[EVENT] Pirates of the Caribbean day

Pirates of the Caribbeans ω Event St-Valentin

Je me réveille au petit matin. Dehors, la ville est encore endormie. Ce sera parfait pour mon footing du dimanche, comme d’habitude. Je saute du lit pour m’étirer, avant de regarder mon téléphone portable. Je souris en voyant le message que mon petit-ami m’a envoyé à presque deux heures cette nuit. Je lui réponds en lui souhaitant également une bonne St-Valentin et un bon anniversaire de six mois de couple. Mon coeur se resserre un peu à cette pensée : il y a un an encore, je croyais qu’Oliver était un accident de parcours que je ne répéterais jamais. Désormais, je sais qu’il était un accident de parcours, mais que l’amour existe bel et bien, dans toute sa complexité émotionnelle autant que charnelle. J’envoie une photo coquine et souhaite un bon réveil à mon partenaire, avant d’enfiler mes vêtements de sport et de sortir faire mon training matinal.

À mon retour, je prends d’abord une douche fraîche avant de vérifier que mes engagements de la journée sont toujours valables. Je ne sais pas comment j’ai pu être envoûté aussi facilement par ce mec. Nous nous sommes rencontrés à la Pride à San Francisco l’an dernier. Je ne me souviens même plus comment il m’a abordé, mais j’ai aimé l’intelligence de sa remarque, tout autant que sa plastique. Nous avons passé le restant de la journée ensemble. Je ne m’étais encore jamais autant ouvert à un inconnu. Nous avons cassé la croûte dans un petit café. Nos baisers ne lui suffisant plus, il m’a suivi jusqu’aux toilettes. Je l’ai invité à la maison pour terminer la soirée. Angie n’y était pas, sans surprise. J’ai payé le Uber à mon date du moment pour qu’il puisse retourner à sa propre voiture, lorsqu’il a insisté qu’il ne pouvait passer la nuit avec moi. Ça me semblait être la moindre des choses.


Je me souviens de mon sentiment de vide les jours suivants. Ma colocataire et confidente m’a taquiné, m’a dit que j’étais amoureux. J’ai évidemment nié ces propos hérétiques, même si je ne pouvais retirer ce regard nautique de mon esprit.

« Pourtant tu ne m’as jamais autant parlé d’un de tes coups d’un soir, même si… »

Mon regard l’a faite taire. Que m’a-t-il prit de lui raconter que ce mec n’était pas exceptionnel au pieu. Un brin trop mécanique à mon goût, et trop peu entreprenant. Obéissant, par contre, il avait répondu à mes demandes, verbales ou gestuelles, avec entrain et sans attendre. J’aurais simplement trouver cela plus organique s’il avait su alors deviner mes besoins. Six mois de pratique régulière ont grandement amélioré le jeu à ce niveau.

J’étais donc déprimé suite au départ de cet inconnu dont je n’avais ni numéro ni adresse pour le recontacter. Qu’un prénom. Je me trouvais stupide de m’être autant attaché à ce type plutôt qu’à un autre. Les choses ont déboulé la semaine suivante, et je me suis retrouvé sans abri et sans meute. Heureusement, je me suis trouvé un nouveau boulot rapidement et j’ai déménagé. Jamais je n’aurais pu deviner que c’était le destin qui ramenait ce mec dans ma vie, à sa manière un peu cruelle. J’ai cru halluciné lorsqu’il est entré dans mon bureau, alors que j’avais en mes mains toutes ses informations personnelles : cela serait complètement anti-professionnel de m’en servir à des fins personnelles. J’ai bredouillé ce jour-là, ne me reconnaissant pas dans cette attitude, alors qu’il m’apparaissant en parfaite maîtrise de lui-même. J’étais persuadé qu’il m’avait reconnu, ou bien je voulais m’en convaincre. C’est à notre second entretien qu’il me proposa un rendez-vous. Un gage, plutôt, et je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour rendre ce quatorze août mémorable.

