[EVENT] Pirates of the Caribbean day

[EVENT] Pirates of the Caribbean day

Pirates of the Caribbeans ω Event St-Valentin

« Et préfères-tu Davy ou Kada? » balancé-je un clin d’oeil en direction de la jeune femme, en faisant mine de ne pas voir les tentacules qui lui arborent le visage. Je me dégage de Brian pour lui attraper la main. Nous n’avons pas besoin d’avoir l’air de jumeaux siamois pour être heureux, et je crains que cela ne mette mon timide ami d’autant plus mal à l’aise, en lui rappelant son célibat dont il juge ses légers balbutiements être la cause. Je préfère ne pas renfoncer le clou en me pavanant auprès de mon mec.

Nous n’avons pas fait deux pas en direction du buffet que nous voilà aspergés. Je grince des dents alors que l’odeur fétide du cuir mouillé me monte aux narines. C’est pis encore que les bêtes à poils de Brian au sortir du bain ! Je retire le manteau de laine aux boutons décoratif et m’apprête à faire de même avec la veste lorsqu’une jambe de bois glisse sur le pont. Heureusement, Raphaël rattrape la rouquine. Brian en profite pour me blottir contre lui, et je me détend. Même détrempé, son odeur est douce. Je fiche mon nez sur son aisselle pour confirmer un soupçon, et souris en reconnaissant la fragrance que je lui ai achetée. Ma main glisse sur le tissu qui ne cache plus rien de la musculature de mon chéri, et d’un mouvement de sourcil, je lui fais comprendre que le dessert pourrait se prendre en tête à tête dans notre cabine. C’est un autre jeu de regard qui attire mon attention lorsque Raphaël me fait du morse pour que je lui vienne en aide. Je me dégage de nouveau de Brian, non sans un bisou et un soupir, comme si je ne le reverrais que dans des années, et tend nos serviettes au timide bouclé.

Je retourne auprès des membres d’équipage qui nous ont offert des serviettes, pour en demander des nouvelles. J’en profite également pour demander à pouvoir porter mes fringues, qui, elles, sont sèches, ou à défaut un costume de rechange : que nenni. J’ai beau insisté, la réponse ne change pas : les vêtements civils viendraient ternir l’ambiance, et ils n’ont pas prévu de costumes en extra. Assieds-toi dans ton jus et marines-y, très cher! Ce sera beau les démangeaisons et les rougeurs si on ne peut pas au moins se sécher correctement, surtout les plis de peau. Je ne dépense pas une fortune en crèmes pour qu’un équipage de croisière irresponsable vienne ruiner mon épithélium parfait de la sorte! J’étais sur le point de m’échauffer sérieusement lorsque Brian nous ramena à notre objectif du moment : se remplir la panse. Mes lourdes hardes à un bras, mon matelot à l’autre, je le suis donc, accompagné de nos jeunes tourtereaux. Ils ont beau dire, ils embaument l’amour.

Kada se fait accoster par un loup. Je fronce les sourcils en direction de l’énergumène qui tente de voler son âme sœur à mon ami, mais n’ai ni le temps de l’envoyer paître, ni de lui offrir d’être la cinquième roue au carrosse que Raph attire mon attention. Je tourne la tête en sa direction, muscles bandés et prêt à demander à ce Jack Sparrow de décamper, mais je remarque que la grimace de mon ami n’est pas celle que j’avais présumé. Un mouchoir! Et vite!

Trop tard, Raph a éternué sur un espèce de corbeau à l’air revêche. Ils semblent se connaître et à en juger par les bégaiements de mon ami, l’homme l’intimide plus que la moyenne. Ou alors ils ne s’entendent déjà guère. Une fois de plus, je décide de voler au secours de mon partenaire d’entraînement, pendant que Brian marchande et discourt avec le capitaine crochet. Me suis-je trompé de série, là ? Je souris à l’homme patibulaire, ainsi qu’à la femme pour laquelle il semble avoir le rôle d’ombrelle humaine au vue de sa taille ainsi que de celle de son excroissance nasale. Il doit bien faire ombrage à la moitié de la table…

« Monsieur… Rapier, c’est bien cela ? Pardonnez Raphaël. Nous avons été aspergés par une trombe d’eau et le personnel n’a même pas eu le bon sens de nous offrir des vêtements secs pour nous changer. Avec la brise, ça commence à être frisquet et… »

Je m’arrête, net, parcouru d’un frisson et de ce chatouillement familier dans le nez. Ce n’est pas vrai. Alors que ma tête se penche vers l’arrière malgré moi pour inspirer, j’ai le réflexe de me tourner pour éternuer dans mon coude, mais celui-ci se trouve bloqué dans le dos de Brian, qui se retrouve alors aspergé de postillons et d’un bout de morve que je voie glisser dans son décolleté.

