine le regard de ce petit garçon qui souffre déjà assez en sachant que quelque part à Vancouver, il a une mère qui ne veut pas créer de lien avec lui. L'indifférence de Gloria à l'égard de leur fils est déjà un poids trop lourd à porter lorsque l'on a que dix ans. Parfois Richard s'essaie à penser à ce que serait l'avenir de ses enfants si un jour cette merde allait trop loin et finissait par le mener au cimetière. Les rares certitudes qui lui viennent alors sont déplaisantes. Tout cela le force a faire usage de sagesse à présent, pour assurer son avenir qu'il a l'audace d'espérer radieux auprès de Mafdet et surtout celui de ses enfants qui a aucun moment n'ont demandé à avoir un père qui se laisse dicter ses actes par ses émotions et non sa raison.
-Ces photos, dans ma case à courrier, ça signifie surtout qu'une taupe est au poste. Enfin au moins une... J'ai bien un nom en tête mais c'est parce que je déteste ce gars qui m'a dans le nez depuis mon arrivée en ville. C'est sans doute juste un sale con. Et ce n'est pas une raison suffisante pour coller les gens en prison, sinon elles seraient encore plus remplies qu'elles ne le sont déjà.
Amaro écoute, mais ne dit pas un mot. Il tire sur sa clope comme un acharné pressé de voir le cancer arriver. Une sale habitude que Dick n'a pas eu le temps d'apprécier dans sa jeunesse et qui depuis ne l'a plus jamais tenté. Et pourtant Jo fume à présent sans avoir eu besoin qu'il ne lui montre le mauvais exemple, assez pour que cela inquiète son père mais pas suffisamment pour qu'il ne juge urgent de mettre une fin à cette drôle de manie.
-Le gars s'appelle Carter. Il me donne l'impression d'être un génie, ce qui est plutôt rare. Il a commencé en lâchant ses caisses près de mon bureau, comme si le poste ne sentait pas assez le fauve... Puis à casser mes tasses, piquer mes affaires, m'insulter quand le cœur y est. Un sale con qui me confond avec un bleu et qui aime abuser d'un pouvoir dont il pense disposer. Peut-être assez pour avoir glissé du mauvais côté, mais j'ai arrêté la chasse au pourri. C'est trop risqué et je suis déjà conscient de ma chance d'être toujours en vie.
Pourtant son expérience dans ce domaine lui permet de deviner qu'il n'est peut-être pas si loin de la vérité. Et puis, Carter est un meilleur coupable, plus évident en tout cas que ne le serait n'importe lequel de ses autres collègues. S'il se trompe au sujet de son collègue, ce qui n'est pas impossible vu qu'il ne dispose pas de la science infuse, Dick sait pourtant avec certitude que l'ennemi partage la même cafetière que lui quotidiennement sur son lieu de travail. La taupe s'étant vendue en plaçant ces clichés volés de son intimité dans un espace réservé à ceux qui travaillent à faire appliquer la loi.
Brumes du Passé : Loup Oméga Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 31 ans
Meute & Clan : Amaro Organizzazione Âge du personnage : 32 ans
Brumes du futur : Loup Alpha Meute & Clan : Corleone Organizzazione Âge du personnage : 41 ans
Alias : Le Sicilien - La Rafale à voyelles Humeur : Dangereusement votre Messages : 1992 Réputation : 512 Localisation : Au Pink Print
Sujet: Re: Plier [FT Alessandro Amaro] Dim 22 Oct 2023 - 14:08
Plier
Feat : Richard
- J'ai les photos dans mon auto, je vous les transmettrais. Je ne... Je ne veux pas que les enfants puissent tomber dessus. Joanie sait ce qu'il s'est passé à Sacramento, un jour je n'ai plus eu la possibilité de lui mentir. Mais je brode encore de belles histoires pour mon fils, dix ans c'est bien trop jeune pour que je ne permette que ces salopards deviennent une source d'inquiétude pour lui. - C’est légitime.
Protéger ses enfants… Jusqu’à présent, cela concernait les autres. J’ai encore du mal à me faire à l’idée de devenir père très bientôt. La gestation d’Andy me laisse le temps de digérer ce chamboulement dans ma vie. Je n’ai jamais été contre le fait de prendre ce rôle, mais ma vie et ses contraintes posaient cette éventualité dans un futur flou, indéfini. Rassurant.
- Ces photos, dans ma case à courrier, ça signifie surtout qu'une taupe est au poste. Enfin au moins une...
S’il savait ce que d’honnêtes personnes sont prêtes à faire, ou regarder ailleurs, en échange de services improbables. Des « petits riens » qui n’égratignent pas trop leur conscience. Puis il y a les ripoux, plus vicieux que des serpents. Des hommes sans honneur que je méprise, mais qui me rendent des services. Toutefois, je veille à ce que ces loups déguisés en mouton ne se retournent pas contre moi. Il est facile de renchérir sur un pot-de-vin, moins sur un chantage.
- J'ai bien un nom en tête, mais c'est parce que je déteste ce gars qui m'a dans le nez depuis mon arrivée en ville. C'est sans doute juste un sale con. Et ce n'est pas une raison suffisante pour coller les gens en prison, sinon elles seraient encore plus remplies qu'elles ne le sont déjà.
J’écoute sans montrer d’expression. Turner ne doit pas soupçonner l’envergure de mon emprise sur son poste de police. Cela concerne peu de monde, mais des éléments clés.
- Le gars s'appelle Carter.
Je cache mon expression désabusée : le ripou qui ne se cache même pas de l’être. Un mec vénal aux combines astucieuses, qui sait se montrer brutal. Tout ce que je fuis d’ordinaire… Mais utilisé avec doigté, ce déchet humain sert parfois la causa.
