Noces à Zombieland [FT Maf ^-^]

Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

Richard noue l'unique cravate qu'il a conservé durant toutes ces années. Un objet criard orné d'un Bugs Bunny facécieux dont il avait oublié l'existence tant ce dernier est devenu inutile depuis que le monde est parti en vrille. Il l'a retrouvé roulée en boule au fond de son tiroir à chaussettes Sa chemise blanche est un peu froissée car il est compliqué de demeurer maniaque depuis que l'électricité n'est plus qu'un doux souvenir d'une époque bénie où le confort était roi. Maintenant on fait avec les moyens du bord, on s'adapte et ce même lors des grands jours. Eric enfermé avec son beau père dans la chambre de ce dernier tente de l'aider à redresser le nœud douteux que les doigts malhabiles du canadien sont parvenus à former. Le résultat n'est pas probant.

-Mafdet sait peut-être les faire.
-C'est même certain mais je prend pas le risque d'entrer dans cette pièce.

Joanie s'est révélée être attachée à d'anciennes traditions désuètes. Cela fait deux jours qu'elle veille au grain, empêchant son père et la féline de se retrouver dans la même pièce. La jeune femme a même eu le culot de leur imposer devoir faire chambre à part depuis bientôt une semaine. Soi-disant pour raviver une flamme que le canadien est pourtant certain de ne jamais avoir laissé faiblir. Jo sème la terreur et aucun homme dans cette maison n'est assez fou pour aller lui tenir tête. Ce grand jour que plus personne n'attendait est un évènement dont Richard n'avait su imaginer l'importance. Le futur marié attrape une veste gracieusement prêtée par Pierre. Il l'enfile tout en prenant garde à ne pas abîmer le vêtement. Seul le jean du garde dénote avec le reste de sa tenue. Il souffle, attrape le verre tendu par son gendre et le vide sans sourciller. L'alcool n'est pas plus mauvais qu'il ne l'était il y a dix ans et Mafdet est même parvenue à trouver une bouteille de gin lors de sa dernière escapade à l'extérieur.

-Je crois qu'un futur marié ressemble à ça.

Eric est un bon gamin, stable et sérieux. Dick est heureux de voir que le couple que le fils du gouverneur et sa fille forment semble être une affaire qui roule. Joanie est une femme de caractère qui sait ce qu'elle veut et surtout comment l'obtenir. Avec la prochaine arrivée du bébé dans leur vie et celle plus inattendue de Suzannah, ils ont dû prendre leur indépendance. La maison Turner est plus calme depuis que la rouquine ne vit plus ici. Richard sait que son fils qui ne daigne que grogner lorsqu'ils se croisent est venu aider sa sœur à plusieurs reprises lors de son emménagement tout en évitant autant que possible de croiser Eric. Troy n'est plus le gamin gentil et souriant qu'il fut par le passé. Seul Tama parvient encore à discerner de la douceur chez celui qui a failli commettre l'irréparable quelques mois plus tôt. Richard soupire puis sourit lorsque la porte s'ouvre sur sa petite Suzie.

-Coucou jolie Suzie.
-T'es beau Dickey !

Suzannah sourit comme toujours. Mais Richard a apprit par sa fille que la petite dort mal et se réveille régulièrement la nuit en proie à des terreurs justifiées par la perte récente de ses parents biologiques. Richard ne doute pas de l'amour que lui portent ses nouveaux parents, même s'il doit admettre qu'il a été surpris par le choix de ces derniers lorsqu'il a découvert qu'on l'avait fait grand-père avant l'heure. Il n'a cependant par tardé avant de s'adapter à cette situation nouvelle. Après avoir éduqué ses enfants aussi bien qu'il lui était possible de le faire, il prend désormais grand soin de cette petite brune au regard malicieux en la gardant aussi souvent que possible. Il lui apprend quelques sottises, des grimaces, à siffler dans un brin d'herbe et d'autres choses futiles qui ne servent à rien, sinon à créer de la joie.

Suzie chipe un biscuit, regarde l'assiette avant de décider de l'embarquer avec elle pour retourner dans l'antre des femmes.

-Elle va devenir une Joanie numéro 2. Mais c'est pas plus simple d'éduquer un garçon alors te tracasses pas.

Troy n'a pas donné de réponse au sujet de sa venue. Il s'est contenté de répondre à l'invitation de son père par une acerbe réflexion. Richard heureux d'avoir son ami Brian et son frère comme témoins espère que son fils n'aura pas l'audace d'imposer son absence à tous.

-Tu sais si Troy vient ?
-Jo lui a parlé. Je pense qu'il va passer.
-J'aimerais qu'il le fasse parce qu'il aime son père et pas uniquement car sa sœur l'a menacé de l'émasculer s'il ne se pointe pas au mariage. C'est un grand jour. Un jour heureux que je veux sans ombre au tableau.

Richard en a prit conscience en voyant Mafdet angoisser à l'approche de ce jour qui va les lier même si après dix années ils n'ont pas besoin de ça pour se savoir aimé par l'autre. Le canadien est déjà passé par la cage mariage et ne garde qu'un piètre souvenir de cette première expérience, mais cette union précipitée avait un parfum d'urgence. La journée qui se prépare n'a rien de comparable. Il aime Mafdet. Pour ses défauts autant que pour ses qualités. Imaginer son existence sans sa belle est un supplice qu'il refuse de s'infliger.

Codage de Liiloux

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Sujet: Re: Noces à Zombieland [FT Maf ^-^] Mer 2 Mar 2022 - 18:12

Noce à Zombieland

Deuxième cercle

Richard Turner and cie

La maison apparaît entre les troncs et le lierre qui a colonisé ce qui dans le monde d’avant était ma propriété. Cela doit bien faire quatre années que je n’ai pas mis les pieds ici. J’ai laissé mon cheval sur ce qui était le chemin d’accès. La végétation a repris son droit.

Mon cœur s’accélère, comme à chaque fois que je viens ici. Un autre moi habitait là. Un bourgeois à la carrière prometteuse. Fier d’avoir bâti une maison dite basse énergie et écologique. Une maison château fort devenu inhabitable depuis que la fée électricité s’est éteinte.

Elle ne manque pourtant pas de style avec la végétation qui l’a prise d’assaut. Les fenêtres et les portes extérieures portent les traces de violences. Des gens avaient cru pouvoir la piller ou même l’habiter. Ils ont cessé quand ils ont compris que leurs efforts étaient vains. Pour ne pas fâcher la tribu des Kawaiisu aussi.

Seul son architecte connaît son point faible. Ou plutôt la faille calculée pour ne pas rester prisonnier de ce bloc de béton et de verre renforcé. J’écoute la nature et quand je suis certain que personne ne traîne ici, je me faufile entre les ronces et les bosquets en veillant à ne pas laisser traces de mon passage.

Le regard de béton est difficile d’accès, envahis de ronces. Après vingt minutes d’efforts, je me glisse dans un conduit de quatre-vingts centimètres de large. Je progresse en aveugle, à la seule lumière de l’ouverture que mon corps masque en partie. Je connais par cœur la géométrie de chaque cloison, de chaque mur, jusqu’au moindre fils électrique. Après une progression de vingt mètres, je débouche dans le faux plafond de la buanderie. Une pièce borgne que j’éclaire avec une lampe dynamo. Un objet qui a appartenu à Mick. J’avance à pas lent pour ne pas déranger la poussière et me dirige vers mon ancien salon et son immense baie vitrée que j’ouvre en grand.

J’avais bien récupéré des choses. Seulement l’effondrement de notre civilisation telle que nous la connaissions avait suivi de peu l’effondrement de ma propre vie. J’avais eu conscience qu’il était plus sage de basculer dès le début dans le mode de vie des Kawaiisu. J’avais logé un temps au manoir pour aider Derek et quand celui qui fut mon alpha fût en sécurité, j’avais rejoint la seule famille qui me restait.

Je bascule un relais électrique que j’ai installé quand l’électricité vacillait. Pour pouvoir débloquer les portes. Un seul panneau solaire planqué sur la falaise sous la terrasse à l’abri des regards me permet d’alimenter les serrures électroniques et seulement ça. J’ai fait don du reste des panneaux photovoltaïques à la ville, pour alimenter l’hôpital. Je déverrouille ensuite la porte d’entrée avec une clé cachée dans un recoin connu de Derek et Mafdet. Après avoir vérifié que la porte s’ouvre bien, je la referme et file à mon dressing. Il y a relativement peu de poussière. La maison est étanche. Je tergiverse sur ma tenue. Au départ, je comptais venir en tenue traditionnelle Kawaiisu. C’est Tunkasina (*) qui m’a conseillé de reprendre mon identité d’avant, celle qui cadre avec les futurs époux. Je suspecte mon grand-père vouloir éviter de donner du relief aux acrimonies latentes. Ma tribu bénéficie de privilèges que n’ont pas les habitants de la province de Beacon Hills.

Je pose sur le perron le sac d’affaires que j’ai choisi, verrouille portes et fenêtres, puis ressors de la maison comme j’y suis entré.

↑↓↑↓↑↓↑

Ian m’accueille avec une joie évidente. Il récupère ma monture pour l’amener à l’écurie. Je retrouve Derek à l’intérieur du manoir. Les cheveux encore humides et la barbe taillée soigneusement. Je suis parti bien avant l’aube pour être dans les temps. Un long trajet qui aurait ruiné toute toilette.

- Tu peux aller te laver. Ian t’a préparé deux bassines d’eau chaude. Utilise mon rasoir si tu veux.
- Merci.

La salle de bain est confortable. Avec mon aide, Derek bénéficie de l’eau courante avec un système d’irrigation et de réservoirs en hauteur. Le bain chaud est agréable, un confort auquel je goutte que lorsque je rends visite à Derek. Ma douche habituelle est une cascade dont l’eau est assez froide lors des mois d’hiver. Je m’immerge totalement et lave ma longue tignasse.

J’essuie le miroir pour voir ma trogne et utilise un ancien peigne de Ruby pour démêler mes cheveux en veillant ne pas accrocher les deux plumes de mon aigle compagnon qui y sont accrochées. Je les lace en catogan avant de m’attaquer à ma barbe avec le coupe chou de Peter.

↑↓↑↓↑↓↑

Je souris quand je vois le chariot que Derek arrête devant la porte du manoir. Ian l'a décoré avec soin de fleur et de guirlandes de lierre. Ce sont les photographies du mariage de son père et les voitures enrubannées de tulle qui lui ont donné l’idée. Je monte à côté de l’alpha, Ian s’installe à l’arrière sur une caisse. Mon pantalon de costume se prête mal à la monte à cru. Et comme je dors au manoir, nous avons décidé qu’il était inutile que je m’encombre de mon cheval. Cela fait drôle de nous retrouver ainsi endimanchés. Ian porte un costume de son père. Il nage un peu dedans, mais comme il est grand pour son âge, cela ne lui va pas trop mal.

- On ne prend pas la bouffe ?
- J’ai tout livré hier chez Joanie pour éviter que ça traîne dans le chariot pendant la cérémonie. Je n’ai pas confiance.
- C’est plus sage. Tu sais qui y aura, demandé-je.
- Leurs voisins, quelques gardes, le gouverneur. C’est Brian qui est son témoin.
- Avec Tama, oui je suis au courant. Troy ?
- Ça reste la grande inconnue.

Difficile de trouver un cadeau de mariage avec l’époque que nous vivons. Ajouté à la rapidité de cette invitation surprise, cela nous a pris un peu de court. On est donc parti sur ce que j’avais sous la main et qui repose sagement dans la caisse sur laquelle Ian est assis : une jarre de conservation en terre cuite fabriquée par les Kawaiisu. Une technique ancestrale qui permet de conserver la viande séchée sans que les insectes viennent gâcher la nourriture. Je ne doute pas que Mafdet saura l’utiliser correctement. La réussite tient dans le séchage de la viande.

Nous arrivons en vue de la mairie. La suite se passera dans la maison de Joanie et Éric, ou plutôt devant chez eux. Avec Derek nous participons à nourrir les invités avec du gibier qui sera cuit au barbecue. Il y a deux jours, j’ai apporté à Derek des plats Kawaiisu typiques et une biche fraîchement chassée, en laissant le soin à l’alpha de la détailler le jour d’avant la cérémonie pour garder sa fraîcheur. J’ai apporté aussi de l’hydromel et de la bière. Conformément aux lois de la tribu : aucun alcool titrant à plus de 18°.

Notre chariot fleuri ne passe pas inaperçu. Brian et Alex sont déjà là et discutent avec les amis gardes de l’ancien policier. De ce que nous comprenons, les futurs époux ne sont pas encore arrivés.

*:

Chad

Méphi.

Sujet: Re: Noces à Zombieland [FT Maf ^-^] Jeu 10 Mar 2022 - 16:42

Noces à Zombieland

Feat : La moitié du forum

-Doucement jeune fille.

Il grogne pour la forme lorsque sa tête est brusquement tirée en arrière par sa petite humaine qui s'échine à lui natter les cheveux. Alice est déjà prête, sa longue chevelure blonde tressée avec soin et ornée de fleurs colorées qu'ils ont cueillies la veille sur le chemin du retour de l'école. Madame Willers a eu la bonté de repriser une des robes de la petite fille pour une occasion qu'on lui a décrite comme étant grande. Aujourd'hui ils sont de noces, conviés au mariage d'une des rares amies de l'alpha. Richard et Mafdet étaient déjà en couple avant que le monde ne s'effondre. Si Tobias n'a jamais eu de bons rapports avec l'ancien policier, sa relation avec celle qui enseignait la chimie est aussi saine que possible si l'on tient compte de leurs caractères que l'on pourrait juger comme étant particuliers. Pour ne pas dire difficiles.

Refuser l'invitation faite par la féline est une option que l'ancien chasseur a envisagé. Peu de temps, mais il serait mentir que de dire qu'il n'y a pas pensé. Cependant il a bien vite su changer son fusil d'épaule en saisissant que ces festivités représentaient une occasion parfaite de bénéficier d'un repas chaud et de revoir de vieux amis. En effet la promesse de la présence de Chad qu'il n'a pas recroisé depuis leur arrivée à Beacon Hills a su achever de le décider. Pat n'a pas paru mécontent à l'idée de revoir celui qui leur a permit de quitter la cage dans laquelle on les laissait moisir depuis trop d'heures pour que cela soit confortable. Alice quant à elle ne cache rien de sa joie a l'idée de passer sa journée auprès de Ian qu'elle voit déjà durant les jours d'école. Enjouée par cette célébration à laquelle ils ont été conviés la petite fille ne cesse de questionner ses parents au sujet de leur propre mariage. Par crainte qu'un mot malheureux de leur princesse ne puisse dévoiler la supercherie qu'est leur union les deux loups ont éludé les questions de leur fille, se contentant d'offrir de vagues réponses à cette dernière.

Alice fait se rejoindre les deux tresses minutieusement collées au crâne de son père en un chignon bas plus élégant que celui qu'il fait lui même au quotidien. Tobias ose un regard dans le miroir de poche qu'il a sorti de sa sacoche. Sa cravate et cette chemise blanche qu'il est parvenu à retrouver dans son ancien appartement lors de ses dernières fouilles lui donnent l'impression d'avoir fait un saut dans le temps qui le ramène à une époque qu'il refuse de juger comme ayant été bénie. Songer au passé ne lui apporte aucune nostalgie. Ses doigts n'ont pourtant rien perdu de leur agilité à nouer cette cravate qui dérange le loup qui sommeille au fond de lui. Il se lève, porte sa main la moins abimée à sa barbe dont il a prit soin de redessiner les contours. Un de ses sourcils se fronce avant de se hausser. Il énonce un verdict cruel.

-J'ai l'air d'un clown. Ou d'un vendeur d'assurances porté sur la marijuana.
-Mais non tu es très beau Daddy. C'est quoi une assurance ?
-Du futile en cas d'invasion de marcheurs.

Pat entre dans la maison en annonçant que les chevaux sont prêts pour le départ. Eux aussi ont eu le droit à leur lot de fleurs et de nattes pour l'occasion. L'enthousiasme débordant d'Alice n'ayant toléré aucunes limites. Tobias dérobe un baiser à son homme avant de marmonner quelques mots à l'intention de ce dernier.

-J'emballe le cadeau et on file.

L'arrière d'une biche, fraîchement dépecée attend d'être entourée de linges sains pour être offerte aux mariés.

[...]

Alice solidement harnachée dans son dos, Tobias suit son bêta confortablement installé sur sa monture personnelle. La jument prêtée par l'éleveur est solide, peut être plus que ne l'est Cheval. Pourtant le britannique a hâte de retrouver son animal car avec le retour de ce dernier dans leurs vies suivra leur départ hors de cette colonie. Un départ de moins en moins mentionné car cette fatalité n'est pas sans apporter son lot de tristesse dans le regard de leur petite humaine. Pourtant Tobias sait que leur vie ils ne la passeront pas entre ces remparts qu'il voit plus comme une cage qu'une protection. Sans la distraction produite par son poste de garde et sa vie de famille qui prend un souffle différent depuis qu'ils sont arrivés dans cette colonie, le loup tournerait en rond en cherchant comment fuir cette cage dans laquelle il est pourtant venu s'enfermer volontairement. Alice s'agite dans son dos ce qui l'arrache à ses songes moroses. Ils approchent du centre ville lorsque les questions de l'enfant reprennent.

-Il y aura d'autres enfants ?
-Ian sera là. C'est déjà bien assez.

Pat stoppe sa monture, souriant dans sa barbe à l'entente de la réponse blasée que vient de prononcer son alpha. Peu satisfaite par les dires de son père le plus renfrogné, Alice reprend.