Mon petit-ami est aux petits oignons avec moi, et je tente tant bien que mal de lui rendre la pareil. Par exemple, lorsqu’il m’a dit manquer de temps pour l’entretien de sa maison, je lui ai trouver un aspirateur robot de qualité, en soldes et à bon prix. Nous nous faisons souvent des soirées cinéma, et nous avons calqués nos horaires de salle de sport ensemble. C’est en visionnant ensemble Pearl Harbour pour la troisième fois qu’une idée m’est venue. J’ai terminé mes redressements assis, puis j’ai maintenu la position de la planche quelques minutes avant de le rejoindre sous le plaid. J’avais vu au gym une annonce indiquant une croisière pour la St-Valentin. Je le lui ai suggéré dès le film terminé, avant que le reste du programme de la soirée ne risque d’évacuer l’idée de ma mémoire. La réservation faite, mon téléphone est tombé au sol sous le caractère de plus en plus insistant de ses caresses.


Je suis passé au fleuriste et au car-wash. La carrosserie de la BRZ est rutilante alors que je la gare devant chez Brian. J'ajuste mon noeud papillon noir rayé de bleu clair dans le rétroviseur. Un bouquet de roses à la main, je sonne à la porte. L’activité de la ménagerie de l’autre côté me fait pincer les lèvres. Je dois vraiment être tombé fou de ce mec pour tolérer ses bêtes à poil qui vont en coller partout sur mon costard. Un petit scintillement du regard suffit à calmer Machin, alors que Truc s’est déjà fait oublié. Le chat et moi semblons partager les mêmes sentiments à l’égard l’un de l’autre. Le chien est plus insistant, mais a appris le calme. Je tends le bouquet de fleurs blanches, où émergent quelques roses d’un jaune et d’un rose pâle et très discret, mais suffisant pour relever le contraste dans le bouquet. L’agencement est parfait et le fleuriste s’est mérité un pourboire que je qualifierais de généreux. J’attrape Brian par la nuque pour l’embrasser en pénétrant chez lui. Je reste debout, pour ne pas salir mon costume, et attend qu’il soit prêt. Je remarque qu’il a la gentillesse de porter le jeans que je lui ai offert à Noël et qui lui sied si bien. Les chaussures que je lui ai achetées sont également près de la porte. Le policier est attentionné et j’apprécie particulièrement cela. Je ne suis pas insensible à ce type de gratification.

J’épingle rapidement la gardénia blanche assortie à la mienne à son t-shirt, en prenant bien garde de ne pas lui pincer la peau. Cela semble un peu décalé sur le vêtement qui étreint son corps musclé, au grand  plaisir de mon regard. J’ai peut-être insisté pour qu’il choisisse cette taille plutôt que la plus large. Je jette un coup d’oeil à ma montre analogique pour vérifier que nous sommes toujours dans les temps. J’ai troqué ma montre intelligente pour la soirée. Je voulais que tout soit impeccable ce soir pour Brian.


Je cache le démarreur à distance à l’intérieur de ma veste dès que le klaxon m’indique que la voiture est bien verrouillée, et me colle ostensiblement contre Brian. Je glisse le bout de mes doigts sous sa ceinture, à l’intérieur de son slip et le caresse presque imperceptiblement. Lorsqu’il fait de même, je chasse son air d’abord surpris d’un clin d’oeil.  Le Majestic apparaît à nos yeux et je siffle, impressionné.

« Ils m’ont pris au sérieux quand j’ai dit que je tenais à ce que ce soit parfait pour toi. »

Je me demande tout de même où la ville a pu trouver un tel budget. J’étais déjà surpris du prix modique des billets, qu’ils soient ou non commandités par la ville. Je ferme la main pour empoigner le fessier de mon amoureux, et la retire pour récupérer mon portable, sur lequel sont enregistrés nos deux billets. Nous passons la borne sans problème et je sens l’excitation de Brian à mes côtés, qui de plus en plus trépidant risque de retomber en enfance.

Une hôtesse nous tend à chacun une pile de vêtements et nous enjoint de nous changer dans les vestiaires identifiés. Je lui dis que je préférerais éviter, et tente d’expliquer que c’est également notre anniversaire, mais rien n’y fait. La demoiselle insiste que tout le monde doit s’y plier, et qu’il y a des casiers où laisser nos affaires en sécurité. Je la fusille du regard en prenant les hardes qui me sont tendues, mais obtempère alors que Brian me tire vers les vestiaires. Je ferais bien de ne pas ruiner sa soirée de rêves.