- Il me donne l'impression d'être un génie, ce qui est plutôt rare. Il a commencé en lâchant ses caisses près de mon bureau, comme si le poste ne sentait pas assez le fauve... Puis à casser mes tasses, piquer mes affaires, m'insulter quand le cœur y est. Un sale con qui me confond avec un bleu et qui aime abuser d'un pouvoir dont il pense disposer. Peut-être assez pour avoir glissé du mauvais côté, mais j'ai arrêté la chasse au pourri. C'est trop risqué et je suis déjà conscient de ma chance d'être toujours en vie. - Sage décision.
Je fais quelques pas, le mouvement aide à réfléchir. Éliminer Carter serait suspect, puis un autre le remplacerait, ce qui élimine de le dénoncer ou de le tuer. Le retourner est impossible, ce type est une girouette par excellence. Il n’aime que lui-même, aucune famille proche, aucun ami réel et encore moins d’amour –ce type est à vomir-. Aucun moyen de pression, si ce n’est sur sa vie et donc retour à la case départ.
Il faut le court-circuiter, lui faire croire qu’il prend toujours des ordres de la Camorra et que les Napoletani pensent qu’il roule encore pour eux. Je grimace, l’opération se montre plus complexe que je ne le présageais. Je jette un regard à Turner : vaut-il un tel investissement ? Mon téléphone me coupe mes réflexions : Sonny.
- SÌ ?
(…)
La discussion a duré 5 minutes. Turner n’a évidemment rien capté, mais j’ai senti son agacement. Le flic est tendu et être témoin d’une conversation qu’il sait pertinemment colorée d’illégalité le gratte. Sonny me donnait juste une information sur une affaire en cours, je lui ai parlé de Turner, de ce que j’aurais besoin de mettre en place. Je sais que la Famiglia possède une unité spécialisée qui peut faire ce dont j’ai besoin, mais cela prend du temps. Un temps que je dois justifier par un retour d’investissement. J’ai argué qu’on ne pouvait pas laisser les Napoletani marcher sur mes plates-bandes. L’argument semble avoir été reçu. Sonny s’occupe de m’envoyer quelqu’un.
- Envoyez les photos à cette boîte postale, dis-je en griffonnant une adresse sur un papier arraché d’un bloc de post-it commun récupéré dans le vide-poche de ma voiture.
L’adresse est à San Francisco.
- On va court-circuiter Carter, s’il s’avère que c’est bien lui la taupe. Cela va prendre un peu de temps : il faut rester discret. Vous allez devoir subir ses âneries un moment. On va faire en sorte qu’il vous lâche la grappe. Dans l’immédiat, entre minuit et six heures du mat, on va basculer votre ligne fixe sur un de mes standards. Ils raccrocheront au nez de vos harceleurs, ou laisseront la ligne occupée. Quand on aura court-circuité Carter, vous changerez de ligne de fixe, de portable. Joanie aussi. De temps en temps, vous serez peut-être obligé de vous soumettre à quelques mises en scène de flic harcelé qui se fait tout petit. Sacramento doit avoir la preuve que leur pression marche. Votre résolution de ne plus vous mêler de ces histoires est d’autant plus importante à tenir.
Je n’arrive pas à déterminer si Turner est soulagé ou non : Je règle son problème sans donner la facture. Une facture dont j’ignore le montant et si un jour j’en réclamerais le payement.
- Jusqu’au moment où on contrôle cette affaire, appelez ce numéro de jour comme de nuit si vous êtes en danger.
J’ajoute ledit numéro à l’adresse postale et donne le papier au flic.
Sujet: Re: Plier [FT Alessandro Amaro] Mer 25 Oct 2023 - 13:47
Plier FT Alessandro Amaro
Amaro fait les cent pas tandis que Richard juge de son côté en avoir assez dit. Il est dans une impasse et il semblerait que la seule personne capable de le tirer de ce pétrin dans lequel il s'est fourré soit celui qui le débectait lors de son arrivée en ville. Il est en train de fraterniser avec l'ennemi tout en ignorant si cela l'empêchera de dormir. Le canadien est à bout de force et ne sait plus gérer seul ce qui lui tombe dessus depuis qu'il a décidé de se mêler de ce qui pourtant concernait le policier qu'il est.
Avec le temps il a finit par saisir que son pouvoir était limité, tout comme l'est celui de la justice de manière générale. L'autre camp finit toujours par trouver le moyen de ne pas payer pour ses crimes et ce n'est pas demain que cette injustice prendra fin. Le monde est peuplé de deux sortes de personnes : Ceux qui subissent le poids de la loi et ceux qui peuvent payer pour arranger les règles à leur guise. Un homme seul, même s'il est habité par les meilleures intentions qui soient ne peut changer le monde. Dick ignore de quel côté se situe son collègue mais son instinct lui hurle que quelque chose cloche chez ce type qui a fait de lui son bouc émissaire depuis sa mutation à Beacon Hills. Il n'est toutefois pas l'unique flic de cette ville à subir les humeurs et mauvaises blagues de Carter, cela console Richard d'une certaine manière. Si un jour Carter devait tomber pour une obscure raison, il ne sera peut-être pas le seul à s'en réjouir.
Un téléphone sonne. C'est celui de l'italien qui vient de couper les deux hommes dans leurs intimes réflexions. Richard se tend, serrant les dents quand il entend le loup faire usage d'une langue à laquelle il est incapable de comprendre le moindre mot.
L'appel ne dure qu'une poignée de minutes mais Richard a l'impression qu'une éternité ou deux se sont écoulées quand enfin son sinistre acolyte range son cellulaire. Il a deviné sans mal les tenants de cette conversation sans avoir besoin d'en comprendre le moindre mot. Un homme honnête n'aurait pas eu besoin de changer de langue pour s'exprimer devant un témoin. Et Amaro n'est pas un type honnête, ça Dick le sait depuis déjà bien longtemps. Mais pourtant cet homme qui ne cherche pas à cacher le fait qu'il trempe dans l'illégalité est bien moins fourbe que ceux qui se déguisent en flic pour mieux servir ceux qui nuisent au bon fonctionnement de la société.