« Je suis désolé, mon Poulpe Walker. »

Je contourne le groupuscule que nous formons et qui serait désormais qualifiable d’attroupement, et saisit quelques serviettes à main sur une table à proximité. J’en rajoute environ la moitié sur celle que tient Raphaël, et tend le reste à Brian. Je ne suis pas, non plus, pour lui faire une toilette en plein milieu du buffet!

Pendant que Brian se débarrasse de mes microbes indésirables, je remarque que le corniaud qui tente de séduire une femme qui doit avoir la moitié de son âge (oui, j’exagère, mais elle reste bien plus jeune) est toujours là. Je sens quelque chose de dur et cylindrique contre ma cuisse, qui me donne une idée. Quelques secondes plus tard, ce que je croyais être un pétard inoffensif explosent aux pieds de l’importun et nous empeste.

« Oups! » aie-je à peine le temps de dire, innocemment, avant d’être pris d’une quinte de toux. Mes yeux piquent et je n’y voie plus très bien. Une main que je présume être celle de Brian me saisit. Et cette odeur de roussi qui s’ajoute au cuir détrempé achève de me couper l’appétit. J’ai besoin de me nettoyer et de relaxer. S’il y a un spa, il y a peut-être également un sauna, à bord? Des douches, très certainement! Je laisse échapper un râle rauque. J’avais demandé une journée parfaite pour Brian, et voilà qu’on semble dans un mauvais remake de Scooby-Doo, l’intrigue et les monstres en moins.

Pirates of the

Caribbean day

-J'avoue préférer Kada'an.

Quand le pigeon a déféqué sur Raphaël, j'étais loin de me dire qu'il allait faire la même chose sur mes précieux tentacules. Passé de peu et je me la prends dans le visage. Il ne manquait plus que ça. Le pigeon voulait t'il nous faire passer un message ? Nous étions de la merde mon cavalier Fraîchement trouvé et moi-même c'est ça ?

Quand la vague nous a rincé aussi sauvagement, je n'ai eu que cette envie de fuir. Loin d'ici. Pourtant, alors que tout porte à croire que je vais me casser le nez sur le sol, j'atterris sur quelque chose de plus confortable. Des battements de cœur se font entendre. Je reconnais le rythme. Je renifle. Je reconnais l'odeur. Ra.. Raphaël. Je ne suis pas sûre d'avoir envie de bouger de là. Je prends une bouffée d'air, au passage, une bonne dose d'odeur de l'humain qui me serre contre lui.

Quand on se sépare, Raph propose quelque chose de sensé. En effet, ça serait bien. Pourtant, l'idée simple de regarder le torse sous un t-shirt mouillé du garçon ne me déplaît pas. Au contraire. On nous apporte une serviette. Si j'abandonne l'idée de sécher mes tentacules une par une, je sèche quand même mon visage et mes cheveux. L'avantage du costume du pirate poisson, c'est que ma poitrine est cachée par cette ribambelle d'appendices de poulpe. Je n'ai donc pas trop d'inquiétude à avoir sur ça.

Le visage de Raphaël semble dénoter une certaine gêne. Je n'ai pas le temps de dire attention qu'il se tourne pour lâcher une attaque de mucosité. Quand je regarde la personne toucher, je ravale un cri de surprise.

-Sur tous les gens présents sur le bâteau, c'est lui que tu choisis pour partager ce genre de chose ?

Ce n'est pas vraiment la personne à choisir pour vider son nez. J'offre un grand sourire au couple.

-Bonjour monsieur Rapier ! Bonjour Madame ! Vous êtes belle dans ce costume !

Lorsque on prend la défense de Raphaël, je donne raison Jay. La vague était froide en plus ! Soudain la même gêne semble prendre le défenseur de mon cavalier.

-Jay ? Vous allez bien ?

Mais sa réponse se solde par une nouvelle slave. Cette fois, c'est son compagnon qui est touché. Vais-je également subir cette maladie subite ? Je suis épargné semble t'il.

D'un accord commun, on va manger. En espérant que les catastrophes soient terminées. Mais il semblerait que non. Alors qu'on avance, un homme gesticulant dans tous les sens me bouscule. Je me raccroche tant bien que mal à ce qui est à porté pour ne pas risquer de vraiment embrasser le sol. C'est quoi ce destin pourri qui me colle à la peau ?