-Je ne veux pas m'ennuyer.
-Les mariages sont toujours ennuyeux. La partie divertissante est jouée sans témoins.

Il faut être courtois, poli, gentil et aimable. Tout un tas de mots qui signifient à peu près la même chose : Tobias va devoir surveiller sa langue s'il ne veut pas se mettre la moitié des convives à dos. Le futur marié ne l'appréciant déjà que très peu, et ce à cause d'un souvenir douloureux lié à un souper sanglant partagé entre l'anglais et l'atlante dans un restaurant, l'ancien chasseur devine qu'il va devoir la jouer fine s'il ne veut pas semer la gêne sur son passage. Mafdet reste cependant une diplomate médiocre. Tobias compte donc sur l'imprévisible panthère pour rendre cette journée plus déjantée qu'elle ne devrait l'être.

-Mon amie est un peu marteau, on va sans doute trouver matière à rire à un moment ou un autre.

Ils chevauchent en silence, enfin presque. Alice parle pour deux et parfois même pour trois. Tobias manque de s'étouffer lorsque sa princesse lui demande si la reproduction humaine fonctionne de la même manière que pour les vaches. Balbutiant une lunaire histoire de fleurs et d'abeilles le loup est bienheureux de pouvoir dissimuler à sa fille les rougeurs qui ont élu domicile sur ses joues. Patrick s'étouffe à force de rire. Puis un cri strident manque de rendre sourd le britannique.

-Ian est là ! J'veux descendre s'il te plaît ! Daddy dépêche toi ! Coucou Ian !

La petite saute et se tortille autant que le lui permet le harnais duquel elle tente de s'extirper. C'est dans l'urgence que l'alpha stoppe sa monture. Sans se presser il commence à détacher sa fille.

-Alice tu dois être sage. Ne pas courir, ne pas sauter, ne pas...

La petite blonde libérée de son harnais saute au sol avec souplesse en manquant d'éborgner son père au passage. La jument hennit pour exprimer son mécontentement. Tobias souffle, profondément. La journée ne fait que commencer et voilà que son calme pourtant voulu sans faille est déjà mit à l'épreuve. Il descend à son tour de cheval avant de flatter le flanc de l'animal.

Alice échange quelques brèves salutations avec les adultes avant de se poster près de son ami, un large sourire rivé aux lèvres. C'est amusé que l'alpha constate que Chad a lui aussi opéré un retour dans le passé sur le plan vestimentaire. Pat le rejoint et c'est à deux qu'ils se dirigent vers les deux loups et l'ami d'Alice. Patrick se présente seul à ceux qui lui sont encore inconnus, Tobias tend sa main à qui pourrait avoir envie de la serrer. Un garde dont il partage régulièrement les patrouilles saisit cette occasion.

-Tobias ! J'ignorais que tu étais aussi un ami de Dick.
-Je suis un ami de celle que personne n'aurait cru voir se marier un jour. Pas même la source de toute vie.

Sujet: Re: Noces à Zombieland [FT Maf ^-^] Dim 20 Mar 2022 - 18:40

Noces à Zombieland

Mafdet
ft.
Dick

Ma belle-fille deviendra reine, ou gouverneur ! Jo possède un caractère bien trempé et de l’énergie à revendre. Je l’aime comme si elle était de ma chair. Elle a les atouts des survivants et ne se laisse pas dicter sa conduite, même par le père de son futur enfant. Amusée, je l’ai laissée prendre le rôle de la meilleure copine pour les préparatifs du mariage. Depuis l’effondrement, les cérémonies comme celle-ci ont pris une nouvelle solennité. Si le divorce est toujours possible, dans ce monde de survie, les couples se choisissent mieux. Les critères ne sont pas ceux d’avant. Et souvent, les mariages se concluent après plusieurs années de vie commune.

Le choix de ce que je porterai fut l’objet de folles discussions et de beaucoup de fous rires. Il a été question d’une tenue de cuir que j’ai fini par décliner pour l’image possiblement peu flatteuse que cela pouvait donner de Dick. Les anciennes boutiques de robes de mariée de la ville ont été pillées pour l’utilité du tissu. Sans en parler à mon futur mari, j’ai fait une sortie à l’extérieur jusqu’à une ville à une quarantaine de kilomètres qui n’offre plus grand-chose à piller, sauf justement ses boutiques de robe de mariée. J’avais fait une razzia avec l’idée que ça servirait à d’autres femmes. Mais ce n’est pas là que j’ai trouvé celle qui me plaît. Le magasin d’habit de soirée avait été aussi épargné par dix années de chamboulement.

- On dirait la reine de Saba ! Le rouge te va à merveille !
- Tu te trompes de pays, Jo ! Puis je suis mieux qu’une reine, je suis la déesse Bastet !
- C’est juste parce que les ignares de l’époque ignoraient tout du surnaturel !
- Hum… Cela veut dire qu’il y a dix ans, tu aurais pu me prendre pour une déesse ! Aie, mes cheveux !
- Tiens-toi droite au lieu de dire des bêtises.

Cela me fait drôle de me voir dans le miroir. Le tissu n’est pas le même que celui que je portais, en lin à l’époque. La coupe est plus soignée aussi. En fait, dans l’Égypte ancienne, les vêtements étaient rudimentaires avec des coutures simples. La richesse se montrait aux bijoux. J’ajuste mon bracelet de bras tandis que Jo consolide la tenue de ma tiare avec des pinces à cheveux. Elle avait imposé à son père une semaine d’éloignement pour soi-disant attiser la flamme. Mais c’était pour mieux cacher ma transformation.

Je me mords les lèvres. Je suis au crépuscule de ma vie malgré mes quarante-deux ans officiels. Je suis du regard les ridules qui sont apparues autour de ma bouche et un peu vers les tempes. Quelques fils d’argent parsèment ma chevelure. Le temps me grignote. Mais vieillir aux côtés de Dick m’apaise. C’est une belle fin.

(…)

Dick et Éric sont partis devant. Je grimpe dans le chariot que Jo va conduire.

- Aller grimpe, chaton !

Dick s’est attaché à Suzannah. L’enfant le lui rend bien. La louvette s’accroche à l’arrière du pick-up transformé en chariot. Un prêt d’amis fermiers. Les chevaux sont à Derek. Il y a dix ans, le trajet aurait pris une dizaine de minutes. Le temps, ça aussi ça a bien changé. Le temps que prend le temps, pour se déplacer, pour simplement chauffer de l’eau. C’est un autre rythme plus lent qui convient bien à ma nature féline.

Jo babille sur la journée en devenir. Elle évite le sujet épineux de son frère. Dick souhaite la présence de Troy, moi pas. Son fils me considère comme une voleuse de famille, de son père, puis de sa sœur avec qui je m’entends très bien.

Aux abords de la mairie, il y a du monde, plus que je ne l’aurais cru. Jo râle et rouspète que Dick va me voir. Je pose ma main sur la sienne avant qu’elle tire sur les rênes pour faire bifurquer notre équipage.

- Il est temps.

L’émotion me cueille par surprise quand tous les regards se tournent vers nous. Mon ventre se serre et je papillonne des cils pour éviter à mon khôl de couler. Une femme, une infirmière de l’hôpital, applaudit, vite imitée par les gens rassemblés ici pour simplement assister à la cérémonie. Nous avons prévu un peu plus en victuailles, conscients qu’il y aurait des invités de dernières minutes. La ville nous aide, par la volonté du gouverneur en nous offrant quelques jours auparavant quelques kilos de farines. Non une faveur particulière, mais une réelle volonté de promouvoir ce genre de rassemblement qui unit les gens. Un mariage est un signe de prospérité.

Remise de mon émoi, je descends du pick-up et avance vers Dick. Il sourit comme un benêt, comme j’aime : une joie brute, sincère et sans calcul. Pendant quelques instants, nous sommes seuls au monde. Puis les rires des amis nous ramènent à la réalité. Nous sommes happés l’un et l’autre par nos connaissances respectives.

J’embrasse Ian, Derek et Chad. Je complimente le louveteau pour sa tenue. Il me donne un joli bouquet de fleurs. Je n’ai pas le cœur de lui dire que j’avais refusé de porter un bouquet. Mais ainsi offert, ces fleurs des champs sont un précieux cadeau. Du coin de l’œil, je vois Jo jubiler. Je crois qu’elle serait ravie d’attraper le bouquet de la mariée.

Puis, je vois Alex et Brian qui se tiennent un peu à l’écart. Je m’approche d’eux et m’impose dans une étreinte à trois. J’aime embarrasser Alex.

- Merci d’être venus. Vous avez l’air en pleine forme !

Alex a un peu changé depuis son départ. Son visage est marqué de son long périple, sa silhouette s’est un peu empâtée. Brian à côté rayonne de bonheur. Je suis heureuse pour eux.

- Gare à ne pas attraper le bouquet, menacé-je, sinon c’est votre tour au prochain mariage !

Je m’éloigne et vais saluer mes collègues de l’hôpital. Je les ai aidés en leur rapportant de l’extérieur tout le matériel possible. Cela fait bien des années qu’il n’y a plus de médicaments à dénicher. Je leur apporte mes connaissances en chimie et surtout dans les anciennes pharmacopées. Une aide restreinte par le climat de la Californie, mes connaissances concernent plus les zones subtropicales du globe. Je me détourne et ne manque pas une grande silhouette reconnaissable.

- Rapier !

Sourire pincé de l’Anglais qui s’attend au pire. Je m’avance, la posture régalienne pour ne pas dépareiller avec ma robe de déesse. Un regard vers Dick, je sais qu’il n’apprécie pas l’ancien professeur. L’affaire une sortie restaurant très animée. Mon futur époux est occupé. Je me hisse donc pour câliner celui qui avait une sainte horreur qu’on le touche. J’ouvre la bouche, prête à rappeler cette soirée mémorable quand je lis de la panique dans le regard sombre de l’Anglais. C’est imperceptible, mais bien là. Je regarde son compagnon, planté à côté. Même de nos jours, un couple d’hommes avec une fillette ça ne passe pas inaperçu.

- Tu n'as pas changé ! Toujours le même pic au milieu de la figure. T’essayes de me faire concurrence pour la longueur des cheveux ? On se tutoie, d’accord ?

Je m’écarte non sans avoir bisé ses deux joues. Sourire canaille contre sourire narquois.

- Et voici le deuxième papa d’Alice ! Dis-je en me tournant vers le bêta. Ian n’a que le prénom de votre fille dans la bouche. En résumé, il la trouve intelligente, gentille, courageuse et très forte. Tu n’as pas choisi le plus laid des maris, Tobias !

Chad s’approche pour saluer l’Anglais et son mari. Ils semblent s’être déjà rencontrés.

- Ezéquiel souhaite te donner ça, me dit-il en me tendant un minuscule sac de cuit. Pour que l’âme de wanbdi t’accompagne.

Je me saisis de l’offrande. Wanbdi est l’un des vocables pour désigner l’aigle, l’animal totem de la tribu des Kawaiisu. Offrir la protection d’un oiseau à un félin est assez cocasse. D’ailleurs, il me semble que Pat, le compagnon de Tobias, semble indécis sur ma nature, et a le museau un peu levé comme pour me sentir. Je lui offre un sourire resplendissant. Cherche donc, bon chien. À sa décharge, il ne doit pas en avoir croisé souvent des femmes-chat-panthère.

- C’est un honneur, Chad. Tu remercieras le Chef. Dis-lui que je passerai le voir bientôt. À moins d’une lune.

Je plante là les trois hommes et rejoins Derek. C’est lui qui doit me conduire à l’autel.

Noces à Zombieland [FT Maf ^-^] Signat11

Sujet: Re: Noces à Zombieland [FT Maf ^-^] Dim 27 Mar 2022 - 18:01

Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

Dick et son gendre sont partis de la maison sans s'y attarder plus que nécessaire car la tentation aurait alors été trop grande de jouer les curieux pour voir ce que manigançaient les femmes toujours enfermées dans une autre des chambres de la demeure Turner. Cette attente que le policier commence à trouver trop longue pour que ce petit jeu puisse encore l'amuser touche à sa fin. Dans quelques heures il s'unira à sa belle pour le meilleur, en jugeant que le pire leur est déjà tombé dessus il y a maintenant dix ans. Il est en effet ardu d'imaginer qu'il puisse arriver dans leurs vies une catastrophe plus compliquée à gérer que celle qui a chamboulé l'humanité, emportant dans son sillage des milliards de vies et tout le confort moderne que l'homme avait réussi à créer.

Richard est trop heureux en cet instant pour songer à tout ce qu'ils ont perdu, certain d'avoir gagné au change même si le sujet est encore tabou aujourd'hui. On regarde de travers ceux qui osent avouer qu'ils préfèrent ce mode de vie à celui qui l'a précédé. Certes la survie n'est pas toujours aisée et des drames secouent encore régulièrement leur petite communauté. Cette existence simple personne ne l'a désirée mais tout le monde a finit par s'y adapter et ce plier à ces règles d'un nouveau vivre ensemble pour se liguer contre un ennemi redoutable : La mort mouvante. Les deux hommes approchent de la mairie, Canucks se met à l'arrêt sous l'impulsion donnée par son propriétaire qui n'est pas sans s'émouvoir à la vue de cette foule qui s'est déplacée pour assister à une union que l'ancien policier n'espérait plus. Ils s'y attendaient, ont même été jusqu'à prévoir plus de vivres que nécessaire pour le repas qui doit suivre la cérémonie mais ce rassemblement n'est pas sans émouvoir l'ancien policier. Joanie tel un général d'infanterie a veillé à ce que tout se passe comme elle le souhaitait.

La seule inconnue de cette journée réside en la présence ou bien l'absence de Troy. Si le garde ne peut s'empêcher de vouloir voir son fils arriver pour partager son bonheur avec lui, il sait que sa future femme n'est pas de cet avis. Pour la féline Troy est à ranger du côté des causes perdues. Un jugement qui même s'il semble lucide, brise le cœur de celui qui durant tant d'années s'est dévoué pour élever seul ses deux enfants. Cet accroc à son bonheur ne doit cependant pas ternir cette journée. Richard sourit puis rejoint leurs amis qui encombrent la place de la mairie. Des gardes sont présents ainsi qu'une large part de leur voisinage et de gens travaillant à l'hôpital. À cette masse s'ajoutent quelques curieux ainsi qu'une silhouette que le canadien aurait espéré ne pas croiser en ce jour de fête. Richard serre les dents, détournant le regard pour ne plus avoir Rapier dans son champ de vision avant de s'approcher de Brian et Alex. Son collègue est heureux, souriant depuis le retour du druide dans leurs vies. Dick serre son meilleur ami contre lui.

-J'suis si content de vous voir les gars.

Puis il offre la même accolade à Alex. Son compatriote se tend inévitablement et Richard s'esclaffe.

-Oui je sais que je t'emmerde à être aussi tactile. Y a définitivement des choses qui ne changeront jamais.

L'ancien policier en est à faire cogner son poing contre ceux des garçons qui sont venus s'ajouter au bonheur de ses amis quand dans son dos retentissent des applaudissements. Richard ne met guère de temps à saisir la raison de cette exclamation de joie collective, il fait bien vite volte-face pour trouver face à lui la plus belle des apparitions. Mafdet est sublime, surprenante dans une robe rouge qui lui donne des airs de déesse venue d'un autre temps. Une tenue déconcertante qui se marie à merveille avec le tempérament de celle qui la porte. Le pas sûr, l'homme se dirige vers sa belle. Saisit sa main sans jamais perdre de vue ces prunelles vertes dont il était d'une certaine manière tombé amoureux avant même de savoir qu'elles appartenaient à la professeure de sa fille. Sans un mot, il serre sa future femme contre lui, dissimulant son trouble et ses joues rougissantes dans le cou de cette dernière. C'est en cet instant qu'il prend pleine mesure de ce moment qu'ils sont sur le point de vivre. Une union qui ne sert qu'à noter l'évidence sur un morceau de papier avec leurs proches comme témoins de leur amour. La fin de ce conte ils l'écriront à deux, vieux et entourés de leurs petits enfants.

Les lèvres du canadien glissent sur la peau douce de celle qui va devenir sa femme, se déposent tout contre l'oreille de cette dernière.

-Tu es magnifique. Le blanc aurait été trop classique pour la femme extraordinaire que tu es.

Sa voix tremble un peu sous le poids de l'émotion. Il n'a cependant pas le temps de se perdre plus longtemps dans cette étreinte. De toute part on les appelle, chacun voulant saluer les mariés. Richard se retrouve bien vite happé par un groupe de gardes qu'il connaît depuis des années. Des hommes qui autrefois avaient un métier bien différent de celui qui rythme leurs journées à présent. Dick serre des mains, empoigne ses compagnons. On lui ôte sa vieille cravate pour lui en passer une autre plus classique autour du cou. Cette effusion de joie est contagieuse. C'est finalement Jo qui arrache son père à ses amis, le tirant un peu plus loin pour lui donner quelques consignes de dernière minute. Sa fille est devenue une femme accomplie et de caractère. Elle fait sa fierté au quotidien.

-Papa surtout ne...
-Ne fait rien de stupide ? Tu sais que la dernière fois que tu m'as dit ça je suis tombé amoureux de ta prof de chimie ?
-Papa cesse de faire l'enfant.
-J'ai arrêté le jour tu es née !
-Papa..

Joanie lève les yeux au ciel, s'efforçant de ne pas céder à l'hilarité même lorsque son père grimace pour la forcer à perdre un peu de son sérieux. Puis elle craque quand ses prunelles vertes croisent celles de son père. Elle se love contre ce dernier, puis murmure quelques mots.