Il me faut un instant pour remarquer la moquerie dans son regard, et un autre pour comprendre de quoi il s’agit. Je souris à mon tour et hausse les épaules. Je ne suis pas suffisamment prude pour que cela me dérange de montrer mon arrière-train à des inconnus, que ce soit aux vestiaire d’un gymnase ou d’un navire. De toute manière, nous semblons être seuls pour le moment. Je retire donc mes chaussures et mon pantalon sans faire patienter Brian plus longtemps. Trois larges bandes élastiques sertissent mon arrière-train alors que je choisis un casier où ranger mes affaires. Je n’ai pas le temps de ranger mon futal qu’un marin cramoisi m’entraîne dans la cabine d’essayage la plus près. Dans un grand éclat de rire, je retire alors ma veste, dans la poche de laquelle je dépose mon noeud papillon, et ma chemise. J’accroche soigneusement mes vêtements sur le crochet à cette fin. J’ai cru avoir le temps d’apercevoir un cintre dans mon casier. La chance! Je pourrai y suspendre mes vêtements adéquatement, mais là n’est pas ma priorité du moment. En chaussettes à rayures noires et bleu ciel et suspensoir assorti, je me tourne vers Brian pour voir s’il a préféré m’observer ou m’imiter. Je m’étire pour lui susurrer :

« On n’est pas au musée. »

Et pour bien lui montrer ce que je veux dire, je dépose une main sur sa hanche et prend la sienne pour qu’il fasse de même. Je l’embrasse, mais des pas mettent fin à notre jeu. Sans me ruer, je me dirige vers les vêtements qui m’ont été assignés et les enfile à contre-coeur. Je remarque qu’ils ont même inclus des chaussettes et retire les miennes pour les glisser dans mes pompes. Lorsque je me retourne vers Brian pour l’interroger sur mon nouveau look, je ne peux m’empêcher de me mordre les lèvres en souriant. C’est qu’il est encore plus sexy en pirate qu’en flic : je ne croyais pas ça possible. Je sors de la cabine, et laisse la porte ouverte pour qu’il puisse me voir. Je lève les bras et tourne sur moi-même.

« Tu en penses quoi ? De quoi j’ai l’air ?  »

L’image que me renvoie le miroir me convient. Ma peau est encore humide de la douche que je viens de prendre. J’attrape mon flacon de parfum, un cadeau de celui qui occupe mes nuits quand le service ne m’appelle pas à rester raisonnable. Deux pressions vers les aisselles, une sur le pubis. Ni trop ni pas assez. Je hais les types qui sentent la poule de luxe. La fragrance signée Jean Paul Gaultier s’exhalera au grès du mouvement de mes vêtements. En parlant de frusques, ceux que j’ai choisis pour cette journée sont étalés sur le lit. Là aussi, mon boy-friend est passé par là : une paire de jeans de marque qui met en valeur mes fesses sans pour autant serrer désagréablement, un t-shirt d’allure de marin avec des rayures bleues sur blanc, des chaussures posées à l’entrée. Pour l’occasion et rester dans le thème, je me suis acheté des sous-vêtements coordonnés : slip et chaussettes à rayures bleu et blanc. Je souris en m’habillant, repensant à la première fois que j’ai rencontré Jonah.

(…)

Six mois plus tôt.
L’idée de participer à la gay pride de San Francisco était venue de mes voisines à deux maisons de la mienne. Un couple de filles avec qui j’avais vite sympathisé après un cambriolage : Charlène et Anna. Je sortais d’une relation toxique quelques mois auparavant. Elles m’avaient aidé à faire le tri dans ma tête et arrêter de culpabiliser pour un type qui me l’avait joué au chantage affectif. Revenir aux coups de cœur d’un soir ou des plans cul plus ou moins réguliers. Qu’on arrête de me faire suer sur mes horaires impossibles ou des moments où je n’avais ni envie de manger ni de baiser, parce que les horreurs vues au travail ont du mal à rester au vestiaire du poste de police.