Jamais le père de famille ne pourra accepter que des hommes comme l'italien puissent avoir une quelconque utilité pour la société. Il n'est pas dupe et ne le sera jamais. Pourtant Amaro est la dernière et sans doute la meilleure des cartes qu'il reste à jouer à Dick à ce jour. Le nier serait hypocrite.
Dick choisit donc de tolérer ce contre quoi il ne sert plus à rien de lutter. Assurer sa survie et la tranquillité de ses proches vaut bien quelques sacrifices. Il regarde le post-it sur lequel griffonne Amaro sans essayer de lire l'adresse inscrite dessus. Il aura tout le temps de s'occuper de cela une fois qu'il sera de retour chez lui. Jo enchaîne le lycée et son travail aujourd'hui, Troy va être retenu à l'étude par son institutrice qui veut lui donner quelques cours de soutien en mathématiques et géographie. Dick sait donc qu'il va être tranquille durant une bonne partie de la journée, chez lui à jouer les fées du logis tout en ruminant au sujet du désastre qu'est devenu sa vie professionnelle.
-Merci. Je ferais tout ça. Je ne compte pas replonger dans les ennuis. Pas après avoir failli mourir seul dans une fosse seul. Mes petits n'ont que moi.
S'il n'avait pas deux enfants il est certain que le canadien se laisserait avoir par ces sirènes qui n'ont de cesse de lui chanter qu'un bon flic doit faire son boulot jusqu'au bout et ce sans craindre d'y laisser la vie. Sa vocation est égoïste, lui demandant une entière dévotion. Une offrande qu'il se refuse désormais à faire car il ne veut pas que ses deux petits aient à payer les conséquences de ses exploits douteux.
Richard observe celui qui aujourd'hui donne sans rien quémander en retour, soucieux de savoir où se trouve la douille dans cette histoire. Tout se paie, certains services plus que d'autres.
Il fourre toutefois le post-it tendu par l'italien dans une de ses poches sans broncher. Le montant de la probable dette qu'il vient de contracter auprès d'Amaro est en cet instant le cadet de ses soucis.
-En cas de doutes, appelez-moi. -Je vous remercie.
Son vis à vis a l'air surprit en l'entendant exprimer de manière aussi claire sa gratitude. Cela fait naître un sourire qui pourrait être qualifié de mesquin sur les lèvres du père de famille. Il soupire un rire nerveux, se redressant pour détacher sa carcasse du capot de la voiture sur laquelle il s'était installé.
-On est différents, assez pour que ça bloque toute relation qui irait au delà de la courtoisie. Mais je pense qu'on a aussi pas mal de points communs. Assez pour qu'il y a quelques mois cette constatation me paraisse insupportable. Vous valez mieux que tout ces tas de merde qui devraient pourrir en cellule et je suis moins con qu'il n'y paraît. Passer pour un simplet permet de laisser traîner ses oreilles un peu partout sans attirer les soupçons. Enfin c'est ce que je pensais y a trois ans. Passez une bonne fin de journée, je vous appelle si la situation s'améliore ou bien dégénère.
Richard tend une main courtoise, offrant à l'italien une franche poignée de mains. Puis s'en va sans demander son reste. Qui sait si l'autre ne pourrait pas se souvenir que tout service rendu se doit d'en appeler un autre.
[...]
En dix jours il a envoyé les photos à l'adresse donnée, changé sa ligne et celle de sa fille. Carter s'est amélioré dans ses manières, enfin disons qu'il n'ouvre plus la bouche pour injurier le canadien lorsqu'ils sont dans la même pièce. Les appels nocturnes ont prit fin, Richard parvient à nouveau à faire des nuits complètes ce qui arrange nettement son humeur. Il reprend doucement mais sûrement plaisir à travailler, ce qui était inespéré. Le père de famille a envie de croire que cette accalmie est faite pour durer, il veut s'en persuader et que tout cela devienne une réalité.
Un vœu pieu qui vole en éclat quand en rentrant chez lui après sa séance hebdomadaire avec son thérapeute il trouve sa porte ouverte alors qu'il était certain de l'avoir fermé avant de quitter son domicile. Pensant déjà au pire, craignant de devoir chèrement défendre sa peau le policier se prépare mentalement à se battre avant de pousser de la voix.
-Jo ? C'est toi ?
Pas de réponse.
-Troy ! Mafdet ! Madame Wilson ?
Il a bien fourni un double de ses clefs d'appartement à sa voisine mais cette dernière a prit l'habitude de toujours prévenir lorsqu'elle doit en faire l'usage. Quand il comprend que personne n'est dans les parages, Richard pousse la porte et entre dans son appartement. La fouille des lieux lui confirme que ses visiteurs ont prit la poudre d'escampette, rien n'a été bougé.
C'est le spectacle qui l'attend quand il entre dans sa chambre qui fait blêmir le père de famille. Sa commode est renversée, les vêtements repassés avec soin sont entassés au sol. Les dossiers dissimulés sous ses piles de t-shirt ne sont plus que des chemises en papier cartonné soulagées de leur contenu. Dick non loin de faire une crise d'angoisse face à tout ce que signifie cette intrusion dans son domicile s'écroule au sol. Puis pleure, crie, frappant le sol et la montagne de vêtements en exprimant son désarroi et sa fureur. Il lui faut de longues minutes pour qu'enfin il se ressaisisse. Il dégaine son nouveau cellulaire, tapant un numéro qu'il a prit la décision d'apprendre par cœur. Une tonalité, puis une seconde et enfin une voix se font entendre.
Richard respire lourdement, manque de s'étrangler avec sa colère et sa propre langue avant de réussir à cracher quelques mots.
