[EVENT] : La mort en sursis | Le NEMETON

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Malus : aucun

La mort en sursis

Plusieurs fois la main m’a démangé. Me saisir de mon arme et abattre cet abruti de Turner. Il doit être chargé un max pour débiter autant d'âneries. Si le shérif est mort, il doit se retourner dans sa tombe. Puis c’est au tour de l’autre flic, O’Connell. Lui aussi a un comportement étrange.

(…)

Jordan nous a changés de lieu. Il nous a prévenus que la scène risquait s’être insoutenable, mais en voyant le loup cloué sur la porte du vieux hangar, j’ai eu le réflexe de me demander quelle famiglia il avait fâchée. Autour de moi, cela se choque du spectacle. Mon cœur ne rate aucun battement, tant je suis habitué à cette violence. Je ne m’émeus pas et cherche les indices quand l’immobilité d’Alex me fait réagir. Il est livide, son cœur bat une musique chaotique.

- Hey ! Mio amico ! Ne le regarde pas.

Je me mets devant lui pour que son regard presque fixe ne lorgne plus la mort en face. Depuis qu’il m’aide en acceptant d’être mon ancre, son état émotionnel m’importe.

- Hey !

Je parle doucement, croche son épaule d’une main rassurante et termine par une accolade pour le faire sortir de sa torpeur.

- Tu es glacé ! Il faut bouger. Viens avec moi et t’éloigne pas.

Je regarde le sol vers le supplicié. Le flic à moitié sourd semble faire comme moi. C’est aussi un loup, il ne semble pas avoir perdu son odorat. Une bonne chose. Non loin de nous, Caracole suit Turner comme son ombre. Le flic se parle encore à lui-même…

- Un philosophe nous a quittés.

Je hausse les épaules aux paroles du légiste. Un constat est rapide : il y a deux pistes possibles. Avec Alex, nous sommes déjà en train de suivre celle qui s’enfonce dans la forêt. Je vois Tobias prendre la direction inverse et suivre sa collègue. C’est certain qu’avec ses pieds dénudés à cause de ses chaussures, il doit préférer la ville à la nature.

Alex semble soulagé de voir Jordan prendre la tête de l’autre groupe, mais il ne nous laisse pas sans volaille pour nous surveiller. Il ne peut s’agir que de ça, car l’un est à moitié sourd et l’autre déraille complètement. Un accident est si vite arrivé, et l’autre casse-pied de Turner pourrait disparaître malencontreusement.

J’avance à côté d’Alex encore secoué par la vision macabre de son voisin assassiné. J’essaye de le rassurer. Comme moi, il a reconnu la direction que nous prenons. Turner commence à s’exciter dans mon dos, en plus des voix qu’il semble entendre, il divague sur des lapins. Excédé par ce tapage, je me retourne et l’attrape par le col avant de le secouer d’avant en arrière.

- C’est pas un peu fini ce cirque ?!

Je montre un doigt menaçant au deuxième flic, si d’aventure il avait dans l’idée de porter secours à son collègue. Je lâche Turner qui manque de s’écrouler au sol. Je n'ai pas besoin de regarder Caracole, il a l'intelligence de ne pas intervenir.

- Andiamo !

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Malus : Débuter ses phrases par 1, 2, 3  

La mort en sursis

Alex était rassuré de savoir Alessandro à proximité de lui, tout comme il était content de pouvoir garder un œil sur Caracole, qui s’était naturellement placé à proximité du druide.  Il avait beau tenter de se raisonner, il n’arrivait pas à se convaincre du bien fondé de la présence du jeune. Certes, au Canada, il était déjà majeur. Mais tout de même…
Mieux valait l’avoir à proximité et s’assurer de son bon état.

Le laborantin sursauta à l’avertissement de l’italien, et blêmit un coup en voyant les mâchoires d’acier se refermer à quelques décimètres de lui. Ces fichus braconniers! Un jour, ils finiraient par causer sa perte.  Ils n’avaient définitivement pas besoin de leurs pièges en plus des tours de mauvais goût de la courgette orange.