Trois jours de pause jusqu’à cette ville que je n’avais jamais visitée. Nous étions partis avec le combi Volkswagen des filles, préférant la route côtière à l’autoroute. Le premier soir, nous avions dormi chez un couple d’amis des filles qui embarquaient avec nous le lendemain. Nous avions profité de leur large terrasse qui donne sur l’océan et mangé des langoustes grillées au barbecue. Guitare folk, brasero et marshmallow fondus au bout d’une pique. Je n’avais rien dit sur le joint qui avait circulé, mes amies n’avaient pas précisé à leurs potes que j’étais flic. J’avais fait tourner la tige sans me servir au passage. Le lendemain nous allions tous les cinq à la pride. Le soir, l’hébergement nous était offert par des amis des deux gars. Voir du monde, sortir de Beacon Hills, une bonne chose pour me ressourcer et prendre du plaisir. Les gars nous avaient montré les tenues qu’ils allaient porter pour le défilé : cuir teinté de sadomaso. Les filles avaient répliqué avec les leurs aux couleurs arc-en-ciel. Du groupe, je restais le plus soft avec une tenue de matelot. Anna voulait que je porte mon uniforme de flic, seulement je n’en ai pas le droit en dehors de mon service.

Ce mec était canon. Je ne me souviens plus avec quelle bêtise je l’ai abordé. L’intérêt fut mutuel et immédiat. L’ambiance déchaînée autour de nous avait facilité l’approche et les contacts charnels. Jonah avait un quelque chose de magnétique. J’étais sous le charme de son physique, mais aussi de sa conversation, des mots qu’il choisissait, de sa façon de bouger et d’être. Je l’ai entraîné dans un café pour manger un peu, le regarder beaucoup, l’embrasser encore plus. Puis je l’avais suivi aux toilettes pour approfondir ma connaissance de lui. C’est logiquement qu’il m’avait invité à poursuivre notre exploration mutuelle chez lui. J'étais reparti au milieu de la nuit, fatigué, mais comblé, rejoindre mes amis et surtout leur combi.

Dans les jours qui avaient suivi, j’avais regretté de ne pas lui avoir demandé son numéro de téléphone ou donner le mien. La distance aurait compliqué les choses, c’était la raison pour laquelle je n’avais pas cherché à garder le contact. Toutefois, j’avais eu le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de bien.

Un heureux hasard le remet sur mon chemin, quand je prends rendez-vous avec un thérapeute après m’être fait une luxation en courant après un voleur. Je n’avais rien laissé paraître au premier rendez-vous, effrayé par ce que j’avais ressenti. J’avais eu bien du mal à rester de marbre tandis qu’ils s’occupait de moi. A la deuxième visite, j’ai envoyé paître tous mes serments de prudence. J’étais déjà accro. Depuis, je veille sur lui d’un amour tendre et aussi passionné. Il nous a fallu quelques mois pour trouver nos marques, cerner le territoire de l’autre, les interdits, les permissions.

(…)

Je vérifie qu’il y a de l’argent dans mon portefeuille et que mon téléphone est chargé. Je regarde à nouveau la photo qu’il a prise de lui ce matin. Il s'est mis dos au miroir, et a pris par-dessus son épaule son reflet et le beau galbe de ses fesses. Jonah, ou Jay comme les autres le surnomment, est fier de son corps et à raison. Il s’entretient avec un programme digne d’un militaire. Sur ce point, nous nous sommes bien trouvé.

Une triple alarme m’avertit de son arrivée : Chien, chat, sonnette. C’est toujours amusant de le voir raide comme un piquet, craignant la fausse note sur son élégant costume. J’aime sa capacité à être à l’aise dans des vêtements chics sans pour autant être guindé. J’ai à peine le temps d’admirer son bouquet de fleurs qu’il vérifie avec sa langue, s’il ne me manque pas une dent. Je le laisse faire, me tripoter les fesses – je ne manque pas de lui rendre la pareille – et assortir ma tenue à la sienne avec une fleur qu’il accroche à mon t-shirt. Dans notre couple c’est plutôt lui qui prend les initiatives au quotidien. Je suis le docile, sauf quand il me plait de le surprendre. Un partage et échange des rôles fluide et amical. Cette journée, je suis son invité : une croisière à thème pirate organisée par la ville. J’ai du mal à ne pas trépigner d’impatience.

Depuis le parking je vois le décor, ma joie s’intensifie. Jonah connaît ma passion pour la marine et les vieux gréements, même si le bateau que nous allons emprunter vogue au mazout. Le simple fait d’être en mer est une pure jouissance pour moi. Possessif, il me colle à lui. Craint-il que je ne me fasse dérober par un capitaine crochet ? Je m’amuse de ses doigts qui se glissent sur la peau de mes fesses, je lui rends la pareille. Mes yeux s’écarquillent quand mes phalanges constatent l’absence de tissus entre ses fesses et son pantalon. La lingerie de Jonah est plus assumée que la mienne.