-Ne soit pas déçu s'il ne vient pas.

Le regard de la jeune femme s'embue, déçue par le comportement de son frère Joanie peine à trouver des excuses à ce dernier. Troy dont personne à part Mafdet n'a su voir la descente aux enfers dans cette famille, Troy qui a failli tuer son propre père il y a quelques mois. Richard souffle, passe une main dans la chevelure de sa fille nouée en un élégant chignon pour l'occasion. Lèvres closes et mâchoires crispées, il s'efforce de conserver le silence pour ne pas ajouter d'huile sur le feu. Il a cru lui aussi que son garçon ne commettrait pas l'affront de jouer les grands absents, mais il ne sert visiblement plus à rien de croire en une arrivée miraculeuse de celui qui semble avoir perdu une part de son humanité en grandissant dans ce monde défait.

Dick pose une main sur le ventre rond de sa fille. La grossesse approche de son terme mais le ventre de Jo est encore haut ce qui leur permet de penser que le bébé ne tentera pas une sortie surprise aujourd'hui. Le petit, ou bien la petite qui sait, bouge pour saluer son grand-père.

-Sèche tes larmes ma belle, oublie le. On aura tout le temps de lui en vouloir demain. Mais fait plaisir à ton vieux père et à celle que tu aimes comme une mère : Soit-heureuse et pense au fait qu'en faisant entrer Eric dans la famille tu m'as donné un second fils, bien moins ingrat que l'original. La prochaine qu'on marie ce sera toi !

Il s'éloigne de sa fille, se saisit de la main de cette dernière avant de se diriger à ses côtés vers la mairie. Droit et fier d'être le père de ce petit bout de femme. Du coin de l'œil, le futur marié discerne une silhouette qui se tient à l'écart des réjouissances tout en fixant Tama. Sans offrir plus d'attention à son gamin Richard entre dans la mairie et se prépare à rejoindre le gouverneur.

Codage de Liiloux

Noces à Zombieland

Mafdet
ft.
Dick

La lueur dans le regard de Dick et son embarra quand il me voit sont attendrissants. Je ne sais pas ce qui me touche le plus, son bonheur à cet instant présent, ou son amour indéfectible qui n’a pas varié d’un iota en dix ans. Notre couple a été secoué il y a peu : mes trop longues absences à sillonner l’extérieur chagrinaient l’homme que j’aime. Il y voyait une forme de fuite. Il n’avait pas entièrement tort. Ces palissades qui nous encerclent me poussent à vouloir les franchir.

Tout ce j’ai rapporté de l’extérieur a rempli mon pécule de crédits. De quoi pouvoir troquer avec le magasin central ou les paysans du coin pour un bout de temps. Dick et moi n’avions pas le temps de nous lancer dans de grandes cultures. Nous avons bien un potager, mais il ne nous permet pas d’être autonomes. J’ai un projet de cultures d’herbes médicinales, de me remettre à la chimie. De me trouver utile sur ce temps que je ne passerai plus dehors. Je me souviens qu’Alex est biochimiste de formation, il pourrait être un allié précieux. Et ma proposition pourrait mieux lui correspondre. L’hôpital ne le lâchera pas ni moi d’ailleurs, mais… À réfléchir.

Notre vie va un peu changer.

- Tu es magnifique. Le blanc aurait été trop classique pour la femme extraordinaire que tu es.
- Merci, ma Souris. Je crois bien que c’est la première fois que je te vois en costume ! Cela te va bien !

Je resserre notre étreinte et profite de lui mordiller le lobe de l’oreille. Une zone érogène chez mon homme. Il tressaille. Pas le temps de le titiller plus longtemps nous sommes appelés de toute part. Il est évident que notre mariage est le prétexte à se réjouir et faire la fête dans ce monde où l’on survit.

(…)

Dick est entré à la mairie avec le reste des gens. J’attends dehors avec Derek. Normalement dans une mairie, on ne fait pas ce cérémonial, mais comme nous ne passons ensuite ni devant le pasteur ni le curé ou le rabbin, Jo a insisté pour un peu de cérémonial. Je ne boude pas l’idée d’avancer telle une reine avec les regards braqués sur moi. Un garde nous fait signe que tout le monde est installé. Derek me tend le bras. Pas d’enfants devant nous pour ouvrir notre procession, je ne tolère que Ian en gamin et il est trop vieux pour cet exercice.

Une surprise nous attend dès que nous passons le pas de la porte : une marche nuptiale un peu particulière dirigée de main de maître par Eric.

Spoiler:

Le final fait rire l’assemblée. Derek me laisse à côté de Dick pour se placer aux côtés de Chad. Ils sont tous deux mes témoins. Brian et Tama assistent mon futur mari. Pierre Argent s’est habillé pour l’occasion. Bien conservé pour son âge. Si je n’avais pas rencontré Dick… Enfin, il est peu probable que cela ait fonctionné entre nous, une panthère et un loup alpha, cela ne fait pas bon ménage. Il nous a fallu du temps avec Derek pour travailler en meute.

Nous nous asseyons à son invitation et il commence son allocution. Les mariages étant plus rares que dix ans auparavant, il disserte sur la valeur de l’engagement que nous allons prendre, tout en précisant que les lois d’avant ont été bien chamboulées par nécessité. Avec humour, il rappelle que cela ne changera rien à notre « fiscalisation ». Nos heures de travail pour la communauté. Dick en est dispensé, puisqu’il travaille entièrement pour notre province. Par contre, je ne pourrais plus acheter mes heures avec du matériel qu’on me commandait et que je rapportais de mes vagabondages hors des palissades. Soit, je me mets à temps plein à l’hôpital pour avoir le même statut de « fonctionnaire » comme Dick, soit je monte mon idée de médecine parallèle avec des cultures de plantes médicinales et je sacrifie au prorata de ce que je dois à la province et me rends utile là où cela sera demandé. Enfin arrivent les questions fondamentales.

- Richard Turner, voulez-vous prendre pour épouse, mademoiselle Xiuhxochitl Ocelotl, alias Mafdet Mahes, ici présente ?

Argent avait répété une vingtaine de fois mon nom de naissance avant de réussir à le prononcer sans l’écorcher. Cela fait plus de cinq mille ans que personne n’a prononcé mon véritable nom. Et encore, je lui ai donné la version courte, sans les compléments qui indiquent mon rang de naissance relativement bas dans la société atlante. Mon prénom signifie « fleur turquoise » en raison de mes yeux, tandis que mon nom de famille évoque le félin qui rodait dans la forêt, près de mon village : l’ocelot.

À côté de moi, Dick gobe les mouches. Il tente de répéter sans y parvenir. Alors, je me présente, dans ma langue natale, dans la pure tradition atlante qui oblige à citer jusqu’au nom de mes grands-parents.

- Je te traduirais, dis-je en terminant.

Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

Eric et les volontaires qui l'ont rejoint dans son projet un peu fou lancent une marche nuptiale délurée à l'arrivée de Mafdet et Derek dans la mairie. Dick connaissait l'existence d'une surprise, son gendre ayant vendu la mèche en lui annonçant il y a une semaine qu'il mettait en place un évènement pour ce grand jour, mais ignorait tout les détails de ce projet. Richard se retourne pour faire face à celle qu'il nommait déjà sa femme avant d'avoir eu besoin d'obtenir la bénédiction du gouverneur. Son sourire, éblouissante marque de son bonheur, lui dévore une large part du visage. L'ancien policier se tient droit, fier que cette femme soit la sienne. Dans quelques jours leur vie va connaître des changements, ensemble ils vont devoir s'adapter à un nouveau rythme. Mafdet ne repartira pas au delà des barrières, même s'ils ont tout deux mentionné l'idée qu'une urgence puisse demander un tel effort à la féline. Cette ville devenue petite communauté a su retrouver une partie du confort moderne grâce à la brune. Mais cette époque est à présent révolue, le canadien ne veut plus rester seul avec ses angoisses sans savoir si sa femme reviendra ou non de ces excursions.

Derek confie au canadien la main de celle qu'il est sur le point d'épouser, puis l'alpha rejoint Chad lui aussi venu servir de témoin à cet amour qui dure depuis dix ans déjà et auquel Dick ne veut songer à une fin. Il ne compte pas mourir demain, ni même avant plusieurs décennies.

Ils s'assoient, offrent leur attention à Pierre qui débute son discours. Les mariages sont rares, le gouverneur s'est lui aussi mit en costume. Il disserte sur la valeur de cet engagement, si le fond n'a pas changé certaines conséquences ne sont plus les mêmes. Les divorces sont rares, certaines lois ne sont plus applicables même lorsque celles-ci étaient fondements du monde d'avant. Richard inspire profondément, son regard chocolat glisse du gouverneur à sa belle tandis que le loup leur annonce que les avantages fiscaux sont eux aussi tombés dans les oubliettes. Dans l'assemblée se lèvent quelques expressions amusées, puis bien vite le silence reprend ses droits.

Viennent les questions plus solennelles, celles sur lesquelles reposent toute l'importance de ce grand jour.

-Richard Turner, voulez-vous prendre pour épouse, mademoiselle Xiuhxochitl Ocelotl, alias Mafdet Mahes, ici présente ?

Le cerveau de Richard décroche sous l'impact de la surprise. Il lève un regard ahuri vers le gouverneur, puis sur Mafdet. Un nom qui n'est pas celui que l'on a donné à la féline le jour de sa naissance, ça Dick le savait bien mais il ne s'imaginait pas entendre ce que son esprit peine à assimiler aujourd'hui. Un amour qui dure n'est pas seulement sincère, il est aussi le fruit d'une relation dans laquelle on parvient à se surprendre et ce même lorsque la routine pourrait s'installer. Une fois de plus sa belle le surprend et le prend de court. Il ouvre la bouche, bafouille en tentant de répéter ce que vient de dire Pierre sans y parvenir. Ne sortent de la bouche du canadien que des flots de lettres mal assemblés qui ne ressemblent en rien à ce qu'il vient d'entendre. Mafdet se contente de se présenter, en tout cas c'est ce que pense Richard, dans une langue qui ne peut être qu'un souvenir issu de cet endroit que les humains ont longtemps érigé comme un mythe inatteignable.

Rares sont ceux qui connaissent l'histoire complète de Mafdet Mahes. Un récit qui touche au merveilleux et qui ne cesse de surprendre le garde. Un rire nerveux échappe au futur marié tandis que sa belle lui promet de tout traduire en temps venu. Imperturbable Pierre attend une réponse à sa question.

Richard se lève, tirant à lui la main de sa belle pour forcer cette dernière à suivre le mouvement. Une main qu'il porte à ses lèvres, qu'il embrasse tout en dardant la féline d'un regard énamouré.

-Oui, je le veux.

Cette question ne pouvait être suivie que de cette réponse, la seule qui soit acceptable. Si la demande du canadien a été mémorable tant elle a tourné à la débandade, cette finalité est parfaite. Pierre sourit, satisfait. Puis enfin renouvelle sa question.

-Mafdet Mahes, ou plutôt Xiuhxochitl Ocelotl, voulez-vous prendre pour époux, monsieur Richard Turner, ici présent ?

Codage de Liiloux

Noce à Zombieland

Deuxième cercle

Richard Turner and cie

Ian saute du chariot et fonce vers Alice qui arrive en courant. Une joie sincère les anime tous deux. Je lève un sourcil en direction de Derek qui hausse les épaules.

- Intelligence supérieure… se contente-t-il de commenter.

Je me retourne vers les enfants qui semblent reprendre une discussion entamée la veille. Un peu plus loin, Tobias et son compagnon tentent de nous rejoindre dans l’attroupement qui s’est resserré autour d’eux. Ils ont meilleure mine que l’autre fois quand je les ai sortis de la cage où ils avaient patienté bien trop longtemps. La faute à personne, sinon aux marcheurs qui avaient occupé toute la province.

Ian parle d’un livre qu’il a aimé à Alice, quand ses pères arrivent enfin à notre hauteur. Derek donne des nouvelles de la monture du professeur. Le cheval se repose à l’écurie pour qu’il bouge le moins possible. De cette façon, Derek espère une bonne consolidation de son sabot. Il n’ajoute rien, mais c’est évident que l’équidé se portera d’autant mieux si sa convalescence dure. Je serre la main du professeur, puis celle de son compagnon. Je remarque le regard du professeur sur mes vêtements. Je réponds d’un sourire explicite : c’est l’occasion ou jamais. Nous sommes interrompus par l’arrivée de Mafdet. Je me penche à l’oreille du professeur :

- C’est certain que je n’aurais pas parié un caillou sur un tel évènement la concernant.

Le deuxième prénom de Maf est « Indépendance ». Turner n’a rien du surhomme. Il ne brille pas par une intelligence élevée ni d’un savoir étendu. C’est un homme qui se situe pile au centre de la gaussienne des gens lambda. Étrange choix de la féline qui, dans sa longue vie, a croisé pléthore de gens remarquables. Son sourire quand elle aperçoit son futur époux se passe de commentaire. Elle est amoureuse et c’est réciproque.

Je jette un regard à Alex et Brian. Là aussi, le couple semble évident. Moins tempétueux que les futurs époux que nous célébrons. Le druide et le garde irradient d’un amour discret, presque timide. Je me tourne pour étudier le professeur captivé par l’arrivée spectaculaire de la mariée et son compagnon. Je surprends Patrick, le regard baladeur, en train de me mâter le derrière. Il ne s’en cache pas. Je réponds à son clin d’œil par un sourire.

↑↓↑↓↑↓↑

Mafdet nous rejoint. Elle interpelle le professeur avec la non-élégance qui la caractérise, puis nous embrasse, Ian, Derek et moi. Je crois que c’est la première fois qu’elle a ce geste envers nous, à part Ian qu’elle couve comme une mère.

- Ezéquiel souhaite te donner ça, pour que l’âme de wanbdi t’accompagne, dis-je en lui donnant l’offrande de Tunkasina(*).
- C’est un honneur, Chad. Tu remercieras le Chef. Dis-lui que je passerai le voir bientôt. À moins d’une lune.
- J’allais te le proposer. Il souhaite t’entretenir de quelque chose en particulier.

Il est temps d’aller à la mairie. C’est Derek qui a l’immense honneur de conduire Mafdet à l’autel. J’entre avant eux avec le reste des gens, bien plus nombreux que nous ne l’avions prévu. Je vais me placer tout devant sur la même ligne que Tama et Brian. Je leur adresse une salutation muette. Derrière l’immense table du conseil de la ville, le gouverneur patiente. Il scrute la foule. Un mariage est un bon évènement pour lui. La liesse de la fête fait oublier les tracas du quotidien. Enfin, la mariée entre dans un concert hétéroclite initié par Éric.

La cérémonie commence. Je crains un discours barbant du gouverneur, mais il reste succinct dans son introduction pour entrer dans le vif du sujet.

- Richard Turner, voulez-vous prendre pour épouse, mademoiselle Xiuhxochitl Ocelotl, alias Mafdet Mahes, ici présente ?

La tête de Turner est impayable. Maf en rajoute une couche avec une longue tirade dans une langue oubliée depuis des millénaires. J’aime la sonorité des mots. L’atlante est peut-être une langue morte dont il ne reste que le témoignage de mon ancienne druidesse. Pourtant, elle me semble familière. Les langues actuelles doivent certainement garder des traces de ce passé oublié.

- Oui, je le veux, réplique Richard en embrassant la main de sa femme.
- Mafdet Mahes, ou plutôt Xiuhxochitl Ocelotl, voulez-vous prendre pour époux, monsieur Richard Turner, ici présent ? poursuit Argent.
- Oui, je le veux.
- Par le pouvoir qui m’est conféré, je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrass…

Les deux tourtereaux n’ont pas attendu le feu vert et s’embrassent avec tant de volupté que des sifflements retentissent dans la salle. Nous signons chacun notre tour le registre. Ceci fait, le couple du jour sort de la mairie, main dans la main. La nourriture étant un bien précieux, ce sont des fleurs des champs que les gens leur lancent dessus à la sortie du bâtiment.

↑↓↑↓↑↓↑

Je n’ai plus l’habitude des foules. Et quand la courtoisie me le permet, je m’extrais de là et vais attendre sur le chariot de Derek que le cortège prenne le chemin de la maison de Jo où la noce se poursuit. J’écoute et observe les gens.

Quand enfin les mariés donnent le top départ, Ian demande à ce qu’Alice monte avec nous sur le chariot. Ses papas acceptent et nous suivent à cheval. Collés dans notre dos, les enfants commentent ce qu’ils voient.

- T’es plus habillé en indien ? demande soudainement Alice.
- Non, pas aujourd’hui, lui réponds-je en me retournant.
- Moi aussi, j’ai un habit d’indien, clame Ian.
- C’est vrai ? questionne la fillette.
- Oui, Ian a passé le rite initiatique des jeunes braves à dix ans. Le suivant se passera à ses dix-huit ans, s’il veut toujours devenir un fils du ciel.

Alice s’exclame et bombarde Ian de questions. Cette intégration avait été convenue avec Derek, et Ian évidemment, après la mort de Peter. Pour que Ian ait une famille, un point de chute dans le cas où il arriverait malheur à Derek. Nous arrivons enfin. Avec Derek, je suis chargé de faire cuire le gibier. Tout est prêt, il n’y a qu’à allumer les différents feux. Joanie s’agite et ordonne. Boire est la première préoccupation des invités et autres pique-assiette.

*:

Chad

Méphi.

Les Noces ᵝ Toute la ville

- Alors, c’est bien vrai. Pas sitôt arrivés que vous êtes invités aux noces.