Du coup, ma corde salvatrice porte le doux prénom de Raphaël. Agripper telle une moule à son rocher, je darde un regard inquisiteur à Sparrow. Mais il s'excuse. Je choisis de rester calme et offre un sourire au brun turbulent.

-Je suis déjà prise et suis accompagné de garde du corps.

Je ne pensais pas que Jay allait montrer la véracité de mes propos. L'explosif surgit de sa ceinture. J'ai tout juste le temps de me boucher les oreilles sensibles. Est ce que j'ai inconsciemment caché mon visage contre le torse de Raphaël ? Oui. Tout à fait.

Lorsque ça se termine, je me dégage lentement de là. J'ai les joues rouges quand je regarde mon cavalier.

-Euh.. Pardon… J'ai faim… C'est quoi cette maudite fête ?

Jonah avait évoqué la timidité du jeune avec qui il s’entraînait parfois au parc, mais je ne pensais pas que cela pouvait être aussi handicapant. Raphael n’arrive pas à aligner une phrase sans bégayer ni rougir. Toutefois, il voit la vie du bon côté : la merde de piaf n’est plus qu’un mauvais souvenir. Avec la jeune rouquine, il s’essuie avec les serviettes que le personnel de bord nous a apportées. Ils ne pouvaient pas en donner une à chacun ?

Nos tribulations ne s’arrêtent pas là, Ryan s’approche de nous un peu trop vite, bouscule la dénommée Kada’an qui bascule à cause du pont trempé et de sa jambe de bois. Raphael marque un point en la retenant prestement. J’en profite pour attirer Jonah contre moi. Je doute qu’il glisse, mais je reste circonspect quant à cette vague soudaine. Un tel phénomène sans les vents nécessaires pour le produire ne peut venir que des profondeurs. Nous avons laissé nos téléphones aux vestiaires. Je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il y a eu un tremblement de terre dont l’épicentre n’était pas loin de notre position. Avec inquiétude, j’attends les répliques, espérant que nous avons passé le pic d’intensité. Je ne dis rien pour ne pas inquiéter ceux autour de moi. Une vague capricieuse est un moindre mal. Et en cas de réel danger, les sonars du bateau auront scanné l’onde de choc et je compte sur le capitaine pour dévier de son itinéraire le cas échéant.

Jonah s’écarte pour retirer sa veste alourdie par l’eau tandis que dans le même temps, Ryan fait son numéro de Romeo à Kada’an et que Raphael tourne la tête pour éternuer. Je reste un peu médusé devant l’enchaînement qui se produit ensuite. La main baladeuse de mon compagnon me tire de ma stupeur. Je comprends le message subliminal qu’il tente de me faire passer. Je réponds d’un clin d’œil. Tandis que Jonah se fait médiateur entre éternueur et éternué, je hèle Ryan qui vient de se manger un râteau.

- Hey ! Ryan ! Sacrée dégaine que tu as là ! Ça te va comme un gant, mec ! Comme si tu avais été un pirate dans une autre vie. Alors, tu tentes ta chance ?

Je n’ai pas le temps de poursuivre sur des questions plus terre à terre que je me fais arroser par des postillons. Mon amoureux se serait-il enrhumé ?

- Je suis désolé, mon Poulpe Walker.
- Toi !

Je prends la serviette qu’il me tend pour me nettoyer de ses miasmes. Je vois arriver la connerie suivante, mais trop tard ! Je tousse de concert dans la fumée âcre libérée par le feu d’artifice que possédait mon compagnon. Je me saisis de sa main et crée un léger vent pour évacuer la fumée. À son regard larmoyant, je le devine irrité de l’enchaînement des mésaventures. Je sais qu’il a voulu cette journée parfaite. J’ai une idée pour lui redonner le sourire, mais pour cela nous devons être seuls. Je me retourne vers le groupe et salue le seul que je connais. Il y a bien Mafdet, mais elle est occupée à gérer son compagnon.

- Ryan ! On se revoit plus tard, on a toute la journée ! J’emmène Jonah se sécher.

Je fais un clin d’œil équivoque à mon collègue et entraîne mon amoureux à l’intérieur. Je ne me gêne pas devant les buffets, chope au passage tout un plateau de canapés divers et variés, y ajoute mini sandwichs et des petits gâteaux puis file le long des coursives, tirant toujours mon amoureux par la main. Je repère où sont les spas sur un plan et fonce dans cette direction.