- Ils m’ont pris au sérieux quand j’ai dit que je tenais à ce que ce soit parfait pour toi.
- On a droit de virer tous les autres pour n’être que toi et moi ? Car je ne veux pas être privé de la vue de ton fessier ni de celle de la mer.

Semblerait que non. J’oublie ses fesses dès que je pose un pied sur la passerelle. Mes yeux sont partout, mon nez s’enivre de l’air iodé et de l’odeur de fuel. Cette dernière s’envolera avec le vent dès que nous naviguerons. Une surprise nous attend : la croisière se fait costumée. Mon cœur manque de défaillir de plaisir.

L’impudeur de Jonah me soumet à la torture quand il exhibe son fessier de statue grecque au milieu du vestiaire. Les mains plaquées sur cette proéminence, je le pousse dans un vestiaire quand du monde s’annonce.

- Tu en penses quoi ? De quoi j’ai l’air ?
- T’es sexy à souhait.

Ils se sont donné de la peine pour les déguisements. On a l’impression qu’ils sont sales, couverts de sueur, mais une rapide inspection des doigts et du nez m’a rassuré : c’est de la teinture. La question du budget pour un tel rendu est vite esquivée par le sourire ravageur de Jonah.

- Je te plais ainsi ?

Les Hors-Séries

Pirates of the

Caribbean day

Cette rencontre avec Raphaël , n'a, je dois l'avouer, pas laisser mon cœur enfoui loin dans ma poitrine indifférent. Un sourire idiot sur le visage presque toutes les journées, une rougeur montante dès qu'un regard croisait le mien, et une concentration aussi forte qu'un enfant qui observe un papillon en classe. À la différence près, que mes papillons à moi, chatouille mon ventre. Bon sang, mais pour qu'elle raison ? On a simplement marché en rentrant dans nos maisons respectives..

Une drôle d'invitation traîne dans la boîte aux lettres de la famille Shepherd. Mandy m'a demandé de récupérer le courrier du jour. La tête dans l'annonce d'un délire de piraterie pour la Saint Valentin, j'ouvre des grands yeux. Je ne suis jamais allé sur un bateau !

-WILL !

Mon cri est un peu violent. Un couvert tombe dans la cuisine où Mady travaille. Oups.. Pardon. Will surgit, un air inquiet sur le visage. Je ne l'ai pas habitué à hurler comme ça. Surtout que la maison est calme donc on m'a bien entendu.

-Oh. Pardon. Je.. C'est sorti plus fort que je croyais.. C'est pour savoir.. Je peux me rendre sur le Majestic ?
-Le quoi ? Non. On ne se rend pas sur mon derche..
-... C'est un bateau.
-Ah. Montre.

Je lui donne le papier explication qu'il parcourt avec attention. Quand il me le rend, il me lance un regard provoquant.

-Juré, je n'envoie personne par-dessus bort.
-Bon d'accord. Vas-y, mais fais attention ! Et préviens moi quand tu rentres.
-Promis ! Merci !
La joie m'emporte et je lui fais un câlin. Sa main tapote mon dos et je souris, la tête contre son épaule. Je le libère et file aider Mady pour le reste de la soirée.
[...]

En prenant mon téléphone, je scanne le QR code de l'invitation et fourre de la monnaie dans mes poches par sécurité. N'ayant pas vraiment d'habits en rapport à la piraterie, j'enfile simplement une chemise à rayures horizontales. Une drôle de pensée traverse mon esprit.
"Et si Raphaël arrive ?"
Il n'en faut pas plus pour me faire monter le rouge aux joues. Alors que je suis en route vers le bateau, j'ai la tête baissé. Je ne peux quand même pas faire demi-tour ! Quand je la relève, je me rends compte que je suis arrivée. J'ai couru pour venir ? Je ne pensais pas être ici aussi vite. Bon et bien, comme les autres, je prends place dans la fille et attends mon tour pour montrer le QR de mon invitation. On me laisse monter.

C'est vraiment magnifique. Le museau en l'air, je regarde de partout, suivant simplement le mouvement sans regarder. Je ne pose pas de question lorsque on me donne un déguisement. Trop occupé à admirer le tout.