Un sourire mince et deux hochements de têtes, d’abord vertical puis horizontal, vinrent répondre aux inquiétudes du mafieux.

- Un, deux, trois, merci!

Alex se renfrogna, sourcils en pente raide. Pourquoi avait-il fait un décompte avant de remercier son meilleur nemico? Il devait avoir pensé à autre chose et voilà.

-Un, d… eux, trois... voulut-il se reprendre, sans parvenir à contrôler ses paroles.  Il s’arrêta de nouveau et fit signe à Alessandro de reprendre sa place, pestant à voix basse pour lui-même davantage que quiconque d’autre.

-Un, deux, trois fichu potiron du saint-cibouère de bazouelle de tabarouette...*
Sa tirade se poursuivit durant une bonne trentaine de secondes, accumulant et répétant parfois les jurons, jusqu’à ce qu’il doive reprendre son souffle.
-Un, deux, trois quand on va mettre la main sur sa bout d’ciarge de tête de légumoïde, je vais lui rappeler qu’il a jamais gagné pis qu’on a toujours déjoué ses saint-simonaques de coups du d’jable pis ça va varloper en tabarouette qu’il créra pas ça. Un, deux, trois...*

La tirade houspillante se calma éventuellement. Lorsqu’il réalisa que Richard et son collègue semblaient aussi menés à mal. Le druide se ressaisit alors : ce n’était pas en le débaptisant et le rebaptisant qu’ils allaient rattraper cet infâme Jack et ses manigances. Comme pour confirmer ses doutes, Richard hurla à tous de la fermer, alors qu’un silence relatif régnait au milieu des cendres du décor. Jack allait lui faire perdre la tête, c’était pas compliqué! Fermé comme une huître, Alex suivait le groupe sans prononcer le moindre mot.

Jordan annonça bientôt qu’il venait d’avoir des nouvelles de Derek, et qu’ils devaient le rejoindre à la distillerie abandonnée. Ce qui les attendait là sortait tout droit d’un film d’horreur.  Ils auraient dû s’y attendre. Pas à voir Peter Hale éviscéré, mais à un aussi lugubre spectacle. Alex en était figé. Son cerveau lui imposait de regarder ailleurs, mais il ne pouvait se détacher des plaies vives, les pans de peaux qui flottaient comme des étendards morbides, et la cage thoracique incomplète. Ce voisin qu’il n’appréciait pas. Ce professeur qu’il évitait de croiser dans les corridors du lycée. Personne ne méritait un tel dessein, et Alex réalisait qu’une fois encore, il s’était conforté à laisser les gens dans des petites cases, les avaient estampillé de quelques jugements précoces et n’y avait plus retouché, laissant les cases pourrir sur place pour devenir un tas fétide d’idées préconçus et de préjugés qu’il n’avait jamais voulu sarcler ni désherber. Aucune relation ne pouvait survivre à un tel traitement, une telle fermeture d’esprit. Il était le poison qu’il se plaisait de trouver dans sa chambranlante vie sociale. Il n’y avait plus que…

L’image coupée, les pensées se dissipèrent comme elles étaient arrivées. Les sons lui parvenaient, et l’étrange impression d’avoir entendu Alessandro, un moment plus tôt. Comme lorsque l’on s’éveille en sursaut et que notre dernier rêve nous file entre les doigts. La main sur son épaule lui rappelait qu’il existait des gens, suffisamment entêtés, peut-être un peu fous, et décidément résilient, qui réussissaient à pousser au-delà de la putréfaction, quand elle devient compost.