- Ce sont des box privatifs, j’espère qu’il y en aura un de libre !

Nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée, et au détour d’un couloir un membre du personnel m’informe que je n’ai pas le droit d’amener de la nourriture ici. Je fais mine de repartir avec Jonah, puis reviens sur nos pas quand l’empêcheur de tourner en rond est parti.

(…)

Nous avons étendu nos vêtements aux patères disponibles pour qu'ils sèchent au mieux, installé le plateau de nourriture au bord du spa avec la bouteille que Jonah a raflée au passage et nous nous sommes immergés dans l’eau chaude avec un plaisir non feint. La porte est verrouillée, affichant un loquet rouge pour dire que le box n’est pas libre.

- On a toute la journée pour profiter du dehors !

J’embrasse Jonah avec fougue puis me love dans ses bras. L’instant est juste parfait. Plus de vague, plus de merde d’oiseau, plus de fusées intempestives et il a de la place pour éternuer sans me viser.

- On n’est pas bien là ?

Pirates of the

Caribbean day

Qu'est que.. J'ouvre de grands yeux lorsque d'un rapide mouvement le chapeau de Sparrow devient l'assiette de sauce épicée. Je n'ai pas le temps de réagir que mon compagnon de voyage se retrouve habillé de cet objet emplit de nourriture. Je m'étais attendue à tout. Sauf à ça. De la bouffe dégouline sur le visage de Raphaël et je réprime un rire moqueur. Mon regard se porte sur le dos du professeur lorsque il repart au bras de sa belle brune.

-Tout va bien… ?

Le garçon fait une plaisanterie sur le fait que je n'ai qu'à me servir si j'ai faim. Je grimace. Dans un contexte plus intime, l'idée ne m'aurait pas déplu. Mais là, je me contente simplement de sourire.

-Je t'accompagne oui. Je ne suis pas sûre de vouloir rester toute seule. Il se passe des trucs dangereux sur ce bateau. Des pigeons chieurs, des vagues agressives, des explosifs dissidents et.. Des attaques de plats sauvages.

Cette fois, je n'arrive pas à retenir un ricanement. On se retrouve donc seul. Je chipe à manger sur le comptoir. J'ai vraiment faim. Je mangerais pendant qu'il se lave.

On s'égare, tourne et retourne pour finalement trouver les sanitaires. Plus luxueux, tu meurs. Je m'installe sur un banc et attends sagement celui qui se douche. J'observe les gens avec attention. J'écoute la musique qui nous met dans l'ambiance. Raphaël revient tout beau tout propre. Il me propose alors de faire un petit saut dans l'eau. Pourquoi pas ?

-Oui, c'est une très bonne id….

Ma phrase se noie dans une mer au son intenable. Mes mains se plaquent sur mes oreilles, mais rien y fait. Le son est ignoble. Par un étrange réflexe, je me retrouve à genoux et essaie de protéger mes tympans à l'aide de tout mon corps. Puis c'est le noir. Le noir le plus silencieux de toute ma vie…

C'est le pire réveil de ma vie. La lumière est insoutenable. J'essaie de me cacher les paupières dans mes bras. Mais je n'arrive pas à bouger le moindre muscle. Je décide donc de laisser mon corps faire ce qu'il a à faire. De toute façon, je n'ai pas d'autre choix. Je n'entends pas de bruit. Mes oreilles semblent inaccessibles. Petit à petit, j'arrive à sentir le sol. C'est étrange.. C'était comme ça sur le bateau.. ? Le bateau… ? Le bateau ! Raphaël, l'assiette épicée, la merde.. Les souvenirs reviennent dans un ordre étrange. Le reste des sens aussi. L'odeur de poissons est la plus forte. Très proche d'ailleurs comme si j'avais le pif dans les écailles d'un saumon. Puis je suis de nouveau agressé par le son. Par instinct, je porte mes mains à mes oreilles. Mais ce que je touche m'arrache un cri. Soudainement bien réveillé, je saute sur mes pieds.. Tombe le visage dans le sable. Putain de jambe de bois ! J'essaie de la retirer, mais elle semble bien fixée. Je gronde et me redresse avec difficulté. Quand je regarde autour de moi, mes yeux s'écarquillent. Mais bon sang de bon soir qu'est ce que ça veux dire ?!

J'avance en boitant vers ce qui ressemble à un panneau de signalisation.

-Tor.. Torguta ?? Mais qu'est que.. ?