-Ils... Ils sont venus chez moi. Ces fils de pute sont entrés chez moi.
Soudainement Dick se fige, il vient de lui sembler avoir entendu du bruit dans son appartement. Il se redresse, callant son téléphone contre son oreille en le coinçant avec son épaule. Son murmure est presque imperceptible, le ton de sa voix ne tremble plus.
Sujet: Re: Plier [FT Alessandro Amaro] Dim 19 Nov 2023 - 17:14
Plier Finn
Finn O'Hara raccroche et écrase sa cigarette à moitié consumée en sortant de sa voiture. D’un geste machinal, il roule des épaules, ce qui a pour effet de recentrer les lanières de l’holster planqué sous son blouson style aviateur. Les coups de fil se sont croisés entre le flic dont il surveille l’appartement, son boss et lui qui avertit l'intrusion illicite grâce au détecteur posé sur la porte d’entrée de Turner. Apparemment, les intrus sont ressortis pour se planquer dans les étages supérieurs à l’arrivée du flic. Finn ne compte pas plus de soixante secondes entre l’intrusion et l’arrivée du flic. Un timing serré, des pros, à n’en pas douter.
Il avance nonchalamment vers la montée de l’immeuble, les mains dans les poches, dodelinant de la tête comme si ses écouteurs lui balançaient un rock endiablé. Il écoute les consignes qu’Amaro lui donne par radio. Tyrone qui le rejoint prend la conversation en route et annonce être à moins de cinq minutes. Finn pousse le vice à bailler comme un beau diable. Qui dit pros, dit bagnole en planque avec un chauffeur qui doit observer ses faits et gestes. Devant la porte, Finn se baisse et ressert des lacets : montrer qu’il n’est en rien pressé. Tyrone n’aura pas besoin de prendre de telles précautions, son intervention sera déjà éventée.
La porte du hall d’entrée se referme, Finn s’élance et monte les trois étages et avale les marches quatre à quatre dans un silence étonnant pour une telle vitesse. Dos collé au mur près de la porte entrouverte de l’appartement de Turner, arme au poing collé contre sa cuisse pour ne pas effrayer un éventuel voisin il écoute.
Les pros ne le sont pas tant que ça. En quelques phrases, Finn comprend la situation. Les deux intrus devaient se contenter de foutre la pagaille dans l’appartement du flic. Ils ne devaient pas avoir de contact. Ils sont tombés par hasard sur des documents planqués dans le pire des endroits : la commode où Turner range ses fringues. Le premier endroit que les voleurs visitent. Finn lève les yeux au plafond : comment de type peut être fic avec deux de QI ?
Les intrus, avec un fort accent italien, veulent s’assurer que Turner n’a pas d’autres preuves en main planquées un peu plus intelligemment. Ils dévient de leur plan, prennent des initiatives. Finn chuchote la situation à Amaro et Tyrone.
…
La situation est tendue, explosive. Finn entend son boss tenter de communiquer avec Turner qui n’a pas raccroché. Un dialogue difficile, car le flic ne doit rien laisser paraître. Il lui dit de répondre « ouais ou nan » pour lui et « oui et non » quand il répond aux Napolitains. Après un rapide coup d’œil dans l’entrebâillement de la porte, il voit que Turner tient toujours son téléphone non loin de son oreille. Amaro lui suggère de simuler un appel à son assurance. Comment Simplet va-t-il s’en tirer ? Dans la foulée, le boss ordonne à Tyrone de repérer le chauffeur et de se tenir en planque. Finn donnerait cher pour lire les pensées de son Chef, d’assister à son raisonnement pour élaborer un plan en temps réel pour sortir le flic vivant de ce guêpier. Il entend Tuner brailler qu’il a été cambriolé et veut qu’on lui rappelle ses garanties. Alessandro lui souffle de céder aux caprices des intrus : ils doivent sortir de là satisfaits, on les coincera plus tard. Turner doit passer pour un benêt inoffensif. Il est impératif que les intrus annoncent à leur capo qu’ils ont réussi leur mission. Après seulement, le reste la squadra qui est en train de se mettre en route les interceptera.
- Les types s’énervent, Boss, souffle Finn, car Turner ne répond pas à leur question comme il est censé causer à son assurance sans la présence des voleurs. - Turner ! ordonne Amaro, dites à votre assurance que deux policiers sont avec vous, ça les calmera.
La ruse fonctionne, la tension redescend. L’un des hommes de main demande si Turner détient d’autres documents.
- Dites que les voleurs ont tout pris, souffle Amaro. Finn ! tiens-toi près à te planquer dans les étages supérieurs. - J’ai trouvé leur chauffeur. Un Rover gris le capot plein ouest. - Équipe en place, annonce Ryan. On sera à quatre véhicules. - Boss, je crois que Turner va avoir droit à des séances de kiné en plus, annonce Finn. - Laisse faire, ordonne Amaro. Ils ne peuvent pas se permettre de trop l’amocher.
Finn se demande ce que Turner entend de leur conversation et se marre en pensant à ce que le flic doit ressentir. Finn est un vilain garçon, il a pas mal goûté aux poings des flics quand il était plus jeune. Il ne les aime pas, même si Turner lui fait plus de peine qu’autre chose.
Un objet se brise, des choses tombent et rebondissent, des bonbons ?
L'angoisse noue le ventre du canadien, plus tendu que la ficelle d'un string porté par une personne en surpoids Richard s'est soudainement figé quand il lui a semblé entendre d'autres pas que les siens glisser sur le linoléum collé au sol de son appartement. Fort heureusement ses gamins sont absents, mais c'est là le seul point positif que le père de famille parvient à trouver dans cette situation de crise. Persuadé il y a encore une heure qu'il avait déjà vécu le pire, il ne pensait pas que ces ordures feraient un jour preuve d'une telle audace. Entrer chez lui, piétiner une fois de plus son intimité déjà trop souvent souillée, chier sur le peu de fierté qu'il pouvait lui rester...