Les bras du druide encerclèrent celle de l’italien, et il enfouit son visage contre son torse, comme l’enfant qu’il se sentait être, en ce moment, face à cette atrocité. Sa vie ne l’avait pas préparée à cela. À ce niveau, Alessandro avait eu raison : Alex avait eu une vie confortable, et n’avait pas été confronté à des situations trop choquantes. Les doigts du laborantin se crispèrent un peu plus impérieusement contre la cape et le dos du loup-garou, alors qu’il inspirait avec force, sans savoir s’il reniflait une larme dont il n’avait pas connaissance, ou s’il humait simplement le cologne d’Alessandro. Cette étreinte était étrange : elle tenait à la fois du tabou, vu leur relation alambiquée et la position fermée qu’Alex conservait, buté. Elle était également extrêmement libératrice, chaleureuse et presque naturelle. Comme s’ils avaient un jour été destinés à une amitié suffisamment intime pour que ces contacts ne leurs soient pas moins naturels qu’une poignée de main.

Alex tenta de se reprendre rapidement. Ce n’était pas le moment de montrer une faible. Pas devant tous ces gens. Pas devant Mafdet, surtout. Il en entendrait parlé jusqu’en Enfer. Il tapota l’épaule d’Alessandro, et décolla son crâne de sous le menton du sicilien. Il ne pouvait même pas dire qu’il avait honte. C’était plus étrange que cela. Plus complexe, peut-être.

- Un, deux, trois, merci. Un, deux, trois, d’être mon ami, amico. hoqueta-t-il  en tentant de se donner le ton le plus solennel que cette stupide malédiction lui permettait d’avoir. Au moins, il n’était pas le seul. La drag-queen de la taille de la statue de la liberté semblait être aux prises avec le même problème.

Il devait faire concis. Alessandro était intelligent, il devait avoir compris que, comme lorsqu’ils avaient récupéré Charlie, ils seraient l’ancre l’un de l’autre en cet après-midi. Leurs forces étaient à peu près complémentaires, après tout.

Alex grimaça au commentaire du légiste. C’était exactement pour cela qu’il avait voulu nommer son amitié avec Alessandro. S’il leur arrivait quelque chose, il n’aurait pas ce regret. Ses pensées se tournèrent immédiatement vers Brian, avec une inquiétude sans bornes.


L’équipe s’était divisée en deux, et Alex s’en était tenu à sa communication muette, par gestes clairs. Il avait désigné Alessandro et Caracole, pour faire comprendre aux autres que les trois resteraient ensemble. Mafdet lui avait confié Richard, et Alex n’était pas certain si elle craignait de le tuer à force de l’entendre parler seul, ou si l’état de son copain la déprimait simplement à ce point. L’autre flic - le loup-garou, pas le sans-coeur – s’était également joint à eux. Ça allait être beau, entre le gangster, les deux flics, et le parano de la violence policière. Caracole était peut-être leur élément le plus stable en ce moment, et ils devraient certainement compter sur lui pour les sortir de conflits internes, sinon des monstruosités de Jack.

Le coeur du druide s’allégeait à mesure qu’il se voyait en terrain connu, mais il ne pouvait empêcher une petite voix à l’arrière de son crâne de lui murmurer qu’il allait trouver un truc terrible. Que le nemeton serait profané, ou pire, et qu’il n’y pourrait rien, sinon d’être le témoin de la destruction de ce site unique.

- C’est pas un peu fini ce cirque ?!

Un rictus amusé au visage, Alex se précipita au milieu de l’intercation, et posa ses mains sur celle de l’oméga pour le forcer à reposer son prunier au sol. Les yeux dans les yeux, il inspira profondément, pour lui rappeler les longs moments qu’ils avaient passé ensemble, à apprivoiser le loup et la colère de l’Etna.

D’un signe de tête, Alex fit signe qu’ils n’avaient pas de temps à perdre, et l’italien traduisit sa pensée au groupuscule. Un rire nerveux s’échappa des lèvres du biochimiste, franchement amusé par la scène, mais mal à l’aise de l’être.

*:

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Malus : Entend des voix

La mort en sursis

Dans son esprit tout se mélange, tant qu'il ne sait plus voir la différence entre le monde qui l'entoure et ce qui se trame à l'intérieur de sa tête. Les femmes se disputent, crient des insanités dont il est bien souvent la cible. Il peine à ne pas perdre pied, fatalement échoue. Mains crispées sur les oreilles dans le vain espoir de tout faire cesser au plus vite, il perd le fil des évènements qui se jouent autour de lui.