J’ai à peine terminé d’expliquer ce que je fais sur son perron que George s’exclame ainsi. L’homme mûr m’accueille d’un grand sourire qui me semble présentement un peu paternaliste.

« Connais-tu les mariés »
-Dick est garde. Une mec bien, pas compliqué. Sa fiancée est particulière. Moins ordinaire, si tu veux, mais pas une mauvaise bougresse.

Le coeur de George flanche. Sa description ne brille pas de positivité, et il semble tout de même cacher sa véritable impression de l’amie de Tobias. Je ne dis rien, ni n’esquisse de mouvement laissant percevoir que j’ai senti la duperie. George se tasse un peu pour me laisser me faufiler à l’intérieur.

- Entre, l’jolicoeur, j’ai peut-être de quoi trouver ton bonheur.

Depuis qu’il a entendu le surnom romantique dont Tobias m’afflige, par cynisme et survie devenus habitude, George se l’est également approprié. Heureusement, notre voisin taquin use toujours de déterminants : je préfère lui éviter la peine de lui apprendre qu’il n’est pas mon style, si il ne les employait pas. Quelques minutes plus tard, je ressors de chez lui avec une petite boîte dans les mains. Une boîte qui fut certainement écrin, il y a deux ou trois décennies.

- Tu iras voir Roy, il me semble qu’il a un chapeau plus approprié que ta casquette.

Je le remercie et poursuis mes courses. Lorsque j’arrive à la maison, la jument de mon époux y est déjà. Nous avons tous deux travaillé aujourd’hui, afin d’être libérés pour la noce. Ce soir, je taillerai ma barbe de quelques centimètres, avant de me glisser sous les draps.

<…>
J’enfile la chemise crème pendant que mon canari termine la toilette de la petite. Madame Willers est parvenu avec quelques épingles bien placées à rendre la chemise de son défunt mari suffisamment seyante sur ma personne. Il a été suffisamment complexe de me trouver un costume deux pièces pour que j’abdique enfin de vouloir à tout prix y ajouter un gilet pour compléter l’ensemble. Tob a su dénicher des vêtements à sa taille dans son ancien appartement, mais ni chez lui ni chez nos voisins ai-je pu trouver à satisfaire ma silhouette courte et svelte. Une minute plus tard, je remets l’écrin de George sur ma table de chevet. J’abaisse le col de la chemise sur son nœud papillon marine qui jure avec le noir de mon ensemble – c’était celui-là ou bien des motifs qui me faisaient passer pour le père de Tobias – et lisse le bas de celle-ci dans mon pantalon.

« Je vais préparer les bêtes, Daddy. »

Alice me crie que ce sont des chevaux, la voix juste assez outrée pour que cela soit mignon. Je suis les soupirs et les grognements de mon partenaire par la fenêtre entrouverte, ainsi que son échange avec notre puce. Lorsque je suis de retour à l’intérieur, il ne reste plus qu’à empaqueter le cadeau. J’enfile la veste qui m’attendait sur la patère et y cueille également la casquette de tweed de Roy, qui est, elle, assortie au reste du complet. Protéger mon crâne reste capital.

Il faut du temps pour arriver au centre-ville et, donc, à la mairie. Alice en profite pour nous faire la discussion, nous questionner et, globalement, embêter l’aîné de ses pères. Si je garde le silence le plus généralement, de peur de m’étrangler de rire, je prends tout de même la peine de dire à ma princesse de venir me voir si elle s’ennuie. J’ai confiance que Tob ou moi puissions nous échapper avec elle, le temps de lui changer les idées. Plus certainement moi, qui ne connaît que les pauvres âmes croisées au dispensaire, et non pas les mariés. C’est dommage pour mon mari, qui n’aura pas cette chance de souffler un peu.

-Mon amie est un peu marteau, on va sans doute trouver matière à rire à un moment ou un autre.
« Elle ne serait pas ton amie si elle ne l’était pas, mon canari », taquiné-je mon vendeur d’assurances favori.

Je le laisse encore se débrouiller avec les questions pragmatiques de notre enfant, sachant très bien que le jour où elle sera prête à avoir une discussion sérieuse sur la sexualité, ce sera à moi de lui répondre. La pudeur de Tobias m’impressionne encore parfois, mais ses joues rosies lui ajoutent un quelque chose de délicieux, alors qu’il se perd dans des explications séculaires. Je n’ai pas le temps, de toute manière, de lui sauver la mise : nous semblons être arrivés, à en juger par la sirène d’alerte qui nous sert de fille. Alice se tortille hors de son harnais davantage qu’elle n’en sort. Je sens qu’il faudra que j’aborde à nouveau ce tabou qu’est son indépendance ou, du moins, sa propre monture. Cela n’est rien en comparaison au tabou qui s’installe doucement sous ce toit qui devient le nôtre.

Je m’occupe des montures pendant que Tobias surveille Alice et Ian. Lorsque je les rejoins près d’un chariot aussi fleuri que nos bêtes, ils sont flanqués de deux loups. L’éleveur de chevaux, auquel j’offre un sourire froid et poli. Je ne suis pas rancunier, mais cette histoire de Cheval soit-disant trop mal en point est toujours en cours, comme ses propos l’indiquent. Il me faut un instant pour reconnaître le joli gentleman à ses côtés. Ce sont les plumes de son catogan qui vendent la mèche, et le sourire que je dirige vers notre garant se fait aussitôt plus franc.

Un nouvel arrivant nous salue. Il me semble lui avoir prodigué des soins il y a peu de temps, mais je fais peut-être fausse route. Il paraît surpris que mon conjoint soi ami avec la mariée : cela ne fait que décupler mon envie de rencontrer ce personnage en apparence mythique.

Une émotion traverse la foule, alors qu’un homme de bonne taille, aux traits charmants bien qu’un peu benêt arrive. Il ne fait pas de doute qu’il s’agit du futur époux. Je me déplace de quelques pas pour mieux l’observer, et m’en faire une première impression. Son expression se fait moins heureuse lorsqu’il regarde en direction de Tobias, sinon Tobias lui-même, et je l’observe se diriger vers un autre couple. Un grand costaud et un blond grassouillet accompagnés de garçons de l’âge d’Alice. Mes oreilles lupines me laissent comprendre à leur insu qu’il s’agit bel et bien d’une famille. S’ils m’apparaîtraient sous d’autres circonstances comme deux potentiels coups d’un soir satisfaisants, mon instinct parental décide plutôt de les placer en rivaux.

Ce qui s’y trame n’est pas d’un grand intérêt, et mon attention revient sur notre groupuscule. Je suis la conversation faiblarde sans un mot, quand une nouvelle arrivée impose le silence. L’arrivée de la mariée émeut sa famille et ses amis. L’inconnu que je suis préfère profiter que l’attention collective se retrouve focalisée pour observer le pantalon de Chad. Une bonne coupe, qui trahi un passé plus aisé que celui de sa tribu – ou doit-on dire clan? Je n’ai jamais porté attention à ces choses, mais je pourrai le lui demander plus tard – et dessine avantageusement le galbe de ses fessiers. Je remarque qu’il m’observe et penche subtilement le crâne, le temps de lui envoyer un clin d’oeil fougueux, la langue contre la paroi de ma joue.

Je détourne mon attention lorsqu’une impérieuse voix féminine hèle mon nom. Celui de mon mari, plutôt, puisque la dame en rouge ne perd pas un instant pour s’agripper à lui. Il ne fait pas de doute : il s’agit bien de cette mystérieuse Mafdet. Je hoquette de rire lorsqu’elle se moque de mon époux avec ce qui me semble être de l’amitié.

« Patrick. Vous devez être Mafdet, enchanté. Vous êtes ravissante. »

J’évite de lui laisser savoir que Ian a tout simplement entièrement raison sur le compte de ma fille, mais le louveteau vient tout de même de monter légèrement dans mon estime. Pas qu’il y était en danger, non plus. Je souris à son compliment à mon égard.

« Que le meilleur pour Tob. En amour, comme en amitié. »

Je bise les deux joues de la future épouse avant de la laisser poursuivre ses salutations. Je ne la quitte pas du regard pour autant, curieux de sa nature à l’odeur exotique.

<…>
Le bâtiment pourtant vaste semble trop étroit, ce qui laisse entrevoir la popularité du couple, ou la rareté de l’événement. Alice entre Tob et moi, je tiens sa main sans la laisser se dérober. Je n’écoute qu’à demi les discours, examinant davantage les gens à l’avant, qui donnent l’impression d’être touts droits sortis d’Hollywood, ou de San Fernando.

L’un des témoins, un frisé qui doit faire au moins la taille de Tobias, et pas plus de 35 ans, arbore ce qui semble être une centaine de nattes dorées, ramenées en un chignon plus lâche et négligé que celui de Tobias. Il semble chercher quelqu’un du regard, mais je suis trop absorbé par son accoutrement. Sa musculature trop prononcée à mon goût fait saillie sous sa chemise noire, mais ce qui attire mon attention est l’accessoire qui barre son torse, comme une large ceinture de fibres végérales au bout de laquelle une lisière de plumes argentées semble être cousue. L’ensemble reste suffisamment sobre, et mon regard retourne à la cérémonie, n’en déviant que pour observer Chad de temps à autres.

« Tu m’étonnes qu’elle ait pris un alias », murmuré-je à l’adresse de Tobias, le nez froncé à l’entente de ce nom sorti d’on ne sait où. Alice, index sur les lèvres, me semonce de me taire. J’obtempère, car je n’ai de toute manière rien à ajouter, et un instant plus tard, je me joins à la foule pour siffler et applaudir les nouveaux mariés.

Nous nous retrouvons sur le parvis, à recycler les décorations de notre cortège en confettis, puis à discuter avec tel ou tel autre. Je me sens dans mon élément, ainsi, mais garde un œil sur Tobias, que je sais davantage à la solitude que moi. Je m’intéresse aux gens qui me parlent, et leurs posent des questions qui me permettent de les classer dans ma tête, en fonction de leurs savoir-faire et de l’utilité qu’il pourraient avoir pour ma famille. Comme si, inconsciemment, je me faisais à l’idée de vivre dans cette étrange province.

<…>
Nous suivons le chariot de l’éleveur, sans quitter notre prunelle des yeux. Entre deux chansons que je hume faiblement pour Tobias, je lui adresse ce qui est, à mes yeux, une simple observation :

« Il faudra inviter Chad, un de ces quatre. J’ai envie de mieux connaître ton ami. »

Nous échangeons un regard entendu, mais je sens que ce n’est pas que sur l’aspect charnel que Chad pourrait me plaire. J’entonne un nouveau rythme, plus festif que le précédent, en poursuivant notre chemin. Ce n’est qu’en voyant la maison où la noce se poursuit que j’ai un choc : cela diffère grandement des salles de réception pompeuses où mes amis célébraient leur union, dans la décennie antérieure. Le chariot s’arrête devant nous. Alice et Ian en sautent et nous tournent autour, le temps que nous nous occupions ensemble de nos montures. J’indique du menton à mon partenaire son ami et son associé d’affaires, qui semblent s’occuper de la viande. J’aimerais que notre offrande soit préparer à sa juste valeur, et ignore s’il serait bien vu d’offrir mon aide au barbecue. Avant d’avoir pu échanger à ce propos, toutefois, la voix d’Alice, un demi octave plus haute qu’à son habitude, nous rappelle qu’il y a d’autres enfants. Dans son excitation, je ne suis pas certain si elle demande la permission pour aller jouer avec cette Suzannah, ce Dean et ce Max, ou si elle veut qu’on la suive pour nous les présenter.

code by lizzou

Noces à Zombieland

Feat : La moitié du forum

L'éleveur lui donne de fraîches nouvelles de Cheval sans que Tobias n'ait à demander comment va sa monture. Certes la bête se porte mieux et dans quelques semaines cette histoire malheureuse sera à conjuguer au passé, mais cette sombre période que traverse l'animal pourrait se rejouer si ses conditions de vie n'étaient pas grandement améliorées après leur départ de cette colonie qu'Alice ne songe déjà plus à quitter. Déjà avare de sentiments apparents, l'ancien chasseur devenu loup pour la survie de sa fille se ferme totalement. Il est coupable de maltraitance tant inconsciente qu'ordinaire envers cette bête qui le sert avec docilité depuis plus d'un an. La conversation jusque là formelle se meurt pour laisser place à un élan de joie lorsque la future mariée leur fait don de sa présence.

Mafdet n'a que très peu changé après toutes ces années, Tobias est certain qu'il aurait pu reconnaître cette femme au tempérament peu commun en toutes circonstances. Accompagnée d'une jeune femme rousse au ventre rond tirant une fillette par la main, la féline volcanique s'approche d'eux après avoir partagé une tendre étreinte avec son promis. Turner est un homme simple, vulgaire par ses propos lorsqu'on tire sur la corde de son agacement, bon et impulsif. Tobias avait eu vent des virées du policier sur le ring du fight-club. Un lieu généralement pas pensé pour que les hommes de loi viennent en faire la visite. L'anglais lève les yeux au ciel quand une furie criant son nom s'avance vers lui d'un pas décidé. Chad se fend d'un trait d'humour, aussi brillant qu'à l'accoutumée, Patrick observe avec insistance l'ancien architecte tandis que le britannique se fait happer par de solides bras dont il sait qu'essayer de s'échapper ne serait qu'une inutile dépense d'énergie. Il ne pipe mot, se pliant à la folie de celle contre laquelle il ne sert à rien de vouloir lutter.

Faciès figé dans une neutralité voulue blasée, le loup ne manque cependant pas de réagir lorsque la belle brune ouvre la bouche. Il craint la spontanéité de celle qu'il voit comme une amie. Aussi étrange qu'il ne l'est lui même, une femme auprès de qui il peut laisser ses sombres pulsions prendre le dessus sans avoir peur d'un quelconque jugement. Cet échange muet suffit à éviter le pire et l'ancien professeur manque de s'étouffer avec sa propre langue lorsque la féline le prend une nouvelle fois de court.

-Tu n'as pas changé !
-Il me semble que la réciproque est vraie.
-Toujours le même pic au milieu de la figure.
-Il paraît que je suis né avec. Le faire raboter serait douloureux.
-T’essayes de me faire concurrence pour la longueur des cheveux ? On se tutoie, d’accord ?
-Généralement on demande ce genre de choses en premier...

Mafdet le libère non sans faire claquer deux bises sur ses joues, puis elle change de cible. Alice est parfaite, Ian est un chiot de bon goût qui a su reconnaître nombre de qualités à la fillette. La petite blonde elle même ne manque pas de complimenter son ami lorsque les journées d'école touchent à leurs fins. Ces deux là se sont bien trouvés et le départ de la famille Rapier sera le théâtre d'adieux déchirants entre ces deux enfants. Tobias avoue sans honte qu'il aurait préféré que sa fille ne s'attache pas aux gens qui vivent dans cette colonie. Pourtant le cœur de l'alpha n'est pas sans se serrer lorsqu'il revoie quelques visages amicaux. Chad et Mafdet qu'il pensait ne plus jamais revoir sont de bons souvenirs de son ancienne existence. Il avait quitté cette ville sans jamais songer y remettre les pieds et sans éprouver le moindre regret, mais il n'est plus celui qu'il était il y a dix ans. Sa vie a changé, en bien. En passant dans l'autre camp il a offert à son existence un rebond salvateur.

Pat observe Mafdet, cherchant visiblement ce qu'elle est avant de vouloir savoir qui elle est. Cette femme est un mirage qui ne répond à aucune règle. Si différente de son futur époux que cette union n'en devient que plus belle encore. Tobias fait quelques pas, se mettant ainsi en retrait de toutes ces festivités, laissant son sombre regard parcourir les environs. Il ne reconnaît que peu de personnes dans ces visages anonymes qui l'entourent. Quand enfin les invités se dirigent vers la mairie, il suit le mouvement après s'être saisit du bras de son époux. Il suffit d'un seul appel pour qu'Alice se résigne à laisser Ian pour les suivre.

[...]

La mairie pourtant vaste semble devenue ridiculement petite. Les murmures ambiants se meurent tandis que la plupart des regards se tournent vers la mariée et monsieur Hale qui la mène auprès de son futur époux. Turner prend le relais, se saisissant de la main de sa promise. Le regard de l'homme est rendu béat par l'admiration mêlée à un amour certainement sans limites. Religieusement tous se rangent au diapason du silence pour écouter le sermon du gouverneur. Enfin presque car lorsqu'arrive l'instant des échanges de consentements Patrick ose un murmure qui brise ce doux silence. En effet il est compréhensible qu'avec un pareil nom de naissance Mafdet ait choisit d'opter pour un alias. Tobias sourit du coin des lèvres, serrant un peu plus fort la main de son époux pour lui rappeler qu'il serait bon qu'il se taise pour le moment.

Alice darde son père moqueur d'un regard noir, l'alpha chuchote.

-C'est marrant ça de la part d'un homme qui a changé de nom il y a dix ans...

Amusé par sa propre audace, Tobias se lève finalement pour applaudir les époux lorsque ces derniers échangent un baiser plein de fougue sans attendre la fin de la bénédiction du gouverneur.

Ils quittent l'enceinte de la mairie dès qu'ils peuvent se frayer un chemin dans cette foule qui n'est pas pour ravir celui qui a toujours eu du mal avec ce type de rassemblements. Pat discute sur le parvis, l'anglais se contente d'opiner du chef par moment. Alice les aide à récupérer quelques fleurs qui jusque là n'étaient que de la décoration. Ces mêmes fleurs sont lancées lorsque les mariés quittent l'enceinte de la mairie.