-Merci ! C'est vraiment très sympa comme endroit !
On me répond par un sourire alors que je rentre dans une cabine. Je me change, range mes affaires dans un des casiers et sort en suivant les indications.
Sur le pont, mon regard passe sur tout le monde. Serais-je en train de chercher quelqu'un ? Après tout.. C'est la Saint-Valentin et je suis venu en célibataire... Quelle drôle d'idée.

Pirates of the Caribbeans ω Event St-Valentin

« Tu me plais toujours. »

Ma réponse fuse sans attendre. Je suis terriblement chanceux d’être tombé sur Brian. Je m’étais demandé comment une telle perle rare pouvait être libre, puis j’ai compris. Tous n’ont pas la patience pour les horaires de mon héros personnel. Au final, ce sont eux les perdants.

Ma main glisse à l’intérieur de la tunique de moussaillon de Brian. L’encolure laisse voir son torse bien dessiné. Un accoutrement qui aurait été à la limite de la décence sur une femme. Je lui pince le mamelon avant de l’attirer à moi pour l’embrasser de nouveau. Nous nous retrouvons rapidement à l’intérieur de la cabine et je dois admettre qu’il me faut énormément de volonté pour ne pas retirer mon costume à nouveau. Je devine aisément que le désir est partagé.

« On aura tout le temps de trouver notre cabine plus tard », susurré-je à son oreille. Si nous passons la nuit sur la mer, j’imagine que cela implique un lit, une couchette ou un hamac au minimum! Nous convenons donc qu’il vaut mieux profiter des animations et des festivités et ressortons rapidement, après que je l’aie taquiné sur la manière par laquelle il a coordonné ses accessoires à son t-shirt. Je profite également du miroir de plein pied pour ajuster mon déguisement. Être un pirate n’est pas une excuse pour paraître insoucieux de soi-même. Brian a bien raison sur un point : j’ai la classe. Il y a un paradoxe amusant dans l’assignation des costumes, qui fit de moi un … corsaire? Flibustier? Qu’en sais-je? Alors que Brian semble être un simple mousse.


Je suis heureux de savoir désormais que je n'ai pas le mal de mer. J’ai suivi Brian, lui ai laissé l’initiative de la soirée : ainsi il peut assouvir ses désirs de piraterie et vaquer aux activités qui lui plaisent le plus. En bon copain, je participe avec enthousiasme et ne rate aucune occasion de lui placer un verre dans les mains. Quel genre de marin reste sobre? Nous aurons tout le temps plus tard d'explorer les pistes de danse ou encore le spa intérieur. J’en suis à insister qu’il faudrait également songer à se remplir la panse quand j’aperçois une tête que je crois reconnaître derrière ses airs de faux-pirate. Une courte écoute me confirme l’identité de l’homme et je murmure une information à l’oreille de celui que je tiens par la hanche d’affection autant que par précaution : je n’ai pas tenu le compte de ses consommations, le croyant immunisé comme moi.

« C’est le mec du parc. »

Celui avec lequel je m’étais entraîné l’autre soir. Nous avions établi qu’il faudrait remettre ça et j’avais émis l’idée que Brian puisse se joindre à nous. L’occasion ne s’était pas encore présentée. Ma sociabilité prend le dessus et j’entraîne mon tourtereau en direction de l’étudiant. La Saint-Valentin n’est pas une excuse pour se fermer au reste du monde, n’est-ce pas?

Je tend le poing dans le but de le cogner doucement sur l’épaule du frisé, et remarque au dernier moment la fiente qui y loge. Dans la poursuite de mon mouvement, j’étire plutôt la bras pour lui saisir l’épaule opposée, le temps de faire connaître ma présence.

« Raph! Ça fait plaisir de te voir! Je t’ai parlé de Brian, mon petit-ami. »

Je n’ai pas réellement besoin de le faire, mais j’incline tout de même la tête en direction de mon cavalier. Au cas où la proximité de nos bassins presque fusionnés n’était pas assez claire.

« Tu nous présentes ton amie? »

J’envoie un clin d’oeil facétieux à la louve, Kada’an, puis je leur explique que nous nous préparions à manger et leur offre de se joindre à nous.

« Vous savez ce qu’on dit : C’est toujours plus plaisant quand on est plus nombreux. »

Non, ce n’est pas une invitation pour la nuit. Seulement le repas.