-Dickey devient cinglé. Comme quoi toute bonne chose finit par arriver, à un moment un autre.
-La ferme Gloria !
-Boucle-la pétasse.

Sa mère s'en mêle, prend sa défense alors qu'il y a encore quelques minutes c'était elle qui lui reprochait son actuelle position. Il déteste ces bois, n'en peut plus de ce vacarme qu'il est le seul à subir. Quand le groupe de recherche change de lieu de départ à cause d'une nouvelle donnée dans cette énigme, le flic se contente de suivre le rythme sans même s'en rendre compte. Il ne sait où il va, il ne sait rien de ce qui vient de se passer. Espère simplement que son calvaire prendra fin au plus vite, quelque soit la manière utilisée pour qu'il puisse parvenir à cette fin qui lui semble être la seule envisageable dans ce cas de figure. Il inspire, suit Mafdet à travers ce dédale végétal qui tombe en cendres autour d'eux.

-Qui aurait cru que vous aviez peur des lapins.
-Il a fait une mauvaise rencontre. Mon garçon n'a pas peur des lapins.
-Non uniquement des grands méchants amateurs de viande canadienne.
-Knack, knack, knack... Un steak de Dickey par ici, un steak de Dickey par là.

Le policier serre les dents pour ne pas hurler quand ses plus grandes peurs finissent évoquées sans aucune gêne. Il faut une vision horrifique pour parvenir à l'arracher à ces songes qui brisent sa santé mentale. Il se fige, incapable de toutefois demeurer totalement stoïque. Un cadavre les accueille, crucifié, ouvert comme si une large fermeture éclair avait été glissée pour offrir à tous la vue sur les entrailles de ce dernier. Une remontée de bile acide se fraie un chemin dans la gorge de Richard et il manque de rendre l'entièreté de son dernier repas. À son regard illuminé par la vivacité de cette folie naissante à laquelle il est la proie, le corps d'un homme inconnu se dévoile.

-Le grand policier est sur le point de dégobiller sur le sol. S'il arrive à viser Priscilla il marque dix points.
-Priscilla ?
-La grande folle qui se colle de la terre entre les orteils.
-...
-C'est la dinde à poils roux qui se permet de juger les autres ?

Le nom de la victime est prononcé, et Richard trouve en lui la force d'avoir une pensée émue pour celle-ci mais également pour sa fille dont le professeur Hale était le favori. Quand le groupe se sépare en deux moitiés, Dick réagit à peine tandis que Mafdet disparaît de son champ de vision. Caracole lui attrape la main, le traîne avec lui à la suite d'Alex, de Ryan et du patron de bar dont la simple vue donne habituellement de vilaines envies à Richard. Il serre les dents, marmonne par instant pour répondre à ces femmes qui lui font la misère. Perdu dans ce qui ressemble à un enfer personnel, Dick peine à suivre le rythme. Par moment son regard chocolat effrayé caresse ce décor sombre qui les accueille. Il frissonne, mâchoires crispées quand son ancienne professeure reprend.

-Peur des lapins à cet âge, c'est quand même inquiétant.
-J'ai pas peur des lapins.
-Oh que si, vous êtes tétanisé à l'idée d'en croiser un.
-J'ai pas peur des lapins madame.. Purin.
-Pura espère ce saligot !
-Hey !

Gloria se marre, Richard cherche le bon mot, la réplique adaptée et n'a donc pas le temps de voir la suite arriver. Une furie se jette sur lui, le secoue comme un prunier. L'italien semble avoir oublié sa patience au fond de son lit et c'est le pauvre flic qui subit les conséquences de tout ce qui ne tourne pas rond aujourd'hui.

-C’est pas un peu fini ce cirque ?!

Dick ne répond rien, se focalise uniquement sur un but très précis. Ne pas avaler sa langue qui vient de se tordre dans sa bouche. En état de choc, le père de famille manque de s'écrouler au sol quand enfin le voyou le relâche. Personne ne prend sa défense et cela n'a rien d'étonnant. Il serait fou de tenter de se mettre entre un malade qui secoue les gens en état de faiblesse et sa victime. La bile remonte dans la gorge du flic, il ne sait maîtriser ce qui sort de son estomac.