La suite des festivités se met en place, Alice accompagnée de son ami vient quémander une permission pour que la petite blonde puisse grimper sur le chariot mené par les deux témoins de la mariée. Pat accepte avant que Tobias ne puisse penser à refuser cette requête. L'anglais s'ennuie, éprit d'une tendre lassitude, celle des jours heureux durant lesquels il ne sait plus comment s'exprimer. Ce n'est pas une triste situation aux yeux de celui qui n'a jamais su comment se comporter dans cette société où la diplomatie demeure reine. Il vit ce monde dans un état de détachement quasiment constant et c'est pour ses proches que ce trait de caractère atypique devient parfois un poids.

Juchés sur leurs montures les deux loups suivent cette heureuse délégation. Patrick chantonne, de douces mélodies qui apaisent l'être tout entier de celui qui fut un talentueux musicien par le passé. Pat ignore ce talent dont est doté son mari, Pat ignore beaucoup de choses au sujet de son époux. La plupart du temps c'est un mal nécessaire qui préserve leur bonheur. Alors qu'il songe à la possibilité de chanter pour l'être aimé, Tobias est prit de court par une demande de celui qui partage sa vie depuis une formidable décennie. Cela rapelle à Tobias qu'il a vu un homme avec une guitare un peu plus tôt.

-Il faudra inviter Chad, un de ces quatre. J’ai envie de mieux connaître ton ami.

Les deux loups échangent un regard lourd de sens, se comprenant sans que l'anglais n'ait besoin de prononcer le moindre mot. Chad est en effet un homme plein de qualités, il est brillant et cultive de charmantes manières qui conviennent au britannique. Il semblerait, au vu des regards appuyés que Patrick fait glisser sur son ami, que l'ancien architecte possède quelques attraits que jamais l'ancien professeur ne lui avait soupçonné. La fidélité du cœur surpassant celle du corps l'alpha ne s'inquiète guère de cette situation. Il est lui même de nature volage et apprécie de retrouver dans une couche le confort des courbes féminines quand l'occasion se présente.

La maison devant laquelle ils se stoppent ressemble à toutes les autres, seules les installations prévues pour cette journée marquent que c'est dans ce lieu que vont se poursuivre les festivités. À peine sont-ils descendus de leurs montures que déjà Alice et son ami leur courent autour. Le plus âgé des deux pères de la petite blonde survoltée attrape sa fille, la soulève entre ses bras musculeux avant de lui embrasser le front. Pat désigne sans les mentionner monsieur Hale et Chad qui prennent le repas en charge un peu plus loin.

-Tu pourrais leur proposer ton secours et offrir la biche. Ce serait alors l'occasion d'inviter Chad pour un souper. Et plus si affinités.

Alice se moquant de la discussion que vient de lancer son alpha leur rappelle la présence d'autres enfants. Tobias peu amène à l'idée de jouer les gardiens d'enfants repose sa fille au sol pour qu'elle puisse retrouver ses compagnons.

-Et surtout sois-sage.

Il parle dans le vide, comme bien souvent depuis qu'ils sont arrivés dans cette colonie. Se sentant soudainement très seul au milieu de ce bain de foule, Tobias baisse les yeux sur ses mains abîmées. Poli il gratifie de quelques mots minimalistes ceux qui viennent lui adresser la parole, puis enfin se dirige vers Turner qui semble s'être détaché de sa femme durant quelques minutes. Il existe entre eux deux un malaise qui ne concerne que le canadien, l'anglais se moquant de ce qui a pu avoir lieu à une époque à présent révolue. Certes il a songé à se débarrasser de cet homme qui fouillait un peu trop pour son bien, mais la fin du monde connu a en partie sauvé celui qui commençait à sérieusement taper sur les nerfs du tueur. À présent ces vieilles histoires n'ont plus de sens. L'italien n'est plus qu'un souvenir dont Tobias ignore s'il est bon ou mauvais. Lui et Turner partagent même une profession.

Le tueur et et policier sont devenus collègues. Drôle de coïncidence offerte par une destinée farceuse.

En se postant devant le mari de son amie, l'anglais devine qu'il risque de se faire envoyer sur les roses. Quand ses lèvres s'ouvrent pour laisser s'échapper quelques mots courtois, il se dit que le canadien pourrait ne lui offrir que du dédain sans que cela ne choque personne.

-Bonjour. Je tenais à vous féliciter monsieur Turner.

L'ancien policier se fige avant de le fixer, le regard plus ahuri qu'à l'ordinaire. Puis se fend d'un remerciement grimaçant. Le dédain est en effet bien présent mais il semblerait que le mari de Mafdet soit trop attaché aux bonnes manières pour conseiller à l'anglais d'aller voir plus loin s'il y est. Certain que son accès de courtoise touche déjà à sa fin, Tobias amorce un recul pour laisser l'homme savourer cette journée sans qu'une ombre insistante ne s'impose au tableau de son bonheur. Mais c'est sans compter sur Turner qui met les pieds dans le plat pour mentionner un absent.

-Vous l'avez revu ?
-Non.
-Je vous pensais partis ensemble.
-Il est parti sans me prévenir de son départ. Les belles paroles étaient peut-être dans ses gènes.

La vérité est crue et blesse celui qui a pourtant tiré un épais trait sur son passé. La douleur est pourtant restée, celle d'un abandon que Tobias n'a jamais pu expliquer. Avec la colère et même le temps il a finit par ranger son ami dans la catégorie des traîtres. Le loup se tait, dissimule son regard sombre dans lequel point une once de douleur en fermant les yeux. Puis il change de sujet, murmurant une vérité bien plus légère.

-Sachez que ma joie d'avoir pu assister à votre mariage est sincère. Jamais je n'ai voulu faire ombrage à votre bonheur et celui de Mafdet. J'ai bon nombre de défauts mais jamais je n'ai cherché à briser des ménages.

Une main se tend, un sourire éveillant les traits de celui qui voit aujourd'hui sa vie changer. Tobias s'en saisit pour la serrer avec fermeté.

Noce à Zombieland

Deuxième cercle

Richard Turner and cie

« Il faudra inviter Chad, un de ces quatre. J’ai envie de mieux connaître ton ami. »

Je ne me retourne pas vers les deux cavaliers qui nous suivent. Il y a certes du bruit dans le cortège qui suit les jeunes mariés, mais pas assez pour que je n’entende pas le compagnon du professeur énoncer cette proposition sur un ton que je peux qualifier de plaisant à mon égard. Je suis heureux de retrouver Tobias Rapier en vie après toutes ces années. Il était un homme en qui j’avais du respect, quel que fût son sombre passé de chasseur. Je m’étais un temps comporté de la même façon, dans le camp adverse, rêvant de décimer les groupes organisés de chasseurs de la région. J’avais glissé sur une mauvaise pente. Je l’avais remonté, comme le professeur. Et je ne doute pas qu’il a fait ce qu’il fallait pour assurer la survie de sa famille. Comme vraisemblablement tuer l’alpha qui l’avait mordu. Sûrement un dessein du professeur, il n’est pas homme à se laisser surprendre. Était-ce l’alpha de Patrick ? Le bêta dégage la même odeur que Ian ou Peter, celle des loups natifs. Plus animale.

Quoi qu’il en soit, même si Patrick me semble être ce genre de personne que je me laisserai à apprécier, pour son tempérament apparent, sa plastique pas vilaine du tout, il est hors de question que je trouble le couple de mon ami. Une petite mise au point s’imposera selon la suite.

Et en plus, il chante bien ! Ce type est très tentant !

↑↓↑↓↑↓↑

Ian et Alice sont déjà loin. J’interpelle Derek.

- Je vais allumer le feu. Tu as le temps d’amener la viande le temps que j’ai de bonnes braises.

Quand je descends du chariot pour me diriger vers les deux demi-fûts transformés en barbecue, j’ai la réponse à mon interrogation précédente. Les mots du professeur sont clairs et peut-être même intentionnels, même si je leur tourne le dos. Le couple de papas semble être basé sur une union libre. Cela ne m’étonne pas finalement de Tobias Rapier. Il est de ces personnes à plusieurs couches. La première est une armure de rigidité au sourire rare. Mais quand on creuse, il sait se montrer un interlocuteur intéressant, cultivé, à l’humour possiblement corrosif ou subtil.

Éric n’a pas cherché à préparer le feu et c’est une bonne chose. Je commence à déposer un peu de paille au fond de l’un des fûts, et y ajoute un morceau d’amadou que je retire de la petite sacoche qui ne quitte jamais ma taille. Je transporte toujours ce minimum vital : un couteau pierre à feu, de l’amadou avec une poignée d’herbes séchées, mon calumet démontable et mes herbes à fumer.

- Vous allumez l’autre feu ? demandé-je à Patrick qui arrive à ma hauteur avec un arrière train de biche.

Il me faut une dizaine de frottements pour faire jaillir assez d’étincelles pour embraser la paille. Je donne mon matériel à Patrick avant de me pencher, les mains en coupe et souffler doucement pour faire prendre ce feu naissant. La fumée me fait plisser les yeux. J’ajoute un peu plus de paille et quand j’estime que c’est le bon moment quelques brindilles.

- Je serai ravi de venir souper chez vous, dis-je sans me tourner vers Patrick qui finalement se débrouille avec ses moyens personnels pour allumer son feu. Mais pas avant une quinzaine.

Je me retourne enfin vers Patrick quand mon feu a pris une belle allure. Sa répartie me fait sourire. L’homme est direct et nuancé à la fois. J’apprécie. Un voisin des Turner s’invite à notre duo avec un verre de bière.

↑↓↑↓↑↓↑

La noce se déroule bien. La viande grille gentiment et ne demande que peu de surveillance, les braises sont au minimum. Derek nous a rejoint avec le reste de la viande. Finalement, ce n’est pas la goinfrerie à laquelle je m’attendais. Il y a assez de nourriture. Beaucoup de gardes sont là, le gouverneur aussi. Pierre Agent s’est même proposé de prendre notre suite au barbecue. Je ne me fais pas prier, car il fait chaud.

Derek va voir Mafdet et Dick. Je suis Patrick jusqu’à son mari qui converse avec l’un de ses voisins avec qui il semble avoir, pour le moins, fraternisé. Ian arrive, Alice sur les talons. Mafdet a fait une surprise aux enfants avec une mixture saponifiante. Avec du fil de fer relié en lasso et entouré de laine, les enfants font des bulles de savon géantes.

Dix ans auparavant, on n’aurait pas détourné le regard d’un môme de leur âge avec ce genre d’amusement. Plus d’électricité…

Je refuse un verre de vin. Un breuvage que je sais honorable, mais interdit aux Kawaiisu, et ce même si je ne peux en ressentir les effets. Celui qui offre sa tournée explique à Tobias et Patrick qu’il est l’un des rares du comté à ne pas avoir changé de métier. La vigne est un métier manuel qui se passe d’électricité.

- J’en vends, prévient-il. Les bouteilles sont consignées.
- Je me souviens qu’il était bon, dis-je. J’ai donné les bouteilles qui me restaient à Derek quand je suis parti vivre dans la réserve.
- Il en a encore ?
- Je ne saurais le dire.

Le vigneron part en quête de mon ancien alpha.

- J’aurais peut-être mieux fait de me taire, dis-je à l’intention du professeur.

*:

Chad

Méphi.

Noces à Zombieland

Feat : La moitié du forum

La noce est paisible et Tobias parvient à trouver une âme secourable qui ne lui tient pas rigueur de son manque de discussion. Un de ses voisins temporaires a également été convié à cette journée de noces, un jeune homme qui ne doit pas avoir plus de trente ans et qui dit se souvenir d'avoir eu l'anglais comme professeur à l'université. Un étudiant alors lambda dont le Tobias n'avait pas cherché à apprendre le prénom ou encore le nom. Avec le temps cette mémoire que le brun avait bonne est devenue désastreuse. Si Tobias a pendant un temps voulu justifier ce fait en en faisant un choix ses arguments ne tiennent pas la route lorsque l'on y regarde de plus près.

L'essentiel demeure clair dans la mémoire du loup et c'est là le principal. Cette vie qu'il mène depuis dix ans n'abime pas que le corps, elle use de manière sournoise l'esprit. Tobias cherche du regard sa fille durant un bref instant, souriant quand il la voit entourée de ses amis. Mafdet a vu juste avec ces bulles de savons démesurées. Le loup redonne à son interlocuteur toute l'attention qu'il mérite, puis décroche bien vite lorsque son époux arrive près de lui avec Chad sur les talons. Il en est fini de ce monologue dont lui faisait don son voisin. Tobias met à cette discussion en promettant à son voisin qu'il passera le voir prochainement pour discuter de ces plantations auxquelles il n'est pas certain de savoir s'intéresser.

Il attrape le bras de Patrick, le serre contre lui pour se rassurer. Manier ces civilités d'usage ne fait pas partie de ses talents. Parfois sa langue fourche mais plus souvent encore ce sont ses silences qui se font insultants. Le naturel, même émoussé par dix ans vécus loin de tout codes sociaux, revient bien vite. À vivre loin des hommes on apprend à ne plus se forcer pour plaire à son prochain. On leur propose un verre de vin, Tobias songe à le refuser mais se contente d'opiner du chef poliment. Sans doute aurait-il été plus sage de suivre l'exemple de Chad. Celui qui vient de remplir les verres discourt au sujet de sa profession, inchangée. Le travail de la terre et de ses fruits prône sur le reste. Si certains changent, cessant de chasser pour devenir loup, d'autres savent se montrer satisfaits en songeant à cette routine qu'ils ont su continuer à choyer.

Le vigneron fait sa promotion, Tobias tend le nez au dessus de son verre puis met fin à tout ces simagrées en laissant une mince gorgée de vin entrer dans sa bouche. Son palais charmé par ce renouveau ne cherche pas à dénicher la moindre entourloupe. Ses sourcils se haussent cependant, comme figés dans une réflexion intense. Ce vin n'est en effet pas mauvais mais le loup veut être certain de ne pas voir de bouteilles de ce genre faire leur apparition dans sa demeure provisoire. Il craint que cet éthylique ne soit la clé de sa déraison. Il attend que l'homme soit parti questionner monsieur Hale, surveillant que ce dernier n'est plus dans les environs proches pour enfin échanger son verre avec celui à moitié vide de son mari. Tobias observe son ami, il doit avouer que le loup est bel homme même s'il peine à le voir de cette manière. Ils sont amis et jamais l'anglais n'a pu songer à ajouter du sexe dans une relation de ce genre. Cependant l'ancien architecte semble plaire à Pat qui n'a rien cherché à dissimuler de son attrait pour celui qui est venu les libérer de cette cage où ils avaient passé de trop nombreuses heures.

Lorsque Chad viendra chez eux pour partager un souper, il ne mettra que peu de temps avant de saisir que les deux époux ne donnent que peu de crédit à la notion de fidélité. Ce pilier n'est pas un de ceux sur lesquels repose leur union. Parfois lorsque le soir il est en proie à la nostalgie, Tobias aime se remémorer sa première rencontre avec Pat. Il venait de vivre sa première expérience avec la pleine lune et cela avait été plus rude qu'il ne l'avait imaginé. Patrick lui avait offert son aide et au fil du temps l'anglais avait saisit que se séparer du nouveau venu ne serait rien de plus qu'une erreur. Parfois il arrive qu'on s'attache à des gens que l'on ignorait attendre. Tobias ne sait pas combien de temps lui et Alice auraient survécu dans ce monde où règne la mort si le destin n'avait pas poussé Pat sur leur voie.

-J’aurais peut-être mieux fait de me taire.
-Vous allez sans doute faire retrouver ses chères bouteilles à cet homme. Cela ressemble à une bonne action.

Tobias a eu bon nombre d'images gagnées à la sueur de sa cervelle pendant ses jeunes années mais il avoue ne pas chercher à collectionner les beaux actes. Sa bouche prend un pli amusé qui ressemble à s'y méprendre à un rictus au regard d'un non-initié au Tobias Rapier et ses étranges délicatesses. L'alpha hausse un sourcil amusé avant d'ajouter une malice à ses dires.

-Monsieur Hale parle avec Mafdet et son époux. Je doute que notre amie commune ait su oublier comment feuler sur les gens qui ont l'audace de la déranger.

Pat lui demande comment lui et la féline se sont rencontrés. Tobias est incapable de se souvenir d'un jour où il aurait pu aborder le sujet de son ancienne profession en parlant avec son mari. Il faut dire que cette vocation qui demande de la pédagogie n'est pas celle qu'on imaginerait aller à un homme au tempérament aussi froid que le loup.

-J'ai été professeur au lycée, puis quelques mois à la faculté. Mafdet était une collègue distrayante. Elle est devenue une connaissance agaçante, puis une amie amusante. Elle enseignait la chimie.

Ce qu'il raconte est vague mais il ne peut se permettre de donner certains détails à son bêta. Ces quelques mots qu'il vient de prononcer ne seront pas suivis par d'autres qui pourraient être de trop. Patrick est soudainement appelé par le gouverneur qui semble avoir besoin de son secours pour s'occuper du barbecue. Tobias sait que cette demande n'est rien de plus qu'une manœuvre de la part d'Argent qui souhaite savoir s'ils s'acclimatent bien à cette ville. Il a lui même été victime d'un accès de courtoisie de la part du gouverneur un peu plus tôt dans la journée.

Le silence fait son nid lorsque Patrick s'en est allé auprès de sa majesté. Chad est un homme de peu de mots et le britannique n'est pas plus causant. Les secondes s'égrènent et avant qu'elles n'aient pu se faire minute l'alpha ouvre la bouche.

-Revenir dans cette ville est une belle expérience.