Pirates of the

Caribbean day

Quand j'enfile mon costume, je cligne des yeux. Sérieusement ? Il n'y a pas d'autre pirate ? Je vais vraiment devoir me trimballer ces… Tentacules ? Tu parles d'un déguisement qui me met en valeur. Et c'est quoi ça ? Une jambe de bois ? Mais comment je fais pour mettre mon pied là dedans ? Je vais être ridicule !

-Euh.. La jambe des bois est obligatoire ?
-Oui mademoiselle.
-Bon..

Je secoue la tête ce qui a pour effet de faire valser mes proéminences dignes d'un hent… Dignes d'un poulpe. Ou un kraken. Par chance, la pince ne semble pas être incluse. Enfin une bonne nouvelle ! Je vais pouvoir me servir de mes deux mains à défaut de mes deux pieds. Je glisse ma jambe comme je peux.

-Euh dites? Je n'ai pas besoin de couper ma cheville ? Comment je fais ? Je peu ne pas en avoir deux ? J'aurais moins l'air d'une chimère mi-dahu mi-kraken mi-arbre !
-On ne coupe pas de cheville. C'est adaptable.
-Ah. D'accord merci.

Adaptable, c'est ça. Je finis par arriver à avoir à peu près la même hauteur à mes jambes. En me redressant, je manque de me faire une entorse. OK. Ça commence bien. Je me tiens au mur. Tape le sol de ma nouvelle jambe et teste le par terre. Bon et bien quand faut y aller..

Je fais le tour des visages. Je vois Rapier plus loin. Euh… Je préfère éviter les gens que je connais pour le moment. Je tourné sur moi-même, manque de perdre l'équilibre et c'est là que je le vois. C'est un cauchemar. Ce n'est pas possible. Pas lui. Il ne peut pas me voir comme ça. Tobias à la rigueur, je m'en moque. Mais là, on parle de Raphaël. Le Raphaël de ce soir là. Le garçon qui a foutu toutes mes défenses en miettes d'un seul regard. Je baisse les yeux. Regarde ma jambe. Mes tentacules tombent également. On ne voit que ça. Je fais genre que ma jambe me fait mal et tape du pied. J'ai dû me tromper.

Quand je relève la tête.. Il est toujours là. Ce n'est sans doute pas un mirage. Je glisse ma main dans une poche du pantalon et m'approche en boitant. Fichue jambe. Je vois les choses longue qui dépasse de mon visage se balancer.
-Aha.. Raphaël. Euh.. Comment tu vas ? Moi ? En dehors de ça ? Je vais bien.

Je pointe ma jambe. J'ai envie de jeter cette chose par-dessus bord. Un oiseau a alors la décadence de chier sur l'épaule de Raphaël. Je me retiens de rire. Il s'excuse de vouloir se débarrasser de ce cadeau de piaf. J'avais déjà oublié, perdu, le regard paumé dans celui du jeune homme. Il ne bouge pas. Et c'est à ce moment qu'un duo charmant arrive. L'un d'eux salue Raphaël.

Son amie ? Je.. Hein ? Comment ça son amie ? On se connaît pas. Enfin.. Un peu. Mais de là à dire qu'on est amis..
Je me présente à la place du brun.

-Davy Jones. Euh, Kada'an en tant normal. Oui ! C'est une bonne idée !

Rester seule avec Raphie (Voilà que je lui donne un surnom,) ça ne m'enchante guère. À plusieurs, c'est bien.
Splash. Une vague sortie du trou du cul du bateau nous asperges des pieds à la tête.

-Que.. Quoi ?

Quand j'ose relever la tête, je me retrouve entourer d'hommes.. Mouillés.. C'est une blague ? Une vaste blague ? À l'aide ?
Mes yeux passent sur les trois personnes du sexe opposé et reste bloqué sur Raphaël.

-Euh.

J'oublie tout. Le sol plein d'eau. La jambe de bois, mon équilibre approximativement juste et me dit que c'est le meilleur moment de fuir. Je me retourne et.. Je tombe à la renverse…

Nos accoutrements qui s’accordent, Jonah se fait sensuel au possible et ne rate pas une occasion de mettre mes sens dans tous leurs états… Je réponds à ses avances en le collant à la paroi de la cabine pour l’embrasser fougueusement et recompter ses dents. Je trouve encore incroyable qu’il me trouve toujours attractif. Au début, nous n’étions clairement pas partis pour une relation qui dure, mais pour un coup d’un ou deux soirs. Mais le plan cul avait viré sur une relation presque inattendue pour lui comme pour moi. Si nous étions restés discrets sur notre vie amoureuse d’avant, j’avais compris que Jonah avait été déçu comme moi et comme moi n’avait plus envie de s’investir dans une relation stable. Six mois plus tard, nous sommes encore ensemble, et ce malgré mes horaires et mon travail de flic parfois éprouvant.