Pourtant au téléphone, une voix lui dicte d'aller voir. De rester calme, coopérer autant que possible pour faire en sorte que tout cela n'aille pas plus loin. Dick serre les dents, retenant comme il le peut cette sotte idée qui lui passe par l'esprit avant qu'il ne décide qu'il serait sot d'envoyer sur les roses l'homme qu'il vient d'appeler. Le canadien ravale la sombre grimace qu'il sait afficher en cet instant, se montant de toutes pièces un air plus naïf encore que celui dont ses traits se parent quotidiennement.
Son entrée dans son salon ne semble en rien déranger ceux qui se sont invités chez lui, leurs demandes sont claires et Richard leur donnerait bien tout ce qu'ils sont en train de lui réclamer s'il avait ce tout sous la main. Assurer sa sécurité et celle de ses proches est son unique priorité, alors le poulet fait le dos rond pour éviter que tout cela ne dérive d'une manière malheureuse. Ses poings le démangent, il évite d'y songer trop longtemps pour ne pas laisser son impulsivité naturelle prendre le dessus sur sa raison qui lui dicte autant que ne le fait Amaro en cet instant que tout peut bien se terminer s'il la joue assez finement.
Les deux types qui lui font face sont agressifs, mécontents d'avoir l'impression de ne s'être déplacés que pour le presque rien que Dick planquait dans ses affaires. Une enquête qu'il a mené avec patience et minutie pendant deux longues années et dont il a tout dévoilé aux fédéraux lorsque ces derniers se sont enfin mêlés de ce qui se passait à Sacramento.
-Le téléphone c'est pour quoi ? Tu fais venir les flics ?
Rapidement, mais pas assez pour que le silence que le canadien donne en réponse à cette question grognée à son égard passe inaperçu, l'italien à l'autre bout de la ligne lui offre une piste. Une manœuvre à suivre sans commettre de fausses notes s'il veut éviter que cette situation n'en arrive à déraper plus qu'elle ne le fait déjà.
-C'est mon assureur.
Dick n'est qu'un piètre comédien, bon menteur certes mais la pression subie ne l'aide pas à suivre avec justesse les consignes qui lui sont données de tout côtés. Ses mâchoires se crispent, face à lui on s'agace doucement mais sûrement ce qui lui fait craindre que rien de bon ne se produira dans les prochaines minutes.
Il parle, s'embrouille sans le vouloir et attire sur lui les soupçons de ceux qui ne semblent attendre qu'un prétexte pour en venir aux mains.
-La police est avec moi, ils sont en train de constater l'effraction.
Cette mauvaise blague ne parvient pas à faire sourire les deux truands qui en ont après lui. Se sentant mentalement de plus en plus proche de la biche qui voit sur elle foncer les phares éclairés d'une voiture, Dick se demande durant un bref instant lequel de ces deux sales types qui lui font face va le plus vite se muer en sanglier et le charger.
Conscient de ne pas être au mieux de sa santé physique, c'est sans penser plus longtemps aux nombreuses voix qu'il lui paraît entendre que Richard esquive, pour mieux laisser s'échouer le violent personnage qui s'est rué dans sa direction contre le meuble qui porte un bon nombre de livres et autres broutilles sans intérêt.
Le meuble vacille, tombe alors au sol un des rares bidules auquel ses enfants semblent réellement tenir dans cette pièce si l'on oublie l'existence de la télévision. Leur bocal à jurons, seul barrage les préservant dans cet endroit de la langue parfois impolie du père de famille vient de s'éclater au sol, faisant s'étaler sur le lino deux mois de gros mots et autres grossièretés.
Dick n'a pas le temps de réfléchir à l'excuse qu'il va bien pouvoir donner à ses enfants pour leur expliquer ce carnage. Le pot à jurons familial et ce qui lui est arrivé est le cadet de ses soucis. Tout en sachant que les deux hommes qui sont entrés chez lui ne sont pas venus lui rendre visite sans armes, il devine que tout cela va mal finir. Surtout pour son derrière. Se battre sur un ring en étant en pleine possession de ses moyens n'a rien de comparable avec ce qui est sur le point de lui tomber sur le pif. Dans son salon se jouent les premières mesures d'un combat qu'il sait à l'avance inégal. Pourtant il tend le bras, évitant avec toute la grâce permise par l'état de sa jambe encore raide celui qui se relève en râlant.
Il attrape sa béquille, prêt à fendre l'air comme il l'avait fait avec sa crosse de hockey quand un gamin imprudent s'était donné le droit d'entrer dans la chambre de sa princesse après leur arrivée dans cette ville. Un chiard qui n'a plus jamais donné de nouvelles depuis la fois où Richard l'avait attrapé alors qu'il jouait les filles de l'air. La panique rend vibrant le regard chocolat du canadien qui cherche une issue de secours tout en la sachant inexistante. Un des gros bras est entre lui et la porte d'entrée et il est hors de question pour Richard de devoir déserter son propre domicile pour prendre la fuite.
Le portable est tombé, Amaro doit être en train de brailler des consignes à Richard mais il n'en à que faire, les précédentes n'ont pas su l'aider autant qu'il ne l'aurait fallu. Il se retrouve donc une nouvelle fois dans la merde, jusqu'au cou pour ne pas changer. Aimant à poisse pour l'éternité en espérant que cette dernière saura attendre avant de le rappeler à elle.
-Messieurs, j'aimerais que vous restiez calmes. Je n'ai rien de plus à vous donner que ce que vous avez déjà trouvé seuls.
Ces messieurs n'en ont visiblement que faire, la paix ne les intéressant pas le moins du monde. Dick décide de rester fermement accroché à son optimisme pitoyable qui le rassure. Peut-être est-il possible de raisonner ces sinistres larrons qui sont entrés par effraction dans son domicile.