Tobias s'offre le luxe d'une pause tout en sachant que Chad ne lui coupera pas la parole. Puis il reprend, appréciant la quiétude de cet instant.

-Même si le séjour est un peu long à mon goût.

Il n'attend que de récupérer son cheval pour pouvoir mettre les voiles avec les siens. Il craint plus le Malin qui peut habiter le cœur des hommes que les morts ambulants qui sévissent dehors. Le loup sourit, Chad esquisse quand à lui un amusement silencieux. Tobias vide son verre, grimace lorsque le parfum du regret enivre son palais. Cette addiction n'est plus la sienne et c'est un véritable cadeau que lui octroie sa nature. Pourtant sans ce vice jamais il n'aurait connu le parrain de sa fille ou encore Chad. Le bar de l'italien était un des piliers de cette ville. Songeur Tobias surveille de loin son conjoint avant de murmurer.

-Pat ne sait rien de ce qu'il s'est passé dans ma vie avant lui. Et je veux continuer à tout ignorer de son ancienne vie. Ma paix réside dans une foule de mensonges par omission.

Noce à Zombieland

Deuxième cercle

Richard Turner and cie

- Vous allez sans doute faire retrouver ses chères bouteilles à cet homme. Cela ressemble à une bonne action.
- Si Derek en a encore, il va lui en demander un prix indécent. Même s’il est devenu éleveur et fermier, le banquier n’est jamais loin, répliqué-je avec un sourire.

Cela fait sourire aussi l’ancien professeur. Je sais qu’il a dû âprement négocier en prêtant son cheval à Derek pour diversifier ses lignées.

- Monsieur Hale parle avec Mafdet et son époux. Je doute que notre amie commune ait su oublier comment feuler sur les gens qui ont l'audace de la déranger.
- Elle possède le caractère des félins… La ville lui doit cependant beaucoup.

Comme celui que je ne peux que me souvenir comme étant « le Professeur », et son époux, je regarde le couple du jour en grande discussion avec Derek. Ce mariage a de bon qu’il a fait sortir mon ami et ancien alpha de sa tanière. Cette fête semble le détendre. Patrick demande à Tobias comment il a connu Mafdet. Son hésitation est imperceptible et entre dans le cadre de celle des lointains souvenirs. Sa description de la féline est truculente et reflète les nuances des humeurs de Mafdet.

↑↓↑↓↑↓↑

Patrick est appelé en renfort par le gouverneur. Personne n’est dupe. Pierre Argent est un homme courtois, soucieux de son prochain, mais extrêmement prudent avec les têtes qu’il ne connaît pas.

Avec le professeur, nous nous sommes calés contre une barrière, un peu en retrait du cœur de l’animation. Je ne dis rien, non par manque de sujet à converser, je savoure l’instant à sa valeur. C’est la première fois que Mafdet se marie en cinq mille ans et des poussières de vie. Je sais que Dick réalise sa chance, malchance pour quelques mauvaises langues. Devenir un Fils du ciel a cultivé mon côté contemplatif et réservé. Je m’amuse autant que les autres même si cela ne se voit pas. À côté, le professeur semble lui aussi plongé dans une douce torpeur avant de me partager ce à quoi il pense.

- Revenir dans cette ville est une belle expérience.
- La ville a bien changé. Mon grand-père affirme que ça ressemble à la bourgade que son propre Tunkasina a connue. Les marcheurs en moins.
Le silence retombe pour laisser à nos pensées le temps de vagabonder sans contraintes.
- Même si le séjour est un peu long à mon goût, reprend le Professeur.
Je me contente de sourire en silence. Par-delà son épaule, sa fille s’amuse comme une enfant de son âge avec beaucoup d’énergie.
Tant à rattraper, pas de temps à perdre. Le départ s’annonce douloureux ou ne s’annonce pas. Cela dépendra des priorités de ses pères. L’indépendance sans toit ni loi, ou la construction d’une vie avec des projets, des contraintes.

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- Pat ne sait rien de ce qu'il s'est passé dans ma vie avant lui. Et je veux continuer à tout ignorer de son ancienne vie. Ma paix réside dans une foule de mensonges par omission.
- Je passerai le mot, me contenté-je de répondre.

Je n’ai pas à juger. Avec ce grand recommencement, j’estime que chaque homme a le droit d’effacer son passé et d’être jugé uniquement sur ses actes présents.

- À Mafdet. Il n’y a plus qu’elle et moi au courant. Ceux du Pink Print sont partis à Los Angeles. Sauf Dan, le serveur du matin, qui est mort en protégeant le bar des pilleurs.

J’avais eu de leurs nouvelles quand une délégation de Los Angeles était venue négocier des échanges commerciaux : nourriture contre médicaments. Seulement, le blé et les légumes ça se plante, pas les médicaments. L’équilibre rompu, il avait fallu faire face à ces gens sans scrupule, sinon un. Leur chef s’était souvenu de ce que Beacon Hills lui avait apporté et avait renoncé à nous annexer.

J’ai dû me perdre dans mes pensées, car je lis une question dans le regard du Professeur.

*:

Chad

Méphi.

Noces à Zombieland

Feat : La moitié du forum

La simple promesse de garder le silence de Chad au sujet de ce passé dont Tobias ne veut avoir à assumer les conséquences suffit à rassurer celui qui ne cesse de craindre la perte de son actuel bonheur. Si l'ancien chasseur agit ainsi ce n'est pas à cause d'improbables remords qui pourraient l'accabler. Tout cela n'est rien de plus que de l'égoïsme de la part de celui qui a prit tant de vies qu'il n'a jamais eu l'idée d'en tenir un compte précis. Le cœur de l'alpha s'allège d'un poids tandis que près de lui celui qu'il n'a jamais cessé de voir comme un ami annonce que les témoins des horreurs dont est capable l'ancien professeur sont bien rares dans cette ville. L'italien a mit les voiles avant que la déroute ne sache complètement s'installer et ce avec tout ses proches. À quelques exceptions près.

Le loup a la rancune plus sévère qu'il ne l'aurait cru. Sa fille et lui font partis de ces rares oublis que le parrain d'Alice a commit en quittant cette ville. Cette trahison Tobias ne souhaite pas la pardonner, lui qui durant ces quelques années où il a vécu à Beacon Hills avait apprit à voir chez le mafieux un ami, le meilleur certainement, presque même un frère dont il n'aurait pas partagé le sang. L'annonce de la mort de Dan ne parvient pas à rendre triste celui qui n'a que très peu fréquenté le serveur qui travaillait durant les matinées au Pink Print. Les deux hommes ne se croisaient que rarement et Tobias a apprit à ne pas s'attacher à ceux qui un jour peuvent périr. Alice et Patrick sont ses uniques exceptions et il espère bien ne jamais avoir à assister à leur fin. Une fois de plus les songes de l'anglais se font égoïstes mais il n'en a que faire.

Ces certitudes ne l'empêchent toutefois pas de songer avec nostalgie à celui qui fut son ami. Des questions dont il n'est pas sûr de souhaiter qu'elles trouvent des réponses lui brûlent les lèvres. Il a toujours jugé préférable que son ancien ami soit mort car s'il est aisé de haïr les vivants, injurier ceux que la mort a prit n'est pas dans les habitudes de celui qui a été la cause de grand nombres de trépas. Tobias observe du coin de l'œil son ami, attendant plus d'informations sans avoir l'audace de les quémander. Le silence reprend alors ses droits et sentant que la curiosité prend le pas sur sa raison l'alpha cherche son mari du regard.

Patrick semble avoir tout oublié de leur présence, plongé dans une discussion avec son altesse qui s'enquiert de leur acclimatation en ville. Alice joue un peu plus loin avec ses amis. Il a donc le champ libre pour s'exprimer avec discrétion.

Prenant son courage à deux mains, Tobias parle après avoir fait tourner sa langue dans sa bouche à plusieurs reprises.

-J'ai jugé qu'il était mort. En tout cas c'est ce que j'ai dit à Alice.

Une moue douloureuse écorche le flegme du britannique puis il reprend. Habituellement avare de mots, le loup évacue un peu de cette boue qui lui emplit le cœur et la cervelle lorsqu'il songe à son ancien ami.

-Los Angeles paraît toutefois être devenue plus dangereuse qu'elle ne l'était déjà. Un endroit où je refuse d'emmener ma fille de dix ans sans être certain de pouvoir assurer sa sécurité. Il est parti sans nous, sans même chercher à nous prévenir de son départ malgré sa promesse d'être toujours présent pour Alice. Notre amitié que je pensais sans failles n'a donc pas survécu face à la fin du monde connu.

Les mots dont use l'ancien professeur sont nourris par l'aigreur... Et sans doute la mauvaise foi. Ce sujet qu'il aborde à voix haute pour la première fois depuis des années n'est pas fait pour l'aider à conserver son calme qui se veut pourtant légendaire. La déception, conséquence de ce que l'anglais a vécu comme une trahison n'apaise pas son cœur bien au contraire. Parler de l'italien n'est pas pour lui plaire, mais il est cependant en quête de réponses. S'il connaît déjà le Quand et le Comment, c'est le Pourquoi qui lui manque cruellement. La grande carcasse du britannique se tasse sur elle même, comme s'il était honteux de ces mauvais sentiments que lui inspire l'italien.

Noce à Zombieland

Deuxième cercle

Richard Turner and cie

- J'ai jugé qu'il était mort. En tout cas, c'est ce que j'ai dit à Alice.

Le ressenti du Professeur me percute. Dix ans après, les sentiments de l’époque sont toujours là, enfouis sous le cuir épais de cette vie rude. La route de l’apaisement est longue, certains n’arrivent jamais à destination.
La plupart.
Je réponds à sa grimace de douleur par un hochement de tête lent. L’empathie se passe de mots. Puis le barrage de la rancune rompt. Le professeur lâche ce qui de sa part est une logorrhée. Il reproche à Amaro d’être parti sans lui, l’accuse de promesse en l’air.

Nous avions un monde en excédent de communication. Un monde où l’on pouvait parler à des milliers de gens en quelques clics. Un monde où on s’exprimait trop pour finir à ne plus avoir rien à dire d’utile. Maintenant, il n’y a plus rien de ça que le bon vouloir des gens à transmettre l’information. Le gouverneur s’arrache souvent les cheveux pour faire circuler les renseignements importants. Il y a bien le panneau d’affichage à la mairie, mais encore faut-il y aller. Sans l'aspect pratique des voitures, les distances ont repris leurs réalités.

Je cherche du regard le mari du professeur. Il discute avec Pierre Argent avec une assurance non feinte. À sa gestuelle qui ressort, j’ai l’impression de voir l’homme qu’il a été avant. Un citadin sociable. De la main, je montre au professeur un muret à une cinquantaine de mètres où il est aisé de s’asseoir.

- Allons fumer, proposé-je.

L’excuse pour s’éloigner des enfants qui déambulent joyeusement, masquant le besoin de discrétion. Quand nous sommes assez loin, chemin allant, je sors de ma sacoche un carnet OCB. Une antiquité. La tribu des Kawaiisu avait écumé ce qui pouvait l’être de ce précieux papier. Le stock est rare et les feuilles destinées à de nobles occasions. Ceux qui n’aiment pas le calumet fument des feuilles de maïs.

Je n’ai toujours rien dit de ce que je sais. L’écoute nécessite de bonnes prédispositions et pour le moment, le Professeur est dans la rancune et la colère. Assis en tailleur sur le muret, j’apprête une feuille lui imprimant la forme d’une gouttière. Puis d’un geste expert, je pioche dans mes différents sacs de tabac et d’herbes à fumer. Je confectionne un mélange qui rappellera au Britannique la saveur du tabac blond auquel j’ajoute cette herbe qui agit sur les surnaturels. Juste un peu pour détendre le Professeur sans pour autant lui faire perdre sa lucidité. Je termine d’un coup de langue une tige d’aspect honorable puis la tends au Professeur.

↑↓↑↓↑↓↑

J’emboîte les trois parties de mon calumet et renouvelle l’opération du bourrage. Puis embrase une poignée d’herbes sèches tressées avec mon couteau pierre à feu et propose la flamme à Tobias en premier avant d’allumer ma pipe. L’opération prend du temps, celui de chauffer le corps de chauffe.
Tout un rituel qui accompagne le plaisir et la détente.

- En fait, Alessandro a tenté de vous offrir de venir avec lui.

Je lis l’incrédulité dans le regard du Professeur. Difficile d’accepter une information contraire à celle qu’il avait assumée. Je tire quelques bouffées de ma pipe. Il n’y a là, pas de calcul, hormis celui d’inciter le Professeur de m’imiter, de prendre un peu d’apaisement dans les poumons. Le regard dans le vague, mais pas moins attentif à qui pourrait nous écouter, je déballe ce que je sais.

- Je l’ai revu en 2023 ou 2024. Il avait pris la place de son père à la tête de la mafia et de la ville. Notre province peut sembler être devenue féodale, Los Angeles est bel et bien une dictature avec ses avantages et ses inconvénients. Il n’y avait que deux cercles de palissades à l’époque. Avec une poignée d’homme, Alessandro est venu offrir de commercer avec sa ville. Il convoitait les produits de nos fermes et pensait les acheter avec des biens manufacturés récupérés çà et là par ses troupes. C’était en 2023, Pierre Argent venait juste d’être élu maire. Un statu qui évoluera en gouverneur quand il fut acquis que le gouvernement américain eût cessé toute existence, du moins à l’ouest du pays. La vocation de Beacon Hills était de devenir autosuffisante. Mafdet et quelques autres se chargeaient déjà de récupérer l’indispensable au-dehors. Argent est un fin négociateur et a conclu un deal : nourriture contre médicament. L’accord tint jusqu’à ce que l’échange ne soit plus équitable pour Amaro. Les médicaments n’étant pas une source inépuisable comme le blé. Il a donc tenté de faire comme il le fait avec les autres colonies qu’il opprime : nous racketter. En souvenir de ses années ici, il nous avait traités différemment. Mais nécessité fait loi, il est donc venu avec ses troupes armées. On y a perdu le shérif Stilinski et gagné la motivation d’avancer sur la troisième palissade qui faisait débat sur le travail à abattre pour protéger les cultures. La route est longue jusqu’à Los Angeles, Amaro a jugé que le ratio bénéfices – risques n’était pas gagnant. Ils ne sont pas revenus et ont gardé ce qu’ils leur restaient de médicament. Je vais nous chercher à boire, je reviens.

Besoin physique, c’est si rare que je parle autant. Puis cela permet au Professeur de s’immerger dans le contexte.

↑↓↑↓↑↓↑

Je reviens avec deux verres de limonade et deux parts de tarte soigneusement posées sur des feuilles de chou, l’équivalent de l’assiette en carton du Nouveau Monde.

- Paraît qu’on a l’air de dépérir vu de loin.

J’ai croisé le regard de Patrick. Il a constaté notre éloignement et au lieu de se rapprocher pour se soustraire au bruit de la noce, il a pris le chemin inverse, respectant le désir de discrétion de son mari. Je vois dans son geste une relation saine où la confiance l’emporte. Il doit se douter que nous parlons d’un passé duquel il est exclu, comme le Professeur est exclu du sien. Après avoir donné verre et part de gâteau, je poursuis mon récit. Tobias semble en accord avec ce rythme de narration.

- La tribu les avait vus arriver de loin. La vue en hauteur depuis la réserve nous permet de voir arriver un groupe compact à trente kilomètres. Plus après la pluie, quand l’air est lavé de ses poussières.

Pour être précis, l’alerte nous avait été donnée par nos compagnons à plumes.

- Nous soignons notre relation avec les habitants de Beacon Hills en partageant ce genre d’informations. J’ai été envoyé prévenir le maire et pu suivre les négociations. À son départ, j’ai raccompagné Alessandro jusqu’à la porte sud. Nous avons pu discuter.

Je bois la moitié de mon verre et croque allégrement dans ma part de tarte. Un met rare pour moi. Délicieux.

- Son départ de Beacon Hills lui fut imposé dans la précipitation par son père et exécuté presque manu militari par les hommes de sa sécurité. Comme Andy était enceinte, il a obéi. Il a proposé à ses employés présents au Pink de le suivre. La sécurité de la squadra les a convaincus. Ils sont partis avec ce qu’ils avaient sur le dos. Des émeutes éclataient partout en ville. En ajoutant les morts, l’entraide du début avait mué en un chacun pour soi.

La cigarette du Professeur est terminée depuis longtemps. Et avec elle, ses effets apaisants. Mon calumet fume encore, l’avantage d’une chambre de combustion en bois sur le papier à cigarette.

- Toutefois, il a pensé à vous en vous envoyant son bras droit Ryan Williams. L’idée étant qu’il vous guide et vous protège jusqu’à Los Angeles, et avec un peu de chance que vous les rattrapiez. Ryan n’a jamais atteint votre appartement. La mafia lui assurait la survie, il n’avait aucun intérêt à trahir. Une fois installé à Los Angeles, Alessandro a envoyé Andrew, le frère de Ryan, vous chercher avec un autre de ses portes-flingues dont je ne me souviens plus le nom et que vous connaissiez. Ils ne sont jamais revenus et ont vraisemblablement rejoint la cohorte des morts entre Los Angeles et Beacon Hills. Andrew était motivé pour retrouver son frère. Alessandro m'a demandé de vos nouvelles. Les coupures d'électricité m’avaient rapatrié au manoir de Derek. Celui-ci a dès le début pris les bonnes décisions, comme par exemple récupérer les chevaux du centre équestres voisin quand les gens se focaliser à siphonner les réservoirs des voitures abandonnées, ou vandaliser le magasin de jardinerie plutôt que le centre commercial. Je lui ai dit que je ne savais pas quand vous aviez quitté la ville et encore moins la direction que vous aviez prise. Un fait établi : ni lui ni moi n’avons envisagé que vous n’aviez pas survécu. A cet épisode du moins.