La voix de Rapier a côté me fait sursauter. Il semble aux prises de gens pas contents de son coté anglais. Ils sont racistes des Anglais ? Et bah les pauvres… Il ne sont pas tomber sur le bon...  Je me gratte la tête. Nouveau sursaut. Cette fois, c'est sûr, il y a quelque chose sur moi. Je touche. Et hurle. Les regards se tournent vers moi. Merde. Qu'est-ce que je fais..?

-Euh… Coucou ?

Je tripote nerveusement les nouvelles parties intégrantes de mon corps et ressens soudainement le besoin de sauter dans l'eau. Je me sens.. Sèche. Trop sèche. En clopinant sous les regards de plus en plus méchants des hommes, je plonge la tête la première dans l'eau. Aaah… Quel soulagement.. Mais lorsque je regarde de nouveau au-dessus de la surface, un attroupement, s'est formé. Je suis prise dans un piège étrange.
Mes nouveaux tentacules plus vrais que nature bouge frénétiquement autour de ma tête. Je sors lentement de l'eau en faisant attention à ma jambe de bois.

-Il serait aimable de votre par de laisser passer la fille cachée de Jones ! Où vos âmes appartiendrons à mon père ! Arrière !

Le mensonge ne semble pas avoir eu l'effet voulu. On cherche à m'atteindre. Plus agile que prévu, je me glisse entre les pirates et fuis le plus vite que me permettent mes jambes. J'espère tomber sur quelqu'un que je connaisse ! Pitiez.. Raph, Jay...Qu'importe.. Même Rapier s'il le faut !

Pirates of the Caribbeans ω Event St-Valentin

La fumée m’irrite la cornée. Un courant d’air la dissipe de mon visage, comme par magie, alors qu’une main se saisit de la mienne et m’entraîne dans son sillage. Lorsque je tourne la tête pour souhaiter un au revoir à notre compagnie, je vire cramoisi et suis à peu près certain que la veine que je sens palpiter sur mon front est plus qu’apparente. Le clin d’oeil de Brian, tout comme sa main sur la mienne, parviennent à m’apaiser doucement, mais le geste que ce dégénéré a fait subir à mon ami fait tache dans mon esprit. À voir l’état dans lequel Raph s’est mis face à son professeur, je ne serais pas surpris que l’intimidateur n’en soit pas à son premier acte de violence devant, sinon sur, l’étudiant.

Ma main libre choppe une bouteille de mousseux sur une table, en un vieux réflexe que j’aurais cru inhiber désormais. Elle se retrouve dissimulée dans les plis des vêtements gorgés d’eau qui pendent à mon bras. Notre recherche prend rapidement des airs canailles qui ne sont pas sans rappeler nos adolescences respectives. J’ai bien compris à ce qu’il a évoqué que nous faisions partie du même genre de bande, ou de caste, à l’âge ingrat. Nous rigolons comme des cons en enfreignant des règles qui sont davantage hygiéniques qu’autre chose. Je ne commente pas sur la possibilité de nous retrouver devant une absence de bain libre : je crains que ma taquinerie ne puisse donner des idées à mon petit-ami, et je ne suis pas prêt à le partager. C’est à un commentaire de Brian devant un film romantique, davantage sexy qu’émouvant, que je me suis mis interrogé à savoir si nous partagions la même définition d’exclusivité. Personnellement, cela exclus tout tiers-parti, même si mon flic est présent.

La question ne se pose pas d’office, comme nous trouvons notre compte. Je suis ébahi par la vitesse que met Brian à se dénuder, bien que je l’attribue à des années de pratique dans l’armée, où la durée des douches est très certainement mesurée à la milliseconde. Je rejoins rapidement mon grand gredin et, sans avoir le temps de lui dire que le dehors pouvait bien brûler, pour ce que j’en avais à faire, il me vole un baiser qui me fait frémir de tout mon saoul.

« Oui », je lui répond, sans pouvoir m’empêcher de me dire que nous sommes presque au niveau de ces films de catégorie B que nous adorons mater ensemble. Je tiens Brian contre moi, le cerclant d’un bras. J’étire le second pour aller chercher quelques raisins dans l’assiette et le nourrir ainsi, puis je laisse éclater le bouchon de la bouteille et en prend une rasade à même le goulot. L’odeur du buffet me revient à l’esprit et à l’estomac, qui grogne en résonnant drôlement dans le dos de Brian.

« J’ai la dalle », déclaré-je. Un furtif instant, je revoie la tête de mon pauvre ami, sous la sauce qui lui dégoulinait dessus. Je tente de la chasser en me servant une portion de nourriture alléchante. Les mains de Brian trahissent un autre type d’appétit, ou une volonté de chasser ma volonté de venger mon protégé.