-Je ne me mêle plus de tout ça, je me moque de ce qui se peut se passer à Sacramento ou même ailleurs tant que vous nous laissez tranquille moi et ma famille. -Tu mens ! -Pas cette fois...
Cette provocation est celle de trop, mais Dick était bien conscient que la situation avait déjà dégénéré avant qu'il ne prononce ce qui pourrait être son dernier sarcasme.
Le gars qui se relevait le regarde, passant sa main sous un des plis de sa veste pour aller y quérir ce que Richard devine être une arme. Il tend le bras, l'élance et cogne avec force le crâne de cette brute épaisse qui en avait après lui. Le gars tombe au sol, sorti du jeu pour un petit moment.
Du coin de l'œil il aperçoit le canon d'une arme dirigé vers sa poitrine. Richard laisse choir au sol sa béquille, levant les mains au dessus de sa tête en espérant que ce geste de reddition suffira à lui sauver la peau.
Il n'est pas assez fou pour se lancer dans un combat contre un homme pointant une arme chargée dans sa direction.
Finn joue au caméléon : un œil dans l’entrebâillement de la porte d’entrée de l’appartement des Turner et l’autre sur la montée d’escalier. Sa présence est suspecte et le ramdam qui s’installe à côté ne l’aide en rien. Bagarreur dans l’âme, ses poings le démangent. Mais le Boss a dit de laisser faire. Si la Camorra souhaitait la mort de ce flic, le Canadien nourrirait quelques poissons ou consoliderait un piler de béton depuis longtemps.
Il ne se débrouille pas si mal pour un éclopé, pense Finn. Aucun style sinon celui d’un Baloo qui se mettrait à distribuer des baffes. Les flics savent cogner, l’Irlandais en sait quelque chose. Surtout des coups bas, vicieux et humiliant au possible. Une porte s’ouvre à l’étage juste au-dessus. Finn tend l’oreille. Normalement, vu l’étage la personne devrait prendre l’ascenseur. Les secondes s’égrènent, le chuintement des câbles dans la colonne de l’ascenseur lui donnent raison.
À l’intérieur de l’appartement l’activité se calme. Un mauvais signe, ou un bon, question de point de vue. Finn se risque à passer la tête dans l’entrebâillement pour mieux analyser la situation : Turner a assommé l’un des mecs, l’autre a sorti son flingue. Amaro s’énerve dans son oreillette. Il veut savoir ce qu’il se passe, mais Finn ne peut rien dire sans trahir sa présence. Il se contente de tapoter à quatre reprises le joujou technologique qui le relie à son patron : un coup pour RAS, deux pour une vigilance normale, trois pour une vigilance accrue, quatre pour catastrophe en approche et cinq pour urgence absolue. Amaro énonce l’ordre de ses priorités :
- Turner doit vivre, la Camorra ne doit pas savoir qu’on le couvre. - Mouchard collé sur leur caisse, annonce Tyrone. On entendra ce qu’ils se disent, mais ils jactent italien en eux. - Je me charge de les écouter, annonce Amaro.
Finn ne voit de Turner que l’extrême côté droit de son corps : il semble avoir levé les mains en signe de reddition. Brave chiot, il a compris qu’il ne devait pas jouer au plus malin et laisser passer l’orage. L’Irlandais aurait pu se contenter de trois coups. L’assaillant avance d’un pas, la gâchette le démange, mais lui aussi a des ordres. Finn en est certain.
Tout se passe en moins d’une seconde. L’idiot armé pose le pied sur un morceau de verre brisé et glisse à la renverse. Le coup part tout seul, la balle se perd quelque part dans le plafond. Finn ne comprend pas l’italien, mais devine aisément le sens de la bordée d’injures qui fuse aussitôt. La détonation semble faire reprendre ses esprits à l’homme de main, qui secoue son comparse que le coup de feu a sorti de l’inconscience. Ils vont se barrer, pourvu que le flic reste tranquille.
(…)
Finn s’est planqué à l’étage supérieur pour laisser sortir les hommes de la Camorra. Il craint que les occupants de l’immeuble s’alarment de la détonation, mais personne ne sort pour voir de quoi il en retourne. Peur, indifférence, ou habitude ? Finn a remarqué un cadre de vélo attaché auquel il manque les roues et la selle devant l’immeuble à côté. Quand il est certain, que les Napolitains ne pointeront plus le bout de leur nez, il entre dans l’appartement des Turner. Le flic est pâle comme un linge, mais en vie. À son regard, Finn devine que Turner croit qu’il arrive comme la cavalerie : toujours en retard. Dehors ça s’accélère, Finn doit faire vite.
- Il est sain et sauf, monsieur.
Finn presse son oreillette sur son oreille pour mieux entendre son Boss, ses ordres sont parasités par le bouquant du Pink Print.
- On les suit à distance. Ok !
Finn fait un pouce en direction du flic et se retourne avant de voir le majeur qui lui répond. Il dévale les escaliers et s’engouffre dans sa voiture. Il voit la caisse de Tyrone tourner à droite deux blocs plus loin, il démarre et lui colle le train laissant un peu de gomme sur la chaussée au premier virage.