Je suis heureux de mon déguisement relativement simple. Il est à l’idée de mes rêves. Être le capitaine d’un bateau pirate c’est chouette, mais le capitaine ne monte pas dans les cordes et le mât de misaine. Et c’est bien à la manœuvre que je m’imagine sur un vieux gréement. Tenir la barre est intéressant sur des voiliers plus petits, plus agressifs comme un catamaran. Jonah m’a collé un verre à la main. Paraît que je suis plus drôle avec une légère ivresse. Je me laisse faire, tout en gardant le compte. Je veux garder la maîtrise de mon corps et de mon esprit pour savourer le plaisir d’être en mer. Je ne bois jamais lorsque je navigue, sauf que là je ne suis pas aux commandes.

Je frime un peu à l’animation qui apprend aux gens à faire des nœuds marins. Fier de constater que mes doigts agissent d’eux-mêmes. C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. J’entraîne Jonah sur une expo de maquettes de voiliers. Je lui explique les différences, les avantages et les inconvénients de chaque structure, vitesse, portée de tir, tirant d’eau, tonnage… Je n’ai pas besoin d’alcool pour m’enivrer. Jonah suit, amusé, peut-être étonné du niveau de mon enthousiasme. À croire que cet évènement a été réfléchi pour moi. Nous avons aperçu les pistes de danse, le spa qui nous promettent autant de moments à deux. Mon copain me tient contre lui, pensant que mes mouvements tanguant sont dus à la boisson. Mais c’est juste que ce paquebot est trop stable à mon goût, alors je tangue pour recréer un peu les sensations d’un voilier. Puis, ce n’est pas désagréable d’être entouré ainsi, choyé par un homme magnifique.

Je fronce les sourcils quand je vois un gars costumé aux allures familières. Ça ne serait pas Ryan ?! Mais si ! Sacrée dégaine qu’il a récupérée. Je vais pour le héler quand Jonah me désigne un autre mec. J’oublie Ryan, que j’aurai le temps de saluer plus tard, pour me focaliser sur l’éventuel rival. Un gars qu’il aurait croisé au parc lors de ses entraînements. J’ai un sourire narquois quand une fiente vient orner l’épaule du jeune homme.

- Raph ! Ça fait plaisir de te voir ! Je t’ai parlé de Brian, mon petit-ami.

Ces quelques mots me rassurent. Il lui a parlé de moi ! Cela me met toute chose. Un petit rien qui me réchauffe le cœur. Je connais la jeune rousse qui l'accompagne de vue. Une telle chevelure, même partiellement cachée par des tentacules, ne passe pas inaperçue et elle était dans la liste de Jordan. C’est une louve. Une bêta de l’alpha Shepherd. Galère sont déguisement avec cette jambe de bois.

Jonah propose d’aller manger ensemble quand une vague surgie de nulle part nous arrose tous les quatre. « Raph » n’a plus de crotte sur l’épaule, mais son amie récupère sa poisse et hérite d’un magma visqueux blanchâtre sur l’un de ses tentacules.

Intrigué, je regarde en l’air. Il arrive que parfois des mouettes défèquent volontairement sur les gens, mais c’est pour les éloigner de leurs nids. Nous sommes en mer, et je ne vois pas où pourrait être leur nid sur le bateau. Je porte ensuite mon regard sur l'océan. D’ordinaire, je sais lire la surface de l’eau. Mais là, rien ne présage des conditions nécessaires pour créer une vague assez importante pour nous atteindre. Je serre mon amoureux contre moi avec un petit pincement au cœur. Et cela n’a rien à voir avec le fait d’être trempés. L’équipage apporte des serviettes à chacun en nous conseillant de nous mettre au soleil pour manger. Ma chemise colle à ma peau, cela semble allumer le désir dans le regard de mon petit ami.

- Allons-nous servir au buffet et trouver à nous installer au soleil et à l’abri du vent.