Tous deux rassasiés, nous avons décidé de flâner encore un peu avant de sortir de la baignoire, la peau gondolée comme si nous étions quelques siècles plus âgés. La bouteille d’alcool est bien entamée, mais j’espère pouvoir la remettre au frais dans notre chambre : le goût tiède laisse à désirer. Nous nous séchons et nous rhabillons, frais comme les roses que je lui ai offertes ce matin, non sans faire mine de me tromper entre nos tenues. Je lui flanque un baiser sur le muscle sterno-mastoïdien. Je le sens frissonner, ou réprimer un chatouillis, et vais pour ouvrir la porte lorsque je crois mourir.

La bouteille s’effondre au sol en un vacarme alors que je porte les mains à mes oreilles. Qui diable a décidé d’actionner un sifflet ultrasonique, comme on utilise avec les chiens? Je sens la main de Brian venir à mon secours avant de se rabattre sur lui-même. Je tombe à genoux et ai à peine le temps de voir mon amoureux faire de même, et comprendre que ce n’est donc pas ma nature lupine qui est attaquée, avant de tomber inconscient.


Je me réveille le visage sur une surface rêche et poisseuse qui n’a rien à voir avec le carrelage froid et humide du spa. Une vague d’odeurs écœurantes m’assaillit les narines, que j’enfouis par réflexe dans le creux de mon épaule. Je réalise alors que, malgré la baignade que je viens de faire, une partie de mon problème olfactif émane de moi. Le reste, c’est un mélange qui me rappelle la mer, sans les souvenirs de soirées arrosées entre potes, et les marécages des campings de mon enfance. Mon crâne semble vouloir me tuer, à la fois en implosant et en explosant. Les sons que je perçois, d’abord flous, prennent peu à peu sens. Je reconnais des pas, des hurlements et des voix. Des cris d’oiseaux, et le ressac également. La langue qui est parlée me semble antédiluvienne. Pire encore que celle de mon prof d’anglais, retraité à 80 ans. J’ouvre les yeux juste à temps pour esquiver ce qui ne peut être qu’une botte. Difforme et de mauvaise facture. Tout m’assaillit, ici. Je ne comprend pas comment je me retrouve ici, et crains de demander quand. La chaleur humide, les plantes exotiques qui n’ont rien à voir avec la Haute-Californie, le port qui prédate toute civilisation, sans la présence du moindre signe d’une dite civilisation : voilà qui suffirait à faire craindre le pire à bien moins braves que moi.

Parlant de bravoure, on m’interpelle. Raph se trouve aussi dans cet enfer. Pauvre gamin. J’ai à peine le temps de me relever pour accepter ce que je crois être une étreinte. Il se contente de me bourrer les épaules simultanément alors que je l’enlace. Voilà qui est malaisant.

« Aucune idée, mec. » Une réponse honnête. Je réalise alors que mes entrailles semblent être noués. L’impression combinée d’avoir trop mangé et d’être affamé, ainsi que la gorge sèche comme Death Valley. Pourtant, nous venons de manger, et de boire. Raph attire mon attention sur un panneau vermoulu. Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire ce que je me souviens de ce film dont je n’ai jamais vu les suites. Je suis passablement surpris que le jeunot connaisse. Cette fois, je ne répond pas. Qu’il s’agisse d’une blague de particulièrement cruel et mauvais goût, ou d’une magie quelconque, je sens qu’il faudra suivre la musique. Je laisse Raph me saisir la main comme un pantin, alors que je regarde autour de nous. Je vois le pignouf de plus tôt et la dame sans âge qui l’accompagne. Une bagarre éclate, presque inaudible dans ce vacarme. Le sang qui coule, le corps qui tombe à plat dans l’eau sont pourtant bien vrais. Je fais un pas dans sa direction, par réflexe, pour l’aider. Raph me tape l’épaule et me désigne sa petite copine. Elle semble avoir des ennuis et sur le point de fuir. Il l’intercepte et la cale entre nous. Je lance un sourire à la louve, conscient qu’elle ne risque rien. Je grimace en réalisant que les tentacules sur son minois sont devenus bien réels. Ma main glisse alors doucement sur l’épée à ma taille, et la retire de quelques centimètres hors de son fourreau. Du pouce, je teste le fil de la lame. Ça pince et je laisse l’arme glisser à sa place en portant mon doigt à mes lèvres. Le goût de mon sang confirme qu’il ne s’agit pas d’un jouet.