Sans chercher à viser juste, il atteint pourtant Amaro de plein fouet, le dos de ce dernier se retrouvant couvert de restes de repas évacués avant que la digestion ne soit achevée.

-Ce con va faire perdre dix points à tout le monde.
-...

Ahuri Richard ne comprend plus rien aux dires de son ex-femme. Une envie de fuite née d'un instinct primaire, celui lié à la survie, parcourt ses membres inférieurs.

-Désolé...
-Il a secoué un peu trop fort. Mon pauvre chéri ce n'est pas de ta faute.
-Sur l'espèce de folle ça aurait été plus drôle..

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Malus : entendre des voix

La mort en sursis

Je tremble devant le manque de nouvelle du shérif. Je ne le connais que de nom et surtout par Stiles. Il semblait être un homme juste, mais…

Je lève la tête quand j’entendis un téléphone sonner. Ce n’est pas celui du shérif, mais de son adjoint. L’adjoint, après un appel de Derek, dont j’ai reconnu la voix, nous ordonne de suivre tout le monde vers la distillerie abandonnée. Un bon spot pour les gens qui adorent tous ceux qui touchent au paranormal et aux morts qui entourent le lieu ou désirent simplement des sensations fortes. Je reste figé un moment, cela n’annonce rien de bon pour la suite… Et si on devait y aller au lieu de chercher le shérif, c’est qu’il devait y avoir un mort.

Devant la peur qui vient en moi, je ravale ma salive. Dick avait pensé à moi pour l’aider je l’aiderai. Pour me rassurer, je regarde le groupe partir en direction de l’endroit comme un seul homme et ressent, comme une force s’installer en moi. Un fait étrange, vu qu’avant j’avais, me semble-t-il, sentit ma vitalité comme fuir mon âme. C’était une sensation assez étrange, désagréable même, comme si l’envie de rester éveiller s’évaporait. C’est un mauvais signe.

***

Une fois sur place, mon sang se glaça en un rien de temps. Je ne le connaissais qu’en professeur, mais il faisait de bons cours. Je reste un long moment à regarder, à ne pouvoir empêcher mes yeux de regarder son corps. Je recule, avance et ne sais pas où aller. Tout le monde regarde la scène. Moi, j’en suis dégoûté. L’envie de partir me tient, mais ça serait donné la victoire à la citrouille. Je reste donc sur place et me tourne quand j’entends une voix venir au loin.

« Allons-y Alonzo ! »

Je secoue la tête tandis que mes yeux cherchent d’où vient la voix, mais ne trouve rien d’autre que le vide et les personnes presque muettes. Jusqu’à ce que des voix s’élèvent. Une voix que je reconnais très vite. Je me tourne alors vers Dick. Il semble mal en point et m’approche de lui. Il parle seul, sans que je n’entende pas personnes lui répondre ou lui parler. Je plisse des yeux devant ce fait étrange. Je m’approche de lui et me tiens à ses côtés. Mafdet s’inquiète aussi, mais ne peut rester avec lui, quand on décide des groupes. Je reste à ses côtés et m’approche d’Alex et d’Aless pour partir vers le néméton. Qui sait, peut-être qu’il nous aiderait à voir plus clair, surtout avec Alex. Le druide était lié à lui… Enfin je crois… Pourtant, lui aussi semblait être dominé par un mauvais sort.

« 123… haha… il sait plus parler… »

Une voix se moque d’Alex, mais qui ? Pourquoi personne ne réagit ? Même Alex ne semble pas ennuyé… Je m’approche de lui, et m’arrête que lui dire ? Pourquoi il parle ainsi ? Je me tourne alors vers Dick. Il est toujours sous l’emprise de quelque chose. Le suis-je aussi ?