Je termine mon verre et mon gâteau. J’écoute la réaction du professeur. Je ne réponds rien. J’ai appris à ne plus m’insurger des ratées de la vie ni à juger les gens. La vie est ce qu’elle est et non ce qu’elle aurait pu être. Enfin, je dis cela, mais chaque fois que je croise un marcheur, je vérifie ne pas reconnaître dans les chairs putréfiées les traits d’un être que j’ai aimé jadis. J’ai fait mon deuil, ce fut long. Pourtant, le réflexe est resté.

Je me relève du muret de pierres, me permet de presser brièvement l’épaule du Professeur qui encaisse mon histoire, puis je rejoins le reste de la noce en quête d’une autre part de tarte.

*:

Chad

Méphi.

Noces à Zombieland

Feat : La moitié du forum

Il se sent étrangement bien après avoir évacué un peu de cette boue qui lui encombre encore la tête et le cœur lorsqu'il se laisse happer par cette amie sournoise qu'est la nostalgie. Ne plus songer au passé, ne pas s'autoriser le regret sont de ces choses qui permettent à l'alpha de vivre une existence paisible depuis ces dix dernières années. Mais cette colonie dans laquelle ils ont trouvé refuge le replonge dans cette vie qui fut la sienne même s'il est à présent bien différent de l'homme qu'il était à cette époque. Ce grand chambardement qui a prit nombre de vies a également sauvé la sienne d'une certaine manière en le forçant à reprendre sa destinée en main.

Jamais avant que le monde ne s'éteigne il n'aurait pensé devenir loup, encore moins alpha. Pourtant cette solution lui a semblé limpide lorsque est venu le moment de quitter cette ville pour ne pas se retrouver prit au piège par la guerre civile qui animait ces rues. Tobias souffle, son regard fuyant se perd dans le vague, il y cherche un moyen de reprendre pied pour tout oublier. Si son esprit usé par le temps et cette existence dangereuse qu'il mène lui offre parfois ce luxe, ce bienfait n'est pas de ceux qu'il peut commander à sa guise. Patrick parle toujours avec Argent, inconscient des troubles qui agitent son mari généralement si paisible. Chad désigne un muret en retrait, un point éloigné de cette vie qui fourmille autour d'eux. Un endroit de paix qui se prête à la confidence.

Tobias doute, un bref instant, pas assez pour remettre en un ordre nouveau ses convictions mais bien suffisant pour que l'ancien chasseur puisse espérer que son ami ait eu vent de cette vie qui doit être celle d'Alessandro. Fumer convient à l'anglais qui n'a jamais su se séparer totalement de ce vice. Le dernier qui soit encore, si ce n'est le meurtre occasionnel lorsque des situations compliquées à gérer exigent de lui qu'il retombe dans ses vieux travers. On ne survit pas 10 ans dans un monde post-apocalyptique sans avoir à baigner ses mains dans le sang de ses ennemis. Et ce qu'ils soient déjà morts ou non. Chad tire une relique de sa sacoche lorsqu'il les juge assez éloignés des autres convives. Un carnet de feuilles à rouler. Tobias n'en a jamais acheté par le passé mais il lui arrive parfois d'en dérober quelques uns lorsqu'ils en trouvent sur leur chemin. Une sorte de garantie qu'il s'offre pour être certain de pouvoir s'adonner au tabagisme et ce même lorsque les cigarettes avec filtres seront devenues un objet introuvable.

D'un geste expert Chad roule une cigarette en la garnissant d'un mélange de tabac et de diverses plantes séchées que Tobias ne sait pas nommer ou encore reconnaître. Le britannique se saisit de la fine tige de tabac avant d'observer son ami qui s'affaire à présent avec un calumet. Ils se partagent ensuite un feu pour embraser ce qui est devenu un luxe. Tobias n'a guère le temps de savourer cette première bouffée de tabac que déjà Chad lance ce qui semble être une folie.

-En fait, Alessandro a tenté de vous offrir de venir avec lui.

La bouche de celui qui voit ses certitudes voler en éclat s'ouvre. Prêt à annoncer à son ami que tout cela n'est que fabulations en usant d'un ton qui manquerait cruellement de cordialité le loup doit se faire violence pour ne pas abandonner ici sa cigarette, celui qui lui a offert et cette histoire qu'il est certain de ne pas s'avoir apprécier. Immédiatement l'alpha s'en veut, de s'être ainsi confié lui qui habituellement conserve un mutisme parfait quand il s'agit d'évoquer les souffrances que font monter en lui les souvenirs d'une époque désormais révolue.

Les mains de Tobias se crispent, ses doigts agités par une colère qu'il ne sait contrôler manquent de briser la cigarette qu'il tient toujours en main. Il ferme les yeux durant un bref instant, ses prunelles virent au rouge et il n'a nul besoin de les voir pour savoir que la perte de contrôle se fait plus proche que jamais. Chacun dans ce monde a ses limites et celles de l'ancien chasseur sont en train d'être franchies allégrement tandis que Chad piétine tout ce en quoi celui qu'il nomme encore professeur a cru pendant dix ans.

La trahison d'Alessandro était une certitude, un pilier fiable qui l'empêchait de songer à cette vie qui aurait été la sienne s'il avait eu l'occasion de suivre son ami hors de cette ville. Tobias ouvre son regard carmin sur le monde, imitant naturellement Chad lorsque ce dernier fume. Le cœur du père de la jeune Alice s'apaise et Tobias se doute que ce miracle n'est pas causé par sa propre volonté. Il a eu une jeunesse ordinaire par les sottises qui l'ont traversée, un frère qui fumait des herbes alors jugées illicites qu'il faisait pousser dans un coin du potager en jurant à leur mère que ce n'était que des plantes décoratives. Un acte que Tobias a renouvelé par la suite lorsqu'il confisquait certaines plantes récréatives à des élèves trop jeunes pour en apprécier tout les bienfaits à leur juste valeur.

Chad déballe ce qu'il sait au sujet de leur ancienne connaissance commune. Rien dans ses dires ne sait surprendre celui qui se doutait que le parrain de sa fille était en effet l'homme qui tient LA dans un règne de terreur. Les yeux de l'alpha retrouvent une nuance qui leur est naturelle, son regard se perd dans le vide tandis qu'il ne loupe rien de ce que Chad est en train de lui conter. Le monde a changé et ceux qui ont survécu à ce bouleversement ont dû apprendre à s'adapter pour ne pas périr. Jamais Alessandro n'avait semblé être de ceux qui se laissent abattre face à l'adversité, Tobias n'est donc pas surpris de découvrir que ce dernier a su avec brio subvenir aux besoins des siens tout en préservant cette ville dont il a prit la tête.

Tobias se tait cependant, même s'il peine à se montrer patient tant il attend une réponse, la seule qui puisse avoir de l'importance face à son égoïste regard. Comment le parrain d'Alice a pu partir sans eux, alors même que Chad vient d'affirmer qu'il comptait leur proposer de le suivre dans cette nouvelle vie ? Une proposition que l'homme qu'était Tobias aurait certainement accepté à l'époque alors qu'à présent il ne s'imaginerait pas traîner les siens dans cette ville dont il est certain de ne pas tolérer le fonctionnement.

Chad l'abandonne un bref instant, sans doute parti pour le laisser digérer tout ce flot d'informations auxquelles l'ancien chasseur peine à trouver une logique. Tobias grimace derrière sa cigarette. Dans son cœur et sa cervelle s'installe un sinistre désordre qui ne lui convient pas. Il se remémore sa vie d'avant, son arrivée au Pink Print alors qu'il était encore un homme sinistré et dépourvu de toute humanité. Dans cette ville il était venu s'offrir une seconde chance à laquelle il ne croyait pas vraiment. Sa voie avait alors croisé celle de l'italien. Un loup étrange, un peu fou sur les bords mais également éprit d'une lucidité totale au sujet de cette vie qui était la leur.

Le crime comme premier point commun, les deux hommes étaient devenus amis. À l'arrivée d'Alice dans sa vie Tobias n'avait pas eu besoin de réfléchir avant de proposer à Alessandro d'être le parrain de sa fille. À l'époque tout semblait si simple. Une amitié solide, sans jugement, teintée d'un amour presque fraternel. Une relation si puissante que l'atterrissage fut bien rude lorsque l'amitié des deux hommes s'est retrouvée brisée par la fatalité causée par un virus si sournois qu'il ramène les morts à la vie.

Tobias offre un demi-sourire à Chad quand ce dernier revient vers lui. Il se saisit de cette part de tarte à laquelle il trouve un sombre goût de cendres. L'ancien architecte reprend son étrange conte, Tobias se force au mutisme et ce même lorsque de la bouche de son ami s'échappe ce qui ressemble à s'y méprendre à une folie. La cigarette offerte par le loup n'est plus qu'un souvenir, l'alpha occupe ses mains en jouant avec cette feuille de chou qui lui sert d'assiette. En son sein rugit encore la sourde colère qui l'habite. Une bête dangereuse qui est de celles qui donnent des cornes à celui dont on a déjà dit qu'il avait quelques traits communs avec le diable par le passé.

Ryan est mort, une voie suivie par son frère et un autre. De terribles coïncidences qui ont fait de la vie de l'anglais ce qu'elle est aujourd'hui. Le cruel abandon se meut alors en terrible inquiétude dans le discours de Chad, le cœur du britannique loupe quelques battements. Lorsque Alessandro est revenu pour avoir de ses nouvelles, Tobias avait mit les voiles depuis longtemps. Il est donc celui qui est parti sans donner de nouvelles... Les rôles s'inversent, cette conclusion donne à Tobias une envie de voyage.

Certes revoir son ancien partenaire de crime ne rendrait pas sa vie plus douce et ce voyage serait bien trop long si on prend compte du peu qu'il apporterait aux vies des deux loups. Mais l'idée se fait toutefois tentante.

-Je lui ai dit que je ne savais pas quand vous aviez quitté la ville et encore moins la direction que vous aviez prise. Un fait établi : ni lui ni moi n’avons envisagé que vous n’aviez pas survécu. A cet épisode du moins.
-Sans Patrick je serais mort mille fois.

S'il avait suivi son ami, si la vie ne s'était pas jouée d'eux à plusieurs reprises jamais il n'aurait rencontré son époux, celui qu'il aime sans jamais se permettre d'avouer ces sentiments qui étreignent son cœur lorsqu'il songe à cet homme qui partage son quotidien. Cette certitude suffit à réduire à néant tout les regrets qui pourrait se faire présents en cet instant. Tobias sent toutefois glisser sur une de ses joues une impromptue larme qui lui a échappé. De la tristesse, à moins que ce ne soit là que du soulagement à l'idée de savoir que le parrain de sa fille n'a jamais cessé de penser à eux. Sa gorge se serre, il songe à Alessandro et Andy, à ce bébé qu'ils attendaient. Tobias se remémore l'appel paniqué de son ami à cette époque. Puis sa propre joie à l'idée de protéger cet enfant.

Les mots qui suivent sont douloureux à prononcer car ils mettent un point final à ce qui aurait pu être une belle histoire.

-Si je l'avais suivi, je n'aurais jamais connu Patrick. Il manquerait à Alice un papa. J'ai perdu mon meilleur ami mais gagné l'homme qui me donne chaque jour une belle raison de survivre.

Prononcer ces quelques mots à voix haute ne rend pas la situation plus aisée à vivre. Cette vérité qui était celle de Tobias durant dix ans vient de voler en éclat. Une main presse son épaule, puis Chad s'en va après avoir su se montrer présent une fois de plus dans un moment compliqué de la vie de l'ancien professeur. Leur amitié et les codes qui régissent celle-ci n'ont pas prit une ride en dix ans. Un point fixe et rassurant pour celui qui affectionne toujours le calme d'une routine bien huilée.

Tobias reste en retrait quelques minutes encore, avant de finalement se décider à aller rejoindre les siens. Il se lève, puis se dirige vers son homme pour se ranger dans le dos de ce dernier. Il savoure la chaleur de ce corps qu'il presse contre le sien, ôte la casquette de son époux pour déposer un baiser sur le crâne chauve de celui qui a préféré tout couper lorsque ses cheveux ont commencé à fuir son crâne. Pat grogne pour la forme, le cœur de l'alpha se réchauffe. Le regard encore un peu rougit par cette avalanche d'émotions, Tobias tremble un peu quand son amant lui demande s'il va bien. Il se tait pour ne pas mentir.

[...]

Ils ne se sont pas attardés plus longtemps aux noces, Tobias et son époux se sont contentés de remercier Mafdet et son mari, de les féliciter pour leur union avant de retrouver le confort de ce qui est encore pour quelques semaines leur maison. Alice dort après avoir pleuré, harassée par toutes ces émotions fortes que cette journée lui a permit de vivre.

Patrick et Tobias sont allongés, leurs corps nus et moites de sueur encore entrelacés. Pat n'est pas loin de l'endormissement quand son mari annonce les dernières nouvelles.

-Le parrain d'Alice n'est pas mort. C'était quelqu'un de bien, un mafieux avec un cœur en or. Je pense pouvoir l'appeler mon ami alors que ce matin je ne l'aurais gratifié que de noms d'oiseaux.

La mention de crime organisé fait réagir Pat qui ne cherche pas à dissimuler son étonnement. Cela arrache un ricanement rauque à Tobias.

-C'était tout le contraire de Chad. À part son joli cul je ne sais pas ce que tu aurais pu lui trouver comme qualités.

Noces à Zombieland

Feat. Le Tout Beacon Hills

Dès l’instant ou Brian avait fait part des noces à venir à Alex, ce dernier s’était affolé et n’avait pas retenu les raisons que lui partageait son cerveau pour s’abstenir de sa présence.

- Ils ne m’ont certainement pas invités, moi.
- Ce n’était qu’une politesse, ils ne peuvent vraiment vouloir me voir.
- Je ne connaîtrai personne.
- Qu’est-ce que j’aurai bien à raconter de bon?

Avec patience, Brian raisonnait le druide déraisonnable, qui ne faisait que trouver argument après argument, parfois quelques heures, voir une journée plus tard. Il spiralait, comme il appelait jadis cette perfide habitude qu’il avait crue perdue. Alex ne jugeait pas qu’il s’agissait d’excuses ou de défaites, car ces angoisses étaient réelles, mais il savait bien que ça passerait facilement comme tel.

Il fallut que le policier rappelle deux ou trois fois à Alex qu’il était l’un des témoins, sans succès, avant de s’expliquer davantage. L’effet fut immédiat. Au milieu d’une logorrhée, le druide fut comme atteint de mutisme et ses yeux s’humectèrent. Il s’accrocha au cou de Brian, pour s’y blottir un instant.

- Je suis désolé, j’aurais dû comprendre. Je suis stupide.

Non, il ne l’était pas pour ne pas avoir pris en compte que Brian voulait avoir Alex avec lui lors de cette journée. Il s’était simplement laissé emporter dans une panique égocentrique. Le réconfort ne dura guère peu, les gamins s’immisçant dans la conversation.

- Est-ce que ça veut dire qu’on pourra aussi y aller, M’sieur Alex ?

La question de Dean n’était pas innocente : Alex avait effectivement prétexter devoir garder les garçons et donc ne pas pouvoir assister à la noce. Ils n’étaient toutefois pas supposés avoir entendu. Alex fronça les sourcils en direction de l’écornifleur, se libérant de l’étreinte de Brian. Il ne semblait pas avoir entendu le garde répondre à Alex que les enfants seraient les bienvenus, démontant une énième tentative du druide de se dérober au bain de foule.
- Nos amis seront là. Ian et Sue, et les autres.
- Peut-être qu’Alice sera là aussi, répondit Max d’une voix un brin trop innocente.

Dean tança son frère jumeau, alors que Brian les rassurait qu’ils seraient tous les quatre des festivités. Le laborantin se contenta d’approuver d’un signe de tête, et passa sa main dans la tignasse châtaine de Dean.

- Veux-tu m’aider dehors pendant que Brian et Max terminent à la cuisine?
Outre les formations métaphysiques et d’herboristerie qu’Alex partageait avec Max, ils tentaient de séparer de façon équitable les tâches qui incombaient aux deux enfants, ainsi que leur présence auprès des deux nouveaux pères de façon. Encore que, Alex n’empêcherait pas Dean d’assister aux leçons de druidisme, si ça l’intéressait.

***

Malgré tous les efforts de Brian pour apaiser Alex, de sa simple présence rassurante à la tisane qu’il avait pris sur la route, le genou du druide semblait déterminé à danser par lui-même une chorégraphie au rythme effréné, mais dépourvu de réels mouvements. Alors qu’il se concentrait à tenter de se remémorer les noms des visages qu’il avait déjà croisés, et à enregistrer les noms de nouvelles connaissances, Alex avait un certain répit : il ne pouvait pas penser au futur, et à ce qu’il dirait, ou ne dirait pas à ceux qu’il avait pour l’instant évités comme des pestiférés, mais purement par honte. Du coin de l’oeil, il surveillait les enfants qui étaient sous leur responsabilité, et savait que Brian en faisait tout autant. Avec plus de naturel et de subtilité, certes, mais tous n’étaient pas formés dans les arts policiers!

- C’était Dave ou Quentin ? s’enquit le biochimiste en un murmure, quand le garde s’éloigna d’eux.