Crawford entraîne sa dulcinée vers le britannique. Mon visage se tord de dégoût, mais je les suis malgré tout. Le menton par-delà mon épaule, j’arpente le ponton du regard. Je suis partagé entre l’inquiétude et la reconnaissance de ne pas y trouver Brian. Peut-être a-t-il échappé à ce cauchemar. Ou peut-être existe-t-il d’autres groupes, dans des situations encore plus pénibles? La voix de mon tourtereau résonne à ma gauche. Je l’empoigne des deux mains par la chemise et le plaque contre mes lèvres, comme si je ne l’avais pas vu depuis une vie. Dès que je le libère, mes mains arpentent son corps pour vérifier son état.

« Comment tu te sens, chéri? Tout va bien? »

Je ne réalise pas vraiment que mes gestes trahissent notre relation, ou que cela pourrait nous poser problèmes, ou alors je m’en fiche éperdument. Pour l’instant, je l’ai retrouvé, et nous avons une foule sur les talons qui semble vouloir lyncher la jolie rouquine.

L’arrivée d’une milice annonce un répit, la horde grogne moins fort et nous laisse en paix. Toutefois, on nous sommes de partir pour le lendemain. Comme des parias. Je vais pour rétorquer qu’on a pas demandé pour se retrouver ici, mais me retrouve l’herbe coupée sous le pied.

Je me laisse nourrir tel un oisillon. La scène peut paraître guimauve à souhait, surtout avec deux gaillards comme nous. Mais je crois que c’est ce qui a plu à Jonah, ce qui l’a retenu dans une relation qui semble prendre le chemin du long terme : ma façon de laisser tomber toutes mes barrières dans l’intimité, ma pudeur, mon ego et tout ce qui fait de moi un flic aguerri. Mes mains caressent ses cuisses, ses mollets, ses chevilles. Je masse lentement ses tendons d’Achille, je sais qu’il apprécie. Car tout loup qu’il soit, sa pratique intensive du sport laisse des raideurs et des contractures sur ses articulations.

Ce sont ses doigts qui retiennent un grain de raisin à quelques centimètres de mes lèvres qui me laissent penser que Jonah est perdu dans ses pensées. Je le ramène à moi en agitant mes hanches contre son bas-ventre. C’est vrai que nous avons laissé celui qu’il nomme son « protégé » dans une belle galère. Mais le bredouillant Raphael ne gérera jamais ses émotions si un ange gardien veille constamment sur lui. En vrai, je voyais dans cet incident la porte ouverte à d’autres turpitudes qui auraient gâché notre croisière.

Me retournant à califourchon sur mon beau loup, je prends les choses en main, lui donnant la becquée à mon tour. Et, repérant où se trouve la commande de vidange du spa pour un rinçage hygiénique pour les suivants, j’entreprends d’affoler les sens de mon amoureux.

(…)

- Premier round, mon loulou, murmuré-je un peu essoufflé.

Nous paressons un moment, puis décidons de nous rhabiller. J’ai lancé la vidange du bain qui est finalement rapide pour le remplir à nouveau. Il va falloir un peu de temps pour que cela chauffe.

- Hey ! Toi ce sont les vêtements cintrés ! Mon beau pirate !

Ma chemise glisse mal sur ma peau humide, tout comme le pantalon fait d’un coton un peu grossier. Je me réjouis d’avance de vaquer sur le pont, humer l’air iodé et scruter l’horizon. Quand Jonah va actionner la poignée de la porte, il lâche subitement la bouteille qu’il avait prise pour la jeter. Je pense à la chaleur du spa, du fait qu’il s’est agité pour s’habiller. Je lui tends une main secourable, quand un son strident me paralyse. Tout devient noir.

(…)

Le sol est râpeux contre ma joue. Il me faut un moment pour réaliser l’anomalie : rien à voir avec le carrelage du spa. J’ouvre les yeux pour les refermer aussitôt : la lumière est aveuglante. Je me fie donc à mes oreilles pour comprendre où je me trouve. Mais c’est mon nez qui m’apporte une première information, celle d’un port dans une zone subtropicale. Je connais ces remugles fétides. Suis-je en train de rêver ? Avec pour cadre un port de l’océan Indien que je connais ? Colombo ? Pondichéry ? Non. Les conversations autour de moi sont dans un anglais aux tournures vieillottes. Mais par-dessus les paroles une autre musique s’offre à moi : celle des voiles qu’on affale et des sons mats des pontons de bois. J’ouvre les yeux, juste à temps pour éviter un docker qui ploie sous une de ces vieilles balles de coton.