« Tu n’es vraiment pas doué… Tu me déçois ! »

Cette voix, je la reconnais. C’est la sienne. Elle devrait m’effrayer, mais m’énerve surtout. Je n’ai pas envie de le revoir, de perdre des amis à cause de lui une nouvelle fois et pour cela, je dois me défendre. Jouer moi aussi.

« Et j’en suis ravi ! », pensé-je.

J’écoute la voix, regarde Dick, puis Alex. Puis Aless qui hurle contre Dick. Pourquoi s’énerve-t-il ? J’allais m’approcher, mais je me retiens. Alex, lui ose, s’interpeller, mais, lui, il semble être l’ami d’Aless, aurait-il réagi de la même manière si j’étais intervenu ? Je ne pense pas. Quelques secondes après, je m’approche de Dick, le regarde droit dans les yeux.

— Essai de les oublier ? lui dis-je.
« Tu n’arrives même pas à m’oublier et tu veux que les autres le fassent ? »

J’essaie de réfléchir à vive allure, oubliant une voix, mais n’y arrivais pas. Mon esprit luttait contre elle. Il voulait qu’elle fuie.

« Tiens, je t’offre un cadeau ! »

Ne sachant que faire, je fis la première chose qui m’est venue en tête et me mis une claque. J’espérai remettre mon esprit en place, mais cela ne fit pas grand-chose. Cette voix… Je lève la tête et m’approche d’Alex, qui semble occupé.

— Le truc qui fait peur à l’adjoint, tente de nous rendre chèvre avec tout ça ? Alex, tu crois que le néméton pourrait éloigner la chose bizarre ?

« Pour ça, il faut le laisser passer A38… »

Je plisse des yeux…

— Le laisser passer A38 ?
« C’est pas faux ! »

Je secoue la tête pour effacer ces phrases qui me viennent.

— Je crois que j’ai le même problème que Dick…

Points de vie : 90 points
Malus : Ouïe -50%

La mort en sursis

Toute cette histoire n’avait aucun sens pour le lycanthrope. Tout le monde semblait perdre la tête et se comportait d’une drôle de façon. Qu’on soit nerveux c’était incompréhensible, mais Ryan ne comprenait pas pourquoi certains parlaient seuls, y comprit Turner. Le flic droit pas drôle comme aimait se dire l’irlandais, se comporter comme un fou. Pendant un moment il croyait qu’il rêvait, qu’il était ivre mort à cause de la bière à la faite, mais son corps devenait de plus en plus douloureux. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi, mais il sentait ses forces l’abandonné petit à petit. Un contre coup ? Quelque chose dans l’air qui le contaminait ? Ou bien la vision de ce cadavre d’une personne plutôt bien connue le déstabilisait ? Ce serait une première.

Deux pistes s’offraient à eux et Ryan suivit un petit groupe qui semblait rejoindre la forêt. Jetant un regard sur le côté, il interrogea un de ses collègues :

"Damn, il se passe quoi ici ?"

Ryan voulait bien croire au surnaturel, pensait qu’une magie noire œuvrait en ce moment dans l’ombre. Hélas pour lui, c’était la première fois qu’il se confrontait à un tel danger et n’avait donc ni expérience ni connaissance sur le sujet. On pouvait dire qu’il commençait à flipper.

"C’est tête de citrouille qui rend les gens dingos ou quoi ?"

Son intention revint vers Richard, qui semblait en plein délire et qui inquiétait un peu tout le monde, surtout le célèbre mafieux qui déjà, ne devait aimer être ici. Par soucie d’éviter un éventuel débordement ou par curiosité propre, l’irlandais interpella le canadien.

"Hey Dick à qui tu parles depuis tout à l’heure ?"

Points de vie : 93 points
Malus : Débuter ses phrases par 1, 2, 3  

La mort en sursis

- Un, deux, trois, ark! s’était exclamé Alex en fronçant du nez à la vue du jet de Richard qui avait terminé sa course sur la cape d’Alessandro. Le policier canadien n’était déjà pas bien, et parlait avec lui-même depuis un moment déjà. Peut-être que le remaniement de l’italien avait terminé de le mettre à mal.