La réponse de Brian ne fut pas entendue, car Alex venait de voir Richard qui les rejoignait. Il regardait les deux gardes s’étrenner, hyper-conscient de son propre malaise face à la situation. Alex frotta ses mains devenus moites contre le pantalon prêté par un collègue de Brian. La chemise de ce même ami semblait tout à coup trop petite, ou trop rêche, et Alex commençait à craindre de la tacher sous les aisselles. Par automatisme, il rendit son accolade à son compatriote canadien, la gorge sèche et le teint livide. Un sourire forcé apparut sur son visage, alors qu’il ne savait pas comment gérer la situation. Pourquoi peinait-il autant, à s’imaginer milles scénarios impliquant tous une rancoeur de la part de Richard ?

- Du tout, répondit-il faiblement au policier, qui saluait à leurs tours les enfants, avec une familiarité qu’Alex enviait peut-être, mais qui lui rappelait surtout l’étendue de son absence.

La main du druide glissa dans celle de son compagnon, pour lui rappeler qu’il était là, et qu’il ne comptait plus repartir. Une intention qui ne fut probablement pas comprise, car le mentaliste n’était pas télépathe.

Tous se tournèrent pour voir apparaître l’aînée de la ville, belle comme une caryatide. Ou l’équivalent égyptien, probablement. Le druide n’était pas suffisamment versé dans toutes ces choses pour connaître Hathor, ou savoir qu’en son temps, Bastet était plus qu’une déesse des félins. Il y eut un tonnerre d’applaudissements, et les jumeaux en profitèrent pour retourner s’épivarder avec leurs amis.

La druidesse s’approcha du couple à peine reformé alors que Richard était entraîné ailleurs par la foule. Alex déglutit ostensiblement, malgré lui, craignant le même blocage qu’avec Richard. Il fut rapidement siphonné, de même que Brian, dans une étreinte qui sembla briser quelque chose en lui. Il accepta la marque d’affection et déposa sa main dans le dos de la mariée, juste au-dessous de celle de Brian. Peut-être que c’était le souvenir de toutes ces facéties de la femme-panthère, ou encore le naturel avec lequel elle s’était adressé à lui, comme s’ils s’étaient vus l’avant-veille, qui avait fait fondre ses angoisses comme neige au soleil. Toujours était-il qu’il retint un peu plus que nécessaire l’étreinte, et laissa glisser sa main pour attraper doucement le coude de son ancienne mentor, pour la féliciter.

- Tu es resplendissante. Je suis heureux pour vous. Félicitations.

Alex hoqueta à la fausse menace de la féline.

- Vas pas nous donner des idées !

Déjà, elle disparaissait, et Alex se tourna vers Brian pour vérifier si, oui ou non, il envisageait cette possibilité. Traditionnellement, il n’y avait qu’aux jeunes femmes qu’on offrait d’attraper le bouquet, mais pourquoi s’y limiter ? Alex salua trois collègues de l’hôpital qui s’avançaient vers lui. Des visages connus!

***

La cérémonie avait été émouvante, et Alex n’avait pas eu à feindre l’étonnement lorsqu’il entendu le nom complet de sa comparse égyptienne. Dean à sa droite et Max à sa gauche, le druide avait davantage observé le témoin qu’il accompagnait que les mariés. Personne n’aurait à le savoir, mais quiconque l’aurait observé suffisamment aurait pu non seulement suivre la direction à laquelle son regard s’attardait fréquemment, mais également le sourire presque mièvre qu’il arborait en rêvassant à moitié.

***

Chez la fille de Richard, Alex s’effaça encore plus qu’à son habitude. Il mangeait peu, et restait en retrait, soit dans l’ombre de Brian, à sourire poliment et répondre en monosyllables, soit en compagnie de Derek, dans le silence relatif qui leur était confortable. Quand il trouva qu’on s’intéressait trop à sa personne, le druide décida d’aller jouer avec les enfants, qui lui présentèrent leurs amis. Amis qu’il avait déjà rencontrés à l’école. Alice, la petite nouvelle, sembla avoir la même idée, et Alex se rappela qu’elle avait également deux pères. Peut-être que le druide pourrait compter sur eux pour lui donner des conseils ou des astuces, lorsque Derek ne serait pas en mesure de le faire. Richard possédait également une excellente expérience de la paternité, mais Alex ne saurait comment instiguer la conversation.

Les espoirs du laborantin furent anéantis assez rapidement. Il crut reconnaître chez ce Patrick un infirmier qu’il avait croisé, mais n’osa pas vérifier, tant il était surpris de la froide courtoisie avec laquelle le loup-garou dont le crâne rasé ne parvenait pas à masquer la calvitie lui répondait. Alex crut aussitôt qu’il avait commis une bévue qu’il aurait oubliée depuis, mais n’osait pas s’excuser, ne sachant de quoi il pouvait être question. Maladroitement, Alex tenta de se montrer poli, et Patrick se montra dès lors plus doucereux, ce qui n’arrangeait pas la panique du druide.

Ian interrompit le conflit naissant lorsqu’il leur indiqua que les enfants allaient commencer un nouveau jeu, et les deux pères se séparèrent, laissant un Alex perplexe rejoindre son meilleur ami – en dehors de Brian. Il ne dit rien sur cette étrange rencontre, mais se promit de lui en parler la prochaine fois qu’il se retrouverait seul avec Derek. Il discutèrent un peu, maintenant que l’alpha était libéré de ses devoirs de chefs, et comme la soirée avançait, Alex se mit à cogner des clous. Il s’en excusa pour la forme et partit à la recherche de ses protégés, tout en poursuivant la discussion entre taiseux. Les jumeaux cantaient également, mais Dean combattait davantage la fatigue, à son habitude. Le nouveau père leur trouva un endroit tranquille pour s’étendre et resta un moment avec eux, pour les border.

***

Brian tira Alex de son sommeil, affirmant l’avoir cherché partout. Il était l’heure de rentrer. Le châtain n’avait pas la moindre idée de l’heure qu’il pouvait être, mais opina. Deux petits bras s’étaient fermés autour de son cou, alors que ses propres mains s’étaient repliées sur les deux pupilles. Alex murmura à Brian de s’occuper de Dean. Une fois soulagé de ce poids, le druide entreprit de se lever sans réveiller le jeune humain qui était assoupi contre lui. Il laissa une main sous les cuisses de Max, alors que Brian lui offrait la sienne comme appui.

- Merci pour votre hospitalité, et félicitations encore aux mariés, indiqua le biochimiste à Éric, leur hôte, alors qu’ils partaient. Max grouillait sur leur monture, en face d’Alex. Il s’était réveillé et peinait à se rendormir.

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Noces à Zombieland [FT Maf ^-^] Alexby10

Merci Matrim & Chuck!

Noces à Zombieland

Mafdet
ft.
Dick

Jamais je n’aurais imaginé que mon mariage fût si épuisant. Dick et moi sommes sollicités de toute part et séparément. Je ne fais que biser des joues, parler, boire mon verre (qui ne désemplit jamais) et manger ce que chaque femme présente se sent dans l’obligation de m’apporter. Dick subit le même traitement. À sa consommation, je doute que la nuit de noces soit un festival. De toute façon, nous n’avons pas attendu après ce moment pour les amusements nocturnes. Je remarque Chad et Rapier s’isoler un moment. Ils semblent rattraper le passé, ou du moins l’évoquer. Le beau Patrick donne le change auprès du gouverneur, un œil sur son mari. Aux aguets, au cas où. Un tic hérité du dehors. Cette fête fait ressortir les anciens comportements des gens.

Je sens quelqu’un tirer sur ma robe, Suzannah est en larmes. Je cherche Jo et Eric du regard, l’une est au stand de la nourriture, l’autre aux boissons, débordés. Grâce à eux, la noce est réussie aux dépens de leur rôle de parents. Je pose mon verre et attrape la petite qui noue immédiatement ses bras autour de mon cou, son nez plein de morve sur mon épaule. Je retiens un geste de répulsion, la petite n’y est pour rien. Toute cette agitation après le drame récent est trop pour elle. Puis ce n’est pas comme si j’allais remettre cette robe de sitôt.

- Mamie…
- Mafdet ! Je suis trop jeune pour me faire appeler ainsi. Ou Maf, si tu préfères.

La petite ne répond rien, bloquée par les hoquets de son chagrin. Je la berce un moment et mets en route le moteur à ronron.

- Tu es fatiguée, Chaton.

Sue aime bien que je l’appelle ainsi. Mais il me semblait que c’était à peu près la seule chose qu’elle apprécie chez moi, plus attirée par son nouveau grand-père devenu complètement gaga suite à cette adoption soudaine de Jo et Eric. Seulement, papy tangue et rit trop fort. Ses collègues l’ont poussé à boire. Je me doutais que Dick se ferait entraîner contre sa volonté et j’ai préparé à l'avance un breuvage qu’il a déjà expérimenté : dégueulasse, mais efficace sur les gueules de bois. On n’a rien sans rien…

Je m’assois à côté d’un Cormier endormi, chacun un enfant dans les bras, deux pour sa part. Je souris et trouve la situation cocasse. Il y a dix ans, je jurerai que ni lui ni moi n’aurions parié sur une telle scène. Suzannah se calme le pouce dans la bouche.

La noce s’essouffle, les buveurs partent cuver, souvent dans un coin pas trop loin à l’ombre. Les femmes partagent et emballent la nourriture restante. Ne rien gâcher, grappiller ce qu’on peut. Les braises du barbecue sont éteintes avec soin. La Californie craint le feu plus que les morts qui marchent.

Accompagné de son mari, Rapier se fend d’un salut rigide à mon égard avec l’excuse de ne pas réveiller Suzannah. Je lui réponds d’un clin d’œil. J’aurai bien le temps de le revoir. Le beau Patrick me présente à nouveau ses vœux de bonheur. Un homme poli qui est néanmoins resté en contrôle toute la noce, pour ce que j’en ai constaté. Gagner sa confiance ne semble pas aisé. Ou est-ce le constat que des gens en savent plus sur son mari que lui ?

Brian approche. Lui aussi s’était fait alpaguer par ses collègues avec… mon mari. Il tangue moins que Dick. L’expérience du marin ou un comportement plus raisonnable. Jo m’aperçoit, soulagée de constater que Suzannah n’était pas perdue. Je me lève et laisse Brian réveiller sa tendre moitié. Alex en bégayerait s’il comprenait qu’il avait dormi sans me savoir juste à côté.

- Je suis désolée, Maf, on s’est fait déborder. Tu l’as trouvée où ?
- Elle est venue d’elle-même. Je me doute qu’elle n’a pas osée de se faufiler entre les potes de Dick pour venir chercher de l’aide auprès de moi.
- Elle t’apprécie autant que mon père !
- Merci, Jo.

Je rends sa fille à ma belle-fille et vais extirper Dick des derniers qui lui tiennent la jambe. Il me suffit d’avancer comme si j’étais en train d’ouvrir la mer Rouge pour que les derniers comiques se dispersent comme une volée de moineaux. J’attrape mon homme par le devant de la chemise, m’approche pour un baiser, puis opte finalement pour sa joue : haleine trop chargée.

- Je conduis ! dis-je en le traînant par la main jusqu’à la carriole sous les rires des gens qui lui souhaitent bonne chance.

Je ne sais qui s’est amusé à accrocher des boîtes de conserve à l’essieu arrière. Je me doute que c’est Eric qui est à l’origine de cette initiative séculaire. Le fils du gouverneur a veillé sur toute cette journée, la rendant la plus normale que possible. Rappeler le passé à ceux qui ont plus de dix ans, et apprendre les coutumes aux plus jeunes. Nous quittons la place dans un boucan d’enfer. Le regard, certes éméché, mais amoureux de mon mari vaut tous les trésors d’Égypte.

- Quand on arrive à la maison, je te ferai boire quelque chose.

Je crois entendre un marmonnement signifiant qu’il n’a plus soif. Je me contente de solliciter le cheval et de sourire.

Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

Richard n'a pas de mal à oublier tout de cette discussion qu'il a dû entretenir avec celui qu'il n'apprécie toujours pas et ce même après dix ans sans avoir eu à le revoir. Rapier n'est pas un de ses amis et Dick est bien décidé à ce que cette donnée demeure inchangée. Les premières impressions qu'il a eues de ce type restent gravées dans le marbre de sa mémoire et même si aujourd'hui il épouse sa belle qui depuis plus de dix ans est sa compagne, il ne peut s'empêcher de songer à cette soirée dans un restaurant libanais qu'il avait interrompu. La jalousie ne s'éteint jamais, en tout cas pas entièrement. Alors même s'il sait que ce croque-mort ambulant est marié et visiblement heureux en ménage, Dick ne peut s'empêcher d'attendre avec impatience le moment où il sera certain de ne plus revoir ce sinistre pitre dans le paysage bien ordonné de sa vie.

Les amis de l'ancien policier qu'ils soient ou non des collègues n'ont de cesse de remplir son verre, si vite qu'il ne se rend que rarement compte que ce dernier est vide. Richard boit rarement mais lorsqu'il se prend à ce mauvais jeu il a une nette tendance à oublier la fée modération. Sans s'inquiéter des conséquences de ses écarts, l'homme profite de l'instant, en vient même à oublier une partie des autres invités qui sont venus assister à ces noces que même le canadien n'osait plus espérer. Après un premier mariage désastreux l'homme n'était plus de ceux qui croient aux bienfaits de cette bénédiction. Mais seuls les imbéciles ne changent pas d'avis et sur ce point Richard se révèle plus futé qu'on ne pourrait le penser. Il aime cette femme qui est venue mettre un joyeux bordel dans son existence et dans son cœur dix ans plus tôt. Quand Mafdet est près de lui, il juge ce que les autres ont l'audace de nommer défauts comme étant certaines des plus belles qualités de son épouse. Elle est celle qui lui donne le sourire et ce même lorsque la vie les assomme à grand renfort de catastrophes. Chaque jour elle sait le surprendre et ne cesse de l'émerveiller. Dick n'a qu'une vie et il compte bien en passer chaque instant auprès de cette femme.

Richard sourit béatement, puis rit à une blague qui n'était peut être pas si drôle mais qui en cet instant lui paraît être une des choses les plus hilarantes qu'il ait pu entendre dans sa vie. L'alcool change un homme, le rendant bien souvent plus sot qu'il ne l'est déjà. Certaines mauvaises langues affirmeraient que dans le cas de Richard ce n'était pourtant pas une mince affaire.

Les convives s'en vont après avoir une dernière fois été saluer les mariés. Dick tente d'enchaîner quelques mots censés pour remercier ceux qui sont venus partager leur bonheur avec eux. Sachant que la plupart des gens présents ont prit au moins une fois le temps de lui remplir un verre, il se doute bien que personne ne lui tiendra rigueur de son état d'ébriété avancé. Brian près de son meilleur ami n'est pas dans un état plus enviable, mais ce dernier semble parvenir à mettre un pied devant l'autre sans trop dévier de sa trajectoire initiale. Avant que son ami n'aille retrouver Alex et les enfants, Richard se serre contre ce dernier, puis dépose sa bouche sur une des pommettes du mentaliste. Le baiser est un peu trop sonore, peut-être même baveux mais le rire gras de Brian montre à Richard que cela ne suffit pas à le déranger.

-Merci mon ami... D'être venu pis d'être là depuis dix ans. On était jeunes et insouciants puis on est devenus..
-Vieux et mabouls !
-Ta gueule Gérald sinon t'auras pas ton bisou !

Dick sourit largement tout en pointant son collègue du doigt. Il se reprend, déclarant l'amour qu'il éprouve pour son ami.

-Je vous aime beaucoup. Toi, Alex. Vos gamins aussi. Je viendrais vous voir quand je serais moins saoul.

Brian s'en va, Tama fuit en comprenant qu'il est le prochain sur la liste de ceux qui vont recevoir un bisou de la part du canadien. Ce n'est que partie remise. Soudainement le groupe d'amis du garde se retrouve comme fendu en deux. Richard ne met que peu de temps à saisir l'identité de celle qui est en train d'approcher. Il sourit à son épouse comme le benêt qu'il est, laissant cette dernière le tirer à elle tout en tendant la bouche pour obtenir un doux baiser... Qui se transforme finalement en bisou. Un sourcil haussé sur le front, le garde se contente de rire quand sa belle le guide vers la carriole. Ses amis lui disent au revoir et semble t-il bonne chance, Dick n'est pas certain de vraiment comprendre pourquoi. Son verre échoue sur le sol, il fait de grands gestes de la main qu'il a encore de libre pour dire au revoir à tout ce petit monde. Plus tard, quand il aura retrouvé tout ses esprits et sa capacité à se mouvoir sans craindre de trébucher, il reviendra ici pour remercier sa fille et celui qu'il considère d'une certaine manière comme son gamin.

Le canadien se laisse tomber dans la carriole, une de ses mains part en balade dans le dos de son épouse pour tenter de mieux s'immiscer sous le tissu.

-Quand on arrive à la maison, je te ferai boire quelque chose.
-Roooh non chérie... J'ai plus soif et ce truc est immonde. Ça me file la gerbe à chaque fois...

Et c'est paraît-il là que tout l'intérêt de la chose réside. Il en garde un frais et douloureux souvenir même si cette soirée remonte à une époque qui leur paraît bien lointaine la plupart du temps. Cette mauvaise blague lui avait valu de se retrouver coincé la tête au dessus des cabinets, forcé d'évacuer ce qu'il avait prit tant de plaisir à ingérer. Richard râle pour la forme.

C'est décidé. Le jour où Brian et Alex se marieront, il tournera à la flotte.

Codage de Liiloux

Noces à Zombieland [FT Maf ^-^]

Noces à ZombielandFT Mafdet Mahes

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Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

Noces à Zombieland
FT Mafdet Mahes

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