Le paysage qui s’offre à moi me semble familier : je suis venu ici tant de fois dans mes songes. Ma main s’abat sur ma joue. Saleté de moustique. Un panneau de bois vert moulu confirme où je me trouve. Je me fais la réflexion que si j’arrive à lire, c’est que je ne rêve pas. J’avais lu dans une revue que lire, écrire, parler, sentir était quasiment impossible en rêvant, parce que la partie du cerveau affecté à ces tâches est justement en dormance. Je ne sais pas par quel mystère, je me retrouve ici, mais c’est le plus beau des sorts que l’on puisse me jeter. Je me redresse, palpe mes vêtements, le large ceinturon qui barre ma poitrine : tout est vrai ! Je regarde vers la mer et manque de défaillir.

Cette frégate ! Racée, majestueuse : le Queen Anne's Revenge ! J’ai l’intime conviction qu’il s’agit non d’une réplique, mais bien du navire légendaire de Barbe Noire. Je bade un moment devant ce spectacle avant de m’inquiéter de Jonah. Non loin de moi, j’aperçois un corps qui bascule à l’eau, le reflet de la lame d’une épée souillée de sang. Je frissonne malgré la moiteur de l’air. Une altercation résonne un peu plus loin. Je reconnais l’homme qui avait renversé un chapeau plein ragoût sur la tête de Raphael. Familier de cette époque, je devine d’emblée le problème : son accent qui trahit ses origines anglaises. Ici, l’anglais est l’ennemi. Tobias Rapier va passer pour un espion à la solde de la couronne d’Angleterre.

Je ne m’attarde pas sur le pédant petit ami de Mafdet quand j’aperçois la pauvre jeune femme qui avait hérité du déguisement de Davy Jones. Je réprime un haut-le-cœur en constatant que ses tentacules ont pris de la réalité comme l’épée à ma hanche. Si eux sont ici, Jonah doit y être. Je ne cherche pas longtemps, il est avec son bégayant ami qui trouve le courage de venir en aide à son amie malgré sa métamorphose. L’apparence de la jeune femme provoque bien des réactions hostiles. Non pour son apparence, mais pour ce que cela signifie : une malédiction. Mes contemporains sont en danger ! Ils ne connaissent pas les codes de conduite en vigueur au XVIIIe siècle dans les Caraïbes. Je reste néanmoins exalté par ce qu’il nous arrive.

- Jonah !
- Comment tu te sens, chéri ? Tout va bien ?
- Ça va. Et toi ?

Jonah me plaque contre lui et m’embrasse avec une fougue que je ne lui ai jamais connue avant de me tâter pour vérifier que je ne suis pas blessé. C’est là, quand une troupe s’est décidée à lyncher la rouquine, qu’il s’inquiète de ses gestes sans équivoque et qui trahissent notre relation.

- Pas de panique. Les hommes ensemble c’est courant dans la piraterie. Par contre, évite les gestes suggestifs si on croise la Royal Navy.

Nous suivons les autres passagers du navire de croisière que nous avons quitté par je ne sais quelle magie. Nos poursuivants abandonnent, non parce qu’ils nous craignent, mais parce que nous tombons sur la milice de l’île. On nous fait clairement comprendre, que si à l’aube nous n’embarquons pas sur un bateau en partance pour n’importe où, c’est la potence qui nous attend. Les deux navires qui viennent de mouiller repartent demain. Je sais déjà sur lequel je vais nous faire embarquer. Il va falloir convaincre son capitaine, qui étrangement n’est pas Barbe Noire ! Peut-être sommes-nous à une date où la frégate ne lui appartient pas encore. À l’écart, je vois Ryan qui s’est retrouvé séparé. Il ne semble pas effrayé plus que ça et paraît même être dans son élément.

- Ryan ! Viens avec nous !

Nous entrons dans la taverne où les équipages des deux navires semblent vouloir faire halte. L’ambiance est comme je l’imaginais. C’est bruyant. J’ai du mal à comprendre ce qu’il se dit, tant la langue est différente et tachée d’argot. Je traîne Jonah vers ce Jack Sparrow qui discute avec son homologue, le prestigieux Barbe Noire. Je plaide notre cause : embarquer sur le Queen Anne's Revenge, ou Black Pearl comme il le nomme. Raphael et Jonah sont acceptés d’emblée. Mon cœur n’a jamais tapé si fort. Je serre la main de Jonah pour faire comprendre à Jack Sparrow que nous sommes indissociables.