Le druide se mordit les lèvres, énervé par son soudain syndrome de Tourette, et choisit de dévier l’attention du mafieux sur un autre sujet. Un sujet d’une importance beaucoup plus pressante et capitale au vu de la situation.

Alex n’avait pu qu’hausser les épaules en réponse au louveteau.  Il ne savait pas quel était l’objectif réel de Jack, ni s’il leur serait possible d’utiliser le nemeton à bon escient. C’était jusqu’à ce qu’ils ne se trouve devant la vieille souche. L’iridescence bleuâtre qui l’englobait n’était en aucun cas une bonne nouvelle. Ce qui laissait un peu d’espoir était l’état de ce dernier bastion de la Nature.  Encore teinté de vert et, Alex le devinait, bien plus du côté des vivants que des cendres.

Là où l’horreur frappait de nouveau, c’était par la silhouette qui maculait de son sang le tronc éteint. Une deuxième personne pour qui Alex n’entretenait généralement pas des sentiments agréables. Soit on se moquait de lui, soit il était possédé et ne réalisait pas qu’il tuait quiconque il ne portait pas dans son coeur.  Était-ce réellement possible.

Avec l’absence la plus complète de la moindre délicatesse, le laborantin tira l’avant-bras du sicilien vers lui pendant qu’il pianotait sur son portable à la recherche du numéro de Mafdet.  Il fronça les sourcils en remarquant l’heure affichée : ils ne pouvaient pas s’être déplacés aussi rapidement, c’était impossible. Se mystère se relégua de lui-même à l’arrière de son crâne lorsqu’il entendit la voix de la professeure de chimie.Tant pis si ce n'était que sa boîte vocale.

- Un, deux, trois, Mafdet, on a trouvé Stilinski.  Un, deux, trois, Amaro va t'expliquer.

Sans attendre d’avantage de risquer de lancer le téléphone au bout de ses bras, il le plaqua contre la joue d’Alessandro et le força à s’en saisir.  Il ne disait pas de bêtises comme Alex, ni ne semblait entendre – ou ne plus entendre – des voix comme les trois autres. Il saurait communiquer correctement les informations à la panthère. Des doigts, il lui fit signe de mentionner les yeux arrachés au gardien de la paix. C’était bien ce dont il s’agissait?  On avait retiré son regard au gardien, et son coeur au philosophe. Mais dans quel but? Créer une créature parfaite, sorte de monstre de Frankenstein surnaturel?  Ou alors, peut-être quelque chose d'un peu plus mystique.

Blême sous son maquillage, Alex n’écouta pas les explications qu’Alessandro donnait à Mafdet, et se dirigea plutôt vers les trois autres hommes. Il se sentait blasphémateur de s’apprêter à leur faire cette demande, mais c’était probablement pour le mieux.  La survie du plus grand nombre justifiait ce type de sacrilèges, n’est-ce pas?

- Un, deux, trois, je pourrais voir si le Nemeton à une information pour nous. Un, deux, trois, pouvez-vous m’aider à déplacer le corps du Shérif, s’il-vous-plait ? Un, deux, trois, Et oui, c’est l’idée que Jack a d’une bonne plaisanterie, précisa-t-il au collègue de Richard.

Points de vie : 87 points
Malus : Entend des voix

La mort en sursis

J’ai de beaux jours devant moi avec une volaille pareille. Turner parle tout seul et son confrère semble devenu sourd comme un pot. J’admets que l’atmosphère est oppressante, mais…

- Marco ?
- Cosa ?

Je regarde ceux qui m’accompagnent. Turner est vert, Alex vire au gris, le bambino fait une drôle de tête.

- Le laissez-passer A38 ?
- Que ?
- Polo !

Je me retourne : personne. S’il y a bien une chose que je déteste, c’est qu’on se foute de ma gueule. On n’a pas fait vingt mètres depuis que j’ai secoué l’autre abruti, que je l’entends sortir des borborygmes dans mon dos. Je n’ai pas le temps de réagir que je sens une masse chaude m’éclabousser le dos, l’odeur vient juste après.