Aiden transporte le patron qui, casque sur les oreilles, écoute ce qu’il se dit dans la voiture des Napolitains. Ryan, lui, arrive par une transversale. Il propose de suivre le convoi sur une route parallèle et de devancer tout le monde. L’ordre du Boss est limpide : on les intercepte après qu’ils aient confirmé la réussite de leur mission. L’ennemi quitte la route principale qui mène à Sacramento pour une autre qui suit les contreforts des Rocheuses à mi pente : un itinéraire classique quand on souhaite éviter les scanne de plaques d’immatriculation qui ne manquent pas dans la plaine. Un itinéraire idéal pour une sortie de route « accidentelle ». Finn se demande comment ils vont rendre la scène réaliste sans échange de coups de feu. Il n’a pas le temps de réfléchir : Aiden vient de le doubler, côté passager Amaro tient un lance grenade. L’Irlandais sourit, il sait que les grenades lacrymales sont trafiquées. Cela fait presque cinq ans qu’il a rejoint la Squadra d’Amaro et se satisfait de cette équipe qui retombe toujours sur ses pattes même dans les urgences les plus improbables. Jamais, il n’a gardé le même employeur si longtemps.
Il ne bouge pas, ne cille pas, se contentant de fixer ce qui pourrait être sa fin si l'homme qui lui fait face était prit par l'envie de faire un coup d'éclat. Dans son immeuble personne ne viendra lui porter secours, pas même son aimable voisine qui n'apprécie pas tellement l'idée d'avoir un flic comme voisin. Dans ce quartier comme dans celui où il a grandit, la plaque qu'il porte fait de lui un ennemi qu'on ne tolère que parce qu'il sait fermer les yeux et se montrer clément quand il est confronté à ce qu'il définit comme étant de la délinquance innocente. Un quartier simple, habité par des gens qui le sont tout autant et que le rêve américain a oublié.
Richard n'ose pas respirer trop fort et il parle encore moins qu'il ne bouge. Il attend patiemment que le vent tourne, priant silencieusement ce Dieu dans lequel on lui a dit de croire depuis qu'il est né. La malice de la destinée met fin à ce supplice. L'homme qui le tient dans sa mire pose un pied sur un morceau de verre, glissant à la renverse pour finalement tirer dans le plafond sous l'effet de la surprise. Une scène qui ferait rire le flic s'il la voyait dans un film au lieu de la vivre comme il le fait en cet instant. Richard sursaute, remerciant le bon Dieu et tout les petits anges qui lui tiennent compagnie. Le gars qui s'est mangé un coup de béquille en pleine tête émerge grâce à ce boucan, Richard lui ne bouge toujours pas. Le moindre cillement pourrait lui être fatal, il en est certain. Il se contente de garder les mains bien haut, les croiser derrière sa tête pour prouver sa bonne foi.
Il est possible que cette sinistre histoire trouve une fin qui lui sera favorable. Après tout si la Camora voulait sa mort, ils auraient eu mille occasions de l'envoyer au boulevard des allongés. Et pourtant il est encore là en vie et ses enfants sont saufs. Presque inconscients du danger qui rôde.
Dick compte les secondes, lentes et qui mettent bien du temps avant de se muer en minutes. Il prie en y mettant une ardeur rarement atteinte avant ce jour. Puis quand après avoir tonné d'ultimes menaces à son encontre ses deux visiteurs se font la malle, il s'effondre au sol. Tremblant et non loin de la rupture mentale. Il est en train de chercher son souffle sans un seul instant croire qu'il pourrait retrouver son calme par la même occasion quand un nouveau venu se pointe chez lui. C'est à croire que son appartement est devenu un moulin dans lequel chacun peut entrer à sa guise !
Il ne faut guère de temps à Richard pour saisir l'identité de l'employeur de l'intrus. Un mec en retard, tant que cela aurait pu causer la fin du père de famille. Le type le regarde, parlant dans le vide tout en faisant joujou avec son l'oreillette. Puis lève un pouce qu'il doit avoir l'audace de penser rassurant à l'intention du pauvre homme dont l'intimité est violée pour la seconde fois en moins d'une heure. L'affront réveille le flic, lui redonnant la rage de vivre et lui rappelant immédiatement que tout cela n'est pas de sa faute. En tout cas pas entièrement. Un de ses doigts se lève, son favori. Il sacre une flopée d'insanités à l'intention de celui qui s'est déjà fait la malle.
Le père de famille souffle, tentant de se relever sans y parvenir. Il se laisse tomber en arrière, inspirant tout en se pinçant l'arrête du nez. Il prie à nouveau mais ses demandes sont moins innocentes que ne l'étaient les précédentes.
-Mon dieu, faites que ces sacs à merde s'entretuent.
Il redresse la tête quand la porte de sa voisine de pallier s'ouvre. La voix chantante et chevrotante de cette chère madame Wilson se fait entendre quand cette dernière s'inquiète de son état.
-J'ai entendu du bruit. Vous allez bien Richard ?
Il n'en fallait pas plus pour que le canadien puisse reprendre pied avec la réalité. Sa voisine, adorable dame âgée et isolée à qui il rend un bon nombre de service depuis son arrivée dans cette ville semble se moquer de lui en s'inquiétant ainsi après ce qui vient de se passer. Elle n'a pas pu louper les éclats qui ont eu lieu dans son appartement, tout ce chambardement et surtout le coup tiré dans le plafond. Dick se relève, sans penser à ménager sa jambe ni craindre la douleur qui suivra. Il se dirige vers sa porte, toisant celle qui ne prend même pas la peine de baisser les yeux pour exprimer la gène qu'elle devrait pourtant ressentir.
-Mon garçon... Je... -Vous quoi ? Le téléphone était trop loin pour que vous pensiez à appeler mes collègues ? Vous arrivez après la guerre Madame Wilson ! Au revoir !
Il claque la porte de son appartement, cette insolente refuse de fermer... Dick râle seul au milieu de ce désastre qu'est en train de devenir sa vie. Puis il fait ce que tout homme sain d'esprit ferait à sa place, partant chercher un balai pour ranger ce gâchis qui orne le lino de son appartement.
[...]