- Marco ?
- Désolé...
- Un, deux, trois, ark !

Alex pince les lèvres, et d’un geste me fait comprendre qu’on a plus urgent que de faire bouffer ma cape à ce con de flic. Je vire le tissu avant que cela n’imbibe ma veste. Par chance, la cape avait une doublure. Je la balance à Turner.

- Polo !

Je serre les mâchoires. Je sais que ce sont des hallucinations auditives et je commence à me demander ce que le flic entend.

- Marco ?

Je ferme les yeux, les rouvre immédiatement. Je revois la tête de con de Brett. Les cheveux blonds, presque blancs, un rictus hautain collé aux lèvres comme la teigne sur un clébard.

- Polo !

Et son puttana de fratello, David, la copie de Brett, mais modèle petit gros. Ils m’avaient fait chier au collège. L’établissement était limitrophe à un autre quartier, des blancs de classe moyenne. David était dans ma classe, Brett avait deux ans de plus. Il se moquait de mon accent italien. Brett criait « Marco », sa baleine de fratello hurlait « Polo ». Ce surnom m’a collé à la peau jusqu’à mes seize ans quand Brett et David ont fait la connerie de venir dans mon quartier. Ils m’avaient repéré, jouant avec Matteo en bas de l’immeuble. Ils ont assisté en direct à un règlement de compte alors qu’ils recommençaient leur jeu idiot.

- Marco ?

Le cousin de Luigi s’est fait abattre d’une balle en pleine tête à cinq mètres de nous. Brett avait des bouts de la cervelle du mort sur la joue. Alors qu’il cherchait un secours dans mon regard, je me suis appuyé nonchalamment contre le conteneur à poubelle et l’ai regardé en souriant. Les madre hurlaient de toutes parts pour rentrer les bambini. Mon détachement n’était pas feint. C’était loin d’être mon premier mort.

- Polo !

Par la suite, il me suffisait de singer une arme à feu avec la main pour que Brett et son crétin de fratello déguerpissent blancs de terreur.

(…)

Autour de nous la nature fane. Le pote à Turner expose une évidence pour ceux qui s’y sont déjà frottés : oui la tête de citrouille a plus de pouvoir qu’un dieu, c’est l’équivalent d’un MJ sadique au possible. Je me sens mal à l’aise.

- Sandro, tiens-toi droit !

Je me mords la joue. La douleur afflue, le goût ferreux du sang calme l’animal qui s’agite en moi. Je crois à un moment d’apaisement quand soudain un espace de verdure encore intact se profile devant nous. Mon soulagement est de courte durée quand l’odeur du sang d’un autre vient chatouiller mes narines.

- Mais c’est qu’il a grandi, tout le portrait de son padre.
- Ce mec n’était pas ton géniteur.
- Marco ?
« - La ferme ! »

Aucun son n’est sorti de mes lèvres, enfin je le crois. Je laisse la volaille s’approcher de leur patron. Le cœur pour le collègue de Tobias, les yeux du shérif…

- Polo !
- Un, deux, trois, Mafdet, on a trouvé Stilinski. Un, deux, trois, Amaro va t'expliquer.
- Cosa ?

Alex me colle son téléphone sur la joue et avec moult expressions des yeux, des épaules et des bras, il m’enjoint à répondre à une autre collègue de Tobias. La petite amie flippante de Turner.

- Ciao’ ! On a trouvé Stilinski au Nemeton. Mort. Lui manque les yeux. Semble y avoir de l’agitation de votre côté !

J’écoute la druide, inspire à fond avant de raccrocher. Alex demande si on peut bouger le corps du shérif. Toucher du cadavre m’indiffère, et le macchabée est le patron des deux autres. Alors je lui rends son téléphone et m’avance vers le mort.

- Au campus, ils ont trouvé une étudiante. Elle aussi a été mutilée. Il lui manque son utérus. Le fils du professeur Hale a disparu.
- Marco ?
-  …