Il lui a fallu deux heures pour tout ranger, nettoyer son lieu de vie pour effacer les souillures laissées par le passage de ces ordures qui lui mènent la vie dure. Il a remplacé le pot à jurons par un pot de confiture vide qui devait aller au recyclage, grimpé sur une chaise puis sa table qu'il a dû déplacer pour tenter de reboucher le trou qui orne désormais le plafond avec le plâtre que Troy a eu dans une boîte d'activités manuelles qu'il n'a jamais ouvert. C'est vilain, fait à la va vite mais suffisamment convainquant pour faire illusion auprès de ses enfants. La fée du logis qu'il est a finit par trouver ce qui faussait le mécanisme de la serrure de sa porte d'entrée. Il l'a réparé après avoir entièrement démonté la chose. Il n'a pas les moyens de faire appel à un serrurier et cela impliquerait d'avoir à donner des explications à ses enfants.
De terrifiantes explications.
Désormais il s'active en cuisine en attendant le retour de ses deux garnements, mimant la normalité comme si c'est en agissant ainsi que sa vie allait retrouver cette banalité qu'il envie tant à certains de ses amis et voisins.
Il est trop vieux pour ces conneries et a trop à perdre. Toutes ces affaires ne le concernent plus, il ne veut plus entendre parler de mafia et de ces malfrats de haut niveau qui empoisonnent ce pays.
Brumes du Passé : Loup Oméga Meute & Clan : Aucun Âge du personnage : 31 ans
Meute & Clan : Amaro Organizzazione Âge du personnage : 32 ans
Brumes du futur : Loup Alpha Meute & Clan : Corleone Organizzazione Âge du personnage : 41 ans
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Sujet: Re: Plier [FT Alessandro Amaro] Mer 3 Jan 2024 - 23:04
Plier
Feat : Richard
Je suis plaqué contre le dossier du siège de la voiture et obligé de me tenir à la poignée de la portière pour ne pas tanguer. Je n’aime pas occuper la place du mort, surtout quand la voiture est lancée à une telle vitesse, sauf quand Aiden contrôle le volant. Ses trajectoires sont impeccablement maîtrisées, idéales pour la poursuite en cours. Mes hommes connaissent chaque route, chaque chemin de la région. Comme attendu, les types de la Camorra évitent la highway et ses radars automatiques, lui préférant une route touristique sinueuse qui épouse les parois verticales des Rocheuses.
Ryan a proposé de les prendre de vitesse en passant par la plaine. Bonne initiative, il pourra leur couper la route si d’aventure immobiliser notre cible s’avère être plus difficile que prévu. Devant nous : les voitures de Tyrone et de Finn.
- Double-les, mais garde tes distances avec les Napoletani. Ils ont des problèmes de réseaux. - Dans trois kilomètres, on passe par une zone dégagée, m’avertit Aiden. Ils devraient joindre leur chef à ce moment-là. - Ça serait le bon timing, nous informe la voix de Tyrone dans nos oreillettes. Dans quinze kilomètres la route suit un précipice où on peut facilement simuler une sortie de route. - OK. Ryan, t’es où ? - Je viens de tourner, je rattrape votre route dans cinq minutes.
Je serre le lance-grenade contre moi, la partie est risquée. Il ne doit y avoir aucun impact de balle. Même si les flics classent l’affaire en accident, le Camorra a le bras assez long pour accéder eu dossier d’enquêter, voire carrément un flic à leur botte pour s’occuper de l’accident. Je retire mon oreillette pour mieux écouter ce qu’il se dit dans la voiture qu’on suit : ça s’énerve de ne pas arriver à joindre leur capo. Le conducteur critique son comparse sur le fait de ne pas avoir appelé plus tôt, quand la couverture réseau était certaine.
(…)
Le coup de fil a été donné. Contents d’eux, les deux hommes laissent exploser leur euphorie. Celui qui passe l’appel est obligé de hurler au téléphone pour se faire entendre. Leur vitesse excessive ne laisse aucun doute, ce qui est bon pour mon projet.
- Ils ont passé le message. Tyrone ? Combien de kilomètres avant d’arriver sur la zone propice ? - Cinq kilomètres. Ryan ? T’es loin ? - Non, je vais y être avant vous. Je vais me planter au milieu de la route, juste après le grand virage sans visibilité. - Je vois, dis-je en consultant l’écran du GPS. Aiden, approche-toi doucement.
J’ouvre entièrement ma fenêtre : il va falloir que je m’assoie sur la portière pour m’assurer d’un bon angle de tir. Je dois viser la vitre arrière juste avant qu’ils passent le virage. Le gaz va brouiller leur vue, mais pas assez. Ils verront la voiture de Ryan. Cela étant, il me faut un peu de chance, celle qui fait donner un coup de volant vers le précipice.
(…)
J’écoute patiemment un client me raconter son swing du siècle et son exploit sur le nouveau parcours de golf qui vient d’ouvrir. L’habitué du Print m’a mis le grappin dessus à peine de retour dans mon bar. Je rêve d’une douche et me changer. L’autre crétin ne le sent pas, mais je pue la sueur.
La mission est un succès total. On a même pu récupérer la cartouche de la grenade qui a rebondi sur l’appui-tête et ressorti par la fenêtre latérale après avoir livré son contenu larmoyant. La voiture des Napoletani a fait une chute de plus de quatre cents mètres. Les traces de gomme au sol montrent une perte de contrôle et une vitesse excessive. Nous avons fait demi-tour et sommes rentrés sur Beacon Hills par une autre route. En tout, cela m’a coûté une balade de quatre heures. Turner m’en doit une et une belle.
- Je vous laisse, ma pause est terminée, je retourne à ma compta. - Vous êtes resté enfermé dans votre bureau tout ce temps ! C’est pas humain ! - C’est le travail…
Et merci pour l’alibi. Ce nigaud affirmera sans même penser mentir que je n’ai pas quitté le bar de la journée. Je monte à l’étage et rejoins la salle de bain. Avant de me désaper, j’envoie un SMS au flic : « ménage fait. »